Fallen Bird Memories ( 1/15)

Une étendue sombre et un astre luminescent au dessus...Une version plus grande de son être... Les ténèbres et son coeur tout là haut...Une petite chose disproportionnée par rapport au reste mais dont le pouvoir était grand...La lune n'était pas responsable des marées, de la montée soudaine des plantes semi la même nuit et source de tellement de mythes... Ses pupilles sombres avalaient ses lueurs pures de la belle ronde. Elle aussi avait été souillé par les humains et peut être même pas les mutants aussi... Qui a prouvé ou non que ceux qui l'ont foulé n'étaient pas mutants...? Personne, tout comme la moitié de l'Histoire dont on ne sait plus croire... Shan se fichait bien de la vérité des sciences et des théories humaines... Elle savait depuis sa naissance que les choses n'avaient pas forcément d'explications, et qu'avoir besoin de justifier tout ce dont on est témoin par une logique était un réflexe purement pathétique de l'humain d'encore une fois masqué sa peur de l'inconnu. Dans son fort intérieur, une part d'elle ne les aimait pas, mais ils n'étaient pas tous mauvais...Le plus souvent , mutants ou humains, et elle jugeait sur son vécu , ceux qui avaient foutu le bordel depuis le début étaient le sexe fort. Ironie de la chose, le "sexe fort" ... Tsss.... foutu mécanisme mysogine qu'avait adopté ce monde. Et elle les avait fréquenté toute sa vie en nombre anormalement disproportionnés par rapport aux femmes, ce qui expliquait qu'elle soit franchement une bille en psychologie féminine. Elle plaisantait souvent de sa propre personne en disant que ses parents avaient du se planter dans les chromosomes, et qu'elle aurait du être un homme ... en fait , c'était compliqué.

En matière de politiques et d'évènements, les hommes étaient souvent dans le coup... Plus radicaux et brutaux en pensées, que les femmes... Bien qu'elle avait entendu parler de certaines furieuses confréristes qui savaient bien foutre le bordel aussi. Mais dans la vie privée, elle préférait cotoyer des hommes...Paradoxal. Peut être par habitude, même si elle savait qu'une ou deux heures aprés , elle mettrait son poing dans le faciés de l'un d'eux pour irrespect ou machisme. Mais au fond, c'était son monde...et puis cela les faisait souvent rire. Des primates, mais elle les aimait bien ces primates. Toutes ses choses que les femmes faisaient ... le shopping , quinze heures dans la salle de bain , des films à l'eau de rose avec des acteurs faussement sexes, des soirées pyjamas... des discussions entre filles, avec repas, et toutes ces petites manies qu'elles avaient... elle n'y arrivait pas. Elle n'était pas si compliquée. Soit ça passait, soit ça cassait avec elle. La caresse ou le poing. Le rire ou le grognement. Elle réglait les problèmes sur le moment et détestait l'hypocrisie , le mensonge, les crêpages de chignon, les rancunes de petites allumeuses, et le maniérisme constant. L'argent, les cadeaux, le faste... tout ça, elle ne connaissait pas, et cela ne lui faisait pas envie, prenant ça pour un paravent pour se planquer de la superficialité que l'on dégage à outrance. Elle n'était pas trés sociale au fond, malgré son travail et ce moment, comme celui qu'il vivait là , étaient réguliers... pesants, presque spleeniens. Mais elle avait beau se dire ça... dans un sens, elle aurait aussi voulu connaitre l'autre façade de la chose sans pourtant y vivre...Elle avait eu un aperçu avec les gala, mais ce n'était pas ces versions de l'excés qu'elle aurait aimé.

