Action, réaction ! [PV Noct Liddell]

HRP : En accord avec Karma, le sujet va se dérouler selon un schéma un peu particulier. L’action pouvant potentiellement se déplacer dans un grand nombre de lieux à l’intérieur de l’Institut, je place le topic ici.

Laissez-moi vous présenter Lidia Morning. Jeune mutante de 13 ans répondant au surnom de Lady Prisme, elle était issue d’un milieu bourgeois de la Grande Bretagne. Sitôt son gène X éveillé, ses parents prirent la décision, sage assurément, d’envoyer leur fille unique à l’Institut Charles Xavier afin qu’elle y apprenne la maitrise de ses dons. Ceux-ci consistaient à la création et au modelage d’objets en cristal aussi beaux que tranchants et robustes. Mais la jeune adolescente s’illustrait surtout par son fort caractère. Ayant une très haute estime d’elle-même et ayant l’habitude de ne fréquenter que des gens de sa condition, des gens « bien comme il faut » selon ses dires, l’arrivée à l’Institut fut pour elle un véritable choc. Elle eut l’impression de débarquer dans une ménagerie. Loin d’être intimidé, elle s’adapta en conséquence. Lady Prisme fut bien vite considérée comme une peste en puissance à force de traiter une bonne moitié des élèves comme de « vulgaires plébéiens. » La demoiselle s’attira aussi des moqueries à cause de son narcissisme. Voyez-vous, elle avait prit l’habitude de sans cesse se regarder dans un miroir, chose d’autant plus facile qu’elle pouvait en créer à tout moment. Elle était belle, ça c’était vrai. De long cheveux blonds encadrant un visage fin et délicat au regard d’azur… une vraie princesse quasiment vêtue comme telle. Lidia, ridicule par l’excès de ses manières, n’en demeurait pas moins quelqu’un d’une saisissante prestance, si bien qu’elle suscita aussi l’admiration, voir la fascination, de certain. Un authentique petit fan-club se forma autour d’elle. Pour parfaire le tout, Lady Prisme était une élève exemplaire. Voilà qui comblait son égo d’occuper la tête de sa classe.

Vous vous demandez peut-être pourquoi je vous parle de cette jeune Morning ? Si je vous dis qu’elle avait la phobie des rats, cela devrait vous mettre la puce à l’oreille. Le hasard conduisit Ernest à rejoindre la classe de Lidia. Il suffit d’un regard pour qu’elle le déteste. Elle ne voyait en lui qu’une répugnante créature. Altérion, armé de son sale caractère, ne fit rien pour arranger les choses. Mais les choses ne seraient pas allé plus loin si un autre prétexte d’opposition n’avait pas été trouvé. Lenoir commit, à sa plus grande satisfaction, le crime odieux d’avoir une meilleure note que Morning. Ce fut une véritable déclaration de guerre. Difficile de dire qui de l’un ou l’autre était le plus en tort mais le fait est qu’une franche hostilité s’installa entre ces deux personnages haut en couleur. De ce duel, les adultes n’en surent presque rien. Les remarques mesquines et autres moqueries discrètes fusaient loin des oreilles professorales. Ho, bien sûr, on le voyait bien qu’Ernest et Lidia ne s’appréciait pas, mais voilà tout ce qui apparaissait au grand jour. Des mots et de petits gestes vexants, parfois même rien qu’une expression, un clin d’œil, un sourire en coin, voilà ce qui alimenta cette guerre entre Altérion et Miss Prisme, cette dernière ayant l’entier soutien de son fan-club.

Malgré l’infériorité numérique, Ernest se trouva pendant près de deux semaines dans une situation avantageuse. A chaque contrôle rendu, il portait un nouveau coup à son adversaire, lui prouvant à chaque fois qu’il était plus intelligent, qu’il était le meilleur. L’écart était certes réduit mais il était devant et c’était ce qui comptait. Fort de cette domination, il pouvait sans mal supporter le reste, ayant amplement de quoi riposter et se jouer de l’adversité. Mais Lidia n’avait pas dit son dernier mot. Elle conjugua ses facilités scolaire à un travail acharné pour surclasser Ernest. A l’issu d’un nouveau test, elle reprit la tête et mit à mal la fierté du rat. Elle ne manqua évidement pas d’enfoncer le clou en affirmant avoir remit l’animal à sa place. Cette fois incapable de supporter les moqueries, Altérion se résolu à se venger à sa façon.

Il mit à exécution son sinistre plan le soir même. Il subtilisa un couteau à l’heure du repas et passa pas mal de temps à ajuster l’inducteur holographique mis à sa disposition. Il se confectionna un nouveau et horrible déguisement. Ceci fait, il attendit que 22 heures soit passé, tout comme le surveillant qui vérifiait si tout le monde avait bien gagné sa chambre comme le stipulait le règlement intérieur. Ernest était dans la sienne, occupé à lire comme si de rien n’était. Mais aussitôt le surveillant loin, il enfila son déguisement et se glissa dans le couloir baigné de pénombre. Il se rendit à la chambre de son ennemi. Il savait où la trouver ce n’était guère difficile. Calme, malgré le fait qu’il venait déjà d’enfreindre deux règles, celle du couvre-feu et celle des zones réservées aux filles, il dressa l’oreille derrière la porte. Il entendit Lidia et sa voisine de dortoir parler du fameux contrôle et de la réaction « de la bestiole bavarde. » Ce fut à cet instant qu’Altérion pénétra dans la chambre. Il ouvrit la porte en trombe et se rua sur Morning, le couteau brandit. Son déguisement le rendait particulièrement repoussant. Il avait les traits d’un hybride-rat au pelage noir et au regard venimeux. Il était sale et la bave aux lèvres. Il paraissait rachitique, cadavérique. Ses pâtes laissaient voir une peau d’une pâleur mortelle, tout comme sa queue. Ses griffes et ses dents semblaient démesurées. Il était vêtu d’une façon presque tribale dans le double but d’inspirer la sauvagerie et de montrer un maximum son physique bestiial mêlé de cauchemar. Sa lame rouge de sang était devenu un poignard luisant sous la lumière de la chambre. Il avait la gueule grande ouverte, mais ne cria pas et ne dit mot. En fait, exception faite du bruit de la porte, il agit en silence.

Lady Prisme fut totalement terrifiée. Sa phobie des rats la paralysa sur place, les yeux exorbités devant l’objet de son effroi. Sa voisine bondit en arrière, poussant un cri perçant qui résonna dans tout l’étage. Par réflexe, elle fit également usage de son don de télékinésie, envoyant presque au hasard une vague de force invisible à travers la petite pièce. On entendit des objets tomber et se briser. Mais déjà, le monstre était sortit. Il referma la porte et sans un bruit, quitta les lieux en toute hâte. Morning s’effondra sur son lit, inconsciente tant l’émotion avait été forte. Lenoir, lui, rapide et discret, revint dans sa chambre en un rien de temps. En quelque secondes, il enleva son déguisement, reprit une apparence tout à fait conventionnelle, cacha le couteau sous son lit, rangea l’inducteur à sa place et, reprenant le livre qu’il était sensé ne jamais avoir cessé de lire, il sortit dans le couloir, mimant la curiosité et se joignant ainsi à de vrais curieux attirés par le cri achevé depuis peu.

Le mauvais farceur estimait avoir eu un bon timing. L’accuser du coup allait être difficile vu qu’il pouvait affirmer ne jamais avoir quitté sa chambre. Il pouvait tenir pour preuve le fait que le surveillant l’avait aperçu. Et puis, tout était allé si vite que même les deux filles allaient pouvoir douter, avec un peu de chance. S’ajoutait à ça l’aspect du rat noir qui ne ressemblait pas vraiment à celui d’Ernest. Il y avait en fin peu de preuves. La programmation de la montre holographique pouvait le trahir mais il allait la reprogrammer le plus tôt possible. Le couteau, quand à lui, qui était en réalité un couteau à bout rond de cantine fort banal, il allait le rendre dès le lendemain, pendant le petit déjeuné. Intérieurement, il souriait. Voilà sa vengeance accomplit. Restait à voir si ses précautions allaient tromper tout le monde. Lidia l’accuserait, forcément, mais elle l’aurait accusé dans tous les cas et c’était ce qui pouvait la discréditer.

