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 De l'utilité des bars {Libre}

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Lucy "Lucky" Prissy
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Lucy


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MessageSujet: De l'utilité des bars {Libre}   De l'utilité des bars {Libre} Icon_minitimeVen 23 Jan - 19:36

Mercredi 26 Novembre 2014 – 05 : 21 P.M.
Savoir s’occuper, c’est tout un art. Je dirais même que c’est tout un art utile mais je n’approfondirais pas sur le sujet. Cependant la première et plus importante chose pour s’occuper efficacement, après savoir quoi faire, c’était de savoir gérer son temps. Moi ma technique était simple : je faisais. Et si ça me plaisait je me plaignais une fois que j’avais fini. Néanmoins je tâchais de me plaindre intelligemment… euh de faire intelligemment. Pas tout d’un coup. Pour maximiser l’occupation… merde, voilà : mer-de. Tout ça pour dire que c’était parfaitement réfléchit que d’explorer mon nouveau territoire sur plusieurs jours en m’arrêtant pour la journée lorsque je trouvais un point de mire intéressant pour vérifier s’il était aussi intéressant que je le pensais ou plutôt qu’il était bien placé et disposait de gens intéressants dans les environs. Project No. 8 au croisement Orchard et Hesert en était, il ferait parti de la liste des plans A, mais ce n’était surement pas le seul. Et non je n’étais absolument pas vexée de ce qui c’y était passé !

Mais passons, aujourd’hui j’avais reprit depuis ce point mon exploration de territoire, territoire que je limiterais pour l’instant à Allen Street de ce côté-là ; le nord, c’était fait, l’ouest c’était fait même si c’était pas bien grand, il fallait donc continuer de faire le tour. J’avais donc suivie ma limite jusqu’au « familier » Canal Street qui était plutôt bien fourni en bar et ramenait jusqu’à Seward Park, puis avait suivit E. Broadway jusqu’au pied de Manhattan Bridge avant de décréter celui-ci comme limite de mon territoire. E. Broadway, de son nom complet East Broadway, c’était un peu comme Grand Street, en plus petit. Y’avait plein de truc en tout genre dessus donc pour l’observation c’était pas forcément au mieux mais pour le vol à la tire improviser c’était plus que faisable. Y’avait même, presque sous le pond, un Hotel appelé Hotel 91 ; j’ai beaucoup rit quand j’ai sut qu’il s’appelait comme ça pas parce qu’il était au 91 East Broadway mais parce que c’était 91$ la nuit. Une nuit chez eux c’était presque deux nuits de boulot pour moi ! Voilà des gens que je pourrais détrousser en paix. Les bâtiments étaient assez hauts et assez serrés entre eux et les deux du côté gauche, le restaurant Fook Zhou Kitchen et le centre cosmétique Shiseido, avaient des escaliers de secours, le second avait même une petite estrade pour faciliter qu’on grimpe sur l’enseigne de son voisin donc au besoin, c’était nickel. Et je parlais même pas des trois immeubles qui suivaient dont les étales et les paravents  m’assuraient de pouvoir accéder aux hauteurs à l’unique prix d’un petit sprint. Si j’arrivais à me caler sur l’escalier de secours de la pharmacie d’en face j’aurai un bon point de vu mais j’y croyais moyen, pas si l’échelle était pas abaissée. Les Chinois sont cool alors leurs paravents et leur matos mais quant même, fallait pas exagérer. Après par contre, niveau Chinois, on sentait bien le Chinatown : c’était écrit en GROS et de PARTOUT.
De toute façon, à partir du croisement entre Rutgers Street et E. Broadway, c’était Chinatown même si ça ne se sentait vraiment qu’à partir de Pike Street ; niveau décoration, s’entend.

Bon, tout ça pour dire que j’avais trouvé un nouveau point mais pas de quoi me caler pour le reste de la journée donc j’avais simplement continué mon chemin, suivant Forsyth Street au pied du pont de Manhattan pour faire le tour de cet intéressant bloc de bâtiment, et du coup je me rendais bien compte que s’il n’y avait qu’un côté d’intéressant niveau vol à la tire, l’autre me permettrait de redescendre jusqu’à une espèce de parking privé, dont la grille m’empêcherait peut-être d’entrer mais il me suffirait de grimper sur une voiture puis sur cette dernière pour en sortir. Alors, oui, toujours toucher la voiture avant de sauter dessus, afin d’éviter les alarmes antivol surprenantes et les chutes connes. Et on arrivait sur Henry Street, enfin une rue au nom propre, qui donnait directement sur une fourrière. Rien d’intéressant en somme, il y avait déjà des voleurs établis dans le coin donc il me fallait revenir vers le centre ; et envisager de délimiter mon territoire au sud. Après, comme je me figurais absolument pas où j’étais, je continuerai jusqu’à un endroit plus reconnaissable que la moyenne et je m’en reviendrais à l’est jusqu’à une rue qui me parlait… ou le bord de l’eau aussi, éventuellement, mais dans ce cas-là je n’aurai qu’à remonter pour finir par arriver à l’un des ponts et là je saurais à peu prêt comment me repérer. Au pire je trouverais une cabine téléphonique… mais n’y étant pas encore, trêve d’anticipation ! Ça sert à rien.

Reprenant Pike Street et la descendant, j’arrivai sur Madison où je vis, sur la rue d’en face, des bâtiments un peu sur le même principe que le mien ; bon et bien, niveau endroit plus reconnaissable que la moyenne c’était fait, donc au sud c’était Madison Street. Que je suivis, du coup, longeant une très grande école publique avec plein de jeux d’accrobaties pour enfant, le genre de truc qui m’intéressait plus que les leçons étant petite et qui… m’éclatait toujours pas mal mais bon, c’était grillagée et si je me faisais prendre pour être rentrée en effraction dans une école alors que je ne voulais pas y aller… Putain, en plus la fin du bloque c’était genre deux églises, une épicerie et un resto chinois ; des lieux de cultes ! A côté d’une école ! Elle était belle la laïcité. Pire, en faisant le tour du pâté de maison, il y en avait deux autres de l’autre côté ! Une grosse école, quatre églises, une chrétienne, une des Témoins de Jéhovah, deux que je connaissais pas et que je vais classer en secte par délit de faciès ; mais merde, les pauvres gosses ! Arg, et sur la rue d’en face il y avait l’église de Saint Teresa ! Quel nom de merde… Et juste à côté les services de l’immigration… le hasard devait bien faire les choses en attendant moi, je revenais sur mes pas pour poursuivre sur la limite sud tout en refaisant un tour du pâté de maison suivant.

