Undercover [Von Orchent & Blake]

«  Agent 12 au rapport.
- J'écoute.
- La police locale et les journalistes sont déjà sur place, mais je n'ai trouvé aucunes traces de l'agent 3.
- Entendu. Ce n'est pas la peine de rester là bas, nous aurons bientôt le rapport d’enquête de la police. Dirigez-vous chez lui. Soyez prudent, ne vous faites pas repérer même de l'agent 3.
- Dois-je le considérer comme un ennemi ?
- Pour le moment non. Mais rapportez moi tout ce que vous pourrez trouver. »

L'homme pose son téléphone sur son bureau alors qu'une autre personne se tiens, debout, derrière lui. Il regarde par la seule fenêtre du bureau, donnant sur le reste du complexe et de la base de Blackhawk. Dans sa main, il tient un katana.

« Prépare-toi à recevoir l'ordre d'élimination de l'agent 3. Quand je te donnerai le feux vert, tu auras carte blanche.
- 残念 だ.* Murmura-t-il. »


« Agent 4 au rapport.
- J'écoute.
- Vingt jours après le contact, il semblerait que l'agent 3 ait retrouvé assez de stabilité psychique.
- Envoyer l'agent 12 faire un rapport sur place. One doit déjà s'y trouver. »


Le réveil n'est jamais une partie de plaisir mais cela dépend en grande partie de ce qui le précède. Soirée trop arrosée, bagarre trop douloureuse, journée de boulot trop contraignante ; les raisons peuvent être multiples de se sentir mal lorsqu'on ouvre les yeux sur les rayons d'un soleil nouveau. Pour Tomàs, c'est pire que tout cela, il se réveille de vingt jour de coma, précédés d'une bataille dans laquelle il n'a pas seulement misé quelques dents et des fringues neuves mais tout bêtement sa vie et son possible avenir. Il se réveille de vingt jours de stase dans laquelle il n'a fait que rêver aussi activement que son corps se métamorphosait, se changeait lui-même.
Devant la glace de son appartement, il s'observe à mi chemin entre deux identités qu'il connaît que trop bien. Son corps est capable de changer mais il n'en maîtrise pas encore la faculté et la douleur qui en résulte fait couler de ses yeux écarquillés des larmes sur son visage impassible. Ce n'est pas une douleur qui le fera grimacer ni crier. Il la ressent et s'attarde même à en analyser toutes les facettes et les subtilités. Son corps lui fait mal car c'est toute sa structure physionomique qui semble pouvoir se métamorphoser. Des os à la peau ; tout doit s'adapter à une forme ou évoluer pour donner l'apparence parfaite d'un autre homme. De l'asiatique de taille moyenne à l'afro-américain de grande taille, les changements sont multiples et donc douloureux.
Son cerveau aussi lui fait mal. Une migraine violente qui est de loin plus dérangeante pour lui que la souffrance purement physique de sa métamorphose. La douleur mentale n'est pas quelque chose à laquelle il s'est habité mais cela risque de le devenir. Il n'en comprend pas bien les raisons, son esprit est aussi embrumé que l'esprit de n'importe quel être humain se réveillant après un gigantesque black out d'un peu moins d'un mois. C'est alors qu'une question plus que pertinente lui percuta l'esprit : Qui était-il ?

Il avait deux choix, choisir la face gauche de son visage, celle au trait asiatique, ou bien choisir la face droite, celle au trait afro-américain. Bien sur, psychiquement, mentalement et biologiquement, ce choix était déjà fait. Une seule personne était ressortie vainqueur du duel intérieur qui avait opposé ce qui peut s'apparenter aux deux personnalités de Tomàs. Un seul vainqueur qui pourtant n'était plus certains de qui il était, confus dans ses pensées, sans repères.

L'homme retourna s'allonger dans ce lit duquel il s'était réveillé. Tel un enfant retournant dans le ventre de sa mère, effrayé du monde extérieur. Oui, effrayé il l'était, intérieurement. Ses expressions faciales en revanche avaient gardé une part d'inhumanité qui étaient spécifiques d'Afterlife, l'entité psychique. Mais c'était du passé. L'homme sentait même que toute cette histoire était irréelle, fruit de son imagination, vécue à travers des songes agités. C'est alors qu'il se rappela de ses rêves, des rêves qu'il faisait lorsqu'il était dans le coma. Les pensées qui les formaient étaient encore claires et limpides. Il vit une fuite à travers les rues, puis l'arrivée d'une voiture et le visage d'un homme, ainsi que d'une femme.

Une injection de morphine plus tard il parvint à maintenir une apparence fixe, celle de Tomàs Blake. Après tout, il se trouvait dans son appartement et les risques de voir arriver des personnes s'attendant à le voir lui était plus grand. Il y avait deux types de personnes qui pouvaient venir le voir mais aussi deux types de personne qui détermineraient où il en est aujourd'hui : Les membres du Hellfire Club et ceux de Blackhawk. Il sortit de sa chambre pour arriver dans le salon et se figea alors sur place.

« Bien dormi ?

Assis sur une chaise, les jambes croisées et son arme posée en équilibre contre sa cuisse, l'agent numéro un de Blackhawk, celui avec le meilleur taux de réussite et les meilleures résultats l'observait. Un fort accent Japonais et un regard impassible, l'agent 1 ne se déplaçait jamais pour rien et si il était là en ce moment même, cela signifiait que la situation était critique.

- Absolument pas. Dis-moi...
- Hum ?
- T'es venu pour me ramener en vie ou mort ?
- Mort. »


Cela fait une semaine qu'il s'est réveillé. Une semaine que le premier agent de Blackhawk lui avait rendu visite. Sortant de sa voiture, il s'approcha de la porte. Son apparence n'avait pas changé, il n'était pas parvenu à reprendre l'apparence d'Afterlife en une semaine. Mais ce n'était pas important, il se souvenait maintenant de leur précédente rencontre et il n'aurait pas à justifier son allégeance. Il portait un costume mais n'était pas armé. Lorsque la porte s'ouvrit il pénétra dans l'antre du démon.

*Dommage

Je suis las, ce matin. Caitlyn a une belle phrase pour définir cette désillusion qui m’anime : que sont les autres si ce n’est l’espoir que l’on place en eux ? Je ne plaçais que peu d’espoir en Mewen Hatan, elle m’a été utile contre les Maraudeurs lorsqu’elle les a trahit, mais son potentiel, tant mutant qu’intellectuel, est trop limité pour faire d’elle ne serait-ce qu’une véritable agente du HellFire Club ; je ne lui ai donnée une chance que par politesse, et elle a réussit à échouer. Mais Artyom Volk, voici qui est plus regrettable. Il en avait les capacités, à la différence de son acolyte, mais voilà que son investissement laisse à désiré. Du gâchis. Peut-être aura-t-il une seconde chance, un jour, mais jamais il n’appartiendra au Cercle Intérieur, son absence de fiabilité lui aurait déjà coûtée la vie.

J’ai placé des pions un peu partout, et force est de constater que le seul échiquier qui n’avance pas, c’est le HellFire Club. Quelle merde.

J’ai la promesse d’un Cavalier, et je tenterai d’obtenir celle d’un autre dans les prochains mois, la guerre contre les Maraudeurs me le permettra, cependant, le reste des pièces est désespérément vide, et les candidats pour les combler manquent à l’appel. Si nul ne s’avère apte à devenir Agent du Club, si je ne puis regarnir mon échiquier en pions, jamais je n’aurai la possibilité de promouvoir ces derniers en pièce maitresse, et je resterai seul dans mon Cercle Intérieur. Mais je préfère le qualitatif au quantitatif, c’est mon choix, et ma solitude n’enlève rien au pouvoir du HellFire Club.

