Etrange situation [Rachel]

Il y avait eut l’alarme incendie, l’infirmière qui voulait la faire sortir de sa chambre mais ne parvenait à franchir le bouclier télékinétique, bouclier qui aurait arrêté les flammes également. Puis la jeune fille venant prévenir pour son amie en train de mourir. Rachel se souvenait parfaitement des paroles échangées.

Teryl lui hurlait dessus pour la faire sortir, puis la petite brune était arrivée. « B’soin-d’vous-Cait’-va-mourir ! » ; Rachel avait réagit immédiatement : plus personne ne devait mourir à cause d’elle, de quelque façon que ce soit. « Allez-y, vous attendez quoi ?! » ; Et elles y étaient allées.

Mais cela ne s’était pas arrêté là, cet après-midi avait été riche en émotion. L’incendie passé, il y avait eut deux nouveaux locataires à l’infirmerie, mais il y avait surtout eut la peur. Rachel avait peur du monde, et quant le monde s’imposait à elle, s’en devenait réellement dangereux. Ernest avait été blessé durant l’incendie de la bibliothèque ; elle n’avait put le protéger, et à la culpabilité s’était ajouté l’interdiction de le voir, car elle devait sortir de l’infirmerie. Les infirmières n’avaient voulut lui dire pourquoi, implorant sa confiance, et devant son refus autant de sortir que de les laisser argumenter, l’une d’elle avait laissé échapper en désespoir de cause que le BAM arrivait ; Rachel avait été terrorisée : elle n’avait pas le droit d’être ici, et si le Bureau des Affaires Mutantes, tout aussi « bienveillant » qu’il puisse être, découvrait son existence, ils devraient l’emmener pour savoir qui elle était. Tous savaient qu’elle n’était pas prête et c’était pour cela qu’il fallait la cacher. La crise qui avait suivit avait été d’une violence rare, la plus violente jusqu’ici, et sans l’intervention du Professeur X, qui l’avait endormie, le BAM aurait découvert son existence. Elle vivant comme un mensonge et cela faisait mal, mais pas autant que le fait de savoir Ernest blessé sans rien pouvoir faire pour lui, sans rien avoir fait pour lui.

Le Prof X l’avait calmé, mais surtout les infirmières lui avaient donné des calmants, durant son sommeil forcé. Après le départ des agents du BAM, elle avait été rapatriée dans sa chambre, et si elle était trop mal pour en sortir, attachée à son lit pour qu’elle ne réagisse pas violemment face au fait qu’on lui eut injecté des drogues, sachant que la seule est unique fois elle avait gratté la trace de la piqure jusqu’au sang avant qu’on ne l’arrête, elle n’avait pas dit son dernier mot.

Elle voulait voir Ernest et n’allait pas attendre que les infirmières lui en donnent l’autorisation. Son corps était trop engourdi pour qu’elle fasse quoi que ce soit avec, alors elle irait par l’esprit. Fermant les yeux, n’ayant pas besoin d’être détendue shootée comme elle était, elle n’eut qu’à s’échapper.

La forme astrale de Rachel était différente de sa forme physique, encore que considérant qu’elle pouvait en changer l’aspect selon sa volonté : en réalité très proche de sa propre apparence lorsqu’elle usait du Phénix, elle était aussi nimbée de flammes, mais sa peau était rouge, entièrement rouge, et les marques des limiers, noires, tandis que ses cheveux et ses yeux étaient de feu. Il s’agissait d’une harpie de flamme, effrayante et vindicative, tout ce qu’elle avait été, et ne voulait plus être.

Elle se tenait en face de lui, dans cette chambre d’observation qui semblait si similaire à la sienne, silencieuse, vide. Rachel ne disait mot, mais savait parfaitement qu’elle ne pouvait se dévoiler ainsi. Elle changea sa forme, adoptant celle qui il était la plus familière, et pourtant également différente de celle qu’elle avait actuellement. Ses cheveux étaient bien plus court, mais c’était surtout sa tenue qui démontrait cette différence : la tenue de chasse des limiers. Très proche des tenues en molécules instables de l’Institut, elle était une seconde peau entièrement rouge, cloutée le long des bras et sur le ventre, un vêtement aussi résistant que protecteur et qui trahissait pas son côté moulant et sado-maso le dérangement de l’esprit qui l’avait conçu. Rachel ne connaissait cependant pas d’autre vêtement, à part sa chemise de patiente, et elle n’eut pas le reflexe de ce concentré sur celle-ci : Erneste se réveillait.

