San Francisco' s burning. [ SPEED X] X Men ( Starring Kaya)- Confreristes ( Lorna, KK, Silent et MP)

Silent's Speaking.

Silent :

Jusque là tout allait bien. C'est toujours comme ça de toute façon. Ça arrive toujours trop vite qu'on se demande comment c'est possible. On dit qu'une maison peu prendre feu entièrement en moins de trois minutes si on laisse une clope mal éteinte sur le canapé en cuir. Après ce qui m'est arrivé, je crois que la métaphore est des plus pertinente. J'ai mis moins de trois secondes à percuter et moins de trois minutes à réaliser. Je m'étais déjà posée cette question avant, je pensais avoir trouvé la réponse : Qu'est-ce-que je fais si ça arrive ? L'instinct, le cœur, c'est bien joli lorsqu'on est pas confronté à l’appréhension et la peur, mais c'est loin d'être si évident sur le moment. Mais j'ai trouvé ma voix, j'ai agi comme il le fallait, pour ne rien regretter. Après tout, c'est comme ça que je fonctionne et c'est comme ça que je fonctionne le mieux. Il m'avait appelé quelques dizaines de minutes avant, je l'avais charrié comme d'habitude, on avait rit beaucoup comme d'habitude et tout semblait bien aller. Il avait ses affaires, j'avais les miennes, je l'aimais et lui aussi.
Jusque là tout allait bien.... Mais c'est toujours comme ça de toute façon ? Ça arrive toujours trop vite.
Tss... Je tremble... Fais chier.

« … en parlant de bouquet, le miens est fané, tu veux que je te rachètes le mêm... Ahaha ! N'em... N'empêche la tête que tu faisais c'était juste trop... J'en rigole encore quoi ! Rooh ça va, moi je savais même pas ce que ça voulait dire avant qu'Amy m'explique. Ouais ça va faire trois mois déjà, tu te rends compte ? Ça passe trop vite ! J'ai l'impression de me revoir lancer mes feux d'artifices comme une demeurée... Ouais, je te laisse. Je devrais me démerder pour venir à Frisco ce Week-end. Ouais avant de prendre l'avion. Nan mais ça va, je vais juste visiter une semaine, tu sais, j'y suis jamais allé c'est trop con. Oh, tu serais pas en train de t'inquiéter parce que je veux partir une semaine en Chine toi par hasard ? Ahah, c'est meugnon' le gros cœur au Kylou fait boom boom... Ouais, c'est ça, tu préfères partir plutôt que d'entendre ça plutôt que d'être sourd nan ? Allez, à plus... Ouais... Prend soin de toi... Bye »

Je laisse tomber le téléphone portable sur la couette, reprenant ma manette en mains et me replongeant dans ma partie Quake. Je mastique toujours bruyamment quand je joue à ce jeu sur ma vieille console que mon père avait et que j'ai récupérée y'a quelques années. J'ai réussi à la réparer et la remettre en état de marche. C'était pas bien compliqué une fois la poussière enlevée et quelques tapes bien placées ça fonctionnait. J'ai joué combien de temps ? Une petite heure non ? Ouais, bon, une grosse heure. C'est le syndrome du gameur il voit une minute défiler alors qu'il y en a deux qui sont déjà passées sous son nez. Je crois que Cait et Amy étaient dans la chambre à côté mais c'était à vérifier. Il était bien trop tôt pour leurs jeux habituels et j'étais juste en pose entre deux cours de self défense avec Enora, que je venais de latter, et Kaya, qui allait pas tarder à prendre la même. Quake rend-t-il la prof de self-défense plus violente avec ses élèves ? C'est la question à laquelle vous répondrez en trois parties, vous avez quatre heures !

Il s'était mit à sonner juste à côté de moi, j'ai mis un peu de temps à décrocher parce que je venais de me faire attaquer par deux-trois monstres alors que je retentais pour la deuxième fois la phase de jeu en niveau 'Nightmare' comme ils disent. Ça portait bien son nom cela dit. Après m'être fait buter je regarde rapidement le numéro pour voir qu'il s'agissait de Kyle. Qu'est-ce-qu'il avait bien pu oublier de me dire ?
J'ai écarquillé les yeux lorsque j'ai entendu parler chinois et lorsque j'ai compris ce que les mots voulaient dire et par qui ils étaient prononcés.

« Hein ? Qu... J'... Heu... »

Qu'est-ce-qu'il m'arrive, du nerf Jubilee, bouge toi, il te faut pas autant de temps pour réaliser ce qu'il se passe non ? Non, il m'a pas fallu plus de temps que cela et dès lors que la machine s'était mise en route, j'étais lancée en pilotage automatique et j'allais prendre les choses en mains, comme une professionnelle car malgré tout, c'était ce que j'étais. Une X-men, entraînée et sur-entraînée. J'ai mis trois secondes à réaliser

« Ne bouge pas. Ne raccroche pas, reste où tu es.* »

J'étais plus aussi rouillée en chinois qu'avant, le fait que j'ai planifié de visiter Hong Kong et Pékin la semaine prochaine m'avait fait réviser un peu le mandarin et le cantonnais. La différence entre les deux langues c'est un peu la même que celle entre l'espagnol et l'italien, de l'extérieur et pour des étrangers, ça se voit pas, mais lorsqu'on commence à étudier, c'est vraiment chiant. Le mandarin ça allait, le cantonnais je galérais. Heureusement, Silent était pas du genre cantonaise.

« Danger, enregistre la conversation, localise la provenance de l'appel, programme le Jet vers cette destination et lance le démarrage dans trois minutes. Transfert l'appel à mon signal vers l'infirmière et programme une traduction Anglais-Mandarin. »

Je sortais dans le couloir, m'adressant au mur comme si Danger s'y trouvais ce qui était pas faux, elle était les yeux et les oreilles de l'Institut même si dans les chambres nous avions droit à un minimum d'intimité. Elle était également connectée à mon téléphone en tant que meilleure cyberpathe du monde et intelligence artificielle la plus avancée de notre époque. Non, ce n'était pas qu'une salle de test, ce n'était pas qu'une robot ou un cyborg, c'était l'ultime X-men et sans elle, je crois que bien des choses n'auraient jamais été possibles. Je reprends alors mon téléphone, pour m'adresser à Jade. Sa voix me fendait le cœur. Je l'aimais bien cette petite malgré ce qu'on pouvait en croire si on avait vu notre première rencontre. J'avais compris ce que Kyle lui avait trouvé, elle avait quelque chose de touchant et ce n'était pas du chauvinisme à deux balles. L'entendre souffrir comme cela, l'entendre démontrer toute sa fragilité me fendait littéralement le cœur. Peu importe qui elle était, peu importe les idéologies qu'elle revendiquait et les actes condamnables qu'elle avait fait, je savais – comme avec Kyle – qu'elle avait un cœur bon et qu'il lui fallait juste plus d'attention, plus d'amour aussi peut-être. Une famille, des amis, une vie paisible dans un monde paisible.

« Reste concentrée, l'essentiel c'est de garder les yeux ouverts, je vais te passer une infirmière, tu peux parler en chinois elle comprendra, décris lui tes blessures elle te guidera pour les premiers soins. J'arrive tout de suite. Courage, Jade, tu vas vivre, je te le promets ! T'entends ! Je te le promets !* »

Je levais rapidement la main en direction du mur, comme une idiote pour n'importe qui n'étant pas au courant qu'il y avait vraiment quelqu'un qui m'écoutait au bout.

