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 La Marche de Lord Brain

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Johnny Goldfox
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Johnny Goldfox


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MessageSujet: La Marche de Lord Brain   La Marche de Lord Brain Icon_minitimeMar 5 Juin - 16:25

LA MARCHE DE LORD BRAIN

Chapitre 1
L’Idée

Hier, il y a eu ma fameuse soirée. Une partie de moi y songe encore. Il y a de quoi, faut dire ! Mais ce n’est plus le sujet. Cette soirée, c’est déjà du passé. Or le passé étant écrit, figé, tout ce qu’on peut faire c’est l’observer. C’est quand même très limité. Le futur est tellement plus riche ! Je ne crois pas au destin. Je ne peux pas concevoir que le futur soit déjà écrit par une soit disant main divine ou je ne sais quoi d’autre. Mais on peut, dans une certaine mesure, le conditionner, le prévoir. Le futur n’est au final que le résultat d’éléments passés. Le futur est une combinaison logique d’une énorme quantité de paramètres. Celui qui peut prendre en compte tous ces paramètres peut se la jouer devin. Mais voilà, même moi, si intelligent, je ne le peux pas. Des éléments nous échappent forcément. Pour déceler tous ces éléments il faudrait tout connaitre des règles de notre monde, autant au niveau des sciences dites exactes que des sciences humaines. Bref, pour déterminer l’avenir par déduction logique sans marge d’erreur, il faut le savoir absolu. La marge d’erreur, justement, qu’est-ce que c’est au juste ? C’est ce qu’on appel le hasard, l’imprévu ou encore la coïncidence. C’est rien de moins que l’absence de paramètres dans la déduction de l’avenir.

Bon, c’était la petite réflexion du matin. Gratuite et pas très utile, j’me demande même pourquoi je l’ai faite. Alors au lieu de t’assommer avec le futur, restons au présent. Ce qui est amusant, c’est que le présent devient le passé. Et le passé fait le futur. Donc le présent fait le futur, qui lui-même deviendra présent. Donc le futur fait le futur, c’est génial ! Ok, stop, j’arrête de déconner. Plus sérieusement, je cogite pas mal en ce moment. Disons que je pense au futur et que je m’efforce de le préparer. On l’a déjà vu par le passé, ce sont parfois de simples petites idées qui font de grands projets. Et justement, j’ai une idée. Enfin non, j’en ai des millions mais une tout particulièrement.

C’est donc le matin, 9h51 exactement. Je me suis réveillé, il y a peu. Et pour tout te dire, j’ai l’impression qu’il me manque un peu de sommeil. Inutile d’en chercher loin la cause. Mais ça ne m’empêche pas de trifouiller le Binôme. Toute une partie de ma conscience est absorbée dans cette tâche. Et quand je dis trifouiller, c’est pas exagéré. Une fois n’est pas coutume, je suis sorti du cadre normal d’utilisation de mon ordinateur de bord. Une pareille entreprise n’est pas anodine. Le Binôme a la main sur tous les composants de mon corps robotique. Une mauvaise manipulation pourrait faire des dégâts. Techniquement, je peux pas me flinguer à moins vraiment de le faire exprès, mais me mettre HS, ça c’est plutôt facile. Mais je suis pas un abruti, je pense que tu l’as deviné, alors j’y vais avec méthode et prudence. De plus, je suis ici dans mon bureau, à CTI, tout à côté du Nid, cette pièce avec le matos nécessaire pour me réparer de A à Z. Donc vraiment, les risques ne sont pas démesurés. Bref, je suis en train d’errer dans les couches profondes du logiciel de l’Araignée. Je cherche en fait à mettre le doigt sur des fonctionnalités précises dont normalement je n’ai pas l’utilité. Mon corps a été conçu pour me permettre de vivre dans l’environnement réel. Or, ce que je cherche, c’est au contraire de déformer ma perception de la réalité.

Face à moi, une montagne d’infos et de paramètres, tout ça présenté sobrement en texte brute de couleur vert sur fond noir. Ça donne l’impression d’un Bios pour Windows. Pour l’instant, mes efforts ont été peu fructueux. J’suis un spécialiste de la robotique, pas de l’informatique. Bon nombre des lignes que je vois ne me semblent pas très clairs. Toutefois, j’ai quand même déniché un ou deux petits trucs sympas. Je me lance dans un test.

Je cache l’interface du Binôme au profit des images des caméras. Je suis perché en ce moment sur mon fauteuil, adapté à ma forme de pieuvre robotique. L’adaptation consiste essentiellement à me surélever parce que sinon, de l’autre côté du bureau, on me verrait pas. C’est pas cool quand même, hein ? Bref, je suis sur mon fauteuil, face à mon large bureau qui lui est très classique. Sur ce bureau, j’ai posé un verre en plastique jaune. Il est vide. D’un tentacule, j’attrape le verre et je le soulève légèrement. Je fixe le verre et j’ordonne au Binôme de désactiver les caméras. Me voilà aveugle, dans le noir. Mais je sens encore le verre prit entre les trois griffes de la pince qui me fait office de main. J’ordonne au Binôme de désactiver le capteur olfactif. Rien ne change vis-à-vis du verre, il n’avait pas vraiment d’odeur. J’ordonne au Binôme de désactiver mes capteurs auditifs. Là encore rien ne change pour le verre car il ne faisait pas de bruit. Enfin, j’ordonne au Binôme de désactiver mes capteurs tactiles. Cette fois, je ne sens plus le verre. Je ne sens plus rien. Je suis dans le néant, comme coupé de la réalité. Je réaffiche l’interface du Binôme, toutes ses lignes de texte. Et je me pose cette question : est-ce que le verre existe encore pour moi ? Plus largement, est-ce que la réalité existe encore pour moi ?