J’aurai bien prétendu m’aérer les idées mais je crains fort que je me sois oxydée les idées plus qu’autre chose. Mais bon, en suivant de nouveau Madison j’arrivais à un symbole américain bien plus rassurant que la religion : McDonald’s. Bon, pas de McDrive pour les soirées de chasse au McDo mais au moins j’avais trouvé l’un des points les plus intéressants du coin pour la vie familiale. Et potentiellement pour trainer avec des amis ? Ouais, aussi, mais l’High School devait être assez loin au nord et pas question que j’utilise le bus pour couvrir la distance alors j’étais quasi-sure que le trajet poserait problème à mes éventuels divertissements scolaires. Bon, et à côté du McDo y’avait la Actors Federal Credit Union ; un truc de pauvre, aucun intérêt. Dommage parce que la façade était pleine d’escaliers et de paravents. Et aussi un approvisionnement des restaurants de la paix, une chose où je ne me permettrais pas de voler puisque c’est bien ce qu’ils font même s’ils sont condamnés à le faire jusqu’à la fin du monde, et un peu plus lui il y a le jackpot : distributeur de billet automatique, sans banque, à côté d’un immeuble résidentiel avec perron à barrière, ou autrement formulé un moyen d’atteindre l’escalier de secours plus facilement. Une pharmacie en coin de rue, j’avais déjà dit ce que j’en pensais, une épicerie nommée Papito Grocery qui me fait rire, deux restaurants chinois et un centre bouddhiste lorsque j’ai presque fait le tour pour revenir vers l’école… c’est un complot ! Bande de vautours !

Bon, bâtiment suivant c’est un fucking truc avec baies vitrées teintées contenant une agence de management artistique visiblement… à surveiller. Et aucun point de mire comme d’échappée sur la rue d’en face… l’art, l’art, l’art…

Un bloc plus loin, et Madison croisait Clinton Street, donc là je connaissais : il me suffisait de remonter pour arriver à Seward Park. Hors donc, je continuais sur Madison pour longer une école et une université… qui continuait jusqu’à Montgomery Street. Bon, visiblement la limite Est c’était pas pour aujourd’hui, le soleil avait déjà bien baissé et c’était pas comme si à 6 P.M. il faisait nuit ; pas une chose qui me dérangeait mais si je trainais déjà dehors avant la première semaine d’habitation Marshal allait me faire des reproches. Elle escomptait vraiment m’empêcher de sortir la nuit ? Mais quant est-ce que je serais libre du coup, lorsque l’école aurait reprise ?

Continuant de faire les tours de pâtés de maison, je revenais sur Henry Street en contemplant une université où je ne foutrais jamais les pieds, ainsi que la rue d’en face qui n’avait rien de bien remarquable, puis m’en arrivait de nouveau sur Clinton Street que je remontais. Trois restaurants, deux magasins et un bar, voilà ce qu’il y avait de part et d’autre. De l’Indien, ça changeait du chinois, avec le magasin Loho Deli se trouvant juste à côté de « l’épicerie fine » Loho Gourmet Deli qui devait avoir un lien avec le magasin d’à côté vu le nom même si ce qui me choquait le plus restait le terme d’épicerie fine ; la cuisine indienne elle était pas, genre, super-épicé ? Où était la finesse quant ta bouffe d’écorchait la gueule au passage ? D’un autre côté, en face on avait de l’italien avec le Square Pizza et le Clinton Square Pizza, à croire qu’il fallait avoir des noms accordés – ou se copier – dans cette rue. Je snobe royalement le magasin de vêtements pour hommes Heights + Kenchi et, alors qu’East Broadway approche à nouveau, remarque une enseigne que n’aurait pas crue possible. Juste à côté d’un mur peint avec des visages et des mains grises mais dans le style sculptures « africaines » – longues et moches – se trouvant une petite et simple porte avec une enseigne de poisson bleu en haut et un simple nom : l’Eastwood. L’Eastwood sur Clinton Street… ils y étaient presque, mais vraiment presque.

Par pure curiosité je m’approchais de la petite baie vitrée donnant sur l’intérieur d’un bar qui aurait tout à gagner à adopter le style western ou policier, restant sur le côté de la porte simple qui lui ressemble ; ouvert de 00 : 00 P.M. à 04 : 00 A.M., il avait déjà des clients et là il devait y avoir l’arrivée de tous ceux qui sortaient du boulot et s’en rentraient chez eux. En plus les prix n’étaient pas très chers d’après le tableau, de 3 à 8 $ la boisson, et ils faisaient même de la bouffe rapide. Faudrait qu’on m’explique un jour la différence entre bar, fast-food, restaurant et autres… en tout cas pour l’instant je regardais le truc de façon fort peu discrète, surtout considérant mon habitude.

Une ado d’un mètre cinquante lorgnant à la vitrine d’un bar, ça n’avait rien d’extraordinaire, maintenant si on lui rajoutait une veste de cuir par-dessus une sweet-shirt à capuche dont cette dernière lui couvre la tête – pour tenir chaud aux oreilles ! –, un pantalon de survêtement défoncé et sanglé, des mitaines et un double collier l’un clouter et l’autre formé par des lunettes de soudage pendantes… à défaut d’être extraordinaire, j’étais un peu remarquable quant même. Mais bon, j’avais bien le droit de regarder à défaut de pouvoir entrer, nan ?

