Sanguis Vita, Sanguis Via

Sanguis Vita, Sanguis Via

Chambre numéro 19, Dortoir des Filles, Institution Charles Xavier, Etat de New York – 14 : 07 P.M.

- Il suffit, Mlle de Lauro ! Vous nous aviez dit que vous iriez à sa rencontre, et ceux il y a un mois déjà. Deux crises cardiaques cela ne vous a pas suffit ? Lorsque vous êtes venue nous voir après le cours de Mlle Coy Manh, nous avons mit quelque chose au clair : vous acceptiez de faire les tests médicaux. Cela fait un mois, et on ne vous a pas vu au laboratoire !

Pourquoi Caitlyn Elioth n’était-elle pas là en cet instant ? Elle aurait été d’une grande aide à la Ptite Brune qui se faisait gronder comme une enfant, et qui ne trouvait rien d’autre à faire que d’avoir un comportement d’enfant : regarder ses pieds et se tortiller les doigts. En même temps, elle avait eut un comportement de gamine, pour le coup. Après deux arrêts cardiaques, Nephilim avait dit aux infirmières qu’elle accepterait de se rendre au laboratoire pour des analyses médicales plus poussées, mais ne voulant gaspiller le temps des médecins de l’Institut, considérant qu’il y avait des cas plus nécessiteux qu’elle-même, Amy n’était jamais aller au rendez-vous. Mais après la rencontre avec Oméga, qui avait une nouvelle fois finie à l’infirmerie, elle s’était retrouvée dos au mur ; mais pas de suite : Irina Cameron n’avait pas voulut lui forcer la main, chose que son ainée, Teryl Ticalamira, n’avait pas eut la délicatesse de faire. La cinquantenaire avait donc appliqué en quatrième vitesse dans le dortoir de l’italienne, laquelle était occupée à prendre de l’avance sur son année scolaire suivante comme durant une bonne partie de ce mois de Juillet, où ses examens finit, elle entamait son premier mois de vacances par des études. Les deux infirmières avaient une politique très différente : la jeune, Irina Cameron, était à peine sortie de l’école d’infirmière et doté de pouvoirs d’analyse et de guérison tactiles, et était revenue à l’Institution Xavier où elle avait fait son secondaire moins d’un an auparavant ; elle, c’était la gentille. L’autre, si elle était aussi brune, n’avait pas d’yeux bleus mais des prunelles marron, et avait près du double de l’âge de sa camarade, et ses dons étaient inconnus à l’italienne ; le caractère de Teryl faisait plus penser à celui d’une marâtre. Bon, pour en avoir discuté avec cette dernière après sa première admission en état de mort cardiaque, Nephilim savait que c’était une histoire de la mauvaise infirmière et de la gentille infirmière, comme pour un interrogatoire : les jeunes têtes brûlées avaient droit à Ticalamira pour qu’ils ne recommencent pas et les autres à Cameron. Bon, on ne va pas faire de commentaires non-plus ; surtout qu’à part l’expérience, elles pouvaient être aussi bienveillante l’une que l’autre, même s’il en coûtait beaucoup plus à Irina de soigner du fait de son don qui pouvait pas l’affaiblir. C’était peut-être cela le fin mot de l’histoire : pour éviter qu’Irina n’use de ses dons pour soigner des idiots faisant des bêtises, son aînée donnait une image moins sympathique.

Il ne plaisait pas tant que cela à Amy qu’elle soit désormais dans la catégorie des patients de Teryl, mais visiblement, le choix ne lui était pas laissé ; puis elle devait reconnaitre l’avoir mérité, quant même. Après, ce n’était pas le fait qu’elle fut méritée qui rendait la remontrance plus agréable, surtout que l’italienne n’était pas habituée. Elle se laissait gronder et regrettait que Caitlyn ne soit pas là pour la défendre ; d’un autre côté, elle aurait surement regretté que Fuzzy soit là, car les choses auraient put dégénérer.

Donc, mieux valait attendre que cela passe, elle n’avait pas le choix de toute façon. Vêtu d’un t-shirt sans manche rouge et d’un jeans troué, le tout complété par une veste noire à manche et ses éternelles baskets, qu’elle dévisageait depuis un moment d’ailleurs, la jeune brune attendait que Teryl ait finit ses remontrances, choses qu’elle semblait pouvoir faire durer d’ailleurs. Le visage juvénile de l’italienne était penaud de honte, ses lèvres plus pincées qu’à l’habitude, son nez grec plissé et ses yeux également bruns fuyant, esquivant le regard réprobateur tout en tentant de continuer à voir les expressions du visage, par habitude.

- Venez avec moi, Mlle de Lauro, ordonna Mlle Ticalamira en la prenant par le bras, la forçant à quitter son repaire. On ne peut vous faire confiance pour agir en adulte cette fois-ci ? Et bien je vais vous traiter en enfant !

