New Born [Libre]

David écrivit une dernière ligne sur le tableau noir, reposa la craie et haussa la voix pour se faire entendre par-dessus le brouhaha qui commençait à s'élever dans les rangs

_ Ok, pour demain, révisez bien la physique quantique, et plus particulièrement la configuration des spins dans une molécule. Ce sera tout pour aujourd'hui, on se voit au prochain cours.

Les élèves sortirent un à un de la salle de classe, certains s'attardaient en posant une question à leur nouveau professeur, d'autres attendaient leurs amis à la porte. Une ambiance de sortie de cours comme il y en avait partout dans le monde. Mais cette sortie de classe revêtait une dimension un peu particulière. C'était son tout premier cours en tant qu'enseignant. Sa toute première heure à donner une partie de ses connaissances à des élèves plus ou moins intéressés. Il faisait quelque chose d'utile. IL le savait. Ce ne serait pas facile tous les jours, mais il avait de la chance. Il enseignait dans l'établissement qui l'avait vu grandir, et la plupart de ses élèves n'avaient à peine que quelques années de moins que lui, et il avait grandi avec les même "problèmes d'adolescence" qu'eux.Ça crée des liens, ça rapproche. Probablement pas la meilleure chose à faire lorsqu'on est pédagogue, mais lui, ça ne lui posait pas de problème. Il n'avait pas peur de la complicité avec ses étudiants. Il trouvait cela stimulant. Après tout, il partageait beaucoup plus de choses avec ses élèves que la plupart des autres enseignants.

Seulement, voilà, il revenait avec cinq ans d'absence, et même si certaine chose n'avait que pas ou peu changé, d'aspect de l'Institut s'était transformé du tout au tout. Enfin, c'était surtout les personnes qui avaient changé. Beaucoup de nouvelles têtes ; élèves ou résidents ; et beaucoup départ aussi. Cinq ans auparavant, il imaginait un peu naïvement que quand il rentrerait, tout serait pareil, comme si le fait qu'il soit parti avait arrêté le temps à New York. Surement un genre d'égocentrisme. Mais le fait était qu'il devait réapprendre à vivre ici, rencontré de nouvelles personnes, comme s'il venait d'arriver. Dur, mais pas impossible.

Il rangea son ordinateur portable et des feuilles qui trainaient sur son bureau dans sa sacoche, jeta un dernier coup d'œil pour vérifier que personne ne restait dans la salle et sortie. Un sentiment de nostalgie le prit soudain. Il y avait cinq ans, il était dans cette classe, assis à la place des étudiants qui venaient de quitter la salle de classe. Le professeur secoua la tête en soupirant. Cela ne lui ressemblait pas d'être accroché au passé comme ça. Il finit de ranger ses affaires et saisit le trousseau de clefs qui était posé sur le meuble. Un léger craquement se fit entendre, puis une odeur d'ozone à peine perceptible se répandit. David regarda la tache noire sur l'anneau en métal. Depuis quelques jours, il avait du mal à contrôler son pouvoir. Rien d'alarmant, mais c'était assez handicapant, et surprenant. Il n'avait jamais eu de problèmes avec ses capacités depuis des années. C'était probablement le stress et l'appréhension vis-à-vis de son nouveau travail qui devait lui faire perdre sa concentration. Le jeune homme se promit d'en parler avec quelqu'un. Mais avant cela, il avait deux heures de trou avant son prochain cours, et il était bien décidé à les mettre à profit pour grignoter quelque chose en buvant son café, puis d'aller marcher un peu dans le parc pour profiter de l'été qui commencer à arriver. Après tout être un prof responsable ne l'empêchait pas d'être un jeune homme qui aimait la vie en extérieur. Il ferma à clef la porte de sa salle en souriant à son trait d'esprit et se dirigea vers la cuisine quand une voix l'interpella.

Elle n’avait pas besoin de savoir dans quelle salle celui qu’elle cherchait, il avait suffi d’une lecture rapide pour mémoriser le numéro de salle. Par contre, elle avait fait l’économie de la lecture du dossier. Caitlyn voulait laisser parler son instinct et le nourrir de cette précieuse première impression, exercice pour lequel elle ne brillait pas pour l’excellence de ses résultats lorsqu’il s’agissait de la jauger elle.

