Reculer pour mieux sauter [PV : Ernest Lenoir & Franklin Richards]

Il y avait une chose d’identique dans le monde d’où elle venait et dans celui-ci, Rachel devait bien le reconnaitre : elle.

A l’origine, cette constatation avait été encourageante, grâce à Ernest : « Moi je trouve au contraire que tu y as une place d’autant plus légitime parce que tu n’y existais pas. Ce monde t’attendait en quelque sorte. » avait-il dit. Elle avait donc sa place en ce monde du fait qu’il n’y avait pas d’autre Rachel Anne Summers, du fait qu’elle n’avait pas d’alter-égo, qu’elle n’était pas « de trop ».

Altérion avait été d’une patience sans borne. Toujours prêt à écouter et à parler, toujours prêt à être sincère, toujours prêt à attendre en silence quand elle partait en pleurs, il avait été toujours là. Guide, point d’ancrage, ami, il était beaucoup de chose, et malgré une apparence des moins ragoutantes, Rachel l’avait prit en affection. Elle n’osait pas le contact physique mais voyait l’hybridité rat plus comme un côté peluche que comme un physique ingrat – évidement, elle n’avait pas fait part de ce point de vue à la personne concernée, ne pensant pas qu’il le prendrait très bien. S’il y avait une chose de difficile avec Ernest, c’était bien de prévoir comment il allait agir ; une chance que Rachel se contentait d’être naturelle et de ne pas chercher à comprendre. Oui, elle essayait d’être naturelle, comme elle l’aurait été dans son monde s’il n’y avait pas eut cette tragédie globale. Elle n’était pas différente de celle qu’elle avait été là-bas, une fois encore.

Cependant, cela signifiait également une incapacité à changer ; oh, elle n’était plus une Limier et n’avait plus à se battre pour sa survie, mais ses points faibles restaient les mêmes, au premier ordre desquels son incapacité à protéger ceux qu’elle aimait.

Cela faisait deux mois qu’elle était là, arrivée fin juin et il était fin aout, et elle c’était considérablement améliorée dans sa dépression, principalement grâce à l’aide d’un cercle restreint de personnes, au premier rang desquelles Ernest Lenoir. Tous les jours sans exception, il était venu la voir, allant même jusqu’à entreprendre activités en essayant de faire participer Rachel. Au début, le plus simple, il lui avait fait la lecture d’un roman, le Seigneur des Anneaux, qu’il lisait actuellement. Phénix avait écouté comme une enfant cette histoire, s’émerveillant de la vie des Hobbits. En seconde position, il y avait Amy de Lauro, une autre élève dont Rachel connaissait les pouvoirs mais que même avec les explications, elle ne les comprenait pas très bien ; en résumé : guérison accélérée, pas besoin de manger et capacité à augmenter pour un court labs de temps ses capacités physiques. C’était déjà bien. Amy, de son surnom Nephilim, n’avait pas été aussi diplomate qu’Ernest dans le fait de faire la participer à des jeux : elle lui avait apprit les règles du Morpion pour commencer, puis était allé de plus en plus compliqué. Si elle n’avait pas été très prise par un entrainement pour devenir X-Men, l’italienne aurait bien voulut faire jouer Rachel à des jeux de société avec d’autres, mais elle n’avait pas autant de temps qu’elle le voulait. En troisième position venait Franklin Richards, alter-égo du mari de la rousse mais bien plus jeune qui avait autrefois été perçu comme un petit frère, mais aujourd’hui ils s’étaient perdus de vu. C’était de la faute de Rachel, elle en était consciente et avait suffisamment culpabilisée d’avoir par accident révélé à Franklin un fragment du monde apocalyptique d’où elle venait, fragment qui avait conduit le jeune homme à prendre ses distances. Etant ami avec Amy comme Ernest cependant, le blondinet avait prit de ses nouvelles, étant toujours là malgré son absence physique.

Cependant, Rachel avait besoin de contact pour ne pas désespérer ; elle avait trouvé le moyen de créer un substitue à ce contact, avec les infirmières d’une part, qui avaient été plus que ravie d’entendre sa voix après plusieurs semaines de silence complet de sa part, et avec l’aide de ses pouvoirs. Assise en tailleur sur son lit, Rachel fermait les yeux et étendait ses sens télépathiques et télékinétiques, de manière à percevoir dans son esprit la totalité de l’Institut, mais plus que les bâtiments également les psychés des personnes qui s’y trouvaient. Ce n’était pas vraiment de l’espionnage, pensait-elle, même si elle était au courant des moindres faits et gestes des gens dans le bâtiment et en lisière du parc, et qu’elle entendait leurs esprits. Elle ne se connectait pas vraiment pour ne pas être intrusive dans les pensées, mais effleurait quelques gens en train de discuter pour comprendre leurs paroles, sans pour autant savoir ce qu’il en pensait. Elle avait un groupe de personne qu’elle suivait plus particulièrement, comprenant les deux infirmières, Ernest, Franklin et Amy, mais aussi d’autres personnes qu’elle avait rencontrées, comme Samuele Lupo. Ainsi, Rachel observait le monde qu’elle voulait intégrer et s’imprégnait des us et coutumes, espérant bientôt sortir d’ici, malgré qu’elle devait d’abord passer une désagréable évaluation psychologique.

En tailleur et en lévitation au milieu de la chambre, yeux clos malgré un phénix lumineux sur le gauche, vêtue d’une combinaison de molécules instables dont elle réfléchissait sérieusement à une personnalisation, elle observait le monde comme d’autres regardaient la télévision. Phénix avait prit marque des petites habitudes de chacun, et intervenait discrètement de temps à autre. Quelqu’un ne trouvait plus ses clés ? Tient, elles tombaient du meuble où elles étaient cachées. Un autre allait faire griller son repas par faute d’inattention ? Tient, le thermostat c’était diminué seul. Des petits détails dont elle avait parlé à Ernest, sans vraiment avouer qu’elle ce concentrait sur le cas de personnes en particulier. Elle se sentait utile ainsi, et cela avait l’avantage de ne pas risquer de crise, puisqu’elle ne reconnaissait pas les personnes par télékinésie. La télépathie était une autre histoire, car il fallait bien reconnaitre que ce tenir au courant des ragots était prendre le risque de tomber sur une personne connue dans son mon et inconnue ici ; dans un tel cas, Rachel se retirait généralement et évitait de suivre ladite personne, tout simplement. Cela ne l’avait pas empêché de trouver deux-trois personnes intéressantes qu’elle aimerait rencontrer, principalement des personnes qui côtoyaient le groupe auquel elle-même c’était attachée. Un pyromane dépressif et un X-Man qu’elle ne connaissait pas était en tête de liste. Elle avait déjà eut leurs noms en demandant aux personnes qui lui rendaient visites.

