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 Prima Ballerina's Strange Tales

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Kassima Jaslyn
Neutre Delta
Kassima Jaslyn


Messages : 20
Date d'inscription : 13/10/2014

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MessageSujet: Prima Ballerina's Strange Tales   Prima Ballerina's Strange Tales Icon_minitimeJeu 25 Déc - 21:33

Prima Ballerina's Strange Tales



Musique:

CHAPITRE UN: Never good enough

2014-12-12, 11:00 a.m., American Ballet Theater.

« Ah! Fraîche! Ravissante! 12 /10 »
« Tragique, quelle débutante… 2 /10»
« Magique! Percutante! 9 /10 »
« Jeunesse pleine de promesses. 6 /10 »
« Je tranche. »

Tous les autres juges se tournèrent vers Jules, le plus grand des critiques employé par le théâtre et leur mentor dans le domaine. Ses doigts pianotèrent sur le bois franc de la table, et sa paume droite s’éleva en direction de la jeune étoile en pleine explosion artistique. Sa natte fouettait les airs, tourbillonnait à sa suite et frappait le creux de ses reins. Un pied venait pointer le ciel, suivi d’une épaule ondulante dont la main embrassait le tibia. La figure du danseur s’imprima à leur vue, suivi d’un grand écart latéral. Relevant la pointe de son pied contre le plancher vernis et très glissant, la ballerine tourna trois fois avant de retourner vers l’arrière-scène minimalisée de son studio privé. Arrivée dans l’angle droit, Kassie enchaîna les piqués, les sautés et les relevés. Elle acheva la séquence basique de quelques pirouettes – ne manquant aucune note du rythme choisi par ses invités.


« 7 /10. Fin de l’audition. »


Bondissant tel un fauve vers le sommet de la pièce, la jeune étoile interrompit sa performance. Ses multiples sauts, suivi de ronds de jambe en hauteur l’avaient tant excitée que revenir à une station debout immobile la déstabilisait. Elle tourna quelques fois sur elle-même puis effectua ses salutations en retard de trois portées sur le rythme. Pendant cinq minutes, les invités chuchotèrent puis inscrivirent quelques mots sur une feuille que chacun observa attentivement.


« Je vous remercie de votre attention. Je suis à votre écoute. »

« Je suis attristé de vous attribuer une note si décevante. Peu d’étoiles si jeunes vous égalent en qualité ou même en singularité. Les juges ici présents et moi-même avons relevé trois commentaires décents à vous partager. »
« Oui. »
« Perdez entre sept et neuf livres niveau poids. Vous paraîtrez mieux sur les caméras. »
« Oui. »
« Votre bras gauche doit coordonner avec le droit. Au niveau du coude, il semble avoir du stress au niveau de votre articulation. »
« Oui. Je…»
« Plus tard! Je parle! En dernier, améliorez votre français. Prima Ballerina est un statut social mérité pour vous. Je vous enregistre pour nos cours de langue dès aujourd’hui, deux soirs par semaine pendant un an. »
« Oui.»
« Avez-vous des commentaires? »
« En regard du second jugement, vous avez tort.  »

Les cinq hommes, dont deux très coquets, se regardèrent et semblèrent satisfaits.


« Rares sont celles qui voient clairs dans nos manières.»
« Étrangère, encore là vous semblez si fière. »

Les juges se levèrent, et s’orientèrent vers la sortie. Ils se dirigeaient vers la prochaine danseuse étoile, laissant Kassima admirer les méandres de son espoir la quitter. Des larmes tapissèrent ses tempes, formèrent ces dentelles de petites rivières suivant les gémissements étouffés par la paume de sa main droite. Un sept n’était rien, pas même ce qu’une débutante de son rang obtiendrait de la part des cinq juges favoris du théâtre. Les tremblements survinrent, suivi de son effondrement entier. Elle se coucha paresseusement sur les planches de son studio privé, et y estampa ses mains contre son crâne.