En plus ils proposaient pas que des alcools donc je voyais pas pourquoi j’aurais pas le droit d’entrer. Bon, j'avais pas de raison de le faire non plus…
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Kassima Jaslyn
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Kassima Jaslyn


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MessageSujet: Re: De l'utilité des bars {Libre}   De l'utilité des bars {Libre} Icon_minitimeLun 23 Fév - 22:08

Lucid Dream -Edo Lee:
- 05:30 p.m.


C’était un collier magnifique. Long et doré, acheté par Al’ lors de son dernier anniversaire afin d’ajouter un brin de glamour à son quotidien d’adolescente trop sportive. En sortant de son cours de pilates privé – dernière image récente en tête-, elle l’avait enfilé par-dessus son haut rouge à fines bretelles. Toutefois, celui-ci jurait avec ses nouveaux dessous – cadeau imposé par son employeur qui désirait voir son employée porter des vêtements moins usés à l’avenir. Il s’agissait d’un ensemble très spécial, une couleur chair suivi de dentelles lilas. Une double bretelle apportait un lift additionnel avec trois petites boucles jaunes. La ballerine sentait sa poitrine étouffer sa gorge avec tout ce soutien comme si porter un soutien-gorge aussi affriolant n’était pas assez lourd pour son ego. Avoir ces deux masses qui l’étranglaient s’avérait un poids dispensable. Pourquoi se souciait-elle de détails aussi insignifiants? La réalité frappa.

Soixante-douze heures absentes.
Mémoire vide.
Manque de jugement.
Manque de cohérence.

C’était un coffre de voiture qui la retenait prisonnière. Kassima bougea ses jambes endolories, parsemées d’hématomes violacés. Quelques gouttes de sang parsemaient son corps. Et une douleur incroyable s’évadait du fond de ses entrailles. Une masse y était restée, et tout ce qui l’entourait la terrorisait. Là où son regard ne se portait jamais témoignait d’un crime immonde et masculin. Elle tenta de se remémorer un événement important, sa journée ou son dernier repas. Son studio de danse fut la première idée à la hanter. Cette obsession sans fin de continuer plus loin dans ses répétitions apparut. Combien de temps avait-elle consacré à perfectionner cette figure, ce brisé? Aucune réponse ne vint.  Puis une folie vint cueillir son esprit, démentielle et d’une puissance sans précédent chez elle. L’afflux d’énergie l’avait emporté, sa raison, au sein d’un cercle vicieux. Kassima avait cessé d’exister à partir de cet instant, et une autre facette de sa personne embrassait ses cinq sens. Le délirium recommençait. Elle cria. Une fois. Deux fois. Trois fois. Battit de ses talons chaque surface feutrée. Malgré le gros morceau caoutchouteux en boule qui bloquait sa langue, l’adolescente remua de tous les côtés. Trouvant chacune de ses extrémités restreintes par des bondages, la pauvre continua de se débattre dans l’espoir de trouver une faille. Puis elle se mit à rire et à pleurer, car le cancer ne gagnerait plus. La mort la cueillerait, sa vie inutile, au fond de ce coffre.  

Le plafond s’ouvrit soudainement. Tout se déforma. Kassie eut le temps de ramener ses jambes contre sa poitrine grâce à un réflexe – quelque chose, une voix maternelle, quelqu’un avec des longues boucles blanches et des yeux d’azur lui murmurant de se replier sur elle-même. La danseuse étoile sortit sa tête et ses boucles soyeuses de son nouveau tombeau. Le regard noyé de larmes, de grimaces crispées lui permit d’entrevoir l’ombre d’un singe. Il était barbu, immense, massif. Certes son regard se teinta de tristesse.


« Ça va? Cette voiture traîne ici depuis des heures. Il y a trois mecs drogués devant. J’ai volé les clés, car je.. j’ai entendu des cris. Tes cris. »

Ses muscles étaient si tendus, ses chevilles si arquées, ses orteils si pointés que ses chevilles glissèrent. Les nœuds quittèrent leur rigidité, laissant des empreintes rouges sur son épiderme. Ils remontèrent à ses poignets, formèrent un tas de cordes impossibles à dénouer. L’homme osa poser ses mains dans celles de la victime qui s’agita. Il libéra ses poignets meurtris, retira tous les nœuds dont il était capable.  La douleur à ses extrémités s’intensifia, tandis qu’elle rompait son immobilité par de légères flexions au niveau de ses chevilles. Elle toucha sa gorge ornée de cicatrices, dont une dirigée sur son artère carotidienne. Certes la cicatrice témoignait d’un mauvais angle qui signifiait que le vaisseau sanguin avait été raté. Défaisant les liens sur sa gorge, l’adolescente se plia en deux et vomit…ses chaussons de danse décorés de salive. Kassie les enfila, à défaut de pouvoir trouver d’autres chaussures acceptables. Une douleur constante continuait de hanter le creux de ses entrailles, sous cette culotte en dentelle violacée qui complimentait son teint hâlé.

L’environnement lui était inconnu. Un conducteur et deux passagers était inanimés. Chacun portait une blessure au crâne, et certains morceaux d’os sortaient de leurs corps. Le sang parfumait la scène, doublé d’un sentiment infernal de violence gratuite. L’autre voiture, un vieux modèle Saturne, était démolie. Une voiture avait heurté l’arrière de leur voiture et envoyé ses agresseurs contre ce mur de brique d’un établissement qui s’avérait être une épicerie fine au nom de Loho Gourmet Deli. Et les flammes ornèrent ce tableau dans lequel tout était faux. Kassima hallucinait une vengeance terrible, alors qu’en vérité ses agresseurs ronflaient à grand haleine sur leurs sièges avec les fenêtres ouvertes et une chanson de Taylor Swift qui jouait sur la radio.

L’inconnu offrit d’appeler la police, mais un refus sec et rude de la tête suffit à faire taire ses envies de justice. L’homme, au prénom de Tony, retourna à son job, le Square Pizza, et lança plusieurs regards inquiets à la jeune fille laissée seule.