L’idée n’était bien entendu pas d’elle car il faut dire que le temps dont elle disposait se réduisait jour après jour comme une peau de chagrin et qu’entre ses fonctions de professeur et de conseillère sociale, ses missions de X men et une vie privée des plus envahissante avec le mariage en point de mire, elle n’avait pas véritablement le temps de s’occuper de sa « petite personne ».

Hank cependant continuait de suivre de très près l’évolution de ses manifestations de son pouvoir surtout depuis l’inversion de fonctionnement qui avait conclus la terrible journée du 10 décembre et qui l’avait vu être placée de force en coma artificiel afin de lui éviter de perdre l’esprit et de provoquer des arrêts cardiaques à répétition. La nature électrique et biochimique de son pouvoir était une chose avérée, mais son fonctionnement et ses potentialités restaient assez brumeuses.

Hors le retour d’un spécialiste en la question et qui de surcroit jouissait d’un pouvoir dont certaines manifestations étaient assez similaires à celui de Fuzzy pouvait ouvrir de nouvelles pistes pour la compréhension de l’évolution de son don. C’est ce que la Peluche Vivante qui lui servait de collègue lui avait expliqué et c’est aussi ce que Xavier lui avait conseillé même face à sa mine boudeuse d’enfant capricieuse qui pestait contre tout ce qui pouvait de près ou de loin porter un regard analytique sur sa vie : psy, docteurs, professeurs et même styliste vu son effroyable gout en matière vestimentaire ( gout commençant tout de même à trouver quelques limites par l’intervention heureuse de son entourage).

Elle s’était donc résignée à rencontrer le fameux « spécialiste » pour faire plaisir à Tonton Charles et s’octroyer une augmentation de la durée des jours de congés consentis pour sa Lune de Miel. Caitlyn, rappelons-le, n’était pas des plus sociables et jouissait d’une réputation de trublion iconoclaste, de bordeleuse repentie et de gaffeuse roublarde et farfelue. Son franc parlé était légendaire, tout comme ses colères où ses excentricités mais comme il s’agissait de faire bonne impression par un visage résolument professionnel qu’il lui plaisait de revêtir de plus en plus et comme Juin signait le retour du soleil dans la peau d’Irlando californienne qu’elle était, elle avait opté pour une tenue estivale d’une robe courte au motif fleurie laissant voir de belles jambes nues rehaussées de sandalettes beige, d’un léger gilet jaune en forme de haut de tailleur sur lequel cascadait sa chevelure rousse aux accroche cœur demi-bouclés.





Elle croisa dans le couloir plusieurs élèves de sa connaissance qu’elle salua d’un franc sourire avant de s’engouffrer dans le couloir menant à la salle de classe. Elle croisa un jeune homme qu’elle dévisagea brièvement une demi-seconde avant de reporter son attention sur sa destination. Jamais vu celui-là…Elancé assez bel homme et assez classe comme quoi le standing des élèves plus âgés pouvait parfois être revu à la hausse. Oui…Notre Irlandaise ne brillait pas non plus par ses hautes capacités de déductions chères à sa fiancée et ne déduit pas qu’il s’agissait là d’un adulte encadrant et non d’un élève puisqu’il suivait le flot de traine-savates sortant de la dite salle.

La poignée de la porte refusant de lui offrir le précieux sésame, elle écrasa un juron entre les dents en déduisant qu’elle venait de manquer le professeur qu’elle imaginait un peu bedonnant et le cheveu rare. Heureusement, l’élève « classe mannequin » était toujours dans le coin, alors avec distinction et élégance, elle l’interpella.

-Hop hop hop ! Gueule d’amour !
Avant d’aller passer ta soirée brushing avec tes autres potes evadés d’un remake de Twillight, tu pourrais pas m’dire où traine le professeur Knight ? Je dois l’voir pour un truc ..heu…d’adulte.
 
Parce qu’il fallait bien se rendre charmante de temps à autre, elle appuya sa demande d’un sourire charmant où perçait une désinvolture évidente.