« Danger, maintenant. »

Il fallait que je parte rapidement, je n'avais pas une minute ni une seconde à perdre. Je savais que Kyle était une heure auparavant à San Francisco et ses environs et il faudrait pas mal de temps au jet pour s'y rendre. L'essentiel était de ne rien oublier, d'agir vite sans commettre d'erreur. Bien sur, les X-mens n'avaient a priori pas vocation à aller sauver des confréristes prit dans ce que je soupçonnais être un piège. Bien sur je me ferais encore taper sur les doigts pour avoir agi de mon propre chef, sans avoir attendu confirmation, ou même avoir écouté les ordres. Mais sur le moment je m'en fichais, j'agissais comme je l'ai toujours fait, pour ne rien regretter. Ma main défonce presque la porte d'à côté alors que je sais que mes amies sont prêtes de l'autre côté. Elles m'ont entendu, elles ont entendu mon ton et sont bien plus intelligente que moi, j'aurais au moins besoin de l'une des deux pour surmonter cela. J'ai besoin de son aide car je sais que seule, je n'y arriverai pas. Je lance alors d'une voix ferme, la détermination dans mon regard :

« Cait, opération de sauvetage sous mon commandement, décollage au plus tard dans trois minutes, tu pilotes. Briefing dans le jet c'est pas un exercice. »

Se doutait-elle qu'il s'agissait de Kyle ? Je ne le savais pas mais je n'avais pas le temps de lui dire maintenant, elle le saurait dans le Jet au moment du briefing. Cependant, je disais prendre le commandement et cela signifiait autre chose que je m’empressais de dire à Danger.

« Danger, note à Storm le départ d'une équipe de sauvetage dont toutes les responsabilités me reviennent. »

J'étais déjà dans ma chambre, enfilant à la vitesse de l'éclair ma tenue d'X-women au complet. Les dents serrées, je descendais à toute vitesse au sous sol, mon manteau jaune flottant derrière moi et mon épée à la main. Toutes les personnes qui a ce moment on croisé m'ont regard ont au moins sentit qu'il fallait mieux s'écarter de mon chemin car je ne comptais pas m'arrêter. Je n'ai jamais fait de Rugby mais je crois qu'à ce moment, aucune défense ne m'aurais arrêtée. Cait serrait là à temps, je le savais, mais il y avait quelque chose que je craignais : Sa peur du vol et des avions. Serait-elle en mesure de conduire le jet ? Elle en avait les capacités mais c'était simplement des heures de simulations en salle des dangers et pas des heures de vol pour de vrai. De mon côté, je n'avais jamais eu le temps pour suivre les cours d'Ororo ou d'Amy pour apprendre à piloter cela, je sais que j'en suis capable et alors que l’ascenseur me semble extrêmement lent je songe à remédier à cela au plus vite.

Une fois arrivée dans l'appareil et une fois que toutes les personnes m'ayant suivit dans mon opération de sauvetage soit présentes également, je demande à Danger de basculer la conversation de Silent et l'infirmière dans le Jet et demande à Caitlyn de démarrer. Une fois stabilisé en l'air, alors que je fixe l'horizon à la place du co-pilote comme pour faire avancer l'appareil plus rapidement, je fis un état des lieux, clair et ma foi plutôt concis. Ce qu'il fallait retenir c'est que Captain' Jub n'a jamais aussi bien tenu ce rôle. Mais jusqu'à quand arriverais-je à tenir cette casquette alors qu'indéniablement des enjeux personnels me guettaient ? Je ne pouvais le dire mais je m'étais déjà préparée au pire.

« Voilà la situation : J'ai reçu un appel de détresse de Jade, une amie est collègue confrériste de Kyle. Elle a mentionné « Qu'ils étaient tous morts ». On se dirige vers San Francisco, Danger a isolé l'appel. La menace est inconnue mais assez puissante pour avoir mis KO une branche entière de la confrérie. L'objectif est de sauver les vies qui peuvent être sauvée ils sont peut-être confréristes, mais je ne reste pas passive lorsqu'on m'appelle à l'aide alors qu'on est à deux doigts de mourir. Que ce soit bien clair, on a pas l'effectif pour neutraliser la menace, c'est donc pas notre objectif ! L'ordre des priorité est : Un, rester en vie. Deux, agir celons les ordres et pas celons ses émotions. Trois, Sécuriser Jade et Kyle. Si vous avez des objections, il y a des parachutes et des balises GPS à l'arrière, quelqu'un viendra vous repêcher en bas. »

Je savais que Kaya n'était pas du genre à porter les confréristes dans son cœur et à plutôt les mettre tous dans un même sac. Je savais aussi qu'elle n'était pas véritablement X-men et qu'elle pouvait commettre des erreurs sur le terrain en voulant tout faire ou en en faisant trop. Mais je lui faisais confiance ne serais-ce pour nous suivre, Cait et moi. Je me mis alors à jeter un coup d'œil à Caitlyn comme pour prendre sa température quant à la situation.  
Il y a quelques minutes tout allait bien. Mais c'est toujours comme ça de toute façon, non ? Ça arrive toujours trop vite.

*En chinois

Dire que cette ville la hantait n’était plus suffisant, à ce niveau là. Désormais, c’était son enfer, son paradis déchu. Lorsqu’elle était revenue, Lorna avait eut pour simple but de ramener le peu qu’il lui restait à New York, et alors qu’elle marchait dans les rues, elle n’avait put s’empêcher de voir son passé, de sourire aux souvenirs de ses promenades avec Alex, de frémir à ceux de la psyché désincarnée se servant d’elle pour perpétrer ses crimes. La jeune femme n’avait rien lâché, elle avait accomplit les actes nécessaires à retrouver ses affaires de l’époque, qui avaient été stockées par les âmes bien pensantes de ses parents adoptifs. Mais malgré cela, elle ne s’en était pas retournée à eux ; presque une décennie qu’elle ne leur avait pas adressée la parole, ils appartenaient à ce passé qui la hantait, mais ce n’était pas parce qu’elle venait s’enfoncer des épines dans le cœur qu’elle devait s’enfoncer toutes les épines.

Mais pour l’heure, les épines faisaient un mal bien plus physique, et ce n’était pas dans le cœur qu’il était localisé.

Que c’était-il passé ? Son dernier souvenir se limitait à avoir fait sa valise pour retourner à New York par un vol du matin, et s’être couchée dans un petit pavillon de la banlieue de SF, du côté de Sunnyside. Quatre pièces pour six personnes, l’équipe de Kyle et quelques autres membres de la Confrérie situés sur la Côte Ouest généralement, un truc mal entretenu mais qui n’avait pas à l’être puisqu’ils changeaient régulièrement de planque. Si les Confréristes « de l’Est » se plaignaient de leurs dortoirs, qu’ils viennent ici, ils seraient servit ; remarquez, ce n’était pas forcément mieux entretenus, mais des résistants révolutionnaires n’avaient pas à avoir de femme de ménage, c’était la Confrérie des Mutants, pas le Club Med. Toujours était-il qu’elle avait temporairement intégrée l’équipée, partageant sa chambre avec la protégée du « maitre » des lieux, la dénommée Silent ; dommage que ce nom de code lui ait été attribué parce qu’elle n’osait pas parler. Après, peut-être était-ce « Magnéto la Seconde » qui l’intimidait, c’était même plutôt probable considérant les répliques qu’elle pouvait asséner aux autres membres masculins de la cellule. Toujours polie (envers elle), d’une curiosité aussi cachée que possible, à l’inverse d’une sage admiration assez clairement affichée, et d’un calme à toute épreuve, la jeune Jade Dickinson s’en sortait plutôt bien dans un tel lieu, mais elle n’avait pas eut la vie facile avant non-plus. Lorna avait un peu baissée ses défenses, de quoi ce montrer agréable et conciliante, bienveillante sommes toute, et nulle question personnelle n’ayant été abordée, elle avait put répondre en toute franchise. Et puis, le grand avantage, c’était que l’adolescente était maniaque de la propreté, donc les « dortoirs » féminin étaient toujours plus entretenus que le reste de la demeure.

Silent, qu’était-elle devenue ? Aller, stupide vertasse, souviens-toi !

Lorna tenta de bouger, déclenchant de vives douleurs au niveau de ses côtes, lesquelles lui arrachèrent un cri unique, et sa tentative se solda par un échec, alors qu’elle prenait conscience d’un poids contre son flanc, la maintenant clouée au sol. Levant l’une de ses mains, la jeune femme toucha l’objet, sentant du plat de la main le contact rugueux du bois. Son bras tremblait, mais moins que ses pensées, alors qu’elle tentait de comprendre. Du bois, un lourd morceau de bois ; l’armoire. L’armoire de la piaule. Avec un grognement, Polaris parvint à dégager son autre bras de sous elle, déclenchant à nouveau la douleur costale ; fêlure, fracture ? Elle n’en savait rien, et n’avait pas le temps de se faire un diagnostique.