Kassima lut l’enseigne de l’autre côté de la rue et entama l’étape la plus laborieuse de sa vie - marcher. Ses pieds devenaient de plus en plus douloureux. La danseuse étoile se regarda dans la vitrine, aperçut l’ensemble de ses blessures – principalement à la gorge et sur ses cuisses intérieures. La jeune damoiselle continua de déambuler en sous-vêtements, marchant d’un pas à la fois large et maladroit comme si elle venait de faire de l’équitation pendant douze heures. Contournant l’épicerie indienne, l’étrangère rentra sur la rue.

Être dans une telle situation et suivre son ego, voilà un esprit autant stupide que replié sur lui-même. Kassie aperçut un bar après une dizaine de pas aussi ridicules que douloureux. Une personne d’un mètre cinquante regardait de loin ce lieu de plaisir et de divertissement propice aux rencontres du quotidien. La danseuse étoile échappa un gémissement long, portant ses mains à son bas-ventre. Un contact visuel bref, mais intense s’ensuivit. Sans s’approcher davantage de l’inconnue, Kassima porta son regard au creux du sien. Si les yeux eurent le don de caresser, les siens semblaient chérir ceux-ci fraîchement rencontrés. Sans présentations, sans un mot, elle avait décidé d’y rester un brin trop longtemps. Rien ne pouvait dominer le scintillement pur de la détresse dans ces deux iris colorés d’un bleu torrentiel.

La tempête de ses sentiments, de ce qui l’habitait à l’intérieur de ses entrailles, la déchira au sens littéral. Sans tenir compte du lieu ou des piétons passants, elle porta ses mains entre ses cuisses. Semblable à un acte obscène sans l’articulation du moindre plaisir, l’adolescente commença à tirer un objet situé au fond de ses entrailles. Le geste s’avéra très difficile, presque impossible à réaliser seule. Or, l’entraînement et l’endurance de sa carrière ne lui offraient pas le luxe de se contenter de l’interruption de son acte et de demander de l’aide à cette femme. Et bientôt elle accoucha d’une petite bouteille de 450 ml. C’était une bière japonaise, de la marque populaire Sapporo entre ses doigts aux jointures bleutés. L’exécution de ce mouvement fut entièrement complétée en toisant l’inconnue du regard. Replaçant sa culotte d’une façon plus ou moins décente, elle peina pendant deux minutes à ouvrir la bouteille avec sa paume droite. Un filament de sang s’échappa même de sa main. Son visage basané, don les pleurs séchés montraient des filaments blanchâtres, laissa un sourire fuir sur ses lèvres charnues et rouges. Une gorgée d’alcool enlaça ses pupilles gustatives, tandis qu’elle essuyait une goutte fuyante sur sa mâchoire.


« Je ne sais pas si…»

Un silence court, terrifiant.

« Si j’hallucine ou si je suis morte de mon cancer…»


La voix s’avère brisée. Le cœur et l’âme aussi.
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Lucy "Lucky" Prissy
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MessageSujet: Re: De l'utilité des bars {Libre}   De l'utilité des bars {Libre} Icon_minitimeMar 24 Fév - 21:33

Mon observation fut assez longue, ayant trouvé le petit bar assez cool, mais interrompue de façon pour le moins inattendue. Je le vis dans le reflet, d’abord, puis me retournais vers lui lorsqu’il traversa la route. Il venait du Square Pizza, un employer vu sa tenue, une armoire à glace barbue qui avait mystérieusement arrêtée une pause clope pour regarder une voiture de mon côté de la rue ; rien d’étonnant ou d’intéressant s’il n’avait pas faite une tête pareille, puis entreprit de tourner autour de ladite voiture. Je n’y connaissais rien en voiture, je n’y connaissais rien en beaucoup de chose à dire vrai, mais j’avais suffisamment d’ouverture d’esprit ou d’imagination à tendance improbable pour que cela attire ma curiosité. Des idées ? Tout plein. Niveau action, néanmoins, à part me tourner dans la direction et observer, je ne fis pas grand-chose ; que pouvais-je bien faire, de toute façon ? Et puis elle était bien ma place actuellement, il me suffisait de courir vers le nord et le magasin de fringues de l’angle, de l’autre côté de la peinture artistique, pour avoir un petit rebord d’où sauter et attraper un escalier de secours tandis qu’au sud il y en avait aussi un et plus accessible encore, à peine plus haut qu’une porte. Bon, aucun des deux ne menaient jusqu’au toit mais c’était déjà bien pour s’enfuir, ça se terminerait avec un peu d’escalade pour le dernier étage et la redescente dans le parc de l’autre côté… Encore que c’était peut-être inutile, vu que je n’avais rien recyclé à personne. Mais je retenais néanmoins ce point pour mes plans B ; trop proche de chez moi.

Mais pour en revenir à l’action, au pizzaïolo et à la voiture qu’il semblait lorgner, les choses se précipitèrent lorsqu’après un certain nombre d’hésitations il passa son bras au-travers d’une fenêtre et en ressorti avec les clés ; alors là… Il y avait vraiment des gens assez cons pour pas fermer leurs fenêtres en plein Manhattan et laisser les clés sur le contact ? Pourquoi pas un panneau « volez-moi » pendant qu’on y était ? Enfin, le pizzaïolo il était pas discret le moins du monde et il se dirigeait pas dans la bonne direction pour s’enfuir avec la voiture, même si vérifier le coffre pouvait avoir sa logique s’il y avait quelque chose de précieux à voler ; ça serait toujours moins problématique que de voler l’entièreté de la voiture. Mais d’ailleurs, à bien y regarder, il me semblait y avoir des gens dans la voiture. Des gens absolument pas réactifs pour le coup et peut-être encore plus con que ce que j’avais pensé. Mais la bêtise humaine c’était comme un gouffre et à chaque fois qu’on croyait toucher le fond, on trouvait des ingénieurs pour le creuser de façon très constructive. Sans doute les gens croyaient-ils pouvoir trouver du pétrole au fond du puits de leur idiotie, ce qui n’en rajoutait que plus à cette dernière.