Mlle Ticalamira… le Mlle était révélateur : pas un mec pour la supporter. Merde, c’était une réplique ©Cait’ ça. Heureusement qu’Amy n’avait pas la bravoure de le déclarer à haute voix, ce dont sa sœur de cœur ne se serait pas privé. En même temps, quant on réfléchissait bien à l’histoire, peut-être que Caitlyn aurait été dans l’autre camp : c’était de la santé d’Amy dont on parlait, et la dernière fois, Fuzzy avait accueillit sa sortie du coma à coup de baffe. En fait, il y avait une probabilité pour que la présence de la rousse ait entrainé un enchaînement de coups de pied au cul des plus désagréables.

Trainée hors de ses livres et de sa chambre par une ménopausée passablement énervée, Amy ne dit rien, même quant elle croisa d’autres élèves, qu’elle connaissait ou pas, se contentant de baisser les yeux et de rougir. Si elle avait eut une réputation autre que celle de copine de Cait’ (et ce dans un sens différent selon les versions), bah elle serait foutue. Après, avec les frasques de la rousse, la brune aurait put se faire descendre par la peau du fion que cela n’aurait pas été le plus grand exploit de la paire.

Finalement, Teryl la conduisit jusqu’à un passage secret qui menait aux sous-sols, la guidant de force dans les couloirs blancs de science-fiction jusqu’au laboratoire. Là, pas le temps de regarder la partie supra-technologique occupée par l’atelier de Forge, elles allèrent droit vers la partie médicale. Irina était déjà là, vêtue d’une blouse de travail blanche, par-dessous d’une chemise violette et un pantalon noir. Plus loin était suspendue une veste noire. Elle la regarda approcher de ses grands yeux bleus et vint lui parler.

- Ne t’inquiète pas Amy, sa va bien se passer.

Avait-on jamais inventé plus stupide phrase pour rassuré quelqu’un ?

Nephilim n’avait pas spécialement peur des tests médicaux, même si elle détestait cela. Non, ce qui lui posait problème, c’était de faire perdre leur temps alors que d’autres en avait surement plus besoin qu’elle.

- J’ai pas peur que cela se passe mal, j’ai peur de vous faire perdre votre temps.

- Ce n’est pas le cas, rassure-toi. Tu sais lire le mensonge sur les visages, donc tu vois que je ne te mens pas.

Laboratoire, Sous-sols de l’Institut Xavier, Etat de New York – 14 : 14 P.M.

- Ce n’est pas le cas, rassure-toi. Tu sais lire le mensonge sur les visages, donc tu vois que je ne te mens pas.

- Ce n’est pas ainsi que fonctionne le mensonge ; je sais que vous croyez ne pas perdre votre temps mais, les analyses n'ont rien données jusqu’à lors, c’est pas avec de nouveaux tests que vous arriverez à un résultat différent. Je vois que vous êtes sincère, mais il y a la vérité personnelle et la vérité générale.

- T’as pas fini de tout intellectualiser ? Toi qui fait de la psycho, tu devrais savoir que c’est une forme d’évitement.

- Certes, répondit Amy, percée à jour.

Elle connaissait bien ce défaut, mais ce n’était pas pour rien qu’on appelait cela un défaut : elle le faisait pas exprès. Evitement subtile, elle avait vu cela en cours. C’était chiant, la plupart des personnes ne s’en rendait pas compte, et il était surprenant qu’une infirmière parvienne à le faire, même si elle devait avoir reçue une formation générique. Bref, l’italienne n’avait pas le choix, de toute façon.

- Bon, on y va ?

Ce n’était que lorsqu’elle se trouvait en présence d’autant de trucs et bidules médicaux qu’Amy se rendait vraiment compte à quel point elle ne les aimait pas ; la plupart du temps, elle se contentait de dire, et de se dire, qu’elle n’en avait pas besoin, guérissant naturellement de presque tout. En fait, il s’agissait d’un nouvel évitement subtil pour cacher une peur des tests ; il fallait dire que ceux fait dans sa jeunesse sur ses pouvoirs ne lui avait pas laissé d’excellents souvenirs. Le plus dure avait été lorsqu’il avait fallut, à ses onze ans, prélever un échantillon de ses membranes nictitantes : imaginez qu’on approche un scalpel de votre œil pour en prélever un bout… désagréable, non ? Bah cela l’était, elle s’en souviendrait toute sa vie de ce mauvais quart d’heure. Ou plutôt trois quarts d’heure, d’ailleurs.

- Très bien, Mlle Cameron, répondit-elle finalement, après un bref regard à l’autre infirmière, qui ne lui laissait clairement pas le choix, et ne faisait rien pour prétendre le contraire.

- Teryl, je pense que je peux me débrouiller pour les analyses, allez faire la garde, s’il vous plait.