Je suis assis, éternel, dans mon antre de savoir, dans ce Salon de Printemps qui est devenu mon bureau, alors qu’entre les grandes bibliothèques symboliques du savoir, j’ai fait installer un grand bureau de bois, créé sur commande et sculpté de scènes mythiques et religieuses, représentants anges et héros au combat contre des démons et des monstres, ainsi qu’un grand fauteuil, dans lequel on pourrait presque s’attendre à me voir pourrir lentement. Une simple lampe, sur un côté, et deux de mes quatre échiquiers, ceux des Maraudeurs et du HellFire Club, voici ce qui encombre mon plan de travail, et me donne à réfléchir sur l’avancement de mes plans.

On frappe un unique coup à ma porte, et cette manière comme cette puissance m’indique simplement de qui il s’agit ; voici une autre agente, la plus importante peut-être à l’heure actuelle, et qui n’aura jamais sa place dans le Cercle Intérieur. Laetitia Starken, lorsque j’ai torturée à mort ta mère, j’ignorai que tu étais là, et si j’ai oubliée cette victime dans l’océan de celles que j’ai fait, ce ne fut pas le cas de mon Léviathan, et lorsque tu t’es illustrée au Walhalla, attirant mon attention et acceptant de travailler pour moi, j’ai admirée cette ironie. Mais était-ce réellement de l’ironie ? Ton esprit m’est hors de portée, mais ton corps ment mal, et je sais que ton but premier est de te rapprocher suffisamment de moi pour me tuer.  Tu essayeras, un jour surement, puis tu mourras, mais pour l’heure, tu es plus utile en vie, et tu continues de mettre tes pions en branle, me permettant de savoir qui sera avec moi et qui sera contre moi lorsque le moment viendra de purifier à nouveau.

Je lève les yeux de ces notes qui ne signifient rien pour quiconque d’autre que moi, puis me contente d’autoriser l’entrée, et ma porte s’ouvre sur la gardienne de ma demeure, une jeune femme se tenant droite et froide comme elle l’a toujours été. Une militaire, en tenue de molécule instable et dotée d’un endosquelette de bio-métal et d’une immunité à la télépathie, quoi de mieux pour sécuriser les lieux et commander aux diverses milices ? Ma première ennemie est celle à qui j’ai confiée les responsabilités qui m’étaient échues dans le temps où j’étais à son niveau, mais il est une différence essentielle entre nous : je suis malléable comme la chair, et j’évolue, alors qu’elle reste aussi figée que l’acier. Voilà pourquoi lorsque l’on se confrontera, elle mourra. Et c’est parce qu’elle est une morte en sursis qu’elle ne deviendra jamais membre du Cercle.

- Monsieur, il y a quelqu’un pour vous dans le hall.

Je n’attends personne, alors qui ? La réponse me vient de la voix décharnée qui raisonne dans mon esprit, et un sourire se trace sur mes lèvres ; le petit prodige est enfin de retour, c’est vrai. J’ignore depuis combien de temps il s’est réveillé, mais il s’en vient à moi, enfin. Cependant, sa présence signifie un danger potentiel, à ses yeux, chose qui ne devrait pas.

Je ne lui adresse qu’un signe de tête, mais elle ne bouge pas d’un pouce.

- Un problème ?

- Tomàs Blake, anciennement agent du BAM, aujourd’hui d’une affiliation inconnue, mais que l’on n’a pas encore réussie à identifier.

Je m’arrête un instant, cherchant ce que cela peut signifier. Puis je me lève complètement, et contourne mon bureau pour approcher de la porte, en faire de même avec la jeune femme et sortir, non sans reprendre la parole.

- Vos craintes quant aux difficultés éprouvées par les renseignements à sont louables, mais ne vous en faites pas. Je m’occupe de cela.

Elle hoche la tête, et je continue mon chemin vers le grand escalier ; Tomàs Blake, non AfterLife, voici qui est intéressant. Vêtu de circonstance, tout comme moi, et attendant dans le grand Hall du Manoir du Club des Damnés. C’est là le souvenir que je garde de notre première rencontre avec AfterLife, même si elle était en d’autres circonstances bien plus personnelles, moi descendant les escaliers pour te rejoindre, inconnu mystérieux mais ayant fait preuve de fort potentiel. Tu restes relativement mystérieux, oui, même si notre pacte est encore en vigueur.

- Salutations, Mr. Blake.

Ma voix raisonne dans la pièce dans une théâtralité qui n’a pas plus changée que ton corps humain, mais c’est là un détail, quant bien même il en inquiète certain ; mais il y a tellement plus dangereux en ta personne que cette simple apparence, quant bien même elle est bien plus imposante que celle avec laquelle on te connaissait ici. Et je dois avouer que la vingtaine de centimètres et la trentaine de kilo qui nous séparent sont des plus amusants, sachant qu’ils m’obligeront à me tenir un pas en retrait pour ne pas avoir à arquer le cou.

- Le réveil et le corps matériel ne vous ont pas trop dépaysé, j’espère.

Lorsque j’arrive à ton niveau, je te tends là main, ne te quittant pas du regard. Que sont les autres si ce n’est l’espoir que l’on place en eux ? J’ai de l’espoir pour toi, AfterLife.

« T'es venu pour me ramener en vie ou mort ?
- Mort. »

D'un geste lent, l'agent One se saisit du fourreau de son arme, sortant de quelques centimètres la lame avec le pouce dans un cliquetis caractéristique. Il ne mentait pas et déconnait encore moins. Il allait attaquer, une technique Iai rapide et efficace très vraisemblablement. Tomàs ne connaissait pas les capacités de l'agent, mais si il pensait que son sabre et une attaque de ce dernier suffirait à venir à bout de l'agent Three, c'était qu'il disposait de capacités qui le confortaient dans cette vision. Ajouter à cela le très mauvais état physique de Blake, il n'y avait peu de chance d'en réchapper vivant.

« Attends !
- Cela n'a rien de personnel.
- Laisse-moi lui parl... »

En une fraction de secondes, One se retrouva debout, en face de Blake qui était pourtant à cinq mètres de son fauteuil, le sabre toujours dans son fourreau. Il avait attaqué, Tomàs le savait. C'était allé à une vitesse surhumaine.

« すばらしい*»

Murmura Shinobi. L'expression de Tomàs s'était figée et montrait l'apparence d'un homme crispé, incapable de respirer, la douleur étant la seule à faire vibrer son corps. De l'énergie psychique semblait comme émaner de lui, lentement. L'agent One se redressa alors, un sourire sur les lèvres. Était-ce de la satisfaction ? Tomàs aurait été incapable de le dire à ce moment précis : Deux de ses quatre yeux ne voyaient plus l'agent One quand les deux autres ne voyaient plus du tout.


Après qu'un majordome ait ouvert la porte à Tomàs et demandé à ce qu'il patiente dans le hall quelques instants, le Roi Noir descendit de son perchoir, les pas résonnant dans la grande salle.

« Salutations. Votre théatralisme frôle toujours aussi subtilement avec l'histrionisme, Mr Von Orchent. »

Le corps lui avait manqué, oui, terriblement. Mais ce n'est plus à l'ordre du jour que de s'en inquiéter et Tomàs est un homme nouveau qui sait faire fi des préoccupations du passé pour se tourner vers l'avenir et observer de sa grandeur ce cher monsieur Hobbes a qui il doit beaucoup, mais en face de qui il ne s'agenouillera plus.

« Ils m'ont surtout manqués mais soyez rassurés, j'ai retrouvé pleinement mes capacités, intellectuelles du moins. Je ne devrais plus faire preuve d'autant d’excentricité. Je présenterai d'ailleurs mes excuses et mes salutations à Mademoiselle Wallensky à l'occasion. »

Il faisait bien entendue référence à l'entrevue du Roi Noir, de sa « secrétaire » et du subconscient de Tomàs qui s'était montré pour le moins taquin. Certains diront insultant, et Miss Wallensky en fait sans doute partie mais il va de soit que Tomàs doit garder une certaine réputation au sein du Hellfire Club. Et à mesure qu'il devient connu dans ce milieu, il ne doit pas laisser passer ce genre d’attitude. Au début, lorsqu'il eut saisit que ce qu'il prenait pour des rêves s'étaient réellement produits, un sentiment de honte le prit vivement. Aujourd'hui, c'est passé, mais pas oublié pour autant.