Cependant, en ce jour, Rachel avait l’impression qu’on lui cachait des choses. Il y avait eut de l’agitation la nuit précédente, mais on avait été très discret à ce sujet, et quant elle avait interpellé mentalement les infirmières pour savoir, on lui avait rétorqué qu’on viendrait lui expliquer mais qu’elle n’avait pas à s’inquiéter, que tout était réglé. Cela avait été un mensonge, car l’affaire la concernant indirectement ; elle était dans les pensées de l’infirmière Cameron, cette dernière ne pouvant espérer lui mentir, du fait.

Rachel n’était pas une télépathe très douée, mais elle était d’un fort potentiel, comme sa télékinésie. Il n’y avait que son manque de formation qui la limitait, et elle restait capable de faire nombres de choses que certain télépathes mineurs ne pouvaient que rêver. Certes, elle ne contrôlait pas les esprits, mais transmettre ses pensées et espionner celles des autres étaient plus que facile ; elle pouvait même apprendre en le faisait, téléchargeant savoirs théoriques et pratiques ! Les illusions, elle maitrisait relativement bien aussi, avec pour bémol de se prendre à son propre jeu et de voir ses illusions la plupart du temps. La Forme Astrale et l’Attaque Mentale étaient maîtrisées aussi, mais de manière plus que brutale, de même que le bouclier télépathique. La classe pour une débutante !

Donc, si Rachel n’aurait put prendre le contrôle de l’esprit d’Irina, elle aurait aisément put découvrir ce qui n’allait pas. Mais elle n’en aurait rien fait, dans un cas comme dans l’autre. Elle n’avait aucun droit de le faire. Elle aurait bien insistée, mais n’avait pas envie de se faire jeter. Irina devait avoir ses raisons de ne pas vouloir lui parler de cette affaire, et s’inquiétait que Rachel s’y intéressait. Du fait, cela inquiétait Rachel aussi, car à défaut d’être curieuse, elle n’aimait pas qu’on lui cache des choses.

Rachel détestait également être inutile, mais encore plus être gênante. Ainsi donc, sans savoir qu’on lui cachait, elle recommença à vagabonder mentalement dans l’Institut. Elle découvrirait bien cela tôt ou tard.

Chacun avait ses petites manies et ses petites habitudes, c’était drôle à remarquer. Et que l’un colle toujours ses chewing-gums au même endroit dans sa chambre, formant une masse multicolore complètement mâchouillée qui en devenait presque artistique, et qu’une autre à quelques problèmes de gestion du papier toilette et termine avec des notes de cours. Enfin, il y avait ceux qui s’entrainaient ; nombreux, parmi lesquels Amy et Ernest.

A l’heure actuelle, Amy était en natation, tendis qu’Ernest était dans le gymnase, en gymnastique. Grâce à eux deux, Phénix avait à peu près réapprit à compter, grâce aux longueurs et aux pompes. Le sport, elle-même n’en faisait plus ; enfin, elle n’en avait jamais vraiment fait : le simple fait de survivre dans son monde réclamait plus d’efforts physiques que ce que les deux s’imposaient. Elle avait envie de s’y remettre, voir d’en essayer de nouveau. Apprendre à nager la tentait bien, malgré qu’elle puisse tricher et se servir de ses pouvoirs pour ne pas couler, lorsqu’elle voyait les mouvements elle ne pouvait s’empêcher d’être légèrement envieuse de la sensation que se déplacer ainsi dans l’eau pouvait procurer. Honnêtement, les pompes la tentaient beaucoup moins.

A force d’être partout à la fois, on pouvait croire qu’on était moins concentré sur des détails, hors dans le cas de Rachel, c’était faut : si elle focalisait sa télépathie sur certaines personnes pour mieux cerner leurs pensées, sa vision Télékinétique était égale de partout, étant un sens radar plus qu’une double-vue.

Elle suivait aussi bien Amy dans la piscine de la terrasse qu’Ernest au gymnase, que Franklin dans sa chambre, etc. Ce dernier point l’inquiétait, Franklin seul dans sa chambre, dans n’y voyant pas corrélation (mot qu’elle avait apprit de la bouche de Teryl quelques jours plus tôt) avec l’inquiétude d’Irina. Si Franklin voulait être seul, elle n’avait pas le droit de le déranger ; et de toute façon, Rachel n’osait pas le déranger. Elle aurait eut l’impression de le forcer à revoir là scène qui les avait poussé à la séparation, dans tout les sens du terme.

Franklin bougea, mais Rachel n’y prit pas plus gare qu’elle ne l’aurait fait pour n’importe qui. Il y avait tellement de mouvements, de personnes qui se croisaient sans même se parler, que cela ressemblait à une fourmilière. Oui, la comparaison était bonne, à en juger par les demoiselles qui avaient fait leur nid entre les dalles de la terrasse. Toujours en mouvement et de manière chaotique, même si on constatait une individualité bien plus prononcée chez les hommes que chez les fournis. C’était sympa, des fourmis : bon, y’en avait des rouges qui piquaient et des noires qui piquaient pas, à moins que ce soit l’inverse, mais à observer, c’était tout aussi intéressant qu’observer l’Institut, même si les gens de ces lieux n’étaient pas des fourmis !

Rachel n’avait jamais eut d’animal de compagnie, mais pour le coup, des fourmis, cela l’intéressait bien. Elles faisaient leurs vies pour les autres et sans cesse dans un tel abandon de soi que la rousse en était presque admirative. C’était l’animal le plus sociable qu’elle ait jamais vu et pour cela, elle les appréciait. C’était sur que le côté amicalité et câlin laisserait à désirer, mais d’un autre point de vue pas besoin de les changer et pas de risque de déclencher des allergies.

Elle aurait continué à rêvasser longtemps sur ces potentiels animaux de compagnie si l’on n’avait toqué à la porte, entrant dans sa chambre. Franklin.

C’était Franklin, il était revenu, mais n’osait s’imposer franchement. Elle aussi avait dû mal, et cela se vit lorsqu’elle tanga légèrement. Rachel voulait s’excuser pour ce qu’elle lui avait fait, mais ne savait pas si elle parviendrait à le faire sans pleurs et avait donc adoptée la première idée qui lui était venue à l’esprit : faire la morte. Bon, en l’air et en lévitation ce n’était pas crédible, mais la rousse ne savait comment réagir. Cela faisait trop longtemps que Franklin, tout comme le Fauve et Xavier, étaient devenus des personnages du second plan, de ceux qu’elle savait agir pour son bien mais qu’elle ne voyait pas. Hors sans les voir, elle ne s’attachait pas.