Pas le temps de douter car déjà Ernest était de retour sur les lieux du crime, faux curieux au milieu des vrais. Le déguisement ôté, sa vraie apparence révélée, il portait en cette heure tardive sa tenue de la journée. Rien d’étonnant à cela : il n’avait pas de pyjama, il n’en avait pas l’usage. Un pantalon de velours noir, une chemise blanche, le tout bien ajusté, il renvoyait une image très sage de lui-même. Seul manquait son veston bleu-marine qui reposait sur le dossier d’une des chaises de sa chambre, plié comme il se devait afin de ne pas le froisser. A sa main griffue, dont la peau blafarde pouvait presque se confondre avec le tissu de la chemise mais démarqué de brun par le pelage naissant sur le poignet, il tenait son livre. Une fois n’était pas coutume, c’était un roman et non pas une BD. En tout cas, il s’agissait d’une lecture de loisir et non pas imposé par les études.

Mêlé au petit groupe attiré par le cri, Altérion faisait vraiment illusion. Sa culpabilité était tout simplement invisible. Il mimait à merveille cette curiosité modérée par convenance qu’il éprouvait de temps en temps en de vraies occasions. Point de stress, rien pour le trahir sur le moment, le bougre était un dissimulateur de talent, un comédien né qu’il serait bon d’orienter vers le théâtre. Même la vue de sa tutrice ne le fit pas vaciller. Il était sûr de son coup, il avait tout fait comme il fallait. Berner Karma pouvait même représenter la cerise sur le gâteau, l’ultime preuve de son succès. Certes, pareil exploit allait vite susciter chez lui une certaine honte. Il devait beaucoup à la demoiselle. Il s’était attaché à elle plus qu’il ne voudrait le reconnaitre. Il s’efforçait de ne pas la décevoir. La tromper allait exactement dans le sens inverse. Toutefois, cette réflexion viendrait plus tard. Pour l’instant, le jeune Lenoir était toujours ravi de sa revanche sur Lidia Morning.

Quand arriva l’ordre prévisible de retourner à sa chambre, l’adolescent-rat commença à suivre le mouvement, feintant une déception diffuse pour ne pas avoir su ce qui s’était passé. Ce n’était pas le moment de faire un faux pas alors qu’il touchait au but. Arriva alors l’instant terrible, celui où ses illusions volèrent en éclats, accompagné de l’horrible sensation d’impuissance. Le voilà figé sur place, malgré lui, comme dans plusieurs de ses cauchemars. Sa peur se manifesta d’autant plus fortement que le petit mutant ne s’y attendait pas du tout. Un frisson glacé lui traversa le corps. Son visage se décomposa presque. Heureusement, aucun autre élève ne se rendit compte de quoi que ce soit. La brusque halte d’Ernest força simplement le jeune qui venait derrière lui à se décaler pour ne pas lui rentrer dedans. Quelques secondes plus tard, le coupable était seul dans le couloir, Karma venant s’approcher derrière lui. Il entendait ses pas. Chacun d’eux était comme une confirmation. Où était son erreur ? Peu importait, il était sûr qu’il était découvert. Au fond, cela ne l’étonnait guère. Qui mieux que sa tutrice pouvait le démasquer ? Mais si vite, quand même… il avait forcément commis une erreur. Il chercha à se reprendre, à refouler l’effroi que lui inspirait le fait de n’être même plus maitre de ses muscles.

Lorsqu’Altérion fut libéré, son livre lui échappa des doigts. Il tomba sur le sol avec un petit bruit mat. A moitié ouvert, la couverture tordue, Ernest se baissa fébrilement pour le récupérer. Il finit de chasser la peur mais demeurait fort anxieux. Le ton et les paroles de Karma n’auguraient rien de bon. A quoi devait-il s’attendre ? Il ne savait pas vraiment. S’il s’était attaché à la X-Woman, il continuait cependant de la craindre. Il n’avait rien oublié de la fameuse nuit où elle l’avait prit. Elle avait un comportement si contrastée, capable du meilleur et peut-être du pire. Pour la première fois depuis son retour à l’Institut, il était en faute. Alors, en suivant l’adulte sans un mot et la mine fermée, il faisait mentalement le point. Selon lui, ce n’était pas une grande faute. Prisme l’avait bien cherchée, il ne regrettait rien ! Une petite frayeur de rien du tout, ce n’était que justice ! Et il était hors de question qu’il se laisse marcher sur les pieds par une peste !

Quelle défense devait-il dresser afin d’éviter quelque chose qu’il ne pouvait même pas évaluer ? Nier son implication n’était pas envisageable. Il assumait son acte et désormais, il serait de plus facile de prouver l’évidence. Ne pas se défendre était une solution. Le silence pouvait désarmer. Désarmer… là était peut-être l’option idéale. Karma était peut-être sévère mais elle était si émotive et avait été si gentille avec lui. Il la revoyait en train de l’aider à se laver, puis en train de le soigner, puis en train de lui montrer sa chambre. Les souvenirs n’étaient pas dans l’ordre mais ils le poussaient à tenter le coup. De coupable, il allait devenir victime, là était l’objectif. Il rejeta l’optique du mutisme au profit de quelques mots bien choisis et surtout d’une attitude réglée en conséquence. Ernest était calculateur, c’était hélas un fait certainement immuable.

Il attendit pour s’exprimer d’être arrivée au dehors. La nuit était assez sombre car couverte mais elle était encore chaude d’une journée estivale. Une fraicheur bienvenue commençait à peine à se faire sentir par un vent léger. Ernest fit face à sa tutrice, parlant avant elle pour la devancer et orienter, l’espérait-il, la conversation comme il le désirait.

-Mais c’est elle qui a commencée ! Elle est méchante avec moi ! fit-il de sa petite voix nasillarde et plaintive pour l’occasion.

La formule était simple et tellement sincère ! Or, en réalité, elle était artificielle. Certes, c’était très loin d’être un mensonge, Lenoir s’appuyait sur la strict réalité pour renforcer son jeu d’acteur. Toutefois, la réplique faisait très infantile et c’était voulu. Le mutant accompagna ses paroles par un geste soulignant son propos. Il avait presque brandit les bras, tenant toujours son livre. On pouvait vraiment croire qu’il disait ce qu’il avait sur le cœur. Pour un peu, il aurait eu la larme à l’œil. Attendrir pour désarmer. Désarmer pour s’en sortir sans réprimande. S’en sortir sans réprimande pour ne rien perdre de sa superbe et confirmer sa vengeance sur Morning. Voilà l’enchainement de sa pensée.

Ernest s’assit à son tour sur les marches, à côté de sa tutrice. Au début, au tout début, il resta dans son jeu d’acteur. Un jeu, oui, c’en était un. Il devait éviter une hypothétique punition, même si pour cela il devait manipuler Karma en profitant de sa sensibilité. Il soutint sans ciller le regard de la X-Woman, persistant à afficher cette expression juvénile criante d’authenticité. Seulement, s’il parvenait à faire aussi vrai dans sa façon d’être, c’était peut-être qu’au fond il y avait réellement du vrai. Il restait un peu d’enfance en lui, un peu d’immaturité, tout surdoué qu’il soi.

Mais il n’y eut pas de sanction, il n’y eut rien à éviter et, en un sens, ce fut encore plus terrible.

Le jeu tombait à l’eau. Plus Karma parlait et plus Altérion réalisait ce qu’il avait fait, comme c’était ridicule et comme il venait de prendre des risques inconsidérés. Un jeu… mais comment avait-il pu prendre ça pour un jeu ? Il eut honte de lui. Il se sentit stupide. Un certain malaise s’empara de lui, nouant presque sa gorge, pesant dans son estomac. Il détourna le visage, perdant ses yeux dans le parc baigné d’obscurité. Il n’osait plus regarder sa tutrice en face. Elle semblait si fatigué et lui, petit idiot, il ne la ménageait même pas. Elle était sa dernière chance et le pire, c’était qu’il le savait très bien. Comment avait-il pu mettre à l’écart de son esprit la menace qui planait au-dessus de sa tête ? Le BAM le guettait au moindre faux pas ! Et lui, il ne pensait qu’à une vengeance insignifiante, qu’à une querelle dénuée de sens… Un tic nerveux lui fit racler l’une des marches de pierre froide avec l’un de ses orteils griffu. Puis l’un de ses doigts alla se loger dans sa gueule. Il le mordilla sans même y penser. Intérieurement, il s’insultait, il s’engueulait. Il tenait en fait le discours qu’un autre X-Man aurait pu avoir à son égard en pareille situation. Son regard, progressivement, avait décliné à mesure que ses songeries s’enfonçaient dans les remords. Ses yeux finirent par se visser sur la volée de marches. Même ses oreilles s’abaissèrent, trahissant ses états d’âme.