Tirant sur ses cheveux aussi clairs que la première neige d’hiver, ses iris scintillèrent d’une rage épouvantable. Alors qu’elle mordit son avant-bras gauche avec une ardeur insoupçonnée, y lovant avec mésestime une lésion de morsure superficielle. La jeune femme empoigna chaque partie de son corps qui pouvait laisser quelques livres de trop pendre. Chaque repli de peau si petit fut agrippé, insulté, étiré pour tenter de la séparer d’elle. Se roulant sur le ventre, replaçant ses genoux sous son torse d’un glissement souple à la fois lent et réfléchi, elle se leva enfin. Kassie se déroula jusqu’au sommet de ses pointes, levant jusqu’à ses doigts pour pointer le ciel. Une fois redressée, elle retira ses chaussons de bois puis s’empara de son sac à main. Lumières closes, portes verrouillées. Seule la musique oubliée libérait des sonorités mélancoliques à l’intérieur du couloir des studios de danse classique.

En fuite jusqu’aux salles de bains, Kassima esquiva les autres danseuses et leurs conversations peu productives. Médication en main, elle avala plusieurs comprimés et un demi-litre d’eau. À genou devant une cuvette dans une cabine privée, elle attendit et envoya quelques messages textes à son fils adoptif. Vérifier son état toutes les heures l’obsédait, et ne pas prendre de ses nouvelles régulièrement lui offrait des crises d’anxiété. Trente minutes plus tard, une fois la vidéo de son audition revue trois fois, les vomissements frappèrent. Tels des coups de poignard dans l’estomac, elle se vida.

Plusieurs ballerines connaissaient de tels épisodes boulimiques, et la seule collègue dans la pièce se contenta de quitter sans vérifier l’état de l’autre. Une rivale de moins, se disait-elle. La jeune femme tremblait encore en se relevant, prenant toujours son sac à main pour sortir ses accessoires de vanité. Du rose sur les joues pour cacher la tristesse, et un coup de brosse à dents pour la mauvaise haleine. En ouvrant son sac, elle tomba sur sa salade aux lentilles pour le dîner. Le plat finit au fond de la poubelle dans un bruit sec et métallique.

Quittant les lieux, elle croisa la porte entrouverte d’une autre danseuse étoile, Francesca Rutovski, ou plutôt la reine des jeunes étoiles du American Ballet Theater. Kassie espionna sa chorégraphie, et remarqua plusieurs lacunes – deux, trois figures en retard et l’hésitation de son visage qui s’avérait crispé en tout temps. Cependant, sa note finale fut d’un 9 /10. Jules Smith vanta son teint pâle et ses cheveux noirs. Il la visionnait dans ce rôle dès le début, et cette nouvelle épouvanta la pauvre Kassima qui avait répété pour son audition des mois entiers. Elle quitta le théâtre sans faire la moindre salutation, et beaucoup de danseuses s’inquiétèrent de son allure sinistre. L’étrangère était réputée pour sa bonne humeur, et pour le bien-être qu’elle semait partout.

Or, rien ne pourrait l’arrêter dans sa voie.
Le temps se faufilait sous ses doigts.
Chaque seconde ne devait pas être perdue.
Son sang portait le cancer, portait la mort
lente et incurable.


2014-12-21, 09:00 a.m., American Ballet Theater.

Un, dix livres en moins. Deux, un entraînement des bras superflu. Trois, quelques phrases en français mémorisée pour satisfaire les critiques bien trop classiques. Kassima vint à la première répétition du spectacle pour lequel elle avait auditionné. Deux des juges y étaient présents, dont Jules Smith qui positionnait toutes les danseuses pour cette pièce courte et à petit budget. Soudain, la musique explosa par les caisses de sons. Immenses, les ondes sonores envahirent les lieux d’une musique agressive. La scène encore vide se remplit d’une danseuse dont l’allure leur sembla commune. Une natte blanche suivi de chaussons usés, mais aussi durs que son regard d’argent. La douceur de son faciès annonçait la haine sereine qu’elle couvait depuis plusieurs jours.

Chaque saut que ses jambes effectuaient semblait naturel, et la facilité simulée montrait tout l’effort investi dans son œuvre. Plus pâle qu’une porcelaine, elle semblait à la fois malade, mais bien trop animée de vengeance pour s’arrêter. Au cœur de toute sa carrière, il n’avait jamais rencontré une danseuse étoile aussi effrontée, prête à retarder une trentaine de ses collègues rien que pour satisfaire son propre ego. Et pourtant, il vit dans la finesse de ses gestes une nouvelle lueur altérée. Tout semblait s’envoler auprès de sa silhouette, légèrement plus fine, mais dont chaque livre perdue délivrait sa cadence d’un poids inutile. Il comprit ce champ climatique exhalant le charisme : semblable à une tempête, toute pensée extérieure au ballet s’avérait anéantie. Après deux minutes, il ordonna la fermeture des caisses de son. Kassie effectua ses salutations et prit son départ sans la moindre permission de ses spectateurs. Des applaudissements inquiets fusèrent, et le silence fut brisé par le célèbre critique.