- Très bien, mais si Miss de Lauro vous cause des problèmes Irina, je me charge de les finir, les examens.

Amy déglutit ; c’était dit avec tellement de bienveillance qu’elle se serait crue face à une gardienne de prison. Heureusement que Teryl avait précisé que c'était les examens, et non les problèmes, qu'elle se chargeait de finir. D’un côté, Amy plaignait les gens ayant la malchance de se blesser durant les prochaines heures, d’un autre elle était bien contente que ce soit Teryl qui parte et Irina qui reste. Bon, d’un autre coté, comme elle avait vu le voir, les émotions de Mlle Ticalamira n’étaient pas en accord avec son discours : elle jouait son rôle. Elle jouait son rôle et avait décidé de donner une chance à l’italienne ; bon, maintenant fallait pas la foirer.

- Par quoi veux-tu commencer, Amy ? demanda Cameron une fois sa collègue sortie de la pièce, se dirigeant vers les machineries.

- Les Ala-Pulmos, répondit instantanément Nephilim, bien consciente que s’il était désagréable, l’examen de ses ailes ne comportait aucune prise de sang ou saleté du genre. Mais… avec votre pouvoir, Analyse Tactile, il vous suffit pas de me toucher pour comprendre ce qui va pas ?

- Si, justement : ce qui ne va pas. Je ne détecte que les choses anormales pour l’organisme que je touche, blessures et maladies, je n’analyse par l’organisme en lui-même. Maintenant, arrête de tourner autour du pot et viens avec moi.

Elle, tourner autour du pot ? Jamais de la vie ! Bon, pour le coup, Amy cherchait clairement une échappatoire. Ôtant sa veste et l’accrochant au porte-manteau, elle alla rejoindre Irina sur la table d’osculation. Elles auraient put le faire à l’infirmerie ça.

- Alors, fais-moi voir ces ailes.

Avec gêne, Nephilim enleva son t-shirt, puis dégrafa son soutien gorge, le tenant d’une main à l’avant. Les Ala-pulmos sortirent de son dos, deux petites ailes d’une trentaine de centimètres chacune aux plumes fibreuses, dont le fait qu’elles se gonflaient légèrement au rythme de la respiration ainsi que la couleur rouge sang trahissait la nature pulmonaire des excroissances.

- C’est incroyable, et après tu pense ne pas valoir le coup qu’on t’examine ? Il nous faudra faire des radios quant elles sont pliées et dépliées, d’accord ?

Comme si elle avait le choix ; Nephilim acquiesça de la tête. Irina comme Teryl n’avaient apprises l’existance des Ala-Pulmos que lorsqu’Omega Red l’avait ramenée, inconsciente ; avant, elles n’avaient en rien douté sur l’existence même des ailes, grâces à leurs capacités à se rétracter sous l’épiderme et dans la cage thoracique d’Amy. Capacité dont Irina semblait bien décidée à percer le mystère.

A grand renfort de gants chirurgicaux, Cameron commença à manipuler les fragiles ailes, ce qui n’était pas des plus agréables pour l’italienne. L’infirmière les examina, visuellement, puis au toucher, avant d’en regarder les articulations, le tout avec une précaution mille-fois nécessaire. Ensuite vint le scanner, où Amy du définitivement se séparer de son soutien gorge et de plus ou moins tout ce qu’elle avait de métallique sur la partie haute de sa personne, puisqu’il ne s’agissait heureusement pas scanner complet.

- Prends ton mal en patience et cela irait beaucoup plus vite, déclara Irina derrière son masque médical.

Amy hocha la tête, rouge tomate, n’ayant même pas le droit à un bras sur sa poitrine pour dissimuler cette dernière, par soucis de clarté sur les radios. Prends ton mal en patience ; Prends ton mal en patience… plus facile à dire qu’à faire.

- Vous ne ferez pas une biopsie, hein, Irina ? Irina ?

Et merde, encore la chance... L'infirmière allait reprendre tous les tests qui avaient jamais été fais sur ses ailes ?! Misère de misère...

- Mlle Cameron ?

Laboratoire, Sous-sols de l’Institut Xavier, Etat de New York – 15 : 23 P.M.

Amy avait eut droit au prélèvement ; une fois le scanner finit, l’infirmière, qui aurait peut-être mérité le titre de docteur pour ce qu’elle faisait là, préleva une de ses plumes. Presqu’instantanément, lorsqu’elle ôta la fibre, les deux ailes se rétractèrent, avant même qui le message nerveux de douleur n’arrive au cerveau, comme lorsqu’on retirait par réflexe sa main d’un point brulant. Une fois le message à destination, Nephilim, pourtant bien consciente de ce qui allait se passer, puisque ce n’était pas la première fois qu’on prélevait un morceau de ses Ala-pulmos, poussa un petit cri de douleur et de mécontentement. Et dire que c’était que le début.