Pire pour le cas de Franklin, elle avait perdu cet attachement ; il restait un lien très particulier entre eux, mais elle faisait désormais plus confiance à Ernest qu’au blondinet. Franklin, c’était un petit frère, mais il y avait des fois où le contact passait plus facilement avec les amis qu’avec la famille.

Prise d’un frisson, la jeune femme ne bougea pas cependant, pas volontairement du moins, laissant le garçonnet s’installer à sa guise. Il reprit la place qui avait été sienne sur ce lit, traduisant clairement les changements perpétués durant son absence : Rachel avait bougé, ainsi Franklin ne pouvait espérer retrouver sa place en agissant selon les mêmes schémas.

Rachel projeta une visualisation de la pièce en l’esprit d’Ernest, suivis de quelques simples pensées :

*Franklin est là ; je fais quoi ?*

Elle avait peur de mal réagir, peur de faire peur ou mal à Franklin, car malgré la distante qu’il avait mit entre eux, elle voulait toujours le protéger et l’aider, comme un petit frère.

Prenant une grande inspiration, elle lui parla simplement, ouvrant les yeux pour se tourner vers lui.

- Se… salut Franky… sa va ?

Le malaise et le stress était perceptible sur son visage ainsi que dans ses paroles, paroles dont Ernest ne louperait pas une miette, Rachel lui transmettant télépathiquement les informations données par ses sens, comme si lui-même avait été physiquement à sa place.

Même la petite pensée sarcastique qui accueillit « l’appel » de Rachel ne suffit pas à détendre cette dernière, qui restait les yeux rivés sur Franklin. Ils semblaient tous en pleine réflexion, à part elle-même, bien qu’elle suivait celles d’Ernest, qui à défaut de lui avoir jamais donné cette autorisation, ne lui en voulait pas de le faire. C’était plutôt sombre, comme réflexion, et cela ne fit que plus stresser la jeune femme. Altérion ne voulait pas faire entièrement confiance à Franklin de peur qu’il ne détruise tout, tout ce qu’ils avaient bâti, il fallait bien l’avouer, sans lui.

*Reste calme Rachel. Franklin est là pour s’excuser. Je me doutais qu’il le ferait tôt ou tard. J’arrive.*

Ernest n’allait pas courir, sans doute pour ne pas affoler Rachel ; c’était même encourageant de savoir qu’il ne voulait pas arriver trop tôt, pour ne pas interrompre Franklin. L’Hybride tenait tellement à elle qu’il faisait passé son intérêt avant tout, et s’il pouvait être jaloux ou autre, il le plaçait de côté tant que cela aidait la jeune femme. Elle-même avait conscience de ne pas partager cette qualité. Dès qu’on s’approchait un peu trop près d’Ernest on commençait à être sous surveillance ; Rachel était du genre à s’occuper de ceux à qui elle tenait, qui à être intrusive. C’était plutôt logique, en fait, elle avait tellement perdu de proche que ses nouveaux amis étaient maintenu près d’elle, et qu’à défaut de pouvoir avoir l’exclusivité, elle surveillait de près les agissements des autres. Enfin, de prêt ; elle ne s’introduisait pas dans leur tête non-plus, c’était plus de l’habituation et un moyen d’être sure qu’elle ne serait pas oubliée. C’était l’un des avantages d’Ernest Lenoir, il fallait bien le reconnaitre : il ne se faisait pas beaucoup d’ami. Très égoïste comme pensée, oui.

- Pa...par...pardon Rachel, je t'ai abandonné, pardonne moi… ce qui m'est arrivé cette nuit ma fait réfléchir à....

Les pensées d’Ernest lui parvinrent en temps réel, ce dernier s’inquiétant d’une révélation qui aurait put menacer l’équilibre bâti.

Rachel ne voyait pas vraiment pourquoi ; certes, elle culpabilisait aussi du fait que ce soit sa faute que Franklin ait été effrayé et considérait qu’elle était la seule responsable de son isolement. Mais par rapport à la culpabilité qu’elle avait ressenti par rapport à ses actes dans le passé, ce n’était pas grand-chose ; Ernest devait y être pour quelque chose, comme le fait de savoir qu’un jour Franklin reviendrait. Cependant, savoir ne l’avait pas aidé à s’y préparer.

Franklin baissa la tête, des larmes coulant sur ses joues.

Décroisant les jambes, Rachel toucha terre avant d’avancer vers lui, lui relevant la tête.

- Ce… ce n’est pas à toi de t’excuser… c’est à moi, déclara-t-elle avec beaucoup de regret. Ce… ce que tu as vu… tu n’aurais jamais du le voir… Ce… c’est de ma faute… désolé… la culpabilité montait de plus en plus, la tristesse aussi, et alors qu’elle s’acroupissant pour être au niveau de son visage. Elle se mordit la lèvre avant de répondre, ne voulant pas céder à ses émotions négatives. La compassion, oui, la culpabilité, non ; elle l’avait bien retenu. Mais je veux que tu sache… que cela n’arrivera jamais, d’accord ? C’est mon monde, pas le tien. Rappelle-t-en toujours.

Elle rompit le contact, presque convaincue par ses propres paroles ; de telles actions avaient été apprises avec Amy, calquées sur le comportement de cette dernière, qui se basait beaucoup plus sur la symbolique de la gestuelle qu’Ernest n’y arrivait, à cause de ses propres blessures. Dommage, Rachel aurait bien aimé du contact avec l’hybride, dont l’apparence ne lui était plus du tout désagréable, même si toujours distante. Cependant, elle n’était pas parfaitement convaincue, ayant peur, atrocement peur, qu’une telle chose se reproduise ici.

Se relevant, elle alla prendre la chaise des visites, se positionnant en face de Franklin dans une attitude calme, mais qui trahissait beaucoup l’évolution des choses. Elle n’était plus assise à côté de Franklin, ni sur le même support, le temps avait creusé une fracture entre eux, une fracture symbolisée par l’espace entre la chaise et le lit, certes court mais bien présent. Ils n’étaient plus côte à côte, au contact, mais en face et à un mètre de distance. Dommage que Rachel n’en ait eut conscience, mais peut-être que cela n’échapperait pas à Franklin, qui était somme toute plus intelligent qu’elle, ou à Ernest, qui observait la scène à travers les yeux de la jeune femme.

