Une introduction en douceur [PV Russell Collins]

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Une véritable famille...

Seule dans son appartement, Aylissa laissait aller ses pensées tout en rassemblant ses effets personnels. Un peu plus tôt elle avait fait une rencontre imprévue avec un dénommé Russel. Celui-ci c'était fait passer pour le DRH d'une boite d'animés intéressé par ses dessins et écrits pour s'introduire auprès de l'administration et pouvoir l'approcher sans crainte. A force d'être toujours à l'écart, dans les nuages à écrire, lire et dessiner il fallait s'y attendre : cette couverture n'avait étonnée personne. A peine seuls il avait fait sa réelle présentation. Un homme au courant de son anormalité. De son "potentiel". De sa "supériorité". Un homme qui comme lui avait été confronté à l'animosité et la méfiance humaine, mais avait trouvé une famille, des amis pour l'accueillir. Et aujourd'hui il lui proposait de tout comme lui rejoindre ce cercle privilégié. Cette "confrérie". Un bel homme. Il avait su se montrer convaincant. Après tout il avait raison, continuer au Lycée sans perspectives d'études plus poussées à cause de son oncle, sans amis ni famille digne de ce nom et persécutée n'avait plus rien d'attrayant, et elle trouvait ainsi enfin la possibilité de s'épanouir, d'entamer une nouvelle vie, si possible dans de meilleures conditions. Malgré la peur de tout abandonner elle n'avait donc pas hésité longtemps. Pas grand chose à perdre et tout à y gagner. En espérant qu'elle ne faisait pas une grosse bêtise.

Alors qu'elle se remémorait l'échange passé, elle rassemblait toutes sortes de choses dans un grand sac de voyage. D'abords les classiques comme ses vêtements, sa trousse de toilette, ses économies, puis des choses de plus en plus précises comme un coffret contenant les alliances de ses parents décédés, puis au final ce qui n'était pas le moins du monde indispensable mais qu'elle arrivait encore à faire rentrer dans le sac en tassant bien, essentiellement ses peluches, son refuge ultime en temps d'épreuves.

Après plusieurs tours et retours dans sa maison pour vérifier qu'elle n'avait rien oubliée, elle décida d'écrire une lettre pour son oncle. Elle n'avait aucune envie de lui parler de tout ça de vive voix, et après tout il ne pourrait être qu'heureux en apprenant son départ. Plus d'études à payer, plus de frais supplémentaires pour l'entretenir. Plus à se sentir obligé de venir la voir au moins une fois par mois, et enfin la possibilité d'utiliser cet appartement à ses propres fins. Elle rédigea un petit mot simple et direct. Elle avait trouvé une nouvelle possibilité d'orientation, plus besoin de s'occuper d'elle pour le moment, elle donnerais de ses nouvelles.

Après un dernier tour du propriétaire, elle entreprit de sortir ses affaires de l'appartement, de le refermer, puis de prendre l'ascenseur pour rejoindre l'entrée de l'immeuble. En trainant avec difficulté le sac plein à craquer, elle sortir de l'immeuble, pour voir dans la rue le grand brun en compagnie de sa moto. Elle lui adressa un signe de la main et commença à s'approcher en trainant tant bien que mal son sac.

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Rares étaient ceux qui entraient a la confrérie par pur hasard. Russell l’avait compris, et pour prouver sa bonne foi en la confrérie, il avait du faire ses preuves, et montrer qu’il était digne de servir un homme aussi grand et fort que lui : Magneto, figure permanente d’un combat d’une vie, du combat de Russell et de nombreux autres mutants en quête de reconnaissance. Il y avait aussi cette nouvelle famille qui le rendait fier d’être un mutant, et qui lui permettait, malgré ses airs de garçon aigri par le temps, de se sentir bien. Un lieu ou tous se comprenaient, où tous étaient engagés et prêt a n’importe quel sacrifice pour défendre leur nature. C’était ainsi que Russell voyait la confrérie, et c’était ainsi qu’il la décrivait à tous ceux qui étaient susceptibles de la rejoindre, soit parce qu’ils étaient facilement domptables, soit parce qu’ils avaient attiré l’attention du grand maitre.