Les ailes retournées dans leur habitacle, il y eut une nouvelle radio, puis alors qu’elle se rhabillait, Irina rassembla les données pour les étudier ultérieurement. D’un côté, Amy était contente de ne pas avoir à glander pendant que l’infirmière étudiait ses trucs, d’un autre, cela signifiait enchaîner les tests et les prélèvements ; encore la chance. Qu’avait-elle fait pour vexer le Seigneur et qu’il lui impose un aussi désagréable moment ?

- Bon, maintenant qu’on a fait tes ailes, on passe à tes yeux ? C’est l’autre signe distinctif de ta mutation, et celui à l’origine de ton surnom si je me souviens bien.

- Euh… Girasole ? C’est pas vraiment mon surnom, c’est plutôt un sobriquet, cela veut dire tournesol, puisque je reste plantée sur place à regarder le soleil quant je fais ma Photosynthèse. Quitte à choisir, je prends Nephilim plutôt que Girasole. Et Nephilim vient de mes ailes, pas de mes yeux.

- Très bien, mais tu me les montres ?

Amy pinça les lèvres, soufflant par le nez pour ne pas montrer son soupir, puis elle cligna des yeux, déployant ses troisièmes paupières. Irina s’approcha et commença à les ausculter visuellement, et ce de très près. L’italienne était de nouveau assise sur la table d’auscultation, immobile autant qu’elle le pouvait.

- C’est incroyable, qui aurait pensé que la mutation aurait put développer à nouveau de telle paupière sur un être humain ? La membrane nictitante est une troisième paupière transparente ou translucide que possèdent certains animaux qui recouvre l'œil afin de le protéger et l'humidifier tout en permettant une certaine visibilité. Certains reptiles, oiseaux, amphibiens et poissons, notamment les requins, possèdent une membrane nictitante pleinement fonctionnelle alors que de nombreux mammifères ne possèdent qu'un vestige de cette membrane et des muscles associés dans le coin de l'œil, ce qui est le cas de l'homme. Ta mutation a non-seulement recréée les membranes, mais leur a donné une fonctionnalité nouvelle.

- Je sais ; en plus de protéger et d’humidifier mes yeux, ils améliorent ma perception de la lumière et absorbe les ondes électromagnétiques lumineuses, comme les feuilles des plantes.

- A ce sujet d’ailleurs, je devrais faire un prélèvement. Et ne se sera pas agréable, je pense.

- Non, pas du tout, confirma Amy, se souvenant parfaitement de la difficulté avec laquelle avait été effectué le premier prélèvement. Vous avez un de ses trucs pour forcer l’ouverture des paupières ? Sinon, je vous le dit de suite, cela ne se fera pas.

Ils en avaient ; pas de bol. Cependant, avant de passer à ce véritable simili de torture, Cameron lui fit faire tout un tas de tests optiques, les lectures de lettres et autres, photographie de la pupille, ainsi que des tests aux lasers. Cette fois-ci, elle prenait des notes, en plus des clichés.

- Bon, déclara l’infirmière avec une inspiration, C’est maintenant que sa va être désagréable.

Amy baissa les yeux alors qu’Irina allait chercher le matériel nécessaire au prélèvement. Nephilim se souvenait parfaitement de la dernière fois qu’on lui avait prélevé un bout de ses membranes nictitantes : le principe était simple, on approchait un scalpel de sa paupière pour en récolter une lamelle. La dernière fois, ils avaient dû l’attacher à la chaise, lui bloquer la tête et les paupières pour pouvoir faire le prélèvement, et cette fois cela ne serait pas beaucoup différent. Enfin, si cela déclenchait une crise, l’italienne pourrait se débattre et se défère des liens, ce qui risquait de lui couter un œil (littéralement) ainsi que de l’amener à blesser Cameron. Et cela, elle ne voulait pas.

Pour le coup, cela serait probablement le plus difficile des tests à faire aujourd’hui. Le cœur de Nephilim accéléra dès qu’Irina commença à placer les bloquant, l’italienne tenant tant bien que mal ses propres bras dans son dos. Elle pouvait pas ; elle pourrait pas.

- STOP ! hurla-t-elle lorsque son cœur atteint le seuil qu’elle estimait critique avant la crise.

- Je sais que c’est dure, mais c’est comme un prélèvement de peau ; t’en fait pas, cela va bien se passer.

- Non, c’est pas cela. C’est mon cœur : faut arrêter où je vais faire une crise !

Cameron posa son outil et l’éloigna d’Amy, voulant la rassurer. L’italienne avait fermé les yeux et respirait le plus calmement possible, prenant de grandes inspirations avec lenteur et soufflant tout pareil.

