Un rendez-vous à ne pas manquer [PV Caitlyn Elioth ]

Il était exactement 19h15. Il lui restait donc dix minutes pour faire sa prière, et cinq pour ne pas être en retard au rendez-vous. Elle connaissait déjà l'endroit, ce qui lui ferait économiser du temps.

Malheureusement, il n'y avait, à l'Institut, aucun tapis pour les prières. Elle ferait sans. S'agenouillant à même le sol, à côté de son lit, elle joignit ses mains et commença à réciter ce qu'elle avait apprit durant son enfance. Le chant de douleur sorti de sa gorge dans un son mélodieux, entrecoupé par les intonations de sa langue maternelle. Elle ferma les yeux pour se concentrer sur ces paroles même, pour y penser seulement, et rien d'autre. Pardon, pardon, pardon.

Tous les soirs, c'était la même chose. Il fallait qu'elle demande pardon, pour ce qu'elle avait fait. Peut-être avaient-ils étaient des personnes de mal, mais ils étaient des hommes, et aucun homme n'avait le droit à une pareille fin, même pas eux. Ce n'était pas à elle de décider leur mort, c'était à Lui.

Un fois cela fait, elle se releva, les yeux toujours clos, les mains à l'horizontale. Puis, ces paupières se levèrent lentement, et elle prononça un dernier mot pour son Dieu, avant de reprendre ce qu'elle avait à faire.

Elle prit une inspiration et retourna vers sa montre posée sur sa table de chevet. 19h23.

Sooraya alla dans la salle de bain pour enfiler sa burqa. Quand elle était dans sa chambre, elle ne portait qu'un jogging et un débardeur, avec une veste, son visage
à découvert.
Ça faisait pratiquement une heure qu'elle était là. Elle avait essayé d'apprendre les formules complexes anglaises pour souhaiter la bienvenue, et elles les avaient presque toute retenues.

Elle jeta un dernier coup d’œil au miroir, lui rendant son aspect sombre habituel. Cependant, ces yeux étaient encore plus noirs qu'a l'habitude, si c'était possible, parce qu'elle venait de prier mais aussi car elle les avaient souligné d'un trait de crayon noir. Ils les rendait encore plus en accord avec son ombre.

Elle sorti dans le couloir, et marcha doucement en direction du bureau de Caitlyn Elioth , une mutante x-men qui donnait des cours à l'Institut. Mais Sooraya ne venait venue pour prendre des cours, ni même pour en demander. Elle était là pour avoir des informations, sur son futur, pas moins. Elle se devait d'être impliquée et concernée, ce qu'elle était. Mais ce n'était pas non plus un entretient d'embauche. Elle avait compris combien c'était compliqué d'entrer chez les X, mais elle ne renoncerait pas pour autant. Si c'était la manière de faire pour aider les humains, alors ce serait ce qu'elle ferait. Même si il lui fallait plusieurs années pour y arriver. Là, et seulement là, elle reviendrait vers sa mère pour lui montrer ce qu'elle avait fait et pour qu'elle soit fière d'elle.

La démarche décidée et gracieuse de la jeune mutante s'arrêta devant la fameuse porte, le reste de sa burqa s'arrêtant derrière elle avec brusquerie. Elle prit une grande inspiration, la détermination se peignit sur ses traits et dans ses yeux et elle tapa trois fois d'un geste décidé. Elle attendit qu'on lui réponde. De toute manière, elle avait rendez-vous.

Elle referma l’écran de son PC, c’était bouclé pour cette journée ! Le travail administratif est d’un chiant ! Alors couplez y un montage de dossier de suivi pour une instruction d’affaire en Droit pénal et vous obtenez une très bonne raison d’avoir recourt à votre ami doliprane et son copain Lexomil quand vous rentrez ENFIN dans votre charmant Sweet Home après une dure journée de labeur. Tout absorbée qu’elle fut à se détendre, elle jeta un bref regard à l’horloge qui ornait le mur opposé de son bureau. 19 h 30 ! Ah ! Déjà trente minutes de retard, Amy allait encore la houspiller pour non-respect du couvre-feu, surtout qu’elles étaient de sorties ce soir même pour aller écouter un concert de musique classique à New York dans un auditorium non loin de Wall Street : la séance était à 22 h mais bon, surement que Mozart pouvait se montrer patient, après tout, il était mort ? Non ? Ah si.  

