Je n'ai besoin de personne en Harley Davidson [PV Firefist]

Russell avait du temps libre aujourd’hui, et il avait quelques tâches à effectuer personnellement, des choses qui ne concernaient pas la confrérie et qu’il avait l’occasion d’accomplir avant que le boulot de revienne. A vrai dire, il fallait avouer que depuis le retour du grand Magneto, les choses allaient bon train dans la confrérie, et de ce fait, chacun des membres de ce groupe avaient de moins en moins de temps à consacrer a leurs activités personnelles : en clair, Russell voyait moins de jolies femmes (Sans compter celles de la confrérie qui se faisaient rares), il ne concluait plus vraiment… c’était une période vide pour lui. Heureusement que sa meilleure amie était toujours là, et savait être patiente, a l’inverse de toutes ces personnes qui accéléraient les choses, et qui réclamaient sans cesse le « Bisou » ou le « Je t’aime » tant attendu. Il n’était pas de ce genre là, et c’était d’ailleurs des raisons qui faisaient qu’il se sentait plus attaché à sa moto qu’à n’importe quel être humain. Beaucoup l’auraient regardé de travers, mais lui se sentait bien ainsi, et il pouvait concilier sans problèmes les divers ingrédients du bonheur, à la Russell : Magneto, Moto, Dodo.

Alors pour combler ces instants de solitude, il avait décidé de se rendre sur la terre promise : un bien grand mot pour signifier qu’il s’agissait en réalité d’un lieu ou tous les mutants se rassemblaient et pouvaient vivre en paix… du moins c’était le but au départ, mais il avait fallu qu’ils soient victime d’attentats, et cela enrageait Russell. C’était bien connu, a la confrérie il y avait un sujet délicat qui ne pouvait pas être pris a la légère : le génocide de Mutant Town. Dans les faits, l’histoire avait fait énormément de dégâts, et dans le fond, il y en avait bien plus. La haine qui en ressortait de la part des mutants rebelles, et quelque peu ancrés dans la bataille n’avait plus de limite, et Russell faisait partie de ces gens là, car en plus de servir la confrérie, il servait la cause des mutants, en respectant l’idéologie à laquelle il avait adhéré en arrivant chez Magneto.

Roulant sur sa bécane a vive allure, il se dirigeait vers Mutant town, quelques souvenirs et images défilant dans son crâne en mode « répétition ». Il se contenait et tentait de ne pas trop y penser, puisque aujourd’hui il avait laissé de coté la bataille qui l’animait et l’enrageait au plus haut point. Il avait quelques réparations à faire sur son bolide : il n’y avait rien de cassé ou dont le fonctionnement laissait à désirer, il se rendait dans ce garage simplement pour vérifier tout ca, faire une mise au point, une bonne révision, puisqu’il savait que plus tard il n’allait probablement plus avoir le temps.
Entrant alors dans le quartier, il se sentit soudainement comme chez lui. Les gens ici le respectaient assez, de par son comportement et ses pulsions de rage incontrôlée, néanmoins il respectait ce lieu et ceux qui s’y trouvaient, à condition qu’ils aient le même respect envers lui. C’était un peu une jungle finalement, mais une de celles où la loi des plus forts était en vigueur. Et le garage de Timmy était un peu l’antre des fauteurs de troubles, des grosses pointures des mutants du pays, presque une Mafia locale spécialisée. Il arriva alors devant le garage, gara sa moto près de l’entrée, coté bar, puis enleva son casque qu’il laissa sur la selle avant de se recoiffer nonchalamment tout en allumant une cigarette d’un seul claquement de doigts. Il ouvrit la porte avec le pied et s’adressa de façon claire et concise à l’un des mécanos qui trainait dans la salle tout en lui envoyant ses clés :

- Et une Cagiva 125 Raptor ! Une !

Il lui fit un clin d’œil puis se dirigea vers le bar, où visiblement semblait l’attendre le serveur qui lui fit glisser une bouteille de bière sur le comptoir en sa direction. Russell s’assit au même moment d’attraper la bouteille puis posa l’un de ses pieds sur le genou opposé tout en s’adressant a Timmy directement :

- Alors quoi de beau dans la place ?

Au même moment il remarqua la présence d’un nouveau qu’il n’avait jamais vu : probablement parce qu’ils n’étaient jamais venus au même moment. De toutes les manières, cet homme ne semblait pas correspondre au profil type de la clientèle de Timmy, et cela avait eu pour effet de le troubler quelque peu. C’était pour cette raison que son regard en sa direction avait été interloqué et inquisiteur. Puis il reprit sa conversation avec Timmy.