- Il faut me sédater ; sinon on y arrivera pas, déclara Nephilim sur un ton qui n’appelait pas de réponse. J’ai jamais fumé de joint mais j’ai déjà assisté à l’effet que cela faisait, donc des calmants médicaux devraient être suffisant pour que vous puissiez faire les prélèvements.

Oui, Cait’ était une mine d’informations utiles parfois, et dans des domaines où, bien évidemment, Amy n’allait pas.

Laboratoire, Sous-sols de l’Institut Xavier, Etat de New York – 16 : 20 P.M.

Irina avait fini par accepter d’anesthésier Amy, après une discussion plutôt mouvementée ; cependant, elle voulait faire les prises de sang avant. Du fait, l’infirmière n’avait même pas eut à lui injecter des drogues : l’italienne était tombée dans les pommes. Ça, c’était fait !

Bien consciente que cela était dû à la puberté plus longue d’Amy, l’infirmière ne s’affola pas, lui parlant pour la rassurer et pratiquant au passage quelques tests nécessitant son immobilité complète, ainsi que la prise d’échantillon de la membrane nictitante, et plusieurs autres biopsies qui n’auraient pas été des plus agréables. Quant l’italienne revint à la conscience, Cameron était visée à un microscope. Ce n’était pas une surprise, puisqu’Irina lui avait décrit ce qu’elle lui faisait à chaque instant depuis la perte de conscience.

Elle-même avait été laissée sur la table d’osculation, allongée la tête sur le côté. Elle cligna des yeux, ouvrant ses membranes nictitantes pour contempler les lieux de ses yeux normaux, le temps qu’elle les régénère. Nephilim se releva avec difficulté, et l’infirmière interrompit son travail, se tournant vers elle.

- Sa va ?

- J’ai connue mieux comme j’ai connu pire, répliqua Amy, se frottant la tête. Alors, quoi d’intéressant ?

Rien que grâce aux commentaires faits par Irina, Amy savait déjà que l’infirmière était émerveillée de ce qu’elle avait sous les yeux, et que cela dépassait de loin ses compétences. Elle était sur les analyses sanguines, ce qui expliquait la réaction. Le corps de l’italienne était très différent de celui d’un humain ordinaire, et son sang l’était tout autant, si ce n’était plus.

- C’est… très étrange. Ta composition sanguine est à la fois semblable à la norme, et à la fois fondamentalement différente. Ton sang est un véritable poison, car sa teneur en dioxyde de carbone est plus que mortelle pour un humain normal ; sauf que tu es en parfaite santé. L’un de tes organes absorbe le CO2, il ne peut pas en être autrement.

Oui, cela elle le savait déjà, il était même nommé Reserva-carbo, dans un grand moment d’inventivité.

- Mais c’est pas cela le plus impressionnant. Déjà, tu as deux fois plus d’hématies que la moyenne, ce qui signifie que ton corps est bien mieux oxygéné, mais explique que tu absorbe également le CO2 au lieu d’user uniquement de celui que tu produis. Donc tu respire le CO2 et l’O2, mais je pense que tu le sais déjà, non ? Ensuite, il y a les fameuses Cellules de Sanguis dont parlent tes précédents tests : elles sont simplement… inédites. Elles contiennent la biomasse que tu produis, comme indiqué sur les résultats des tests dans ton carnet de santé, mais elles sont en pourcentage deux fois plus nombreuses qu’elles n’auraient dû, en tout cas qu’elles ne l’étaient dans le rapport que j’ai lut.

Irina fit silence, mais la nouvelle avait déjà capté l’intérêt d’Amy, qui s’approcha, perplexe.

- Comment cela, deux fois plus nombreuses ?

- Ton corps évolue à grande vitesse. Il suffit de regarder tes ailes, si elles continuent leur accélération de croissance, elles auront la taille qu’elles auraient dues avoir lorsque tu aurais vingt-et-un ans d'ici à la fin du mois prochain ! On pourrait croire que tu vieillis prématurément, mais tu n'as aucun signe de vieillissement accéléré ; peut-être à cause de ta régénération, je n’en sais rien. Cela dépasse mes compétences, et de beaucoup. Je dis peut-être n’importe quoi, mais je crois que ta mutation est évolutive. La plupart des mutations sont stables, n’évoluant pas ou peu, mais la tienne est en croissance constante : tes ailes en sont la preuve, elles grandissent constamment. De plus, cette évolution ne requiert aucun élément extérieur, et est donc constante ; ta mutation serait auto-évolutive à mon avis. L’accélération peut Selon la théorie de Darwin, c’est l’environnement qui sélectionne les individus qui vont procréer et transmettre leurs gènes, éliminant les inadaptés au fils des générations. Mais toi, ton corps s’adapte au fur et à mesure. Des modifications qui auraient pris des générations chez un être normal et des années chez certains mutants, se font en l’espace de quelque mois dans ton organisme. Lors de tes crises, tu dis bien que ton organisme s’accélère ? S’il s’agit bien d’un dérèglement, il est en train de modifier ton corps.