- Tu as fait un cauchemar, cette nuit ?

Compatir, elle pouvait à présent ; voir le malheur des autres, et essayer de les comprendre, de les aider.

- Tu a raison, ton monde est différent et je te promets de faire en sorte qu'il ne se réalise plus. Mais, je vais avoir besoin de ton aider pour ça, parce que je suis trop faible et je veux apprendre à mieux contrôler mes pouvoirs pour me rendre plus utile au monde.

Comment lui dire que son monde se réalisait à l’instant même, car même s’il s’agissait d’une autre réalité, elle existait quant même ; comment lui dire qu’il n’y avait qu’un voile qui les séparait de là d’où elle venait ? Elle ne savait pas, et ne dit rien.

Elle avait une autre affaire à régler, plus importante à ses yeux. Mais une affaire pour laquelle les pensées d’Ernest étaient plutôt désagréables, car là où Rachel voulait être compatissante, lui ressentait de la colère. Elle le comprenait cependant, ayant également peur que la place qu’elle occupait dans son cœur ; surement, si un jour elle rencontrait cette Cérès, qu’elle l’envierait aussi, qu’elle aurait de la peur ou de la colère contre sa personne. C’était triste de se dire que même en cet instant où elle voulait aider Franklin, c’était toujours d’Ernest qu’elle se sentait la plus proche.

- Tu as fait un cauchemar, cette nuit ?

Le jeune blondinet confirma et infirma dans la même phrase l’innocente pensée de Rachel, lui déclarant que s’il avait cauchemardé, il était désormais sauvé. C’était illogique, on ne sauvait les autres de leurs cauchemars ; la jeune femme le savait d’expérience, et Ernest aussi, tous deux étant victimes de la récurrence de leurs mauvais rêves. On ne sauvait pas d’un rêve car ils étaient autant partie intégrante de nous-mêmes que nos souvenirs ; Rachel ne le savait que trop bien.

Les pensées d’Ernest devinrent plus encourageantes, car il était fier des progrès accomplis. Non, elle n’avait pas fondu en larmes, même si la tristesse était présente. Oui, elle gardait ses moyens, mais ce n’était pas des plus faciles, car oui elle devait lutter contre ses émotions, pour garder la maitrise d’elle-même. Le simple fait d’être parvenu à ne pas chuter alors qu’elle avait revu Franklin et culpabilisait était un progrès.

- Je vais très bien, je suis juste fatigué. Rachel, je voix que tu vas bien mieux qu'avant, est ce que tu serais prête à sortir de cette chambre? Depuis hier soir j'ai… heu... j'ose pas sortir... tu sais... mon heu… cauchemar et tous… Dit moi! Tu a vu Ernest? J’aimerais bien parler avec lui.

*Toi, tu t’es visiblement pas encore rendu compte que ta chambre est à dix mètres de la mienne.*

Rachel eut un instant d’interdiction à la réplique de l’Hybride, qui si elle n’avait pas était portée à son intention, lui avait quant même fait se poser l’interrogation.

- D’accord, commença-t-elle simplement, ne sachant par ou commencer et répondant aussi bien à Franklin qu’à Ernest. Je…

Elle cherchait ses mots, ne sachant que dire ou par où commencer et ne voulant se reposer sur Ernest pour répondre à sa place ; elle était dans ses pensées, certes, le phénix lumineux sur son œil gauche en témoignait, transmettant à l’Enfant-Rat les informations rapportées par ses sens, non seulement la vue et l’ouïe, mais également l’odorat, le toucher et même si cela n’avait d’importance, le goût, lui permettant d’être dans la pièce sans vraiment y être, comme s’il avait été à deux endroit à la fois bien que les informations fournies par Rachel soit secondaires à celles de son propre corps, mais il n’avait en rien accès aux pensées de la jeune rousse. C’était une chose de transmettre des données, c’en était une autre de partager son esprit, et Rachel n’avait la maîtrise suffisante pour ce second point.

Phénix regardait Franklin sans réellement savoir que faire, quoi dire. Il lui cachait aussi quelque chose et c’était son droit.

- Si tu veux dire quelque chose à Ernest, n’hésite pas, je lui transmettrais, déclara-t-elle sans se rendre compte qu’elle révélait là une promiscuité que peu de gens avaient.

La plupart des personnes sensées n’aimaient pas qu’un télépathe s’introduise dans leurs pensées, car quelque part cela revenait à perdre sa souveraineté sur son esprit. Faire suffisamment confiance à une personne pour la laisser vagabonder à l’envie dans sa tête était soit dû à une grande confiance soit dû à de la folie. Et Ernest n’était pas fou.

- Il ne devrait pas tarder à arriver, mais si tu voulais lui dire quelque chose, toutes les chambres sont au même étage et les dortoirs des garçons dans le même couloir, les vôtres ne doivent pas être trop éloignées, non ?

Elle marqua une pause, pour le laisser s’interroger sur la justesse de la question et potentiellement y répondre, ne voyant pas le côté naïvement blessant du sous-entendu.

- Je… je veux bien sortir d’ici… essayer… mais… je suis pas sure d’être prête… j’ai peur… peur de faire comme la dernière fois… peur de croiser des gens que j’aurai vu mourir… ou que j’aurai tué… ce n’est pas parce que je ne pleurs plus que la douleur n’en reste pas moins présente… que…

Le rythme de son pouls s’accélérait, l’anxiété la prenant. Oui, elle espérait sortir d’ici, mais elle craignait ne pas être prête, ne pas y arriver, ou pire, que sa rencontre avec des X-Men ne déclenche des flashs, que ses symptômes ne reviennent. Ils n’étaient pas guérit, ils étaient juste diminués.

Elle devait se calmer et pour se faire utilisa une technique très simple, fermer les yeux et faire le vide dans sa tête, respirer lentement, inspirer et expirer. Le seul problème était que faire le vide dans sa tête impliquait ne plus y inviter des pensées étrangères, donc rompre le lien avec Ernest.

*Sa va aller… je dois juste…*

Le phénix de lumière disparut, alors que les pensées de Rachel se rétractaient dans son crâne et que celles d’Ernest y disparaissaient.