Quand Karma eut terminé, il ne réagit pas tout de suite. Il resta ainsi prostrée, silencieux, faisant preuve d’une passivité assez étrange pour quelqu’un d’aussi vif et survolté. Une pesante poignée de secondes s’écoula, rythmée par le tempo régulier de la griffe sur la pierre. Le vent semblait croissant. Il faisait frémir ses moustaches et onduler quelques poils sur sa face bestiale. Le petit mutant finit par soupirer, retirant en cette occasion son doigt de la bouche. L’instant d’après, il cessait d’agiter son orteil et prit la parole, sans pour autant tourner la tête.

-Pardon Karma.

Il y avait de la gravité dans cette réplique, ainsi qu’une sincérité poignante. Il cherchait ses mots, autre fait curieux pour quelqu’un à l’esprit d’ordinaire si réactif. Il reprit, après un bref temps de mutisme.

-Je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête. ça ne se reproduira pas.

Il récupéra son roman et se leva. Il fit demi-tour, retournant sur le seuil, hésita à ajouter quelque chose mais n’en fit rien et disparut en silence. Peu de temps plus tard, de retour dans sa chambre, alors qu’il ôtait chemise et pantalon afin de se mettre au lit, il prit quelques solides résolutions. C’était la première et dernière fois qu’il allait à la faute à cause d’un compagnon de classe. Restait à savoir si la ténacité de miss Morning n’aurait pas raison de lui…. En attendant, il se priva lui-même de dessert, matins et soirs, lors des repas, pendant une semaine. Un petit geste symbolique mais auquel il se rattacha afin d’obtenir le pardon de sa conscience.

Oui, en effet, Lidia Morning et son fan-club semblait préparer quelque chose. Ils étaient tous intimement convaincus que l’auteur de la mauvaise farce était Ernest même s’ils ne possédaient aucune véritable preuve et que l’enfant-rat ne fut pas inquiété par l’administration. Mais que préparaient-ils ? Impossible à dire. Ils savaient être assez discret pour que même Altérion n’arrive pas à avoir la moindre idée. Ce qui était sûr, c’était que son acte irréfléchi avait juste attisé le conflit, lui faisant prendre une dimension nouvelle. En apparence, on pouvait constater une sorte d’accalmie. Moins de remarques, moins de provocations, mais plus d’antipathie dans les regards. Le calme avant la tempête, assurément. Le jeune Lenoir ne ménagea pourtant pas ses efforts afin de calmer le jeu. Terriblement honteux de ce qu’il avait fait, il supporta en silence l’hostilité de ses adversaires et s’interdit la moindre réplique, le moindre geste. Il n’eut toutefois pas la force d’aller jusqu’à s’excuser. Il avait peur des conséquences : ce serait se dénoncer. Et puis, est-ce que cela servirait à quelque chose, au fond ? Prisme était tout autant tête de mule que lui. Pas sûr que quelques mots lui fasse changer d’avis sur ce qu’elle projetait. Alors Ernest n’eut d’autre choix que de rester sur la défensive. Il se félicitait que peu sache les détails de sa situation assez délicate, il fallait le dire. Il prit quand même garde à ce qu’on ne lui vole pas sa clé, celle qui ouvrait l’armoire dans sa chambre contenant le Neutralium et les Inhibiteurs. Il s’isola un peu moins, évitant les balades solitaires dans le parc ou, car il les appréciait, ne les faisant pas trop durer. Attendre et être irréprochable, voilà tout ce qui était en son pouvoir.

Mais était-il vraiment irréprochable ? Des jours, des semaines pouvaient-elles s’écouler sans qu’on entende parler de lui ? Ce serait bien mal le connaitre. Si les remords l’empéchèrent d’entreprendre de nouvelles mauvaises farces, son addiction à l’alcool allait quand à elle le pousser de nouveau à la faute.

Ce manque de beuverie mit du temps à se manifester. L’Altérium et les événements avaient aidés à ce qu’elle reste longtemps à l’écart. Mais elle existait ; elle était là et, insidieusement, elle refit doucement surface. En sa qualité de mineur, il allait de soi que le jeune Lenoir n’avait pas eu droit à une goûte d’alcool depuis son retour à l’Institut. Le règlement était clair sur ce point. Et il ne fallait pas espérer obtenir une autorisation spéciale car rien ne le justifiait. On allait pas faire une exception pour lui. Au contraire, il avait tout intérêt à se plier aux règles sans discuter. Or voilà, c’était si agréable de déconnecter, d’être ivre. C’était comme une pause salvatrice sans contre-partie qui plus était puisque sa mutation lui épargnait la gueule de bois. Il avait besoin d’une pause. Il faisait tant d’efforts… Il y pensait de plus en plus souvent. De l’alcool, il lui fallait de l’alcool, ne serait-ce qu’une fois ! Ce désire allant toujours croissant, il finit par y céder et se mettre en quête d’une bouteille.

Très vite, il constata qu’il n’y arriverait pas seul. Voler de l’alcool à l’Institut, ce n’était pas une mince affaire, ni sans risque. Il ne pouvait pas non plus sortir seul en ville, devant toujours être accompagné. Et aucun accompagnateur n’accepterait de le laisser boire comme un trou, il fallait être réaliste. Il avait donc besoin d’aide, celle d’un étudiant plus âgé, plus libre. Il le trouva en la personne de Peter Greyman. C’était un jeune homme de 19 ans, assez jovial et, c’était tout l’intérêt, pas toujours respectueux du règlement. On l’avait par exemple surpris à deux reprises caché dans les douches des filles pour y épier sa dulcinée. Résultat, la belle avait été un peu vexé et ce fut cela qui fournit l’approche du malicieux Ernest. L’air de rien, il aborda Peter dans le parc puis par d’habiles paroles, il lui fit comprendre qu’il connaissait sa situation, qu’il pouvait l’aider et qu’il y avait peut-être moyen de faire affaire. Au début, le jeune homme se montra méfiant mais, peu habile avec les filles, il avait en effet besoin d’aide. Alors le marché fut conclut. Ernest devait se charger de réconcilier Greyman et sa bienaimée, en échange de quoi Peter devait faire parvenir trois bouteilles de Vodka à Ernest.

Il serait peut-être un peu long de narrer en détaille les manigances d’Altérion pour arriver à ses fins. Précisons simplement qu’il ne transgressa aucune règle, qu’il fut discret, que ça débuta mal, assez pour recevoir une belle giffle de la dulcinée en question, mais que ça se termina bien. Sa part du contrat remplie, ne restait plus à Peter qu’à s’acquitter de sa dette. Le jeune homme était de parole, il commença à s’exécuter, mais pas de la façon qu’aurait cru Lenoir. Au lieu de lui fournir en une seule fois les trois bouteilles, ce qui selon lui aurait été trop risqué, il allait lui livrer une bouteille à trois reprises.

Nous voici jeudi soire, juste après la première livraison. Les deux mutants s’étaient expliqués, Ernest ayant un peu mal prit la surprise, mais il ne pouvait nier que son complice avait raison et il se laissa convaincre qu’il n’y avait pas d’autres solutions. Maintenant seul, assis sur son lit, la bouteille entre les mains, l’enfant-rat observait cette dernière, un peu morose. Combien de temps allait-il encore devoir attendre pour sa petite beuverie ? Une semaine ? Deux ? Greyman l’avait prévenu qu’il ne pouvait fixer de délais sûrs. Il s’agissait d’agir avec prudence pour que la manigance ne soit pas découverte. Mais en attendant, Lenoir qui s’était fait une joie en envisageant l’événement pour ce soir avait prit un sérieux coup au moral.

-Une bouteille… c’est si peu… se lamenta-t-il, tout bas.

Maudit soit encore l’Altérium qui le rendait si résistant à l’alcool ! Même s’il buvait cul sec la bouteille entière, il aurait à peine d’effet. Il lui fallait au moins deux bouteilles. Il reposa celle qui était en sa possession sur son bureau, presque résigné à remettre à plus tard sa beuverie. Mais tout d’un coup, une idée lui vint à l’esprit. Son regard venait de tomber sur la petite armoire verrouillée. Sa main alla trouver sa clé dans sa poche et il la porta devant son museau, la laissant pendre au fin anneau de fer qui la retenait.

-Mais oui ! J’ai pu en perdre un, après tout… l’administration ne va pas m’assassiner pour un cachet perdu… continua-t-il à murmurer, maintenant pensif.

L’enthousiasme s’empara de lui et un sourire s’esquissa sur son museau. Au dehors, il faisait un sale temps. Du vent, du froid, il n’y aurait personne dans le parc, surtout pas à neuf heures du soir. C’était idéal. Il avait une heure avant le couvre-feu. Ce serait bien assez. N’hésitant plus, il ouvrit l’armoire et prit un comprimé de Neutralium, ainsi que le verre en plastique et la bouteille d’eau. Il dissimula le tout, ainsi que la Vodka, dans son sac d’école, puis il referma l’armoire à clé. L’instant d’après, il quitta sa chambre et s’en alla, l’air de rien, au dehors. Il vérifia simplement de ne pas être vu de Lidia ou de l’une de ses admiratrices. Rien à signaler de ce côté-là.