Elle s'était faite une raison à 15 ans. Ici , c'était sa maison , son chez elle, son refuge et elle y trouvait la couverture idéale pour se mentir: Vivre pour les autres. Elle n'avait plus rien depuis deux mois, alors pourquoi vivre d'avantage... Elle n'arrivait pas à avaler ce qu'elle était, ce qu'elle avait fait , ce qu'elle avait loupé, ce qu'on lui avait craché au visage, sans lui demander son avis, apporter la mort à tout ceux qui la fréquentait... à tout ceux qu'elle aimait... Elle n'osait plus créer des liens avec les gens en général...Elle avait déjà tellement perdu , comme si on la préparait au pire depuis des années...Mais nom de dieu , elle s'en foutait de l'avenir! Elle aurait voulu se sentir bien là tout de suite !! Sa gorge se serra en fixant la Dame de la Nuit, comme si ses rayons la pénétraient pour l'analyser et la juger coupable. Elle ne sentait plus que leur absence pensante et horriblement destructrice... Elle perdait chaque jour un morceau d'elle même. Elle aurait voulu que tout s'arrête, mais elle ne pouvait pas faire ça. Lâcheté cruelle que cela aurait été de les abandonner. Ils comptaient sur elle... Elle arrivait pourtant à saturation, sentant que son ventre allait explosé de toute cette puissance refouler, qu'elle se défendait de laisser sortir. Elle renifla un peu , une autre larme silencieuse s'écrasant sur sa joue. Elle avala sa salive, et baissa les yeux... Elle se sentait petite, pathétique, misérable, inutile ... Le monde était noir... Et son intérieur aussi , même si elle s'attelait à en faire quelque chose de pas trop mal , histoire de survivre comme elle pouvait... C'était ça... Elle survivait, elle ne vivait pas. Elle n'était pas revenu à Cosbay Spring depuis plus de trois mois.

Cosbay Spring , son hameau , son coin de paradis. Une terre cédé par une trés vieille connaissance, un petit vieux qu'elle avait aidé puis sauvé dans une agression et qui les avait hébergé elle et les jumeaux quand elle avait seize ans, à son arrivée aux USA. Elle était resté des mois entiers avec ce vieil homme et y était retourné trés souvent où dés qu'il l'appelait. Il habitait New York... Mais avait une petite propriété en retrait. Son handicap l'avait conduit à ne plus pouvoir y aller. Puis il avait perdu sa femme... et s'était enfoncé dans une mélancolie sans fin...Shan l'avait aidé comme elle avait pu , mais il finit par être hospitalié, et sur son lit de mort, il lui remis un testament , devant les yeux ronds de ses quatres rapaces d'enfants. Shan avait juré de faire respecter ses dernières volontés, et l'avait fait enterré là bas, à Cosbay Spring, dans une flan boisé des Appalaches. Elle avait appris par la suite que la fortune de cet homme était colossal, mais que la propriété ne reviendrait pas à ses enfants, mais à Shan Coy Manh et les deux jumeaux. Abassourdis, elle qui y allait parfois de temps en temps avant sa mort, se retrouva avec une flanc entier de montagne en possession, avec une maison amérindienne en plein bois dont la vie de la salle à manger était imprenable. Elle n'avait pas osé y retourner depuis la mort de cet homme. La Famille avait juré de se venger. Un ennemi de plus... Elle avait juré de déposer les cendres des jumeaux là bas...

Elle essuya d'une main rapide la dernière larme... Elle n'aimait pas craquer. Elle ne devait pas. Elle ne pouvait pas. Elle se l'interdisait. Une main masculine se posa doucement sur son épaule nue, dans cette nuit douce et chaude, et Shan tourna vite la tête, surprise de cette présence qu'elle n'avait pas vu arriver. Son cœur se ralentit quand elle vit que ce n'était que Charles. Ses lèvres s'étirèrent dans un sourire, comme pour un "je vais bien, ne vous en faites pas..." mais elle mentait. Tout son être se désagrégeait lentement , même si elle sauvait les apparences.

- Tu fais beaucoup d'insomnies en ce moment Shan... dit-il simplement en calant son fauteuil à coté du sein en bois et cuir.

La terrasse ....Le silence... Les ombres et eux deux... juste eux.. et le monde semble continuer les laissant à leur compagnie nocturne.

- Je sais...
- Tu ne peux pas changer le passé...
- Je sais... ]
- Alors va dormir.
- Non.

Charles regarda la petite asiatique qui se tripotait les doigts, vautrée dans le fauteuil, en bustier blanc, avec une couverture de velours noire de remonté jusqu'au ventre... le tenant au chaud, comme couvant cet outrageant secret de violence intérieur. Elle ne savait pas comment gérer ça, mais il croissait...Le chauve posa sa boisson chaude sur le rebord du mur après avoir manœuvrer pour se mettre entre Shan et le muret qui délimitait la terçasse.

- J'ai tellement de fois vu ce visage ... je n'aime pas ça...Vas-tu nous quitter à nouveau?

Sa voix était calme et ferme, comme à son habitude, et quand on ne connaissait pas cette homme rôdé par la vie, on ne pouvait pas en lire les émotions, mais Karma ressentait les choses au fond de son être, comme si chaque petit détail des autres la transperçait inexorablement et c'était cette hypersensibilité qui finirait par la rendre dingue, la tuer... Cependant elle montra quand même un certain étonnement.