Respirant difficilement, M2 entreprit d’ouvrir les yeux, chose qu’elle fit tant bien que mal, percevant son environnement aux lumières de la ville. Des ruines ; le mur extérieur comportait des impacts de balle, tendit que ceux des côtés comportaient de sévères fissures, et il était impossible de dire ce qu’il était advenu de celui intérieur, contre lequel avait résidée l’armoire, avant tout cela. Que c’était-il passé ?

Lâchant un juron, Lorna essaya de ramper, n’obtenant qu’une nouvelle douleur au torse, rapidement suivie d’un cri alors que la pression de l’armoire passait d’une côte à une autre, et de halètements. Elle était mal, incapable d’agir avec cohérence et de réfléchir correctement. Se calmer, ne pas paniquer. Si respirer lui était difficile, autant le faire lentement. Inspiration, expiration. Inspiration, expiration.

Elle ne crachait pas de sang, il n’y avait donc pas d’hémorragie, et une douleur dans la jambe lui prouvait qu’elles étaient toujours là, et qu’elle n’était pas paralysée.  D’une main dans ces cheveux, Lorna vérifia qu’il n’y avait pas de sang, ôtant une nouvelle blessure gênante de la liste de celles qu’elle avait subies. Tout compte fait, elle n’était pas si mal en point. Alors pourquoi ne se souvenait-elle pas ?

Des sirènes arrivèrent, illuminant la nuit et saturant son crâne de leurs hurlements, lui faisant comprendre la gravité de la situation. Serrant les dents, la jeune femme s’empara de l’armoire, la soulevant suffisamment pour parvenir, à la force de ses bras, à se sortir de sous elle, recroquevillant les jambes avant de laisser le meuble rechuter. Tentant de prendre appui sur pour se relever, Lorna chuta lourdement sur le dos, contemplant à son opposé le mur intérieur, partiellement écroulé. Revenant sur le ventre non sans un énième gémissement, Polaris dût forcer une nouvelle fois sur ses bras, et recroqueviller les jambes, pour arriver à une position à peu prêt stable. D’un effleurement de l’une d’elles, elle récolta un peu du liquide chaud et ferreux qui s’en écoulait doucement, et l’image d’une explosion lui revint en mémoire.

Un flash : un cri télépathique, elles se réveillent en sursaut. Le bruit du verre qui explose, des tirs d’armes à feu, elles sortent de la chambre. Une grenade, elles sont touchées. Quelque chose passe au travers du mur, une nouvelle explosion, et puis plus rien.

A nouveau à terre, Lorna ne put que contempler les alentours ; Silent, la gamine était avec elle lors de l’attaque, elle la chercha du regard. Il devait y avoir les corps des autres, Lorna n’en savait rien, mais pas de cadavre dans la pièce qui leur avait servie de chambre. La petite s’en était tirée. Bonne ou mauvaise chose ? Magnéto la Seconde n’en saurait plus que si elle parvenait à la retrouver.

Elle leur avait demandé, s’il était prêt à donner leur vie pour la cause, elle n’avait pas voulut connaitre la réponse, c’était pour qu’eux le sachent, pour qu’ils prennent conscience qu’ils pouvaient mourir dans cette guerre de l’ombre. Qu’avait pensée Jade face à ce discours ? Qu’avait-elle répondue, à elle-même ? Est-ce que cela importait, maintenant ? Dire qu’une personne était trop jeune pour mourir, ou qu’elle ne méritait pas de mourir, c’était une ineptie, on pouvait juste se battre pour survivre, et cela ne suffisait pas toujours. Mais elle l’avait dit, c’était l’une des devises de la Confrérie : ils ne se battaient pas seuls. Hors de question de laisser Silent seule, s’il y avait un moyen de la sauver : Lorna n’abandonnait ni ses hommes, ni ses protégés.

Alors elle commença à ramper, à défaut d’avoir la force pour faire autre chose. Vers la fenêtre du pavillon, à travers les décombres, s’hissant jusqu’à elle comme elle le put, l’ouvrant pour chuter en contrebas, dans un nouveau grondement. Le bitume fut la seule chose à l’accueillir, un bitume mouillé par une pluie pacifique, qui lavait indifféremment les ruines de quelques vies.

Les autorités s’approchaient pour fouiller les décombres, et ses chances de passer inaperçue, rampante et blessée, toujours dans les sous-vêtements qu’elle portait pour dormir, étaient plus que minces. Elle n’avait ni l’intention se faire arrêter, ni celle de mourir, elle avait autre chose à faire. D’abord Silent, puis la vengeance.

Caitlyn n'a pas eu l'air d'apprécier ma manière de la presser sans lui en dire plus avant que le jet ait décollé. Mais elle me pardonnera, l'essentiel était que le Jet démarre rapidement et qu'on ne perde pas de temps en discussion qui pouvaient justement être faites après le décollage. D'ailleurs, je lui réponds sérieusement en murmurant comme elle l'a fait alors qu'elle manie l'appareil avec professionnalisme.

« Je ne joue pas à la X-men, j'en suis une tu sais. »

Je lui adresse alors un sourire. On ne pouvait savoir ce qu'il se passait là bas ni même si Kyle était vivant. Mais ce que nous savions c'est qu'une fille venait d'appeler à l'aide en nous implorant de ne pas la laisser mourir car elle voulait vivre. Cela suffit à guider mes pas, à guider mes gestes, à focaliser mon regards. Je fais confiance à Kyle pour ne pas agir bêtement, pour assumer ses choix et faire ce qu'il pense être bon, tout comme moi. Bien évidemment je l'aime au point de vouloir retourner la planète pour le retrouver et lui en mettre une personnellement si il a agit inconsciemment. Cela motive aussi mes pas et mes actions. Mais j'entends encore mes camarades dire et redire que ceux qui étaient partis à la recherche de Caitlyn en décembre dernier n'étaient pas des X-mens mais ses amis. Je les entends encore se tromper. Je l'ai compris plus tard, je le comprends maintenant. Il n'y a aucune différence entre ma nature d'X-women et mon amitié pour quelqu'un. Il s'agit de moi, et il s'agira toujours de moi. C'est inscrit dans mon âme, dans mon sang, dans mon cœur et mes convictions. On ne sacrifie jamais l'un pour l'autre, on est simplement soi-même. Ce jour là comme aujourd'hui, j'agis en tant que Jubilation Lee, X-women et petite amie de Kyle Kenneth. Ce n'est pas discutable, ce n'est pas dissociable où bien ce serait m'amputer d'un membre. Tout est clair maintenant, je n'ai plus de doute là dessus peu importe quels mots Kaya peut employer, je sais que je suis dans mon droit chemin.

Je pose ma main sur l'épaule de Caitlyn pour lui signifier que je m'occupe de Kaya. Je me lève alors doucement, me rapprochant d'elle, la fixant dans les yeux. Je m’accroupis, pour me retrouver à sa hauteur et poser mes deux mains sur ses épaules, doucement. Mon regard n'est pas dur, il est amical, rassurant mais pourtant on ne peut plus sérieux.

Kaya est une fille qui a en elle quelque chose de contradictoire, de paradoxale et de quasi-schizophrène dans son approche des problèmes qu'elle rencontre, des difficultés qu'elle doit surmonter, des craintes qui la paralysent et des convictions qu'elle cherchent à adopter. Lors de notre première rencontre, elle tenait un certains discours, elle se disait prête à s'opposer entre des purificateurs en reddition et toute personne voulant malgré tout leur peau. Et cela pour quoi ? Pour qu'ils soient jugés, pour qu'ils soient condamnés et non lynchés en place publique. C'était une Kaya détachée, avec du recul qui se tenait alors devant moi. Elle avait saisi un principe fondamental : se réjouir de la violence, de la haine et ajouter à ce sombre édifice encore plus de vengeance et de violence ne fait qu’aggraver les tensions communautaires régnant dans ce pays et dans ce monde actuellement. Elle avait comprit ce cercle vicieux et était prête à se dresser entre, pour couper toute actions ne faisant que le renforcer. Elle était prête à donner une couverture à son ennemi si il s'était rendu ou si il était vaincu. Elle s'était dite prête à comprendre, à donner une seconde chance et même à pardonner en essayant de ne jamais être obstinée sur les faits mais chercher à en comprendre le contexte et neutraliser le problème à la source, à la racine : la peur de l'autre. Dans ce qu'elle publie sur Internet, Kaya Spencer qui se fait connaître sous un autre pseudonyme revendique le fait que tout part d'une incompréhension de l'autre, du fait qu'on en ait peur et qu'on se méfie de lui au point de croire qu'il nous veut du mal jusqu'à tenter de s'en défendre sans que rien n'ai réellement été fait. Cette fille parlant alors à sa Webcam voulait à tout prix montrer qu'il y a des gens bien dans chaque camps et également des connards dans chaque factions et groupe idéologique. Elle voulait prouver que ce n'était nullement une histoire de gène, de caste social mais simplement de ce que chacun fait de sa vie. Cette Kaya là avait l'âme d'une X-woman.