Une fois dans le parc, une fois en plain vent, il accéléra le pas pour se mettre au couvert des arbres. Comme il l’avait supposé, pratiquement personne ne fréquentait l’endroit. Il n’eut aucun mal à s’isoler. Par précautions, il s’enfonça quand même au plus profond du parc, le plus loin possible des éventuels regards indiscrets. Ceci fait, il s’assit au pied d’un arbre, se servant d’une racine comme d’un banc. Des buissons l’entouraient, il était à l’abri, bien caché, bien tranquille. Ouvrant son sac devant lui, il sortit le verre et le remplit d’eau. Il avala le comprimé, puis l’eau et attendit. Voilà, il venait de fauté, songea-t-il. Il ne devait utiliser le Neutralium que pour prendre les inhibiteurs. Il recevait 7 comprimés par semaine, juste ce qu’il fallait puisqu’il en utilisait un par jour. Il allait donc lui en manquer un. Ne pas prendre les inhibiteurs étaient inconcevable. Il devrait donc en référer à l’Administration, mentir en disant qu’il avait perdu un cachet pour qu’on l’approvisionne un jour plus tôt. Le voilà un peu inquiet tout d’un coup. Il laissa errer son regard autour de lui. Tout était si sombre au milieu de la végétation. Il se mit à frissonner. La fièvre arrivait ; son immunité s’effondrait. D’une main fébrile, l’enfant-rat déboucha la Vodka et se servit un verre. Maintenant qu’il en était là, remord ou pas, ce serait bête de faire marche arrière, non ?

-A la mienne ! fit-il en buvant, cul sec.

Hélas, il y avait une chose qu’Ernest n’avait pas pris en compte : c’était la première fois qu’il buvait sans protection de l’Altérium. Il ne connaissait pas du tout ses nouvelles limites. Déjà, abusé par ses habitudes, il prenait un second verre. Déjà il était ivre…

20 h... Les yeux rivés sur ma montre à gousset, je me relevai lentement de mon petit bureau installé dans ma chambre. Les dessins trônaient de manière désordonné sur la table. Des schéma de poupées ainsi que des pages d'écriture avait envahie l'espace de travail. Lentement, j'allais échanger mon jean ainsi que mon t-shirt noir contre mon uniforme de boulot. Une chemise blanche avec un pantalon noir, sur la chemise blanche, j'avais mis un boléro noir avec dans le dos une coupe en queue de pie. Une fois prêt, je pris mes partitions de piano. On m'avait engagé en temps que pianiste dans un piano bar un peu chic. Voilà près de trois ans que j'y travaillé.

21h, Madness avait enfilé sa tenu de travail. Un ensemble noir et blanc. Ce soir plus que les autres, elle semblait ravie d'aller travaillé, elle souriait très peu contrairement à son modèle miniature Era qui allait patiemment attendre ici. Je sentais Madness heureuse car elle savait ce que j'allais joué. Une musique d'un film d'Hayo Miyazaki, Dragon boy tiré du film, le Voyage de Chihiro. Je lui offrit un maigre sourire, puis on prit la direction de la sortie du bâtiment.

Les regards étaient posés sur nous, seuls les professeurs et quelques personnes savaient que Madness n'était pas humaine, mais une de mes créations, les autres croyaient que c'était une jeune fille froide qui mettait mal à l'aise quiconque la regardé dans les yeux. J'accélérai le pas en approchant de la sortie du manoir, ses regards... Toujours ses regards... Je haïssais ses regard depuis mes quatorze ans et j'avais mes raisons bien spécifiques.

Enfin l'air de ce début de nuit me frappa de plein fouet. Lentement, j'inspirai cet air frais. Je tendis la main à Madness qui la pris sans trop d'hésitation. La légère brise me faisait du bien. L'herbe verte s'étendait devant nuit avec un coucher de soleil magnifique. On se crut dans un film romantique qui passe régulièrement à la télévision dans l'après-midi et qui est suivit par des jeunes filles en mal de romance. Doucement, on prit la direction du portail quand soudain Madness s’arrêta doucement, le visage tournait vers un arbre.

-Un soucie Madness ?
-Il y a quelqu'un...

La jeune fille tendit la main vers les buissons. Je lui rappela alors que je devais travaillé, mais elle ne bougeait pas. Je finis par abdiqué et dégainai mon portable en appelant mon patron. Après quelques minutes, on finis par décrocher.

-Allô ?
-Bonsoir Patron, c'est Noct...
-Mon petit Noct, Que ce passe t-il ?
-Et bien je ne pense pas pouvoir venir ce soir.
-Comment ça ?

Évidemment, je devais donc inventé un mensonge bien ficelé. Etant donné qu'il n'avait pas le numéro de ma tante Rosa, je pouvais inventé tout et n'importe quoi. Il faut dire que le bar pianiste est certes de luxe mais c'est aussi un bar de rencontre gay... Et oui, mon patron est une folle, une gentille folle qui n'hésite pas à essayer de travestir.

-Et bien ma petite cousine Maria vient de ce casser la jambe et je compte allais la voir.
-Pauvre petite, mais quand à tu su ?
-Ma tante vient de m’appeler, elle était chamboulé et...
-Mon pauvre, je comprend vas-y vite, je te donne ta semaine.
-Merci Monsieur !

Et voilà, un mensonge parfait... Je regardai alors Madness qui avait toujours la tête tourné vers l'arbre. Je fis un petit geste et elle me suivit vers la source de sa curiosité. Il faut dire que ma chère poupée avait l'oeil. En effet, un jeune garçon au visage étrange qui devait sans doute faire partie de l'institut était allongé, avec une bouteille de Vodka à la main. L'odeur d'alcool n'était pas très forte, il devait donc avoir bu un ou deux verres.

-My god... Qu'est-ce que je vais faire de toi...

Madness se rapprocha et s'installa près du jeune garçon, elle lui attrapa les bras et le sortit des buisson pour l'allongeai sur l'herbe et calai la tête de l'enfant sur ses genoux. Je vis sur le sol son sac de cours, c'était donc un étudiant...

-Noct... pourquoi il est différent ?

J'observai alors le jeune garçon de plus près... En effet, il n'avait pas tout d'un humain, mais aussi d'un rat. Madness passa une main sur le haut de son crâne.

-On dirait le mulot dans le pays des Merveilles...

Je réfléchis quelques instants avant de sourire. C'est vrai... Mais revenons à la réalité.

-Jeune homme ? Tout va bien ?

Ernest gémit. L’alcool l’avait fait sombrer dans un sommeil dont il eut les plus vives difficultés à émerger. Remuant puis gémissant encore sous les sollicitations, il finit enfin par ouvrir les yeux. Où était-il ? Que c’était-il passé ? La dernière chose dont il se souvenait, c’était d’une sensation de vertige s’étant emparé de lui après le second verre. Et ensuite, plus rien, un vrai trou noir. Il était vraiment rare que sa mémoire lui fasse défaut. Un malaise ? Peut-être. Un malaise à cause de la vodka ? Il peinait à le croire. Lui, si endurant, tomber si vite… L’effet du Neutralium avait largement dépassé ses espérances. Voilà ce qu’il se disait, tant bien que mal, tout en constatant le brouillard qui emplissait son esprit. Ses pensées étaient comme engourdis. Mais son trouble ne se limitait pas à l’intérieur de sa tête. Sa vision était floue et ce qu’il entendait semblait venir de loin, comme du bout d’un tunnel. Il porta mollement une main à son front.

-Ha… j’me suis bien fait avoir… marmonna-t-il pour lui-même, n’ayant même pas encore prit conscience de la présence des deux personnes à ses côtés.