Elle fit jouer ses jambes nues sous le bureau afin de rechausser ses escarpins rouge et bascula la chaise en arrière pour s’étirer comme un chat. La Musique Classique c’était déjà à la base soporifique mais au moins elle pourrait jouir d’un autre spectacle bien plus divertissant à ses yeux : sa compagne en robe de soirée ! Miam ! Ce qui suggère qu’elle fasse aussi des efforts pour s’habiller afin de coller un maximum d’étoiles dans les yeux de sa jeune épouse. Debout enfin, opération défroissage de son tailleur bleu et tirage sur la veste afin de la refaire tomber normalement le tissus le long du corps.  Il était temps d’entamer une autre vie et de laisser l’uniforme de la conseillère sociale pour celui de caitlyn Elioth-De Lauro, fraichement mariée et infiniment amoureuse.

La main à peine posée sur la clenche de la porte qu’on frappait sur le bois de l’autre côté de façon franche et direct par trois fois. Trop tard pour briser le mouvement et consacrer aux rites élémentaires de la politesse, elle ouvrit la porte et tomba nez à burqa avec une jeune femme (semblait-il) plus grande qu’elle et qui la laissa durant un bref instant assez désemparée.

- Euh…Bonsoir…

Sooraya Qadir, qui aimait se faire appeler «  Dust » pour s’affirmer, curieux paradoxe lorsqu’on la voit dissimuler ainsi au monde en son vêtement. Une chose qui mettait Cait’ Irlandaise catholique assez mal à l’aise. Mais n’était-elle pas elle-même aussi une contradiction à ses principes religieux, lesbienne affirmée et mariée à une autre femme. Ajoutez à cela son passé de criminelle et c’est sûr qu’en enfer, elle irait rôtir tout droit dans le quartier VIP si elle s’en tenait aux enseignements du vieux barbu céleste. Elle afficha donc une moue de contrariété avant de se gratter la tête d’une façon charmante.

- Aheum…Sooraya, c’est ça ? Mais n’avions-nous pas rendez-vous à 9h30 ? Je termine mon service à 19 h le mardi…On s’est mal comprise ?

Elle ouvrit tout de même la porte en se dirigeant vers le bureau. Aie ! Ca soirée se présentait sous des auspices bien sombres. Libérons nous de l’esclavage du travail…mes sœurs ! Je veux être libre ! ( c’est ce qu’elle se répétait et Freddy depuis son caveau ajoutait à son choix)

- Je dois penser à tant de chose, c’est possible que…enfin bon. Ce n’est pas grave, j’ai un peu de temps devant moi. Je crois qu’on n’a jamais eu l’occasion de discuter toute les deux. Je regardais ton dossier ce matin, tu es là depuis pas mal de temps déjà…Tu voulais me parler de quelque chose en particulier ?

En effet, d’après le dossier Sooraya était là bien avant Caitlyn ce qui faisait d’elle une contemporaine des frasques de la Rousse lorsque elle était une élève «  à problèmes » et agissait de façon tumultueuse et dieu sait que les bruits de couloir étaient légion à son propos : violente, instable, droguée, dépravée et surtout dangereuse (n’avait-elle pas molesté des élèves et foutu le feu au parc et à la bibliothèque ?) Que dire de ses mœurs et de sa relation contre nature avec Amy de Lauro une fille si lisse et parfaite ? Son accession au rang de X Men il y a de cela plus d’un an avait jeté un froid dans l’Institut et il faut dire que à part son cercle d’intimes, trop peu de personne connaissait le véritable visage de la Californienne et les épreuves qu’elle avait traversé pour parvenir à trouver son équilibre. Cait avait appris à se foutre du « Qu’en dira-t-on » mais mettait toujours une distance certaine entre elle et les autres qui pouvait passer pour de l’autorité, il n’en était rien. Les épreuves lui avaient forgé ce caractère asociale et entier, la névrose des contacts physiques l’avait définitivement éloigné des autres : Curieux paradoxe que ce personnage qui ne fonctionnait qu’au cœur et qui pourtant en était limité dans ses élans ![/size]