Alors qu’il sortait de la salle de classe, David croisa une jeune femme rousse, qui s’avançait d’un pas élancé dans le couloir. Encore quelqu’un de pressé se dit le jeune professeur, et puis ce jaune, ouah, ça pique. Il devait paraitre bien palot avec sa chemise blanche sur un jean bleu marine à coté de tant de couleur.
Il ne s’attarda pas plus sur la personne qui passa à côté de lui. Il tourna les talons et se dirigea vers la sortie. Il entendit un juron étouffé dans son dos et le bruit d’une poignée que l’on a relâché un peu violemment. Apparemment l’apparition jaune avait raté quelqu’un.

_Hop hop hop ! Gueule d’amour ! Avant d’aller passer ta soirée brushing avec tes autres potes evadés d’un remake de Twillight, tu pourrais pas m’dire où traine le professeur Knight ? Je dois l’voir pour un truc ..heu…d’adulte.

Surpris et un peu vexé, il se retourna vers la robe jaune et vit son sourire qui devait être, dans l’intention, charmant, mais qui au final se résumait à un vague pincement de lèvres un peu forcé. Il répondit sur un ton un peu trop vif et cassant, mais il détestait qu’on le prenne pour un gamin, et encore moins que l’on se moque de son apparence.

_ Le professeur est devant vous, Madame, et il ne va pas refaire son brushing, mais prendre sa pose, donc si vous avez quelque chose à lui dire, faite vite, ou accompagnais moi, mais choisissez rapidement.

Il se retourna sur un geste qui se voulait théâtral, et commença à marcher. Il s’arrêta après quelque pas, et dis en tournant la tête :

_ Au fait ; le jaune ne vas pas avec le orange, c’est la base. Désolé, mais cette robe ne vas pas avec votre teinture.

(juin 2013)

Juin et son soleil et oui meme à New york. Juin et ses nombreux dossiers à remplir meme pour les jeunes mutants. Juin et ses examens ...

Depuis 10 mn, Ororo reprenait certains points avec les plus faibles de ses élèves. D'une patience à toute épreuve avec eux, elle leur expliquait encore et encore. Meme si l'histoire et la géographie étaient plus accessibles que les mathématiques, les jeunes avaient des difficultés surtout d'organisation. Voyant la fatigue sur leur visage, elle décida d’arrêter pour aujourd'hui, autant reprendre quand ils seront reposés. Elle leur donna rendez vous pour samedi en fin de matinée. Bien sur elle n'obligeait personne à venir, mais elle avait de la chance, ses élèves étaient de  gentils gamins. Et les plus doués n'hésitaient à mettre la main à la pâte.
Elle attendit qu'ils soient tous sortis avec des "au revoir madame" polis et elle sortit à son tour. Elle avait prévu d'aller voir comment le nouveau professeur s'en sortait.
Ororo allait mieux. Son ressentiment envers ses collègues X-men était toujours un peu présent mais Caitlyn semblait avoir repris une vie quasi normale, ce qui la soulageait. De meme qu'Amy, Rachel et Jubilee.

Elle avait vêtu comme tous les jours un jean et un chemisier à manches courtes qui dévoilait ses bras musclés, son éternelle diadème retenait ses cheveux. Elle était chaussée de petites tennis plates.
Elle se dirigea d'un bon pas vers la classe du professeur Knight. Elle avait lu son dossier à priori il avait été élève ici avant de partir pour ses études. Ororo avait rapidement calculé et déduit qu'elle ne le connaissait pas.
Des voix retentirent dans le couloir maintenant déserté par les élèves, une jeune femme et un homme.

-Hop hop hop ! Gueule d’amour ! 
Avant d’aller passer ta soirée brushing avec tes autres potes evadés d’un remake de Twillight, tu pourrais pas m’dire où traine le professeur Knight ? Je dois l’voir pour un truc ..heu…d’adulte.  