Je sais que le verre et la réalité existent. Mais en cet instant, je n’ai plus de preuve. Je bouge mon tentacule, celui qui tient le verre. Je le fais au hasard car je n’ai plus la moindre infos, le moindre retour sur mon action. J’ordonne ensuite au Binôme de tout réactiver. Je vois alors que le verre est tombé sur la table. Il m’a échappé pendant que je bougeais le tentacule. Mais rien ne me l’avait indiqué. Conclusion, le verre n’existait bel et bien plus pour moi. Je l’ai fais disparaitre en me coupant de la réalité. Et je peux me couper de la réalité car je demeure dans le virtuel.

C’est là que ça devient très intéressant. Pour moi, qu’est-ce que la réalité ? Ce qui est ? Ou ce qui semble être ? Test suivant. Je remets le verre debout sur le bureau. Puis, j’ouvre un logiciel de dessin. Je regarde bien le verre et je copie l’image de mes caméras. C’est comme si je venais de prendre une photo. J’envoie l’image dans le logiciel de dessin et je détoure le verre. Enfin, je place l’image de ce verre détouré à côté du vrai verre, sur l’image de mes caméras. Question : et maintenant, pour moi, quel est le vrai verre ? Ok, c’est celui de droite, parce que je le sais et puis lui, il a une ombre, pas l’autre. Mais si j’avais fais plus d’efforts, visuellement, je n’aurais pas pu faire la différence et donc, pour moi, il y aurait deux verres sur mon bureau alors que dans la réalité, il n’y en a qu’un. Et si ce « faux » verre était un vrai objet 3D avec une physique ? Comment, moi, je fais la différence entre lui et l’autre ? Et bien je ne le pourrais pas, tout simplement. Parce que ma réalité, ce n’est pas la réalité. Ma réalité est virtuelle.

« Réalité virtuelle, » voilà on y est. J’ai mis au point une réalité virtuelle sans même le savoir. Ma fameuse idée part d’une simple constatation, une évidence qui m’avait pourtant échappé jusqu’à quelques jours. Tout d’un coup, on frappe à la porte. Il est 10h02.


-Entrez !

L’un des employés de CTI se présente à moi. Il s’appelle Antony Madvati. C’est un gars d’une trentaine d’années. Il est responsable du service informatique. Lui et son équipe ont développé le Binôme et c’est justement pourquoi je lui ai donné rendez-vous. Il a l’air un peu tendu de se retrouver face à moi. Faut dire que ma tronche de boite de conserve à tentacules à de quoi dérouter. En plus, mon écran facial affiche ma fameuse tête smiley verte souriante.

-Monsieur Goldfox, vous vouliez me voir ?
-Non ! Pas de « monsieur Goldfox » ! Les médiats m’en font bouffer matin midi et soir du Monsieur Goldfox ! Moi c’est Johnny, Johnny tout court !

Mon écran facial vient de se remplir de points d’exclamation et ma tête verte s’est mise à fumer en devenant toute rouge. Madvati se reprend donc, intimidé. Le pauvre, je l’aide pas à être en confiance. Heureusement que j’ai pas mit le son d’alarme stridente en plus. La tête sur l’écran redevient verte et souriante.

-Johnny, vous, vous vouliez me voir ?
-Tout à fait ! Mais je t’en pris, assis-toi.

Il s’exécute. Il fixe maintenant le verre en plastique jaune. Je note au passage qu’il regarde le seul qu’il peut voir, le vrai, alors que pour moi, y’en a toujours deux.

-Bien. J’ai une idée Antony, et je compte sur toi pour m’aider. L’informatique, c’est ton domaine. Ton avis va donc m’être précieux. Tu te souviens du bug d’il y a quelques jours ? Celui qui m’avait ôté mes capacités tactiles ?
-Oui monsieux… heu.. Johnny. Ce n’était pas grand-chose. Le patch est-il satisfaisant ?
-Oui, oui, pas de problème à ce niveau. Mais le bug m’a ouvert les yeux. Il m’a fait entrevoir… une évidence. Tout ce que je perçois n’est rien qu’un ensemble de données numériques, des 1 et des 0, du virtuel. Je vis dans le virtuel. Tu me suis ?
-Oui.
-Ce que je vois, j’entends, je sens, tout ça viens des capteurs et tout ça passe par le Binôme.
-Tout à fait.
-Si j’ai l’impression d’être l’Araignée, cette machine, c’est bien parce que le Binôme me le dit, n’est-ce pas ?
-Oui, c’est ça. On a retraité les données sensorielles en ce sens.
-Alors si on change les infos du Binôme, je pourrais tout à fait être quelqu’un d’autre dans un autre monde, au sens virtuel uniquement j’entends. C’est ça ?

Madvati se met à réfléchir. Pendant ce temps, une partie de moi s’amuse à dupliquer mon fameux verre détouré pour le coller un peu de partout. Maintenant, j’ai 500 verres sur ma tables et mon cher employer est même coiffé de verres. Ok, quand il bouge la tête, les verres ne suivent pas, mais c’est l’intention qui compte. J’suis un vrai gosse, c’est fou !