Ce dernier point changea l’instant d’après. Constatant avec stupeur que les deux formes sombres devant son regard étaient des gens, il se redressa en un sursaut. Merde, merde, merde et archi-merde ! Le voilà presque prit de panique. Il avait fait une connerie dont il était incapable d’évaluer la gravité et c’était peut-être ça le pire : ne même pas pouvoir savoir. De surcroit, il était totalement incapable de reconnaitre les personnes qui l’avaient pris la main dans le sac. Des adultes ? Des X-Men ? Des élèves ? Non vraiment, il n’y voyait presque rien mais c’était aussi la faute de la nuit toute proche désormais. Le vent, la grisaille, c’était encore le soir, relativement peu de temps s’était écoulé, il arriva à le supposer. C’était un bon point, assurément, car plus court était son trou de mémoire et moins il pouvait cacher de choses. Avec un peu de chance, il n’avait rien fait et ce n’était même pas encore le couvre-feu. Un vague soulagement succéda à la quasi panique. Il avait peut-être évité le pire mais ne pouvait s’empêcher de vouloir le vérifier. Pour l’heure, il ne put que constater qu’il n’avait rien perdu de sa tenue vestimentaire, c’était déjà ça, et que sa bouteille ainsi que son sac étaient à proximité. Il arriva également à deviner non loin de lui l’allée menant au portail. Il s’était donc au minimum déplacé car à l’origine il se trouvait au plus profond du parc, c'est-à-dire bien plus loin qu’ici. Et voilà, à force de réfléchir, il avait mal à la tête. C’était ça la gueule de bois ? Ce n’était pas sensé arrivé plus tard, le lendemain par exemple ? L’Altérium devait mettre son grin de sel dans cette histoire mais peu importait. Ce qui comptait, maintenant, c’était limiter la casse.

-Heu, vous, vous êtes qui ? hasarda Altérion, mal à l’aise et d’une voix pâteuse, ce qui l’a rendait encore plus désagréable. Il ajouta, aussitôt après : Excusez-moi, je suis tout à vous dans quelques secondes.

Sur ce, il eut juste le temps de se pencher de côté avant de vomir dans l’herbe. Diable, il n’était vraiment pas dans son assiette.

-Voilà, c’est fait. On en était où déjà ? termina-t-il presque comme si de rien n’était.

Au bout de quelques minutes, l'enfant repris connaissance. Le voyant remuer un peu violemment, Madness posa ses mains sur ses épaules pour pas qu'il ne bouge trop vite. Il ouvrit lentement les yeux. Deux yeux rouges nous fixa, l'air hagard, se croyant sans doute dans un rêve. Puis une espèce de révélations, il se redressa violemment en sursautant. Son regard passé de moi à Madness qui le fixé avec neutralité. Cet enfant semblé bien craintif face à nous, sans doute parce que nous l'avions trouver ivre mort et en possession d'une bouteille de Vodka.

Madness se redressa en époussetant son uniforme de travail, elle me demanda alors si j'avais pris ma soirée, je lui répondis que le patron m'avait donné ma semaine. Je la sentis surprise et aussi un peu déçu car elle ne pourrait pas m'écouter jouer. Je lui souris en lui répondant qu'il devait sans doute y avoir une salle de musique avec un piano dans la manoir. Madness m'offrit un petit sourire.

Devant nous, l'enfant regardait autour de lui de manière affolé. Il semblait vraiment affolé d'avoir était pris la main dans le sac. J'esquissai un petit sourire en le voyant ainsi. Je pris son sac dans ma main et me rapprochai de lui pour finir par m'accroupir en face de lui. Avant même que j'ai pus dire quoique ce soit, il commença à m'interroger.

-Heu, vous, vous êtes qui ? Je ne pris pas la peine de répondre que voilà deux minutes plus tard, il vomissait tripes et boyaux. Je le fixai un peu froidement avec mes yeux verts quand il eu finit de rendre son déjeuner, il reporta son attention sur Madness et moi. -Voilà, c’est fait. On en était où déjà ?

Madness sortit un petit mouchoir qu'elle tendit au garçon-rat. Bien que cela ne se voyait pas, la jeune fille était fasciné par le garçon que l'on avait trouvé ivre. Je lui tendit son sac. Heureusement que Era n'était pas avec nous sinon elle l'aurait sous des tonnes de questions sans queue ni tête.

-Vous nous questionnez sur notre identité

Il faudrait que j’apprenne à Madness d'être moins froide, mais il faudrait que moi même je sois moins froid de nature. Je glissai un regard sur Madness. Ses yeux fait à l'acrylique ne semblait pas déranger le jeune garçon ou alors il est encore trop dans le coltard pour la voir de manière claire.

-On allait partir au boulot quand Madness m'as dit qu'il y avait quelqu'un bourré et on est tombé sur toi.

Je tirai la bouteille de son sac. De la Vodka... Boire de la vodka à sec et non dans un cocktail n'est pas franchement recommandé, mais c'est radical pour oublier les ennuies de la vie.
Je pointai alors Madness du pouce.

-Elle, c'est Madness, c'est elle qui t'as trouvait.

Au niveau des nouvelles constatations, c’était plutôt bon. Ernest n’était pas tombé sur sa tutrice, Karma, qui lui aurait assurément passé un sacré savon. Il n’était visiblement pas tombé également sur un autre X-Men ou en tout cas, aucun qu’il ne connaisse. Et pour finir, il ne lui semblait pas non plus être tombé sur un professeur. Cette dernière affirmation n’était qu’une supposition mais il ne reconnaissait pas le style professoral, que ce soit dans la voix masculine ou féminine qu’il avait entendu jusqu’à présent. Alors, sur qui était-il tombé ? Il n’obtint pour l’instant qu’un nom, celui de la femme : Madness. Ce devait être un pseudonyme. En tout cas, il n’était pas beaucoup plus avancé. Il ne pouvait donc s’en remettre qu’à ses suppositions. Vu la taille de ses interlocuteurs, c’étaient soit des élèves en fin de cycle, soit des résidents. C’était le plus probable selon lui. L’espoir de s’en sortir sans trop de casse grandit en son esprit.

Il cligna des yeux. On lui tendait un mouchoir. Enfin, là-aussi c’était presque une supposition tant sa vue persistait à demeurer floue. Il leva une main hasardeuse et constata qu’il ne s’était pas trompé, il s’agissait bien d’un mouchoir. Il le prit.

-Merci…

Il s’essuya la gueule puis abandonna le mouchoir parterre, ne sachant plus qu’en faire.

-Bon et bien, salut Madness, fit-il d’un ton étrange.

Il disait cela plus de façon machinale qu’autre chose. Il poursuivit, un peu plus conscient de ses mots.

-E toi, t’es qui ?

Il s’adressait à l’homme. Les commentaires de ce dernier sur sa froideur ou celle de sa copine avaient laissé de marbre l’enfant-rat. En matière de froideur, Altérion était un spécialiste. Forcément, en sa triste qualité de sociopathe, il avait un vrai don pour se montrer glacial. De la même façon, le déstabiliser simplement par le timbre d’une voix ou la dureté d’un ton relevait presque du domaine de l’impossible. Etant soul, c’était encore pire. Il avait l’impression d’être dans un autre monde tellement il n’avait pas l’habitude de cet état quasi second. Il peinait à se sentir ne serait-ce que concerné par ce qu’il voyait et entendait tant ses sensations brouillées perturbaient sa concentration branlante.

Mais il ne devait pas perdre son objectif de vu, à savoir : ne pas avoir d’ennui. Il se frotta les yeux, se secoua la tête. Il voulait redevenir maitre de lui-même au plus vite. C’était le moment que l’Altérium se réveille et le remette sur pieds.

Après avoir fait le point sur ses pensées, le jeune garçon rat pris le mouchoir que lui tendait Madness. Il s'essuya rapidement le visage avant de l'abandonné parterre, Le vent se chargea du reste pour l'emmenait loin de notre regard. Il salua machinalement Madness qui hocha la tête en guise de réponse, puis il tourna la tête vers moi, le visage froid et dénué de sentiments.

-E toi, t’es qui ?

Et bien... Quel délicatesse... Je ne fis aucun commentaire face au ton employé. Après tout, j'avais employé le même ton, il n'y a pas deux minutes. Madness fixait le garçon rat avec la tête penché sur le côté.

-Je suis Noct Liddell, le propriétaire de cette jeune fille.

Avant même que je puisse dire quoi que soit d'autre, un couteau se retrouva sous ma gorge. Pourtant, je ne perdis pas mon sang froid, Je savais très bien à qui appartenait cette arme et qu'aucun mal ne me serait fait. Au bout de quelques minutes, je finis par me mettre à rire. Le regard surpris et un peu apeuré du plus jeune était amusant.

-Je ne suis pas ta chose mais ta création Noctis Liddell...

Je tournai la tête vers Madness en souriant en levant main en montrant patte blanche. Elle me menaçait mais jamais ne m'exécuter. Quel création serait capable de tuer son créateur ? Pas Madness ni Era sinon, elles l'aurait fait depuis longtemps. La jeune fille baissa son arme avec lenteur avant de la cacher de nouveau dans son dos. Ce poignard lui avait était offert par mes soeurs en référence à un jeu gore sortit peu de temps avant. Je finis par reporter mon attention sur le garçon qui ne savait plus où ce mettre face à notre altercation.

