Vendredi 14 Novembre 2014 – 09 : 13 A.M.
Ma vie est d’ordinaire rentrée dans des cases, cases qui ne diffèrent que le week-end avec seulement le dimanche d’imprévu. J’ai conscience d’être organisée à en être réductrice, avec tous ces horaires, mais c’est ainsi que je fonctionne. Tous les matins, je suis debout aux sept heures, me préparant pour le sport et m’échauffant avant de simplement descendre en cuisine me faire un thé et remonter à mon aimée un bol de lait chaud avec des céréales pour les huit heures. De huit heure à onze heure trente, je m’entraine d’abord seule puis, à partir des dix heures, aux côtés de Rachel dans son nouveau programme d’entrainement en Salle des Dangers ; cadeau d’anniversaire plutôt apprécié. On réapprend à travailler en équipe et elle ne m’amoche plus trop au cours de l’exercice et même quant elle le fait, c’est toujours gentillet et bien loin des hématomes et autres blessures plus ou moins superficielles du passé. Lorsque c’est fini, je retourne à la chambre me doucher et prendre une tenue plus adéquate aux activités de l’après-midi, soit l’internat en psychologie qui prend la forme de suivis les lundis et vendredis et de garde les mardis et jeudis, tandis que le mercredi me voit me rendre dans d’autres villes pour continuer de préparer mon autre thèse ; activité que je suis libre de faire lors de mes gardes également, puisque les patients restent peu nombreux et généralement ont rendez-vous, l’avantage de la petite structure. Largement compensé par tous les désavantages genre les cas psychiatriques qui m’ont été remit alors que je ne suis pas encore psychologue et autre détail du genre que je dois exercer sous tutelle alors que ma maitresse de thèse n’est plus des nôtres. Le jour où la société américaine de psychologie vient foutre son nez dans nos affaires je suis bien dans la merde mais l’Institut a cette opacité du fait qu’on lave notre linge sale en famille donc c’est surtout du pas-vu pas-pris. Mais passons : je déjeune à midi au self avec les filles, Caitlyn, Rachel, Nobody, en général et parfois Irina et/ou Sage, puis soit je dispose d’une heure de battement de treize à quatorze heure que j’improvise sur le pouce même si elle tend à poursuivre ma photosynthèse déjà entreprise durant le déjeuner ou bien à me rendre à New York City ou autre lieu nécessaire à l’activité étudiante qui m’occupera jusqu’aux dix-huit heures. Et à la sortie, soit j’ai le délai de retour à l’Institution soit une nouvelle heure de battement généralement mise à profit pour de la photosynthèse (si le soleil est encore là, ce qui n’est pas le cas en hiver malheureusement) ainsi que de simples discussions amicales à tendance gossip. Dix-neuf heure et je rentre à cette chambre dont je ne ressortirais vraiment que le lendemain pour reprendre cette routine extérieure, retrouvant ma famille et continuant d’aspirer à une véritable maison pour nous. Elle est belle ma théorie, hein ?
Parce que oui, je m’améliore. Même si les grandes planches horaires ont toujours été à remplir, genre le sport que je pratique chaque matin est généralement défini le matin même, je commence à faire des entorses à cela également. Et c’est ce qui se passe en ce vendredi où il me reste encore trois bons quarts d’heure avant d’être en retard sur la séance en Salle des Dangers. Pas d’entrainement physique seule aujourd’hui, non, mais un entrainement d’un autre type. Enfin, « entrainement » c’est ce que je prétendrais si je me fais chopper parce que j’aborde beaucoup plus cela comme un jeu. Un jeu que je n’ai jamais eut le droit d’accomplir dans mon couple et qui motive d’ailleurs ma « migration » dans ce lieu assez improbable qu’est la salle de bain du dortoir des filles. Et attention, celle avec les baignoires, pas celle avec les douches ! J’ai besoin de place. Cela fait plus de deux ans que je n’y ai pas réellement mit les pieds mais j’ai néanmoins attendu un horaire où la majeure partie des élèves seraient en cours pour être presque certaine de ne pas être dérangée dans ma pratique de la polymorphie. La faire à la chambre peut sembler plus logique, oui, mais je n’aurai pas été à l’abri de l’arrivée inopinée d’une Jade souhaitant ce doucher ou de Caitlyn ayant un truc à prendre. J’estime donc que c’est encore ici que je serais la plus tranquille et la mieux cachée ; pas-vu pas-prise, comme au boulot. Mon aimée tolère la polymorphie capillaire mais pas réellement les autres, je pense que du coup je serais tout aussi malaisée si elle ne découvrait en train de jouer avec cela que si elle me découvrait en train de réitérer un apprentissage de sa part sous la douche. L’évoquer, ok, mais plutôt avec un malaise honteux en général. Jade est plus cool là-dessus, malgré que je m’y sois prise comme un pied la première fois que j’ai voulu sa participation à ce genre de jeu, et d’excellent conseil d’ailleurs. Juste que du fait que je fasse cela « en cachette », je pense que j’aurai taupinée aussi si elle m’avait découverte.