« 10 /10. Vous avez ce rôle, ma chère. Vous aurez tous les rôles que vous désirerez avec moi. »
« Non.»

Les mots s’étouffèrent dans son larynx, et il demanda l’avis de son collègue pour vérifier le refus de la jeune adolescente. Ce dernier précisa la réponse négative de la jeune ballerine. Les deux critiques se regardèrent, époustouflés.  La Malaysienne au caractère très fragile semblait prendre de l’audace, et peut-être même se moquait-elle de leur offre maintenant. Elle tira avec rage un élément du décor, pas plus de quinze livres, et sembla essoufflée par ce vandalisme inutile. Certaines remplaçantes se déplacèrent sur les lieux pour replacer tout en ordre, et poursuivre leur consœur.

Cécile, dont la voix s’avérait la plus forte, cria à Kassima de revenir des loges. Elle arriva dans l’arrière-scène à sa suite pour entendre des bruits gutturaux et une chasse d’eau. Inquiète, elle se tourna en direction des salles d’eau. La Malaysienne en ressortit,  brosse à dents en bouche et dentifrice en main. Les deux jeunes femmes se regardèrent avec passion, et pendant leur communication corporelle se passait une incompréhension admirable. Au loin, la musique de la scène débuta. Les organisateurs appelèrent leur remplaçante absente.


« Tu ne devrais pas faire ça! C’est dégueulasse! »

Les yeux assombris de la jeune adolescente arpentèrent les planches usées et sales des loges. Kassie conclut son hygiène buccale puis libéra un sourire taquin à sa collègue. Les sourcils froncés, ses mains crispées sur son sac. Elle se regarda dans une glace, avant de lancer à sa collègue sur un ton nonchalant :

«  Je fais ce que j’ai à faire. Aujourd’hui, j’ai prouvé à Jules Smith qu’il avait tort à mon sujet. »
« Tu n’as pas à devenir l’étoile de tous les critiques. Tu ne peux pas être aimée de tout le monde. »
« Je n’ai que deux ans pour obtenir le succès. »
« Pourqu..»
« Et Al’ doit avoir assez d’argent pour vivre sans moi, grandir et prospérer à son tour!»

Ses pupilles se dilatèrent, son souffle augmenta. Une perle de sueur se forma sur sa tempe droite. La Française observa sa collègue, en dépit d’une rigueur exemplaire sur la dissimulation de ses sentiments en général, semblait se fendre en petits morceaux tout à coup.

« Kassie, je ne comprends pas…»
« Al’ est un MUTANT! Je le sais, je le sens! Et je veux être là pour lui à chaque instant! »
« Est-il anormal? Pourquoi dis-tu ça? Kassima? »

La danseuse étoile s’assied sur une vanité, plongeant son front contre la glace qui accueillit à la fois sa détresse et son désarroi d’apprenti mère.

« Cécile, je sais danser… »
« Oh, oui! Cela, tu le fais à la perfection! »
« Être mère… et prévoir son futur. Il est innocent. Il est fragile. Il est trop jeune… Nous sommes trop jeunes... »
« S’il est mutant, tu dois planifier quoi faire dans cette occasion. »
« J’y ai déjà pensé, mais je ne peux pas le prévenir de mon départ… »
« Encore ces discours sur la mort! Quand abandonneras-tu ces foutaises? »
« C’est le…C’est… »

La remplaçante prit sa collègue dans ses bras, promettant de lui donner tout son argent si elle pouvait sécher les larmes naissantes de ses yeux. Kassima refusa, toujours pour soulager son orgueil. N’osant reparler de sa lutte contre le cancer, la danseuse étoile s’esquiva de la présence de Cécile puis appela un taxi pour rentrer à la maison plus tôt. Il était déjà tard dans la soirée : Kassie avait oublié de trancher les croûtes des sandwichs d’Al. Ses polos n’étaient pas pliés en quatre. Ses fusils n’étaient pas rangés dans son coffre à jouets. Le gamin, déjà habitué aux téléphones intelligents, bombardait sa mère adoptive de messages textes pour attirer son attention. Cécile tenta d’arrêter Kassie, mais elle dégagea son bras d’un mouvement sec. Elle décida de lui faire la tête, et de retourner à ses propres occupations. Toutefois, les yeux de Cécile se tournèrent en direction de la glace que Kassima avait fixé pendant tout ce temps. L'empreinte de lèvres rouges, fraîches et sanglantes y étaient tracées. La Française regarda l'épaule de son costume, et demeura coite en observant le tissu souillé de sang.