-Trêve de plaisanterie... Quel est ton nom ?

De la peur ? De la surprise ? Etait-ce le sursaut d’Ernest qui abusait Noct Liddell pour le pousser à de pareille interprétation ? Certainement. En vérité, cette personne n’avait pas idée de sur qui elle était tombée. Et en un sens, c’était mieux ainsi. L’hybride rat, du haut de ses 14 ans, avait déjà un casier judiciaire si rempli que la perpétuité en prison le guettait s’il s’écartait du droit chemin. Et encore, il pouvait s’estimer heureux car si la peine de mort n’avait pas été abolie dans l’état de New York, il aurait fait un excellent candidat. Certains pensaient qu’il n’avait pas sa place à l’Institut tant il avait de sang sur les mains. On lui avait offert une dernière chance, une toute dernière à lui, l’ex-confrériste, l’ex-terroriste, et le toujours dément. Noct Liddell ne pouvait certainement même pas concevoir toutes les horreurs qui venaient hanter chacune des nuits du petit mutant. Ha, si Lenoir avait perdu sa raison et qu’il devait faire tant d’effort pour la retrouver, ce n’était pas pour rien. Alors, qu’était donc pour lui un couteau sous la gorge alors qu’il avait dépecé vivante une mère de famille ? Non, il n’eut pas peur et il ne fut pas surpris. Il en aurait été de même si le couteau s’était retrouvé sous sa propre gorge. La mort, il l’avait tant côtoyé qu’il avait bien dû l’apprivoiser. Par contre, oui, il avait sursauté. Mais ce n’était là que le signe apparent de sa nervosité anormale provoquée par sa mutation.

-Sympa ta création, commenta-t-il de sa voix froide mais dans laquelle s’était invité un soupçon d’amusement. Moi, j’l’aime bien.

Ainsi, Madness était la création de Noct Liddell. Diable, c’était plutôt impressionnant ! L’homme pouvait-il donner la vie ? La demoiselle semblait douée d’une conscience propre. On pouvait vraiment la prendre pour une humaine. D’ailleurs, Ernest s’était laissé abusé. Cessant de se frotter les yeux, il reposa son regard sur Madness, désirant d’avantage la détailler. Hélas, même si le flou s’était un peu modéré, il persistait. Impossible d’y voir clair, surtout ici, dans l’obscurité toujours plus épaisse du parc. L’hybride reporta son attention sur l’homme.

-Moi, cest Altérion. Je crois que j’me sens mieux. Je ne voudrais pas te déranger plus que ça.

Il se leva en chancelant légèrement, mais il garda son équilibre.

-S’il te plais, ne dit rien de ce qui cest passé. J’me suis fait avoir, c’est un peu compliqué à expliquer. Garde la bouteille si tu veux.

Sympa ta création, Moi, j’l’aime bien.

Madness sourit au garçon, le genre de sourire qui était particulièrement rare, cependant les brumes de l'alcool devait encore flotter dans l'esprit du garçon assis devant moi. Mais qu'il prenne Madness pour une jeune fille était déjà un compliment pour elle, mais que dirait il si il rencontrer sa petite soeur. Ou si il avait eu la chance de rencontrer mes soeurs, il les aurait prise pour des monstres sortis tout droit de l'enfer. Cependant, il n'avait pas était gêné par la menace de Madness avec son poignard sous ma gorge. Avait il l'habitude des armes blanches ?

Il finit enfin par répondre à ma question concernant son identité avec un petit mensonge, maintenant, je savais qu'il se nommait Altérion, cela devait sans doute être un alias. Il s'excusa du dérangement qu'il venait de me causé. Malheureusement, c'était un peu trop tard pour s'excuser. J'avais déjà annulé ma soirée de travail, je n'avais donc plus rien à faire. Mais il se releva, il tituba plus que de raison, il semblait près à s'écrouler à chacun de ses pas.

-S’il te plais, ne dit rien de ce qui c'est passé. J’me suis fait avoir, c’est un peu compliqué à expliquer. Garde la bouteille si tu veux.

Je pris la bouteille dans ma main en la regardant de plus près, il resté encore un peu de vodka. Par un peu, je dois précisé une demi bouteille, juste assez pour se saoulé ou pour cuisiner. Alors qu'il allait partir, Madness le prit par le bras, je la regardait avec interrogation et il semblerait que le jeune garçon aussi.

-Madness ?
-Avez vous déjà rencontrer le chapelier ?

Quel drôle de question... C'est vrai que Madness était basé sur le caractère de ma soeur Alice mais aussi de l’héroïne de Lewis Caroll, il est donc normal qu'elle l'ai identifié au personnage du mulot, assistant du chapelier. Je me relevai lentement en attendant la réponse d'Altérion.

-Mon cher ne rien dire est dans mes cordes mais, je n'ai plus rien à faire, on vient de me donné une semaine de congé. Pourquoi pas discuté ?

Etre saisit par Madness fit sursauter Ernest. Encore cette fausse surprise qui n’était qu’une réaction nerveuse. Par contre, une véritable surprise se fit jour en l’esprit du mutant quand on lui demanda s’il avait vu le Chapelier. Il tourna vers l’illusoire demoiselle son regard rouge où se lisait l’interrogation. Le Chapelier ? Quel Chapelier ? Au début, ses idées peu claires l’égarèrent en lui faisant supposer qu’il s’agissait là d’un pseudonyme derrière lequel se cachait tout simplement un autre mutant, certainement présent à l’Institut. Il allait répondre sur cette base erronée quand tout d’un coup, il se rappela l’une de ses innombrables lectures.

-Ha ! Le Chapelier ! fit-il, sous l’illumination soudaine, sa voix curieusement beaucoup moins froide.

Il avait lu Alice au Pays des Merveilles, depuis relativement peu de temps en plus. En effet, la bibliothèque de l’Institut n’étant pas pourvue en BD, Altérion avait adapté ses goûts en conséquence, se tournant vers les livres. Si le Chapelier était bien le personnage auquel il pensait, alors cela voulait-il dire qu’on le prenait pour le Mulot ? La supposition ne lui était pas désagréable. Le petit mutant était fait de paradoxes, comme tout le monde d’ailleurs, mais chez lui, les contrastes étaient particulièrement saisissant. On pouvait le qualifier de monstre. Il restait de marbre face à l’horreur absolue. Mais un roman, une histoire, un rêve l’émerveillait comme l’enfant qu’il était encore un peu au fond de lui. Aussi répondit-il de bonne grâce, entrant quelque peu dans le jeu de Madness.

-Non, hélas, pas encore. Et je le regrette.

Madness… folie… était-ce en référence au Monde des Merveilles ? Voilà Ernest piqué d’une curiosité soudaine envers la création de Noct Liddell et donc, par conséquence, envers Noct Liddell lui-même. Toutefois, son état actuel, son mal de tête, son trouble, c’était autant d’éléments qui le poussaient à prendre du repos au plus vite. Alors, quand l’homme lui demanda s’il était disposé à discuter, il ne put que décliner. Cependant, il le fit sans brusquerie car ce n’était pas le moment de froisser quelqu’un susceptible de garder pour lui ce fâcheux événement.

-Je suis navré d’avoir perturbé votre emploi du temps. Néanmoins, je ne pense pas que discuter soit judicieux. Comprenez que dans mon état, je ne serais pas un interlocuteur convenable. Le fait même de vous répondre me demande un effort surprenant et semble attiser mon mal de crâne. Je vais me retirer et aller de se pas me coucher. Demain, par contre, nous pourrions nous revoir. Ce serait pour moi la moindre des choses de revenir à vous afin de me faire pardonner du désagrément cosé, surtout si vous ne dite mot sur le présent événement. Si cela vous convient, vous n’avez qu’à me dire un lieu et une heure, j’y serai. Demain, j’ai cours de 8 heures à 12 heures, puis de 14 à 16. Je suis libre le reste du temps.

Ernest fit une grimasse. Cette tirade l’avait éprouvé. Il n’allait plus en refaire de si tôt, ça c’était sûr.

Contrairement à ce que j'aurais imaginé, Altérion suivit la pensée de Madness, cependant les brumes de l'alcool devait être encore présente dans l'esprit du jeune garçon. Je fixa la bouteille avec intérêt en me demandant quel recette pour accompagné cette vodka et peut être cassé le goût brulant de l'alcool.