-Et bien, oui. Mais où voulez-vous en venir ? Je ne comprends pas très bien.
-Je suis dans une réalité virtuelle et je me dis qu’il est très dommage de ne pas en profiter. J’aimerais être en mesure de me créer mon propre corps virtuel afin d’évoluer dans ma propre réalité virtuelle. Est-ce possible ? Peux-tu créer le programme nécessaire, programme qui se baserait sur les bases du Binôme ?
-Et bien… dans l’absolu, oui. On va se heurter à quelques problèmes, de puissance par exemple, mais rien d’infranchissable.
-Pourquoi une réalité virtuelle factice serait-elle plus lourde à supporter qu’une réalité virtuelle calquée sur l’environnement ?
-Dans le second cas, la réalité existe alors que dans le premier, il faut la stocker. Mais couplé à un ordinateur, le Binôme peut s’en sortir.
-Je vois. Effectivement.
-Donc, si je vous suis, vous voulez un outil vous permettant de vous projeter dans un monde factice avec un corps factice, un peu comme dans un jeu vidéo en somme.
-Exactement. Comme dans un jeu vidéo.

J’ai la nette impression qu’il a saisit le fond de ma pensée. Et je crois déceler dans son regard une lueur d’intérêt.

-Antony, ce projet bien qu’encore officieux est prioritaire. Je compte sur ta discrétion et celle des éventuelles personnes que tu impliqueras. Si Mescova te demande des comptes, tu me l’envoie. Elle n’est pas encore au courant. Je veux quelque chose d’un minimum abouti pour le lui présenter. Dans une semaine, on fait le point. Ha, et si ça avance bien, une gratification financière est amplement envisageable.

Notre entrevue se poursuit encore un peu, mais il est inutile que je continue de la raconter. Ce serait se perdre dans des détails sans importance. L’essentiel a été dit. L’idée est en marche, entre les mains d’un autre. Je suis impatient de voir le résultat…
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Johnny Goldfox
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MessageSujet: Re: La Marche de Lord Brain   La Marche de Lord Brain Icon_minitimeLun 11 Juin - 17:39

LA MARCHE DE LORD BRAIN

Chapitre 2
L’Ebauche d’un rêve

Comment ça, j’ai désorganisé le service informatique ? Mais pas du tout de pas du tout ! Enfin, si, un peu, mais c’est pour la bonne cause. Diable, Miss Mescova à l’œil partout. Ma manigance ne lui a pas échappée. Elle ne sait pas trop ce que je fabrique, mais elle sait que je fabrique quelque chose. Ce qui l’a étonné dans tout ça, c’est que c’est la première fois qu’une de mes initiatives officieuses devient une nuisance pour l’activité de CTI. Une petite nuisance, certes, mais quand même. Après s’être entretenue avec Antony Madvati sur ses mystérieux retards, elle est venue à moi. Je constate au passage qu’Antony sait garder les secrets. Une bonne chose, une très bonne même. En attendant, face à la PDG, j’ai dû fournir quelques explications. Enfin, « j’ai dû, » disons plutôt que j’ai bien voulu. Quoi que non, j’ai bien dû. Pour la suite du projet, il me faudra impérativement l’adhésion de Clara. Alors ce n’est vraiment pas le moment de me la mettre à dos.

-Ne t’en fais pas, ais-je dis. Toi qui n’arrête pas de me parler de la nécessité d’innover pour exister, toi qui ne jure que par la compétitivité et la rentabilité, ma cachotterie ne va pas te déplaire, loin de là. Dis-toi que je tiens peut-être tout simplement le renouveau de CTI dans ma petite cervelle. Je rêve de quelque chose de grandiose, de magistral , quelque chose qui nous projettera au devant de la scène pendant un bon bout de temps. Et encore… Ho, ne me regarde pas comme ça ! Mon idée n’a rien de farfelu. Au contraire, elle est tant à notre portée que j’aurais dû y penser plus tôt. Mieux vaut tard que jamais, n’est-ce pas ? Si je te dis rien, c’est que je te connais. Mon blabla ne va pas te convaincre. Or j’ai besoin que tu crois en ce rêve. J’ai besoin de toi pour le concrétiser. Alors, je monte mon dossier en quelque sorte. Ça ne va pas être très long. Quelques semaines, tout au plus. Et une fois prêt, je te ferais part de cette idée, démonstration à l’appui.

Mon discours l’a laissé perplexe, mais elle m’a accordé le bénéfice du doute.

-Très bien Johnny. Il me tarde de voir ça. Je laisse Antony tranquille mais ne tarde pas trop. J’aime savoir sur quel pied danser.

Ça c’est conclut comme ça. Et le lendemain, fidèle au délai fixé, c’est monsieur Madvati qui s’est présenté à mon burreau. Il n’est pas seul. L’un de ses subordonnés l’accompagne. Pendant que ce dernier installe un post informatique sur ma table, faut dire qu’il n’y en avait pas puisque je suis un ordi ambulant, Antony débute ses explications.

-Voilà Johnny. Comme vous me l’aviez autorisé, j’ai mis dans le secret Paul Garden avec qui j’ai l’habitude de travailler en duo. Il a été très impliqué dans la conception du Binôme et votre projet l’a, je dois dire, très motivé.
-Fort bien. Me voilà ravi de l’apprendre. J’imagine que bosser sur cette réalité virtuelle est comme un bol d’air frais au milieux de tous ces programmes médicaux.
-On peut dire ça comme ça, en effet. Ça change de contexte.