Je n’étais pas la seule dans la rue, surtout à cette heure, même si les autres passants n’étaient pas bien plus réactifs que moi, regardant en continuant de marcher. Mais ils l’étaient toujours plus que les mecs qui semblaient être dans la voiture. Voiture qui me semblait bouger d’ailleurs, comme secouée de l’intérieur. Définitivement intéressant. Ayant laissé tomber le lèche-vitrine du bar qui correspondait presque à un acteur-réalisateur qui fermerait sans doute boutique très bientôt, je me contentais de croiser les bras d’attente et de regarder ce spectacle presque livré à domicile, marchant le long de la vitrine du local à ventre vers sa double porte d’entrée et surtout l’échelle à leur gauche ; ça me permettrait de mieux y voir et de grimper au besoin, plus pour atteindre l’entre-deux immeubles que le toit vu que l’escalier de secours montait qu’au second. Et alors que je me rapprochais, Pizzavoleur ouvrait le coffre et… et puis quoi ?

Continuant de regarder à distance, continuant d’attendre de comprendre ce qui ce passait à défaut de pouvoir l’entendre, je restais là jusqu’à ce que… Bloody Hell ! En fait, c’était Pizzahéros le mec… Et je parlais pas de son ouïe suffisante pour entendre ce qui moi m’avait complètement échappé. Je décroisais les bras et regardais la scène complètement atterrée, même si ce n’était pas si étrange que ça au final. La victime avait eue un gros coup de bol, les malfrats proportionnellement l’inverse, une tentative d’enlèvement interrompue par un mec potentiellement mutos qui allait passer à la télé et dans le journal les deux prochains jours et tout redeviendrait approximativement à la normale. C’était New York après tout, fallait pas l’oublier.

La scène continuait de se dérouler qu’une jeune femme aux cheveux blancs sortit du coffre en crachant des espèces de chaussons. Chaussons qu’elle mit, entreprenant de sortir en sous-vêtements et marquées de je-ne-savais-combien de traces de violences, sa peau bronzée et halée transfigurée en un certain nombre d’endroits. Une nouvelle parole du Pizzahéros qui se fit envoyer chier de la tête de l’halluciné… et s’en retourna non sans la regarder ; He Was Serious ? Et bas, l’héroïsme Newyorkais c’était quelque chose ; autant je comprends l’idée des super-héros qui voulaient pas en être, se contenant d’être des super-militants, autant les héros du quotidien qui se contentaient d’aider un peu puis de laisser se démerder ça m’échappait totalement. Après, peut-être escomptait-il utiliser le téléphone de son resto pour appeler qui il devait, c’était toujours plus sage que de simplement filmer la scène pour la foutre sur Youtube et sur FaceBook.

La victime, quand à elle, avait quelque chose de désagréable même dans son pitoyable état ; état si pitoyable qu’elle semblait peiner à marcher. Et elle semblait perdue, aussi. Et elle semblait… se rapprocher et se raccrocher à moi !

Je n’aimais pas être remarquée, généralement ça présageait des emmerdes ; mais je devais bien avouer que des emmerdes de ce type j’avais encore jamais donné. Et j’en avais pas envie mais genre pas envie du tout ! Y’avait d’autres personnes dans la rue, y’avait le Pizzahéros qui s’assumait pas, y’avait plein de choix potentiel mais c’était moi. Qu’est-ce j’avais fait ?

Je regardais la victime alors qu’elle se pliait en deux, mains sur le ventre, puis me redit mon regard avec ses yeux bleu-gris… Je me tendis en redressant le dos et portant d’instinct ma main droite à ma poche, y saisissant le contenu. Et alors qu’elle continuait de me regarder, je fis quelques pas en arrière, jusqu’à frôler la baie vitrée. Je me serais enfuie si j’avais pu détourner mes yeux des siens. Mais j’y arrivais pas. Saleté de compassion, je ne la connaissais même pas cette victime ! J’avais rien à voir avec son sauvetage et ne voulais rien avoir à y voir !

Elle s’arrêta et, tout en continuant de me fixer, baissa sa culotte. J’avais déjà faite face à l’horreur une fois, une unique fois, et j’avais été hypnotisée également. Difficulté de conceptualisation, je pensais, puisque la réalité dépassait ce que je me faisais pour fiction. Et voir une fille à peine plus vielle que moi et dans un état pire que ce que j’avais jamais connu se retirer une… une… petite bouteille de je-ne-sais-quoi asiatique du vagin… ça dépassait mon entendement. Et me filait la gerbe pas possible, parce qu’à l’image s’ajoutait le son de ses gémissements et l’odeur aussi… Goddamn…

J’étais mal face à cela et son action suivante n’avait rien arrangée : plus que remonter sa culotte la victimalade avait cherché à ouvrir la bière, s’y saignant au passage, et entreprit de sourire et de boire. Puis elle avait parlée… Puis elle m’avait parlée.

- Je ne sais pas si… Si j’hallucine ou si je suis morte de mon cancer…

J’ai préféré. Le malheur des autres, s’il pouvait se terminer sans m’impliquer je n’étais pas trop regardante sur comment ils le faisaient, se terminer. Et je ne pensais pas être très différente de la norme dans cela. Mais aujourd’hui, le malheur il m’avait sauté à la gorge d’une façon gore et difficilement concevable, me figeant dans une horreur défensive que je n’appréciais pas du tout. Que personne n’apprécierait, je pense. Je ne pouvais pas simplement la laisser là et m’en retourner, pourtant c’était ce que j’aurai voulu. Ma nature me poussait à fuir, à la fuir elle et son atrocité.