Mon rapport à ma mutation est passé par beaucoup de stade, depuis la simple différence sans grande conséquence à une chose qu’il fallait amplifier pour devenir plus forte, une chose qui amplifiée me terrifiait par sa dangerosité, un rejet profond suite aux conséquences de la dangerosité, un début d’apprivoisement suite au rejet profond et la poursuite de cet apprivoisement par la maitrise. Tout cela est généralement venu à force de douleur et de non-choix, l’adaptation pour la survie et continuer à vivre, alors maintenant je tâche de me familiariser avec cette partie de moins et d’y trouver une légèreté et une forme de loisir. C’est très galère avec la symbiose mais je ne perds pas espoir d’y arriver, c’est plus simple avec la polymorphie pour peu qu’on ait des idées. Imiter une personne est très difficile puisque cela nécessite une connaissance de l’apparence de l’autre extrêmement poussée, je n’y arrive que pour trois apparences personnellement, tandis que créer de A à Z une nouvelle apparence est intéressant mais relativement long, il faut penser à tout un tas de détail et on peut vite s’empêtrer puisque le développement n’a pas grand-chose de naturel, il n’y a ni génétique ni morphopsychologie. Généralement, l’imagination d’autres personnes supplée à la mienne et cela en devient un jeu d’expérimentation et de « et si ? » qui me plait assez, puisque c’est bien connu qu’il sera toujours plus facile d’essayer de se changer que de s’accepter. Sans compter qu’on se retrouve parfois avec des résultats assez étranges. Seule, cela peut passer par une recherche internet de personnalités connues dont on apprécie un trait de caractéristique et qui tourne au melting-pot de tout cela, ou à la plus simple expression d’une apparence fantasmée. Mais une fois dépasser ce stade, on a l’impression de vite tourner en rond. Il est à noter que je n’ai jamais créé de personnage lié à une apparence, bien trop timide pour cela, et que je n’ai jamais essayé de parader avec ; Caitlyn a beau aimer les déguisements et j’ai beau percevoir la polymorphie comme une manière différente de se déguiser, je sais qu’elle n’apprécierait vraiment pas. Peut-être un jour réussirai-je à avoir le droit de le faire pour une occasion spéciale, j’espère d’ailleurs y avoir droit pour les symbioses, mais pas dans la norme.
L’idée du jour est relativement simple : mélanger les apparences. Je maitrise trois apparences, deux pour avoir souvenir de les avoir eue et une troisième pour la connaitre sous tous les angles, grâce à une étude quotidienne oculaire, tactile voir linguale. Plutôt que de simplement prendre lesdites apparences, choses déjà faite pour le meilleur et pour le pire, essayer de les mélanger avec la mienne me parait intéressant. Je finirai sans doute par demander à mes intimes ce qu’ils en pensent mais comme j’en suis pour l’heure à la création, je tâcherai de garder cela secret.
Ma plus grande difficulté en tient à l’agencement de la pièce, en réalité. Les séparations entre les diverses baignoires forment des petites pièces assez grandes pour que j’y prenne mes aises, c’est pour cela que j’ai prise cette pièce plutôt que son homologue avec les douches, néanmoins il n’y a pas de miroir ce qui implique que pour regarder le résultat je ressorte dans la partie principale afin d’aller regarder à ceux qui surplombent les éviers. Et c’est là que j’ai le plus de chance de me faire voir car si la polymorphie se fait les yeux fermés par visualisation mentale et sensation comparative alors que ma chair se sculpte il me faut bien examiner le résultat et c’est donc vêtue d’un peignoir plus ou moins ouvert sur ma nudité que j’entreprends de le faire dans les glasses ; et pour ne pas mentir, c’est plus ouvert que l’inverse.
La première apparence que j’imagine est un mélange qui ne surprendra probablement personne : avec Caitlyn.
Ma taille diminuera d’une demi-douzaine de centimètre pour trouver un équilibre entre les nôtres, mes mensurations garderont l’équilibre entre mes tours de poitrine et de hanche mais celui de taille diminuera pour prendre le sien et mon bonnet restera inchangé. Mon visage changera également car si je garderai mon front, j’unirai sa courbe sourcilière à mon épaisseur puis prendrai la forme de ses yeux, à défaut de pouvoir en imiter l’intensité, et retravaillerai mon nez comme mon menton pour qu’ils soient siens, le premier plus large et témoin de son émotionnalité et le second plus fin et moins carré. Mes lèvres se mélangeront aux siennes également pour la douceur de sa supérieure. Et enfin, là aussi s’en sera peu surprenant, ma chevelure roussira et se lissera même si elle suivra la même logique que de norme, fonctionnant par paquets plus ou moins bordéliques, et je prendrai le rebondit de ses fesses.