Je remarque son sourire un peu forcé. Il est toujours tendu. J’espère qu’il est arrivé à quelque chose car s’il est juste venu m’annoncer son échec ou un pitoyable piétinement, je vais mal le prendre. Je le laisse continuer. Mon smiley vert le fixe avec son éternelle face amusée.

-On est encore très loin de la maquette qu’on s’est fixé…

Ho bon dieu, je vais faire un malheur ! Ce projet me semble si prometteur que l’idée même du retard m’est insupportable !

-…mais on a déjà mis au point le concept de base. Vous allez pouvoir le tester.
-Qu’entends-tu par « concept de base » ?
-L’immersion dans une réalité virtuelle factice. Vous n’allez pas pouvoir y faire grand-chose, l’environnement va être très limité, mais nous avons réussi, même de façon basique, à y implémenter les quatre sens que vous utilisez, c'est-à-dire tous sauf le goût.
-Je vois.

Me voilà rassuré. Ok, j’aurais voulu plus, mais pour un premier test j’imagine que c’est honnête. Il faut bien débuter quelque part. Paul a terminé d’installer l’ordinateur. Je remarque le cable USB qui doit m’être destiné. Pendant que la machine s’allume, Antony poursuit.

-Pour le principe d’immersion, on s’est basé sur Avatar. La logique est exactement la même que quand vous prenez le contrôle de votre mannequin. Sauf qu’au lieu de basculer vos sens sur les capteurs d’une autre machine, vous allez vous projeter dans un programme. On a baptisé ce programme Chimère.
-Donc à mon niveau, je suis la même procédure que pour Avatar. Chimère va devenir un module du Binôme. C’est bien ça ?
-Exactement. Cet ordinateur est Chimère. Par précaution, on n’a mit que le programme, vraiment pour restituer les conditions d’Avatar. Mais théoriquement, ce n’était pas utile. Vous devriez être en mesure de détecter Chimère même dans un environnement Windows classique.
-Et bien, on fera le test si celui-ci est concluant. Pouvons-nous débuter ?

Antony se tourne vers Paul qui lui fait un signe affirmatif. Je constate en passant que Paul n’a pas décroché un mot depuis qu’il est dans mon bureau.

-Oui, c’est bon, vous pouvez vous brancher. On pourra vous voir depuis l’ordinateur et notre communication pourra se faire via un texteur.
-Ça marche !

J’attrape d’un tentacule la prise USB et l’introduit dans mon connecteur. J’attends, vraiment impatient. Car oui, j’ai plus que hâte d’expérimenter cette réalité virtuelle. Au bout de dix secondes, je commence à me dire que c’est long mais je vois enfin un message m’avertir que je suis connecté à Chimère. C’est vrai que la procédure est identique à celle du Mannequin. Le Binôme me demande de confirmer mon désire de donner la main à Chimère. Je dis oui. Et hop, c’est le noir total, le néant absolu. Je me dis que là encore le temps d’attente va être plus long mais non. Une seconde plus tard, je me retrouve dans une pièce, une sorte de salon très simple. La salle est carrée. Le sol est un planché recouvert en son centre par un tapis. Et sur ce tapis, y’a une table basse. Et sur cette table, y’a un pot de fleurs. Les murs ne comportent ni porte, ni fenêtre. Impossible de sortir. En face de moi, il y a une cheminé dans laquelle brûle un feu vif. Sur la gauche, contre le mur, y’a une horloge. Et puis c’est à peu près tout.

Ce qui me frappe tout de suite, c’est la pauvreté du décor. Il n’y a pas de nuance et la gestion de la lumière est vraiment simpliste. L’ombre de la table est foireuse. En fait, c’est simple, je n’ai pas du tout l’impression que la cheminé éclaire vraiment la pièce. Au niveau sonore, c’est mieux. J’entends le crépitement de l’âtre et le tic tac de l’horloge. Au niveau olfactif, pour l’instant, je sens rien du tout. Et moi, qui suis-je dans tout ça ? Et bien je suis assis sur un fauteuil. Je le sens sous moi. J’ai l’impression que c’est un bloc de plastique rigide.

Une fenêtre s’ouvre en haut à gauche de ma vision. Une ligne est apparu : « Vous êtes là, Johnny ? » Je réponds « oui. » Puis j’ajoute : « je prends mon temps, ne t’en fais pas. » En fait, je n’ai pas envie de discuter pour l’instant. Je préfère expérimenter tranquillement ce monde créé de toute pièce. Antony, je devine que c’est lui, ajoute : « Ok. Ce texteur s’appelle ChimèreTXT. Si vous le fermez, vous pouvez le retrouver sous ce nom. » Je jette un coup d’œil à l’interface du Binôme. Effectivement, je vois ChimèreTXT. Je ferme donc la fenêtre pour profiter pleinement de cette salle virtuelle.

