Le relais d'Edmonton [PV]

Le chemin jusqu'à l'entrée d'Edmonton à était bien plus compliqué que prévu, puisque pour rejoindre la moto depuis le repaire du taré sous terrains, il avait fallut attendre une demi heure tapis dans des buissons que le puma géant accepte de bien vouloir lâcher le pneu avant de la moto.
Heureusement qu'Orsso avait fait posé des pneus bien crantés et plus épais quelques mois auparavant.
Après une demi heure d'attente et quelques heures de route, il avait fallu pousser la bécane sur prés de deux kilomètres en panne sèche d'essence jusqu'à la station service la plus proche.
Bien plus simple, les dernière heures de moto conduisent au relais qui se trouve à l'entrée de la ville d'Edmonton.

Orsso s'installe en vitesse à l'une des tables une pinte dans chaque main, une pour Lili et une pour lui.

- Tu peux amener tes explications maintenant, c'est assez tranquille et assez commun pour en parler ici non? De toute façon, après ce petit tour en moto, la seule chose que je suis encore capable de faire, c'est parler. Si on doit faire le tour du pâté de maison en courant, ce sera sans moi, non merci.

La main gauche d'Orsso pour la bière en direction de Lilian. Le relais est rempli à rabbord de routier de tout horizons. Un vrai coup de chance d'avoir des places assises.

Peu de paroles avaient été échangées depuis la sortie du laboratoire. Le retour à la vie, à l’air frais et sain des forêts ne l’apaisait pas. Il lui semblait au contraire que tout cela ne devait pas être. La mine lugubre, Lilian s’était laissé guider par le jeune homme. Ils avaient abandonné la voiture cabossée à la nature et avaient finalement décidé de se diriger vers la citée la plus grande agglomération du secteur. Après tant d’aventures, Lilian n’attendait rien d’autre qu’une suite de luxe, une nuit consacrée à l’oubli, à défaut de trouver le sommeil, et, un envol sans retour dans le premier avion qu’il trouverait. Le retour à la civilisation ne serait pas pour tout de suite. Son i-phone était éteint depuis qu’il avait quitté les Etats-Unis. Il manquait, comme très souvent, à ses responsabilités et laissait toutes les récriminations à Mélo, son associé. A quoi bon tout cela, de toute façon ? L’esprit labouré par ce qu’il venait de voir, il lui prenait l’envie de tout détruire… Mais ce serait idiot, il avait besoin de cet argent. Il laissait les fins de mois difficiles et les problèmes primaires au petit peuple, ce n’était pas digne d’un gentleman… Et s’il devait continuer à vivre, il ne serait rien d’autre que cela, un individu supérieur. Or, tous ces événements piétinaient impitoyablement son petit monde. Lui qui n’avait jamais requis l’aide de personne se retrouvait à suivre un adolescent sorti d’il ne savait où en lui dévoilant les pans les plus sombres de son existence. Dans cette montagne, sur cette moto, enveloppés par la fraîcheur vespérale de la nuit, ils étaient cruellement égaux. Très sincèrement, il n’avait pas la moindre idée de la suite à donner à cette relation. Il s’étonnait que le jeune homme en fasse tant pour lui. La réciproque n’aurait probablement pas été vraie.

Finalement, après de longues heures de route qu’il passa perdu dans des pensées sans signification, comme si un écran blanc envahissait sa tête, ils s’arrêtèrent à une station service à l’entrée de la ville. Pourquoi ne pas entrer dans la citée ? Lilian ne saisissait pas très bien ce choix mais il suivit sans émettre le moindre commentaire. Le jeune homme avait peut-être ses habitudes dans cet endroit quelque peu miteux et envahi par tous les loubards du coin. En franchissant le seul, un sourire railleur effleura ses lèvres. Il quitta ses airs sinistres pour jauger la clientèle, rien que des gens charmants ! Vu l’heure, certains semblaient déjà bien entamés et il faudrait probablement s’attendre à ce que le ton monte sous peu… Ce serait peut-être amusant, il n’y avait rien de plus défoulant que rire de la misère intellectuelle de ces pauvres gens.
Il s’installa à la table la plus reculée qu’il trouva et attendit qu’Orsso revienne avec les bières. D’étranges pseudo étaient gravés au couteau sur la surface de bois. Il se laissa distraire un instant, puis se retourna vers jeune homme en saisissant la choppe qu’il lui tendait. Une fois de plus, son compagnon habilla ses propos d’une ironie légère et Lilian la lui rendit d’une voix tranquille avant de boire une longue gorgée de sa boisson.