- Vous voudriez que je m'en aille?
Elle eut un très court pincement à l'estomac, comme une autre douleur mais qui fut un peu apaisé par la réponse de Charles.
- Ne dis pas de bêtises...Pourquoi voudrais-je cela...? Ai-je pour habitude de jeter dehors ceux que j'ai recueilli?
- Désolé...
- Ne t'excuse pas.... mais combien de temps vas-tu encore te ronger pour tout ce que tu as subi ou fait à contre cœur?

Shan baissa les yeux pour plonger ses mains sous la couverture et la remonter jusqu'à son nez, et se retenir d'à nouveau avoir les yeux mouillés. Il y avait des soirs comme ça , où... elle ne se supportait plus elle même....

- Autant de temps qu'il faudra pour ressentir même une once de pardon dans les âmes de ceux qui j'ai fait souffrir ou abandonner.
- Tu ne peux pas sauver le monde entier. Tu fais déjà tellement pour ce lieu.
- Et je fais quoi , vous pouvez me dire ?! Rien de plus que les autres... Je ne suis pas surhumaine...Les autres pourraient faire de même.
- Tu es humble à outrance. Cesse de te mentir. Shan tu as trente et un ans et aucune vie privée.
- Et alors? Qui ça dérange...
- Toi. Moi... Si les autres savaient que tu damnes pour eux, ils se sentiraient concernés aussi.
- Je ne demande rien à personne, expliqua-t-elle dans un soupir triturant les mailles de la couverture.
- Alors fais le.
- Pardon? Pour quoi faire ?
- Pour exister.
- J'existe.
- Non, tu es là, tu fais ce qu'ils te demandent ou ont besoin et tu disparais. A l'heure qu'il est ils sont tous en train de dormir paisiblement , et toi tu es là...
- Ils vont bien , c'est tout ce qui compte. Je ne suis pas importante.
- Alors pourquoi cherches-tu une raison à ton existence depuis tout à l'heure?

Shan resta interdite, en le fixant , plissant un peu les yeux ... comme absorbée. Comment ce vieux grincheux fait-il pour tout savoir, au bon moment? Elle détourna la tête et observa ailleurs.

- Tu as un vide très pesant en toi. Je me souviens ... Quand je t'ai connu... Tu n'était qu'une petite môme... qui avait menti sur son âge pour avoir la tutelle de Seong et Nga... Tu avais subi des sévices , la perte de tes parents, et tu étais en terrain inconnu, parlant à peine notre langue, mais tu te faisais déjà passé après les autres.
- Merci de me rappeler ces évènements. L'âge n'arrange pas votre pédagogie, dit-elle en le regardant de travers. Je suis vraiment réconforter là ...
- Shan, ce que je veux dire, c'est que ce vide, il était déjà présent quand tu es arrivé chez nous...
- Quel vide...

Pour elle, elle ressentait même le contraire. Elle était trop "pleine".

- Pourquoi tu es ici...
- Parce que je n'arrive pas à dormir et que j'aime la lune et la nuit. Le monde a cette facette qui transcende tout le reste sans lui demander son avis...
- Tu t'es toujours émerveillé par l'univers à ce que je vois...comme tu t'évertue aussi , à ne pas assumer ton passé.
- Je l'assume.
- Oh vraiment.
- Je l'assume, mais je ne m'accepte pas dans ce que j'ai joué là bas...
- Tu es ce que tu es Shan... On ne pourra ni te changer, ni te le reprocher.
- Pourtant certains ne se gène pas... pour ne pas citer votre intendante...
- N'y fais pas attention. Je sais que tu es totalement différente d'elle, pour ne pas dire son opposé. Ne pense pas que je te juge. Je pense qu'en seize ans, tu sais comment je fonctionne. Mais tu dois lâcher du leste.
- Abandonner mes tutelles, alors que c'est vous même qui me les avez confié? Laisser Omega trainer dans la nature? D'ailleurs, merveilleuse décision d'Emma de me coller ce bourrin dans les pattes, je ne peux même plus dormir dans mon propre lit qui est radio-actif maintenant. Et ces ... machins là *imite les tentacules avec ses poignets et ses mains* c'est vicieux et ça traine partout. Pourquoi vous me l'avez donné sérieusement ? Me dites pas que vous n'étiez pas au courant ?! Il passe son temps à traumatiser les élèves, à draguer, à faire je ne sais quelle autre connerie , quand il n'explose pas les murs bien sûr , en croisant Logan ou Ernest. Parlons-en de ça aussi! J'ai pris Ernest moi même sous ma tutelle, et depuis ma rencontre avec Monsieur Hopes, j'ai même pris la décision de le prendre dans ma Squad. Et vous me collez ce fou?!! Alors qu'Ernest et lui ont un passé litigieux ?! Vous voulez quoi ? Que je sois au milieu d'un massacre?!
- Je vois que tu es très stressée par tout ceci... dit-il avec un calme et une froideur qu'il affichait dans toute conversation qui devenait houleuse.