Mon premier mouvement fut un haut-le-cœur, me ramenant bien contre mon gré à la réaction et à la réalité. Epaule gauche contre la vitre, main droite dans la poche de pantalon à serrer autant que je pouvais l’objet qui me rassurait le plus présentement, je continuais de me crisper en tâchant de faire face. Des tremblements de dégoûts me parcouraient le corps mais je ne paniquais pas. Je n’avais jamais paniqué. Plissant le nez et retenant mon écœurement, j’avais prit une inspiration puis faite la seule chose que je pouvais décemment faire dans cette situation.

- Que… que quelqu’un âppelle de l’aide !

New York City, décidément la pire planque de toute cette partie des USA. Des chrétiens qui brûlent un quartier, un arbre géant qui transforme les gens en monstres, une station de métro qui saute, des rousses qui sauvent le monde et des blanches qui t’appellent à l’aide en sirotant une bière franchement sortie de leur vagin.

J’étais aventureuse, oui, mais là c’était pas de l’aventure c’était un putain de cauchemar. Je continuais de fixer l’autre, toujours une main dans la poche et toujours être à reculer si elle s’approchait de trop prêt, tout autant qu’à m’enfuir et à me défendre. Les secours n’arriveraient pas tout de suite, j’espérai juste que des gens les avaient appelés. Et je savais que si la vidéo se retrouvait dans les médias, j'étais morte.
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Kassima Jaslyn
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Kassima Jaslyn


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MessageSujet: Re: De l'utilité des bars {Libre}   De l'utilité des bars {Libre} Icon_minitimeMar 10 Mar - 11:49

« Bonjour! Je m’appelle Carmen. Vous avez bel et bien rejoint le 9-1-1. Nommez votre nom, votre prénom, votre âge, votre sexe, votre localisation ainsi que le motif de votre appel. Nous vous prions de faire preuve de patience et de rester calme peu importe les événements futurs. Rappelez-vous qu’il est important de veiller à votre propre sécurité avant de porter secours à autrui. Afin de préserver l’authenticité des faits présents, cet appel pourrait être enregistré et utilisé en cours par les forces judiciaires. » Accueilli une voix saccadée et fatiguée au centre d’appel des urgences.

« Euh…C’est bien le bon numéro? J’ai pas tout suivi en fait, euh…Carmen…M’dame Carmen. »
« Y’a une fille dehors. Elle a besoin d’aide. »
« Appelez un taxi si elle est saoule, nom de Dieu! Les jeunes nous dérangent pour n’importe quoi de nos jours. C’est à croire que nous devenons un service de garderie pour les soirées qui ont mal tourné. »
« Non. Écoutez-moi, p’tite m’dame Carmen. »


Le livreur de pizza put avoir l’attention de la dame qui la transféra au minimum quatre fois avant de rejoindre les autorités nécessaires – dont une ambulance – et de recommencer toujours le même récit. Tony ferma ses fours, et enleva son filet à cheveux. Il remua le bordel de tous les vestiaires afin de trouver la première nécessité à cette situation, et lorsque ses mains poilues y parvinrent, une petite danse de la réussite s’imposa. La nervosité doublée du stress d’une situation aussi imprévisible qu’intense influençait grandement sa capacité à gérer ses réactions. Le jeune homme quitta son job, ordonnant à ses collègues de ne pas quitter leurs postes. Tony referma la porte de la pizzeria avec douceur, malgré sa stature imposante. Il gratta sa barbe en voyant au moins quatre témoins terrifiés par les derniers événements.

Néanmoins, il fut rassuré de l’absence de caméras ou de cellulaires. Tous semblaient bien trop terrifiés par la vision de la victime pour se rappeler d’en tirer avantage. Arrivant derrière la victime et un témoin apparemment surprise qui appelait à l’aide, le jeune homme enroba la femme en sous-vêtements d’une couverture bleue ornée d’une pizza géante. Kassie tourna légèrement sa tête sur le côté, étourdie. La bouteille d’alcool rencontra le sol, mais ne se cassa pas. Cependant, elle se fissura d’un bruit sec. Le liquide se vida sur le trottoir, laissant un fil fin et doré s’échapper de la bouteille. Cela ressemblait à un bracelet, portant des lettres et huit topazes bleues. Le livreur de pizza entoura la femme de ses mains afin de la retourner vers lui. Il tenta d’avoir son attention, mais le simple fait d’être touchée provoquait des engourdissements intenses à la prima ballerina.


« Hé! Ton nom? C’est quoi? »
«…Jas…lyn…Jaslyn…»
« Moi, c’est Tony. Les secours arrivent. »
« Vous…vous…»
« Qu’est-ce qu’il y a?  Parle-moi. »
« Trois…jours…Trois… Mon fils? Mes ailes? Mon cancer? »

« Attends! Là! Tu dois me dire qui tu es. Faut pas traîner avec ça, c’est grave. »
« Regarde! Il est là! Sur ma main! »
dit-elle en élevant sa main teintée de sang vers le visage du singe – alias Tony et Pizzaboy.

Il eut un mouvement de recul, de pur dédain avant d’intimer à la victime de s’asseoir lentement. Tentant de comprendre son charabia de mots entrecoupés de respirations profondes et maîtrisées, l’homme murmura les mots quelques fois avant de comprendre. Le sang qui coulait dans sa paume ouverte vers le ciel. Le cancer était là sur sa main, et il coulait hors de son épiderme. Tony avait posé un genou à terre, incertain de pouvoir tirer des informations pertinentes de la jeune victime. Toutefois, il sentit une certaine gêne de se tenir ainsi devant une femme auparavant à moitié dénudée. Ses mains refermèrent les pans de la couverture davantage. Or, il prit le temps de regarder sa main avec tout le peu de connaissances qu’il se rappelait sur les plaies lors de son cours de premiers soins pour débutants. Il tourna sa tête vers le témoin qu’il croyait être de sexe masculin depuis le début, et lui adressa la parole avec un ton inquiet.


« A-t-elle dit un truc pertinent, monsieur? »

Il se reprit aussitôt lorsqu’il prit la peine de regarder le faciès de son interlocutrice.