Amy ne partageait pas l’enthousiasme d’Irina, et cela se voyait clairement. Elle était effrayée, et posa la seule question qui lui venait à l’esprit.

- Et… je vais devenir quoi, moi ?

Comme l’avait dit Kjerstin, l’évolution ne faisait pas dans le détail, et comme Nephilim en avait fait les frais, certaines mutations étaient fatales à l’organisme. Serait-ce son cas ? Allait-elle mourir de dégénération ou d’un truc dans le genre ? Non, elle devait réfléchir, ne pas paniquer et user de son intellect.

- T’affole pas, c’est que des suppositions. Puis si on y regarde bien, tes crises consomment de la biomasse, pas vrai ? Puisque tu finis en hypoglycémie après une crise. Hors ton corps augmente la présence de Sanguis dans ton sang, donc, tu pourras stocker plus de biomasse, et tenir plus longtemps. Je sais pas vers où on se dirige, ni même si ce que j’ai dit est vrai ou faux ; seul Hank pourra te répondre là-dessus. Je vais lui communiquer les échantillons ainsi que les résultats des tests préliminaires que je t’ai fais. Je sais pas si cela va te rassurer, mais on pourrais presque faire une thèse de doctorat sur ta mutation.

Cameron lui sourit, tentant de la rassurer par la plaisanterie. Cela ne marcha gère, et Amy n’eut rien besoin de dire pour que l’autre le comprenne. Elle avait toujours acceptée sa mutation comme ses pouvoirs, mais c’était la première fois qu’elle avait réellement peur de sa nature.

- Voir Mr Mc Coy est une nécessité, n’est-ce pas ?

- Oui, je le pense. Mais dis-toi qu’une fois qu’il aura lut mon rapport, il voudra te rencontrer. Tu es bien plus intéressante que tu n’as jamais voulut l’admettre.

Couloirs de l’Institut Xavier, Etat de New York – 17 : 36 P.M.

Quelques mises au point supplémentaires avaient été nécessaires, puis elles étaient remontées. Enfin, une surtout : celle qu’Amy irait voir le docteur Henry Mc Coy, alors le Fauve, l’un des plus grands scientifiques mondiaux sur la mutation. Irina avait un bac +5, mais elle n’était pas médecin, pas encore, et était loin d’avoir les compétences requises pour comprendre le fonctionnement du corps de Nephilim autrement que par supposition. Mais ce dont l’infirmière Irina Cameron n’avait pas besoin de supputer, c’était que si on ne lui forçait pas la main, l’italienne n’irait pas réclamer de l’aide. Hors, elle en avait besoin, ne serait-ce que pour être rassurée. Du fait, la discussion avait légèrement tournée à la prise de tête.

- Tu sais, moi aussi je commence à te connaitre, Amy, déclara Irina en déposant sa blouse blanche sur le porte-manteaux.

- Je vous ai déjà promit que j’irai, répliqua cette dernière, agacée, sa veste noire dans les mains.

- Oui, et on sait toute les deux ce qu’il en ait : on a été obligé de te trainer ici. On va aller à l’infirmerie ensemble et on va te trouver un rendez-vous sur l’emploi du temps du Fauve ; et c’est pas une question. Il n’y a pas de « j’irais le voir quant il sera libre » ou autre chose que tu nous as déjà servie : on va te réservée un créneau horaire. C’est pas dramatique que tu te prétendes majeure et que tu ais pareil comportement ? Aussi puéril, je veux dire.

L’infirmière un, l’italienne zéro.

- C’est pas que j’ai peur de lui ou des tests médicaux, juste que j’ai peur de le déranger et…

- Tu veux que j’appelle ma collègue pour lui demander ce qu’elle en pense ?

Amy fit la moue, elle n’avait pas l’intention de se faire à nouveau trainée par la peau des fesses. Elle préférait vraiment Irina à sa collègue, et si elle avait parfaitement comprit leur manège, cela n’empêchait pas ce dernier de tourner, et d’être efficace.

- Bon, d’accord…

Cameron récupéra son sac et commença à se diriger vers l’entrée de la salle, l’italienne sur les talons. Amy ne rompit que peut le contact visuel avec le visage de l’infirmière, que ce soit dans les couloirs sous-terrain, dans l’ascenseur secret ou dans les couloirs de l’Institut. Elles marchaient côte à côté, discutant, mais là où l’italienne était habituée à marcher sans regarder où elle allait, ce n’était pas le cas de l’infirmière, qui devait continuer à regarder devant elle. De fait, elle était bien moins attentionnée face à la conversation que sa cadette.