- Oh vraiment ? Je suis alors au regret de t’annoncer que je ne me livre qu’en pratiquant le jogging… Mais je pourrai peut-être faire une exception. – Il posa la choppe et parcourut la salle d’un regard pétillant. – Tant que tes camarades n’ont pas d’idées pour animer autrement cette douce soirée. A propos de quel sujet veux-tu que je m’explique ? – demanda-t-il en feignant l’ignorance. – Tu as le droit de savoir certaines choses, oui… Mais je m’interroge tout de même sur l’intérêt que tu pourrais tirer de ces informations, mis à part la satisfaction certaine de ta curiosité.

Il leva à nouveau son verre et passa un bras sur le dossier de la chaise en attendant la réponse du jeune homme. Ce bar où fermentait l’alcool et la vie lui redonnait un semblant de bonne humeur, mais ce n’était qu’une triste façade, il appréhendait, en réalité, l’heure fatale des explications, lui qui n’en avait jamais données à personne.

- L'intérêt que je pourrais tirer de ces informations? Comprendre pourquoi un puma géant, un homme géant et une dizaine de mutants se sont montrés aussi agressifs envers moi et ma moto, peut être aussi pour comprendre un peu mieux pour j'ai vu des cadavres enfermés des prisons de verre dans un bain de formol, savoir aussi pourquoi les rocheuses si calme d'habitudes sont elles parcourues de tarés du style celui qui à laissé une femme entre la vie et la mort vouée à une souffrance quasi éternelle. Les bénéfices pour moi peuvent être de nature variée, puisque j'aurais déjà la satisfaction de tabasser quelques tarés en ta compagnie, je crois que tu as besoins d'aide l'ami, alors je ne vois pas vraiment pourquoi tu refuserais la mienne. Tu pourrais demander celle d'un humain si tu veux, mais je ne suis pas certains qu'il aille bien loin dans ce genre de lutte. Par contre, nous devons tous vivre et l'argent est la clé, si je t'accompagne et que je ne participe à aucune de mes activités pécuniaires habituelles, je vais rapidement est à court de billets, alors soit l'aventure que nous allons rondement menée nous apportera richesse, soit tu aurais éventuellement de quoi me fournir d'un point de vue monétaire. On s'éloigne des intérêts des informations que tu vas me donner en elle même, j'y verrais plus clair dans toute cette histoire, du moins, c'est à espérer. Je ne peux pas t'aider si tu ne me dis pas tout, bien que je n'ai pas spécialement de scrupule à m'en prendre à des inconnus, je ne le fais pas pour autrui si j'ignore de quoi ils sont coupables, je n'ai pas l'esprit du parfait soldat, il faut que j'y vois une certaine légitimité, comprend tu?

Suite de ce long monologue, le mutant Canadien entame sa bière, récompense d'une journée et d'un voyage très pénible et semé d'embûche. Les routiers tout au tour s'attaquent à la seconde livraison de fut de bière et ça commence à sentir la transpiration à la bière dans le relais, qui devient de plus en plus bruyant.