Stressée? Stressée?!! Elle allait lui en coller du 'stressée" au chauve à roulettes. Comme on dit " Maurice, tu dépasses les bornes des limites!" . Elle lui adressa un regard accusateur et fatigué. Il but un peu de sa boisson et rajusta sa couverture sur ses jambes.

- J'admets avoir fait de petites erreurs. Mon emploi du temps est chargé en ce moment, je ne pensais pas qu'Emma allait te le confier, quand je lui ai dit de le donner à un X-men.
- Petites erreurs ??? Mais ce type ne devrait même pas être ici ! Elles sont où dans l'histoire les valeurs que vous défendez et que je défends, si on laisse quelqu'un comme lui entrer dans ce sanctuaire? Je n'étais déjà pas d'accord pour son acceptation ici, et maintenant vous me le donner? J'ai aussi trois classes où je dois enseigner les langues et du psychisme théorique et aussi de l'histoire ancienne, plus les petits à m'occuper à temps partiel! J'ai accepté Amy De Lauro comme assistante. Si je ne l'avais pas à l'heure qu'il est , je serai en train de bosser en pleine nuit sur les projets.
- Tu ne seras pas seule pour contrôler Omega ... Il y a Emma.
- Non Emma ne contrôle Omega que dans l'enceinte. S'il sort , il peut faire ce qu'il lui plait. Vous ne croyez tout de même pas que je vais lui filer le train constamment , et laisser toutes mes obligations derrière moi juste pour satisfaire un primate muté increvable, qui finira par abuser de moi dans un coin quand je serai enfin épuisé?
- J'avoue que certaines petites choses sont à revoir...
- A revoir... Et c'est vous qui me parlez... de penser à ma vie privée...? Avec ça ... vous venez de l'enrailler pour de bon...
- Comment cela s'est-il passé avec Daniel?

Elle bloqua sur Charles en haussant un sourcil.
- Ne changez pas de sujet.
- Je vais surveiller Omega moi aussi. Tu n'as pas à t'inquiéter. Si tu veux prendre les jours qui te sont dûs et quelques soirées pour décompresser, tu peux. Tu en as besoin et rien que ton état actuel le prouve.

Shan baissa les yeux et les détourna sur l’accoudoir, où elle posa le coude, puis le menton dans sa main...les bouts de ses doigts atteignant doucement son oreille et sa tempe, qu'elle se mit à masser...Elle soupira et d'une voix douce et calme , n'osa pas regard le professeur, qui lui l'observait en coin.

- Je suis désolée... veuillez m'excuser ... je ne voulais pas m'énerver...
- Tu n'as pas à t'excuser. Tu encaisses tout sans jamais te plaindre. Rien que pour cela tu as mon respect et tu as le droit de craquer comme toute créature pensante. Tu es déjà bien au delà de ce que la moyenne est capable de supporter. Une surdouée en sang froid, lança-t-il en observant la lune.
Elle eut un petit rire.
- L'âge vous fait découvrir l'humour ? Charmante perspective. Bientôt on pourra se faire des petites fêtes.
Il sourit et la regarda. Elle souriait tristement en lissant sa couverture sur ses cuisses , de ses deux mains, comme un geste compulsif qui trahissait un malaise et une douleur certaine.
- Je suis navré que tu doives assumer tout ça. Mais tu es aussi responsable de ton propre malheur... Tu ne sais pas dire non. Et cela depuis que tu es petite. La seule chose à laquelle tu dis non, c'est aux hommes qui te convoitent.
- Qu'en savez-vous? fit-elle surprise en le fixant , puis elle fronça un sourcil , dites donc! Vous m'espionnez? Me dites pas que vous m'avez envoyer aux galas ces derniers temps, à votre place , dans l'espoir que je fasse des rencontres ?

Elle ouvrit de grands yeux et Charles prit un air détaché, sourcils relevés, sans rien répondre, et finit sa tasse lentement. Son visage se blasa. Alors ça , c'était la meilleure, le chauve qui jouait les entremetteurs.