Ce soir là, c’était dans ces circonstances qu’il en était venu à parler de sa chère confrérie à une nouvelle recrue : une jeune fille apeurée par ses propres capacités qui n’imaginait même pas le potentiel qui sommeillait en elle. Magneto lui avait bien dit « Prouve lui que sa famille l’attend ». D’après les dires, elle n’avait aucune famille, du moins aucune famille qui pouvait la soutenir, elle divaguait alors dans cette vie forcée et amère sans avancer d’un moindre pas. Russell était là pour elle, pour la confrérie et pour cette nouvelle alliance qui allait marquer pour elle le début d’une nouvelle vie.

Il l’avait abordée dans une bibliothèque, en se faisant passer pour un éditeur intéressé par ses créations… et même si la couverture n’avait pas été des plus intelligentes, il avait tout de même réussit à provoquer le premier contact, et le reste allait suivre sans encombres. Il suffisait de l’écouter parler, de lire sur ses lèvres même, pour comprendre a quel point il défendait sa cause. Il avait cet air angélique qui ne correspondait pas généralement a l’image qu’on se faisait de la confrérie et il parlait de son clan avec passion et adoration : c’était comme un virus, il se transmettait aux autres par un regard, une parole bien placée.

A moitié assis sur la selle de sa moto, dans la pénombre de la rue, Russell attendait. La transmission de son numéro avait servit a quelque chose puisque quelques heures plus tard, il recevait un appel de la jeune Aylissa. Il en savait bien plus a son sujet qu’elle ne pouvait imaginer, mais il laissait faire les choses doucement, pour ne pas la brusquer et pour ne pas l’inquiéter : s’il devait l’emmener dans sa nouvelle famille, il fallait que cela se passe pour son bien et pour le mieux. Cigarette a la bouche, allumée par un simple claquement de doigt, il regardait sa montre, et l’heure du rendez vous approchait : Lorsqu’une porte d’immeuble s’ouvrit lentement pour laisser apparaitre une ombre peinant à transporter ses affaires. Il afficha un léger sourire, presque imperceptible, puis en se levant, se dirigea vers la jeune fille, en jetant son mégot sur les pavés usés de la rue. Il tendit alors sa main, une fois arrivé à proximité et d’un regard perçant lui dit :

- Bonsoir Aylissa. Heureux de te savoir a mes cotés. Alors prête pour le grand changement ?

Son geste était simple mais était rempli de symboles : sa main tendu représentait aussi bien sa proposition de porter la valise a sa place, que l’invitation à faire partie de la confrérie. Il ajouta ensuite d’un calme toujours aussi rassurant :

- Tu verras, tu es attendue là où tu seras appréciée à ta juste valeur.

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La simple présence de Russel la rassura sur la folie qu'elle était en train d'entreprendre. Pourquoi elle ? Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Tout quitter pour une chance, ou bien pour une embrouille ? Une multitude de craintes et de questions se bousculaient dans sa tête, telle une marée impétueuse tentant d'ébranler les récifs abimés de sa résolution, mais au moins dans cette transition pourrait elle se fier à Russel. Du moins lui semblait-il. Il paraissait si élogieux à l'égard de la confrérie, sur de lui et fier d'appartenir à ce groupe. Il avait su lui inspirer la confiance et la rassurer. En ces temps de troubles peut être pourrait elle au moins se fier à lui. A moins que cette invitation ne cache un dessein non avoué. Éperdue comme elle l'était cette proposition lui apparaissait comme providentielle, mais une petite voix tentait de lui dire qu'après son expérience des humains ceci était trop beau pour être vrai. Elle espérait pouvoir faire taire au plus vite cette semeuse de troubles. Une vraie famille. Qui la comprenne. Avec laquelle elle puisse vivre et se sentir à sa place. Peut être qu'entre mutants l'on pouvait enfin s'affranchir des affres nauséabonds de la purulence opportuniste intrinsèque à l'espèce humaine. Quelles que soient ses intentions, Russel était parvenu à obtenir l'image d'un parrain idéal pour sa nouvelle vie, une bouée de sauvetage pour l'éloigner de ses errances.

