Te souviens-tu de moi? [PV Kuragi]

Les jours se ressemblaient tous. Je ne savais même pas depuis combien de temps exactement j’étais là. Des jours, une semaine ou deux peut-être, rien n’était certain. L’institut était et je n’appréciais pas ces lieux, je n’avais jamais eu l’habitude de rester statique bien longtemps, moi qui n’avais jamais fréquenté les bancs de l’école. Je me faisais pourtant violence pour rester le plus possible mais ne voyais toujours aucun progrès, aucun changement Je me doutais bien que les choses ne changeraient pas aussi vite mais je ne pouvais pas supporter d’attendre aussi longtemps. Je ne savais pas quand je pourrais enfin contrôler cela.

En plus de mon manque de progrès, il y avait les gens. Toutes ces personnes qui ne cessaient d’être là autour de moi, dès mon arrivée, certaines avaient tentées de venir vers moi mais je les ai toutes rabrouées, je ne voulais pas me mêler aux autres, je ne souhaitais pas me faire des amis. Je n’étais pas là pour cela et je n’oubliais pas mon réel objectif. Une fois celui-ci accompli, je n’hésiterais pas à partir sans me retourner. Le seul problème restait le où aller. Je n’avais nulle part où me rendre, pas de maison, pas de squat ni d’amis pour m’héberger. Je ne me faisais en réalité pas beaucoup de soucis, je savais que je retomberais sur mes pattes, comme toujours.

J’étais assise sur un arbre, regardant mes paumes avec attention, comme si j’espérais voir apparaître une sphère mais rien. Je ne comprenais pas pourquoi cela ne se produisait que sous le coup de mes émotions, sans ces dernières je n’étais plus capable de rien, sauf de me régénérer. M’adossant à l’arbre et laissant mes jambes se balancer dans le vide j’ai soupiré. Une brise souffla, agitant les feuilles ainsi que mes cheveux laissés libres. Cessant de contempler mes mains, je me suis mise à jouer avec mon bracelet avant de m’immobiliser dans l’arbre, regardant en dessous de moi. J’étais à peine à 5 mètres du sol et pourtant je semblais masquée de la vue de tous. Peu de personnes songeaient à regarder en l’air, surtout en forêt et si certaines le faisaient, elles seraient peu à distingue ma silhouette dans les ramures. Je portais aujourd’hui une tenue enfilée à la va-vite, des rangers un pantalon treillis et un simple débardeur noir. Il me fallait juste une plaque et on pourrait même me mettre à l’armée.

Située dans un arbre non loin du lac, j’ai vu un couple qui est allé vers ce dernier, s'installant au bord de l'eau pour y tremper leurs pieds par ce début d'après midi de printemps. Sortant mon appareil photo de sa house placée dans mon petit sac, j’ai immortalisé la scène qu'ils représentaient avant de ranger le tout dans ce sac. Fermant les yeux, je me suis reposée, restant ainsi, bercée par le bruit du vent, par la solitude et la quiétude. J’étais enfin face à une tranquillité que je n’avais cessé de chercher et qui finalement m’était enfin accessible. Je ne dormais cependant pas, d’un part car je ne voulais pas risquer une stupide chute, et d’autre part je ne voulais pas non plus repenser au passé et à mon dernier cambriolage. J’étais à l’origine d’un sacré fiasco je devais le reconnaître mais c’était ainsi.

J’étais ravie que tout ceux avec lesquels je partageais les cours ne soient pas là, qu’ils n’aient pas tenté un énième rapprochement. Ils avaient rapidement compris et s’il pouvait en être de même pour les autres cela serait juste génial.

J’ai rouvert les yeux, regardant le ciel clair, les nuages et le soleil. C’était une belle journée pour prendre l’air, surtout en forêt, loin de tout ce qui semblait avoir un trait avec la civilisation. C’était en réalité l’un des côtés que j’appréciais ici, la nature.