Elles marchèrent dans entre les murs familiers de l’Institut jusqu’à rejoindre l’aile de l’infirmerie, quelques étages plus hauts. Elles croisèrent encore du monde, sauf que cette fois Amy n’était pas trainée contre sa volonté, mais semblait bien moins rassurée.

Elles arrivèrent rapidement à l’infirmerie, trouvant Teryl Ticalamira en train de bander un élève qui avait été coupé par une projection d’épine d’un camarade très désolé.

- Alors ? demanda simplement la quinquagénaire.

- Je te raconterais plus tard, mais on va prendre rendez-vous avec Hank.

- C’est pas trop tôt, tu sais où est le carnet, non ? Mlle de Lauro, vous vous êtes décidées à grandir ? J’ai parlé au professeur Worthington de vos problèmes comportementaux, puisque c’est déjà une récidive. Il passera surement très bientôt vous entretenir à ce sujet, d’ailleurs.

Et zut, il manquait plus que cela, songea Amy. Warren avait toujours été l’un des X-Men avec qui elle s’entendait le mieux ; si Jubilee était son modèle et incontestablement la professeure avec qui elle avait le plus d’affinité, Amy avait toujours eut une relation particulière avec Angel. Leur lien spirituel, entre Ange et Nephilim, y était peut-être pour quelque chose, mais c’était le fait qu’elle l’ait rencontré devant l’annonce de William Stryker et qu’elle se soit confiée à lui après l’Attaque de Mutant Town, lui aussi ayant vécu les évènements de la colère de Purificateur, qui les avait le plus rapproché. Ça et le fait qu’il lui ait fait faire du delta-plane aussi, elle qui désespérait de ne pouvoir voler de ses propres ailes. Bref, le fait que ce genre de professeur qu’elle admirait ait un mauvais écho d’elle-même lui déplaisait.

Mais elle n’était pas rancunière, et ne ferait pas part à Caitlyn de cette fourberie en lui demandant que faire. Ou peut-être que si…

Regardant Irina sortir le carnet de consultation, ou un agenda équivalent, appartenant au docteur Mc Coy, et prendre un stylo pour noter, Amy commença déjà à réfléchir où est-ce qu’elle avait du temps libre. Juillet, vacance, tout le temps. Bon, c’était fait. Maintenant, plus dure : où est-ce que lui aussi avait du temps libre. Erf, pas gagné.

Cameron lui proposa la date la plus proche, lui donnant rendez-vous à une certaine heure au laboratoire.

- Tu es capable de le retrouver, n’est-ce pas ? J’aurai pas besoin de t’accompagner ?

- Non Mlle Cameron, c’est bon, déclara Amy, au second degré. Merci pour tout.

- Ah et autre chose : si tu ne vas pas au rendez-vous, je préviens Caitlyn sur ce qui se passe. Je suis sur que ton amie saura te motiver pour que tu protège ta santé.

C’était dit sur le ton de la plaisanterie et de la camaraderie, mais Amy savait pertinemment que si sa sœur de cœur apprenait qu’elle faisait des crises régulières (chose que l’italienne avait omit de mentionner) et qu’elle n’était pas allé demander de l’aide, n’en ayant parlé à personne, elle était bonne pour se prendre un savon bien pire que celui de Ticalamira.