Le fait que Madness fasse allusion au pays des merveilles était en partis de ma faute. C'était le conte dans lequel je me suis plongé corps et âme pour oublier. J'avais remanier le conte, écrit une nouvelle version plus sombre et plus violente pour me venger mentalement de la mort de ma famille. Sombré proche de la folie était une sensation grisante et mortel, on se meurt pour renaitre. Je fus tiré de ma contemplation de bouteille par le jeune garçon qui répondit à ma question avec une longue tirade

-Je suis navré d’avoir perturbé votre emploi du temps. Néanmoins, je ne pense pas que discuter soit judicieux. Comprenez que dans mon état, je ne serais pas un interlocuteur convenable. Le fait même de vous répondre me demande un effort surprenant et semble attiser mon mal de crâne. Je vais me retirer et aller de se pas me coucher. Demain, par contre, nous pourrions nous revoir. Ce serait pour moi la moindre des choses de revenir à vous afin de me faire pardonner du désagrément causé, surtout si vous ne dite mot sur le présent événement. Si cela vous convient, vous n’avez qu’à me dire un lieu et une heure, j’y serai. Demain, j’ai cours de 8 heures à 12 heures, puis de 14 à 16. Je suis libre le reste du temps.

Vous ? Je sais que je suis son ainé mais quand même, je suis pas un vieillard, si ? Je le regardai dans les yeux en offrant un petit sourire narquois.

-Disons 16h30 demain, ici même, je te ferais goûté un colonel.

Madness hocha la tête et relacha le bras d'Altérion pour revenir se placer à mes côtés, j'ouvris la bouteille et huma l'odeur. De la bonne vodka, parfaite pour un colonel.

Ha oui, tiens, Ernest était passé sans raison du tutoiement au vouvoiement. Il n’avait vraiment pas les idées claires et même si aux premières secondes cette sensation de découverte de ce qui était vraisemblablement une sorte de gueule de bois un peu remaniée par l’Altérium, ne lui avait pas forcément été désagréable, à présent, il en avait vraiment assez. Il avait hâte, très hâte, de se coucher. Il ne s’attarda donc pas plus que ça.

-Un Colonel ? Ok. Bon, et bien, à demain.

Il commença à s’éloigner d’une démarche vacillante. Est-ce que Noct Liddell était informé que l’alcool était formellement interdit aux mineurs ? Apparemment pas. Ou alors, il s’en fichait du règlement, au moins à ce niveau. Ou alors, il n’avait pas réalisé qu’il était face à un jeune élève qui était encore loin de devenir majeur. Quoi qu’il en soit, Altérion n’allait pas s’en plaindre. Il s’en tirait à bon compte.

-Merde.

Quoi merde ? Ha oui, tiens, il avait oublié son sac de cours sur place. Il n’avait vraiment, mais alors vraiment pas les idées claires. Sans plus de manière, il fit demi-tour et alla le prendre. Heureusement, il n’était pas allé très loin. A l’intention du créateur et de sa création, il eut un petit rire honteux parce que il devait offrir un triste spectacle. Se mettre minable, c’était ridicule au fond, enfin sans les bienfaits de l’Altérium. Puis le revoilà parti en direction du manoir. La seule chose qu’il espérait à présent, c’était de ne pas croiser un adulte avant d’atteindre sa chambre. La chance lui sourit car ce fut le cas. Il poussa un soupir de soulagement une fois la porte de sa chambre passée. Il laissa alors tomber au sol son sac, puis il s’avança vers son lit sur lequel il s’effondra et s’endormit presque sur l’instant. Juste avant de sombrer, il eut une dernière réflexion. On était bien Jeudi aujourd’hui ? Il ne finissait pas les cours à 16 heures, mais à 18. Et après, il devait voir Rachel en plus. Et merde ! Il avait vraiment, mais alors vraiment de vraiment pas les idées claires.

Le lendemain, l’hybride rat fut soulagé d’avoir retrouvé toute sa fraicheur de corps et d’esprit. Il eut un léger sourire en revenant à lui, allongé de travers et tout habillé sur un lit même pas défait. Là, juste à côté de la porte, gisait son sac, presque en plain passage. C’était drôle à voir comme ça mais au fond, c’était triste. Il avait gâché cette bouteille. Il avait juste réussi à se faire peur et à être mal à l’aise. Non, vraiment, il avait eu une mauvaise idée d’ainsi utiliser le Neutralium. Ce n’était pas à refaire. Ayant une bonne heure devant lui avant le déjeuné puis le début des cours, il eut tout le temps de prendre son traitement, puis d’aller à la douche pour ensuite se changer. Il voulut enfin faire un crochet par l’administration pour signaler la prétendue perte du cachet de Neutralium, mais ce n’était pas encore ouvert. Il retenta jste après le déjeuné, avec succès cette fois. A sa grande joie, la secrétaire, déjà bien occupée, ne lui posa aucune question et ce fut ainsi expédié. Pour lui, l’école débuta.

A 13 heures, après le repas de midi, Ernest se rendit à la chambre de Noct Liddell. N’ayant pas croisé le jeune homme avant, il s’était renseigner pour savoir où il dormait. Etait-il présent ? Il l’ignorait. En tout cas, il frappa et attendit. Par rapport à la veille, il était habillé sensiblement pareil, ayant en double et même en triple exemplaires des habits identiques. Seul son veston bleu-marine était maintenant rouge-sombre. Il avait son sac de cours. Dans une heure, il devrait retourner en classe. Si personne n’ouvrait, alors le petit mutant laisserait un mot. Il expliquerait simplement qu’il s’était trompé, qu’il n’était pas libre à 16 heures 30, qu’il s’en excusait et qu’il proposait de décaler le rendez-vous à 20 heures.

HRP : à toi de voir si tu es là maintenant. Sinon, tu trouves le mot sous ta porte.

Parfait, le jeune homme avait accepté l'invitation. Un colonel pour demain, c'est noté. Par contre, je me douté bien que c'était pas vraiment recommander de faire boire un mineur, mais vu dans le monde dans lequel on vit, boire à l'âge d'Altérion était devenu presque normal voir banal. Les jeunes se shoote maintenant au crac et plus personne n'en parle. Il partit en titubant vers le bâtiment mais moins dangereusement qu'il y a quelques instants. Il finit par faire demi tour pour reprendre son sac de cours. Comme quoi l'alcool rend tête en l'air. Je n'avais plus rien à faire quand le jeune garçon disparus de mon champs de vision. La nuit n'était pas trop avancé, je pouvais encore appelé mon patron.

Je dégainai alors mon portable et composa rapidement le numéro de ma folasse de boss. Je ne pus retenir mon sourire quand il décrocha. En fond sonore, je pouvais entendre les rire et la musique résonnait sans faire de vague.

-Noct... Qui a t-il mon chou ?
-Et bien pour me faire pardonner, je voudrais travailler le jour cette semaine.
-Mais enfin, je t'ai donné ta semaine mon coeur.
-Vous savez que je m'ennuie si je ne fais rien et que je deviens irritable. Dis-je piteusement. Et puis je pense que Maria ne serait pas d'accord que je sèche le travail pour ne rien faire.
-Très bien... Viens à 10h demain mon ange. le piano t'attendra.

J'entendis les cris des habitués qui semblaient ravis que je joue demain dans la journée. Je rigolai alors doucement et remercia mon boss avant de raccrocher. Je pris la direction de la salle de musique pour m’exercer un peu avant de jouer demain. Les mêmes pièces que celle que je devais joué, sauf que cette fois, je placerai la barre plus haut. Le chant enchanté totalement les clients, on m'avait d'ailleurs complimenté à plusieurs reprises et puis cela fera plaisir aux habitués. Après deux heures de pratique, je finis par aller me coucher. Madness s'installa sur le fauteuil près de la fenêtre avant de s'arrêter de bouger. Elle donné l'impression d'observer le monde.


Le lendemain, je fus réveillé par Era et Madness. Il était déjà 9h30... 9h30 !!! Je me précipitai dans la salle de bain pour me préparé rapidement. Era et Madness étaient déjà prêtes depuis un petit moment semblerait. Une fois près, je vérifiais si la bouteille était intacte et c'était le cas parfait. J'ordonnai à Era qu'elle la garde dans ses mains durant toute mon absence. Une fois cela fait, je partis précipitamment vers la sortie de l'école. Connaissant mon boss, je savais qu'il me lâcherait pas avant 16h30.

Je montai rapidement sur ma moto avec madness à ma suite avant de partir au quart de tour. La ville me parut floue alors que j'augmentai la vitesse. On arriva alors devant le bar "La rose et Géométrie" à 10h pile. Le boss enfin la boss puis ce que c'était un transsexuel m'attendait en souriant.

-10h pile, félicitation Noct. Madness tu vas en salle, mon chou tu sait où est ta place.