Un bruit attira mon attention mais je n’y ai pas prêté directement attention. J’étais simplement perdue dans mes pensées avant que finalement je ne finisse par porter un soupçon d’attention au sol. Sous mes yeux, des affaires mais pas de propriétaire, au contraire, il n’y avait qu’un animal, un loup imposant et peu aimable à première vue. Je me suis redressée, saisissant une branche un peu plus haute, me hissant sur cette dernière à la force des bras alors que l’animal semblait vouloir me rejoindre.

Il y avait quelque chose de suspect, depuis quand les loups montaient aux arbres, depuis quand voulaient-ils saisir des proies ainsi ? Habituellement ils étaient censés attendre en bas de l’arbre, comme n’importe quel canidé. Me maintenant à la branche, j’ai regardé l’animal qui venait de tomber au sol, c’était prévisible. Mon regard noir le foudroyait alors que mon cœur battait de plus en plus vite. Je commençais à avoir peur et si les choses continuaient ainsi, j’allais recommencer comme la nuit où j’avais tué ce petit et je ne le voulais pas.

Redescendant doucement sur la branche sur laquelle j’étais initialement je me suis rendue compte que je n’avais plus un loup mais un humain face à moi. Encore une de ces saletés d’élèves, il y en avait partout et même ici je ne pouvais pas être tranquille.

« T’es qui et tu m’veux quoi toi ?! »

Je n’allais pas perdre mon temps en vains efforts pour me montrer polie ou aimable, cela ne servait à rien. En observant plus attentivement pourtant, j’ai eu l’impression de le reconnaitre, ou en tout cas, je l’avais déjà vu quelque part. Je ne parvenais pas à me souvenir où et je ne lui ferais pas le plaisir de lui demander si nous nous connaissions. C’était tellement futile comme question, je m’en souviendrais plus tard ou il m’aiderait à faire la lumière à ce propos, c’était aussi simple que cela.

Je ne suis pas descendue plus, restant sur mes gardes, ne voulant pas me faire avoir comme une bleue. Je me suis accroupie sur la branche, observant en silence, cherchant à me souvenir où j’avais bien pu le voir.

« Tu fais quoi ici ?! »

J’étais agressive dans ma manière de parler, je ne voulais pas me faire avoir et j’avais toujours été ainsi, aussi loin que remontaient mes souvenirs. La douceur ne faisait pas partie de mes qualités et j’avais tendance à être directe lorsque je m’exprimais. M’asseyant finalement, mes jambes ballotaient dans le vide avant que je ne me laisse tomber au sol, faisant face à cet homme sans crainte. En cas d’affrontement, autant partir à armes égales.

Il n’y avait pas de doute, j’étais bien face à un mutant loup, ce dernier avait encore sa queue ainsi que ses oreilles en signe de l’animal qu’il fut quelques secondes plus tôt à peine. J’étais peu aimable et je menais un véritable interrogatoire sans douceur ni attention. La seule chose qui m’intéressait était d’obtenir des informations sur lui sans trop lui en donner à mon sujet.

Sa réponse pleine d’ironie me donnait envie de le frapper simplement, je ne parlais pas de l’Institut mais des bois, seulement il avait choisi de comprendre ce qu’il voulait. Je n’aimais pas que l’on me prenne de haut et j’avais une fâcheuse tendance à agir et à réfléchir ensuite. Un sourire moqueur éclaira mon visage, je n’étais donc pas aimable et il ne me répondrait pas ? Soit. Je ne me battrais pas pour obtenir une réponse, encore moins venant d’un chien, même si ce dernier me semblait plus que familier.

Je me suis approchée de lui, restant à une demi dizaine de pas de lui, prête à me défendre, restant sur mes gardes, mais ne me retenant pas de l’observer, comme un prédateur devant sa proie. J’allais peut-être jour avec lui ou tout simplement céder et me battre, ou encore, et c’était bien moins probable, m’en désintéresser.