La langue de son compagnon se délia. Il s’emporta dans une longue tirade que Lilian suivit du mieux qu’il put sous la cohue ambiante. Ses interrogations étaient légitimes, il se les posait aussi et ne pouvait, par conséquent, éclairer tous les mystères du sinistre laboratoire. Visiblement à la recherche d’une nouvelle aventure, le jeune homme proposait de mener l’enquête avec lui, en affirmant qu’il avait besoin d’aide. Son regard se voila légèrement. Il n’avait pas l’habitude de se faire « aider » et ne saisissait pas très bien la notion de charité. Tout marchait par intérêt en ce bas monde. Allons… Un type solitaire était soudain prêt à risquer sa vie pour un inconnu avec lequel il ne se trouvait aucune affinité particulière ? L’histoire semblait invraisemblable et, en même temps, il était curieux de connaître la suite de cette improbable collaboration. D’ordinaire, ses alliés appartenaient à son milieu. Roublards et avisés, ils veillaient, comme lui, à ne jamais s’exposer. La règle d’or d’un pacte tenait à ceci : Je ne suis personne dans ta vie, mais un instrument pour tes affaires. Ainsi, lorsqu’il s’agissait d’élucider son passé, Lilian ne pouvait s’appuyer sur personne. Orsso était-il assez fiable ? La question financière le rassura légèrement. Au final, ce jeune homme avait besoin d’argent et, par la même occasion, d’un moyen de quitter sa vie actuelle. Lilian retint chaque information. Il opina après un silence, leva sa choppe et souffla dans un sourire :

- Qu’es-tu ? Un genre de mercenaire ?

Il se laissa distraire un instant par les mouvements passionnés de deux routiers au bar. Le ton des conversations était monté d’un cran et quelques esprits s’échauffaient. Leur conversation était probablement la plus sérieuse du relais.

- J’ai besoin de comprendre ce que j’ai vécu moi aussi…, déclara-t-il vaguement. Pour faire simple, je dirais que je suis à la recherche d’un passé qui m’a été volé…

L’expression s’était imposée avec évidence dans son esprit et il en resta quelque peu troublé. Son « passé » ne faisait jamais l’objet des conversations. Personne n’ignorait que ses parents étaient morts, qu’il ne les avait pas connus, et le statut d’orphelin mettait toujours mal à l’aise. On préférait se taire, de peur d’être déplacé, de sentir une douleur qu’on ne voulait pas connaître. Lilian laissait les gens à leur lâcheté sociale. Dans son malheur, il avait vu très vite que son histoire dérangeait, comme si la mort rôdait en permanence autour de lui. Mais ce n’était plus un problème depuis longtemps. Il n’avait pas besoin de confident et, après tout, les drames familiaux étaient une chose banale. Il aurait pu surmonter cela, s’il n’avait eu la certitude que son existence tenait à un mensonge.

- Tu es un bon partenaire de combat, et, surtout, tu m’as l’air plus fiable que tous les mutants de mon entourage, poursuivit-il d’une voix étrangement posée. Tu auras de l’or en me suivant, mais je ne puis te garantir la vie… Tout ce que je sais relève essentiellement de déductions, je ne connais pas la puissance exacte de notre adversaire, je ne sais même pas si nous venons de déjouer ses plans ou si, au contraire, il s’est joué de nous. – Il pouffa doucement, comme si cette incertitude était follement amusante et s’interrompit pour boire. – Du reste, tu as vu comme moi ce dont il est capable. Je n’irai pas jusqu’à dire que je suis un ange de vertu, mais tu peux me croire lorsque j’affirme ne pas être impliqué dans ces affaires là… comme tu peux ne pas me croire… - Un sourire en coin s’arqua sur ses lèvres. – Et maintenant, dis-moi, n’as-tu à ce point rien à perdre ?

- Un mercenaire, c'est drôlement me rabaisser, plutôt quelqu'un de réfléchit, combatif et résolu à gagner un peu d'argent, si en plus c'est pour une bonne cause ... Pourquoi faire obstacle.

Le jeune mutant est plus détendu que jamais, un sentiment d'apaisement de pouvoir boire tranquillement une bière dans un relais puant la sueur et la clope ... Même la bière à un léger goût de sueur en fin de compte, ce n'est pas un grand cru, c'est sur, mais le plus important est peut être de monter une affaire fleurissante assit tranquillement dans un relais Canadien, qu'y à t'il de mieux en matière d'affaire et de spiritualité.