Aujourd'hui son discours n'est plus le même. Elle cautionne la violence, elle cautionne la haine et se revendique même de son bord en voulant récompenser les personnes agissant ainsi. Elle ne pardonne plus et elle est persuadée que toute personne appartenant à un certains groupe aussi vaste qu'un parti politique est forcément débile et même coupable de génocide ce qui octroie le droit à certains dont elle fait partie de les maltraiter, de les violenter, de les tuer. Aujourd'hui, Kaya réfléchie comme une extrémiste, une fasciste et – paradoxalement – comme le confrériste ou le purificateur extrémiste de base décrit dans les médias au point qu'il en soit presque caricaturé. Oui aujourd'hui Kaya plus que quiconque dans ce Jet a l'âme d'une génocidaire ne voulant plus tendre là mains mais voulant éliminer les problèmes en récompensant les personnes exterminant une certaine communauté d'un bouquet de fleur. Aujourd’hui, Kaya est aveuglée par quelque chose que je ne soupçonnais pas en elle, quelque chose - un mal - qui doit nécessairement être enfoui profondément. Une haine viscérale, un dégoût profond envers tous les confréristes de la planète. Peu importe leur âge, leur sexe, leur profession et leur implication dans les actes de cette faction. Elle les condamne à mort car ils se revendiquent simplement comme croyant à une Idéologie. Au cours de l'Histoire, beaucoup on éprouvé cette même haine envers ce qu'ils appelaient les païens, les nègres, les juifs et les mutants. Pour Kaya, ce sont les confréristes, tous, quels qu'ils soient. Aujourd'hui, Kaya a perdu ce qui faisait d'elle une X-women, elle a renié ses convictions et a sombré dans le mépris, le dégoût et la haine. Cet exact mode de pensée est ce que j'ai toujours combattu en tant que femme, en tant que mutante, en tant qu'X-men et en tant que moi-même, Jubilee.
Pourtant je ne vais pas combattre Kaya, ni avec mes poings, ni avec mes mots, ni avec mon cœur. Je ne suis pas lâche, je crois en elle, je crois qu'elle est capable de redevenir elle même, de sortir de ces sentiments mauvais. Je ne peux que lui donner des clefs, que lui montrer des méthodes tout comme Xavier l'a fait avec chaque X-men. Je ne peux le faire à sa place car c'est quelque chose qu'elle doit trouver seule et dont je suis persuadée qu'elle trouvera seule.

« Kaya. J'aimerai que tu fasses le vide dans ton esprit dès maintenant. Des sentiments brouillent tes pensées. Haine, peur, mépris, dégoût. Tu ne peux bien agir dans ces conditions. Je te demande donc d'effectuer l'effort adéquat pour stabiliser ta concentration et prendre le recul nécessaire. Ce n'est pas un exercice, nous sommes en mission et tu as choisi de rester. Je sais que tu peux voir le pourquoi de cette mission. Je te fais confiance pour ne pas être aveuglée. »

Après quelques instants je relâchai Kaya pour retourner à ma place. Caitlyn interrogeait Silent et mon regard croisa le siens. Un télépathe ? Et si elle contrôlait Silent mentalement pour préparer une embuscade ? Comme le disait Cait', ça sentait pas bon.

« Y'a des chances que ce soit un piège Cait'. Sois prudente en arrivant dans la zone. »

Le sang comme l’eau, cela fait boue, cela finit par sécher et devenir terre, puis tous l’oubli. Elle le savait ; qu’importait le nombre de morts, ce n’était qu’un chiffre, en rien appréhendable par l’esprit, et pourtant, c’était là tous ce que la mémoire collective retenait. Que retiendrait la mémoire collective d’aujourd’hui ? Un fait divers. Même à la Confrérie, se ne serait qu’un fait divers, quelques noms sur quelques plaques, ni plus ni moins. Mais pour les mémoires des survivants ? Pour la sienne ? Pour celle de Jade ?

Lorna avait vue la mort, elle l’avait donnée même, contre sa volonté mais cela ne changerait rien ; elle savait qu’elle s’en remettrait, elle savait qu’elle continuerait à cheminer pour que les morts de ces personnes, car c’étaient des personnes avant d’être des mutants ou des Confréristes, ne soient pas vaines. C’était son moyen de s’accrocher : justifier cela, transformer une banalité en sacrifice, y apporter quelque chose d’héroïque et de sensé. Mais elle le savait, s’il y avait un sens à cette attaque, il n’y avait rien d’héroïque dans la mort. Se serait aux autres de donner cet aspect, et pour ce qui venait de se passer là, pour cette défaite, il n’y aurait jamais de louanges : se sont les vainqueurs qui écrivent l’Histoire.

Dos à son mur, Lorna avait froid, mal aussi, mais surtout, elle avait cette conscience réaliste à en être déprimante. S’eut été plus simple de se laisser aller, de laisser ces gens venus pour l’aider faire leur œuvre, et d’inventer plus tard quelques mensonges pour s’en sortir, car c’était ainsi que fonctionnait cette société, par le mensonge. Faire cela, c’était profiter du bon sens des hommes, c’était être assurée de survivre. Mais faire cela, c’était abandonner, et elle n’abandonnerait pas. Ni ses idéaux, donnés par ce Père si lointain qu’elle voulait rendre fière par-dessus tout, ni ceux qui les partageaient ; il n’était pas question qu’ils soient tout ce qui lui restait, c’était faux, mais il était question de choix. Non, elle ne tendrait pas l’autre joue à une personne venant de la gifler, mais elle tendrait la main envers les personnes qui l’acceptaient. Etait-ce de l’héroïsme ? Elle n’en avait rien à foutre.

Le premier problème était de s’échapper de là ; une EMP permettrait de semer suffisamment de confusion dans le quartier pour pouvoir s’en sortir, profitant de l’arrêt des machines et de l’obscurité pour disparaitre, cependant, s’il y avait des blessés agrafés à des machines, elle mettrait leurs vies en danger. Un sourire amer se dessina sur ses lèvres ; s’il y avait des blessés, c’étaient que leurs assaillants avaient mal fait leur boulot, chose certes possible considérant qu’elle vivait toujours, mais ce n’était pas la majorité. Il y aurait plus de cadavres que de braves, en cette nuit. Un soupir en ponctuation, et tout s’éteignit.

Derrière ses paupières closes, le monde se dessina, tout de nuances colorées électrisantes ; le décor avait majoritairement disparut, suite à son action précédente, mais cela n’était qu’un sacrifice consenti ; un de plus. Levant les yeux au ciel, elle chercha le nord ; les réseaux des Maraudeurs de la Côte Ouest étaient encore actifs, et si sa mémoire était bonne, l’un des hommes avec qui ils avaient été en affaire était à Forest Hill, à un ou deux kilomètres de là. La corruption, c’était l’une des principales choses qu’elle reprochait à la société humaine, et elle allait devoir en profiter, ce soir. C’était amer, mais pas autant que le fait de ne pouvoir sauver celle qu’elle présumait être l’autre survivante de la boucherie.