Ne pas paniquer, ne pas se laisser aller ; il n’y avait pas de raison. Ne pas se laisser aller à l’anxiété, respirer calmement, lentement. Faire le vide dans sa tête, se calmer. Elle allait y arriver, ce n’était qu’une petite sortie après tout. Une sortie qui avait déjà été tentée et qui avait mal tournée. Oui, mais une sortie qui lui avait fait rencontrer Ernest ; et perdre Franklin. Puis elle avait eut de la chance, elle n’avait vu personne d’autre ; et si cette fois c’était différent ?

Non, elle ne pouvait pas prendre le risque, elle n’en avait pas la force… Elle aurait aimé l’avoir, sincèrement, mais en doutait trop, beaucoup trop.

Se calmer, respirer lentement, apaiser son corps et son esprit ; Amy lui avait conseillé la méditation et le yoga, peut-être que cela marcherait, vu que son simple contrôle du souffle fonctionnait plutôt bien. Elle rouvrit les yeux, contemplant Franklin qui c’était rapproché, un air triste sur le visage. Rachel était presque calmée, bien qu’ayant encore des frissons d’angoisse, cela passerait.

- Rachel, je tiens à toi, tu est comme une sœur pour moi, hier j'ai été kidnappé par un mutant qui s’appelle Cain, beaucoup l’appelle le Fléau. J'ai été sauvé, je vais bien maintenant mais, j'ai eu très peur et j'ai compris que je tenais à toi et je ne veux plus t'abandonner, j'ai besoin de toi, besoin d’être à coté de toi et j'ai envie que.....que tu me prenne dans tes bras....

Crac ; il n’y avait pas d’autre onomatopée, et encore moins de mots, pour définir ce qui se passa en elle. Franklin, enlevé ? Et elle-même n’avait rien fait pour l’empêcher. Même ici, elle était incapable de protéger ceux qu’elle aimait… Ne pourrait-elle dont jamais rien faire de bien, rien réussir de bien ? Ne pourrait-elle dont jamais protéger ceux qui lui étaient cher ? Ne pourrait-elle dont jamais…

Encore un point qui n’avait pas changé depuis son monde : elle était capable de détruire, mais incapable de protéger ceux qu’elle aimait ; elle ne pouvait que les faire souffrir, ou la laisser souffrir.

Rachel cligna des yeux et les larmes commencèrent à rouler sur ses joues. Elle s’en voulait, elle s’en voulait de n’avoir put protéger Franklin, de l’avoir abandonné. Tout était de sa faute, elle aurait dû être là, elle aurait dû le protéger ! Elle aurait dû…

Franklin s’excusa ; il s’excusa alors qu’il était la victime. Rachel ne connaissait pas ce Fléau, même si le nom de Caïn lui disait quelque chose, mais elle savait qu’elle aurait dû être là, l’empêcher de faire du mal à Franklin. Pourquoi ? Pourquoi avait-il fallut qu’elle ne s’en rende pas compte ? Pourquoi avait-elle été inactive ? Pourquoi !

Elle avait des pouvoirs qui auraient dû lui permettre de savoir, qui auraient dû lui permettre d’intervenir et qui auraient pût lui permettre de sauver Franklin. Au lieu de quoi ?

Rachel tremblait, les larmes dégoulinant sur ses joues, sur ses marques dont elle avait commencé à oublier la signification, mais qui reprenaient désormais tout leur sens. Elle ne pouvait que détruire, pas bâtir, pas protéger les autres, seulement faire le mal, leur faire du mal.

Elle se mordit la lèvre inférieure pour ne pas crier, mais c’était trop tard ; elle reprenait conscience de tout ce qui avait commencé à s’effacer, de toutes ses erreurs qu’elle avait commencé à oublier, de sa propre incapacité. Une erreur… elle était une erreur…

- Je… je suis… désolée… Franklin… tellement… désolée… pardonne-moi.

La culpabilité la rongeait à nouveau, de même que la tristesse, et la peur. Elle n’avait pas perdu Franklin, mais viendrait un jour où à cause d’elle, quelqu’un disparaitrait. Il en avait toujours été ainsi, ils mourraient tous autours d’elle. Elle semait les malheurs, attirait la souffrance…

Peut-être que le moyen de protéger les autres était de ne plus les voir ? Peut-être qu’ainsi, si le sort n’avait plus aucun proche à elle sur qui s’acharner, ils vivraient heureux. Heureux sans elle, comme ils auraient dû. Ernest avait eut tord : ce n’était pas parce qu’il n’y avait pas de Rachel A. Summers sur ce monde qu’elle y avait sa place, elle était un intrus dans les deux cas. Elle n’aurait pas dû y être, mais n’y pouvait plus rien.

Sa bouche tremblante alors qu’elle cherchait ses mots, les yeux toujours clos et le visage tordu dans un rictus de douleur et de tristesse, elle marmonna quelques mots, quelques mots durs mais qui étaient nécessaire, pour le bien de Franklin, pour le bien de tous… sauf elle.

- P… Pardonne-moi… de n’avoir été là… de n’avoir put te protéger… je n’attire… que le malheur… et la souffrance… va-t-en… va-t-en pour ne plus souffrir… éloigne-toi de moi et le sort… le sort t’épargnera… Pardonne-moi… Pardonne-moi d’avoir été là… là où je n’aurai pas dû… tu avais raison… ton toi futur… il ne fallait pas m’approcher… il ne faut pas m’approcher… sinon on souffre… Un hoquet de pleurs l’interrompit, alors qu’elle luttait tant bien que mal pour finir sa phrase. Vas-t-en… et… oublie-moi…

- Vas-t-en… et… oublie-moi…

Pouvait-il y avoir de demande de plus simple ? Vas-t-en. Tous deux souffriraient durant un temps, puis la souffrance s’apaiserait, pour lui en tout cas. Il avait un avenir, il n’avait jamais mérité de souffrir ; son futur lui avait dit de ne pas s’approcher d’elle, qu’elle n’était que malheur et souffrance, qu’elle n’apportait que le chaos. Mais il l’avait fait, et voilà où cela les avaient mené.