Je me regarde. Je suis un homme en costar-cravate dont la modélisation est à l’image de la pièce : assez simple. Je note que je ne suis pas gros, comme avec le mannequin. J’incarne donc bien un nouveau corps. Je passe ma main sur ma cravatte. Elle n’est qu’une image sur ce corps virtuelle. Je ne la sens pas. Je ne peux pas la prendre. Je me lève et m’approche de la table. Brutalement, l’odeur des fleurs me frappe de plain fouet. CE sont des roses. Cette odeur est plutôt fidèle. Je recule et hop, je ne sens plus rien. J’avance et hop, j’ai l’odeur au max. Ok, j’ai pigé. Là-aussi, il n’y a pas de nuance. L’odeur doit occuper une sorte de sphère invisible. Dès que je suis dans la sphère, l’odeur est là, dès que j’en sors, elle n’est plus là. Je me baisse, je touche la table. Est-ce qu’elle existe, elle ? Oui. Elle me fait le même effet de plastique sous mes doigts. Je touche le pot de fleur. Lui-aussi semble être en plastique alors que l’image me montre un pot en terre. Ma main passe à travers les fleurs. Elles n’ont aucune physique, elle n’ont pas été modélisée. Je prends le pot de fleur. Il n’a aucun poids. Je le lance contre le mur. Là, j’ai envie de rire parce qu’en fait, sitôt lâché, le pot de fleurs reste en l’air, immobile, en lévitation. Aucune gravité. Je me déplace et je remarque que les bruits me suivent de façon illogique. Je tourne sur moi-même et cette fois c’est sûr, les sons n’ont aucune position 3D. Je les entends de la même façon quelle que soit ma position. Je m’approche de la cheminé et je mets ma main dans le feu. Je suis stoppé par une paroi invisible. Je me tourne, je regarde le pot, toujours en l’air. Puis je me tourne vers un mur et j’essaye de le traverser. Impossible.

Que penser ? Et bien en fait je suis très satisfait. Oui, ok, y’a encore beaucoup de travail mais l’objectif a déjà été rempli : je suis un autre dans un autre monde. Plutôt que de recommencer la communication textuelle, je mets fin à l’immersion virtuelle. Me voilà de retour dans la réalité. Je me redresse car mon corps robotique s’était affalé. Les deux développeurs me regardent. Ils attendent le verdict.


-C’était cool ! Ça a marché du feu de dieu ! Cette réalité virtuelle a beau être foireuse, il y a déjà du touché et de l’odeur et ça, c’est une révolution ! Les gars, c’est sur la bonne voie ! Faut continuer comme ça !

Paul se détend. Antony, pas vraiment. Ça commence à m’intriguer.

-Pour quand la maquette ?
-Deux semaines, trois tout au plus.
-Avec le pistolet, les monstres et tout ?
-Oui, c’est tout à fait faisable. On ne va rien modéliser nous-même. Y’a assez de modèles disponibles. Et pour tous les problèmes de physiques, on va prendre un moteur de jeu existant. C’est vraiment que du bidouillage.
-Parfait. Dans un peu moins de trois semaine, c’est l’aniversaire de Miss Mescova. Je veux lui présenter le projet ce jour là. Si vous êtes dans les temps, c’est 10000 $ pour chacun. Et je vous annonce que vous avez déjà gagné autant.

Et voilà, j’ai fais deux heureux motivés à bloc. Avant que ne sorte mes deux employés, je pose la question fatidique.

-Au fait, Antony, pourquoi tu stresses ?
-Heu… je stresse ?
-Oui, à chaque fois que tu es devant moi. Je te fais peur ?
-Et bien... pour tout dire, c’est votre tête smiley verte. Elle met mal à l’aise.
-Quoi ? Tant que ça ? Ok, merci. Je ne savais pas.
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MessageSujet: Re: La Marche de Lord Brain   La Marche de Lord Brain Icon_minitimeMer 20 Juin - 16:35

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Chapitre 3
Smiley War

Ce matin, il y a une joyeuse ambiance dans le bureau de notre estimé PDG. Aujourd’hui, Clara Mescova a 42 ans. Ça en fait des bougies ! Ho, les tricheurs : ils n’en ont mis que deux, une qui représente un 4 et l’autre un 2. Le gâteau est petit alors le défi d’y faire tenir 42 bougies aurait été, ma foi, digne d’intérêt. Tant pis. En attendant, la pièce, pas très grande elle-aussi, est bien pleine. Elle résonne du bourdonnement des voix. On est pourtant en comité assez réduit. Mescova a tenu a fêter ça dans son bureau, pas dans la salle de réunion où plus de monde aurait pu venir. Non en fait, elle ne voulait pas du tout fêter ça. On l’a un peu forcé. Elle s’est résignée, de bonne grâce, tout en martelant qu’on allait rester là, et surtout pas déranger le reste de l’entreprise. Diable, elle a vendu son âme au travail la bougresse ! Ok, je suis mal placé pour dire ça, moi qui continue de bosser même en cet instant. Mais c’est pas pareil. Moi je suis multitâches. Mais assez de considérations de ce genre.

Il y a ici, rassemblé autour de la tâble, à peu près tout le haut de l’échelle hiérarchique de CTI. Je ne vais pas mettre un nom à tous ces visages. Tu ne les connais pas, alors à quoi bon ? Garry Weps est là. Antony Madvati et son collègue Paul Garden sont là aussi. Moi j’ai le mérite de ne pas tenir beaucoup de place. Je suis sur la table, entre le gâteau déjà bien diminué, la bouteille déjà bien entamée, les verres et une pile de dossiers poussée à la vas-vite pour ménager un semblant d’espace. J’ai les trais de l’Araignée. L’ambiance est somme toute assez cordiale. Tout n’est pas rose à CTI. Comme partout, l’entreprise à son lot de conflits et de prises de bec. Mais on n’a pas trop à se plaindre. On est à mille lieux des atmosphères tendues de certaines firmes. Effacer les différents le temps d’une petite fête est donc chose aisée.


