Petit four, Champagne et ... Fata Morgana [Pv James Doakley]

Mon oreillete crépite, j'entends le chef de la sécurité me poser une question, l'éternelle question...

"Rien à signaler" je lui répond discretement, en portant machinalement la main sur mon arme de service planquée dans mon superbe costume noir façon Men in Black acheté chez un tailleur italien hors de prix et grâcieusement payé par mon patron. Certes, mon employeur n'est pas un homme d'un genre très respectable et les invités présent à cette vente sont tous ou presque issus du milieux du crime organisé, mais je suis pas flic et la paye est plutôt bonne.
La réception bat son plein, les hommes se goinfrent de canapés et de hors d'oeuvre en parlant politique, sport ou je ne sais quoi d'autre, et les femmes trinquent avec leurs flûtes de champagne en discutant mondanité et autres idioties. Les hommes sont vêtus de smockings et costumes trois pièces, les femmes ont sortit leurs plus belle robes de couturiers, mettant en valeurs leurs formes, elles se sont parées de leurs plus beaux atours pour cette petite fête bling-bling, chacune cherchant à voler la vedette aux autres.

Nous sommes une petite douzaine à assurer la sécurité ce soir : un qui cordoone les actions de toute l'équipe, deux sont à l'entrée et contrôle l'identité des invités pour s'assurer qu'aucun flic ne s'incruste, quatre sont chargés de surveiller exclusivement les oeuvres d'art et les antiquités qui seront mise aux enchères au cours de la soirée, et cinq qui surveillent la salle et l'étage.
Moi je surveille la salle de vente, passant tel une ombre au milieu de la foule. La plupart des gars sont nuls pour ce boulot, ce sont juste des petites frappes, des soi-disants caïds qui sont pas formés pour ce job vu que d'habitude ce sont eux qui sont surveillés. Mais moi je suis compétent, j'ai servi dix ans dans le 75th Ranger Regiment : les troupes d'élites de l'US Army. C'est d'ailleurs pour ça que j'ai été embauché.
Je scrute la salle, fixant chacune de ces personnes pas plus de dix secondes pour ne pas qu'elles me remarquent en train de les observer. En dix secondes j'ai eu le temps de voir que la plupart des convives sont armés, et surtout si ils sont une menace ou pas pour la sécurité des personnes présentes ici ce soir.

Plus la soirée avance et moins j'ai de chose à signaler dans mon oreillette. Ou plutôt rien à signaler malgré un petit soucis d'ordre personnel. Une jeune femme, magnifique dans sa longue robe noir ouverte sur le dos et à décolleté, des yeux verts pétillants, des cheveux blonds étincellants, des bijoux élégants... Je l'ai regardé plus de dix secondes, ou plutôt je l'ai contemplé un peu trop longtemps. Depuis, je suis retourné à mon travail, mais je ne peux m'empêcher de l'observer discretement car elle m'intrigue. Je sais qu'elle n'a pas remarqué que je l'observais mais moi j'ai remarqué quelques choses plutôt étranges : pourquoi porter des ballerines avec une robe de soirée? Et était-ce bien un couteau ou une dague caché dans un plis de sa jupe? Une chose est sûre, il va falloir que je la surveille de près. Je la vois se rapprocher d'un groupe de femmes réunies autour de la bourgeoise de la soirée, maquillée comme une voiture volée et exibant ostensiblement un bijou d'orfevrerie autour de son cou.
Je décide alors de la suivre et m'avance discretement vers elle, dans son dos sans qu'elle ne me remarque.

J'avais ma cible en vue et je la suivait à une distance tout à fait respectable sans attirer l'attention des convives présent dans la pièce. Mais ça c'était avant le drame bien entendu. Un serveur particulierement maladroit a bêtement renversé son plateau et ses flûtes de champagne sur une des bourgeoises présente ce soir là. Elle hurle, sans se rendre compte qu'elle est en train de s'attirer les regards de tout le monde présent ici, pas top dans ces circonstances pour quelqu'un d'aussi superficiel qu'elle. Je donne pas cher de la peau de ce jeune habillé en pingouin même si il a eu l'intelligence de fuir la femme après s'être platement excusé, je sais que la sécurité va lui tomber dessus avant qu'il ait eu le temps de retourner chercher des flutes de champagne en cuisine. Mais j'ai un autre soucis pour le moment : la femme et ma cible sont entrée dans les toilettes pour Dames et malgré mon statut d'agent de sécurité je ne peux pas y entrer pour m'assurer que rien de louche ne se passera pas là-bas. Il faut que je réagisse vite d'autant que d'autres femmes semblent se diriger vers les toilettes, et elles risquent de trouver ça louche si un homme traîne devant la porte de leurs toilettes.
Je fais mine de recommencer à circuler dans la salle comme je le faisais avant d'entamer ma filature, mais je garde toujours un oeil sur cette porte. Une femme rentre dans les toilettes, et quelques instants plus tard une autre femme en sort...
C'est elle, la jolie femme que je surveillais de près tout à l'heure. Je la suis du regard. Elle semble s'éloigner. Oui, c'est ça, elle se dirige vers la sortie. Etrange. Mon instinct me dit qu'elle n'est pas nette, et je suis plutôt du genre à suivre mon instinct, ce qui m'a déja bien servit dans l'armée. Je dois réagir vite avant qu'elle soit déja dehors.