Se relevant tant bien que mal, Magneto la Seconde prit ses appuis non sans gémissement, commençant à boiter pour s’éloigner de la scène de désolation. Ce n’était que temporaire, mais elle devait trouver de quoi obtenir des informations, avant tout. Se stabiliser était une bonne idée aussi, car à défaut de guérir des ses blessures, minimiser la gêne occasionnée s’avèrerait nécessaire pour la suite. De même que des fringues, histoire de passer inaperçu au mieux. Mais tout cela, elle l’exigerait du contact des ex-Maraudeurs, car l’identité de la télépathe qui l’avait contrôlée était toujours d’actualité. Beaucoup de ses valeurs se teinteraient de gris ce soir, mais le monde n’était fait que de nuance, et elle ne savait que trop bien le prix à payer à suivre aveuglément des illusions.

Combien de mètres ? En combien de temps ? Elle n’en savait rien. Mais le principal était que les ombres, inhabituelles en de tels lieux, ainsi que la confusion qui les accompagnait, avaient rendue son escapade aussi furtive que possible. S’adossant à une voiture, Lorna dût reprendre son souffle. Elle avait connue des blessures, oui, surtout pendant la période des Maraudeurs, mais la volonté qui animait alors ses muscles n’avait que faire d’une douleur qui la traumatisait elle et elle-seule. A l’époque, ce n’était qu’une information secondaire, mais avec toute sa volonté, la jeune femme devait avouer que cette information était aujourd’hui primaire ; c’était un duel, encore et toujours. Et à défaut de le gagner, elle ne le perdrait pas.

Se retournant vers le véhicule, elle posa sa main au niveau de la serrure, l’enclenchant simplement. Voler et conduire une voiture, avec ses capacités, était des plus simples, quant bien même elle aurait grillé l’appareillage électronique installé à son bord. S’affalant sur le siège, elle enclencha le moteur et se contenta de suivre Bosworth Street. Quelques minutes et elle serait chez « son » contact, quelques dizaines et elle serait en état de revenir.

Restait à espérer que Silent tienne jusque là…

Retirer la bouche du collecteur aurait pu être une tâche dont je me serai très bien acquittée seule. Mais il est toujours préférable de voir Caitlyn en action, maniant comme personne les pinces du Jet et jouant de doigté et de précision pour parvenir à en arracher le morceau de béton. Pas le temps de blaguer ni de troller sur le côté comique et pervers de la scène. Les circonstances n'étaient pas réunies. Mais que Caitlyn se rassure, si nous revenons victorieuses et en vie, c'est sans doute un passage de cette aventure qui glissera malencontreusement au travers de mes lèvres faisant rougir Amy ou, au mieux, hurler un « namoe » sonore et tonitruant.
Mais trêve de plaisanterie, je n'ai jamais été fan du fait de passer par le petit tunnel tout sombre même si il semblerait qu'on ait pas le choix. Les égouts ça sent mauvais. Kaya également sent mauvais, peut-être que les deux odeurs s'annuleront ce qui serait mieux pour mon confort. Peut-être aussi qu'elles s'ajouteront ou s'amplifieront et là, je crois que ce sera pour mes narines le boss final avant l'heure.
Je ne suis pas une chochotte, non. Je suis une X-women, mais j'ai un nez sensible et même si on me dit souvent que ma chambre sent le renfermé, c'est jamais très engageant de passer dans un collecteur.

Mais pas le choix, quand il faut y aller, faut y aller et Caitlyn sort déjà l'artillerie ou plutôt les gadgets. Elle a trouvé la bonne excuse pour pas avoir à se mouiller et se salir, je la retiens. Le coup des pouvoirs c'est un classique, comme si elle n'était pas capable de se contrôler et comme si moi, je n'étais pas un danger ambulant pour toutes les personnes qui se trouvaient à moins de cent mètres de mon mètre quarante de classe pure.
Je me rapproche alors de Kaya, ajustant mes mitaines, mon épée et me saisissant d'un sac à dos étanche remplis de matériel médical pour le mettre sur mon dos.

« Vu ta résistance physique, en temps normal tu serai placé en première ligne dans la formation. Mais aujourd'hui tu n'es pas X-men. C'est ta première mission donc Keep Calm, reste juste derrière moi et suis moi bien. »

Je lui pose une main se voulant rassurante sur ses épaules pour qu'elle ne se sente pas incapable ou effrayée. Elle avait suivi les formations théoriques et pratiques nécessaires à cet exercice et elle avait le talent pour s'en sortir brillamment. Les seules choses qui pouvaient être dangereuses pour elles étaient d'en faire qu'à sa tête. Car, même si elle est douée d'un bon sens de jugement et d'une bonne analyse, lorsque l'adrénaline monte, elle est toujours poussée à aller au contact dans des tentatives plus ou moins suicidaires et contradictoires avec les bonnes réactions qu'elle aurait pu donner lors d'un contrôle écrit sur des cas similaires.
Je contrôle une dernière fois mon oreillette radio, alors que du côté de Cait, l'infirmière informe que la blessée perd peu à peu connaissance. La trappe s'ouvre alors sur une mer noircie par la nuit et agitée par les réacteurs silencieux de l'appareil. Je jette un dernier coup d’œil à kaya pour vérifier qu'elle est prête et plonge alors dans l'océan pour ensuite nager jusqu'à l'entrée du collecteur. Il fallait faire attention aux quelques vagues qui pouvaient facilement nous projeter contre la parois de la côte. L'entrée du collecteur était quelques centimètres au dessus du niveau de la mer. Sur les côté de la sorte de rigole se trouvait des petites passerelles sur lesquels on pouvait marcher. Je me hisse alors dedans, tendant ma main à Kaya pour l'aider à son tour avant de placer mon index sur mon oreillette.

« Quel est l'état de la marée ? Y'a des risques qu'on se retrouve coincée ? »

Il était temps d'avancer, prudemment mais sûrement, suivant alors le drone qui éclairait devant lui m'évitant quelques fatigues pyrotechniques. Caitlyn nous indiquait le chemin à suivre à travers les galeries pour nous approcher au plus prêt de Silent. Le pas était soutenu, mais nous veillons à ne pas faire trop de bruit dans ce conduit qui résonnait énormément.

La poubelle heurta le sol, le couvercle s’en allant claquer contre une évacuation d’eau intégrée au trottoir, un peu plus loin, et quelques instants plus tard, se fut une porte de voiture qui claquait à son tour, alors que Lorna s’avançait de son entêtement vers ce pavillon de banlieue sans histoire, qui n’en avait pas d’autres que celles qu’on y apportait. Jimmy « J.D. » Dimmick était un officier de la SFPD qui avait toujours mené sa vie de façon à ne jamais ramener de travail à la maison, ou de personnel au travail, à tel point qu’il avait finit par mener plusieurs vies bien distinctes, et qu’en rajouter une de plus, cela ne changeait rien pour lui, tant qu’elles ne s’entrecroisaient pas. Ce soir, la jeune femme allait lui casser son quotidien de la façon la plus désagréable qui soit.

Ouvrant son portail de la main, Lorna tenta de reprendre contenance, et d’outrepasser la douleur qui, grâce à l’alchimie du cerveau, s’estompait un peu. Elle devait être froide, elle devait être impitoyable, elle devait être salope pour rentrer dans ce personnage que sa chair avait jouée durant plusieurs années, contre sa volonté d’ailleurs. Lorna Dane devait à nouveau céder la place à la « Lady », comme les Maraudeurs avaient pour coutumes de surnommer certaines de leurs membres. La côte Est avait été le domaine de la Lady Red, et l’ouest, de la Lady Green.

Elle s’était tant battue pour la chasser, et aujourd’hui elle l’invitait à nouveau, c’était d’une amertume vénéneuse, mais heureusement, ce n'était qu’un rôle.

Avançant pas à pas en limitant au maximum son boitillement, Magnéto la Seconde tenta d’oublier son impudique tenue et de ce concentrer sur son personnage, qui de toute façon n’était pas beaucoup plus vêtue que cela, à l’époque. Mais qui, il fallait bien le reconnaitre, était dans un meilleur état. Elle ne sonnera pas, mais s’annonça d’une simple manière, jouant sur les flux électromagnétiques de la maison pour faire grésiller les lampes, et prévenir de son arriver. Puis, avançant sa main vers la poignée, elle poussa la porte, un sourire s’espérant suffisamment malsain pour être crédible.