Il était persuadé que personne n’allait le déranger, comme d’habitude : son air de macho bien ancré avait cet effet en général. Seul Timmy voulait bien discuter avec lui, et les conversations tournaient toujours autour des femmes et de la moto. Ce qui avait attiré son attention, c’était l’air détaché du jeune homme, probablement pas un gars du coin, ou du moins il ne correspondait pas au stéréotype du mutant trainant a mutant town, et ce n’était pas un mal. Il avait la vague impression qu’il pouvait avoir des choses à dire à cet homme : de bonnes ou de mauvaises choses, tout dépendait de l’avancée de l’échange, mais visiblement tout semblait s’annoncer de façon correcte. Le jeune homme envoya la sauce le premier et prit la parole pour se rapprocher de lui. Une bonne initiative que Russell appréciait particulièrement : il ne prenait la parole le premier uniquement avec les femmes… allez savoir. Ensuite il lui répondit calmement en oubliant son air inquisiteur, visiblement curieux de la nature de cet échange :

- Mais je connais d’autres moyens de me défaire des gars un peu trop collants à mon gout. T’en fais pas !

A première vue, cette réplique pouvait sembler abrupte, mais au final c’était un moyen de créer une certaine complicité. Bien sur la question tournait autour de la moto et cela n’embêtait pas particulièrement Russell. Au contraire, il aimait avoir l’avis des autres et partager ce genre d’idées le mettait plutôt à l’aise avec le jeune homme. Il saisit alors sa main tendue, en guise de pacte, et d’acceptation. Ridicule quand on y pense, mais dans la tête de Firefist, tout fonctionnait a l’ancienne, comme les hommes de Cro-Magnon. Un sauvage en somme. Il en profita pour lui faire un clin d’œil pour lui signifier qu’il n’avait pas à le craindre, du moins c’était le cas si l’homme en question ne lui faisait pas défaut. Ainsi après les présentations il se présenta à son tour.

- Russell Collins. Enchanté. Je suis de passage pour une révision banale, mais en effet c’est la première fois qu’on se croise il me semble. Tu viens souvent ici ?

Répliques de coutumes, rien de très transcendant, mais le premier contact était important. Il le sentait bien ce mec là, restait à savoir s’il ne voulait pas se jouer de lui, comme feraient certains malfrats. Surtout que Russell ne faisait pas dans la dentelle non plus. Il accepta alors d’un geste de la tête, la bière que lui proposait le jeune homme. Alors il engagea à nouveau la conversation.

- Et qu’est ce qui est arrivé à ta moto ? C’est si grave que ca pour que Timmy soit le seul à pouvoir te prêter main forte ?

Il se mit à rire bêtement, certes, mais il était sincère, pour la première fois, il pouvait discuter sans complexe avec un homme de son envergure. Ca lui changeait de toutes ces femmes de la confrérie, ou même de tous ces monstres étranges qui rodaient dans le coin, bien qu’ils soient sympathiques pour la plupart.

- Tu as connu l’ancien Mutant town au fait ? Tu te doute peut être que ca n’a plus rien à voir avec l’avant ?

Rusty etait tout simplement curieux et voulait avoir son avis sur la question. Il fallait dire que cet épisode l'avait largement amoché psychologiquement et qu'il ne supportait pas: il en avait fait une rage qu'il mettait au service de Magneto.

Russell commençait a sérieusement apprécier le jeune homme. A vrai dire son prénom lui importait peu, ce qui comptait c’était l’air qu’il avait et sa façon de penser. Ainsi la question au sujet de mutant town lui permettait de rentrer dans le vif du sujet pour tester son potentiel collègue. Sujet sensible pour Russell, il espérait que c’était le cas aussi pour le jeune homme. Entre deux trois discussions pratiquement inutiles, mais essentielles pour une première approche, il se devait d’aborder un sujet plus complexe, pour savoir s’il valait mieux que tous les gros ours mal léchés du coin.

En vue de sa réponse c’était effectivement le cas : il donnait l’impression d’un homme sur de lui, et avec des idées bien arrêtées. Le genre de comportement qui intéressait Russell pour forger son entourage, des gens comme lui, bêtes et rustres en apparence mais qui en avaient dans le ciboulot.
Apparemment c’était aussi un sujet sensible pour les hommes présents dans ce bar/garage, a tel point que pour la seconde fois durant leurs échanges, ils se retournèrent pour les regarder d’un air inquisiteur, presque prêts à bondir sur la première mauvaise information échangée. Russell prit les devants, agacé par un tel comportement :

- Ca va les mecs on discute. On vous à demandé de nous écouter peut être ?