Elle reconnut immédiatement la voix .. d'ailleurs comment ne pas la reconnaître. Elle sourit. Caitlyn ... Cait et son humour à 2 balles. Cait qui ne pouvait que mettre les pieds dans le plat.
Ororo se demanda à qui elle parlait de cette façon et jeta un coup d'oeil curieux. C'était bien Cait les cheveux de feu, une robe à fleur et un gilet jaune. Ororo grimaça ... elle devrait avoir une bonne conversation avec sa jeune amie. Quand on a les cheveux roux comme elle mettre du jaune n'était pas vraiment de très bon goût. Mais c'était Caitlyn et pour ceux qui pouvaient voir au delà de cette apparence, il y avait une fille formidable.
Ororo examina discrètement l'homme. Sa photo ne mentait pas, il était plutôt beau gosse. Un peu palot pour son goût mais d'origine africaine elle aimait les hommes à la peau sombre. Ses pensées s'envolèrent vers son mari et les vacances qu'elle allait s'accorder en aout.

Elle reporta son attention sur Knight, puisque contrairement à Cait, elle savait qui il était .

_ Le professeur est devant vous, Madame, et il ne va pas refaire son brushing, mais prendre sa pose, donc si vous avez quelque chose à lui dire, faite vite, ou accompagnais moi, mais choisissez rapidement.

Il se retourna sur un geste qui se voulait théâtral, et commença à marcher. Il s’arrêta après quelque pas, et dis en tournant la tête :

_ Au fait ; le jaune ne vas pas avec le orange, c’est la base. Désolé, mais cette robe ne vas pas avec votre teinture.

Ororo fit la grimace, s'adresser de cette façon à Cait n'était pas la bonne solution. Elle laissa faire. Négligemment appuyer contre le mur, les bras croisées, elle les observait. Cait ne pouvait la voir car elle lui tournait le dos mais David si ... enfin s'il n'était pas trop pris par sa prise de bec. Voir les gens ainsi était une bonne chose pour apprendre à les connaître.
Ororo n'était pas là pour les espionner mais pour s'assurer que David s'intégrait bien et si elle pouvait par la meme occasion voir Cait ...  

Ororo ne put s’empêcher de sourire (et meme un très léger rire) en entendant le verbiage de Cait .. Pauvre David... victoire de Cait par ko "verbal" ; elle n'avait meme pas besoin d'utiliser ses pouvoirs.
Ororo l'enviait d'un certain coté. Cait était si spontanée ... contrairement à elle. Au fond, elle l'adorait.
Cait l'avait repéré et salué d'un signe de la main. Ororo lui sourit avec affection et lui fit un petit signe de la tête.
David profita de cet ... interlude pour en placer une ... meme si parler à Cait de sa tenue en ces termes n'était pas forcément de très bon goût pour un premier contact ... Ce que les hommes pouvaient être maladroits ...
 "bonjour Caitlyn, bonjour David." leur dit elle lorsqu'ils passèrent devant. Son attitude pouvait passer pour froide et dédaigneuse mais elle était comme ça. Elle montrait rarement ses sentiments en publique et surtout pas devant un inconnu .. meme collègue. Son mari n'avait pas le droit à un meilleur traitement non plus sauf quand ils étaient tous les 2 ...
Par contre le fait que David passe devant elle sans lui dire bonjour ne lui plut pas du doute. Ororo était très à cheval sur la politesse.
Pauvre David à peine arrivé il se retrouvait déjà dans une très mauvaise posture ... et pour ajouter à ses ennuis il attrapa Cait par le bras.

Ororo ouvrit de grands yeux. Elle savait que son amie ne supportait pas d'etre touchée et encore moins depuis décembre. Meme si Cait ne lui ferait pas de mal volontairement elle allait réagir c'était certain .. et dieu sait ce qu'il allait arriver ... enfin pas seulement dieu. Le pouvoir de Cait était relativement puissant et son insensibilité à la douleur la rendait redoutable. Mais Ororo savait bien que si Cait ne ressentait aucune douleur physique, chaque coup, chaque blessure provoquaient une douleur morale qui ne s'effaçait pas aussi facilement.