Il devait partir, ne plus la revoir. Il ne devait pas s’approcher, pas tenter de la rassurer comme il le faisait. Elle ne tiendrait pas, pas longtemps. Le jeune garçon posa sa main contre la joue de la jeune femme, et lui répondit qu’il ne partirait pas, car elle était son amie et sa grande sœur ; foutaise. Foutaise ! Elle n’était personne pour lui, rien de plus qu’un reliquat d’un futur qui n’aurait jamais lieu, qu’une pièce rapportée d’un autre monde, qu’une étrangère, une étrangère à la réalité même. Il n’était pas son Franklin et elle n’était pas sa Rachel, il était un modèle réduit de son mari, mais tellement différent, tout comme ce monde, cet univers… elle ne pourrait s’y adapter. Pourquoi c’était-elle senti proche de lui ? Parce qu’il ressemblait à son mari ou à l’hypothétique enfant qu’ils auraient put avoir ? C’était une question piège, il lui avait simplement rappelé un être cher qu’elle avait vue disparaitre, et qu’elle aurait aimé ressusciter ; mais il n’était pas Franklin, c’était Franklin. Des alter-égo, mais des personnes différentes. Et il se culpabilisait alors qu’il n’y avait pas de quoi ; tout était de sa faute à elle. On avait sauvé Franklin, mais ce n’était pas elle. Rachel avait apprise à compter sur les autres, mais de ce fait ils mourraient tous les uns après les autres pour elle ; cela ne devait pas arriver, cela ne devait plus arriver, pas ici.

Le blondinet voulait la convaincre qu’elle était à sa place parmi eux, et qu’elle pouvait l’aider, l’aider à être plus fort et plus brave, à se préparer face au monde. Comment le pouvait-elle ? Comment le pouvait-elle alors qu’elle-même n’était qu’un lapin clapit au fond d’un trou en tremblant de peur à l’idée d’en sortir ? Il voulait après à devenir fort et brave, elle n’avait nulle de ces qualités, elle ne savait que tuer et détruire. Et il n’était pas question qu’il ne devienne comme elle.

Il essuyait ses larmes, larmes qu’elle tentait de contenir tant bien que mal. Il projeta ses pensées dans l’esprit de la jeune femme, arrivant dans le chaos des pensées et des émotions qu’elle tentait de réprimer.

- Reste avec nous, je t'en pris, on ce moque de se que tu as fait avant, ici beaucoup de gens tiennes à toi et il y en a un juste derrière la porte...

Ernest, l’image d’Ernest lui piqua dans le crâne, injectée par Franklin lui-même, avec le stress qui allait de pair avec cette rencontre, même s’il supposait qu’Altérion soit là pour aider Rachel lui aussi, et qu’il était bien meilleur à cela, chose qui était vrai, Phénix ne parvint pas à le dissimuler. Elle-même n’était pas en l’état de rentrer dans l’esprit d’Ernest sans prendre de risque inconsidérés, et Franklin, si tant est qu’il eut entendu les pensées de l’Hybride, ne les lui faisait pas partager.

- Vas-t-en… Personne ne doit s’approcher… de moi… Je… je vous mets tous en danger… se saisissant de la main de Franklin pour l’éloigner de sa joue, elle rouvrit les yeux pour le fixer, son visage se déformant de colère et de tristesse : Je ne peux pas t’aider, ni à devenir fort ni a devenir brave. Je suis une meurtrière, un monstre, je ne sais que détruire, je ne sais pas protéger les autres. Ils sont tous morts ; ceux qui ont voulut m’aider, ceux qui ont voulut m’aimer !

Son cri raisonna à travers l’infirmerie, endroit pourtant si calme à l’habitude, alors qu’elle se vidait les poumons en désespoir de cause, prévenant surement toutes personnes aux alentours, les infirmières comme Ernest s’il n’était pas trop loin, de ce qui se passait ici.

Rachel était dévastée, à nouveau, le bruit de dizaines de voix retentissant dans sa tête alors que les souvenirs montaient à l’assaut et que divers flashs lui pénétraient l’esprit, flash que s’il n’avait coupé la transmission de pensée, Franklin verrait aussi. Le premier fut celui de la mort du Professeur X, assassiné alors qu’elle-même, petite fille, se cachait sous le bureau. Elle n’avait pas vu qui l’avait tué, elle avait juste entendu les tirs, les explosions, les voix des hommes, et avait vu le corps ensanglanté vider les étriers de son mythique fauteuil, tombant prêt d’elle, le choc tel qu’il en causa l’Emergence des pouvoirs de Rachel et la destruction de l’Institut. Le second flash la voyait dévier le rayon optique de celui qu’elle nommait père, et ce d’une seule main, alors qu’elle-même, en larme, le tuait, désintégrant son corps sans lui laisser ne serait-ce que pousser un cri, avant de s’effondrer en hurlant un simple mort : « Papa ». Puis la scène suivante les voyait de retour dans les camps, là où elle avait perdue son mari : le cadavre toucha une nouvelle fois le sol pour qu’elle s’effondre sur lui, brisée, voulant mourir mais sauver par le réveil d’une des forces primaires de l’univers. L’épilogue de cette tragédie se déroulait dans une pièce close aux murs de fer, alors qu’elle et Kate tentaient de s’échapper face à une sentinelle différente des autres. Elles ne pouvaient pas traverser les murs, et alors que la machine s’apprêtait à porter le coup fatal, un nom retentit.

Un simple nom, prononcé de la bouche de Kate Pride, un nom qu’elle ne parvenait pas à se souvenir, son esprit se heurtant violement à une barrière. Le cri de douleur fut perçant, se répandant dans les esprits des autres alors qu’elle-même lutait contre le sien. Rachel tomba à genoux, la chaise propulsée contre le mur, comme tout le décor d’ailleurs : les murs se fissurèrent sous une impulsion Télékinétique alors même que le mobilisé volait en éclat, les fragments s’immobilisant dans l’air pour graviter autour du point central qu’était la jeune fille à genoux, en pleurs et en cris. La porte même avait été arrachée de ses gonds et brisée par la télékinésie.

Franklin n’avait été épargné, à moins qu’il n’ait réussit à se protéger derrière un écran de sa conception ; Rachel ne l’avait pas visé lui, ayant encore suffisamment de raison pour ne viser que ce qui n’avait pas de vie dans la pièce, mais cependant les divers morceaux de meubles avaient été arrachés avec tant de force qu’il pouvait avoir été blessé…

Le Chaos, c’était le chaos, en elle, autour d’elle, ses pouvoirs se déchaînant. Elle n’avait pas perdu le contrôle de ses capacités, non, c’était d’elle-même qu’elle avait perdu le contrôle, et sa docile Télékinésie réagissait en conséquence. Mais même dans ce chaos, Rachel avait encore une conscience.

Cette même conscience qui faisait que malgré les dégâts au décor, ni elle ni Franklin n’avait reçu du shrapnel, alors même qu’ils n’étaient pas protégés par des boucliers. Le jeune garçon fut projeté, mais c’était une bien maigre douleur considérant qu’elle écartelait le mobilier et qu’il ne lui aurait pas demandé plus d’efforts pour en faire autant avec un humain. Il parvint cependant à traverser la salle, un relatif exploit considérant la destruction aveugle qui s’y déroulait, destruction s’étendant aux murs.