« Heu, m’dame. Désolé. »

Kassima tenta de se dégager avec faiblesse, imprimant un filament de sang sur l’avant-bras poilu de son sauveur. Il ne fit que resserrer l’emprise de ses paumes sur sa silhouette frêle. Elle semblait ne pas avoir mangé depuis des semaines. Il voulait penser à un autre sujet ou un acte à faire pour améliorer la situation, mais la vision traumatisante de ce corps vêtu de violence et de douleur le terrorisait jusqu’au fond de lui-même. Pas un nerf n’échappait à la terreur ressentie, pas un muscle n’était détendu. Tentant de voir sa température avec une main sur son front, il s’aperçut de sa peau froide et moite.

Il renchérit son analyse improvisée de son état de santé avec la prise de sa fréquence cardiaque sur son poignet. Au début, ses doigts ne trouvèrent pas l’artère radiale. Son index et son majeur s’alignèrent sous l’index de l’adolescente puis il comprit qu’il se trompait de position. Situé entre l’auriculaire et l’annulaire, Tony commença à compter les battements de cœur par minute. Il crut se tromper quand il arriva à cent soixante-dix. C’est ainsi qu’il perçut les perles de sueur sur le front de la jeune fille. La moiteur de sa peau provenait de sa température élevée. Toutefois, sa peau était d’un froid mordant à ses extrémités. Tony ne savait plus quoi faire, tandis que l’espoir qu’une ambulance éblouisse leur horizon persiste dans sa tête.


« Euh, Jaslyn, attends, t’as du sang là.»

Une goutte perlait à la sortie de sa narine droite. D’un rouge écarlate.


« Le cancer, il sort…»

Soudain, une lueur de lucidité fit vaciller son regard fou. Un élément, un mot la ramenait momentanément à la vie.

« Où est mon fils? Où est-il?»
« Euh, bah je ne sais pas. Il est peut-être dans le même état que vous. »


Les iris suintèrent la furie, la rage, l’ultimatum de tout délirium. Kassie observa ce grand singe la restreindre, hallucina d’autres paroles terrifiantes quant à son cher fils. Plus elle bougeait, plus il s’inquiétait en écoutant sa respiration lente et contrôlée. Cette fille semblait étouffer chaque sanglot, chaque larme à l’intérieur de ce thorax minuscule. Une tempête la possédait, la dévastait. Et pourtant aucune fuite ne demeurait possible à ses sentiments. Le livreur de pizza eut de la difficulté à maîtriser les agitations de la victime qui semblait ne chercher qu’à s’enfuir. Lorsque Kassie hallucina les flammes, les tremblements revinrent.

« Alfonsio…Fiorino… »

Kassima devint stable : aussi grabataire qu’un apprenti cadavre.

« Raconte. Qui sont ces mecs? »
« Je ne sais pas…Je ne sais plus…»
« Quel jour qu’on est? Une idée? »
« Trois jours…passés du 26…»
« Voilà un début. Hé! M’sieur, voulez-vous bien me donner l’heure s’il vous plaît?»
demanda-t-il à l’inconnue sur sa droite. Une fois de plus, son regard noisette tomba sur le faciès féminin de son interlocutrice. Il se corrigea aussitôt.

« Heu, désolé m’sieur…Heu non j’veux dire m’dame! »
« Tesoro… Tesoro… »

Kassima se replia en deux, tel un fœtus. Son visage devint impossible à observer au creux de cette couverture. La jeune fille semblait vêtue d’une immense pizza.
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Lucy "Lucky" Prissy
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MessageSujet: Re: De l'utilité des bars {Libre}   De l'utilité des bars {Libre} Icon_minitimeMar 17 Mar - 21:40

Les gens avaient finis par réagir, du moins certains, et j’espérais bien que s’il y en avait pour avoir cherché à enregistrer l’événementiel ils s’étaient arrêtés suffisamment tôt pour que ma bouille n’y figure pas ; ce en quoi mon effondrement contre la vitre pouvait aider puisque détournant mon visage majoritairement caché par ma capuche. J’ai de la chance, comme toujours, car même si les lunettes de plomberie en serre-tête ne devaient pas être une idée commune il est peu probable qu’on puisse me reconnaitre juste avec ça. Comme pour la tenue, je ne me faisais pas d’illusion quand au fait que je n’étais ni unique ni précieuse et que se baser sur un agencement de fringues pour me retrouver c’était stupide. Mon visage en revanche, sans être précieux ou unique, devait être la base même de ce qu’on cherchait, en plus de ma description grossière à laquelle je ne pouvais de toute façon pas échapper. En revanche, c’à quoi je pourrais échapper c’était cette situation de merde et la première occasion serait la bonne.

Elle tardait à venir, néanmoins, avec ce regard insistant et suppliant. Qu’aurais-je fait dans la situation inverse ? A part m’effondrer par terre et implorer qu’on appelle à l’aide ? Hum, pas décapsuler la bouteille déjà, même si voir surtout si elle sortait d’un endroit où j’étais à peu près sur à présent que rien n’approcherait jamais.

Tout continuait de se dérouler au ralenti, je n’avais plus aucune notion du temps ni même de l’espace et je voulais juste en finir, m’échapper de là. Je n’aurais su dire combien de temps mit le Pizzahéros pour revenir mais le principal fut qu’il revint. Je devais être parmi la douzaine de personnes la plus proche de la blanche et n’avais pas beaucoup plus réagit que les autres, mon cri excepté, mais lui s’en revenait pour continuer sa bonne action. Moi, la BA du jour, je la ferais devant les flics.

Une couverture publicitaire pour essayer de calmer et de maitriser la victimalade. Qu’il la saisissait de ses mains était une bonne chose, comme cela il pourrait lui indiquer la bonne direction ; soit tout autre direction que vers moi. J’écoutais leur discussion en tâchant de m’éloigner le plus discrètement possible, un pas après l’autre, non sans faire le nettoyage de vitrine de celle contre laquelle je m’étais appuyée et garder la tête penchée, tant par bonne intelligence que par difficulté à la relever.

