Choise (PV Cérès)

- Evidemment qu’elle m’a pris de court ! Ce ne sont pas des choses que l’on doit faire dans la précipitation, vous vous doutez bien mais ça n’a rien d’une toquade. Tout ceci me place dans une situation peu confortable, le programme de réhabilitation n’a pas vocation à servir les intérêts de l’Institut…Oui Charles, ni les miens cela va de soi. Les procédures sont nouvelles, « en rodage » disons et le cas Elioth est bien loin d’avoir fait cas d’école même si ceux de Wade et Lenoir se conduisent de façon positive. J’aurai aimé vous entretenir de tout cela de vive voix, Karma étant à l’étranger, c’est complexe chez vous de trouver l’interlocuteur ayant « toutes les cartes en main ». Esther ne posera pas de soucis, vous savez que j’en réponds et vous savez parfaitement pourquoi…Hum ? Incorrigible ? Je sais…Comment ca si Magneto avait été une femme ? Votre sens de l’humour me laisse perplexe Charles, laissez donc cela à David, il le maitrise bien mieux que vous…Je règle les détails avec Miss Frost…pas ce genre de détails, Charles..Vous savez que Scott et moi ne goutons guère être dans la même pièce, ne lui ajoutons pas des raisons de plus de me détester. Je vous recontacte une fois les formalités bouclées, bon séjours à Rome, mon cher.

Daniel raccrocha tout en soupirant lourdement, sa porche s’engouffrant dans l’allée du Parc de l’Institut suivit de la berline noire des agents accompagnateurs. Après quelques manœuvres, il stationna son véhicule et une fois sorti réajusta son costume beige, tout en se couvrant de son Stetson et attendit que les deux agents en costumes noirs l’ai rejoint pour commencer à gravir les marches du perron de l’Institut .Il traversa les couloirs du hall dans une attitude grave s’amusant par instant des regards effrayés des jeunes étudiants qui trainaient toujours dans les lieux même aux heures matinales. Il représentait l’autorité, et le « cérémonial » grave de cette entrée n’échappait à personne. Les plus perspicaces et informés y reconnaissait le BAM, d’autres le travestissaient en FBI ou CIA…un « truc sérieux du gouvernement ». Même ceux qui le connaissaient n’osèrent pas ce matin-là l’approcher pour le saluer son escorte forçant l’intimidation. Ils firent halte au bureau du directeur où il entra seul et s’entretînt quelques minutes avec Emma Frost. L’échange fut courtois et professionnel même si Emma lui adressa quelques sourires amusés et insista sur quelques mots comme « collaboration » et « entre de bonne mains avec vous ». Fichtre ! Foutu télépathe, impossible d’avoir la moindre vie privée avec eux.

Une fois sorti avec un dossier sous le bras et quelques signatures de décharges, ils reprirent la route vers le bureau de l’intendant.
Son regard se posa sur elle, assisse sur une banquette, encadrée de deux éducateurs l’air assez décontenancé par cette arrivée protocolaire. Elle accusait une lourde fatigue et ses iris vibrèrent un peu lorsqu’elle le vit, elle baissa très légèrement la tête soit par embarras de la situation, soit pour réprimer une émotion. Hopes resta de marbre même si imperceptiblement son rythme cardiaque s’accéléra. Curieuse scène qu’elle le forçait à jouer ! Il détacha son regard d’elle pour saluer Darla Singer avec qui il avait travaillé si longtemps, celle-ci comme à l’accoutumé et à cause de son semi autisme se contenta d’un lapsus pourtant révélateur qui le fit sourire en retour « Bonjour, Professeur Hopes ». « Agent Hopes » corrigea-t-il ce qui eut pour effet de plonger Darla dans un mutisme total.

Il s’approcha d’elle en la saluant d’un hochement de tête.