- J'ai vu comme toi ce dont le mec qui à fait ça est capable, il à du péter un câble, un fusible, il à pris une douche à l'eau de javel, il est peut être hanté par quelque chose, n'aurait il pas bu une bière dans ce fameux relais lui aussi?! Je comprendrais mieux pourquoi il est dans cet état aujourd'hui. Un silence perce le monologue inachevé d'Orsso. Plus sérieusement, il mériterait bien plus qu'une simple mort, lorsque nous le trouverons, puisqu'à vu de nez, l'arrangement que je te propose te convient, je peux dire "nous" et j'espère que "nous" aurons le temps de jouer avec lui. Je te crois quand tu me dis que tu n'es pas impliqué dans ces atrocités, mais.

Orsso prend le temps de déguster cette bière au goût particulier.

- Tu y es mêlé. Tu ne courrais pas après sans ça. Alors, quel est le lien entre toi et ces massacres? C'est qui ton frère, ton cousin? Vaut mieux que je sois au courant, je vais t'accompagner et nous le trouverons, il n'y à pas de soucis à se faire, tôt ou tard. Aussi dangereux que tu le prétend, il finira par nous tomber dans les mains, surtout dans les tiennes, tandis que tu enverra dans les miennes quelques pépites d'or. Tu ne me garantie pas la vie au terme de cette ballade de santé? Pas besoins, je me la garantie seul, si à tout hasard je ne suis plus de ce monde, tu pourra garder l'or et tu n'aura rien perdu. Finalement, ce serais moi qui devrais te garantir la vie, sinon ou va mon or?

Orsso cesse de parler lorsqu'une bagarre éclate au comptoir, il se retourne pour observer, puis revient à la discussion, comme si de rien était alors que sur la table de derrière deux autres routiers entrent en collision.

- Ta question est délicate, nous avons tous quelque chose à perdre, disons juste que je sais prendre plus de risques que la plus part des gens et que je sais miser même sur les paris qui partent perdants.

- Finalement, j'arrive au bon moment, je n'ai loupé de l'histoire que le début, le plus chiant, l'enterrement et c'est parti, il y à toute la partie action qui pointe son nez et je suis là, pour t'accompagner sur ce chemin palpitant et lugubre qu'est celui de la vengeance, plus lugubre qu'un chemin de cimetière.

NO pousse sa chope au milieu de la table, il abandonne l'idée de la terminer.

- Vraiment bonnes ces bières. Tu disais qu'il ne t'avait pas laisser de photo, donc tu ignore jusqu'à sa tête de taré? C'est pratique pour le chercher, surtout si il rejoint une ville. Comment on retrouve sa trace, tu dois avoir une idée derrière la tête? Si t'en as pas, on fait quoi, on joue la prochaine destination aux cartes? Si on part pour un long voyage, il faudrait voir pour t'acheter un véhicule, ma bécane se traîne un peu déjà à l'origine, alors avec toi dessus ça n'arrange pas le cas des suspensions. Tu as ta master card? Avec une remorque si tu trouve. Des épaves d'occasions sont en ventes sur le parking.

La scène dramatique était un échec. Orsso ne se formalisa de rien. Il semblait qu’il aurait pu lui répondre à peu près la même chose s’il lui avait avoué être en phase terminale de cancer. Etrange personnage, à dire vrai. Mais Lilian préférait cette attitude à la compassion. Il n’était pas utile de le plaindre par politesse. Personne ne pouvait comprendre ce qu’il vivait et, dans le fond, tout le monde s’en fichait, les gens malheureux n’intéressaient personne. Son compagnon ne voyait que la perspective d’une grande aventure et fantasmait quelque peu sur la notion de vengeance.