« Est-ce que je vous dérange ou bien êtes vous disponible pour une petite discussion ? Oh, loin de moi l'idée de vous presser, j'ai pas mal de temps devant moi et peut bien patienter le temps qu'il faudra pour que vous terminiez vos affaires, cela va de soit. »

*Splendide.

Tomàs Blake,

Bien entendu que mon théâtralisme se confond avec de l’histrionisme, car à capter excessivement ton attention là où je veux qu’elle soit, je le détourne de là où je ne veux pas qu’elle soit. C’est comme les magiciens, sauf qu’à ces derniers il faut une assistante bien potiche pour détourner l’attention, alors que je suis apte à faire mon numéro aussi bien seul qu’entouré ; et si j’ai la fâcheuse tendance à m’entourer de femmes, ce n’est nullement pour leur apparence, non, simplement car je suis un mâle alpha, et que la théorie voudrait que j’ai plus de facilité à collaborer avec des individus du « sexe faible » car elles seraient moins enclines à remettre en question mon autorité. Après, cela dépend de l’espèce, et des individus, et à défaut de remettre mon autorité en question, certaines sont prêtes à me dévorer une fois que je n'aurai plus d’utilité pour elles, comme chez les insectes. Et toi, Tomàs, tenteras-tu de me détruire le moment venu ?

Plus que ton corps, tu retrouves pleines tes capacités, « intellectuelles du moins » ; bien, c’est cela qui nous permet de rivaliser avec plus fort que nous, les prédateurs agissant avec ruse parvenant à menacer de bien plus gros qu’eux. Après, redécouvrir tes capacités physiques sera une bonne chose également, mais moins pressante. Quant aux excentricités, à loisir, sans doute cela sera-t-il un signe de maturité, mais je ne pense pas que tu serais arrivé à bout de ma patience ; d’un autre côté, je préfère éviter de le découvrir. Moins distrayant et plus efficace, voici qui promet. Enfin, pour ce qu’il est des excuses à la miss Wallensky… voilà qui me fait sourire. Tu l’as provoquée et t’es placé comme son adversaire, ainsi de son point de vue, tout ne sera que jeu de manipulation pour parvenir à dominer l’autre. Est-ce réellement cela ? Je n’en sais rien, mais je sais laisser les enfants jouer entre eux comme récompenser ceux qui font preuve de la maturité nécessaire pour dépasser ce stade.

« Est-ce que je vous dérange ou bien êtes vous disponible pour une petite discussion ? Oh, loin de moi l'idée de vous presser, j'ai pas mal de temps devant moi et peut bien patienter le temps qu'il faudra pour que vous terminiez vos affaires, cela va de soit. »

Je rabaisse ma main en en prenant note, me tourbant de biais pour indiquer le couloir du rez-de-chaussée. Le Manoir du Club des Damnés a été construit sur les ruines de l’église ayant autrefois servi de repère au Cercle Intérieur, et suit donc cette même logique architecturale, pour le premier niveau tout du moins. Les escaliers d’angles du Hall mènent au premier, mais telle la nef d’une cathédrale, un couloir par vers le reste du rez-de-chaussée, vers un nombre de pièces certes restreint, mais des plus spacieuses et fastueuses, le tout dans l’architecture du XVIIIe, car ce niveau est celui de nos invités, alors que le première étage est déjà moins festif mais plus utilitaire, et le dernier strictement réserver à certains membres, officieusement ceux du Cercle Intérieur mais également quelques invités, notamment parmi leurs agents, même si l’attribution des places restes à la discrétion des dirigeants. Quant au Cercle Intérieur, il n’a pas réellement bougé de la crypte, même si l’accès à cette dernière est bien plus difficile désormais, les passages y menant pouvant raisonnablement être qualifiés de « secret ».

- Ne vous inquiétez pas, Mr Blake, je sais trouver le temps pour les personnes qui le mérite.

Qui plus est, les choses qui se mettent en branle ici même sont lentes à grandir et à éclore, il faut user de patience et pertinence pour parvenir à quoi que ce soit dans notre monde, même si la réactivité fait partie du minimum que je demande à mes agents et collaborateurs.

- Suivez-moi.

Si le hall d’entrée est le Narthex d’une cathédrale, le couloir dans lequel nous allons avancer est son vaisseau, tandis que les bas-côtés donnent sur des salons et des salles de réception mineures, où l’on peut se donner à différentes orgies spécifiques même s’il n’y parait pas lorsqu’elles sont vides, et qu’à partir du transept se trouve la plus grande salle du manoir, faite pour les banquets et les bals, la croisée du transept servant au second et le chœur comme l’abside contenant les tables nécessaires à entreposer tant les mets que les invités, fonction de leurs positions dans le Club, le premier contenant les simples membres et le second réservé à ceux qui font parti intégrante de la structure, à savoir les organisateurs, membres de la société secrète. Enfin, les correspondances avec le déambulatoire sont des lieux d’intimités pour ceux qui, lors des soirées, en éprouveraient le besoin. Même si cela ne se voit pas réellement, le manoir est en forme de croix latine, quant bien même il est bien plus imposant que l’église sur laquelle il a été construit.

- Vous n’avez éprouvé que peu d’intérêt pour le manoir en lui-même lorsque vous y séjourniez, mais est-il nécessaire de vous faire visiter ?

Si oui, je m’en chargerai personnellement, si non, je changerai de sujet rapidement.

- J’espère que vous ne me tiendrez pas rigueur de ne pas avoir veillé sur vous durant votre sommeil, mais plus que vos invocations, ce sont vos nouveaux amis qui ont offert quelques… difficultés, à nos agents. Cependant, avant de m’embarquer à leurs sujets, je vous laisserai le loisir du premier sujet de notre discussion.

Nous ne tarderons pas à arriver dans la salle principale, témoin de la démesure de notre Club ainsi que de sa puissance, et nous la traverserons jusqu’aux places qui nous reviennent dans cet échiquier géant et invisible. Là, on viendra nous proposer des boissons, et face à ce qui est notre façade, nous pourrons réellement discuter de nos ombres.

Le double de Tomàs Blake s'évapora aussitôt, laissant place à l'original qui se trouvait juste derrière. Tomàs ne pouvait esquiver un tel coup, il ne pouvait que l'encaisser et n'avait à peine le temps de se reculer pour générer un double devant lui, agissant comme un véritable bouclier humain. Il avait ressenti l'attaque à travers son autre lui. Il avait ressenti ce qui aurait du lui arrivé si il n'avait pas eu des réflexes hors du communs. La puissance, la vitesse et la précision dans la coup n'était pas humaine et loin au dessus de ce qu'un maître en la matière serait capable de faire.
Mais il y avait une ouverture, le yakuza s'était comme arrêté après avoir donné son premier coup et cela laissait à Tomàs le temps de riposter. Combien de doubles serait-il capable d'invoquer dans son état ? Deux, trois tout au plus ?


« Ne vous donnez pas cette peine, je ne compte pas l'acheter. »

Il n'était pas venu pour une visite et connaître l'emplacement, des chambres, des salles secrètes et autres passages dissimulés l'intéressait que peu. De plus, il n'aimait pas ce manoir, trop lugubre pour lui.