« Miss…, Je suis l’Agent Hopes, responsable du Secteur Diplomatique du Bureau des Affaires Mutantes. En vertu des pouvoirs dont je suis investi par ma charge, je vous place en état d’arrestation pour Acte de Terrorisme ayant causé des homicides et menacé la sécurité du gouvernement américain. Suite a l’amendement 3 de la résolution sur les actes de terrorisme mutant, vous ne pouvez pas bénéficier d’un avocat et êtes immédiatement destitué de tous vos droits civiques. En attendant la constitution du dossier des éléments à charges faisant suite à cette inculpation, vous allez devoir nous suivre immédiatement afin de vous rendre au siège du BAM afin d’y être maintenu en détention. Nous notons qu’il s’agit d’une reddition de votre part et non d’une arrestation forcée, nous notons aussi votre demande d’asile au sein de l’institut Charles Xavier dans le cadre du programme de réhabilitation.
Agent Mills, Agent Sommerset, vous pouvez emmener la prévenue. »

L’un des Agents s’approcha Esther afin de lui présenter des menottes, lorsque Daniel vit l’éclat de fureur dans les yeux de la jeune femme, il s’approcha et les pris des mains de l’agent et s’agenouilla près d’elle.

« C’est la procédure, je suis profondément navré. »
Plus bas, en chuchotant, tout en les lui passant aux poignets

- C’est un chemin difficile, mon ange, mais je ne te quitte pas des yeux, je te demande de me faire confiance, tout cela est bientôt terminé, tu vas être enfin libre et tu n’auras plus à avoir peur.

Elle sembla comprendre le message et se calma alors que Hopes avait repris un visage fermé et impassible.
Daniel se releva lentement tandis que Cérès se levait décidée à les suivre. Mais sur le bureau de Darla, un pot à crayon tomba brusquement focalisant l’attention de l’assistance presque enfin parvenu à la porte. Ils ne surent jamais que Hopes était à l’origine de ce stratagème et le temps que tous regardent par réflexe le pot chuter sur le sol et rependre son contenu, il projeta son pouvoir.

L’instant d’après Cérès se « réveilla » sentant les lèvres de Daniel sur les siennes. Il s’éloigna de son visage en lui souriant légèrement tendit qu’elle regardait interloquée tous les protagonistes changés en sorte de statue de sel. Daniel la guida à la banquette et s’assit à ses côtés en soupirant, se passant la main dans les cheveux d’un geste empreint de fatigue. Esther le savait et compris alors la situation, leur degré d’intimité y prétendait et souvent, il l’avait amené dans « son temps figé » afin d’accroitre les instants grignotés à un emploi du temps chargé et qu’ils pouvaient s’accorder l’un à l’autre. L’heure était à l’explication, une explication à huis clos qui techniquement n’aurait jamais lieu.
Il était à ses côtés, tout contre elle mais se gardait bien de la regarder afin de lui éviter l’embarra de la situation. Au moins à présent, elle pouvait parler libre de toutes contraintes.

- Tu aurais dû m’en parler. Je sais ce qu’il représente pour toi mais tu aurais dû m’en parler. Si je n’étais pas là, tu finissais au Cube ou pire. Je ne quémande pas une récompense, comprends le bien.
J’ai ‘impression que tu prends tout ça à la légère…
Je ne parle pas de tes actes qui sont pure folie…je parle de toi et moi.


Il ne la regardait toujours pas, le dos légèrement courbé et le regard perdu sur les affichages du bureau.

- Je t’aime, idiote.
Qu’est-ce que tu crois que ça fait de devoir appréhender la personne qu’on aime et qu’on a quittée deux jours auparavant sur un baiser ? Je t’avais promis de ne jamais t’arrêter et tu me force à le faire pour te sauver la mise, je me fiche bien des complications politiques ou de ma « couverture » dans cette fichue police.
Mais devoir en arriver à une telle chose, ici et maintenant : tu crois que ça me fait quoi au juste ?

Il passa son bras autour de ses épaules, la rapprochant de lui en un geste de tendresse infinie.