On hocha la tête tout les deux avant d'entrer dans le restaurant. En me voyant, les habitués applaudirent, les nouveaux clients étaient gênés, je souris doucement et partis derrière le piano. Lentement, je débutai mon concert basé sur les films d'Hayao Miyazaki, par Dragon boy tiré du film, le Voyage de Chihiro. Les clients furent charmé, après les Miyazaki, ce fut au tour de reprise de chansons japonaises. La boss adorait le pays du soleil levant et il adorait que j'en joue.


Lentement ma voix s'éleva dans la salle, les derniers clients gênés m'observaient avec une pointe d'admiration. Le japonais n'étant pas ma langue natale, j'avais du l'apprendre par coeur mais en jouant, c'était bien plus facile. Je fermais les yeux en voulant transmettre mes émotions, mes souvenirs partageaient avec mes soeurs avant tout ça. Quand la chanson fut terminé, j'ai eu droit à un tonnerre d’applaudissement, certains clients vinrent me serré la mains, je ne savais plus où me mettre mais j'étais ravi de leurs avoir fait voir un autre monde.

La journée passa tranquillement, enfin ma boss me libéra. Il était 16h25 quand je grimpai avec Madness sur ma moto. Direction l'institut. En Arrivant, je me garai tranquillement et alla directement dans ma chambre. Là Era m’accueillit en posant la bouteille de Vodka sur le bureau. Je vis un papier à mes pieds avec une écriture griffonné à la va vite.

C'était Altérion qui décalé notre rencontre pour 20 heure au même endroit qu'hier. Parfait, je pouvais souffler un peu. Je me dirigeai vers la cuisine avec la bouteille de vodka. Bien commençon le colonel à ma manière. Je mis une bonne musique qui défoulait bien et commença ma préparation en bougeant la tête en rythme.

Je sortis un grand verre et mit une bonne rasade de glace au citron, le tout arrosé de Vodka avant de mettre la boisson au congélateur jusqu'à 20 heures. Avec le reste de Vodka, je préparais des tagliatelles aux saumons flambé à la vodka. Parfait. Plongé dans mes préparations, 20 h arriva relativement vite. Je déposai le tout sur un plateau pour me dirigeai rapidement vers le lieu donné, Era et Madness me suivaient en discutant, l'ainée décrit Altérion comme le loir d'Alice au pays des merveilles et cela faisait rêvé la plus petite. Je déposai le plateau des victuailles dans l'herbe et attendit le jeune garçon.

-C'est vrai hein ? C'est le Loir du pays des merveilles ? Tu me le promet Madness ?

Madness lui sourit en lui promettant que c'était la vérité. Era en fus que plus émerveillé une vrai petite fille qui refusait de grandir. Quand on savait qu'elles tiraient leur énergie de mon subconscient, on peut en effet se poser des question sur mon état mental. Je dirais que depuis l'incendie, mon état mental à un peu morflé. Voir sa famille grillé comme des marrons n'est pas la meilleur chose pour un enfant non ? AH, c'est sur ça forme le caractère ! Mais c'est tout et encore...

Installé dans l'herbe, le ciel légèrement couvert offrait une vue magnifique. J'étais ravi d'être installer ici en attendant Altérion. Ce dernier ne tarda pas à arrivé et à me salué avec une voix neutre.

-Bonsoir.

Je lui souris doucement, Era le regarda avec fascination. En effet, il semblait correspondre à la description que lui avait fait Madness. Deux enfants coincé dans des corps d'acier. Madness se décala pour laisser une place au garçon s'asseoir. Era était hypnotisé par ce jeune garçon à l'apparence plus que singulière.

-Bonsoir, j'espère que tu n'as pas mangé ce soir c'est colonel en dessert et pâtes saumons/Vodka en repas.

J'avais une faim de loup, la journée avait était rapide et intense. Le temps de jouer, servir et revenir cela m'avait épuisé, heureusement, préparé à manger m'avait détendu.
Era avait encore le regard fixé sur les yeux rouges du jeune mutant.

-Era, arrête de le fixé tu dois le déranger...
-Mais... Vous avez au moins rencontrer la reine rouge non ?

Génial... la voilà lancer sur des questions du pays des merveilles, la reine rouge maintenait ce pays avec la terreur. Un peu comme un marionnettiste. Mais le marionnettiste, ce n'était pas la reine rouge, c'était Bumby, je l'appelai ainsi car il avait le même comportement qu'un marionnettiste sur le déclin.

En attendant qu'il réponde, je servis deux assiettes de pâtes avant de lui en tendre une.

-j'espère que tu tiendras mieux à l'alcool qu'hier.

-La Reine Rouge ? Tu sais, c’est pas vraiment une bonne chose de la rencontrer. Elle est un peu caractérielle sur les bords, celle-là. En plus, elle déteste le noir, ce n’est pas sa couleur. Or mon pantalon est noir comme tu le vois. Elle m’aurait coupé la tête rien que pour ça. Faut être tout en rouge pour lui plaire.

Era fut ravie de cette réponse, elle fixai le jeune garçon assit près de nous avec fascination. Elle buvait ses paroles comme les enfants auquel on lit des histoires. Elle plongea ses yeux verts pâles dans ceux rouge d'Altérion. Cependant la question qui lui posa me fit sourire, As tu déjà rencontrer la reine rouge ? Evidemment que non, mais la réponse que fourni Era figea Madness et moi même sur place.

-Non je n'ai jamais rencontrer la reine rouge, mais Madness et Noct on rencontré le Marionnettiste !! Dit elle avec un grand sourire.

Le marionnettiste... Je déglutis discrètement en regardant Madness qui se tendit face à l'affirmation de la plus jeune. Elle réprimanda Era calmement puis offris un sourire crispé au jeune garçon. Le marionnettiste... Bumby... L'homme qui avait détruit ma vie mais Altérion changea rapidement de sujet en me rassurant sur sa teneur sur l'alcool.

-Parfait alors, j'espère que tu aimeras !

Je lui servi une assiette généreuse, en lui tendant l'assiette avant de me servir. Les filles nous regardèrent avec un sourire. Un silence s’installa, un silence tranquille non lourd. Puis l'enfant rat me demanda :

-Alors, comme ça, Madness est ta création. L’autre aussi je présume. Comment se nomme-t-elle ? Et, si ce n’est pas indiscret, à quoi consiste au juste ta mutation ?

J'avalai tranquillement ma part de pâtes avant de lui répondre :

-En effet, la petite se nomme Era, c'est la petite soeur de Mad. Quand à mon pouvoir, je contrôle les poupées que je créais tout simplement !

Je lui offrit un sourire en attendant sa réaction.

Je fus ravi que mon pouvoir le fascine, cela était une chose que seule ma famille avait trouvé formidable. La création est plus gratifiant que la destruction ? cela resté à voir, il faut un cycle pour toute chose et puis, mes création ne sont pas réellement vivante, car je serais à la tête d'une armée dans ce cas là...

Un doux silence s'installa entre nous, je lui fis remarquer que si il avait encore faim, il pouvait ce servir, cela ne me déranger pas. Je contemplai l'espace de quelques instant mon assiette devenu vide face à mon appétit d'ogre. Puis la voix d'Altérion retentit avec la question que je redoutai mais qui était valable.

-Au fait, pourquoi Alice au Pays des Merveilles ?

Pourquoi Alice au pays des merveilles ? Là était la question, je pris quelques instants supplémentaires pour répondre, je passai une main dans mes cheveux pour expliquer ses références parfois dérangeantes.

-Et bien... c'était le livre favoris de mes soeurs, j'avais pris l'habitude de leur raconter avant qu'elles dorment ou de le jouer avec Madness.

Je souris en les revoyant me courir autour pour que je leur raconte une autre aventure d'Alice. Ma soeur qui portaient le même nom était toujours fasciné par cette héroïne un peu folle, June préféré s'identifier au lièvre de Mars, Père était le chapelier et Mère la reine blanche. Pour ma part, on m'avait donné le rôle du conteur. Je souris en repensant à toute ses discutions autour du pays du Merveilles.

Et ensuite, ce fut un moyen pour moi de me sortir de l'incendie qui m'a pris ma famille, j'identifiai chaque personnage à une personnalité du pays des merveilles. L'incendiaire Bumby est devenu Le Marionnettiste, celui qui à pervertit le pays des merveilles.

Les flammes, les cris tout étaient en mémoire, gravé sur mon dos. Cela faisait mal mais c'est pour mieux aller de l'avant. Pour Alice et June, mes parents, pour qu'ils ne soient pas morts en vains. Je recevais de temps en temps des lettres de la part de l'asile de Rutledge pour que je vienne le voir, toujours au même date, les anniversaires et le jour de l'incendie.

-Peu à peu, le pays des Merveilles et devenu le pays de la folie...