La jeune femme rousse lui ouvrit quelques secondes après qu'elle ai tapé. Sooraya se concentra pour essayer d'avoir un air naturel, mais elle n'y arrivait pas ( entre nous, ça ne servait pas à grand chose, vu le voile qu'elle portait ). Elle n'avait pas l'habitude d'aller dans un bureau comme ça et encore moins pour faire une demande. Elle n'avait jamais fait ca de sa petite vie, encore moins quand elle était en Afghanistan. Laissant sa peur passagère de côté, elle fit face à la femme en face d'elle. Même si elle connaissait son orientation sexuelle – qui, par ailleurs, intriguait beaucoup Sooraya. Elle n'avait jamais connu ça avant -, la jeune Afghane n'était pas pour autant en contradiction avec ce choix. D'abord parce qu'il ne le regardait pas du tout, et puis parce que cette sorte d'amour était, soit, un peu étrange, mais c'était de l'amour.
Amour ou pas, la femme parut un peu désorientée face à la burqa de Sooraya. Ici, à chaque fois que quelqu'un la voyait, il était étonné. Mais ce devait plutôt être elle qui devrait être surprise.
Abandonnant là ces pensées, Sooraya écouta la x dire :

-Aheum…Sooraya, c’est ça ? Mais n’avions-nous pas rendez-vous à 9h30 ? Je termine mon service à 19 h le mardi…On s’est mal comprise ? 

Sooraya fronça les sourcils en essayant de se rappeler... Pour elle, s'était bel et bien prévu à 19h30. Mais il était très possible qu'elle ne se soit pas comprise, vu son accent qui était quand-même très prononcé. Elle-même comprenait très bien l'accent d'ici à force de l'entendre, mais elle avait du mal avec la prononciation.

-C'est peut-être mon accent, je n'arrive pas à le faire partir, dit-elle.

Même si, inconsciemment, elle voulait le garder, il faudrait tout de même s'en séparer. Mais c'était, avec sa religion et ses souvenirs, tout ce qui lui restait de son pays natal.
Une gène s'empara d'elle quand elle entendit son nom prononcé. Elle détestait l'entendre d'une autre bouche de sa mère, qui lui avait choisi ce nom. Ca la troublait, et même si on pouvait dire quoique que se soit sur son surnom – qui était, sois-disant passant, pas vraiment brillant -, elle le préférait cent fois à Sooraya. Ca lui rappelait sa mère de manière surprenante.

-Je peux revenir demain ou plus tard si ça vous arrange. proposa-t-elle.

Mais Caitlyn refusa brièvement en disant qu'elle n'avait de toutes manières rien à faire de particulier, même si elle n'avait pas l'air enchantée de cette soudaine visite. En plus, elle ne pu s'empêcher de penser que la femme en face d'elle n'allait pas partir avec un bon sentiment. Balayant une fois de plus ses idées par une inspiration, elle écouta le reste de la phrase :

-Je crois qu’on n’a jamais eu l’occasion de discuter toute les deux. Je regardais ton dossier ce matin, tu es là depuis pas mal de temps déjà…Tu voulais me parler de quelque chose en particulier ? 

Ca faisait, si elle s'en rappelait bien, plus d'un an qu'elle était arrivée ici. Ca s'était passé pendant l'été, donc un peu plus.