« Nous n'avions pas convenu que vous assureriez ma sécurité une fois mon corps récupéré. Voilà pourquoi j'ai pris les devants. »

C'était le moment de voir si les verrous psychiques étaient bien efficaces sur ce qui concernait l'organisation. Néanmoins, à l'heure actuelle, Tomàs n'avait aucune idée des progrès qu'il avait pu faire et ne se doutait pas des protections supplémentaires qu'il avait développées. Il craignait d'ailleurs la télépathie de Von Orchent, n'étant même plus capable de sentir une intrusion dans son esprit comme avant.

« Je suis surpris. Lors de notre première rencontre vous n'aviez pas tardé à vous immiscer dans mon esprit. Est-ce la politesse qui vous en empêche aujourd'hui ? Ou bien faites-vous mine de me laisser le choix quand bien même vous connaissez déjà ma réponse ? »

C'était l'opportunité d'aller de l'avant et de prendre l'initiative de cette discussion.

« Puisque nous parlons de cela, pourquoi ne pas en discuter. Je compte bien faire profiter le club de mes services et me servir de ses avantages tout en grimpant dans la hiérarchie de ces lieux. Depuis le sommet, on a une bien plus belle vue d'ensemble du monde dans lequel nous vivons que depuis la vase d'où je viens. Mais si j'ai bien compris une chose c'est qu'entre le simple agent du Club et un membre à part entière de l'échiquier, le niveau n'est pas le même. Ces hommes seront ce qui me permettra de combler ce niveau. Devrais-je parler d'acolytes ? Non, je ne pense pas, je réinvestis vos leçons et vous ne m'aviez nullement accordé votre confiance dès le premier jour. Il en va de même pour eux. Oh bien sûr, je ne peux pas encore anticiper vos coups, et peut-être que ces personnes étaient déjà à vos ordres avant de mimer êtres sous les miens. Mais en laissant de côté cette hypothèse, si ce que vous dites est vrai, alors ils ont mérité le droit de me seconder dans mes prochaines tâches. Ne pensez-vous pas que poser des difficultés à vos agents est suffisent comme premier test de compétence ? »

Trop arrogant, cela le perdra sans doute, mais Tomàs parlait en effet plus franchement, sans réel détours des faits qu'il pouvait dévoiler sans risquer sa peau.

« Vous souhaitiez me poser des questions à ce sujet, non ? Je vous en pries. »

Nulle visite, soit ; avec une petite remarque qui pourrait laisser à penser nombres de choses mais je ne m’attarderai pas dessus. Pour l’instant tout du moins. Quand à n’avoir convenu une quelconque protection, c’est amusant de voir quels raisonnements se sont fait dans ton esprit, Thomàs, puisque nous aider et nous protéger les uns les autres n’est pas une négociation dans ce système qui même s’il s’en cache bien est basé sur la coopération et l’entraide en bonne intelligence ; c’est au nom de cette même bonne intelligence que j’ai destitués mes prédécesseurs qui devenaient contreproductifs. Prendre les devants est une bonne chose.

« Je suis surpris. Lors de notre première rencontre vous n'aviez pas tardé à vous immiscer dans mon esprit. Est-ce la politesse qui vous en empêche aujourd'hui ? Ou bien faites-vous mine de me laisser le choix quand bien même vous connaissez déjà ma réponse ? »

- Je fais le nécessaire et cela ne m’a pas semblé l’être aujourd’hui. De plus, l’utilisation de nos pouvoirs les uns contre les autres n’est pas dans nos habitudes et je tends à vous considérer comme membres du HellFire Club à présent même si vous n’en avez pas encore la carte.

Peut-être suis-je dans l’erreur de le faire mais c’est mon parti-pris que de ne museler mes suivants que si nécessaire selon cette simple doctrine pourtant bien utile tant pour agir que pour se modérer dans ces mêmes actes. Notre première rencontre était celle avec un élément inconnu à évaluer et à apprivoiser, dans le sens de la familiarisation, alors qu’aujourd’hui j’accueille simplement un nouveau même, déjà testé et relativement familier. De plus te laisser libre de dire ou de taire peut très bien être un nouveau test visant à découvrir ton degré de collaboration avec cette institution que tu viens de rejoindre. Faire profiter le club de tes services tout en profitant des siens est la base et ce qui justifie la volonté d’élévation dans la hiérarchie secrète, chose au programme également. Plaisant même s’il reste à savoir comment tu t’y prendras.

J’aime ta conceptualisation de la chose, entièrement vraie mais originale dans ce qu’elle parle de vue et non de contrôle ; oui, il y a une bien meilleure vue du Cercle Intérieur sur nos activités là où les Agents seront limités à leur tâche sans forcément connaitre les opérations de leurs camarades.

Ces hommes comment tremplin pour atteindre le Cercle Intérieur ; lesquels ? Les autres agents du Cercle ou bien tes mystérieux amis, j’avoue être perplexe. Les uns comme les autres pourraient l’être en effet et anticiper ton éventuelle épreuve de montée en grade serait une belle surprise de ta part, parfaitement le genre auxquelles tu m’as habitué. J’aime à considérer certains des Agents du Club comme mes acolytes ou mes suivants, c’est vrai, mais il ne faut pas étendre cette catégorie à trop de personne non plus : la majorité reste des outils. Des outils dignes d’une confiance modérée au mieux, d’aucune au pire. Les divers groupuscules de milice du HellFire Club en sont l’exemple parfait : la garde du Manoir en sait infiniment plus que des troupes d’intervention recyclées du système pénitentiaire.

Et j’espère bien que toi ou quiconque ne puisse anticiper mes coups car ma logique est étrangère à ce monde et c’est bien ce qui m’en préserve. Même au cœur de ce système j’en reste un étranger à qui il indiffère, pour qui il n’est qu’un objet manipulable, un outil utile et somme toute un moyen ; je ne cherche pas le pouvoir géopolitique ni économique, non, mais je ne supporte pas de voir des entités comme le HellFire Club gâchée par l’inaction de quelques uns ou l’incompétence d’autres.

Quant à tes petits amis, puisque c’est bien d’eux qu’il est question, voici qui me fait sourire : le droit de te seconder dans tes prochaines tâches. Oui. Et poser des difficultés à mes agents comme premier test de compétence…

- Nul test ne peut se passer de difficultés, cependant je préfère lorsque les événements les créent.

Ma différence avec les X-Men et mon point commun avec la Confrérie, surement, sachant que je considère X-Men, Acolytes et membres du Cercle Intérieur comme égaux dans les différentes hiérarchies claniques présentes dans les structures majeures de ce monde.

- Les difficultés peuvent-être variables et inégales, j’en conviens, mais cela permet également d’estimer jusqu’où la potentielle recrue pourra aller.

Tu as survécu à un danger mortel et en est ressorti bien plus puissant, Thomàs, ainsi donc pourras-tu aller haut, j’en suis convaincu.

Nous arrivons à la grande salle de réception et de bal, dont les tables sont rangées à l’heure actuelle et qui semble, de ce fait, incroyablement vide. Je traverse la partie destinée aux simples membres du Club des Damnés pour m’en aller à celui de ceux du HellFire Club, agents et membres du Cercle officiellement désignés comme membres organisateurs ou simplement VIP ; après tout, notre chère façade n’est rien de moins qu’une association réussissant différents clubs destinés à l’élite de l’élite. Je m’assieds à l’une des tables de cette partie légèrement surélevée correspondant à l’abside et donc à nos places.

- En ce qui me concerne, vous avez réussi votre test de compétence, Mr Blake. La prochaine étape est donc, en toute logique, votre participation et votre ascension dans notre club. Et comme vous l’avez supposé, vos mystérieux amis seront de la partie.

On vient nous proposer des boissons, un simple majordome qui me fait me taire à son approche et à qui je commande un simple verre d’eau, attendant qu’il reparte pour poursuivre.

- Je suppose que votre renaissance vous a permit de conserver les souvenirs et capacités des deux partis, et si vous pouviez m’éclairer sur vos « acolytes » sans doute serais-je à même de savoir quelle place peuvent-ils avoir tant dans votre ascension que dans notre club. Dites-moi tout ; à moins qu’il ne vous faille quelque chose en échange.