Ses yeux s’ouvrirent, mais il ne bougea pas. Face à un être si proche et dans pareil détresse, Rachel devait se concentrer pour maintenir sa forme astrale. Cela faisait moins d’un mois, ou plutôt presqu’un mois, qu’elle avait rencontré Ernest, et qu’il avait prit le relais de Franklin à son chevet. En trois semaines, elle s’était attachée à lui et maintenant, elle avait eut peur de le perdre.

Il ne la voyait pas, pas encore, pas sans qu’elle eut quitté les bordures du plan astral pour venir dans celui du physique, pour devenir fantôme sans consistance, mais présent.

*Ernest…*

Sa pensée raisonna dans les airs, murmure psychique sans consistance allant se perdre dans le néant d’un plan immatériel.

Elle lui apparut alors, à genoux devant son lit, le visage proche du sien, franchissant la ligne démarquant le monde des esprits de celui des humains.

- Ernest…

*Ernest…*

Cette simple pensée avait fait réagir le jeune homme, et l’avait inquiété, paniqué : il ne voulait pas qu’elle sache, il ne voulait pas qu’elle culpabilise, mais c’était déjà fait, il n’aurait rien put faire face à cela. Dès qu’il sut qu’elle était dans sa tête, Altérion ne pensa plus qu’à elle, voulant la trouver. Immédiatement, elle apparut, répétant son nom.

A la différence de sa forme physique, sa projection astrale n’avait pas la marque du Phénix autour de l’œil, bien que son corps inconscient dût l’avoir à cet instant. Cependant, Ernest se doutait bien qu’elle était dans son esprit également, ainsi alors qu’il ne parvenait pas à répondre, pour la rassurer, il usa de ses pensées.

Il déclara aller bien, même s’il était « KO », et drogué qui plus était. Il voulait la rassurer, mais Rachel avait accès à son esprit, et même si elle se limitait aux pensées de surface, il ne pouvait pas lui mentir, pas en ayant conscience de le faire. « L’affaire d’un ou deux jours », il n’en savait rien, et elle savait qu’il n’en savait rien. Il minimisait la situation pour la rassurer, pour qu’elle ne pique pas de crise. L’un des avantages de sa forme astrale, c’était justement qu’en cas de crise, elle ne parviendrait pas à la maintenir, et était moins dangereuse ainsi, bien qu’elle ne puisse en user indéfiniment, et que la crise se poursuivra même lorsqu’elle aurait regagné son corps. Mais ce dernier était tellement flasque que ses émotions lui semblaient en grande parties inhibées, même si son propre esprit gardait sa clarté.

Ernest lui déclara qu’il ne pourrait faire sa lecture en cette soirée, voulant sourire, pour la rassurer une fois encore. Rachel se moquait bien du Seigneur des Anneaux, ce n’était rien comparé à son nouvel échec, à la nouvelle preuve de son incapacité, à l’idée de perdre à nouveau une personne proche. Et surtout pas Ernest. Elle aurait probablement pensé la même chose pour chacun, mais elle ne voulait plus perdre personne, et surtout pas Ernest.

Sa projection astrale devint transparente quelques instants, se brouillant, mais elle parvint, à force de volonté, à maintenir sa forme psychique.

Les pensées d’Altérion lui parvinrent, s’interrogeant sur la signification de cette tenue, trouvant qu’elle lui allait bien. La signification de cet habit, justement, voilà qui fit mal à Phénix, qui grimaça, sa forme s’estompant une fois de plus. Pour ne pas réintégrer son corps cependant, la jeune femme dû se concentrer, lutter contre elle-même. Ce en quoi les pensées d’Ernest n’aidèrent pas, mais lui firent prendre conscience d’une chose.

Rachel, depuis que tout avait brûlé et même avant, avait toujours été habituée aux combinaisons en molécules instables : celles de ses parents, des autres x-men, et des élèves. Elle ne les avait jamais vu comme autre chose qu’un vêtement, et n’ayant pas eut les références et les modèles qu’avaient les jeunes filles de ce monde en matière de tenue vestimentaire, la combinaison était le vêtement « basique », et n’avait rien de particulier. Mais comme elle venait de le voir avec Ernest, dans son esprit, ici, pareil accoutrement avait, ou tout du moins pouvait avoir, de part l’épousement parfait des courbes de son porteur, de fortes connotations. Qui plus était, elle n’avait pas et n’avait jamais eut le loisir de mettre quelque chose en dessous de sa combinaison.

Si l’Hybride se fit violence de ses pensées, Phénix comprit leur origine. Malgré sa maturité, Ernest n’en restait pas moins un adolescent, et pareille tenue pouvait en effet exciter son imaginaire comme ses hormones.

Honteuse, elle disparut, sans même répondre au fait qu’il trouvait cela gentil qu’elle lui rende visite.