Le quarantenaire descendit l’escalier, un fusil de chasse sous le coude, mais il n’eut jamais le temps de lever son arme, que déjà celle-ci se démontait, les cartouches de chevrotine commençant à lui graviter autour de la tête, prêtes à être enclenchée, alors que la malice s’invitait avec sa désignation dans ces lieux où elle n’était pas désirée, comme à son habitude en quelque sorte.

- J.D. mon garçon, deux petites années et vous avez perdus tout votre sens de l’hospitalité ?

Ou peut-être que « le garçon » n’avait jamais souhaité le donner, comme bien d’autre, mais que la Maraudeuse le lui avait arraché pour s’en servir comme s’il lui appartenait, car ne considérait-elle pas tout comme sien, cette salope ?

- Miscrastur Emeraude, vous…

- Suffit les noms d’oiseaux, ils m’insupportent toujours autant. Vous avez des choses qui m’intéressent, J.D., mais vous êtes devenus difficile à joindre.

- c’est comme vous n’étiez plus aussi présents, vous autres, on…

- Avant de nous enterrez, attendez que vos pots de vin se tarissent, Mr. Dimmick, sans quoi il est possible que ce soit votre utilité qui ne se tarisse, et nous inverserons les rôles. J’ai besoin de vous ce soir, et vous allez m’aider. Ici, et maintenant.

Son sourire, son ton, son regard, tout lui faisait mal, tout lui donnait la nausée, mais elle continuait. Indifférente aux avis de cet imbécile et aux soidisantes « promesses » qui avaient put lui être faite, elle donna ses ordres, lui commandant de prévenir sa « charmante » compagne afin qu’elle ait la bonne idée, outre ne pas poser de question, d’aller chercher une trousse à pharmacie, tandis que lui devait se renseigner sur l’attaque mutante un peu plus tôt dans la nuit. On ne peut plus simple, non ? Ne pas réussir, c’était lui dire merde à elle, et personne ne disait merde à Lady Green… pas deux fois en tous cas. Si l’on pouvait également avoir l’extrême obligeance de lui donner des affaires, et de préférences plutôt « jeun’s » histoire qu’elle n’ait pas à mettre les oripeaux de la « maitresse de maison », c’en serait parfait. L’ainée des Dimmick devait être en pleine adolescence, non ? Une petite fleur prête à être cueillie…

Lorsqu’elle fut enfin seule, laissée dans la salle de bain familiale, Lorna ne put contenir son dégoût d’elle-même, qu’elle manifesta par de simple vomissement. C’était si pathétique. C’était si minable. La fille d’Erik Lehnsherr, la Princesse de la Confrérie, réduite à cela, affalée sur la cuvette des WC en train de rendre ses tripes pour s’être forcée à accomplir des actes qu’elle avait honni avant, de même que la personne qui les avait accomplis, qui l’avait forcée à les accomplir. Elle n’avait le droit de pleurer, cela se verrait, mais cela, se maugréer, se rejeter, elle pouvait, à loisir.

Cependant, son sort pathétique n’était pas le plus important, son échec à guider les siens l’était, et les conséquences de ce dernier… elle n’était pas la seule à les payer, et elle les payait relativement peu, comparés à ceux qui avaient données leurs vies. De quel côté était Silent ? De celui où ils avaient tout donné, ou de celui où ils avaient encore à donner ? Et vers quel côté penchait-elle ?

Lorna fut bandée, au torse pour maintenir ses côtes, à la jambe, refusant que l’on tente d’extraire le shrapnel « puisque cela pouvait toujours servir », et eut droit à un jean déchiqueté pour faire un short, un t-shirt tellement lâche qu’à part au niveau de la poitrine, elle ne le remplissait pas, et des bottes styles « western », qui avaient au moins le mérite de maintenir ses bandes. Souriante, et sans dire merci, elle s’empara du M1911 de son indic’, l’armant alors même que ce dernier lui exposait la situation, les corps retrouvés et les éléments analysés ; c’était intéressant. Mince, mais intéressant.

Dimmick avait fait ce qu’il avait put, mais il n’était pas de garde, et la majorité du peu d’informations en disposition des policiers ne lui était accessible que par le biais de collègues. Mais cela ne changeait pas grand-chose : d’abord Silent, ensuite la vengeance.

Se dopant aux antidouleurs, Magnéto la Seconde donnant ses dernières instructions, avant de s’en retourner vers les lieux du drame, puisque c’était de là-bas son seul point de départ : Dimmick devait la tenir au courant de s’ils retrouvaient la fille, mais également, il devait faire passer des rumeurs comme quoi l’une des victimes de l’attaque avait survécue. Oui, c’était mettre la charrue avant les bœufs, mais à défaut d’être capable de les retrouver eux, Lorna misait sur les compétences des assaillants pour la trouver elle. Ensuite, cela se règlerait dans le sang. Elle n’avait donc qu’un temps réduit pour retrouver Jade, et la mettre à l’abri ; mais c’était mieux que rien.

La nuit allait être longue, et l’aube rouge.

Elle gisait là, presque sans vie. Je l'aurai cru morte si je n'étais pas spécialement venue pour lui sauver la vie. Je ne regarde pas Kaya, j'ai toujours du mal à comprendre comment cette fille fonctionne. Elle semble si simple et si complexe que c'en est un vrai casse-tête. Je déteste les casses-têtes, surtout avec les gens. Je me suis toujours demandée pourquoi personne ne se contente de parler ou bien de se taire. Il faut toujours qu'il y ait un entre-deux vaseux entre plainte et sous-entendu, entre insinuation et tristesse cachée. Tirer les vers du nez des gens n'est pas mon point fort mais je m'efforce de m'améliorer, de comprendre, de prendre le temps, d'écouter... Et paradoxalement, j'ai besoin que les personnes qui ont besoin de moi m'accorde un peu de temps pour que je m'adapte à ces nouvelles réalité consistant à tendre le paquet de mouchoir et écouter leurs histoires. Est-ce un effet de mode ? Tous ces questionnements, ces remises en questions, ces interrogations philosophiques et éthiques plongeant les X-mens dans la réflexion au point qu'elle en tue l'action ? Pauvre Ororo qui s'en mord les doigt au point que ça en choque certaines. Pauvre Emma qui se demande quelle verni elle va mettre ce soir. Pauvre Kaya qui... qui j'en sais rien et c'est bien ça le problème ?
Bah... au pire il me reste quelque mouchoirs, je suis une bonne chouineuse aussi quand je m'y mets faut pas croire ! Mais je chouine avec classe ! Et je sais pas faire de café. Chacun ses trucs ! Mais comme disent les gargouilles, je m'égare !

Je suis un fille... non, je suis une femme d'action et lorsque je sais quoi faire je le fais, de la même manière qu'avec cette affaire d'attaque aujourd'hui. Je les entends d'ici me reprocher d'y aller par intérêt privé et personnel, d'agir non pas en tant qu'X-men mais en tant que Jubilee, petite amie du chef de la Confrérie de la côte Ouest. Mais allez vous faire foutre ! Et puis... En voyant Silent ici, quasi sans souffle je sais que j'ai raison d'endurer tout cela pour lui permettre de vivre. Je commence à détester la violence de plus en plus. Je ne suis pas la dernière pour frapper, mais cela ne m'empêche pas de la haïr chez les autres. Je crois que c'est essentiellement parce que mon propre côté violent est toujours et éternellement ravivé et exacerbé par celle des autres.  
C'est ça ce qu'on m'a dit être un cercle vicieux ? Sans doute. En tout cas aujourd'hui je vais essayer de l'atténuer à défaut de pouvoir le briser.

« Jade. Jade, tu m'entends ? Jade ?* »

Le drone est là non loin du corps et il faut que je sache quoi faire, que je ne perde pas de temps.

« Cait', met-moi en liaison avec l'infirmière qu'elle me dise quoi foutre si il faut opérer des soins ici maintenant où l'emmener dans le jet ou je ne sais encore quel hôpital. »

J'effectuai les premières vérifications en attendant des réponses, regardant l'état plutôt pitoyable de Silent.