A sa sortie de l'immeuble elle le vit, se relevant quittant sa moto pour s'avancer vers elle. Il devait être aux aguets puisque à peine la porte refermée il était là, tout proche, et lui dit :

- Bonsoir Aylissa. Heureux de te savoir a mes cotés. Alors prête pour le grand changement ?

Prête pour le changement ? Peut on vraiment être prêt à changer de vie ? Elle avait tentée de prévoir tout le nécessaire pour s'assurer du côté matériel, mais elle n'avait aucune idée d'à quoi s'attendre concernant la confrérie. Toutefois quitte à effectuer cette transition, autant la faire maintenant, aussi déclara-t-elle d'une voix peu assurée :

-J'espère... Je n'ai pas été trop longue ? Je suis désolée, je n'arrivais pas à choisir quoi garder et quoi laisser. Tout est arrivé si brusquement, j'espère que je n'oublie rien...

Elle remarqua alors le bras tendu. Un signe de bienvenu ? L'offre de l'aider à porter son sac ? Ce qu'elle devait paraitre sotte, pas fichue d'ajouter un soupçon d'assurance à sa voix, perdue et se répandant en excuse, et qui plus est incapable de porter un simple sac sans chanceler. En l'absence de toutes craintes de montrer ses pouvoirs elle aurait pu faire porter ses affaires par son nounours, toujours mieux que se ridiculiser dans un face à face perdu d'avance contre un sac, mais pour l'instant elle devait se contenter d'accepter la proposition aimable de Russel avec un regard porté de ses magnifiques yeux bleus et un petit sourire en guise de remerciement.

- Tu verras, tu es attendue là où tu seras appréciée à ta juste valeur.

La gratitude céda la place à la surprise.

-Attendue ?

Si trace de peur il y avait dans sa voix, c'était pratiquement imperceptible, même pour elle. Purement de la surprise, et pourtant, alors qu'elle repense à la phrase elle se demande... Jusque là elle avait crue que Russel était le seul au courant de son arrivé et que c'est lui qui avait cherché à lui offrir une place au sein de sa confrérie, se serait-elle trompée ? Peut être n'était-ce qu'une imprécision oratoire, ou peut être même qu'il avait juste prévenu qu'il ramènerait un nouveau membre. Elle réagissait toujours si promptement à de si petits détails.

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Sans prêter réellement la moindre attention a ce qu’elle pouvait ressentir, Russell agrippa la valise et lui tapota le dos pour la diriger vers la moto qui les attendant, le moteur encore chauffé par le trajet qu’il avait effectué pour se rendre en bas de chez elle. Il lui répondit alors sur le même ton que son message de bienvenue, et pour la rassurer, du moins, un minimum :

- Ne t’en fais pas pour ca, tu as raison de prendre ton temps. Ce genre de décision ne se prend pas a la légère, tu n’es pas la première dans ce cas là.

Il marchait alors vers la bécane, valise en main, suivit de la jeune fille quelque peu apeurée, surtout depuis qu’il avait émit l’idée qu’elle était attendue par les autres. Alors en allumant une seconde cigarette d’un claquement de doigts, qu’il avait au préalable porté a sa bouche en collant le paquet a son visage, il ajouta :

- La confrérie est un cerclé fermé et tout se sait. Si tu es attendue, c’est qu’ils te réservent une place. Ce sera a toi de la tenir, mais de ce que je sais, tu en es tout a fait capable, fais moi confiance.