Foudroyant les autres du regard, il laissa un silence s’installer, long et difficile a supporter pour quelqu’un qui ne connaissait pas l’endroit. Alors ensuite il reprit une gorgée de sa boisson et ajouta :

- Des fois ils sont lourds. Donc j’allais dire que je saluais ce que tu pense. Visiblement on partage la même vision des choses a ce sujet, et crois moi j’en fais mon affaire.

Plongeant ses lèvres à nouveau dans sa boisson, il avait décidé de ne pas s’attarder sur le sujet. Les plans de la confrérie ne regardaient que lui et le jeune homme savait désormais ce qu’il avait à savoir : s’il était vraiment futé, il comprendrait le pourquoi du comment. Cependant, il ignorait ce que faisait « William » dans la vie. Visiblement, il était quelque peu instable, a l’image de Russell, de par ses courses poursuites en moto et la vie explosive qu’il semblait mener. Alors comme certains diraient, il décida de rentrer dans le lard :

- Au fait, qu’est ce que tu peu bien faire d’illégal pour te retrouver dans de telles situations ? Un Bad boy en puissance ? Un voleur ? Ou même bien plus gros…

Il se laissa sourire bêtement tout en sachant qu’évidemment William n’allait pas révéler la nature de ses activités aussi facilement. Russell non plus ne l’aurait pas fait, mais rien ne coutait d’essayer. Après tout, cet homme était peut être quelqu’un d’intéressant, il n’en restait pas moins un potentiel ennemi idéologique. C’était une habitude chez l’homme de feu : pousser a bout ses interlocuteurs pour déceler les moindres faiblesses, et les moindres informations par les simples mots du quotidien.

Non il n’était pas plus doué qu’un autre, il voyait cela simplement comme un jeu, conjugué a son esprit perverti d’homme dangereux… dangereux même pour les siens s’ils s’avéraient être un frein pour son avancée personnelle.

Il prit en main la carte de son nouvel ami du jour tandis que celui-ci continuait de lui parler. Il lu en diagonale les informations qui y étaient écrites et finit par la ranger dans sa poche pendant qu’il terminait sa bière. A vrai dire, la relation entre les deux hommes était devenue un peu plus intime : il avait l’impression d’en savoir plus à son sujet, même si dans un coin de son esprit il sentait que quelque chose clochait. A première vue, rien de très grave, et ce qu’il imaginait et que William ne disait pas ne devait probablement pas être si grave que ca. Il continuait également d’esquisser des sourires tout en se souvenant des ses précédentes répliques concernant les coupables d’assassinat a mutant town, ce qui ne manqua pas de laisser imaginer qu’ils pourraient très bien être d’accord sur bien des points.

Puis vint le moment ou à son tour le jeune homme lui demanda ce qu’il faisait dans la vie. Il n’allait pas non plus répondre aussi facilement qu’il faisait partie de la confrérie et qu’il prônait la supériorité des mutants, mais il cherchait plutôt un moyen de lui faire comprendre quel genre d’actions il entreprenait pour arriver à ses fins. Un discours assez vague, presque dénué de sens pour ceux qui n’avait nullement conscience qu’il existait cet affront entre les Pro et les antis mutants.

- Eh bien moi…je défends certaines valeurs, que je tente de faire survivre au maximum. Je ne suis pas très radical dans ma façon de fonctionner, mais disons que certains comportements me mettent hors de moi et dans ces cas la il m’arrive de dépasser certaines limites naturellement imposées par l’Homme dans sa généralité. Je ne suis pas un enfant de cœur non plus, j’ai mes pulsions et mes sujets sensibles qu’il vaut mieux éviter en général…

Il fit un clin d’œil discret a l’un des hommes présents dans le bar, comme pour lui signifier qu’il lui était déjà arrivé d’outre passer les limites de la bienséance en ces lieux, et que malgré ces écarts, il avait su regagner la confiance de ses collègues de Mutant town. Finalement il avait était autant évasif que son nouveau compère, et cela lui mit la puce a l’oreille. Il cachait forcément quelque chose, tout comme Rusty avait été en mesure de cacher la véritable nature de ses activités, et cela promettait un bon discours dans lequel allaient se cacher bon nombre de secrets potentiellement inavouables. C’était l’inconvénient d’adhérer a un groupe tel que la confrérie : alors que certains étaient surveillés constamment, d’autres étaient autorisés à sortir vaquer a leurs occupations, et c’était en général le cas de tous les acolytes, noyau de la confrérie et membres de confiance.