- La vengeance se justifie dans le cas d’une trahison, et je ne l’invoquerai pas dans cette situation mais… je suppose qu’une fois le parcours de cet homme retracé, il sera plus sage de l’expédier dans ce caveau qui l’attend depuis toutes ces années…

Il s’était exprimé d’une voix sombre, vaguement abattue. La haine était un sentiment qu’il ne pouvait éprouver. Comme beaucoup d’enfants abandonnés ou maltraités, il n’arrivait pas à tirer un trait sur son géniteur et il éprouvait encore le besoin de le comprendre. Pourquoi tout cela ? Il valait mieux l’oublier, accepter la part d’ombre de sa vie, passer à autre chose, avancer enfin, mais il en était incapable. L’idée de son ignorance l’obsédait. On lui avait menti, ses parents n’étaient pas mort, ils existaient quelque part et avaient pourtant toujours veillé sur lui. Il avait choisi une éducation souhaitée par son père, vécu dans le manoir familial, supporté des tuteurs exigeants, et bénéficié d’un héritage qui le mettait à l’abri du besoin. Rien n’avait été oublié. Lilian avait toujours eu l’espoir qu’ils reviendraient. A l’évidence, ils voulaient le voir porter leur nom… Mais les années avaient passées. Il avait eu dix-huit ans, puis vingt-ans. Personne ne lui faisait signe. Il finissait par croire qu’on l’avait oublié ou qu’on ne jugeait plus utile de le retrouver. Et quel genre d’homme était son père après tout ? Les découvertes du laboratoire le plongeaient dans un profond malaise. Il semblait impossible d’apprécier un tel homme. Ses ambitions dépassaient celles d’un scientifique obsessionnel. Il ne cherchait pas seulement à percer le mystère de la génétique, ses objectifs étaient plus hauts, ils justifiaient de s’être coupé du monde un quart de siècle et d’avoir même effacé son existence…

- Cet homme n’a plus de visage, il n’a plus rien, comme s’il ne voulait pas qu’on se souvienne de lui, murmura-t-il avant de terminer sa bière.

Et où aller à présent ? Le mutant qui l’avait mené vers les rocheuses lui avait soufflé d’autres pistes, encore assez vagues. D’autres contacts pourraient peut-être l’aider. Il fallait poursuivre les investigations. Orsso ne voyait manifestement pas tout le travail de recherche qui l’attendait. Il semblait prêt à partir dans la première épave qu’on voudrait bien lui laisser. Lilian lui renvoya un regard amusé en l’entendant parler de voitures d’occasions sur le parking de ce relais miteux.

- Alors dis-moi, que veux-tu faire de ta bécane, la réparer entièrement ou la changer ? Considère que c’est ma manière de te remercier pour cette journée. Mais, pour l’instant, je pense surtout à faire venir un taxi et réserver une chambre d’hôtel pour cette nuit. Il n’est pas question de partir dans la précipitation. Et j’ai effectivement deux autres pistes, l’une qui devrait me mener plus au Nord, et l’autre vers le Mexique. Cependant, c’est encore très flou. Nos découvertes m’aideront à le préciser… Mon père n’a pas pu œuvrer seul. Il avait des complices et, donc, des mutants spécialisés comme lui dans les manipulations génétiques. La prochaine étape sera de poursuivre l’enquête en retrouvant toutes les personnes qui peuvent correspondre à ce profil. Et je ne pense pas que le pouvoir de mon père continue à agir parfaitement lorsque des preuves matérielles ressurgissent…

Il tira les notes d’une sacoche et les posa sur la table.

- Autrement dit, il y a de fortes chances pour que les mutants impliqués dans cette affaire soient capables d’analyser très rapidement ces calculs.