"David non" d'un bond elle fut à coté du jeune professeur. Elle posa sa propre main sur celle de David, le pouce sur le dessus appuyant assez fort pour qu'il lâche prise, un vieux réflexe de combat au corps à corps.
Faisant écran de son propre corps elle poussa David assez brusquement derrière elle, le lâchant et tendit son autre main, la maintenant à quelques centimètres de la poitrine de Cait mais sans la toucher bien sur. Elle resta concentrée sur son amie et la regarda avec douceur
"Cait .. s'il te plait ... Il ne pouvait pas savoir .."

l'air était rempli d'électricité avec les pouvoirs des 2 professeurs et des éclairs apparurent sur les mains d'Ororo.  Elle devait se maitriser sinon c'est sur qu'un orage allait éclater dans les couloirs de l'Institut. Et dire qu'en tant que professeur, ils enseignaient la maitrise aux jeunes ... Comme quoi cette maitrise n'était pas toujours évidente meme pour les adultes chevronnés qu'ils étaient.

Cait afficha des yeux ronds et étonnés lorsque le jeune professeur leva la main pour lui intimer l’ordre de se taire afin de pouvoir s’exprime. Violent !  Ce type était d’une maladresse sociale qui ne lui échappa pas. C’était entendu, Cait n’était pas un modèle de bienséance en société mais ce jeune homme n’était pas en reste non plus, snobant Ororo qui avait horreur de l’incorrection et du manque de politesse au point de s’en trouver vexée jusqu’à la cape. D’ailleurs, Cait faisait beaucoup d’effort à ses côtés, essayant de ne pas dire de grossièretés ni d’avoir de gestes déplacés tant la belle africaine restait un modèle indéboulonnable aux yeux de la jeune Irlandaise (Rappelons la photo dédicacée qui trônait à présent quelque part dans sa chambre au grand dam d’Amy s’amusant à la « cacher » et le poster au-dessus de son lit à San Francisco pour mémoire). En parlant de geste non approprié, David venait de commettre le plus gros impair concernant la jeune femme : la prendre par le bras. Contact physique non désiré, c’était devenu l’une des croix qu’elle devait porter jusqu’au Golgotha.
Caitly avait vécu une enfance martyre, battu par son beau-père et en avait gardé de sérieuses séquelles psychologiques dont l’une était justement de ne plus supporter les contacts physiques dont elle n’était pas à l’origine et de les vivre comme une menace. Le phénomène s’était considérablement aggravé depuis ce fameux jour de décembre où elle avait subi les pires tortures physiques  lors d’une captivité morbide en guise de vendetta de la part de ses anciens « employeurs », les Maraudeurs. Si autrefois, une gêne menant à la nécessité de rompre le contact était ce qui caractérisait ses crises, à présent, les manifestations pouvaient en être plus violentes et plus dangereuses allant jusqu’à une électrocution par déclenchement réflexe de sa ZPCE.


Elle s’immobilisa, le regard horrifié pausé sur cette main enserrant son bras et son corps tout entier sembla se raidir et se pétrifier alors qu’une alchimie logique s’opérait en elle menant à l’inéluctable incident. Mais cet incident n’arriva jamais, stoppé de justesse par une Ororo des plus prévoyantes

. "Cait .. s'il te plait ... Il ne pouvait pas savoir .."

Tout alla très vite, bien trop vite pour qu'elle puisse enrayer le mécanisme et elle leva vers Storm un visage décomposé dont le regard trahissait une sorte d’impuissance et de tristesse mêlé en une douleur muette et profonde. Cait porta lentement la main à son bras en un geste de protection alors qu’elle reculait jusqu’au mur pour s’y adosser un instant.

-         Je sais…je suis..désolée…je le sais bien…

Un arc électrique crépita le long de son bras remontant jusqu’à la main en un claquement sec dans un air déjà saturé en ozone. Cait serra les dents en une mimique rageuse tout en détournant le regard.

-         Pardonnez-moi…J’y travaille depuis six mois avec Emma. Mais, je…par moment ça…je ne contrôle plus ça…quand on me touche comme ça..

C’était le premier gros incident en plusieurs mois, elle frémit à l’idée de ce qui se serait produit si Ororo n’avait pas eu ce reflexe. Tout ce qu’elle voulait à présent, c’était disparaitre à la vue de tous, se refugier loin du jugement de tous face à ce qu'elle considérait comme un acte de faiblesse et de manque de contrôle et retrouver Amy, un réflexe de pure peur, et de quémander protection auprès de son aimée.

-         Je crois que l’on devrait remettre ça à une autre fois Mister Knignt, je ne me sens pas…très bien. Pardon pour le dérangement, je repasserai plus tard…Merci Ororo, merci de veiller sur moi.