Leur conversation l'avait tant absorbée que la vue de sa bouche teintée de rouge vif ne l'avait pas frappé. Cécile se précipita en direction des salles de bain. Des taches rouges ornaient l'évier, la cuvette. Des mains imprimées sur la céramique blanche se promenaient jusqu'à l'eau encore rosée par des caillots. La Française se retourna, dénouant ses chaussons de performance. Elle entreprit de poursuivre sa collègue. Passant par la scène pour rejoindre la sortie, Kassima ignora les organisateurs et attrapa ses habits d'hiver lors de son passage tout en plaquant ses mains sur sa bouche. Un foulard violacé vint dissimuler ses lèvres bordées de rouge, pendant que des gants blancs vinrent vêtir ses mains. Une veste noire resserra ses habits pailletés contre elle-même. Ce brin de chaleur la réconforta dans sa douleur. Cécile laissa l'étrangère la devancer encore, et la coinça aux portes de sortie du théâtre. Elle dut agripper son bras, et la retenir très fort pour la convaincre de lui adresser la parole.


« Je suis malade, très malade. »
« Pardonne-moi. Je dois informer... »
« Ne dis rien à Liam. »
« Tu as un fils. »
« Et des responsabilités. Je dois tout organiser avant mon départ. »
« C’est injuste! Pourquoi dois-tu partir? Pourquoi tant de secrets? »
« Vivre morte ou mourir vivante. Le choix est plutôt simple. »

Parmi les voitures prisonnières du trafic, un taxi héla le prénom de la jeune étoile. Kassie embrassa Cécile sur les joues, y déposant deux empreintes d'une couleur violente. Stupéfaite, la remplaçante se remémorait le faciès intangible, serein de sa consœur lorsqu'elle avait prononcé ses dernières phrases. Kassima monta dans le véhicule, donna un bout de papier contenant l'adresse au chauffeur plutôt de que de le prononcer avec son accent. Lovant son faciès contre la fenêtre, elle estampa ses mains avec un mouchoir de poche. La Malaysienne appela son fils adoptif, et argumenta sur le choix des pâtes pour leur mets. Le rire gras de l'enfant interrompit toutes ses inquiétudes professionnelles. La jeunesse avait ce don incroyable d'alléger toutes les pensées par leurs actes les plus insignifiants.
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Kassima Jaslyn
Neutre Delta
Kassima Jaslyn


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MessageSujet: Re: Prima Ballerina's Strange Tales   Prima Ballerina's Strange Tales Icon_minitimeVen 2 Jan - 5:18



CHAPITRE DEUX: Sweet Death

2004-04-07, 08:00 a.m., Singapore Center Hospital

Flashback:

« En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer, d’être heureux. » Marc Aurèle

Il s’agissait du quatrième jour. Ouvrir les yeux sur ce plafond blanc, les baisser sur ces draps bleu pastel, les enterrer sur le carrelage grisâtre. Assez forte pour se rendre à la salle de bain, chaque miction portait du sang. Chaque déglutition annonçait la terreur des vomissements. Tous les aliments lui donnaient la nausée. Boire et manger lui étaient les pires supplices de l’humanité. La dernière séance de chimiothérapie avait eu lieu la veille. Kassima ressentait encore des vertiges, et n’avait quitté son lit pour combler ses besoins fréquents d’élimination. Déshydratée, sa peau se fendillait en petits flocons secs. Plusieurs ecchymoses coloraient ses membres.