Puis pour faire avancer la discussion, sans trop sortir du sujet de base, il n’hésita pas à chercher à en savoir d’avantage sur le bonhomme qui se tenait près de lui :

- Par exemple… quels sont tes plans prochainement ? Il se pourrait qu’on se croise un de ces quatre, puisque visiblement nos deux activités se rapprochent plus ou moins ?

Au fond de lui, Rusty savait que les réponses n’allaient pas être pour autant sincère. C’était a lui de déterminer ce qui était vrai et ce qui était faux dans ce que lui racontait William. Et par la même, il se pouvait très bien que William ne soit pas son réel prénom : Les mutants vivaient dans le mensonge, et cela n’aurait probablement pas étonné Rusty de savoir que ce que William lui avait raconté était faux.

De fil en aiguille, Firefist parvenait à cerner le personnage, qu’il comprenait mieux qu’il ne le pensait, et qu’il sentait comme un homme de valeurs et de courage. Evidemment il ne pouvait pas parler de tout ce qui concernait la confrérie, et de tous les plans qui s’y rapportaient, cependant, en écoutant ce qu’il semblait vouloir dire, une entente plus professionnelle était possible. Visiblement leurs activités respectives pouvaient s’allier dans un sens, mais rien n’était sur, et le moment n’était pas propice aux discussions plus sérieuses a ce sujet, surtout en prenant en compte les gros balourds qui trainaient autour d’eux près du bar. Alors en réponse à ses questions il reprit la parole, sereinement mais d’un ton emplis de mystère :

- « Recommandable, c’est le bon terme. Pour ma part, je doute que ce soit avantageux pour moi de t’en dire plus à ce sujet, tu comprends ? »

Il lança un regard en direction des mécanos qui écoutaient la conversation sans vergogne, ce qui avait le don de titiller ses nerfs, petit à petit, progressivement.

- « Disons que quelque chose est possible si on veut fonctionner ensemble. Tu l’as deviné probablement, mais nos actions et ce que nous recherchons peuvent fonctionner en doublon. Il serait intéressant qu’un de ces quatre on en discute plus calmement. J’ai certaines choses que j’ai besoin de savoir, et tu m’as l’air tout a fait au courant a ce propos. En échange j’ai des talents indéniables qui pourraient t’être utiles en cas de besoin. »

Oui Russell ne se prenait pas pour n’importe qui : son poste au sein de la confrérie, son caractère et son passé de Bad Boy invétéré faisait de lui une personne imbue d’elle-même. Personne ne pouvait passer a coté de ce détail, mais ce n’était pas la seule chose qui composait le caractère du jeune homme, et il comptait bien mettre les points sur les « i » :

- « Bien sur, ça engage un certain respect et une certaine mobilisation. Au moindre faux pas, je n’hésite pas à me faire remarquer si tu vois ce que je veux dire. Je n’ai pas pour habitude de me laisser faire, et crois moi, bon nombre de malhonnêtes ont vu la couleur de ma rage. »

Clairement Firefist n’était pas l’homme le plus honnête du monde, et loin de là l’idée de s’imaginer sainte ni touche. Le fait était qu’il faisait partie d’un groupe qui considérait sa malhonnêteté perçue par bien d’autre clans, comme l’honnêteté véritable : une simple différence de points de vue, et cela était un sujet sensible, aussi bien lorsqu’il agissait seul, que lorsqu’il agissait au nom de la confrérie. C’était un choix : jouer le rôle du méchant afin de démontrer que le monde entier se trompait sur la cible à abattre. Restait à savoir désormais si William, du moins ce jeune homme, pensait la même chose que lui. Il n’était pas de la confrérie, sinon il l’aurait déjà rencontré dans les couloirs ou il aurait au moins entendu parler de lui, alors dans le doute, et connaissant un grand nombre de malfaiteurs possédant diverses identités, il ajouta en faisant un clin d’œil amical :

- « William… T’es sur que c’est ton prénom ? »

Il se mit a sourire sagement tout en détournant son regard vers les autres, pour lui faire comprendre qu’au final cela ne lui coutait rien de le dire, et qu’il n’avait que faire de dévoiler sa réelle identité.

A l’écoute de sa réponse, qui semblait être sincère mais seulement de premier abord, il émit un large sourire, soutenu d’un rire dissipé dans un mouvement de jambe lui permettant de changer de position : il s’était tourné cette fois ci face à lui, accoudé sur le bar et amusé de la situation, il lui rétorqua d’un naturel plutôt serein :

- Dans tous les cas je sais comment fonctionnent les mecs comme toi. Si ce n’est pas ton vrai nom c’est tout à ton honneur : arriver à créer une nouvelle identité pour parfaire tes plans, et éviter de te faire coincer a la première occasion, chapeau. Quoi qu’il en soit, cela ne change rien à ce que nous avons évoqué plus tôt. Si tu es droit dans le chaos, si tu as des valeurs quelles qu’elles soient, et si tu sais y faire avec les mecs plutôt limités du coin… tu es l’homme que quiconque ayant le même esprit que moi rechercherait.