Toujours ce sourire triste alors qu’elle se décollait du mur afin de prendre la fuite vers la salle de pause où devait peut-être trainer Amy.

Et là, David ne compris plus rien. En quelque seconde, il se retrouve éloigné de Caitlyn par la jeune femme qui quelque seconde plus tôt était encore adossé au mur. Il resta stupéfait, et avec le bras encore engourdi par le truc qu’elle lui avait fait pour les séparer lui et la conseillère sociale. Quant à cette dernière, elle semblait loin, très loin. Adossé contre le mur, une décharge remonta le long de son bras. Impressionnant. Complètement inutile contre lui, mais intéressant. Elle bafouilla quelque chose à propos de travail sur le contrôle et du fait de la toucher. C’était donc ça. Elle n’aimait pas qu’on la touche… Excellent, en dix minutes, il avait réussi à la mettre mal à l’aise et à faire remonter un traumatisme chez la première personne qui était venu lui adresser la parole. Belle entrée en matière. Avec un peu de bonne volonté, demain il pousserait un élève au suicide et enverrait un de ses collègue à l’HP, vu comment ça avait commencé, il était sur une bonne voie pour réussir à se faire détester. Mais pourquoi il était susceptible… Il n’était pas comme ça avant. C’était depuis qu’on s’était foutu de lui à une conférence, ou on l’avait pris pour un assistant ou un technicien devant deux cents personnes. Résultat il se mettait en boule dès que quelqu’un ne le prenait pas au sérieux, et il était assez acerbe quand cela arrivait.

La jeune rousse partit en remerciant Ororo de veiller sur elle. Bon, elle s’appelle Ororo nota David. Il allait devoir essayer de ne pas flinguer sa rencontre avec elle dès le début, mais bon, vu ce qu’elle semblait avoir pu observer de sa dernière discussion avec quelqu’un, il ne pensait pas qu’ils allaient prendre un thé avec deux trois scones et se raconter comment la vie était belle à l’Institut. Ça allait plutôt être glacial. Il tenta une feinte en se construisant un sourire contrit. Timidement il demanda

_ J’ai fait quelque chose de mal ? Enfin il est clair que oui, mais qu’est-ce que c’était ?

Un profond abattement tomba sur lui. Quelle journée de merde. Il aurait mieux fait de se la fermer, et d’aller se coucher. Dix minutes avant il avait rêvé de boire un truc et de grignoter puis d’aller dans le parc flâner. En fait, il avait juste manqué de déclencher l’Armageddon. « That escalated quickly » comme aurait dit l’autre.

Ororo regarda sa jeune amie avec compassion puis le pauvre David.  Ce qu'elle avait voulu éviter en l'éloignant se produisait finalement. C'est sur qu'elle y était peut être aller un peu fort dans son geste. Elle était comme ça.
Autant habituellement elle pouvait être douce et patiente, autant lorsque la situation risquait de dégénérer elle employait des moyens rapides et meme brutaux. Le sur-entrainement et les missions continuelles au sein des X-men l'avaient rendu ainsi. "Un vrai petit soldat" aurait ironisé certain ...

Elle baissa la main "Caity .. c'est rien .. Reste s'il te plait ... tu as travaillé très dur ces derniers mois tu ne vas pas laisser un simple incident tout gâcher .. si ??? On va aller prendre un café et discuter calmement de tout ça .. "

Un sourire amicale apparut sur son visage. "et c'est un plaisir de veiller sur toi .. nous sommes amies non ... "

_ J’ai fait quelque chose de mal ? Enfin il est clair que oui, mais qu’est-ce que c’était ?