Je fais le tour de la salle en me déplaçant rapidement, en rasant les murs pour ne pas attirer l'attention. Il faut que je la coince avant la sortie.

Elle ne m'a pas entendu arriver , je l'attrape par l'épaule et la pousse dans une petite salle du corridor, pas plus grande qu'un placard à balais et referme la porte derrière moi.

Spoiler:

J'avais réussi à la coincer dans une pièce et aussitôt celle-ci fermée je me mis entre ma suspecte et la porte afin d'éviter toute tentative de fuite. Elle avait beau se débattre, je la tenais fermement et elle ne pourrais pas se libérer toute seule, j'étais bien plus fort qu'elle. Dans ses yeux aucune trace de peur ou de colère ne transparaissait, comme si elle était totallement indifférente à ce qui lui arrivait en ce moment.

"C'est comme ça qu'on traite les invités ici ? J'espère que vous avez une bonne excuse …"
" Laissez-moi sortir, j'ai des affaires à régler, et pas de temps à perdre avec vous. "

Voilà qu'elle me prenait de haut et me donnait des ordres. C'était bien un signe d'agacement ça, ou alors il s'agissait juste de son caractère normal? Quoi qu'il en soit ça n'allais pas se passer comme ça, je ne compte pas la laisser prendre les commandes lors de notre petit entretien. Il faut réagir et vite et montrer qui est le boss en envoyant un signal fort si possible.

"C'est moi qui commande ici, vous parlez uniquement si je vous en donne l'ordre compris? Vous avez des papiers d'identité?" je lui demande, la tenant toujours par le bras.

Le ton montait et la tension devenait palpable dans cette petite pièce. La jeune femme commençait à montrer des signes d'énervement :

Vous vous fichez de moi j'espère, qui êtes-vous pour m'ordonner quoique ce soit ? Un simple vigile, j'espère sincèrement que c'est une plaisanterie car sinon vous risquez de regretter amèrement votre geste.

Elle continuait de me prendre de haut, ce qui m'énerva au plus haut point.

"J'ai servit dans le 75th Ranger Regiment pendant 10 ans Madame, j'ai combattu en Irak et en Afghanistan, j'ai risqué ma vie pour protégé mon pays contre le terrorisme, j'ai protégé la Démocratie dans le monde, et aujourd'hui je protège mes concitoyens. Et vous Madame, qu'avez vous fait de bien dans votre vie à part venir dans ce genre de soirée pour vous pavaner dans des habits osés?" J'espairais ainsi l'avoir remis à sa place.


-Si vous ne me lâchez pas le bras, je hurle, tous vont savoir où je suis, et je pense que vous aurez de gros problèmes. Si vous voulez voir ma carte, mon invitation, je le ferais mais lâchez moi le bras ou je promets que vous allez le regretter.

Raté. Elle etait toujours aussi hautaine avec moi. Bon, elle avait pas tout à fait tort : si quelqu'un passait par là et l'entendait hurler et nous voyait enfermés dans cette pièce il risquerait de trouver cela très étrange. Après tout je pouvais bien lui lâcher la main, même si elle était armée et entraînée je devrais m'en sortir face à elle. Aussi je dessera complétement mon etreinte.

"Je vous lâche, vous voyez, à vous maintenant de faire des concessions. Montrez moi votre carte d'identité et dites moi pourquoi vous êtes venue ici armée?"

Je n'étais pas tout à fait sûr qu'elle avait une arme mais j'avais néanmoins décidé de bluffer : en disant cela je pouvais déja voir sa réaction sur son son visage, si elle n'avait rien sur elle ce serait tant mieux et si elle était effectivement armée j'aurais au moins réussi à découvrir cela.

J'avais fini par connaître son identité. Aimée Lacroix, une française naturalisée américaine.