Il avait compris son jeu, mais il le laissait tranquille sur se point là. Il savait qu’il ne pouvait rien y changer et que visiblement il était borné comme pas possible… enfin si, comme beaucoup de mecs dans son genre, et c’était d’ailleurs ce qui faisait d’eux des mecs fiables et compétents en la matière. Le souci qui se posait désormais, si leur accord venait à être officialisé, c’était qu’il ne devait aucunement prendre connaissance de son appartenance à la confrérie : d’une part il ne pouvait prévoir sa réaction, et d’une autre part, il ne voulait pas la mêler à cette histoire. La confrérie fonctionnait en groupe, certes, mais chacun des individus et particulièrement les acolytes savaient qu’ils pouvaient avoir le choix du mode opératoire, tant que les débordements ne faisaient pas partie du processus. Pour ce sois disant « William », Russell n’était qu’un indépendant, et il comptait bien jouer sur ce point, même si potentiellement il se doutait qu’il ne travaillait pas seul. Il reprit alors avec toujours la même assurance, et en plongeant son regard dans celui de William :

- Il me faut des noms. Des têtes responsables de ces génocides et de ces meurtres soient disant « Inexpliqués ». Je crois qu’on partage la même conviction, mais j’ignore la moitié de qui tu es et tu en ignore autant à mon sujet. Trouve moi ces infos et on pourra passer au niveau supérieur… et je te garantis qu’à partir de là ca ne rigolera plus.

Ses mots sonnaient comme des sentences a l’égard des coupables de ces meurtres et des ces idéologies anti mutantes. Ceux qui adhéraient a ces idées n’avaient aucune conscience, et ne s’imaginaient pas de quoi étaient capables la confrérie, et d’autres du genre de William Smith. Ce qui était certain, c’était que les choses allaient pouvoir bouger dans ses plans et qu’il allait être en mesure de mettre ses plans a exécution : pour lui ou pour ses collègues, les informations qu’il réussirait a récolter grâce à William pourraient bien être la clé d’une bataille parfaitement engagée et dirigée d’une main de maitre, celle de Magneto, son idole et son Père adoptif, comme il le considérait. Rusty était un homme de terrain c’était indéniable, mais l’occasion de s’occuper de l’aspect de recherches d’informations venait de se présenter a lui, autant ne pas le laisser filer, car peut être qu’un jour, William rejoindrait la confrérie, en comprenant que là se cachait le réel plaisir de se sentir Mutant.

- Alors… In or Out ?

Question sérieuse lancée sur un ton humoristique, d’une part pour cacher les réelles intentions aux oreilles indiscrètes de ce bar, mais aussi pour rassurer William sur son tempérament et ses intentions a son égard.

Le trait d’humour masqué dans la phrase que venait de prononcer ce William avait eu le dont de faire sourire Russell qui cherchait déjà un moyen de répondre franchement et de manière concise afin que les choses soient claires. Il ne voulait pas d’une guerre civile, comme le laissait entendre le jeune homme, et visiblement ils étaient d’accord sur ce plan. Un partenariat semblait se profiler a l’horizon et cette idée enchantait le pyrokinésiste qui savait qu’il pouvait faire confiance a William, du moins c’était l’impression qu’il avait eu pendant la discussion. Il ajouta alors une fois son discours terminé :

- Je crois que les choses sont claires. Et je dois dire qu’il me semble que nous avons tous les deux nos secrets et que ceux-ci resteront cachés malgré la convergence de nos propos. Ca ne fait pas de nous des amis, parce que je n’en ai pas, je n’ai que des collègues, des personnes de confiances, et ma confiance ne se gagne pas aussi facilement. C’est aussi pour cette raison que je voudrais qu’on ne parle de cela a personne d’autre… le combat est large mais tous les deux nous pouvons combiner nos efforts pour mettre notre main a la pate : je ne voudrais pas qu’on monopolise le combat déjà entamé sur ce même sujet.