Lilian venait de faire un bel effort, son habitude dans les explications est tout à fait renversante, c'est à croire qu'il n'en a jamais fourni tellement il semblait à l'aise durant ces derniers instants. Il faut l'avouer, c'est un passé assez peu commun, je ne comprends pas comment il à pu le garder aussi longtemps, ni même pourquoi? ... Pourquoi n'a t'il pas cherché d'aide, quelque part? Même de l'aide venant de personnes sans confiance, comme des mercenaires?! ... Seul, c'était peine perdu, bien que son pouvoir a une longueur d'avance sur les prototypes que nous avions rencontrés plus tôt, créés par son père. Pourquoi cracherait il sur quelques mercenaires, même des mutants, il en traîne un peu partout des mutants qui feraient tout pour un peu d'argent, surtout lorsque l'on sait que ce petit citadin roule sur l'or. Remarque, sans aide, il à tout de même continué à entretenir sa fortune, même si elle lui vient de son père à l'origine, c'est tout de même un point important dans la société.
Dur de se forger une opinion sur la façon d'agir de Lilian envers son père, malgré tout, Orsso arrive à penser qu'il n'a jamais eu l'ambition réel de le trouver jusqu'à aujourd'hui, sinon, il aurait employé plus de moyens, peut être avait il peur, ne sachant pas ce que les révélations qu'il allait soulever allé lui apporter ou lui ôter.
Maintenant, il doit être prêt, depuis qu'il à tué cette femme et qu'il à passé un marché avec le jeune mutant, il est trop avancé pour reculer. Lilian n'avait jamais eu à fournir d'explications et ce pourquoi au final? Peut être parce que personne ne lui disait ce qu'il pensait. Orsso n'hésitera pas, si il le voit reculer, fuir ou hésiter, il sera là et dira ce qu'il en pense, peut être que Lili n'avait jamais eu à subir l'avis de quelqu'un car, dans le fond, cela n'avait aucune importance, mais lorsque l'on est seul à faire équipe avec un partenaire dans des endroits aussi lugubres que celui visité dans la journée, l'avis de celui qui vous accompagne prend toute son importance, car c'est la seule personne qui soit encore là, dans cette situation, à vous apportez son aide, même si celle ci n'est pas gratuite.
Orsso avait retenu les phrases dites par le mutant riche à million, il se les répète tranquillement pour pouvoir y répondre simplement.

- C'est faux, la vengeance se justifie dans tout les cas.

Orsso glousse d'une façon bien moins gracieuse que tout ces routiers tout autour ne pourraient le faire.

- ... Si tu préfère l'envoyer dans son caveau sans qu'il n'ait rien à subir, il en sera ainsi, c'est ton père. Pour ma moto, non, elle va très bien je te remercie, c'est juste que deux passagers, c'est trop pour elle, même si elle ressemble terriblement à l'épave du titanic, elle roule mieux que la plupart des nouvelles si elle n'est pas trop chargée.

Lilian finit par déposer les papiers qu'il avait récolté dans la fosse commune, étrangement, des traces semblent avoir marqué le papier, Orsso prend l'un des papier et l'observe d'un peu plus prés, intrigué. Sans rien dire, il sort une vieille mine de crayon de sa poche de jean trouvée sur le comptoir en allant chercher les bières. Il crayonne soigneusement les premières marques.

- 50° N, 120° E. Des coordonnées?

De l’aide, il en avait reçue depuis qu’il était en âge de former son propre réseau social. Lilian avait su s’entourer très tôt d’un cercle de fidèles à l’utilité variée. S’il était souvent détesté, les personnes qui recevaient ses faveurs l’adoraient. Il était ce nom que la plèbe aimait citer, comme si le simple fait de le connaître, de le fréquenter, rendait une vie diablement passionnante. C’était sans doute vrai. Le rôle du mondain décadent lui collait à la peau. Il l’entretenait avec soin depuis des années. Le charme poussiéreux de son phrasé, de ses manières, lui valait l’admiration de ses paires. Il leur devait sa place, sa survie… car on ne pouvait se contenter d’être « un homme de plus » aux yeux du monde pour gagner le droit d’exister. Des mutants puissants, au statut avantageux, l’entouraient depuis son arrivée aux Etats-Unis. Souvent membres du club des damnés par héritage, ces jeunes prodiges le retrouvaient une fois par semaine pour des réunions très fermées où il s’agissait de refaire l’économie à leur façon. Il y avait Mélo l’hypnotiseur, son fidèle associé, Délia, reine des insects, Iphigénie et ses pouvoirs télékinésiques, et d’autres personnages qu’il n’est pas encore temps de présenter. Orsso rejoignait sans le savoir un groupe non-officiel mais très bien structuré. S’il voulait jouer les mercenaires, ses amis sauraient se montrer généreux le jour où ses talents leur deviendraient indispensables.