Elle avait réintégré son corps, regardant le plafond de ses yeux engourdit, ses pensées de nouveau peu clair à cause des calmants. Comment faire ? Elle ne pouvait se présenter astralement devant Ernest, et si elle restait dans son corps, les drogues lui embrouillaient l’esprit.

*De…désolé…. Ernest… je… je voulais pas… et j’arrive pas à… M’ont droguée…*

Ne pas paniquer, sinon elle allait affoler Ernest, et elle ne devait pas affoler Ernest. D’ordinaire, le simple fait qu’elle eut une substance chimique non-naturelle dans son corps l’aurait fait paniquer, mais elle devait bien reconnaitre que les calmants faisaient leur travail à merveille.

*J’ai… j’ai dû mal à me concentrer… puis je voulais pas… pour la tenue des Limiers… désolé. Je… je suis plus… comme ça… Mais… je sais pas… comment je suis… Pardonne moi d’avoir rien fait, j’aurai dû… je…*

Elle ne dit plus rien, bien que sur son œil, le Phénix lumineux continuait d’être.

Ernest savait que l’aider dans ses moments de doutes et de larmes étaient des choses difficiles, et prenait tant de précautions qu’elle-même ne remarquait pas, que s’en soit assez ou non. Mais le fait qu’il y pensait, que même lorsque c’était lui qui était dans le plus mauvais état, démontrait de son attachement ; il ne l’abandonnerait pas, pas plus qu’elle ne comptait l’abandonner.

Altérion ne lui en voulut pas pour la disparition de la forme astrale, ce qui rassura un peu Rachel, mais pas au point de la faire réapparaitre. Il recommença cependant à militer en faveur de son état, plaidant sa cause ; ouef, la rousse n’était pas convaincue. Il voulait voir les choses sous un angle positif, pour ne pas mentir ; parce qu’il y avait une différence ? Il pouvait réfléchir tant qu’il voulait, ce n’était pas ses réflexions qui ôteraient son inquiétude à Phénix.

La question du fait qu’on eut drogué cette dernière lui effleura l’esprit, vivement rejetée ; pourquoi ? Il était beaucoup trop préoccupé par elle pour s’inquiéter de lui-même, dans cet instant tout deux s’en faisait pour l’autre, cependant Rachel suivait le cheminement de leurs deux esprits. Ernest commença à penser qu’elle pourrait user de ses pouvoirs pour rendre service aux autres*, sans pour autant sortir de sa chambre ; elle-même n’y avait encore jamais pensé, mais pourquoi pas : elle pourrait s’habituer au monde et donner sa petite contribution sans apparaitre et risquer de mauvaises rencontres.

Toujours était-il qu’il hésitait à demander sa chose, mais pas longtemps : il voulait faire pipi, mais était incapable d’aller aux toilettes.

*Rachel, dis, est-ce que tu te sens capable de me filer un coup de main ? J’ai envie de faire pipi. Je préfère que ce soit toi qui m’aide plutôt que les infirmières.*

Ernest semblait hésité, pourtant, il l’avait vu faire usage de ses dons ; ou pas, d’ailleurs, elle ne se souvenait plus trop. Dans la vision avec les Sentinelles, le niveau du Phénix était clairement annoncé, et le fait que l’Hybride douta d’elle fit plutôt mal; elle n’était certes plus au mieux de sa forme, mais il ne devait pas penser la cinquantaine. Il était déjà sur le plan de secours, pensant demander trop.

*Me… même droguée… je devrais pouvoir te soulever sans trop de problème… juste que je suis pas sure de te faire aller droit…*

Fermant les yeux, essayant de faire le vide dans sa tête, elle ce concentra sur Ernest, visualisant parfaitement la pièce et son ami. Elle le souleva sans la moindre difficulté, et le dirigeant lentement vers les toilettes.

Visiblement, les infirmières y étaient pas allé assez fort sur le dosage, puisqu’elle pouvait encore user de suffisamment de ses pouvoirs pour agir. En même temps, Ernest ne devait pas mobiliser plus de 0,5% de ses capacités télékinétiques, même si Rachel ne faisait pas confiance à ses calculs en l’état – encore que d’habitude non-plus, elle n’était pas forte en math.

*Ernest… imagine ce que tu veux faire… je calquerai mes pensées sur les tiennes, pour que tu puisses te diriger et te positionner comme tu veux…*

Altérion n’avait plus qu’à imaginer les gestes qu’il voulait entreprendre pour que la télékinésie de Rachel l’aide en cela, contrôlant indirectement cette dernière : elle se laisserait guider par les pensées de l’hybride, volontairement influencée par ces dernières. C’était risqué, sachant la docilité de son dos et l’absence de maitrise d’Ernest, absence qu’elle escomptait compenser cependant. Mais face à ce risque, la jeune femme savait qu’elle n’avait qu’à couper la télépathie si les pensées de son ami devenaient dominantes, et qu’à moins d’une agression mentale, cela n’affecterait en rien sa télékinésie.