Les deux combattants allaient riposter lorsqu'une sonnerie de téléphone plongea la pièce dans le silence. Leurs regards toujours fixés l'un sur l'autre, c'est finalement le japonais qui brisa ce cycle d’immobilité le premier. Il se redressa, détendant son corps, rangeant son arme et allant chercher le téléphone dans la poche intérieure de sa veste.
Tomàs ne pu s'empêcher de souffler de soulagement. Il savait qui appelait et pourquoi mais il ne savait pas pourquoi cela avait mis tant de temps. Son adversaire porta l’appareil sur son oreille, parlant calmement.

« Oui ?
…
Soit. »

Il lança le téléphone vers Tomàs pour que se dernier le rattrape. L'appel était pour lui visiblement.

« Je dois vous remercier pour votre appel salvateur.
…
Non, il ne m'a pas sauvé moi. Il l'a sauvé lui.
…
Inutile de vous fatiguer. J'aimerai passer un marché avec vous. »


Tomàs parcourra la pièce calmement et lentement comme pour s'aider à réfléchir. Bien qu'il n'ai pas demandé de visite et ne s'intéresse pas à ce que les lieux peuvent offrir architecturalement il semble porté un regard particulier à la salle dans laquelle des personnes importantes viendront s’asseoir et avec lesquelles il devra parlementer. Il s'ainstalla ensuite à un siège pour répondre aux interrogations légitime de son hôte.

« Nul besoin de contrepartie.
Comme je l'ai dis, il ne sont pas à mon sens mes acolytes, mais plutôt le réseau que j'ai pu conserver  et dont je peux me servir sous certaines conditions afin de m'aider dans mes tâches. Pour exemple, l'utilité de ce réseau fut suffisant pour défendre ma dépouille pendant mon coma. Il s'agit d'anciennes connaissances de Squad. Militaire, indicateurs du BAM, ex-collègues c'est à peut près jusqu'où s'étend ce réseau. Bien sur, ce réseau ne possède aucun pouvoir politique, économique ou exécutif mais il peut s'avérer utile en pratique de certaines missions qui pourrait m'être donnée d'accomplir.
Il n'est pas question en premier lieu que ces personnes rejoignent le cercle ou plutôt, devrais-je dire que je n'en ferai pas la demande à leurs place. Certaines de ces personnes d’ailleurs pourrait en règle générale être plus ennemis du club qu'allié je me garderai donc de leur parler directement de cette activité.
Peut-être ne suis-je pas assez clair. Dans ce cas présentons cela de cette manière : Ces connaissances sont de potentiels mercenaires personnels. Il me suffit de trouver une bonne raison et de bonnes justifications afin de les faire agir, rien de plus. Quand je dis personnel, c'est ainsi que je les perçois de mon propre point de vue. Je garde à l'esprit le fait qu'ils puissent être autre chose en dehors de mon champ de vision.
Ils agissent de la même manière que les pièces d'un échiquiers : Ils peuvent m'obéir, du moment que je prends en compte leurs contraintes de déplacements, leurs idéologies, leurs motivations… Pour la plupart de ces personnes, je suis connu comme ex-agent du BAM, Tomàs Blake. »

Il s'arrêta un instant pour boire le verre d'alcool qu'il avait commandé au majordome.

« Enfin… Si c'est des noms que vous voulez afin de vous faire une représentation, je peux en effet vous en donner. D'ailleurs, il me semble que ces noms ne vous seront pas étranger. Mertens, Tucker,  O'Brien, Dartmouth, Bredwook, Charon… »

Nul besoin de contrepartie, vraiment ? Voyons donc cela. Je t’écoute en silence, Tomàs Blake, tout en me tournant comme toujours vers l’avenir et en gardant à l’esprit l’échiquier géopolitique où ton « réseau » m’est encore relativement inconnu. J’aime les choses obscures parce que j’y vois au travers et je les manipule pour m’en draper avec la coquetterie d’une dame cependant qu’il y en est qui m’échappent encore ne m’encourage qu’à en percer les mystères. Il est surement des choses au-delà de ma portée mais en ce cas j’évoluerai et m’adapterai afin d’accroitre celle-ci et l’information reste un terrain de chasse des plus stimulants.

Pas réellement tes acolytes, bien, il faudra donc remédier à cela ; une épreuve de passation ? Pourquoi pas. Mais il m’en faudra savoir plus ou à l’inverse trop peu pour damner le pion de cette manière au mystérieux joueur qui me ferait face. Un réseau implique quelque chose de désuni et de parcellaire, ils sont unis et organisés ce que j’ai pu en observé ; peut-être une unique partie dudit réseau mais celle qui m’intéresse plus que les autres. Quand à les motiver cela reste à ta discrétion, AfterLife.

Militaires, indicateurs et Agents du BAM… l’à peu près est intéressant. Le BAM est beaucoup plus transparent qu’on ne le croit lorsqu’on sait à qui demander et ils n’étaient nullement de son allégeance ceux qui te surveillaient, quant à leurs servir d’indics c’est un moyen simple de manipuler le Triskelion. Et « militaire » regroupe beaucoup trop de chose pour que cela soit translucide, ce n’est qu’un flou fait par des rides d’informations. Aucun pouvoir politique, économie ou exécutif, c’est bien dommage mais pas indispensable, contrairement à ce que l’on pouvait croire dans le passé.

Il n’est pas question que ces personnes apprennent l’existence du Cercle Intérieur du HellFire Club sans l’accord de ce dernier, tout manquement à cette règle pourra être passible de condamnation et je suis pour l’heure juge, juré et bourreau, tandis que laisser une chance aux meilleurs éléments de se « promouvoir » est une initiative louable pour eux. Quant à ces personnes qui pourraient être plus des ennemis que des alliés, ils entrent donc dans la catégorie des pions ; à nous de savoir faire tourner les choses en notre faveur, le HellFire Club n’a pas d’ennemis qu’il ne gagne pas à avoir contre lui. Ta discrétion me fait plaisir, Tomàs, j’espère simplement qu’elle ne sera pas réciproque.

Peut-être ne suis-je pas assez clair. Dans ce cas présentons cela de cette manière : Ces connaissances sont de potentiels mercenaires personnels. Il me suffit de trouver une bonne raison et de bonnes justifications afin de les faire agir, rien de plus. Quand je dis personnel, c'est ainsi que je les perçois de mon propre point de vue. Je garde à l'esprit le fait qu'ils puissent être autre chose en dehors de mon champ de vision.

Je souris à cette façon de déclarer les choses, franche, honnête et aussi concise qu’efficace, qui font se profiler la mission qui pourra faire de toi l’un des nôtres. Ils sont les pièces d’un échiquier, tant mieux, c’est là notre spécialité et notre héraldique. Je garde le regard perdu alors que je cherche, et qu’on m’aide mentalement à chercher, qui pourrait bien être ces fameux pions, mais je crains n’en détenir la réponse.

Des noms, bien entendu que j’en veux, les noms nous accordent du pouvoir sur les choses, ils nous permettent de les penser, de les conceptualiser, de les rationnaliser, d’effectuer toutes les manipulations possibles sur eux ; les humains ont besoin de nommer les choses et même si c’est moralement discutable je reste un être humain, l’information n’a de valeur que si elle peut être employée par tous et dépends donc des bons termes également. Cependant, si certains de ces noms me sont étrangers, il me manque le principal d’entre eux.