Il arriva devant la moto, accrocha la valise a l’arrière, a l’aide de lanières qu’il avait prévu a cet effet, puis il l’alluma sans même monter dessus. Il lui tendit alors un casque qu’il avait laissé posé sur la selle, et lui fit signe de l’enfiler pour partir en direction de la confrérie. Il mit à son tour le matériel nécessaire pour prendre la route, puis en faisant gronder le molosse, il lui fit signe de sa main, de venir s’installer derrière lui. Haussant un plus le ton de sa voix pour être assez audible, il lui dit tout en se voulant rassurant :

- Accroche-toi bien Aylissa. Je suis pas du genre à m’arrêter regarder le paysage, mais si tu as le moindre souci, fais moi signe. J’aimerais que tu sois en mesure d’apprécier ton arrivée. Tu verras, c’est là bas qu’est ta place. Tes ennuis sont terminés ma belle.

Sans même lui laisser le temps de répondre, il accéléra doucement et pris la route en direction du lieu tant convoité par la majeure partie des anti mutants, et des forces de l’ordres spécialisées dans la recherche des mutants dangereux, telles que le BAM. Une chose était claire dans son esprit : s’il avait accepté de l’emmener jusque là, et avec sa moto, c’était pour qu’elle y reste. Si par malheur elle venait à changer d’avis, Russell avait reçu des ordres précis, tels qu’user de moyens de pression, voire des menaces pour éviter tout problème lié a la découverte du lieu. Mais les choses semblaient être bien parties : après les recherches effectuées a son sujet, la jeune Aylissa était destinée a se joindre a la confrérie, toutes les conditions étaient rassemblée afin qu’elle puisse jouir de l’accueil d’une famille si passionnée par la mutation, et persuadée que les mutants avaient un rôle important a jouer dans la société. Plus question de trouver une place parmi les humains, ceux qui les détestaient parfois, ou parmi les X-men, aveuglés par leur espoir infini de paix. La réalité n’était autre que la Confrérie, et Aylissa n’allait pas tarder à le comprendre.

Ainsi quelques bons quarts d’heure plus tard, ils arrivèrent sur place, après avoir traversé de part en part la forêt qui contournait le QG des confréristes et accessoirement de Magneto. L’endroit était sombre, et pouvait effrayer n’importe quel nouvel arrivant, mais ceux qui étaient au courant de ce qu’ils pouvaient trouver a l’intérieur n’étaient pas du genre à s’arrêter a une simple façade, délaissé justement pour rester discrète. Il arrêta le moteur, et fit descendre la jeune fille. Puis ce fut son tour, et tout en enlevant son casque, il lui dit, tendant la main en direction de sa nouvelle maison :

- Bienvenue chez toi Aylissa. Ici tu n’auras plus à avoir honte de ce que tu es, et tu verras que tous ceux qui se trouvent déjà ici ont une histoire qui ressemble à quelques détails près à la tienne. Moi le premier j’ai trouvé refuge ici, maintenant, je passe le flambeau et pour toute demande n’hésite pas à me demander.

Il détacha la valise de l’arrière de la moto, et lui fit signe de le suivre tout en continuant de luis expliquer comment les choses se passaient :

- Ne sois pas inquiète de croiser des hommes aigris par le temps, ou légèrement perturbés. S’ils sont devenus comme ca c’est parce qu’ils sont arrivés trop tard, et que dehors ils les ont rendu dingues. Ils ont trouvé refuge bien trop tard, et malgré cela ils font partie de la famille. Tu vois, chacun a sa place ici, et tu n’aura aucun mal à te faire la tienne. Le seul conseil vraiment important que je pourrais te donner, c’est de ne pas te faire marcher sur les pieds. De toute façon, moi-même et d’autres sommes là pour toi. Tu comprendras bien assez vite que ton potentiel, dans tous les sens du terme, sera sans limites et que tu seras assez à l’aise pour te laisser grandir comme la nature t’a faite.

Il lui fit un clin d’œil tout en ouvrant la porte qui donnait sur le hall d’entrée. La porte grinçait légèrement, et pouvait donner des sueurs froides a quiconque ne savait pas ce qu’il se passait a l’intérieur, mais Russell faisait tous les efforts nécessaires pour que Aylissa se sente a son aise.

- Un tour dans la cuisine pour te rafraichir ca te tente ?