Moi j’dis, CTI c’est comme un phare dans la tourmente ! Notre pays se tape crise sur crise mais nous, c’est le paradis ! Fichtre, madame Mescova, vous avez pactisé avec le diable pour écarter la tourmente financière de mes liasses fiscales ?

Lui, c’est notre expert comptable, un type très correcte mais prompte à la bouteille. D’ailleurs il est déjà un peu éméché. On le sent à son ton et à son air exubérant. D’habitude, il est plutôt gris. C’est fou, l’alcool le métamorphose !

-Pas besoin du diable quand on a Johnny dans une main et une stratégie solide dans l’autre. Il le dit lui-même : il invente, je vends.

Clara me lance un coup d’œil appuyé. Jusqu’à présent, on n’a dit mot sur mon fameux projet secret mais bien sûr elle n’a pas oublié que je lui ai promis de lui exposer la chose aujourd’hui même. Moi non plus je n’ai pas oublié. Mine de rien, c’est un moment crucial qui va bientôt se jouer. Sans l’aval de Mescova, mon projet ne pourra pas voir le jour. J’ai vraiment besoin de son savoir faire. Moi, avoir besoin de quelqu’un… c’est étrange quelque part. Ne suis-je pas l’un des êtres les plus intelligents de ce monde ? Je tiens cela comme une absolue certitude mais force est de constater que je n’ai pas tous les talents. Clara a le commerce dans la peau, à croire qu’elle est née pour ça. Je peux me débrouiller, certes, j’ai quand même de quoi me défendre en ce domaine. Je communique très bien par exemple. Mais elle, elle a le petit truc qui me manque, ce machin inexplicable qui fait qu’elle est exceptionnelle. Intuition féminine ? Ha, si je pouvais trouver, si je pouvais comprendre ! Bref. Pour l’instant, mon smiley vert, affiché sur mon écran facial, se contentent de montrer un sourire plus large. Et les joyeux bavardages continuent. D’un sujet on passe à l’autre, et ainsi de suite. Une partie du personnel, les cadres surtout, se sont cotisés pour faire un cadeau au PDG. C’est notre DRH qui le lui offre. Il s’agit d’une boite assez grosse, enveloppée dans le traditionnel papier brillant. Prit dans le ruban, il y a une petite carte signée par un bon paquet de personnes, dont moi-même. On peut également y lire un petit mot fort sympathique mais peut-être un peu trop classique à mon goût. C’est sûr, si c’était moi qui m’étais chargé de ça, j’aurais fais dans l’original ! Mais passons. Clara découpe le papier d’un coup de cutteur fort bien ajusté, puis ouvre la boite et découvre un appareil photo. Attention, c’est le modèle pour les pros. Il est pas numérique celui-là, il est à l’ancienne mais de l’avis des pros, justement, le numérique c’est nul. Miss Mescova est contente. Son vieil appareil avait rendu l’âme, il y a peu, après bien vingt ans de loyaux services. Je vous l’ai jamais dis mais Clara a comme principal loisir la photographie. Mais elle, elle ne va pas photographier les animaux ou les paysages. Son truc, ce sont les décors urbains, les usines, les rues plaines de monde, les gros engins aussi, et les portraits également. Comme tout ce qu’elle fait, elle le fait bien. Là encore, dans ses images, on retrouve ce petit quelque chose si spécial, si unique. Elle sait trouver le bon angle, la bonne lumière, le bon moment. Elle capte la vie dans son objectif, c’est dingue ! C’est pas par hasard que les trois carts des photos sur notre site web et nos documentations viennent d’elle. Zut, pour un peu, elle va me rendre jaloux ! Comme quoi, y’a vraiment pas besoin d’un gène X pour être exceptionnel.

Onze heure arrive. Le temps passe vite, bon dieu ! Dans le bureau, un à un, les gens commencent à partir. Les discussions se font plus professionnelles. C’est la fin de la fête qui, je le devine au regard de Mescova, a déjà durée trop longtemps selon elle. Garry est tenté de rester. Je ne l’ai pas mis dans le secret. C’est la première fois que je débute un projet en me passant de ses services. Comme à peu près tout le monde dans l’entreprise, maintenant, il sait que je manigance quelque chose, et ça doit le déranger. Il doit se sentir écarté. De mon point de vue, je n’avais pas à lui en parler puisqu’il ne m’était pas utile. Je m’entoure des personnes adaptées au projet, c’est logique quand même. Et d’ailleurs, sa présence n’est toujours pas désirée. Je me charge de le lui faire comprendre de façon détournée.


-Garry, tu me diras si on est prêt à passer en expérimental pour les nouveaux capteurs tactiles. J’attends ton rapport pour 15h. Tu m’as dis que c’était presque bouclé.

Il comprend. Il n’insiste pas. Maintenant, il n’y a dans la pièce que moi, Antony Madvati, Paule Garden et Clara Mescova. Celle-ci finit de débarrasser les restes de la fête pour que sa table retrouve son aspect habituel, puis elle se tourne vers nous.

-Alors ? Ce fameux projet ?
-C’est quand tu veux.
-Combien de temps ?
-Une heure je dirais. Après ça dépends de toi. Ça va se passer dans mon bureau. Tout est déjà prêt là-bas.
-Ok. Alors Allons-y.