-Oui, je voulais me renseigner...

Elle réfléchit à comment formuler la phrase. C'était si simple en arabe, mais là... Elle se tu une seconde avant de se décider :

-J'aurais voulu savoir comment s'y prendre pour faire partie intégrante des x-mens.

Elle ne pouvait pas s'empêcher de dire les choses d'un coup, sans passer par
quarante chemins pour arriver au but. C'était ca, son objectif, alors pourquoi le cacher ? Elle n'avait aucune raison de le faire, alors, elle ne le faisait pas. Peut-être aurait-elle du y aller plus doucement, insinuer des choses en embellissant se qu'elle pensait, mais à quoi bon ?

Sooraya savait pertinemment que ce n'était pas facile d'entrer dans le fameux groupe. Ce ne serait certainement pas demain qu'elle y serait. Elle était aussi jeune, et quelqu'un de 17 ans, ce ne serait certainement pas en sa faveur. Mais elle était là seulement pour se renseigner, pas pour postuler.

Elle savait aussi que si jamais elle voulait être une x-women, elle devrait peut-être raconter son histoire. Mais elle n'en était pas sûre, et elle verrait bien dans cette séance avec l’ancienne élève.

Comme elle s'inquiétait pour son accent, Caitlyn lui répondit sur un ton apaisant et quelque peu enjoué, lui parlant de ses origines à elle. L'Irlande, si ces souvenirs lui étaient fidèles, se trouvaient quelque part dans le continent européen. C'était une île qui se trouvait à côté de l'Angleterre, lui appartenant sans lui appartenir. Donc, là-bas, les gens étaient roux et étaient résistant à l'alcool. Elle nota ces détails mentalement tout en se moquant d'elle-même pour son attitude scolaire. Le comportement de la rousse en face d'elle avait tout de la conseillère de l'Institut, étant au dessus des autres sans vraiment l'être, plus mature et expérimentée qu'elle ne l'avouait vraiment.

Cependant, lorsqu'il arriva le moment où Sooraya demandait sa requête, l'expression de Caitlyn se transforma de façon surprenante. Soudainement grave et sérieuse, elle sembla ne plus s'adresser à l'élève qui a besoin de réconfort mais plutôt à celui qui a des rêves fous mais qui ne sait pas ampleur du danger. C'était peut-être son cas, comme ça avait été le cas de tous les x avant qu'ils en soit réellement un.

-Je vois…C’est une question qu’on ne pose surement pas à la légère. Tu sais qui je suis, tu sais ce que je représente. Il t’en a fallu du courage pour formuler une telle requête, de toute évidence. Cependant, tout comme la question, l’engagement non plus ne se prend certainement pas à la légère. Etre X Men t’oblige à respecter certaines obligations des plus contraignantes et raccourcis considérablement ton espérance de vie.  Ainsi par respect pour cette requête, je serai franche. Il y a un nombre considérable d’élèves qui passe entre ces murs et parmi tous ceux-là, seul 1 pour 200 deviendra X Men de leur propre choix. Sur 10 élèves décidant de suivre cette voie, 1 seul ira au bout de son engagement. L’Institut n’a jamais eu vocation à être une usine à X Men, les X Men sont hors la loi et considérés comme une organisation militaire, milice privée pour les plus « tolérants », terroristes pour les autres. Ce n’est pas un métier, c’est un sacrifice.

Sooraya écoutait avec attention, bien qu'elle ai conscience de ces paroles avant qu'elles ne soient formulées. La rousse fit une petite pause pour reprendre son souffle avant de continuer :

-Tu es très jeune Sooraya, tu es brillante si j’en crois tes résultats. Tu as un avenir radieux qui t’attend : de grandes études, une belle vie et des tas d’expériences à réaliser. Ne va pas t’encombrer d’une chimère, poursuivre un but qui te fera passer à côté de toi-même. C’est un chemin de renoncement fait de sang et de clous…N’oublies jamais que vivre sa vie pour les autres et une des choses les plus belles au monde mais des plus tristes aussi.