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Russel ne prit pas tout de suite la peine de répondre à sa question. Il ne semblait pas vouloir s'éterniser en discussions intermédiaires. Un homme habitué à aller droit au but probablement. Alors qu'il l'accompagnait vers la moto qui les attendait, portant la valise d'Aylissa, à son grand soulagement, il finit par ajouter :

- Ne t’en fais pas pour ca, tu as raison de prendre ton temps. Ce genre de décision ne se prend pas a la légère, tu n’es pas la première dans ce cas là.

D'autres ? Il allait falloir qu'elle se mette ça dans la tête. Elle n'était probablement pas la première jeune fille paumée recueillie par la confrérie. A y réfléchir elle était curieuse de les rencontrer. Ou au moins de savoir comment étaient les autres, comment cela s'était passé pour elle, qu'est-ce qu'elles étaient devenues maintenant... Elle aurait peut être l'occasion de poser la question prochainement. Pour l'heure elle ne voulait pas importuner le jeune homme avec ses milliers de questions. Peut être qu'une fois arrivés il serait plus disponible.

- Tu verras, tu es attendue là où tu seras appréciée à ta juste valeur.

-Attendue ?

Alors qu'il arrivait au niveau de la moto, valise en main, il porta une cigarette à ses lèvres et d'un claquement de doigt il l'alluma, faisant du même coup sursauter l'adolescente. Elle s'en voulu immédiatement. Elle n'avait jamais été en contact avec des mutants montrant ostensiblement leurs dons de cette manière, mais il faudrait qu'elle s'y habitue. Ce serais son nouveau quotidien à présent. Elle espérait que Russel n'avait pas remarqué sa réaction, elle l'avait déjà assez fatiguée avec ses réactions de gamine apeurée et ne voulait pas qu'il se lasse d'elle et l'abandonne au plus vite une fois arrivés. Elle ne comptait pas gâcher sa chance d'avoir un guide et soutien pour son immersion dans l'inconnu.

- La confrérie est un cerclé fermé et tout se sait. Si tu es attendue, c’est qu’ils te réservent une place. Ce sera à toi de la tenir, mais de ce que je sais, tu en es tout a fait capable, fais moi confiance.

Un instant elle s'imagina la confrérie comme un petit rassemblement de joyeux lurons en retraits de la société et se partageant les tâches pour vivre en communauté. La scène lui arracha un sourire, bref mais sincère. La réalité devait probablement être différente. "Les hippies mutants contre les vilains humains racistes" aurait pu donner un nanar amusant.

Une pensée la tira de ses rêveries. Même si l'organisation de la confrérie était probablement différente, Russel avait laissé entendre qu'une place spéciale lui était réservée, à la mesure de ses capacités. Peut être qu'elle extrapolait encore, mais si c'était bien le cas elle se demandait à quoi ils s'attendaient, et si "capacités" signifiait son pouvoir, ou ce qu'elle était en mesure de réaliser. Tant de questions se bousculaient en elle au fur et à mesure des phrases, mettant à chaque fois en valeur l'inconnu dans lequel elle s'enfonçait à bras ouverts.

Ses réflexions furent interrompues par l'arrivée impromptue entre ses mains d'un casque de moto. Toujours en contact immédiat avec la réalité, contrairement à elle apparemment, le jeune homme avait harnaché la valise à l'engin, puis l'avait enfourché et lui faisait maintenant signe de la rejoindre. Elle s'empressa de grimper comme elle pouvait. Russel avait déjà enfilé son équipement, et avant de partir il lança un dernier avertissement d'un ton rassurant :

- Accroche-toi bien Aylissa. Je suis pas du genre à m’arrêter regarder le paysage, mais si tu as le moindre souci, fais moi signe. J’aimerais que tu sois en mesure d’apprécier ton arrivée. Tu verras, c’est là bas qu’est ta place. Tes ennuis sont terminés ma belle.

Ma belle ? Déjà la moto s'élançait, et malgré les efforts qu'il faisait pour apparemment accélérer doucement, pour son premier trajet à moto elle s'empressa de s'agripper à sa taille par peur d'une rencontre brutale avec la terre mère.