Elle s’arme de quoi noter. Elle n’y va pas pour rigoler, ça c’est sûr. J’ai désorganisé notre service infos, alors elle va pas me louper si ça n’en valait pas la peine. Mais c’est tant mieux. Elle prend ça au sérieux. Nous quatre sortons du bureau, moi en tête, marchant de ma petite taille à même le sol avec mes tentacules, puis on gagne mon propre bureau. Sur ma table se trouve toujours l’ordinateur d’où part un câble USB qui n’attend que moi. Je monte sur la table, à côté du câble. Antony allume l’ordinateur et s’installe un peu plus loin pendant que son collègue remplace le siège devant le moniteur, siège adapté à ma personne, par un siège ordinaire. J’invite Clara à prendre cette place. Puis je débute la présentation par une introduction orale.

-Voilà Clara. L’objet de cette démonstration est donc de te soumettre ma dernière idée. Elle vise à conduire CTI sur un tout autre marché que celui du médical. Même si en apparence il s’agit d’une diversification radicale de notre activité, ce n’est en réalité que le détournement de nos technologies, de notre travail, vers une autre finalité. Notre dynamique initiale nous ouvre à présent des portes que nous n’avions au départ même pas deviné. Ce que je vais te montrer ne nous a demandé que quelques semaines d’efforts avec uniquement deux développeurs, ici présents. Autant dire que c’est totalement insignifiant par rapport à un projet classique tel que nous les menons actuellement. Pour la suite de la présentation, ça se passe sur l’écran.

L’ordinateur est prêt. Je me branche. Clara est concentrée. Elle ne perd pas un seul de mes mots. Je vois le Binôme qui me signale la connexion avec Chimère. Je donne la main à ce module. Je suis calme. On a tout testé avant. On a eu deux bons jours pour ça. Mes deux compères ont vraiment fait du bon travail. Ils m’ont assurés que c’était pas difficile et c’est pour moi une raison de plus qui me pousse à penser que mon idée est géniale. Je me retrouve dans le néant, coupé de tous mes sens. Puis me voilà dans… Smiley War !

Je suis un smiley vert en 3D. De ma grosse tête ronde part deux bras et deux jambes assez cours. J’ai des gants blancs et des chaussures de la même couleur. Ma face est identique à celle qu’on peut voir si souvent sur l’écran de l’Araignée. Oui, je suis Lord Brain, enfin presque. La version définitive aura un chapeau blanc de cowboy, un foulard noir et une cape blanche. Peut-être qu’on fera passer les gants et les chaussures en noir aussi. Bref. Autour de moi, un décor très simple. Je suis dans une salle carrée aux parois d’acier. Des néons au plafond l’éclair en vert. Sur le sol est écrit en gros « DEPART. » Les lettres sont lumineuses, vertes également. Une unique porte se présente à moi, genre futuriste. Pour l’instant, elle est close. Une musique techno commence à se faire entendre.

Je sais que Clara me voit sur l’écran. Elle dispose d’une vue à la troisième personne comme dans un jeu vidéo. D’ailleurs, c’est un jeu vidéo. Et j’en suis le héros. Je vais fouiller dans l’interface du Binôme pour ouvrir le module de communication. Dans la première version de Chimère, il était textuel. Maintenant, il est visuel et vocal. Je vois Miss Mescova par l’intermédiaire de la webcam de l’ordinateur. Elle semble perplexe. Mais c’est normal. Les jeux vidéos, c’est pas sa tasse de thé.


-Clara, je te vois et je t’entends. Et toi, tu vois ce petit personnage vert qui te fait coucou ?

Je me retourne et je fais coucou de la main. Je fais face à un mur d’acier. Pour être sûr de voir ce que vois Clara, j’affiche un autre module qui me montre le rendu de l’écran. Ce module me permet aussi de contrôler la caméra à ma guise.

-Oui, je le vois Johnny.

La voix de Clara est altérée par le médiocre micro de l’ordinateur. C’est sûr, ça ne vaut pas mes capteurs auditifs. Mais ça souligne le fait que je ne suis plus dans le même monde qu’elle.

-Et bien, c’est moi. Attention, je n’imagine pas être ce smiley comme un joueur de jeu vidéo imagine incarné son héros préféré. Ici, il n’y a pas de place à l’iimagination, c’est un fait. Je SUIS ce personnage. Je peux me voir…

Je mets mes mains devant moi. Je les vois comme dans la réalité je verrais mes tentacules.

-…je peux me toucher…

Je porte une main sur ma tête et je sens SOUS MES DOIGTS une surface lisse. Je fais glisser mes doigts dessus. La friction fait un petit bruit de plastique.

-…je peux me sentir…

J’approche ma main de là où devrait se trouver mon nez. Celui-ci n’est pas visible mais il existe. Faudra certainement le symboliser par quelque chose. En tout cas, je sens le caoutchouc de mes gants. L’action de sentir est presque passive. Je ne respire pas. Je ne renifle pas. Je ne peux pas humer l’air. Je peux juste faire attention aux odeurs ou pas. C’est un détail qui, me concernant, ne me dérange pas, mais qui appliqué à quelqu’un d’autre peut devenir problématique. Pour terminer ma démonstratio sensorielle, j’utilise un troisième module, l’équivalent de la console de triche. Je comande l’apparition d’une pomme rouge. Cet objet, dans Smiley War, redonne de l’énergie vitale. La pomme tombe à côté de moi. Je la prends.

-…et je peux goûter des choses.

Je mange la pomme, ou plutôt je la gobe d’un seul coup car ma bouche est énorme. Je sens le goût du fruit. Ça ne me laisse pas du tout indifférent car le goût, vois-tu, c’est le sens qui me manque avec l’Araignée et le Mannequin, c’est le sens que je n’ai pas dans la réalité. Mais je l’ai là, dans le virtuel. En l’espace de deux jours, j’ai dû gober cinq cent pommes. Mescova a l’air pensive désormais. Je crois que c’est bon signe. Même si à son niveau, ma présentation ne paye pas de mine, elle doit commencer à se rendre compte de ce que je veux mettre en valeur.