Il le regardait droit dans les yeux, comme pour chercher une vérité dans son regard, comme pour comprendre le vrai sens de ses paroles, afin de ne pas comprendre les choses de travers. Russell n’était pas du genre a prendre des risques, et il comptait bien y aller doucement a ce sujet : il devait apprendre a le connaitre, et chercher a comprendre son mode de fonctionnement : parce qu’entre ce qu’on disait et ce qu’on faisait réellement, il y avait parfois un large fossé de creusé. Mais il y avait également cette histoire de clans qui s'affrontaient sans cesse depuis des décennies, sans jamais pouvoir trouver un terrain d'entente. S'il savait d'où il venait, il pourrait potentiellement mal le prendre. Ainsi encore plus discretement, pour ne pas dire en chuchotant, il ajouta :

- Entre nous. Qu’est ce que tu peux faire de si spécial ?

Ils étaient de la même nature, d’une part parce qu’ils trainaient dans le même lieu, et d’autre part parce qu’un homme ne pouvait prétendre sauver la race mutante sans en être un. Il voulait être certain sur ce point et entre hommes à caractères bien trempé, il n’y avait rien de mieux que de le demander directement, sans passer par 4 chemins. Puis le fait de le chuchoter pouvait éventuellement mettre a l’aise l’homme « mur » qui se dressait devant lui. Autant être certain de la situation dans laquelle il envisageait de se lancer.

- Pas de gêne a ce propos, je crois qu’on est dans le meilleur endroit pour en parler.

Rusty se voulait rassurant, avec tout le mal qu’il avait pour faire cet effet en général. Il n’était pas doué pour rassurer les autres, c’était bien connu, lui qui donnait l’impression de rentrer dans le tas. Après tout, à Mutant Town, on trouvait la majeure partie des mutants du pays, c'était bien connu.

William avait joué le tout pour le tout. Il voulait une preuve de l’engagement de Russell concernant sa cause, et être certain de leurs valeurs communes ? Il pouvait être certain qu’il n’allait pas laisser les choses se passer comme ca. Ecoutant l’injure du jeune homme envers les autres occupants des lieux, il n’eut qu’un instant pour plonger son regard vers la fenêtre et réfléchir, vite et efficacement a la manière dont les choses pouvaient se passer à cet instant précis. Cinq ou six hommes se levaient de leurs piliers pour s’approcher des deux garçons et particulièrement de William qui s’était indirectement adressé a eux, en lançant une de ces phrases qui allait droit au cœur et qui mettait a mal leur fierté, bien plus que quiconque pouvait le penser.

Lançant un dernier regard à Timmy, le temps que William lance sa dernière tirade, il se leva nonchalamment de son tabouret, toujours armé de sa bouteille de bière en verre, et se rapprocha de William qui semblait déjà prêt à se jeter corps et âme dans la bataille. Dans sa tête, il pensait « Excuse-moi Timmy » tandis que ce dernier, lisant dans le regard de Russell, semblait désarmé face a la situation : cet homme ne demandait qu’une chose, que les choses se terminent bien, mais lui-même avait du faire face a ce genre d’incident dans sa vie et surtout dans son garage. Le seul problème était que Russell était bridé par les locaux, pleins d’essence, de saleté et d’alcool, pouvait provoquer une explosion incontrôlable pour n’importe qui, mais pas pour Firefist. Il fallait que les comptes se règlent dehors, mais les choses étaient belles et bien entamée, et il entendit l’un des hommes placés à moins d’un mètre de William prononcer la phrase suivante :

- On se connait peut être ?

Ni une ni deux, Russell pu distinguer le poing droit du jeune homme entamer un mouvement vers l’arrière pour se diriger directement vers le visage de William. Aussitôt vu, aussitôt réactif, Russell tendit sa main droite également et arrêta la « flèche » que représentait ce poing à quelques centimètres du visage de son nouvel acolyte, confrontant la force de son bras à celle de son adversaire. Entre eux se trouvait William, son oreille proche de la bouche de Rusty qui en profita pour ajouter silencieusement :

- Tu doutais de moi tant que ca ?

Il referma sa main sur le poing de l’attaquant laissant le temps à William de s’enlever du milieu tout en lui annonçant les dents serrées « Calme tes ardeurs gros lard » Il tira alors le poing de son adversaire sur le côté pour permettre a son poing gauche de s’incruster dans le visage de l’inconnu, lequel se mit a saigner du nez. Un coup de coude dans l’omoplate le fit avancer vers la baie vitrée, alors il en profita pour la lui faire traverser d’un coup de pied retourné assez bien contrôlé, lui permettant de sortir sur cette petite cours, où se trouvaient deux ou trois tables pour les plus sensibles a la chaleur. Ceux qui étaient dehors avaient déserté, voyant que les choses tournaient mal, et alors que Rusty sortit par cette entrave dans la baie vitrée, deux des mal aimés le suivirent vers l’extérieur : l’un a terre face a lui, et les deux autres dans son dos, il créa deux grandes flammes recouvrant ses bras en entier. Il se retourna et tout en souriant sadiquement, il ajouta à haute voix :

- On est bien mieux dehors vous ne trouvez pas ?