Pourtant, face au plus grand des périls, Lilian était seul. La mort l’avait peut-être guettée du sommet des rocheuses. N’était-il pas venu la trouver, au fond ? Elle résonnait en écho lorsque ses pensées formaient le mot « vérité ». Ce qu’il venait de découvrir le confirmait. Après tant d’années d’hésitation, il irait jusqu’au bout, mais le tunnel sombre s’éclairait d’un blanc inquiétant, de celui qui efface tout… L’anonymat du garçon qui se proposait de le suivre dans cette épreuve le rassurait. Seul, il sombrerait avant la fin. Mais il n’avait jamais eu assez de courage pour chercher le soutient d’un autre lorsqu’il se tournait vers son passé. Son image était lisse. Raconter, c’était s’exposer à la curiosité des autres, à leurs questions et conjectures déplacées. Ils réagiraient comme Orsso, parleraient de vengeance, s’étonneraient de ne pas le voir plus impliqué dans sa quête de vérité. Que pouvaient-ils y comprendre ? Un sourire désabusé passa sur ses lèvres colorées par son régime sanglant. Ils ne seraient jamais comme lui. Ils ne voyaient pas ce gouffre qui, au bout de chaque pas, rendait toute chose absurde.

Son compagnon se fichait de l’aspect matériel des choses. Il lui assura que sa moto se portait très bien et refusa son offre. De la même manière, Lilian ne s’intéressait pas à l’aspect moral. Il préférait voir son père disparaître. Le spectacle de sa souffrance n’était pas une chose qu’il était certain de supporter. A quoi bon de toute façon ? Pour satisfaire un genre de plaisir sadique ? Mais tout devait se finir un jour, et qu’importait la manière dont les choses se concluaient. Rien ne se réparait, tout s’annulait.

- Comme tu voudras, déclara-t-il simplement en consultant son téléphone.

Il était las de cette histoire pour ce soir et ne désirait rien d’autre qu’une chambre d’hôtel avec une bonne bouteille de chartreuse. Son attention fut cependant retenue par le manège d’Orsso. Ce dernier cherchait visiblement un message caché… et, avec l’aide d’un crayon, des coordonnées s’imposèrent comme une évidence. Les sourcils légèrement froncés, Lilian ouvrit une carte numérique pour étudier la latitude donnée.

- Cela nous conduirait en Sibérie, et plus précisément en Transbaïkalie semble-t-il… Pas l’endroit le plus touristique du monde. A vrai dire, je connais assez mal, et toi ? demanda-t-il par simple plaisir rhétorique. Ce pourrait être une piste. Mais nous ne pourrions organiser un voyage à partir de données aussi pauvres… Je vais me donner un peu de temps afin de calculer nos chances de succès. Cela te convient-t-il pour ce soir ?

- La Sibérie, c'est incroyable comme endroit. Dit Orsso, tout en ironie.

Le mutant semble en pleine réflection, Orsso ne fait que de suivre du regard ses mouvements et réactions, qu'ajouter à cela. Hormis acquiescer. La journée à était assez sportive pour aujourd'hui. La porte d'entrée s'ouvre dans un grincement de gonds qui attire l'attention de la moitié des personnes se trouvant dans le relais. Orsso regarde distraitement l'entrée, deux hommes aux long cheveux brun et barbu entrent, chemise à carreaux, figures typiques des bûcherons Canadiens, ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau, leur fraternité frappe aux yeux. Orsso s'entasse dans son siège en reconnaissant les deux personnages, deux mutants, inutile de le mentionner, peut être une mauvaise idée de venir dans ce relais finalement, il observe le mur du fond ou est accroché un tableau assez laid décrivant la forme d'un poisson avec les couleurs de l'arc en ciel, il regarde Lilian.

- Je suis ok pour le repos, pour calculer nos chances de succès et tout ce que tu as dis ... Mais tu vois les deux gros balèzes qui sont entrés? Je les connais et ils aimeraient me poser quelques coups, problèmes, questions et blessures à cause d'une mauvaise distribution financière de ma part, selon eux, j'ai pourtant cru être équitable. On s'en va? Suite à cette question rhétorique, Orsso se lève et en faisant un large détour par rapport au comptoir ou les deux types se sont accoudés, quitte le relais discrètement.