"Satisfait ? "

Oh oui, ce devait être quelqu'un d'important pour avoir pût être naturalisée, pour venir ici et pour se la raconter comme cela. Je lui rendis sa carte et avant d'avoir le temps de dire quelquechose elle avait rajouté :

Quant à mon arme, ce coin n'est pas sûr. Et je ne tiens pas à être sans défense où que je sois. Même à l'intérieur d'un tel bâtiment, d'une soirée sensé être huppée, on ne peut compter ni faire confiance à personne … la preuve, Elle espérait peut être me vexer en disant cela. Mais ça ne marchait pas sur moi, pas plus que son regard condescendant. Quoi qu'il en soit j'avais vu juste pour son arme, ce qui conforta mon égo. Maintenant je me devais de découvrir ce qu'elle était venue chercher ici, mon instinct me disant qu'elle était louche, elle ne m'inspirait pas confiance.

"Merci Madame Lacroix. Pouvez vous maintenant me dire ce qu'une jeune femme seule, armée et en ballerine vient faire ici? Je ne pense pas que vous soyez là pour acquérir ni des oeuvres d'art ni des antiquités, est ce que je me trompe Madame Lacroix?"

Nouveau coup de bluff, il était tout à fait possible qu'elle soit là pour la vente, mais elle pouvait aussi être là pour autre chose... Est ce que mon instinct allait être aussi bon que sur le coup de l'arme?

Elle avait bien voulut faire des concessions elle aussi, elle répondait à mes questions ce qui était assurement une bonne chose.

Vous avez raison, à la base, j'étais rejoindre un ami. Mais ce dernier a décidé au final de s'abstenir, ayant eu quelques déboires avec l'un des invités. Il m'a demandé de le rejoindre ailleurs.

C'étais moi ou elle devenait plus gentille, moins hautaine lorsqu'elle me parlait?
Ainsi j'avais une fois encore raison : elle n'était pas venue là pour la vente aux enchères. J'avais encore eu raison de suivre mon instinct. Elle devait rejoindre un ami qui avait apparement eu des problèmes avec l'un des mafieux présent ici ce soir et cet ami avait trouvé plus judicieux de ne pas venir fourrer son nez à la soirée. Cet "ami" était assuremment quelqu'un d'intelligent.

"Je vois, vous direz à votre ami qu'il s'est montré très malin de ne pas venir se frotter à ces "invité" ce soir. Mais vous Madame Lacroix vous ne m'avez toujours pas expliquez pourquoi vous êtes venu armée. "

A peine avais-je prononcé ces mots que des hurlements ainsi qu'une grande agitation se firent entendre depuis la pièce principale. C'étaient des cris de femme, je ne pouvais pas entendre ce qu'elle disait précisemment tant la panique régnait là-bas mais il avait sûrement dû se passer quelquechose de grave. De terriblement grave à en jugé par la panique générale qui semblait régner dans la salle. Sans être présent là-bas je savais ce qui avait déclenché cette hystérie collective : une femme avait eu quelquechose ce qui la faisait hurler comme un animal qu'on mène à l'abattoir, les agents de sécurité inexperimenté s'étaient mis à courrir dans tous les sens en aboyant des ordres à tout va, le chef de la sécurité en personne avait dût descendre et c'est en voyant toute cette agitation et cet énervement chez les hommes chargés de les protéger que la foule s'était mise à paniquer à son tour.
Il leur fallait quelqu'un avec du sang froid, quelqu'un habitué à ce genre de situation de crise, quelqu'un comme moi. Mais j'étais ici dans ce placard à balais avec cette femme. Je pouvais très bien la laisser partir et aller résoudre le problème, être traité comme un héros par mon patron du soir et par l'agence de sécurité qui m'employait. Ou je pouvais aussi rester là à suivre mon instinct une troisième fois, mon instinct qui me disait que cette jeune Aimée Lacroix n'était pas étrangère à cette panique.

"Ca s'affole là-bas on dirait. Quelque chose me dit que vous êtes en partie responsable de ce qui arrive, je me trompe?
Comme je sais que vous allez me poser la question je vais jouer franc-jeu avec vous et vous dire franchement ce qui me fait dire que vous êtes notre fauteuse de troubles : vous êtes venue ici seule, armée et sans intention d'acquérir quoi que ce soit à cette vente. Vous aviez un comportement louche, vous avez amené une femme aux toilettes et quelques minutes après vous avez essayer de vous sauver cet immeuble. Et maintenant que cette femme est sortie de ces toilettes et qu'elle de retour à cette soirée c'est la panique.
Alors ma question est simple : qu'avez vous fait et pourquoi?"
J'avais décidé de durcir le ton et de lui demander cela d'une voix ferme et déterminée, pour obtenir la réponse à tout ce mystère.