Le bois n’était pas très fréquenté, il était tranquille et désert, un vrai havre de tranquillité à cette heure-ci, mais cela ne devait pas être le cas tous les jours je m’en doutais bien. Je réfléchissais, je cherchais, je ne pouvais pas l’avoir rencontré et oublié aussi vite, ce n’était pas possible, pas une personne à l’apparence lupine si développée. Je continuais de faire des ronds autour de lui, passant l’une de mes mains dans mes cheveux, avant que je ne m’immobilise finalement.

« J’parle comme je veux. Si ça te plait pas, personne ne t’obliges à rester ici avec une meuf peu aimable. J’suis comme ça, tu devrais le savoir. »

Allait-il confirmer les choses ou étais-je la seule à penser le connaître ? J’ai étouffé un bâillement avant de fouiller dans ma poche, ouvrant une petite boite et saisissant une gélule que j’ai mise dans ma bouche, l’avalant sans rien pour la faire passer. Je n’avais pourtant pas mal mais j’ai préféré en prendre une, de manière préventive. Je faisais souvent ça depuis quelques années, mais les médicaments alternaient, tantôt des antidouleurs, parfois des somnifères. Tant que ces derniers étaient forts, je trouvais mon bonheur et renforçait également mon addiction.

J’écoutais les bruits autour de nous et seul le silence de la forêt nous répondit, seule cette dernière assistait à l’affrontement implicite entre nous deux. Il avait un bon petit caractère exécrable, comme le mien. En réalité, toute personne me résistant était exécrable, c’était aussi simple que cela.

« Si t’as rien à dire, tu peux aussi te barrer, j’suis pas là pour faire un show. »

S’il était juste la pour je ne sais quelle raison, il pouvait partir, me laissant à nouveau seule. Je n’avais pas particulièrement envie de traîner avec lui. Pourtant, à peine ma phrase fut-elle terminé qu’une sorte de mini flash me parvint, comme si je me souvenais enfin de là où je l’avais vu. Quelque chose me disait que c’était en lien avec les Show, état-il un client du bar ou de la boite ? Avait-il déjà fréquenté le même milieu que moi, l’avais-je rencontré lors d’un casse ou d’une mission de renseignement ? Pourquoi lorsque j’en avais besoin, ma mémoire me faisait défaut ? Chienne de vie.

Je le regardais tirer sur son collier, ce n’était pas la première fois, au contraire, il semblait être mal à l’aise avec, ou alors c’était simplement un tic. Je ne le quittais pas des yeux, regardant ses yeux changer de couleur, passant de rouge au bleu, des yeux que je connaissais, je le savais. Je tentais de mettre en relation tous les éléments que j’avais sur lui et petit à petit cela me revenait. Je le connaissais, c’était une certitude, il avait dû passer à la boîte quand je dansais ou servais, il avait du participer à des combats que j’étais obligée de regarder, allez souviens toi. Un gars avec une apparence de loup, qui se change en loup, avec des yeux bleus qui deviennent rouge et vice versa.

J’ai donné un coup de pied dans l’herbe, énervée par cette absence de souvenir avant que finalement je ne me laisse tomber le long de l’arbre qui m’avait servi de perchoir. Ramenant mes genoux contre ma poitrine, je ne le regardais plus encore une fois. Il sortit lui aussi un comprimé qu’il avala, quel beau duo de toxico nous formions. Il insistait, certes mais il avait raison, nous nous connaissions.

Au moment où j’allais lui donner mon nom, je me suis alors souvenue d’où je le connaissais, je me suis souvenue du lui, et j’avais presque envie de lui rendre son sourire, enfin presque. J’étais encore ne simple serveuse et ce jour-là, alors que la ville était plongée sous la neige il était venu et nous avions parlés tout deux avant que finalement je ne décide de le rayer de ma vie. Les choses avaient changées depuis et je n’étais plus obligée de le fuit, enfin je l’espérais.