-Je suis dans une réalité virtuelle, Clara. Nous y avons intégré les cinq sens. Moi-même, j’y ai retrouvé le goût. Ça fait des années que je n’avais rien mangé et c’est là, dans ce monde factice, que je prends mon premier repas depuis tant de temps ! Cette réalité, je l’ai inventé sans même m’en rendre compte. Elle fonctionne grâce au principe de l’Interprète et des données sensorielles. Après, pour mettre en place cette maquette, c’était du bidouillage. Antony et Paul peuvent en témoigner. Et il est grand temps d’exploiter cette réalité à sa juste valeur !

Je me retourne et je franchis la porte. La musique techno, très discrète jusqu’à présent, prend plus d’ampleur. Devant moi, un couloir. Je trouve un pistolet, style cartoon. Je le prend et déjà se présente un smiley rouge, grimaçant. Lui n’a pas d’arme. Je le dégomme. Une balle en plaine tête, facile quand la tête fait 80% du corps. Il tombe et se volatilise.

-Je sens la vibration de l’arme quand je tire.

Ça continu et très vite le jeu prend du rythme. Les ennemis se multiplient, les couloirs et les salles aussi. Je tire, j’esquive, je tue. Bientôt, j’ai une mitrailleuse dans les mains mais les ennemis arrivent par dizaines et sont armés, eux-aussi.

-J’entends les balles autour de moi ! Je sens la poudre ! Quand je me fais toucher, ça pique ! Cllara, cette réalité est d’une pauvreté affligeante et c’est déjà hyper immersif !

Oui, je me fais toucher, mais je fais exprès. En réalité, ma vitesse de réaction est telle que je peux faire un sans faute alors que la difficulté est déjà énorme. Encore un peu et j’ai un lance-roquettes dans les mains. Les smiley arrivent en comando. C’est un déluge de tirs. Je passe les portes, je trouve des pommes pour me restaurer, je trouve des clefs pour ouvrir des portes verrouillées. Mais je ne fais pas durer la partie. Je me laisse tuer, sans trop le montrer. Moins j’ai d’énergie vitale, plus je suis fatigué. Quand y’a plus rien, je tombe malgré moi et tout devient noir. Même cette parodie de mort, à mille lieux de la réalité, doit pouvoir en choquer certain. Je ne laisse pas la partie reprendre et je mets fin à la connexion avec Chimère. Me voilà de retours dans la réalité. Mais la présentation continue. D’un geste de tentacule, je montre à Mescova qu’elle peut se détourner de l’écran.

-Cette réalité virtuelle peut servir au jeu vidéo mais pas seulement. Je vois déjà d’autres applications mais je suis sûr que tu en trouveras plus que moi. Ce qui est sûr, c’est que c’est un outil extrèmement malléable et d’un énorme potentiel. Quoi qu’on décide d’en faire, il reste un point à réaliser pour la rendre exploitable. Pour l’instant, il n’y a que moi qui puisse y accéder. Car j’ai tout ce qu’il faut. Le but est donc de trouver un moyen de permettre à monsieur tout le monde d’y aller également. Or, ça tombe bien, le projet est déjà dans nos cartons.

Je suis toujours relié à l’ordinateur par le cable USB. Je m’en sers pour afficher un document, celui relatif au projet Intertrode.

-Comme tu le sais déjà, l’Intertrode est un Interprète fonctionnant avec des électrodes. Il permet d’être relié à un cerveau par simple application des électrodes sur le crane. Aucune opération, aucune intervention d’aucune sorte. Cet Intertrode pourrait être l’élément clé pour créer une sorte de casque d’immersion. Actuellement, l’Intertrode n’est pas au point. Il n’est même pas entré en phase d’expérimentation. Mais le projet est déjà entamé.

Clara a noté pas mal de choses. Elle ne semble pas du tout perdu. Au contraire, elle semble avoir tout bien saisit. Elle me coupe.

-Donc, si je récapitule, il nous faut ce casque d’immersion. Quand on l’a, la réalité virtuelle nous tends les bras. C’est ça ?
-Tout à fait.
-Il en est où ce projet d’Intertrode ?
-On a les bases. Mais si on veut entrer dans le vif du sujet et avoir des délais raisonnables, il va falloir mobiliser une grande partie de nos moyens. Comme tu me l’as si souvent dis, le temps est un facteur clé. La réalité virtuelle pour le grand public, personne ne l’a encore proposé. Il faut être les premiers ! Il faut avoir le monopole ! Je suis d’avis de donner une priorité absolue à l’Intertrode. S’il le faut, j’invistis pour augmenter notre marge de manœuvre.
-Autre chose à me dire ?
-Hum, non. Tout est dit.
-Je vais réfléchir à tout ça et je te dis ce que j’en pense.

Elle se lève et, sans rien ajouter, elle quitte mon bureau. Je la vois partir d’un pas décidé, l’air absorbé. Pas moins de deux heures plus tard, elle veut me revoir. A l’issue de ce nouvel entrevue, pas mal de choses ont été dites, pas mal de choses ont été prévues. Je ne dirais qu’une seule de ces choses : l’Intertrode a fait un bond sans précédent dans nos planning…

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