« Kaya, vérifie le périmètre avec le drone. Le mots importants c'est efficacité et discrétion. En aucun cas n'engage le combat sauf si c'est pour te permettre de fuir. »

La menace était toujours présente, on ne savait pas qui avait attaqué cette base, pourquoi ils l'avaient fait, si ils reviendraient et si ils avaient laissés des pseudos-survivants pour jouer le rôle des appâts. Quoiqu'il en soit, les X-mens se devaient de connaître les réponses à ces questions, ne serait-ce que pour éviter des combats inutiles à San Francisco entre des confréristes et leurs ennemis. Moins le sang coule, mieux on se porte et ce n'est pas Jade qui va me contredire.

Debout dans les ombres, Lorna contemplait le bordel qu’elle avait mit se défaire petit à petit, alors que de nouveaux outils avaient été acheminés et que l’on criait à l’attaque de mutants. Oui, une attaque de mutants, mais contre des mutants, serait-ce précisé au journal ? Et si les types étaient des marginaux, voir référencés sur les listes des personnes recherchées pour appartenir à la Confrériste, cela ferait-il de leurs assaillants des héros ? La jeune femme voyait déjà les différents Times titrer entre « les mutants s’entretuent : menace pour les citoyens normaux » et « une nouvelle attaque du terrorisme génétique » ; personne pour s’intéresser à ce qui c’était réellement passé, aux personnes qui y avaient laissée la vie. Kyle prenait soin de se souvenir de chaque être tombé sous ses ordres comme de chacune de leurs victimes innocentes, mais qui pour raconter la sienne ? C’était un connard, certes, et il était à la même place que les personnes qu’il avait dénigrées et à qui il se sentait si supérieur, et au final, il serait tout aussi anonyme qu’eux dans la mort. Il l’avait avertie sur les fissures qui la dévoraient, mais c’était soit ces fissures, soit la violence, qui les emportaient ; pas de retraite ou de maladie pour les gens comme eux.

Magneto la Seconde avait prise de la hauteur, pour avoir un meilleur point de vue, et ses objectifs avaient changés, partiellement du moins : le nombre de cadavre indiquait qu’il y avait deux autres survivants, en plus de Silent, mais pas plus de traces d’eux que d’elle. Tous les corps avaient été évacués à la morgue, cela limitait donc à deux possibilités, soit ils avaient réussis à en réchapper, soit ils étaient entre les mains de l’ennemi ; M2 ne savait laquelle préférer. Peut-être mourraient-ils moins vite entre les mains de leurs adversaires, mais peut-être aussi que cette mort d’en serait que plus douloureuse. Dans un cas comme dans l’autre, cela se paierait. C’était ainsi que fonctionnait la Confrérie, mine de rien : œil pour œil, dents pour dents. Les Humains rasaient Mutant Town, la Confrérie des Mutants rasaient la partie sud de Manhattan, jusqu’à Mutant Town. 1 partout, la balle au centre. La cible était mauvaise, mais le score rétablit. Une absurdité, mais une absurdité qui jouait pour beaucoup dans le moral des troupes.

Appuyée d’une main sur la rambarde du balcon sur lequel elle s’était réfugiée, jouant avec le téléphone portable de Mme Dimmick de l’autre main, Lorna attendait. La patience n’était pas son fort, loin de là, et l’idée qu’à chaque seconde, de ses hommes puissent se vider de leur sang, seul dans la nuit, était particulièrement apte à la mettre en rogne ; chose qui se ressentait dans son environnement, quelques objets métalliques tremblant à mesure que le fil de ses pensées accroissait sa colère. Elle avait essayée de joindre Jade, mais la ligne était déjà occupée, lui donnant le faible espoir qu’elle ait eut de l’aide, et la forte crainte qu’elle ait été piratée pour remonter jusqu’à ces autres contacts. Alors, M2 s’était résolue à attendre.

Un peu plus loin, elle observait les lumières électromagnétiques lui indiquer systèmes électriques et systèmes nerveux de chacun, elle-même tentant de percevoir des détails que les autres ne verraient pas. Sa valise avait finie par être dégagée, pour mystérieusement disparaitre de la voiture dans laquelle elle était sensée être transportée au commissariat en guise de pièce à conviction, éliminant ainsi toute preuve de sa présence à par son sang, mais de toute façon son ADN n’était pas répertorié (même s’il faudrait qu’elle convainc ce cher J.D. de le faire disparaitre lui aussi, par précaution).

Toujours pas de mutants, toujours pas de suspect plus précisément puisqu’elle était bien incapable de différentier Sapiens et Superior, mais surtout, pas la moindre idée d’où avaient put, s’ils avaient put, s’enfuir ses coéquipiers. Elle avait regardée chaque maison aux alentours, chaque planque qu’elle avait put imaginée, et n’y avait détecté aucun signe de vie endommagé. Tout était dramatiquement à sa place.

Paupières toujours closes, usant de sa double-vue, Lorna crispa la mâchoire alors que de nouveaux témoins venaient contempler l’événement, et que d’autres en repartaient. Y avait-il dans le lot les assaillants ? Elle l’ignorait. La rumeur devait circuler puisque les flics avaient eut pour instruction de chercher une survivante, mais elle escomptait bien qu’ils trouvent Silent, non elle-même. Ceux qui devaient la découvrir, c’était les assaillants. Et sans doute que s’ils faisaient plus attention que les humains, ils la découvriraient, sachant ce qu’ils cherchaient. Une main sur le balcon, Magneto la Seconde sourit, son visage et sa chevelure si caractéristique partiellement éclairés par la lumière du téléphone, leur offrant un unique détail qui les conduiraient droit à la bataille.

Oh, elle n’agissait pas de façon irréfléchie, si c’étaient eux qui avaient Silent et les autres, la jeune femme comptait se laisser capturer également, histoire de les retrouver. Le plus gros risque était de se faire priver de ses pouvoirs, mais elle avait là aussi un joker. Son père devait déjà avoir perçu les émissions électromagnétiques qu’elle envoyait par intermittence à travers les champs terrestres, et sans doute des Confréristes étaient en route. Si la balise s’interrompait, ils ne s’en bougeraient que plus le cul. Et si elle était interceptée, elle aurait son affrontement plus vite que prévu. Tout bénéfice.

Restait à survivre au combat, mais le contraire ne l’aurait pas plus dérangée que cela. La Confrérie, c’était son combat, si elle perdait cela, elle pouvait bien perdre la vie que cela ne changeait pas grand-chose. Si elle devait mourir ce soir, elle l’acceptait sans difficulté, elle avait même un peu hâte. Plus de lutte, plus de désespoir, juste le néant, et peut-être, si elle avait de la chance, un autre monde, avec Alex. Mais en attendant, elle se battrait, de toutes ses forces, pour son père, pour ceux morts cette nuit. Et puis, si elle disparaissait, considérant sa popularité et les liens qu’elle avait avec Magneto, peut-être la traque de ses assassins seraient-elles mieux menée que s’il n’y avait que quelques Confréristes d’une branche paumée à pleurer ; maigre consolation, mais consolation quant même.

Lorna Dane-Lehnsherr voulait incarner l’avenir constructeur de la Confrérie, mais comme disait le dicton latin : Si vis pacem, para bellum.

La voix de l'infirmière dans mon oreille n'apportait pas que des bonnes nouvelles. J'étais la seule avec qui Silent pouvait faire une transfusion ce qui lui permettrait de rester en vie. Pas le moment de se plaindre des piqûres, je me saisis d'elle en la portant dans mes bras. Caitlyn a déjà planifié le prochain parcours pour retrouver le jet.

« Kaya, on change la formation. Tu passes devant en couverture. »

Il serait ridicule que ce soit elle qui porte Silent car cela réduirait beaucoup ses mouvements. Et il était également plutôt idiot de la laisser derrière moi sachant qu'elle était celle avec le plus de résistance. Elle était élève, certes, mais c'est le meilleure choix à faire pour le moment. La priorité n'avait pas changer : rester en vie et sauver celle de Silent. Mais ce qui m'inquiétait c'était la suite. Nous n'avions pas trouvé de traces ennemis et rentrer par les ruelles pouvaient nous exposer grandement à des attaques si toutefois les vilains du jour étaient restés près de l'endroit de leur massacre pour s'assurer que personne ne viennent les gêner.
Il se pouvait bien sur qu'ils soient déjà loin et qu'on ne les retrouve pas de si tôt ce qui en soit pour le moment était une bonne nouvelle. L'équipe de sauvetage que nous étions n'était définitivement pas faite pour se battre contre une formation qui avait réussi à détruire l'ensemble de cette branche confrériste certainement remplie de mutants relativement puissants. Certes, Caitlyn et moi-même avions énormément de qualités offensives, mais face à un antipathe comme il se pouvait qu'il y ait en face, nos chances étaient très minces. Kaya, de son côté, possédait aussi beaucoup de qualités mais son manque d'expérience pourrait lui faire perdre rapidement son calme et son sang froid.
Il fallait donc que je reste sur mes gardes, à l’affût des moindres bruits, mon instinct aiguisé comme jamais. Je tentais tant bien que mal de chasser de mon esprit toutes ces pensées ainsi que celles de Kyle car cela ne ferait que me mettre en danger.