« C’est moi. Akshaya ou Althéa, je sais plus quel nom je t’avais donné, ça n’a pas réellement d’importance. Toi, j’me souviens enfin que les autres t’appelaient Kiro.. non Kira c’est ça ? »

J’étais hésitante, je ne savais plus réellement comment il était appelé à ‘époque, mais je sais en tout cas qu’il était réputé pour ses combats. Après notre rencontre qui s’était avérée unique je m’étais tout de même renseignée un peu sur lui, pour faire passer le temps pendant mes longues journées toutes plus ennuyantes et dégradantes les unes que les autres. J’étais calmée à présent , comme rassurée de trouver une personne que je connaissais plus ou moins. Ce n’était pas stupide, c’était nature, même si je ne jurais que par la solitude, j’avais besoin ne serait-ce que d’un seul point de repère, même si nous ne disions que bonjour ou jetions un seul regard tous les trente-six du mois.

Croisant mes bras autour de mes genoux je l’ai regardé avant de lui demander tentant de mettre moins d’agressivité dans mes propos.

« Depuis quand t’es ici et c’est une habitude pour toi t’attaquer les gens dans les arbres ? »

Je le regardais d’une manière neutre devant la passé qui m’était revenu en mémoire. Je n’étais ni heureuse ni en colère de le revoir, je le retrouvais c’était aussi simple que cela. Je n’étais plus seule à l’Institut, ce n’était si mal au final.

Kira, Kuro, Kuragi, c’était pareil pour moi mais je ferais l’effort de l’appeler Kuragi, pour ne pas lui rappeler l’arène. Serveuse dans un bar, si seulement cela s’était limité à ça. Je n’ai pas eu la chance de servir uniquement des cocktail ou nettoyer les tables mais il n’avait pas à la savoir, cela ne le concernait pas. Je garderais toujours une part de ma vie pour moi, c’était obligé, je ne pourrais supporter de toute dire, de m’exposer et me dévoiler intégralement. Arrachant de l’herbe autour de moi, j’écoutais le bruit qu’elle faisait lorsque je retirais de la terre nourricière sans hésitation.

Il s’était approché lentement avant de s’installer en face de moi, dépliant mes jambes, je me suis mise en tailleur, continuant de manière obsessionnelle l’arrachage de l’herbe qui m’entourait. Toute cette verdure qui semblait si parfaite me donnait la nausée aujourd’hui. Sa réponse me réconforta en un sens, si cela faisait plusieurs mois qu’il était à, il pourrait m’aider et me dire tout ce qui était interdit de faire ici et les sanctions encourues en cas d’entrave au règlement. Cet endroit semblait trop bien pour être clair, il y avait quelque chose d’étrange, ou alors je me montais simplement la tête ce qui était probable également.

Ma seconde question déclencha un amusement non dissimulé et silencieux qui me fit presque grincer des dents. Je n’aimais pas être la cible du rire, ni même le provoquer à proprement parler, je me sentais mal à l’aise, j’avais toujours l’impression qu’on se moquait de moi-même si ce n’était pas le cas. J’ai détourné le regard, serrant les temps pour ne pas me montrer désagréable. Je devais être patiente, calme et surtout… non pas agréable, ça je ne pourrais pas. Je pourrais faire tous les efforts du monde, ça ne marcherait pas.

« J’sais pas depuis combien de temps j’suis ici. Deux semaines j’crois, ou un peu moins… Pas plus en tout cas, c’est sûr. Pis pour te reprendre, les loups, ça grimpe pas aux arbres effectivement. Pourquoi tu l’as pas fait sous cette... forme ? Fin j’sais pas comme tu dis quand t’es animal ou humain mais en tout cas tu aurais eu plus de chance comme ça.»

Voilà que je me mettais à lui faire la leçon maintenant, je me suis arrêtée de suite, ce n’était pas mon genre et je n’allais pas continuer sur cette voie là. Je me suis interrogée sur son collier, il avait certainement une importance particulière pour lui. Je ne savais pas encore laquelle mais c’était une certitude, tout comme ma bague et mon bracelet ne me quittaient jamais.

« Il y a beaucoup de gens comme … nous ici ou c’est tous des gosses de bonne familles qui ne connaissent que le confort ? J’ai pas réellement pris le temps de me faire des potes, j’en ai pas envie en fait. »

Regardant autour de nous, je n’ai rien vu d’autres des arbres, le silence de la forêt était apaisant mais oppressant dans le cas présent.