Tucker, James Tucker, réincarnation de Dimitri Lyov après un lavage de cerveau et un conditionnement pro-BAM, déjà rencontré, porté disparu ; dommage, j’aurai bien aimé le corrompre et le connaitre, après tout j’appelle son ex par un prénom qui est à mon usage exclusif en plus de la considérer comme une sœur et je suis l’une des rares personnes extérieures à leur famille à avoir put croiser Maybe, je lui ai même « appartenu » le temps d’une après-midi, au terme d’un accord entre elle et mon Léviathan. Accord dont je ne connais ni les tenant ni les aboutissant cela va s’en dire.

Dartmouth, Marvin Dartmouth ? Je l’ai libéré de la tombe et l’ai laissé filer, il doit bien y avoir une prime sur lui quelque part mais je n’en suis plus certain. Il était impliqué dans le projet Hadès et ignore qui je suis réellement, il n’avait rien pour me nuire et son ingratitude était déplaisante ; il semblerait qu’il revienne dans la partie d’une façon inattendue.

Charon ? The Ferryman ? De sa véritable identité Artyom Volk ? Voici qui est plus surprenant puisqu’il ne faisait pas parti des indics du BAM ou d’une quelconque autre société secrète militarisée aux dernières nouvelles, il restait mercenaire à son compte avec sa petite apprentie, et je crois qu’ils n’ont plus réellement fait parler d’eux depuis mon test pour voir si le premier était apte à devenir Agent du Club.

Les autres me sont inconnus mais j’apprendrai très vite, leurs noms ne resteront peut-être pas dans ma mémoire mais la Sienne ne me fera défaut que si Elle le décide et il n’est pas dans Son intérêt de me faire défaut pour l’heure. Je découvrirai qui ils sont et s’ils disposent d’un autre point commun que Tomàs Blake alias Squad, ex-agent du BAM et… qu’a-t-il fait après ?

Je souris encore, différemment cette fois, puis porte le regard à mon verre pour y contempler les reflets déformés de l’eau et du cristal, jeux de miroirs dissonants surement aussi limpide que la situation.

- Aurai-je tord de supposer que ces potentiels ennemis et serviteurs ne sont autres que les nouveaux employeurs de Tomàs Blake ? Vous ne m’avez pas dit leur nom et je pense qu’il m’est étranger. Est-ce impoli que de demander à expliciter à leur sujet ?

Selon ce qu’ils sont, je pense que prendre le contrôle de leur organisation pourrait te valoir une place dans le Cercle Intérieur, Tomàs Blake. Nous avons nombre de mercenaire mais rares sont ceux capables de résister à nos agents de renseignement et s’il y a un nouveau joueur dans la partie je dois savoir qui il est et où il se trouve par rapport à moi ; je doute lui offrir une place à l’égale des X-Men ou de la Confrérie mais le placer au-dessus du BAM ne me surprendrait pas, tant ils semblent déjà l’être comme l’avoir toujours été. Nous verrons.

Il entra dans un bureau, escorté de la personne avec laquelle il avait failli se battre jusqu'à la mort peut de temps avant. Un collier neuralisateur autour du cou, il était en quelque sorte en sursis. Si ses paroles ne touchaient pas leurs cibles, sa vie seraient terminée en un rien de temps. Un homme est assis, il l'observe mais ne dit rien. Tomàs se serait bien gratté la tête mais il était menotté. Souriant amèrement de sa piètre situation il ouvrit le dialogue.

« J'ai dis vouloir passer un marché je le conçois. Cependant, j'ai mentis.
- Ne poussez pas trop votre chance, Blake.
- Je ne souhaites pas passer un accord mais deux.
- Quelle insolence… Je vous écoutes.
- Je souhaites être promu à la direction de la nouvelle section de développement scientifique.
- Cela implique j'imagine de laver tout soupçons quand à votre instabilité psychique et votre allégeance pour vous reconsidérer comme l'un des nôtres. Je vois… En échange de quoi ?
- Si vous avez envoyé en agent pour m’exécute c'est que vous ne pouviez pas le faire via le sceau psychique n'est-ce pas ? Dans ce cas, je vous laisse le reformer.
- Je crois que je vous ai surestim…
- Je n'ai pas fini. En échange également des informations manquantes à ces dossiers. 
- Quels type d'informations ?
- Identités, défense, administration, capacités mutantes et lieux. »

Il fit signe à l'agent One qui déposa sur la table des dossiers qu'il avait eu l'autorisation d’amener avec lui. L'homme assis en face de lui les feuilleta en silence. Son visage restait impassible, ses expressions étaient très difficiles à cerner. Il referma les dossiers, les poussant loin de lui pour pouvoir joindre ses mains, posées sur le bureau.

« Soit. Et quel est donc le deuxième accord que vous souhaitez passer ?
-  Carte blanche sur une opération d'infiltration. Je ne saurai nullement contraint de vous faire des comptes ou de vous informer de mes agissements. Je cumulerai la fonction d'agent libre et cela en échange de moyens financiers et d'informations pouvant accélérer de manière exponentielle le développement de la branche scientifique. 
- Soit. Je vais devoir en débattre avec le conseil. Je vous garantis votre sécurité d'ici à ma réponse. Si la réponse du conseil est négative, je pourrai peut-être négocier une lobotomie plutôt qu'une exécution mais ne soyez sur de rien. »


Voilà qui ressemblait bien au Roi Noir. Ce dernier touchait en plein dans le mille ce qui força Tomàs à boire une gorgée de son verre pour se laisser le temps de réfléchir et ne pas montrer ce qui indiquerait à son interlocuteur qu'il avait ou non raison. Comment avait-il deviné ? Déduction ? Coïncidence ? Ce n'était là pas des choses qui inquiétaient Tomàs. Ce qui l'inquiétait c'était sa faculté de télépathie. Aurait-il lu en lui ? Non, c'était impossible, le verrou avait été reformée et il lui avait même indiqué qu'il ne pénétrerait pas son esprit. Bien sur, Tomàs n'était pas naïf pour le croire sur parole mais avait-il un intérêt à lui mentir ? Pas vraiment. Cependant la question subsistait… Le Roi Noir était-il parvenu à surpasser le verrou ? Il fallait jouer le coup le plus sûr et le moins risqué. Il se lança alors, l'air parfaitement naturel, reposant son verre niant de la tête dans un claquement de sa langue sur son palais.

«  Il n'a pas eu d'employeur, il fut l'employeur et j'hérite de ses salariés. »

Il ne mentait pas sur toute la ligne. Il faisait simplement que se couvrir et évitant de mentionner l'organisation comme étant quelque chose de plus gros que lui. Il devait jouer le tampon, il en allait de sa survie. Le verrou de Blackhawk était apte à le tuer sur le champ si il parlait trop de même que les virus psychiques installés à Afterlife avaient de grande chance d'être encore actif et de pouvoir tuer Blake  si il révélait des informations sur le Hellfire Club à d'autres personnes. Du moins, c'est comme cela qu'il voyait les choses et c'est ce qu'il pensait. Il ne laissa pas le temps pour une réplique, il préféra aller droit vers ses objectifs et ainsi montrer à ce Roi Noir suspicieux que c'était là les éléments sur lesquelles il devait se focaliser pour le moment.

« Mais vous savez, je n'ai pas de si piètres ambitions que lui. Son objectif premier était de me trouver grâce à ces soutiens. Son objectif secondaire était d'appliquer sa vision de la justice en solitaire par la suite, puisqu'il a démissionné du BAM. Inconsciemment, il ne voulait que se racheter et montrer au Triskellion son efficacité. Mais il était naïf, il l'a toujours été. Si j'ai décidé d'aller si loin dans ce club c'est parce que j'ai la convictions de pouvoir changer les choses avec son 'aide'. »

Le ton n'était pas le même sur le dernier mot que sur le reste de sa tirade et pour cause, il ne croyait pas en une aide dans le sens premier du terme. Ce n'était que de la mise en commun d’intérêt, de la discussion politique et tacticienne là où la pratique de poignarder son 'allié' dans le dos était répandue.