À commencer par ses avant-bras, quatre ovales bleus les ornaient. Ses épaules, quant à elles, tremblotaient en permanence – leur teint d’un rose vif témoignait des poignes fortes employées afin de l’intimider. Son thorax entier se morcelait entre chair violacée et prune, parfois certaines nuances cerise venaient les diviser. Tout dépendait du niveau de délicatesse des aides-soignantes. Les vieilles femmes se montraient rudes, tandis que les débutantes s’appliquaient tellement qu’elles prenaient un quart d’heure pour la mobiliser. Depuis son arrivée, le médecin devait changer le personnel assigné à sa patiente. Chaque manque de délicatesse à son égard lui attribuait des hématomes immenses. La peur des adultes augmentait chez elle : peu arrivaient à percer sa coquille pour lui tirer quelques mots. Elle avait témoigné contre son père et son frère. Plus personne n’était prêt à accueillir cette petite ballerine une fois sortie du centre hospitalier.

Et ses jambes, l’horreur incarnée. Tant de striures vertes arpentaient ses mollets. Elles commençaient des randonnées affreuses sur ses cuisses si petites. Beaucoup plus mince que les enfants de son âge, la fillette ne laissait personne regarder le bas de son corps. Peu importait leurs efforts, Kassima refusait à tout le monde le droit de voir ses entorses aux chevilles, ses orteils multiplement cassés. Elle criait, promenait ses petites mains violacées et grises sur son crâne nu. Au quatrième réveil en ces lieux, la cadette des Fiorino se redressa. Il était l’heure d’aller danser, de pratiquer jusqu’à temps que ses jambes la porte sans l’assistance d’une marchette. Déposant ses talons émaciés sur le carrelage, Kassie se leva.

Au lieu de tomber, elle s’agrippa sans remords et avec douleur à son outil de marche. Elle fit un pas, un deuxième. Ses lunettes nasales furent jetées au sol, pendant qu’elle gémissait de douleur. Obstinée à ne jamais enlever ses chaussons roses, ses orteils craquaient et ses chevilles vacillaient. Une aide-soignante aperçut la tentative de la patiente, se lava les mains et se précipita aux pieds de l’enfant.


« Hey! Petite! Retourne au lit! »
« Danser, je veux danser. »
« Dormir, tu dois dormir. »
« Dormir et danser ne vont pas ensemble. »
« Alors, rêve à tes jolies ballerines! » susurra-t-elle sur un ton strict en prenant l’enfant dans ses bras pour la recoucher. Kassie se débattit sans succès, hurla des insultes japonaises à la pauvre jeune femme et tenta de grimper sur les ridelles de son lit. Dès l’instant que le personnel quitta la chambre, le rideau à la droite de la fillette s’ouvrit.

« Saperlipopette! Ferme ta bouche deux minutes. Il est quatre heures du matin. Dormir, c’est guérir. »
« Connais-tu cet endroit? » demanda Kassima d’une voix vive et ferme.
« C’est ma première fois. » murmura d’un air boudeur son interlocuteur qui n’était qu’un gamin d’à peine dix ans.
« C’est ma dernière fois. »
« Quand quittes-tu? À quel endroit? Avec qui? » Demanda-t-il, heureux de parler avec quelqu’un de son âge pour la première fois depuis deux semaines.
« Dès que je peux. Vers le noir. Avec la mort. »
« La mort, c’est la fin. Non? »
« Mourir, c’est guérir pour moi. »
« Tu voulais danser, non? »
« Oui, mais j'ai mal. »
« Alors, pleure. » Proposa-t-il en ouvrant ses bras pour elle, si petite et si violette par toutes ses injures.
« Mais, Jaslyn n’est plus là. Je pleure avec elle, et pas sans elle. »
« Qui est Jaslyn? Pourrais-tu quitter avec elle? »
« Ma sœur s’est envolée. »
« Mon cancer l’a fait! Envolé, qu’a dit le docteur! »

La jeune ballerine affronta son interlocuteur du regard, le gratifia d’un hurlement si puissant que le personnel accourra. La rage, prisonnière du corps de l’enfant, la transforma en pauvre créature possédée par une soif de vengeance si grande que rien ne put l’étouffer. Injures, objets minuscules, vêtements, bonnet, elle balança toutes ses affaires sur son voisin de chambre. La fillette agita tout le département de pédiatrie, et réussit à griffer ses ongles minuscules une des infirmières. Kassie cria au monde entier d’aller rôtir en enfer et de manger des détritus tant que quiconque lui refuserait son droit de danser jusqu’à l’arrivée de la mort. Tentant lamentablement de retirer l’aiguille de son bras, une seringue remplie de narcotiques suffit à l’immobiliser. De son sommeil, les larmes coulèrent et le prénom de sa grande sœur embrassa ses lèvres à chaque minute.

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