*J’espère que tu te sens pas trop comme une marionnette, c’est pas le but,* précisa-t-elle alors que selon la volonté d’Altérion, elle actionnait son corps.

Même si indirectement, c’était lui qui se maîtrisait, elle forçait ses mouvements, ou bien les soutenait. C’était ainsi que les plus grands Télékinésistes pouvaient se doter de forces surhumaines, chose dont elle était plus que capable et qu’elle avait déjà fait.

*Pour les contacts physiques… tu sais… c’est pas grave… t’es là… c’est le principal… c’est vrai qu’il y a des fois où j’aimerai te prendre dans mes bras et te serrer fort, comme je faisais avec Franky… mais… si tu veux pas, je vais pas te forcer… J’ai toujours été comme ça, câline, même avant que je perde tout… et… euh… tu veux que je sorte de ta tête le temps que tu fasse pipi ?*

Ernest n’aimait pas être manipulé télékinésiquement, chose assez logique et amplifiée par son passé, Rachel fit d’autant plus son possible pour obéir précisément aux pensées de l’Hybride dans sa manipulation. Elle apprit quelques trucs intéressant, à savoir que Karma aussi avait usé de son contrôle sur Crapule, tel qu’il se nommait à l’époque ; et surtout, elle vit combien Ernest lui faisait confiance, même s’il semblait parfaitement conscient que Phénix faisait son possible pour n’être qu’un moyen.

Le laissant pisser sans s’affoler, sachant parfaitement qu’elle ne gênait pas Altérion et elle-même n’étant pas gênée par sa « nudité », puisque déjà dans son esprit.

*Ne t’en fais pas. Tu ne me déranges pas, sinon je ne te l’aurais pas demandé.*

*Je sais* répliqua-t-elle simplement, alors que les pensées d’Ernest enchaînaient sur l’évitement du sujet physique, apprenant à Rachel deux informations qu’elle n’avait pas soupçonnées.

Ernest avait une mère adoptive et une petite copine ; Rachel sentit la jalousie monter. Où étaient-elles, puisqu’elles n’étaient pas à l’Institut ? Qui étaient-elles ? Qu’avaient-elles de plus qu’elle ?

Phénix n’avait pas la moindre intention de jouer les mères adoptives ou les petites amies, mais elle devait avouer être effrayée de se voir reléguer au second plan, de voir Ernest s’éloigner ou se désintéresser d’elle ; comme l’avait fait Franklin, en un sens. Mais à la différence de ce à quoi elle s’attendait, penser à ses « concurrentes » fit se dire à l’Hybride qu’il n’avait rien à perdre à se laisser câliner, une fois qu’il serait prêt. Partagée entre la jalousie et la culpabilité, Rachel se concentra pour renvoyer Altérion dans son lit à vitesse normale, sans traduire sa frustration.

La discussion qui suivit ne s’éternisa pas, Ernest retournant dans les brumes du sommeil, laissant Rachel seule avec ses sédatifs, qui se dissipèrent dans la soirée. Ce fut la première fois depuis longtemps que la jeune rousse se montra peste, recrachant sa purée sur les infirmières malgré leurs excuses et leurs « c’était pour ton bien », bien qu’elle finit par céder sous les engueulades de la plus âgée, non sans l’avoir couverte de bouillit nutritive auparavant. Jamais elle-même n’haussa le ton, ne voulant pas se mettre en colère mais bien manifester son mécontentement comme elle se souvenait l’avoir toujours fait : par de la mauvaise foi et des réactions puériles. Mais bien évidemment, elle finit par s’excuser.

Les jours suivants furent plus calmes, Rachel pouvant se déplacer librement d’une chambre à l’autre. Peut-être progressa-t-elle plus ces jours là, aidant Ernest physiquement et agissant sans penser au mal qui la rongeait, ou plutôt en lutant contre ce dernier. Les rôles étaient inversés, mais pas complètement cependant : elle avait ses troubles et sa dépression, toujours, mais progressa, simplement. Du fait, elle sortait de sa chambre, pour faire trois mètres et recommencer à se terrer comme une araignée, mais c’était cela de prit.

Les habitudes revinrent vite, et le début du mois suivant fut le début de la guérison. Remonter la pente en aidant les autres à le faire, du donnant-donnant donc elle ne se rendit pas compte, mais qui fonctionna. Elle finit même par avoir le droit à son accolade.