Malgré qu'elle est prononcé son prénom, elle arriva à se concentrer sur ce que disait la jeune femme en face d'elle.
Voilà quelque chose à laquelle elle n'avait pas pensé. Pour elle, c'était une évidence, tout l'avait menée à ce résultat, depuis sa naissance en passant pas son enlèvement par les négriers et son arrivée à l'institut. Jamais elle n'avait pensé une seule seconde à partir et abandonner tous ces rêves, toute sa fierté, et tout son engagement envers son dieu et sa mère. Et ce n'était certainement pas maintenant qu'elle allait y renoncer.

Elle resta muette, car Caitlyn avait quelque chose à ajouter. Sooraya savait que ce qui allait suivre devrait décider d'une partie de son futur. La rousse avait fait ses mises en gardes, avait exposé les risques qu'elle encourrait et ce qu'elle perdrait. Et bientôt, elle allait passer à quelque chose de concret.

-Si tu t’accroches à cette lubie, j’ai simplement trois questions à te poser. Pourquoi veux-tu le faire, pourquoi penses-tu être en capacité de le faire ? Et enfin, qu’est-ce que c’est un X Men pour toi ?

C'était la dernière chance pour revenir en arrière. Sinon, son honneur en serait entravé. Cette pensée lui traversa l'esprit un quart de seconde avant de s'en aller comme elle était venue. Ses yeux affichèrent une lueur imminente de détermination, celle qui faisait toute sa force et qui lui donnait de quoi avancer.

Elle réfléchit quelques dizaines de secondes à ces questions, laissant un blanc entre les deux. Mais elle ne devait pas répondre à la seconde même où la question avait été posée, car il fallait quelque chose de réfléchit, et elle prit donc son temps.

-Les raisons pour lesquelles je veux devenir une x-men sont variées. Elles sont à la fois personnelles et religieuses. Comment lui expliquer ? Elle essaya de trouver les mots justes pour décrire sa pensée. Dans mon village natal, au fond de l’Afghanistan, on avait des nouvelles du monde extérieurs, deux rares fois par ans. C'est comme ça qu'on a apprit l'existence des mutants. Mais on savait pas si c'était une légende urbaine ou non. Dit comme ça, ca semblait tellement facile, et déconcertant. Au fin fond de l’Afghanistan, entre les guerres et les islamiques, les infos se faisaient souvent passer pour des ragots. Dans notre religion, ils sont considérés comme des êtres envoyés par Allah pour protéger les humaines d'eux-même et de leurs guerres. Sooraya connaissait les inquiétudes qu'avaient les occidentaux par rapport à leur religion, qu'ils confondaient souvent avec la religion extrémiste qui ne laissait aucune liberté (surtout à la femme ). Quand j'ai compris que j'étais l'un d'entre eux, je savais que je devais quitter tout ce que je connaissais, tout ce qui m'était cher. Et quand c'est arrivé, et que j'ai connu l'existence des x-mens, je ne me suis pas posée de questions.

Elle se demandait si sa réponse était maladroite, mais elle exprimait au mieux qu'elle puisse faire ce pourquoi elle voulait faire partie de cette organisation. Il y avait sa mère aussi, et il fallait qu'elle soit fière d'elle.
Pourquoi pensait-elle être capable de le faire ? Voilà une question un peu auto-destructrice...

-Je ne sais pas si je suis capable de le faire, répondit-elle sincèrement. Mais je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour y arriver.

Dans sa voix laissait transparaître toute sa détermination, ce qui n'était pas rien.
Puis, elle pensa à la dernière question à laquelle elle devait donner une réponse.

-Un x-men pour moi... C'est un mutant qui accomplit ce pourquoi il est un mutant.