Mutation aléatoire… comme moi, comme ce que je faisais. Il ne contrôlait pas ses métamorphoses ? Moi je ne contrôlais pas mes sphères et bien souvent les conséquences étaient désastreuses. Encore une fois lui et moi venions de nous trouver un point commun. Nous faisions de piètres mutants si nous n’étions pas capables de nous contrôler et d’éviter de faire n’importe quoi autour de nous. C’est peut-être pour cela qu’il avait fini par accepter de venir ici.

Des bobos, des fous qui venaient de leur plein gré et des comme nous. Génial, je sentais que j’allais adorer ça, ou pas. S’intégrer ne servait pas à grand-chose, sauf à trouver une sorte de paix intérieure, à se rassurer auprès d’amis lorsqu’on avait peur, à trouver du réconfort lorsque le besoin se faisait ressentir. Ce n’était pas mon cas, lorsque j’avais peur, je me battais seule contre mes chimères, quand j’avais besoin de réconfort, je prenais sur moi. Je n’avais jamais été entourée d’une bande d’amis, j’ai toujours été seule avec moi-même.

Tournant ma tête vers lui, je l’ai regardé en essayant de ne rien laisser paraître sur mon visage. Des gens comme nous qui… voulaient oublier le passer ? Comment pouvait-il me mettre dans le lot alors que ce n’était pas ce que je recherchais. Il pensait me connaître mais ce n’était pas vrai, il ne me connaissait pas. Il avait beau prétendre qu’il savait qui j’étais, c’était un mensonge. Jamais je ne voudrais oublier ce que j’avais fait, ni même ce que je suis. Jamais je ne pourrais faire comme si tout allait bien et que je vivais dans le meilleur des mondes. Je me suis levée afin de mettre mes mains dans mes poches, masquant mon énervement naissant dans un vain espoir. S’il était réellement loup, il pouvait sentir aisément mes sentiments et cette colère qui montait en moi.

« Je ne cherche pas à oublier ce que je suis ni ce que j’ai fait. Je suis une clocharde, une voleuse, une ancienne et peut-être toujours escort-girl. J’suis hôtesse dans la boite de Jeff’ et c’est ce que je serais toujours tant que je peux lui être utile, après ça sera retour à la rue j’le sais bien. Comment veux-tu que j’oublie ça ? Ça ne serait que m’entourer d’illusion. La réalité est dure mais au moins, elle est fiable. »

J’ai commencé à gratter mon bras gauche sans m’en rendre compte, plantant mes ongles dans ma peau et continuant. Je regardais le sol d’un air vide avant d’observer les alentours comme si je découvrais cet endroit pour la première fois. Il y avait des rires, des animaux qui jacassaient et perçaient le calme de leur cris disgracieux. Cette pseudo harmonie n’était qu’une façade cachant ce que je détestais le plus, une sorte de prison dans laquelle je m’étais laissée enfermée, une prison dans laquelle j’avais moi-même passé mes menottes.

J’ai à nouveau regardé le loup, me sentant plus qu’hésitante désarçonnée par une proposition aussi dérisoire et surréaliste. Je ne parlais jamais, j’avais été fait pour agir, par pour taper la causette et pleurer lorsque tout les malheurs du monde s’abattaient sur moi. Ce n’étais pas mon genre mais je ne pouvais pas envoyer bouler mon sul appui ici, je ne pouvais pas faire comme habituellement et le rembarrer. Je devais prendre sur moi et accepter ma faiblesse, ne serait-ce que pour cet instant.

« D’accord. J’y penserais, c’cool de ta part. »

Sans trop m’avancer, je pouvais au moins prendre sur moi et faire ce sorte de compromis, même si je doutais fortement que je lui parlerais de tout, j’en étais même sûre. Arrêtant de m’arracher la peau, me rendant compte de ce que je faisais je me suis mordue la lèvre gênée avant de fixer ma blessure qui commençait à se guérir d’elle-même. Les rires m’insupportaient, je n’aimais pas les bois, je ne supportais plus d’entendre tout ce monde autour de nous, je ne supportais plus d’entendre leur joie, je ne voulais qu’une chose, un coin tranquille.