Jas-lyn, une irlandaise. Si, s’il avait « lyn » dedans c’était que c’était Made in Ireland. Non, sans doute que c’était comme la rousseur, ils avaient pas le monopole, mais comme la rousseur y’avait tellement peu de concurrence qu’à un moment ou un autre de l’arbre il y avait de l’irlandais. Et fallait s’en méfier de l’irlandais, c’était rancunier et tenace. Je savais, j’en avais une à la maison. Après pas mal d’Américain aujourd’hui avaient des origines irlandaises, à cause de l’immigration. Sans doute qu’ils étaient parti d’Irlande parce que c’était trop petit, après tout ils en avaient que la moitié. C’était fou ce que l’esprit pouvait partir dans des considérations secondaires lorsqu’il cherchait à échapper à l’insupportable. Je ne savais pas comment faisait Tony le Pizzahéros mais je lui laissais faire, il m’avait l’air très compétent. Toujours laisser faire les professionnels, c’était leur boulot. Ou approchant.

Trois, jour, fils, ailes, cancer… j’avais jamais été bonne aux énigmes donc fallait pas me demander de faire des liens. Tony non plus, visiblement, mais il ne perdait pas le nord ; pas plus que moi qui cherchait à l’atteindre à reculons. Je ne comprenais pas et ne pensais pas vouloir comprendre, en toute franchise. Chacun ses problèmes, j’avais les miens et je peinais à les régler ou à me donner l’impression que je pouvais faire quoi que ce soit pour les régler alors ceux encore plus graves d’une illustre inconnue, j’en voulais pas mais alors pas du tout. Rien de personnel, c’était même tout le contraire : aucun jugement, aucune dépréciation, juste de l’instinct de survie. On était peut-être dans une ville de héros mais je n’en faisais pas partie et n’avais aucune aspiration altruiste.

Je les regardais continuer, l’une de s’agiter en montrant sa main et l’autre de chercher à la calmer en la faisant assoir et en resserrant la draperie. Personnellement, j’atteignis la fin de ma vitrine pour me retrouver à mon point de départ, le bar Eastwood, chose me forçant à me décoller de mon soutien pour continuer à progresser dans la direction qui n’était naturel en cas de problème : l’autre sens.

- A-t-elle dit un truc pertinent, monsieur ?

Je restais figée comme prise en flagrant délit, craignant qu’il ne s’adresse à moi alors que mon visage se relevait et que mon cerveau analysait ; et s’il était effectivement tourné vers moi, il lui fallut se reprendre pour me confirmer que j’étais bien celle sur qui son attention c’était arrêtée. Merde, pas assez furtive. Pas vue pas prise, c’était un bon crédo. Il fallait juste réussir à se tirer avant d’être vue. Et là c’était juste mort de chez mort, avec la victimalade qui semblait vouloir continuer de venir, heureusement retenue par le Pizzahéros. Merde, j’avais quoi de particulier pour que les problèmes s’accrochent à moi comme une mouche à merde à une…

- Euh, hésitais-je de façon relativement étouffée, avant d’essayer de dire un truc pertinent moi ; je ne pus que secouer la tête à la négative.

C’était vrai. C’était pas pertinent ça demande. On ne demande pas aux gens si on hallucine, ils en savent rien ! Et niveau être morte, on a pas tellement l’occasion de le demander, sauf à Saint Pierre à la limite. Je m’étais toujours demandé si Saint Pierre avait un rapport avec Pierre Tombale mais ce n’était pas le moment de ce genre d’association d’idée. Et puis pour être franche, ces considérations ne m’étaient pas tellement venir à l’esprit durant ma réponse, je ne voulais juste pas être associée à tout cela.

Je n’avais aucune idée de comment Tony s’en sortait mais il s’en sortait mieux, c’était assuré, donc autant laisser faire ceux qui savait, j’avais déjà donné mon raisonnement là-dessus. Moi j’étais pas utile, j’avais vu la même chose que les autres et c’était pas ce qui permettrait de retraduire les coupables en justice ; même s’ils ne devraient pas être trop durs à chopper pour le coup. Une affaire vite résolue, une vie détruite et on n’en parlait plus.

Mais pour l’heure on était encore en plein dedans et des deux pieds. Tout autour les gens s’amassaient, parlaient, ne savaient pas quoi faire. Et au milieu, eux deux, le héros du jour et la victime d’une existence. Ce genre de chose, je ne savais pas si on pouvait s’en remettre et je n’avais pas envie de savoir, très franchement. Mon monde n’était pas rose mais il me suffisait. Putain de New York City.

- Voilà un début. Hé! M’sieur, voulez-vous bien me donner l’heure s’il vous plaît ?

Non, là c’était plus moi. Il n’était pas con à ce point-là. Puis je tâchais de me tirer alors il pouvait bien me foutre la paix ! Il se corrige, c’était bien moi. C’était quoi l’idée, un retour de bâton pour toute la chance que j’avais eu dans ma vie ? C’était pas suffisant de ne plus avoir d’avenir ?

Secouant la tête à la négative, je tâchais de nouveau de rejoindre cette foule avec laquelle on semblait ne pas vouloir que je me mêle. L’heure, je ne l’avais pas, je m’étais bien dit hier qu’il m’en faudrait une alors que je poireautai en attendant le mutos qui faisait ses courses, mais à part en faucher une je n’avais pas trente-six moyens d’en décrocher. Alors je me tournais vers les autres, vers ces adultes, ces « grands ». Je n’avais rien à leur dire, ils ne m’auraient même pas intéressée en d’autres circonstances, mais là j’avais besoin de la masse, j’avais besoin de l’anonymat. Jusqu’à ce que les bleus arrivent et que je dise ce que j’avais vu, je ne servais à rien et ne voulais pas servir à autre chose.

Ma main droite n’avait pas bougée de ma poche droite, enserrant toujours ma protection, alors que la gauche était aussi fébrile que mon coeur.
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