Oui, c'était ça, pour elle. Ce n'était pas un espèce de super-héro qui sauve tout sur son passage, mais c'était quelqu'un qui défendait les humains, et tout ce qui ai vivant. N'était-ce pas ce qu'elle voulait ?

Elle écouta d'une oreille attentive ce que disait Caitlyn, et y trouva ce à quoi elle pouvait s'attendre de la part d'un occidentale non-croyant. Cela semblait injuste, simplement parce qu'on ne croyait pas en la même chose que les autres, d'être renié et incomprise. Car elle ne comprenait pas, mais comment pourrait-elle un jour comprendre ?


-Vous savez, chacun à ses convictions, qui provienne chacune de différentes sources. La votre et la mienne sont-elles différentes ? Non, elles sont identiques, mais ne sont pas vues de la même manière. Les purificateurs, et les confréristes agissent selon leur cause, et selon leur convictions. Mais ils visent à détruire le monde, même si au final, ils n'y voient que le bien de leur espèce. Cependant, mes idées, ma religion, bien que cela vous ennuie, ne me dit pas « agis en mon nom, défends les non-mutant ». Elle me dit simplement « défends ceux qui ne le peuvent pas ». Et c'est moi qui traduit ça comme je le pense, selon mes idées, qui sont influencées par mon environnement, par mes fréquentations, par ce que je vois et comprends. Donc, irrémédiablement, par ma religion, car toute mon enfance je l'ai côtoyée.

Et regarda la rousse en face d'elle, en se demandant si elle la pensait encore de la même manière, mais c'était très dur de convaincre les gens qu'elle n'était pas une fanatique d'extrémiste. Après tout, n'était-ce pas elle qui avait été capturée par des extrémistes?

-Je sais que vous ne comprendrez peut-être pas, mais voilà ce que j'essaie de vous exprimer. Vous ne pensez pas comme moi, mais votre conviction en ai-t-elle pour autant supérieure ? Vous voulez séparer ma religion de mes idées, mais je ne peux pas le faire. Elle ai encrée en moi, et je vous ai expliqué pourquoi.

Elle ne savait pas quoi dire de plus, parce que c'était ce qu'elle pensait, voilà comment sa religion s'était insinuée en elle. Ça ne voulait pas pour autant dire qu'elle était corrompue. Si vraiment elle le devait, elle lui expliquerait le fond de sa pensée, car soit elle s'était mal exprimée, soit l'idée que Catilyn se faisait d'une religion y était pour quelque chose.

-Quand je vous ai dit que je considérais les mutants comme envoyés par notre dieu pour les défendre d'eux-même, ce n'était que ma personne, perdue au fond du désert, qui l'avait traduite comme cela. Je savais que les humains se faisaient la guerre, et j'ai donc choisi cette « adaptation ». Pour autant, si ça avait été les mutants qui étaient menacés par les humains, j'aurais pris leur défense. Ce n'est donc pas quelque chose d'écrit, d'immuable, mais que j'adapte selon mes convictions, selon, comme vous le dites, un idéal. Ce n'ai pas fixe, c'est juste une évolution d'une base qu'on nous a donné et en laquelle je crois. Sûrement, les autres villages, dans d'autres endroits du monde, de cette même « base », cette même religion, en ont déduit quelque chose de différent. Ce n'est pas universel à notre croyance en Allah.

Voilà où se plaçait son Dieu, c'était pour elle la base, ce qui était encrée dans son cœur, celui qui donnait une direction à ses pensées.

Elle écoutait encore ce qu'elle disait, et elle ne pouvait que reconnaître qu'elle avait raison. Même si elle ne s'intéressait pas qu'au pouvoirs des gens, elle les observait sans le montrer. Quels sont leur sentiments, leur passions, leur réactions ? Seulement, elle avait peur qu'ils sachent, elle avait honte. Alors elle ne se montrait pas. Cependant, elle savait pertinemment qu'elle ne pouvait rester ainsi, surtout si elle voulait rentrer dans le fameux groupe. A moins qu'elle essayait de s'en persuader ?