Les infirmières étaient là aussi, mais elles ne pouvaient pas l’approcher sans risquer d’être blessées. C’était un drame, un chaos cosmique qui n’aurait dû être, engendré par la douleur d’un autre monde dont l’espace, le temps et les dimensions, avaient perdu le contrôle. Le Phénix dormait, mais Phénix était une bombe, et elle venait de commencer son implosion.

* Rachel! Rachel? Tu m'entends ? Écoute-moi, tu dois te calmer, je sais que tu as vécue des choses terribles mais, ici tout est différent. Tu te sens abandonnée, tu t'en veux pour beaucoup de chose et tu t'en veux pour ce qui m'est arrivé mais, ce n’est pas en restant caché dans ta chambre que tu pourras m'aider et aide les autres. Tu sais, moi aussi je me suis beaucoup caché, j'avais peur de mes pouvoirs, peur de faire mal au gens mais, en faite je sais maintenant que me cacher m'a servis à rien et ce n’est pas comme ça qu'on pourra aider les gens. Si on veut se faire pardonner, on doit agir et prouver qu'on vos quelques choses.*

Franklin… Rachel rouvrit les yeux, le voyant devant elle tentant vainement de la protéger face à sa propre anarchie. Ce n’était pas Franklin, pas réellement, car les objets le traversait sans lui faire de mal. Projection astrale ; il était parti mais était revenu ainsi, refusant d’abandonner.

* Tu sais Rachel, je comprends enfin pourquoi mon "moi" du futur m'avait dit de ne pas t’approcher, je crois qu'il se doutait que se moment arriverait et ce n’est pas moi qu'il voulait mettre en garde, il avait simplement peur que je te fasse perdre ton contrôle et ne puisse pas t'aider. Mais, j’ai choisis de ne pas l’écouter, tu m'as prouvé que le monde pouvait être différent et si toi et moi on s’est rencontré dans ce présent, je suis persuadé qu'il y a une raison et on trouvera cette raison ensemble. J'ai besoin de toi, tu dois m'aider à maitriser mes pouvoirs et je peux t'aider à reprendre gout à la vie. Tu vois aujourd’hui, j'arrive a mieux maitriser mes pouvoir et je peux même les combiner et je fais cella parce que je veux t'aider mais, si je peux aider plus de monde ça sera encore mieux et tu peux le faire aussi. Rachel, je tiens a toi et si tu tiens a moi, prouve le moi, sort de ta prison, arrête de te cacher et alors tu n'aura plus a t'en vouloir et tu seras la quand j’aurais besoin de toi, quand Ernest, Amy et tous les autres auront besoin de toi.*

Elle ne pouvait pas sortir, ce serait mettre trop de gens en danger ! Elle ne pouvait pas essayer d’aider les autres, car elle échouerait et ils en souffriraient.

Des flammes l'auréolèrent, non brûlante car non physique, formant autour de ses bras de grandes ailes alors qu'une puissance endormie jusque là s'éveillait à la conscience.


Mais si elle essayait et qu’elle échouait ? Comment être sure qu’elle ne ferait pas plus de mal que de bien ? Comment… En essayant. Il n’y avait pas d’autre moyen. Elle devrait se montrer forte et faire face au monde, comme autrefois, mais cette fois, le monde serait différent, et elle aurait sa chance.

Ils s’étaient tous sacrifiés, ici comme dans son monde d’origine, pour qu’elle puisse connaitre cette utopie, la défendre. Pour eux tous, elle devait essayer, pour eux tous, elle allait essayer.

En plein cœur du chaos de son être, quelque chose venait de naitre.

Tout s’immobilisa autour d’elle, tout sauf une chose, contre laquelle elle n’avait appliqué aucune force télékinétique et qu’elle n’avait pas menacé ou détectée tant elle lui était désormais famille.

Ernest. Ernest, tu vas être fier de moi ; telle fut sa dernière pensée avant qu’elle ne s’effondre au sol, non pas par épuisement, mais par assommement. les flammes psychiques se dissipèrent avec sa chute.

C’était fini, et cela allait être à nouveau.

Comme le Phénix, elle avait fini de brûler et s’apprêtait à renaitre de ses cendres.

C’était un jour d’aout, il faisait beau, il faisait chaud, tout était calme à l’Institution Charles Xavier, les seuls troubles apportés par les résidents de la jeune génération se résumant à des rires et à des farces que seule l’innocence de leur jeune âge et la confiance de se savoir épaulé et surveillé par leurs ainés pouvaient permettre de faire en toute quiétude. C’était beau, un havre de paix, un paradis dans un monde où la guerre raciale menaçait de gronder.

Cependant, même au paradis l’on trouve un angelot pleureur, et c’était elle, ce jour-là.

C’était un jour d’aout, il faisait beau, il faisait chaud, tout ce qu’elle aimait. L’école n’avait pas encore reprise, mais c’était bientôt la fin des vacances, alors on en profitait autant qu’on le pouvait. Sauf elle.

Elle était enfermée, terrorisée, seule au monde. Non, pas seule.

- Rachel, sors de là.

La voix était grave, la voix était masculine, la voix était bienveillante mais assez exaspérée. Elle provenait d’un homme grand, dont le signe le plus distinctif était ses lunettes de soleil aux verres rouges. Il se tenait assit devant une porte, dans sa chambre ; une porte de placard.

- Nan, veut pas ! lui rétorqua une voix fluette, celle d’une enfant, d’une jeune enfant. La Bzz elle m’a piquée, l’est méchante, j’ai peur. Veux pas sortir tant qu’elle sera là !

La Bzz en question était une abeille, qu’une fillette de trois ou quatre ans avait attrapée à pleine main durant sa chasse aux papillons du matin, et qui c’était défendue. Rien de bien grave cependant, pas d’allergie ou autre, et un petit tour chez la peluche bleue, un pansement sur la main et c’était fini. Enfin, s’eut été fini si l’enfant suscitée n’avait pas décidé de s’enfermer dans le placard de la chambre qu’elle partageait avec son père jusqu’à ce que l’espèce qu’elle incriminait n’ait disparue.

- Donc tu vas attendre l’hiver pour qu’elle s’endorme ? Tu vas attendre l’hiver dans le placard ?

- Woui !

Douce et innocente impertinence, mignonne mais entêtée, mine de rien. L’homme se massa les tempes.