Elle fixa un moment le dos de Cait avant de reporter son attention sur David. Elle secoua la tête avec un gentil sourire avant de montrer la salle de pause de la main   "non David tu n'as rien fait de mal .. enfin pas vraiment ... Tu n'aurais pas du la toucher ... mais tu ne pouvais pas savoir .. Comme elle l'a dit, effectivement elle n'aime pas le contact meme si le geste n'a rien d'agressif ... C'est ainsi ... Je crois  qu'il vaudra mieux qu'elle t'en parle elle-meme ... que dirais tu d'un café pour nous remettre de nos émotions ... et on pourra discuter "

elle s'avança un peu avant de reprendre en lui tendant la main "au fait nous n'avons meme pas été présenté dans les règles. Je suis Ororo Munroe, professeur d'histoire géographie et X-men. Tes élèves ne t'ennuient pas trop ... Ce sont de gentils gamins pour la plupart mais certain sont un peu ... turbulents ... J'ai lu dans ton dossier que tu avais étudié chez nous .... qu'est ce qui t'a poussé à revenir ??"

Elle repartait dans une conversation la plus innocente possible pour montrer au jeune homme que non seulement l'incident était clos mais qu'il n'y avait pas à s'en faire. Ororo irait voir Cait plus tard ... elle était certaine qu'Amy allait la réconforter .. et pour l'instant c'était David qui la préoccupait.

Sur le visage d'Ororo, son sourcil droit se releva mi interrogateur mi courroucé.  Davis accumulait les mauvais points. Non seulement il la tutoyait comme s'ils étaient de vieux amis ... mais il ignorait totalement sa main tendue ... Elle hésita un bref instant et décida de mettre ça sur le choc qu'il venait de subir ...
Un élève lui aurait fait ce qu'elle considérait comme un affront, il aurait eu droit à un sacré sermon ...
Elle se demanda s'il s'était présenté auprès d'Emma. Les élèves devaient remplir un dossier au secrétariat et étaient pris en charge par Cait ou Amy mais les professeurs ... meme si la moindre des courtoisies étaient de se présenter auprès des collègues.

Tout en se dirigeant vers le foyer, elle l'écouta répondre à sa question ... Comme les élèves, l'Institut représentait un havre, un endroit sur .. elle le comprenait.

 Et toi, tu es devenue prof ici comment, relança David pour meubler la conversation

Cette fois Ororo ne put cacher sa stupéfaction ... Elle n'était loin d'etre narcissique mais David ne semblait pas savoir qui elle était réellement ... celle là personne ne lui avait jamais faite ...
Elle finit par éclater de rire, un rire déroutant ... dommage que Cait soit partie, la jeune femme lui aurait probablement récité sa vie entière ...

"en fait à la base, je ne suis pas ici réellement en tant que professeur. J'ai été recrutée il y a bien longtemps par le professeur Xavier pour former les X-men ... ou plutot les reformer ... tu as surement du entendre parler de nous .. ... ce groupe de "cinglés" qui essaie de lutter pour un idéal de collaboration entre les humains et les mutants ...  et accessoirement de protéger cet endroit et ceux qui y vivent"

son ton était un peu mordant, elle ne voulait pas le vexer en le prenant pour un idiot mais sa question l'avait vraiment dérouté et puis il y avait toujours cette rancune tenace qu'elle n'arrivait pas à évacuer. Cette fois son interlocuteur avait vraiment une bonne raison pour ne pas être venu il y a 6 mois ... il n'était pas un x-men.  

"mon rôle de professeur est venu bien après ... Enseigner aux plus jeunes le passé, leur permettra d'envisager l'avenir ... tu ne crois pas ..."

ce n'était pas réellement une question. Ils n'étaient plus qu'à quelques mètres de la porte du foyer. Ororo se demanda si Cait et Amy s'y trouvaient et si la jeune femme allait bien ...

Ororo parut désappointé par le fait qu’il ne lui serre pas la main. Mais avec ce qui venait de se passer et son état depuis quelque jours, il ne voulait pas tenter le diable et électrocuté une de ses collègues. Déjà qu’il en avait presque traumatisé une... Il se promit de lui expliquer, mais à l’instar de la jolie rousse, son interlocutrice ne lui laissait pas en placer une. Il se demanda si toute la gent féminines était comme ça ici, ou bien si ce n’était juste qu'une caractéristique commune aux femmes qui lui adressaient la paroles.