« Je vois vous informer, Roi Noir. Je ne compte pas me débarrasser de ce réseau. Je vais l'agrandir, l'étoffer, l'améliorer, le rendre plus puissant, plus fidèle. Si j'en crois mon instinct, autour de ces tables se tiendront des personnes aux capacités toutes plus incroyables les unes que les autres j'en ai la certitude. Et je ne parle pas forcément de capacités mutantes, mais aussi de pouvoir politique ou financier. Je ne souhaites pas être laissé derrière et je ne comptes pas les attendre non plus, comprenez-vous ? »

Le principe n'était pas très compliqué. En demandant des informations, de la logistique et de l'aide politique et financière dans certains domaines, Tomàs serait apte, grâce à ses efforts et son réseau de s'améliorer lui et ses futurs acolytes. Par amélioration il fallait entendre d'abord des améliorations de forces d'attaques, de capacités d'infiltrations, de force d’enquête. Mais il fallait aussi entendre que ce réseau se développerait comme une petite mafia au service du Hellfire Club. Avec des ressources financières propres et une certaines influences. En se développant ainsi, Tomàs serait apte de répondre à des demandes du Hellfire Club plus complexes, plus difficiles et ainsi monter rapidement en grade pour pouvoir, comme il le souhaite, voir le monde du haut. De là, alors et uniquement à ce moment, il pourrait être capable de changer les choses.
En parallèles, ses informations et aides serviraient à développer la branche scientifique de BlackHawk et ainsi remplir son contrat avec les dirigeants de ce groupe. Si Blake parvient à développer cette branche suffisamment, il pourrait être amené à remplacer Zero sur son trône et ainsi avoir un contrôle globale de l'organisation. De l'ambition, beaucoup d'ambitions et un chemin semé d’embûches...

Tomàs Blake est devenu un Ex-Agent du BAM suite à une bavure et le combat contre AfterLife l’avait déjà vu trouver une nouvelle allégeance, chose à laquelle je n’avais portée attention jusqu’ici et c’est mon tord et mon erreur, une erreur qui aurait pu ne pas pardonner. Mais cette expression, entendue de sa bouche même, EX-agent, voici qui m’a fait penser à ce qu’il pouvait avoir été après. Nous n’avons qu’une seule image mais ses reflets en sont facilement déformables et très souvent déformés, c’est là ce que signifie le regard dans mon verre d’eau où ton reflet est différent de l’image que j’ai de toi, Tomàs.

Il n’y a pas eu d’employeur, c’était lui et il a donc des employés ; intéressant. Ce sont donc ses propres troupes qui t’ont surveillé durant ton coma, tes propres hommes qui ont « assurée ta sécurité » en plus de défier les miens. Une chose me turlupine cependant : comment emploie-t-on des êtres aussi capables avec un simple salaire de retraité du Triskelion ? Déposant délicatement mon verre sur la table, je croise les doigts contre mon ventre en me tournant vers lui, continuant d’écouter son histoire car il me semble qu’il en s’agit bien d’une, d’histoire.

Pas de piètres ambitions à l’égales de celles du premier ? Il ne me semblait pas aussi creux pour avoir réussit à monter une organisation capable de me résister. Il semblerait qu’il ait trouvés plus que des soutiens, considérant les employés que cela lui a valut. Oui, un justicier solitaire appliquant sa vision propre de la justice, rien de plus faux et manipulable ; est-ce ainsi que l’on usera de l’entreprise qu’il a mise en place ? Ça serait cohérent avec le fait de leur « trouver une bonne raison et de bonnes justifications afin de les faire agir ».

« Mais il était naïf, il l'a toujours été. Si j'ai décidé d'aller si loin dans ce club c'est parce que j'ai la convictions de pouvoir changer les choses avec son 'aide'. »

Je ne peux m’empêcher un sourire car cela te place au même niveau que tous ceux que j’ai invité à me rejoindre, Confrérie comme X-Men ; oui, le HellFire Club peut changer les choses, libres à eux d’y participer pour tenter de faire que cela soit à leur avantage, c’est là l’utilisation la plus constructive de cette entité bien au-delà du simple appel de l’avidité. Tu auras ta chance, AfterLife, comme tous les autres, j’espère simplement que tu ne commettras pas de regrettable faux pas.

Informe-moi, je t’en pris. Tes objectifs m’intéressent et je les écoute avec attention, continuant de te regarder. Ton instinct ne te trompe pas, mon jeune ami, nous sommes ici dans la bergerie et ce sont les loups qui en sont tenanciers ; magnifique rien que dans le concept, n’est-ce pas ? Ne pas être laissé derrière est une preuve de sens et à l’heure actuelle je suis la seule personne qui puisse rendre cela possible.

- Je comprends parfaitement, tout comme votre envie de cultiver votre réseau. La seule chose qui me pose problème est le fait qu’en voulant se racheter et montrer à ceux qu’il avait déçus son efficacité Tomàs Blake ait créé une entreprise qui les surpasse en efficacité.

Ne me décevez jamais, Tomàs, je ne me laisserai pas doubler aussi facilement.

- Vous m’avez toujours impressionné, Mr Blake, mais même si votre ancien alter-égo était à votre égal je ne pense pas qu’il ait pu créer une entité aussi puissante à lui-seul. Etes-vous conscient que vous faites de l’ombre au BAM du point de vue du HellFire Club ? Je veux bien croire que vous soyez l’employeur mais je m’intéresserai aux actionnaires, dans ce cas.

Je laisse un silence, un simple mais relativement long silence, te regardant et te jaugeant face à une chose qui doit bien te complexifier la tâche ; je connais le monde du travail, certes plus théoriquement qu’en pratique mais ça m’est bien suffisant pour comprendre ses mécanismes et savoir que même le plus grand PDG peut être soumit, surtout s’il veut disposer de plus de ressources qu’il n’en a, à d’autres êtres peut-être moins influents ou impliqués que lui mais qui n’en exercent pas moins un pouvoir sur lui. Même le Club des Damnés ne s’en sortirait pas sans les donations de ses chers membres chose qui ne nous motive que plus à les contenter, d’autant plus qu’ils sont plus facilement manipulable une fois contenté ; même si nous restons financés par nombres d’activités légales comme illégales, comme une participation d’entreprises comme Shaw Industries ou encore les rentes de feu Dianora Vendramin. Il en va de même pour toute personne ayant plus de ressources à sa disposition que celles qui lui sont propres.

Mais j’ai suffisamment fait durer le suspens et il est temps pour toi de comprendre que même si le mensonge est dangereux je laisse une marge de manœuvre à mes agents, même si j’escompte bien tout découvrir tôt ou tard.

- Et mon souhait serait une prise de participation du HellFire Club dans cette mystérieuse organisation.

Décroisant mes mains je m’empare à nouveau de mon verre pour le lui présenter, un simple sourire aux lèvres.

- Affiliez votre réseau au HellFire Club et je vous offre votre place dans le Cercle Intérieur, Mr Blake. Cela vous convient-il ?

La question n’est pas piège mais si tu n’acceptes pas cette mission je crains qu’en trouver une autre n’implique un délai plus long et bien plus de méfiance envers cette chose que tu tenteras de nous soustraire. Je veux toutes les présences géopolitiques officieuses de notre siècle dans mon Cercle Intérieur, je veux donner la parole aux défenseurs des grands courants de pensée de notre ère et je veux m’affilier toute organisation qui pourra nous être profitable et nous aider à changer le monde. Je ne demanderai pas d’ambassadeur et ne traiterait ni en invité ni en égal une chose que j’ignore ainsi donc tenterais-je de la corrompre et c’est là ton aventure, Tomàs Blake.

Tu y gagnera sur tous les plans n’est-ce pas ?