Il envoya alors deux salves de flammes, a l’image de deux lance flammes en direction des deux rescapés qui l’avaient suivit, qui se mirent à hurler de douleur avant d’aller se jeter dans des bidons d’eau quelques mètre plus loin. Il leva alors son regard vers William histoire de savoir comment les choses se passaient de son coté : ces hommes devaient être mutant, mais ceux auxquels avait eu à faire Russell n’en avaient pas montré le moindre signe, il attendait avec impatience, lui qui aimait le danger, son feu et la braise qu’il avait a la place du cœur. Ses flammes continuaient de recouvrir ses bras en entier, et en attendant la contre attaque il lança un regard empli de questions et d’indications que seuls les deux nouveaux acolytes pouvaient comprendre, comme un langage secret : Il ne voulait pas nuire a la réputation de Timmy, et il ne voulait pas faire exploser cet endroit qui regorgeait d’essence et de matière inflammable, voire explosive, mais s’il le fallait, il irait jusqu’au bout. Après tout, il n’était pas acolyte pour rien, mais çà, William n’était pas au courant.

Fort de son alliance avec William, Russell savait qu’il pouvait compter sur une épaule solide, et talentueuse. Il venait de le voir à l’œuvre, et il fallait dire que le jeune homme se débrouillait pas mal du tout. Mais l’intérieur du bar de Timmy n’était pas le meilleur endroit pour se battre, et surtout pour utiliser les flammes qui faisaient l’identité de Russell. Entre l’alcool qui y trainait et les bidons d’essences entreposés furtivement dans le coin, il y avait de fortes chances pour que tout explose ou parte en fumée… Russell ne voulait pas être a l’origine d’un tel accident, et encore moins a Mutant town. C’était pour ces raisons qu’il avait décidé de poursuivre l’histoire à l’extérieur, un peu plus d’air, plus d’espace et de ce fait, un large choix de manœuvre : seul inconvénient, les motos. William n’avait d’ailleurs pas hésité à le lui rappeler, ce qui fit vaguement sourire Russel qui tenait également au bon état de sa moto. Il annonça alors doucement, tandis que William se rapprochait de lui :

- Je ne compte pas les bruler mec. Je tiens à ma bécane.

Alors 3 nouveaux adversaires vinrent se poster devant eux, les dents serrées et pour deux d’entre eux, ceux qui étaient aux extrémités, un pied de biche dans les mains. Les choses s’annonçaient plus complexes soudainement mais cela n’allait pas arrêter le duo nouvellement formé pour l’occasion. Celui de gauche serra les points et laissa apparaitre des filets d’électricité… passionnant ! Le second, au centre, semblait être capable de se recouvrir de pierre, ses bras devenus littéralement pétrifiés. Le troisième quand à lui, n’avait pas encore dévoilé ses capacités : c’était donc la surprise du jour !
Tournant la tête légèrement en direction de son nouvel acolyte, Russell lui dit doucement sans angoisse aucune :

- C’est le moment de montrer tes talents. Au fait… avec moi y’a pas de stratégie !

C’est à ce même moment que l’homme du centre s’élança vers les deux guerriers en puissance. Quelques secondes plus tard, les deux autres suivirent le mouvement. C’était exactement au même moment que Russell prit appui sur l’épaule de William, afin de se donner assez d’impulsion pour grimper sur un bidon qui était posé devant eux, et sauter par-dessus l’homme de pierre. Un saut tout en agilité, et en finesse, qui prouvait à nouveau sa grande forme physique, avant d’atterrir d’un son sourd sur le bitume qui entourait le bar : l’homme de pierre était pour William, c’était le message qu’il souhaitait faire passer. Près de 2 à 3 secondes plus tard, les deux autres arrivèrent a sa hauteur et c’est ainsi qu’il décida de leur voler les deux pieds de biche qu’ils tenaient dans leurs mains. Un coup de pied retourné dans le thorax de celui de gauche, il récupéra le bâton en premier lieu. Il tenta de faire la même chose avec le second, mais c’était à cet instant qu’il avait décidé d’user de ses pouvoirs et de montrer qu’il était capable… de super vitesse.

L’homme de gauche allongé et se tordant sur le sol, et un pied de biche entre ses mains, il le porta a son épaule et se retourna pour visualiser l’endroit où s’était rendu l’homme de droite : il avait simplement reculé de quelques mètres en moins d’une seconde. Il dit alors d’un sourire ravageur, et ironique :

- Ca alors ! Je suis sur le C** !