Encore la chance…

Professeur McCoy,
Suite à de nombreux refus de la part d’Amy de Lauro de venir vous voir, et ce avec pour principale raison l’absurde peur de vous déranger, Teryl Ticalamaira et moi-même avons fait quelques tests sur la jeune femme. Je viens vous en communiquer les résultats, bien que la plupart des échantillons soient exploitables pour de nouveaux tests si vous le voulez. Voici les principaux points qui diffèrent d’un organisme normal :
La composition sanguine : le sang d’Amy est similaire et pourtant très différent de celui d’une personne standard. Bien plus riche en hématie, j’estime leur présence au double de celles d’un humain, ce qui semble logique considérant qu’elle absorbe le CO2 et l’O2. Car oui, son sang est toxique, contenant une teneur égale en dioxyde de carbone et en dioxygène, cette dernière donc bien au-delà du seuil mortel pour une personne normale (50% alors que l’intoxication au CO2 est à 4,5%). Toute perfusion de sang étranger ou à destination d’un organisme étranger est inenvisageable. De plus, on note la présence de cellules inédites, qu’elle a nommé Sanguis, ou Cellule de Sanguis, qui transportent la biomasse dans le corps.
Le foie : Amy possède une excroissance du foie, dans laquelle se fait le processus de création de biomasse. Ce processus est parfaitement naturel et ne dépends pas d’une symbiose avec un organisme végétal (ce qui est le cas pour la photosynthèse animale).
Les estomacs : Amy possède deux estomacs, dont un pré-digestif. La fonction de ce premier est de filtrer les sels minéraux nécessaires à la photosynthèse, tandis que malgré ce que l’on pourrait penser du fait qu’elle ne mange pas, la contenance de l’estomac principal n’a pas diminué suite au manque de nourriture. Je n’ai pas d’explications, sachant qu’il semble inutile dans le processus de nutrition.
Les membranes nictitantes : Amy possède des membranes nictitantes, cependant ces dernières sont composées d’un agent apparenté à de la chlorophylle, mais incroyablement plus performant. Outre protéger l’œil à l’instar des membranes nictitantes présentes chez diverses espèces animales, celles-ci absorbent l’énergie lumineuse. Malgré une apparence opaque, elles n’entravent en rien la vue de la mutante, l’améliorant même (à cause de la sensibilité à la lumière accrue) tout en empêchant l’éblouissement (les rayonnements non absorbés sont filtrés selon le même principe que des verres solaires, en bien plus efficace).
Les Ala-pulmos : Amy possède deux « ailes » rétractiles dans son dos, qui sont en réalité des excroissances de ses poumons. Chacune d’elle est un système de respiration externe, qui absorbe dioxygène et dioxyde de carbone par l’intermédiaire de minuscules poches similaires à des alvéoles situées sur le rachis des plumes. Contrairement à la plupart des mutants prenant l’aspect d’ailes, celles de Nephilim sont d’abord des organes de respiration, ainsi on doute qu’avec la musculature actuelle, elles puissent un jour voler (avec la taille actuelle en tout cas, c’est impossible). Elles ont la particularité de pouvoir se rétracter sous l’épiderme, se logeant dans des sillons situés de part et d’autres de la colonne vertébrale, dans la cage thoracique, devenant ainsi indétectables, bien que les sillons puissent être détectés et ouverts avec le matériel approprié. Les radios de la cage thoracique avec les ailes dépliées et repliées révèlent que la structure osseuse est adaptée au rangement des excroissances, et que les os de ses dernières s’imbriquent les uns dans les autres lorsqu’ils sont ainsi « rangés », les voies respiratoires étant donc externes aux os. La croissance des Ala-pulmos est de nature entre 5 et 7 cm par an, mais depuis l’arrivée de ses crises, elles ont prit environ 8cm en quatre mois, ce qui confirme la thèse du dérèglement. Il est probable que cette croissance soit permanente, car liée au développement du corps de la mutante (à noter que si ses ailes grandissent, les crises n’ont pas fais vieillir de manière perceptible. Cependant, ce point nécessite de meilleures compétences que les miennes, car il semble logique que si elles accélèrent la croissance de ses ailes, les crises accélèrent également le vieillissement d’Amy, le tout étant lié, mais son Facteur Guérisseur la dotant d’un facteur anti-âge, il faudrait plus que quelques années de vieillissement prématuré pour que cela en devienne visible).

Concernant ses pouvoirs, tous deux proviennent de la biomasse :
L’Autotrophie de l’organisme est assuré par la production de la biomasse, laquelle contient tous les nutriments nécessaires au fonctionnement de l’organisme ;
Le Facteur Guérisseur est différent de ceux de la plupart des mutants, tel que Wolverine. Les cellules d’Amy de se régénèrent pas seules, il n’y a donc pas d’auto-guérison : la biomasse sert à soigner, à régénérer et à remplacer les cellules déficientes, la production est donc constante et le vieillissement ralenti. Pas nécessairement moins puissante, la régénération est surtout dépendante de quelque chose d’extérieur, donc potentiellement maîtrisable (chose qu’elle aurait réussit par le passé mais qui entrainerait désormais « ses crises ».

Les « Crises » a proprement parler semblent se déclencher en cas de grand stress, ou peuvent l’être volontairement avec le même déclencheur que lorsque le Facteur Guérisseur était accéléré. Il semble se produire dans son organisme la même chose qu’avec le pouvoir, soit une accélération du fonctionnement cellulaire, à l’exception que lorsque les cellules n’ont plus de biomasse, le corps ne reprend pas son rythme normal, entrainant ainsi une tachycardie (évitée jusqu’à lors surement par le fait que les cellules de Sanguis accéléraient comme tout l’organisme et comblaient donc les besoins du corps.
Cependant, elles semblent interférer avec le développement de l’organisme, à la différence des mutants dotés d’un don de Berserk, lui conférant des poussées de croissance, comme en témoigne ses ailes. Cependant, les limites de cela restent à déterminer, comme le fait que ces crises soient un dérèglement de la mutation et pas une nouvelle mutation. Le Gêne X étant très particulier sur son évolution, je ne me risquerais pas à conjecturer, n’ayant pas les compétences pour le faire.

Vous trouverez ci-joint l’horaire du rendez-vous avec Mlle de Lauro, sachant qu’il vous est possible de refaire certains tests et que l’ensemble du dossier médical de la jeune fille vous sera communiqué avec ce mémo.

Veuillez agréer à tous mes respects,
Irina Cameron