- Je crois que tu me sur estime dans la froideur….Je ne suis pas si infaillible que ça, surtout face à toi. Si on n’apprend pas à se faire confiance, à quoi ça sert que l’on continue à se voir dans ce cas ? Tu aurais dû me le dire et je t’aurai aidé au mieux, je ne veux plus jamais décrocher ce foutu téléphone dans ce foutu bureau et m’entendre dire ton nom dans le cadre d’une arrestation. En fait…Je crois que je ne veux plus jamais qu’on puisse t’accuser ou t’inquiéter pour quoi que ce soit Esther. On mérite d’être heureux ? Est-ce que tu peux le croire ?
Si c’est le cas…arrête d’agir comme si tu étais seule au monde et comme si ce que je ressens pour toi ne pouvait pas t’atteindre.

L’avenir était incertain et même si Esther manifestait un ardent désir de vie « normale » et rangée comme tous les amants révéraient d’en connaitre une, c’était à l’évidence une chose que Daniel ne pouvait certes pas lui promettre. Il savait par expérience que la quiétude n’était pas son lot et ses pensées s’assombrirent un peu à l’idée qu’il fut une chose qu’il ne puisse pas offrir à cette personne qui partageait sa vie. Une fois plus, c’est une fatalité qui le rattrapait et lui faisait comprendre combien les temps qui s’annonçaient pouvaient paraitre trouble. Mais une fois plus, l’important était d’avancer sur le même chemin et de parvenir à résoudre les problèmes l’un après l’autre. Esther ne répondait plus aux ordres de la confrérie et même si aux yeux de ces derniers, elle passait à présent pour une mutante de la pire engeance possible : celle des traitres, ses jours étaient un peu moins menacés à présent puisqu’elle obtenait une double protection, celle du BAM et celle de l’Institut. Mais le prix d’une telle manœuvre serait lourd à payer et ça aussi il en avait parfaitement conscience. Mieux valait y aller en douceur et faire preuve de franchise mêlée à la pédagogie. Cérès était une femme brillante, sans foute la plus intelligente qui avait partagé sa couche, elle n’aurait pas de difficultés à comprendre les enjeux afin de mieux les accepter.
Il prit le temps de lui caresser doucement les cheveux en remerciant sa clairvoyance de ne pas lui avoir expliqué dans le détail ce qui le reliait à l’Institut. Cérès ne savait que la version courte de l’histoire, ce qui suffisait largement déjà à le placer dans une situation fort délicate et des plus inconfortables.

- Ohh, pour toi…Si tu collabores, et tu vas collaborer je te le demande, tout devrait bien se passer. Ton dossier est déjà en cours pour te faire intégrer au programme de réhabilitation que je supervise, je dois « actionner » quelques manettes et user de quelques passe droits afin que tu puisses y accéder dans les plus brefs délais. J’ai un accord de principe déjà, tout dépend de ta bonne volonté ensuite. Tu seras placé en liberté surveillée a l’Institut, comme résidente et tu travailleras à œuvrer pour le bien de tous. Mais avant tout cela…

Il soupira à la recherche de ses lunettes dans son veston.

- Tu vas devoir subir quelques interrogatoires au Bureau des Affaires Mutantes et y être placé quelques temps en détention, une cellule aménagée. Une petite semaine tout au plus. Tu ne seras pas seule, je serais là.
Tu diras tout ce que tu sais, tu n’as plus rien à perdre, tes anciens amis n’hésiteront pas une minute à t’abattre de toute façon, tu ne seras réellement tranquille que lorsqu’ils seront tous placé hors d’état de nuire. Vu ce qu’on te reproche….Tu vas être conduit devant un agent psy. Ce sont des mutants capable de sonder les esprits…c’est pour ca qu’il est inutile de garder pour toi certaines informations, ils ne feront que les utiliser contre toi si tu ne les livres pas par toi-même.
Ce qui nous place au dernier problème, le plus…épineux. Nous.
Ils sauront, n’essayes pas de nier si ils te posent la question…dis la vérité : nous sommes ensemble, ils le verront de toute façon. Tu verras ensuite un agent de terrain, je crois que c’est l’Agent Tucker…Je le connais plus que lui-même ne se connait, même si pour lui je ne suis qu’un nom sur une plaque de porte.