« Hey ! Tu connais pas un endroit plus calme qu’ici, j’en ai marre de tout ce bordel, j’veux rester au calme si possible. Peu importe si c’est loin , j’te suis. »

[Désolée su retard mais j'ai eu une semaine assez chargée, j'espère que ça te convient sinon je peux éditer =) ]

Il pouvait oublier ? Ce n’était en rien une fierté, au contraire, c’était honteux, je ne comprenais pas que l’on puisse se vanter d’avoir la chance d’oublier le visage de ses victimes. Je n’en avais pas tué beaucoup, mais j’en avais tout de même tué, et certains en trop. Me souvenir d’eux était une forme de respect et quand on a rien dans la vie, le respect peut être l’une des seules chose à laquelle on peut se raccrocher. Même si j’avais pu oublier, je ne l’aurais pas fait, je ne l’aurais pas voulu. Cela aurait été renier mon passé, renier ma vie et ce que je suis. Or j’assumais parfaitement celle que j’étais, j’assumais parfaitement d’être une garce et une pauvre fille, j’assumais le fait de n’être rien qu’une asociale hystérique.

Je ne pouvais cependant pas lui dire les choses aussi franchement, je ne pouvais pas lui dire à quel point son comportement était à l’opposé du mien, je me devais de rester calme le plus possible, pour que ce séjour ne soit pas le pire de ma vie. Et pourtant les choses commençaient déjà mal, j’avais appris qu’ici, étant mineure je ne pouvais sortir comme bon me semblait, que j’étais obligée d’avoir un tuteur parmi ces gens qui formaient l’élite, les x-men … Je pensais que c’était une grosse blague mais en réalité non, ils étaient tout à fait sérieux. J’avais commencé à me renseigner brièvement à leur sujet, presque tous étaient riches à se baigner dans une piscine emplie à en déborder de pièces et de billets. Frost, Worthington, des riches sans équivalent, pour les autres mutants formant le groupe des X-men, je n’en savais pas plus mais je n’avais pas envie de découvrir cela plus profondément, préférant rester en surface pour le moment.

Le regard que je lui ai lancé lorsqu’il parla d’aller en ville fut sans équivalent, il me prenait pour une buse ? C’était un test ou lui-même n’était-il pas au courant des règles ici ? Nous n’avions pas l’habitude de suivre d’autres règles que les nôtres mais en acceptant de venir ici, nous avions acceptés d’obéir, même si cela devenait bien plus que difficile alors que je n’étais pas là depuis longtemps.

« Euh, t’es sérieux là ? Parce que j’sais pas si t’es au courant mais on a pas arrêté de me saouler avec le fait que je n’avais PAS le droit de sortir sans un tuteur ou un truc de ce style et de toute façon la ville est trop loin, j’ai pas envie de marcher. Va pour l’institut au pire, on devrait trouver un coin pénard. »

Le bâtiment qui constituait l’institut était juste géant et je n’avais pas pris le temps de bien l’observer, peut-être que Kuragi pourrait me montrer les coins à éviter absolument comme le bureau d’un prof particulièrement casse pied ou autre. Ce n’était pas une journée folle qui s’annonçait, mais au moins je n’étais plus seule, pour le moment.

Je commençais à piétiner autour de lui, impatiente de me mettre en mouvement et de quitter toute cette agitation. Je jouais à mon asociale aujourd’hui je commençais à en avoir assez de voir tout ce monde autour, je craquais littéralement, trop d’inactivité pour moi, je n’en pouvais plus, j’avais besoin de solitude, ou du moins de ne plus être en compagnie de trop de monde, je voulais me retrouver dans ma sphère, avec la seule personne que je ne détestais pas.

« On y va? J'te suis. »