A ce même instant, l’homme qu’il avait envoyé paitre dans les bidons se releva et tenta de lancer une décharge électrique en direction des deux acolytes, mais Russell en avait décidé autrement : Portant un coup de l’avant vers l’arrière, en le regardant simplement du coin de l’œil, il lui donna un coup de pied de biche bien placé sur le front. Celui là ne semblait pas bien farouche, puisque déjà hors d’état de nuire, alors il ajouta :

- Tssss, laisse les pros faire leur boulot.

Il se tourna alors en direction de William pour voir si les choses se passaient bien : dans sa ligne de mire, il pouvait voir l’affrontement de l’homme de pierre, avec William, et quelques mètres plus loin, l’homme traitre qui avait esquivé son attaque et qui courait à une vitesse incroyable : celui là allait bien leur poser quelques soucis.

Ce satané « Flash » lui tapait sur le système et même s’il avait réussit à se débarrasser sans trop de difficulté du tonnerre de service, il tentait de garder son calme pour trouver une solution sans exploser de rage : parce que Russell fonctionnait ainsi, a trop vouloir en faire, il accumulait cette chaleur insoutenable pour un simple humain, et risquait de la voir exploser à tout moment, chose impensable dans un endroit comme celui-ci. Entre temps William était parvenu à se débarrasser de l’autre balourd, ils étaient désormais deux contre un, mais sans avoir une seule idée de ce qu’ils pouvaient bien faire. Une des solutions était de le forcer à se déplacer loin de cette zone a risque, puisque l’endroit était facilement inflammable, puis s’ils avaient de la chance, le laisser bruler jusqu’à la mort s’il ne trouvait pas de point d’eau à proximité. C’était jouable pour ca Russell avait besoin de son nouvel acolyte, et même si son idée était presque visible par tous au travers de ses yeux, qui étincelaient la bonne idée, il ne pouvait pas en faire part à William : il ne restait que la solution du « Je te suis sans broncher ». Un peu impoli étant donné qu’ils commençaient à tisser des liens intéressants, mais la situation ne permettait pas de mettre toutes les manières dans leurs échanges. Alors il se décida et prit les devant :

- Viens on va se le faire…

S’approchant en courant de sa victime, Russell feinta la création d’une énorme salve de flammes : son corps devenait rouge, une certaine lueur épousant la forme de son corps et ses vêtements instables comme si un vent d’ouest était venu les caresser. La réaction de « Flash » ne se fit pas attendre : la fuite, comme c’était le cas depuis le début. Alors une fois éloigné de la zone à risque, il s’approcha de lui en envoyant de véritables flammes dans le sens inverse du garage. La moindre erreur pouvait signer l’arrêt de mort des deux nouveaux collègues, par le biais d’une explosion surprenante et impressionnante. Il espérait que son ami le tienne occupé de l’autre coté, le temps que Russell mette en place son plan… avec les moyens du bord. Puis en jetant un œil à sa droite, il vit une moto (Probablement celle d’un des balourds déjà mis hors circuit) avec les clés dessus. Il s’en approcha alors et grimpa dessus tandis que Flash Gordon virevoltait par ci et par là dans la zone sécurisée que Russell avait adaptée pour l’occasion. Il l’alluma, entrainé par ce désir d’en finir qui lui rongeait l’esprit depuis maintenant quelques instants : le regard noir tourné en direction de la zone de combat, il accéléra sans crier gare, puis s’approcha dangereusement des deux qui s’étaient déplacés plus loin. Grimpant sur la selle de ses deux pieds il fit mine de surfer sur une vague, sauf que dans ce cas précis, la vague allait être d’un tout autre type : il mit le feu a la bécane tout en sautant en arrière, amortissant sa chute en pliant les genoux et en posant sa main sur le sol. Un saut contrôlé, tandis que la moto enflammée se dirigeait vers les deux hommes. Il fallait que William se prépare à déguerpir, autrement il allait y passer.

Un…. Deux…. Trois…. BOUM !

Dans un timing parfait, comme s’il avait fait ca toute sa vie, il admira son œuvre. Des flammes d’une dizaine de mètre de hauteur dansaient devant ses yeux, sentant cette chaleur si commune et si agréable pour lui caresser sa peau. Ses cheveux en mèche sur sa tête dansaient également au rythme des courants d’air chaud qui arrivaient en sa direction. Les bras croisés, et pas exténué pour un sous, il analysait cette séquence. La question était maintenant de savoir : où était William ?