- Ecoute Rachel, l’abeille t’as piquée parce que tu lui a fait peur. C’est comme quant toi tu écrase une araignée. Sors de là, s’il te plait.

- Nan ! Les Raignées elles sont méchantes, et les Bzz elles sont méchantes aussi. Veux pas sortir tant qu’il y en a.

- Et en hiver tu voudras plus sortir parce qu’il fera froid… Je te connais Rachel. Sors de là maintenant.

- Nan !

- Rachel Anne Summers, tu vas sortir de là avant que je ne m’énerve !

- Nan !

Des baffes, il lui aurait mit des baffes ; elle en méritait des fois, mais depuis la disparition de sa femme, peut-être l’homme aux lunettes avait-il était un peu trop protecteur et pas assez sévère envers sa progéniture.

- Rachel… à quoi sa sert de rester planquée dans le placard ? L’abeille t’a piquée, d’accord. Et après ? C’est terminé, c’est déjà fait. Et c’est pas en restant ici que tu pourras faire quelque chose. Après l’hiver, tu vas attendre quoi, le printemps ? Mais il y aura vite de nouveaux des abeilles alors, et tu ne sortiras jamais. Ecoute : le monde peut te blesser, mais toi seule peut te relever. Il y aura toujours des difficultés, mais si tu n’essaie pas, jamais tu ne les surmonteras.

- Nan, j’ai trop peur, j’y arriverai pas.

Si tu n’essaie pas, comment peux-tu le savoir ?

SI TU N’ESSAIE PAS, COMMENT PEUX-TU LE SAVOIR ?

Rachel ouvrit les yeux, et plus que des années, plusieurs heures c'étaient écoulées depuis qu'elle avait fermée les yeux...

Rachel rouvrit les yeux, elle était toujours dans l’infirmerie, allongée. Ce n’était plus sa chambre cependant, mais la salle commune. Que… que c’était-il passé ? Les souvenirs étaient flous, mais il y avait la tristesse, la douleur, et la colère. La destruction. Et Franklin, et Ernest. Franklin, Ernest, les avait-elle blessés ?

Son cœur commença à s’accélérer, mais ce fut alors qu’elle sentit quelqu’un lui serrer la main. Tournant son regard, la rousse aperçue le visage de Franklin, alors même que ce dernier prenait la parole.

- Je suis content que tu sois réveillé, je suis désolé de t'avoir mis dans cet état mais, c'était pour t'aider, maintenant tous vas aller mieux pour toi. Je reviendrais te voir tous le temps, même quand les cours auront commencé. Tu sais, tu t'en veux peu être encore en pensant que des gens son peu être mort a cause de toi mais, je pense que tu devrais plutôt te demander combien de personne vont pouvoir survivre grâce a toi et a l'aide que tu pourrais apporter à tous le monde.

Il avait toujours ses discours surréalistes, analysant parfaitement les évènements mais ne sachant exprimer les mots sans faire transparaitre son intelligence, qui combinée à sa naïveté, donnait un résultat étrange, très loin de ce que l’on aurait voulut entendre.

Rachel savait qu’elle s’en voulait d’avoir tué et de ne pas avoir su protéger, pas besoin de tourner le couteau dans la plaie. Mais il disait vrai : elle pouvait protéger et elle pouvait aider. Si elle arrivait à se battre. Elle voulait aider, protéger, mais elle ne voulait plus se battre, c’était trop destructeur.

Elle se souvenait de ce qui c’était passé, elle se souvenait de ce qu’elle avait fait, quelques heures plus tôt, mais dans sa chambre. Elle se souvenait les éclats, elle se souvenait du rêve. Des paroles de son père, reprisent par le Phénix. Comment pouvait-elle savoir si elle n’essayait pas ?

- Rachel, tu va bien ?

Ernest, Rachel détourna la tête pour le voir. Chacun d’eux était à un côté du lit, et maintenant que les défenses mentales de la jeune femme étaient tombées à bas, elle parvenait à user de la lecture passive de leurs pensées fortes. Altérion détestait Franklin, il n’y avait pas vraiment d’autres mots, cela raisonnait dans le plan astral comme s’il l’eut crié à toute voix. Mais il était là, pour elle. Ils étaient la pour elle.

Comme les infirmières d’ailleurs, présentes toutes les deux dans la pièce. Tous c’étaient inquiétés, tous avaient été présents. Pour elle.

Elle n’avait pas le droit de continuer ainsi, elle ne pouvait se laisser tirer vers le haut, elle devait essayer de grimper. Peut-être retomberait-elle, mais alors ils la rattraperaient. Comme Franklin, comme Magnus, comme Kate avant eux. Elle avait perdu son monde et ses amis, mais en avait trouvé de nouveau, et en trouverait de nouveau, et tout aussi fort que par le passé, elle voulait y croire.

- Ou…oui… je crois, déclara-t-elle avec une hésitation, mais souriant à la fin. Il… Il m’a parlé, le Phénix. Je… Je veux sortir. Je ne sais pas si je suis prête, mais je vais essayer… Si je n’essaie pas, je ne saurai pas si je peux y arriver.

Se redressant sur son lit, elle s’adossa au mur, regardant tour à tour les autres protagonistes qui faisaient cercle autour d’elle. Elle leur sourit, doucement, gentiment, légèrement timidement mais avec tellement plus de confiance que jusqu’à lors. Elle reprit la main de Franklin, ainsi que celle d’Ernest, les serrant dans ses paumes.

- Merci… Merci d’avoir été là. Merci d’être là et merci de promettre de le rester. Je… je sais que c’est pas facile… mais vous êtes restés. Je sais que je suis pas facile… mais vous êtes restés. Je… je ne peux pas toujours me cacher du monde, même s’il m’a blessé. Je… je dois me montrer forte… Je vais essayer… Tout ce que j’ai jamais entreprit c’est soldé par des cendres… Cela n’a jamais été plus… plus vrai que dernièrement… Mais… Je… je suis le Phénix, je le suis grâce à vous… Il est temps… temps que j’essaie de renaitre… de mes cendres… Ce… ce monde n’est pas le mien… mais je veux m’y faire une place… une seconde chance… C’est une seconde chance… Je… Je n’ai pas le droit de la gâcher… Pour tous ceux qui ont souffert pour me la donner.

Les larmes roulaient sur ses rendant la prononciation plus difficile ; mais ce n’était pas des larmes de tristesses ou de douleur. C’était des larmes… d’autre chose. Elle baissa la tête fermant les yeux pour les laisser couler.

- Merci… merci pour tout…