Mais Caitlyn me ramena à la raison plus rapidement que prévu. Elle avait raison, oui, on ne pouvait pas jouer un coup après l'autre même si c'était le plus sécuritaire et confortable dans notre situation.

« Pour tout t'avouer je le sens vraiment pas... Mais... Je vous laisse le choix, je vous fais confiance pour fuir en cas de danger et, Kaya, je ne te force à rien. »

Le jet était proche et pour le moment, tout se passait pour le mieux.

« Jet en vue. On arrive. »

Après avoir passé la rampe, je déposais Silent dans le jet, m’apprêtant à suivre les instructions de l'infirmière pour procéder à la transfusion. Il fallait agir vite pour elle aussi. Elle ne répondait toujours pas à ce que je pouvais lui dire même si je sentais toujours son pouls. Elle semblait faible, pâle et sur le point de partir ce qui me fit me hâter un peu trop dans les manipulations et grogner lorsque ce que l'infirmière me disait de faire ne marchait pas pour la simple et bonne raison que je m'y prenais mal.

Etait-ce un piège ? Elle s’y serait presque attendue, considérant combien s’était trop facile. Il y avait eut du mouvement, mais non envers elle, non en contrebas, mais bel et bien dans les cieux. Elle l’avait vu, un appareil décollant pour se placer en vol stationnaire, à une distance respectable ; c’était un avion, considérant la forme globale de son imprégnation électromagnétique, mais un avion comme elle n’en avait jamais vu, et surement bourré de technologie mutante. Magnétique, cependant. La base de ses ennemis ? Trop petit, mais leur moyen de déplacement, ce n’était pas impossible.

Alors qu’elle avait prit parti de s’en approcher aussi furtivement que possible, gardant le couvert des bâtiments de la ville et passant de l’un à l’autre sans pour autant rouvrir les yeux, Magneto la Seconde avait essayé de pousser sa double-vue à voir l’intérieur de l’appareil, mais les systèmes électroniques le composant avaient rendu impossible la détermination de formes vivantes en son sein ; cependant, deux d’entre elles s’en étaient échappées, et pour se rapprocher sans être vue, cela avait été bien plus difficile encore. Mais coup de chance, les deux personnes avaient rapidement approchées de sa position, pour s’en continuer vers les lieux du crime. Le nouvel objectif était donc de les identifier, chose surement plus facile à faire avec le groupe isole qu’avec la plateforme volante, ainsi la verte du s’en revenir sur ses pas, pour les prendre en filature.

Un dicton voulait que la seule personne à pouvoir prendre en filature un Maraudeur était l’un de ses confrères, car leurs techniques de repérages étaient les mêmes, et comportaient certaines failles laissées volontairement par Sinistre, pour pouvoir au besoin envoyer certains de ses hommes traquer d’autres de ses hommes. Son entité avait accomplie de telles trahisons, et Lorna n’avait rien oubliée. Et de Maraudeur, il en était effectivement question, elle le découvrit très vite : Caitlyn Elioth alias Buse Cendrée, la Lady Red, de la Dream Team de la Côte Est, était de la partie. Elle avait trahie et éliminée Sinistre une fois, avec l’aide de Joy et de son mec de l’époque, puis s’était reconvertie chez les X-Men comme chez les homosexuelles (y avait-il un lien ?), et s’était faite connaitre publiquement durant ce mois par quelques exploits d’un héroïsme discutable qui avaient fait la une de nombre de revues de presse. A côté d’une telle personne, même sa « monstrueuse » camarade tenait du détail. La Lady Green avait eut du « respect » pour la Lady Red, chose qui aurait enjointe Lorna à mépriser et haïr cette même Lady comme elle le faisait pour la première, cependant le revirement de bord la faisait remiser son jugement à plus tard ; il y avait plein de raison de se faire enrôler dans les Maraudeurs, et très peu de bonnes, et s’en sortir était aussi difficile que de briser une dépendance, sinon plus.

Les deux X-Men arrivèrent à la scène de crime, ayant avoir volée une voiture sans plus de morale que la Confrériste précédemment, et tentant de déduire sans plus de succès. Ce ne fut que lorsque la rousse commença à parler que l’autre Ex-Maraudeuse se décida d’intervenir, saisissant un simple mot qui la poussa à tout risquer : « gamine ». Il n’y avait qu’une gamine dans l’équipée de la Confrérie de San Francisco, et c’était Silent.

Alors que l’autre X-Men, bien moins expérimentée, commençait à déblatérer sur sons sens de l’orientation, avant de pointer une ruelle du bras, Lorna sortie des ombres, consciente que son ancienne « collègue » l’avait déjà repérée.

« Là, dans cette ruelle, je pense. Ou dans une ruelle avoisinante, mais je pense que c'est dans le coin. Vu qu'elle est en contact avec le bâtiment, de toute façon, je pense que c'est là. Avec une balle dans le ventre elle n'aurait pas pu aller très loin. »

- Non, c’est un fait, à moins d’être totalement immunisée à la douleur.

Son introduction était froide et énergique, portant sans difficulté au-devant des deux autres mutantes alors qu’elle-même en faisait autant, ne pouvant s’empêcher de boiter suite à sa blessure. Serait-elle reconnue ? Elle l’ignorait, mais avait averti qu’elle, en revanche, avait reconnue l’une de ses vis-à-vis, chose qui ne les enjoindraient pas à lui faire confiance, mais était honnête, au moins.

- Je dois avouer être surprise que les X-Men aient perçus les premiers mon appel de détresse, ajouta-t-elle alors qu’elle s’immobilisait à bonne distance – une distance qu’elle jugeait suffisante pour pouvoir activer son bouclier en même temps que la Buse Cendrée dégainait, chose qu’elle faisait avec une vivacité aussi légendaire que sa précision.

Faisant face aux deux X-Woman sans la moindre crainte, Lorna attendit qu’elles réagissent ou la mettent en joug pour poursuivre, néanmoins prête à se protéger d’attaque pouvant la blesser – chose qui n’était pas le cas des foudres de Miss Elioth, lesquelles la requinqueraient même pas mal.

- Je suis Magneto la Seconde, Acolyte de la Confrérie des Mutants, et l’une des quatre survivantes de l’attaque de ce soir.
Egalement à la recherche de Silent et de mes autres Confrères blessés.

Son visage était froid et son corps crispé, tant parce qu’elle se voulait impassible qu’à cause de la tension de la rencontre, et également de ses blessures. Celle à la jambe était sans doute la plus visible, puisque son appui était plus marqué sur l’autre, mais pour une personne suffisamment observatrice, elle avant le bras étonnamment proche de son flanc gauche, signe caractéristique de fêlures qu’elle tentait de protéger en cas d’attaque.

- Ayez l’obligeance de m’épargner les remarques désobligeantes sur mon nom de code, je n’ai pas le temps. Je ne suis là ni pour vous confronter vous, ni pour faire un attentat, et même si j’ai l’intention de faire payer ceux qui ont fait cela, ma priorité reste de retrouver et de mettre en sécurité les miens. Vous vous targuez de sauver des vies, celles des Confréristes valent-elles autant que les autres à vos yeux ? Si oui, aidez-moi.

La demande pouvait paraitre surréaliste, mais Lorna n’était pas de ceux qui voyaient la Confrérie et les X-Men comme des ennemis, leurs combats étaient juste différents, et elle espérait sincèrement à une égalité de la valeur d’une vie humaine, indifféremment de son engagement politique et idéologique.

- S’il vous plait.