Que penser de cette apparence lorsqu’elle me fera face dans le miroir ? Elle devrait hériter du charme irlandais de Caitlyn et le mélange de nos proportions devrait donner plus d’équilibre au tout, même s’il sera toujours impossible de parler de taille ou de ligne mannequin. Cela devrait être une jeune femme assez plaisante visiblement douce et émotive, intelligente également, mais il est quelque chose qui manque. Je n’arrive à dire ou même savoir quoi mais c’est un sentiment qui est là ; il me conduit même à porter une main à mon ventre.
La seconde apparence que j’imagine me vaudrait surement pas mal de problème mais elle fait parti, et est même historiquement la première, de celle que je suis capable d’adopter : Emma Frost.
Ma taille ne bougera pas réellement, j’ai toujours trouvée mon ancienne amie trop grande, quand à mes mensurations si elles baisseront encore au niveau du tour de taille les deux autres augmenteront de plusieurs pouces ; à défaut d’avoir, avant sa chirurgie tout du moins, un bonnet supérieur à la norme, son tour de poitrine l’était ainsi ses seins paraissaient déjà plus gros. Mais le tout restait équilibré et suivait même la règle du tiers, ce qui nous fera rentrer dans du mannequinat. Mon visage s’affinera, que ce soit au niveau du front, du nez ou du menton, pour devenir sien même si je garderai la forme de mes yeux et adopterai la couleur de siens. Les sourcils comme les cheveux imiteront également ceux d’Emma, que ce soit dans la raideur des premiers ou dans la blondeur partielle des secondes, même si au final ils resteront miens dans leur agencement. Enfin la bouche restera mienne entièrement.
Que penser de cette apparence lorsqu’elle me fera face dans le miroir ? Elle devrait contenir toute la froideur d’apparat de mon ancienne professeure et toute sa majesté également. Les proportions étant celle d’Emma plus que les miennes elle devrait être aussi féminine que l’était cette dernière, même si elle correspondra plus à ce qu’elle était il y a une demi-douzaine d’année qu’à celle que j’ai connue et côtoyée. Comme pour tant d’autre il ne me reste que son souvenir, avec le supplément de ses huit années de souvenirs également. Jeune femme déterminée et difficile à cerner, froide et dure.
La troisième apparence que je sais prendre et donc avec laquelle je jouerai est sans doute celle qui ferait le plus jaser : Rachel.
Ma taille et mon poids resteront inchangés à la différence de mes mensurations dont les tours de poitrines et de hanches augmenteront alors que celui de taille baissera, prenant ceux de Rachel de même que ma poitrine en prendra la profondeur ; ça c’est fait, quand on a une personne qui aurait pu finir miss USA on ne se pose pas tant de questions que cela niveau physionomie. Mon visage changera également car même si la partie haute restera mienne, mon menton, mes joues et ma lèvre inférieure prendront le même aspect que les siens. Mes yeux changeront de couleur également, non pas pour son vert mais pour un brun sombre, tandis que mes cheveux resteront inchangés.
Que penser de cette apparence lorsqu’elle me fera face dans le miroir ? Qu’elle devrait probablement ressembler à celles dont j’enviais le physique lorsque j’étais encore la Ptite Brune. Elle devrait avoir cette physionomie sexy qui attire le regard comme chez Rachel et fait qu’elle aurait plus sa place dans des défilés que dans un quotidien que l’on peut attribuer à mon amie également. Elle ne devrait imiter le charme de cette dernière, puisqu’il est fait de son attitude ; cela pourrait être assez vexant pour moi d’ailleurs si je cherchais à compenser des manques physiques, ce qui n’est pas le cas. De toute façon, je pense rester celle qui a le plus de charme de toutes mes créations d’aujourd’hui même si les goûts et les couleurs ne se discutent pas. En revanche, je crains devoir un point à Caitlyn : le 85B n’est pas petit, certes, mais il semble assez moyen à côté des autres…
Mais ce n’est là qu’imagination attendant de ce réaliser et ce que je craignais arrivera sans doute : karma de merde. Reste à savoir quant je serais interrompue et comment, sachant que j’aurai toujours les sens suffisamment fins pour entendre une personne normale s’approcher de cette pièce et la vitesse surhumaine pour me cacher. Enfin, je l’espère.