- Vous vous fatiguez pour rien. Je traine un bagage bien trop lourd pour qu'on m'accepte avec ma complexité, mes extrèmes et mes séquelles. Quand l'homme est gentil, je finis pas le trouver niais et inutile, parce qu'il est incapable d'être un homme, et quand je vois un homme qui a du charisme et de la puissance, il est incapable d'être sensible, gentil et attentionné, et je le trouve bourrin, macho, et détestable... Dans les deux cas, je finis par les éjecter sans ménagement...
- Alors cherche en un qui a les deux...
- Et si je me rends compte que je ne peux pas aimer ? L'amour comme ils le vivent tous, je trouve ça niais et irréaliste...La réalité est bien plus dure et radicale aujourd'hui pour se permettre de vivre coller gluter en dégager le monde extérieure.
- Je sais ce que tu recherches...
- Je ne sais pas moi même comment le sauriez-vous? Ce n'est pas parce que je n'ai jamais consumer le péché de la chair outre ... à mes ...16 ans... que je n'ai pas tenté de créer des liens, laisser des chances...Mais ça se résume toujours au même topo. Soit je suis trop sensible, soit trop sadique, soit trop froide, soit trop câline , soit trop inquiète , soit trop compliquée... Il y a des milliers de nanas sur Terre, j'vois pas pourquoi ils s'emmerderaient avec moi. Aucun n'a eu les couilles pour tenir le choc jusque là....Je ne suis pas de ce siècle...J'aurais préféré naitre à un époque où les hommes étaient encore de vrais hommes...
Sans compter qu'aimer aujourd'hui est devenu un concept que je n'arrive pas à identifier de la manière qu'ils le vivent...
- Qu'est-ce que cela représente pour toi alors...? Qu'est-ce que tu aimerais?
- Je ne sais pas ... Cela se rapproche plus d'un frêre...mais en différent... Une vrai moitié, prêt à se sacrifier pour l'autre...sans réfléchir...Comme deux frêres d'armes en plus intime. Je sais c'est débile.

Charles resta un peu dubitatif, l'observa en coin , analyste et sérieux. Elle dévia son regard dans ce court silence pesant et le fixa:

- Mais me regardez pas comme ça! On dirait que j'ai dit une idiotie profonde!
- Ton passé militaire ne te quitte pas n'est-ce pas?

Elle resta interdite et baissa les yeux, à la fois honteuse et froide, et un soupir s'évacua de ses lèvres:

- Il ne me quittera jamais. Comme mon passé dans la pègre et les missions particulièrement douloureuses et longues que j'ai enduré.
- Tu n'as pas eu de chance, c'est vrai... Il est rare qu'autant de facteurs extérieurs se concentrent sur une seul et même personne en si peu d'années. A peine était revenu, qu'autre chose te tombait dessus. J'ai même songé à un moment à te faire prendre congé pour te protéger.

Elle eut un léger rire, et secoua doucement la tête, en le zieutant en coin , avec un regard qui en disait long sur l'attachement profond qu'elle avait à ce lieu et cet homme:
- Me protéger ? C'est une plaisanterie? De quoi? De la moitié d'une planète? J'vous en prie, soyons réaliste. Et je ne veux pas de traitement de faveur et de complainte à mon effigie. C'est comme ça, et je l'ai accepté.
- Tu te détruis à petite feu. Avoir quelqu'un te ferait le plus grand bien Shan...
- Vous devenez pesant avec ça , cher monsieur Xavier.
- As-tu seulement songer à avoir des enfants?

Elle marqua une pause et son sourcil se haussa sans ménagement , ses doigts montant à sa tempe.
- Je n'en aurais pas.
Charles resta à nouveau silencieux un long moment. Shan avala sa salive et se leva en s'étirant:
- Ecoutez, je sais que personne ne me supporterait à la longue, et autant ne pas me faire de film, je n'aurais ni âme soeur, ni enfants. Cela vous va-t-il comme réponse?
- Shan...
- Quoi? Mon existence est bien assez chargée , vide intimement et douloureuse à contrôler pour que je m'empoisonne faussement l'esprit et le coeur de faux espoirs. Je suis désolé professeur... Mais je crois que ce n'est pas pour moi...je vais aller faire un tour. Dormez bien Professeur, à demain...

Elle lui sourit vaguement et détourna les yeux pour s'éloigner dans le parc, où elle ferma un peu les yeux, comme un petit mal de tête et soupira contre un arbre, la main à plat sur l'écorce, l'autre sur son ventre....Alors c'était ça... Sa vie se résumerait-elle a une solitude profonde...? Magnifique...Pourquoi était-ce si dur de ne jamais rien dire à personne...