Cependant, son discours avait au moins pour qualité d’avoir des informations pour le moins intéressantes. Donc la jeune femme avait été recrutée en tant que X-Woman, puis était devenue professeurs. Elle faisait donc partit de ces « Justiciers » pour certain, « Terroristes » pour d’autre. Cependant, il y avait en elle comme un sarcasme, pas de la haine, mais un certain ressentiment envers son propre groupe. Peut-être qu’il s’était passé quelque chose qui lui avait fait changer les yeux sur les troupes auxquelles elle appartenait. Un ordre amoral, ou ma perte de quelqu’un de cher. Enfin, ce n’était pas ses oignons après tout. Il la laissa continuer à parler.

A la fin du discours, ils étaient arrivés de la porte du foyer. Il ouvrit la porte à la jeune femme, puis lui fit signe de rentrer. En même temps ; il tenta de s’excuser pour avoir ignoré sa main tendue quelque minutes avant.

_ Je suis désolée pour tout à l’heure de ne pas avoir serrée ta main, mais en ce moment je ne suis pas trop à l’aise avoir mon pouvoir, et il fonctionne par le toucher. J’avais peur de te faire subir les conséquences de mon manque de contrôle. Je te pris de m’excuser.

Il ouvrit la porte et la laissa passer ... bon il avait quand meme du savoir vivre si cher à Ororo. Alors qu'elle passait devant lui avec un léger sourire, il lui expliqua son "non-geste" ... Elle l'excusa ... après tout ce n'était pas non plus la fin du monde ...

Elle prit la parole avec gentillesse "d'accord mais tu n'as pas à t'inquiéter pour moi, je maitrise parfaitement la foudre. Je suis immunisée contre l’électricité ou plutot contre les voltages d'intensité plus faible "

elle ne voulait pas le vexer ni faire preuve d’arrogance. Chaque mutant avait un pouvoir, et quelque soit le niveau, il méritait le respect de ses comparses. Il y avait bien assez de jalousie et d'envie avec les humains pour ne pas en rajouter entre eux.  

Elle entra dans la pièce et la balaya d'un rapide coup d'oeil .. Cait n'était pas là ni Amy d'ailleurs ... Ororo ne put s’empêcher de sourire .. un sourire bien particulier ... enfin c'était la journée et les chambres de X-men devaient être vides ..

Il y avait quelques élèves qui la saluèrent poliment avant de reprendre leur conversation.

Elle se dirigea vers le distributeur. "un thé c'est bien ça ?" Elle pensa que finalement ils auraient été mieux dans son bureau ... d'abord le thé aurait été meilleurs et surtout ils auraient pu converser sans oreilles indiscrètes.

Elle connaissait bien les enfants ... meme s'ils semblaient très absorbés par leur propre discussion, ils étaient curieux ... curieux de savoir ce que 2 prof venaient faire dans le foyer. Biens sur ce n'était pas rare puisqu'ils n'avaient pas de salle à eux, mais ce n'était pas non plus courant.

Puis comme si elle venait de penser à quelque chose elle reprit " et les machines ... tu les perturbes aussi ?"  si c'était le cas, il devait avoir de sérieux problèmes ...

En général, j’ai aucun problème avec mon pouvoir, je veux dire, j’ai tout de suite compris comment le maitriser, dès que je me suis rendu compte de ma mutation. J’avais pas vraiment le choix, mais le fait est que j’ai toujours su comment faire en sorte de ne blesser personne.Pourtant depuis une semaine, depuis mon retour ici, j’ai déjà détruit toute les ampoules de ma chambre, mon réveil et ma télé en dormant. Et dès que je touche un objet métallique, je créer un court-circuité. Je ne sais pas d’où ça vient.Je sais que je devrais en parler au Professeur, mais je suis persuadé qu’il a des choses mille fois plus importante, d’autant plus que quand je suis conscient, je sais que je ne blesserai personne. Au pire, je risque de lui donner une grosse décharge, ou de le sonner, mais le problème est que je ne sais pas pourquoi je suis comme ça.

David avait déballé tout ça d’une traite. Après son monologue, il prit une gorgée de thé, puis pour couper le silence gêné qui s’était installé, il fit une confidence à Ororo.

_Tu es la première personne à qui je dis ça, s’il te plait, j’aimerai que ça reste entre nous.

Intérieurement, il pria très fort pour qu’il n’y ait pas, parmi les élèves, un mutant à l’ouïe hyper développée, ou quelque chose de semblable.