-Je ne vous explique pas ma religion, seulement ma vision des x-mens. Mais comme vous le dites, je peux croire qu'elle sois faussée ou incomplète.

Elle fit une pause, histoire de reprendre ses esprits après une telle chose sortie de sa propre bouche.

-Dans ce cas, apprenez moi à faire la différence entre ce « avec » et ce « contre ». Si je ne voulais pas devenir une x-men, je ne serais pas ici, croyez moi. Alors si réellement ce que je croyais avoir compris n'est pas vrai, je ne pourrais le comprendre seule au bout d'une année à côtoyer les élèves. Peut-être avez vous raison, peut-être que je ne m'intéresse qu'aux pouvoirs sans le cœur lui-même, la personne qui le porte. Ou bien peut-être est-ce faux, je n'en sais rien, je suis comme ça depuis que je connais mon pouvoir. Mais si j'ai toujours été comme ça, est-ce que, vraiment, en un an, à toujours tenter d'être seule, je peux changer ma vision de ce groupe auquel je veut appartenir ? Et même si je reste encore un an, y arriverais-je ? Bien sur que non, je me connais trop bien, et je sais que je suis tellement têtue que je ne pourrais m'y résoudre. Si ma vision du groupe n'est pas la bonne, comme vous le dites, alors apprenez moi à voir comme il le faut.

C'était dur pour elle de dire ça, avouer qu'elle avait ( bon, d'accord, peut-être) tord et accepter qu'on l'aide à changer se qu'elle pensait, elle ne l'avait jamais fait encore. Seulement, elle ne savait pas si, même si elle y croyait fortement, sa vision était la bonne ou pas. Peut-être qu'il fallait changer de position ? Ou bien croire en secret pour se faire accepter ? Ne dit-on pas : « pour vivre heureux, vivons cachés » ?

-Vous savez peut-être comme c'est compliqué pour moi de dire ça. Enfaîte, je ne l'ai jamais fait. Si vous vous dites que c'est un énorme travail – ce sur quoi, je pense, vous auriez raison -, et que ne voulez pas de peur de renoncer, alors je partirais.

Voilà, au moins, elle l'avait dit. Si réellement elle ne voulait pas ou ne parvenait pas ( ce qui serait assez plausible ) lui montrer comment elle, elle percevait la chose, Sooraya n'essayerait pas seule. Elle ne changerait donc rien, même si c'était faux, parce que c'était ce à quoi elle croyait. Alors autant faire, comme elle l'avait toujours fait, de son côté.
La jeune Afghane savait bien qu'elle regrettait déjà sa proposition, parce qu'elle ne voulait quelqu'un lui conseille un moyen de voir différent. Cependant, si c'était le seul moyen de faire ce qu'elle pensait être bon, alors, ce sera un des premiers sacrifices.

Bien que ce ne soit pas logique, elle lui donne une sorte de « mission » tout en lui disant qu'elle ne va pas la prendre pour la former en x-women. Pourtant, elle se promet de remplir son contrat. Soudain mal à l'aise, elle se demande : cela voudrait-il dire qu'elle irait vers les autres seulement pour récolter des informations ? Bien qu'elle n'aimait pas cette idée, elle se promit d'employer la manière la moins tordue pour les obtenir.

Elle se leva doucement dans le même mouvement que Caitlyn. La laissant passer devant, la rousse lui ouvrit la porte pour l'inviter à sortir. Leur conversation était donc finie, et elle en observerait les conséquences plus tard.

Arrivée au pas de la porte, elle se tourna vers celle qui l'avait reçue, et dit simplement, accompagné par un léger inclinement :

-Merci.

Elle lui fit un sourire invisible puis prit le papier où étaient inscrits les fameux noms.

Dans un mélange de gambe et d'étoffe noire, l'Afghane tourna les talons avant de se diriger
dans sa petite chambre, là où elle pourrait cogiter pleinement.

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