Il vit l’ombre passer sur son regard affolé et comprit qu’elle réalisait qu’à présent c’était bien lui qui se trouvait dans une situation explosive.

- Ne stresse pas, puce. J’ai assez d’éléments pour les river à leurs sièges s’ils s’en prennent à moi et j’attends cette confrontation de pied ferme. J’ai mis du temps à atteindre ce niveau d’accréditation, ça n’a pas été sans…quelques squelettes habilement dissimulés dans les placards de mon bureau. J’assure mes arrières depuis le premier jour où je suis entré dans cette fourmilière et goutté leur café exécrable. Si ils pensent me faire sauter, je les expédierai explorer la face cachée de la Lune avant que l’agent Tucker ai pu enfiler ses sous-vêtements au réveil.

Il la regarda se lever avec l'ombre d'un sourire. Oh oui, les choses allaient vraiment se compliquer pour lui mais pour elle, il est évident qu'elle serait bien mieux en sécurité au sein de l'Institut. Il en avait assez de cette demi-vie qu'elle vivait dans une angoisse permanente de la peur d'aller trop loin et que tout cela la rattrape. Elle n'avait pas le profil d'une confrériste, juste d'une jeune femme que l'absence d'amour avait menée dans les pires travers et les pires comportements. Elle devait réapprendre, réapprendre l'espoir, la confiance et surtout appréhender l'avenir sous un jour différent, un jour dont les nuances n'étaient pas forcément teintées de sang. Cela prenait du temps, cela appelait à la patience et aux petites victoires sur soi-même dans un environnement favorable.
L'institut était le lieu idéal pour se voir avancer au jour le jour. C'est de nouveau la nostalgie qui saisissait le Time Tricker. Il avait vécu ses plus belles heures entre ces murs et fait ces choix les plus douloureux. Il y plaçait ce jour son amour afin qu'il puisse y survivre et aurait aimé à penser à ce jour où tous ensemble ils pourraient vivre sans avoir à craindre les ombres que les tempêtes trop précoces projettes dans les forêts de nos vies. Esther, Enora, Ernest et lui. La plus hétéroclite des familles, sa familles de cœur.
L'Agent Tucker, homme qu'il avait lui même fait de toutes pièces et qu'il aurait pu d'un revers de la main balayer dans le néant de la tourbe d'où il l'avait puisé allait devenir son plus redoutable adversaire. Il fallait qu'il sorte ses armes pour l'affronter, le plus idiot des combats : celui de la bureaucratie.
Car les guerres modernes, c'est bien connu, se gagnes dans les bureaux, entre l’agrafeuse et le paquet de trombones. Il l'attendrait avec un flingue et un sandwich sous cellophane : il avait survécu à trois guerres et vu mourir 17 présidents...
Il attendit que Cérès reprenne la place et sans lui crier gare, la saisissant pas la taille où elle se défendit d'un "oups" sonore, il lui donna l'un des plus fougueux baiser dont il fut capable qui sembla s'éterniser en une longue minute. Lorsqu'à regret, leurs lèvres se séparèrent, il ne prononça pas de mots inutiles.
Tout était là.
Tout se suffisait.
Un bref regard miroir où l'amour se reflétait et d'un bruissement de tissus, le temps repris son cours.

Il la laissa sortir du bureau, saluant discrètement Darla d'un demi sourire.
Elle marchait la tête haute, Daniel ayant pris la délicatesse de poser son veston sur ses poignets afin de cacher à tous le port de ses menottes.







Rp Finis pour moi.