Menotté, un collier inhibiteur de pouvoir autour de son cou, Blake attendait le verdict de ses supérieurs hiérarchiques quant-à ses propositions visant à lui assurer un bel avenir tout en faisant gagner beaucoup de chose aux deux organisations qui étaient en jeu. Bien sur ce n'était pas gagnant sur tous les plans. Les risques étaient nombreux. Pour le Hellfire Club l'inquiétude première serait de faire toute la lumière sur Blackhawk et cela pour ne pas simplement servir de tremplin mais d’arbre et potentiellement de dirigeant. Pour Blackhawk c'était le risque de s'exposer au monde - avec tout ce que cela implique – et donc d'y perdre une partie de la discrétion obtenue jusqu'ici par une attitude d’Hermite.
Mais les dirigeants des deux parties savaient que le jeu en valait les risques car de nombreuses garanties et fusibles étaient présent sur le plateau garantissant à l'un la part de ce goulu gâteau et à l'autre la possibilité de retrait et de démantèlement de l'activité sans risquer de se faire identifier.
La porte de métal s'ouvre. Le détenu est impassible, calme, malgré les longues heures d'attentes où il n'a pas eu l'occasion de profiter d'un ménagement favorable.

« Blake ? Vous avez le feu vert. »


« A votre place, je ne sous-estimerai pas à ce point le Bureau. Ne dit-on pas de prendre garde à la bête blessée ? Pour avoir fréquenté de prêt le service et côtoyé certains de ses membres, je sais pertinemment qu'il dispose d'énormément de ressource qu'on ne soupçonne pas. Mais bon… Vous l'avez dit, ce n'est là que le point du vu du Hellfire Club. Si aucun représentant du Triskellion n'a accepté vos offres ou toqué à votre porte, cela peut aussi vouloir dire que vous n'en valez pas le coup et que – dans ce cadre – mon réseau ne lui fasse pas réellement de l'ombre. Mais ce n'est là que suppositions et points de vu, j'imagine. »

Non, ce n'était pas que question de point de vu, le Bureau des Affaires Mutantes était sans aucun doute dans une bien mauvaise posture. Mais le secret l'enveloppant empêchait la plupart des personnes s'intéressant de prêt à ce phénomène de tirer des conclusions. Serait-ce la gouvernement qui appliquerait des restrictions budgétaires à l'organisme ne se préoccupant simplement que d'en maintenir la structure de l’intérieur même si cela menait à la naissance d'une coquille vide ? Était-ce la Bureau lui même qui décidait de se faire plus petit, de ne moins faire parler de lui ? Et dans ce cas là dans quels buts ? Il est vrai qu'il peut toujours être envisageable stratégiquement de se faire oublier, mais cela ne suffisait pas à affirmer que le BAM opérait ce genre de manœuvre car il ne faut pas oublier que l'une de ses forces c'est sa grande médiatisation le plaçant en relative imposante menace pour la criminalité mutante et pour la criminalité à l'encontre des mutants.

Mais trêve d'analyse stérile, le Roi Noir annonça son verdict qui se voulu clément.
Affilier le réseau au Hellfire Club permettant à ce dernier d'en connaître les objectifs et les actionnaires afin d'en faire partit.
C'était l'occasion rêvée de placer le Hellfire Club en actionnaire du projet Weapon X en affichant le gouvernement comme principal commanditaire et gestionnaire du programme.

« Je n'en attendais pas moins en venant ici. Et puisque les grands esprits se rencontrent, je lève mon verre pour cet avenir commun. Merci de votre confiance, Roi Noir, je peux d'ors et déjà prédire que vous ne serez pas déçus. »

Dit-il en joignant l'acte à la parole.

« Bien, je vais donc prendre congé. Je prendrai rendez-vous avec vous pour revenir remplir mon devoir auprès du cercle, annoncer l'objectif de mon réseau, ses actionnaires comme vous dite, et permettre au Club de prendre part à la réalisation de ses objectifs en échange de service rendu par le réseau pour certains besoins du cercle.  »

[HJ : On peut continuer la prochaine réunion dans ce rp ou en créer un autre, à toi de me dire (je te laisse aussi choisir la date sachant que Blake pourra revenir le plus tôt possible après cette rencontre]

Ce n’est pas parce qu’il est blessé que je mésestime le Bureau des Affaires Mutantes mais parce qu’il est de sa nature intrinsèque corruptible et muselé, si lié qu’il est à ce que le HellFire Club manipule, tandis que même s’ils disposent de ressources à nul autres pareils, telle les dernières Mandroïdes de l’Olympic Corporation, il n’est et ne sera une menace pour le Cercle Intérieur car tout aussi compétents que soient individuellement ses membres, ils n’en restent pas moins gouvernés par ces mêmes gens que l’on fait festoyer et que l’on côtoie en toute amitié dans les murs de cette demeure et d’autres qui lui sont liées. De plus considérant l’état relatif de délabrement et de déconsidération qu’il possède vis-à-vis de la carte géopolitique actuelle un petit groupe dynamique ne tarderait pas à le remplacer dans les faits, même si en théorie il resterait LE Bureau ; je ne suis cependant pas dans la théorie d’un point de vue humain mais dans la pratique d’un point de vue global. Les représentants du Triskelion ne se sont pas vu proposer mon offre et ignorent tout de l’existence du Cercle Intérieur pour la bonne raison que si j’ai quelque chose à attendre d’eux je le demanderai au patron de leurs patrons. Sous-estimes-moi, Tomàs Blake, fais comme tous les autres avant toi, cela me fait tant sourire et l’écho de mon rire aura pour seul témoin le néant.

Si un jour une force s’élève dans le Triskelion autre que l’administration bureaucratique gouvernementale, j’envisagerai de reconsidérer leur position, pour l’heure ils ne sont qu’une police de plus et que nous ne valions pas le coup n’est pas suffisant à me vexer et à me faire réagir. J’aurai presque l’envie de mettre ton fameux Réseau en concurrence avec cette institution pour n’en garder que la meilleure, cependant, mais ce serait une perte de temps et d’efforts de ma part, sans garantie de résultat. Restons sur le plus sur sans oublier que notre objectif reste de façonner l’avenir.

« Je n'en attendais pas moins en venant ici. Et puisque les grands esprits se rencontrent, je lève mon verre pour cet avenir commun. Merci de votre confiance, Roi Noir, je peux d'ors et déjà prédire que vous ne serez pas déçus. »

Tu m’as toujours impressionné AfterLife, tu ne m’as jamais déçu. Cependant une expression chère à mon cœur pourrait bien résumer ton histoire en quelques mots : jusqu’où un astre peut-il s’élever avant de déchoir ? Le tintement de nos verres scelle un pacte qui ne sera jamais oublié, très bientôt tu recevras ta carte de membre du Club des Damnés, valable pour toi et tes héritiers. Tu seras également inclus aux Agents du Cercle et c’est ainsi que commencera ta réelle participation au HellFire Club.

Prends congé, vas, parcours les chemins de l’avenir jusqu’à notre prochaine rencontre. Œuvre dans les ombres qui échappent encore à la monarchie qui se cache en leur sein pour qu’elle étende son influence une fois encore. Nous sommes un fantasme, celui d’une société secrète dominant le monde, celui d’un réseau si tentaculaire qu’il en défi les craintes Orwelliennes, nous sommes ce qu’il y a de plus vrai et de plus honnêtes chez l’Humain car avons communié avec la malignité de sa nature pour nous en servir et exploiter notre plein potentiel au-delà de toute morale ou éthique. Tu as toujours été fait pour siéger parmi nous, Tomàs Blake dit AfterLife, car tu as toujours été ainsi.

Prends congé, vas, corromps ce qui a été créé par ton prédécesseur comme tu l’as corrompu lui. Vassalises-le pour que l’on t’anoblisse toi, fais ce que tu as toujours fait, accompli ce qui était nécessaire à tes objectifs et prends la place qui te revient. Fais ma fierté AfterLife.

Avec tous mes vœux,