Le paysage défilait rapidement. Les quelques quartiers qu'elle connaissait de New-York cèderent rapidement à d'autres à peine familiers, pour finalement disparaitre au profit de l'inconnu le plus total. Elle supposa qu'ils avaient quittés la ville quand ils commencèrent à s'enfoncer au coeur d'une sombre forêt. Elle espérait ne pas avoir à retourner seule chez elle, dans l'état actuel des choses elle n'était même pas sure de retrouver New-York, alors son quartier...

Ils s'arrêtèrent finalement et descendirent de moto. Les lieux ne payaient pas de mine. Elle s'était attendue à... Elle ne savait pas trop. Un grand bâtiment magnifique et ostentatoire ? A la réflexion bien évidemment un bâtiment rongé par le temps dans une forêt peu fréquentée était un choix logique, et par les temps qui courent c'était bien plus sûr qu'un quelconque beau bâtiment au vu et au su de tous.

Tout en retirant son casque, Russel lui dit en tendant la main vers les bâtiments :

- Bienvenue chez toi Aylissa. Ici tu n’auras plus à avoir honte de ce que tu es, et tu verras que tous ceux qui se trouvent déjà ici ont une histoire qui ressemble à quelques détails près à la tienne. Moi le premier j’ai trouvé refuge ici, maintenant, je passe le flambeau et pour toute demande n’hésite pas à me demander.

-Jamais honte.

Elle avait répondue machinalement, sans même réfléchir. Même persécutée par ses camarades elle n'avait jamais eu honte. Ses dons lui avaient permis de garder le moral quand tout était réunit pour la faire sombrer. Sans eux tout aurait été pire. Ils étaient son réconfort et sa protection en toute situation. Si elle les avait cachés c'était par peur, mais jamais par honte.

Alors qu'il lui faisait signe de le suivre, il continua :

- Ne sois pas inquiète de croiser des hommes aigris par le temps, ou légèrement perturbés. S’ils sont devenus comme ca c’est parce qu’ils sont arrivés trop tard, et que dehors ils les ont rendu dingues. Ils ont trouvé refuge bien trop tard, et malgré cela ils font partie de la famille. Tu vois, chacun a sa place ici, et tu n’aura aucun mal à te faire la tienne. Le seul conseil vraiment important que je pourrais te donner, c’est de ne pas te faire marcher sur les pieds. De toute façon, moi-même et d’autres sommes là pour toi. Tu comprendras bien assez vite que ton potentiel, dans tous les sens du terme, sera sans limites et que tu seras assez à l’aise pour te laisser grandir comme la nature t’a faite.

Aux yeux du jeune homme, leurs dons semblaient faits pour s'épanouir et sans cesse grandir. Elle se demanda s'il s'entrainait pour tenter de décupler ses pouvoirs. Elle n'était pas familière avec le concept. Jusque là elle avait le plus souvent découverte des choses sur son pouvoir au hasard de l'utilisation, il avait grandit de lui même. Mais après tout cela devait être comme le piano, s'entrainer régulièrement devait être plus efficace que pratiquer une fois de temps en temps. Elle se demanda s'il existait des "profs de mutations" pour tenter d'en apprendre plus sur son pouvoir et de l'améliorer.

Elle ouvrit la bouche pour lui en parler mais déjà il la gratifiait d'un clin d’œil et l'introduisait dans le hall d'entrée. Toute à ses pensées elle remarqua à peine le grincement accompagnant l'ouverture de la porte. La porte fermée il enchaina :

- Un tour dans la cuisine pour te rafraichir ca te tente ?

Elle percevait une partie des efforts qu'ils faisait pour paraitre rassurant, et lui en était reconnaissante. Tout en souriant elle lui répondit :

-Oui, merci.

Quitte à commencer quelque part, la cuisine était un endroit encore plutôt normal, et qu'elle allait surement fréquenter souvent.

Spoiler:

[Edit Jub' (modo) : Je suppose que ce topic est donc terminé/abandonné, je le classe. Mp moi si y'a un soucis]

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