Le début des affaires [Pv Caolan]

Invité

La nuit est un moment délicieux que seul les idiots ne savent pas consommer. Tout est possible dans la semi-obscurité du clair de lune, du moins lorsque l'on connait les bonnes personnes. Hayden en avait ainsi fait les frais quelques temps auparavant, frais qu'il n'avait pas hésité à modifier à son gré pour acquérir une certaine autonomie. Aujourd'hui, il était particulièrement heureux, la liberté était grisante et c'est avec un plaisir non dissimulé que le jeune homme se rendait en boîte pour conclure une affaire juteuse. Seul lui pouvait s'occuper de ce cas, il le savait et il n'avait l'intention de n'en charger personne d'autre. En effet il devait rencontrer ce soir là un des baron de la mafia New-Yorkaise prêt à faire affaire avec lui pour revendre sa drogue dans le Walhala. Les négociations allaient être rude, mais le garçon avait une âme de marchandage digne de ce nom et grâce à son don, il avait pu préparer cet entretient largement à l'avance.

Derrière la vitre de la limousine qu'il avait loué pour la soirée, l'Oracle fixait avec concentration l'extérieur, son regard était en réalité perdu au loin dans les méandres de l'avenir, guettant avec attention ce qui allait se passer quelques temps plus tard, ses visions devenant de plus en plus claire au fur et à mesure que le jeune homme s'approchait de la boîte dans laquelle ils avaient convenus d'un rendez-vous.
Tout se déroulait comme il l'avait prévu et cela pour sa plus grande satisfaction. Il maitrisait beaucoup mieux son don depuis qu'il avait arrêter de consommer des drogues régulièrement. Il s'autorisa cependant un joint pour la circonstance, joint déjà roulé qu'il alluma avec plaisir sous le regard inquisiteur du chauffeur qui le fixait dans son rétroviseur. Il ne dit rien cependant, la paye de l'Oracle était une somme conséquente et à ce titre il pouvait bien le laissait faire ce qu'il voulait.

-Je souhaiterais que vous me déposiez devant le Snakes, s'il vous plait.

Hayden était déjà venu dans cette boîte par le passé, il était alors accompagné d'Oliver, un de ses amants qu'il n'avait pas revu depuis un long moment. Tant pis pour lui.

-Très bien , monsieur.

Sans plus de procédure, la limousine s'engagea dans l'allée qui permettait d'accéder à la boîte.

-Vous m'attendrez au parking, normalement je devrais en avoir pour deux heures environs.

-Pas de problème.

L'Oracle écrasa la fin de son pétard dans le cendrier prévu à cet effet et sortit de la voiture. L'air frais de la nuit le frappa au visage et le fit frissoner. Il ajusta sa coiffure en s'ébourrifant du bout des doigts quand soudain un événement imprévu cette fois-ci vint perturber le cours de sa soirée.
Il vit un jeune homme blond d'environ une quinzaine d'année. A sa grande surprise, il vit également que ce jeune homme pourrait lui servir à agrandir sa fortune.

-Voilà qui est intéressant ...

Invité

Un seul week-end par mois ! On ne lui laissait voir ses parents qu'une seul week-end par mois ! Comment pouvait-il supporter un tel isolement familial ? Lui qui avait toujours vécu dans un foyer peuplé de ses cinq frères et de sa sœur. Et surtout, comment pouvait-il résister à l'envie -non, au devoir- d'utiliser ce temps pour tout autre chose que de retrouver père et mère ? Le samedi soir était un moment beaucoup trop lucratif pour qu'il le passe dans un canapé à regarder une partie de baseball à la télé. En temps normal, il aurait été au « Fuss Below », où Donall, son frangin, travaillait comme barman. Le soucis était qu'il avait été viré à la suite d'une affaire de drogue que l'adolescent lui-même allait jusqu'à qualifier de louche. Dans la nécessité de se faire oublier, il avait donc dû trouver un emploi ailleurs, à savoir au « Snake », une boîte en plein New York. Concrètement, ça impliquait juste pour Caolàn de s'arranger pour passer la journée dans la mégalopole. Un petit boulot dans un bar pour couvrir les heures de pointe. Ça n'était pas plus crédible que ça, mais une fois la tension de l'arrestation passée, l'attention de ses parents était vite redevenue ce qu'elle avait toujours été à l'égard de ses activités : pratiquement nulle. Et puis, même s'il avait en réalité passé l'après-midi à faire le tour de la ville en scooter, il aurait une paie à faire valoir. Du moins si tout se passait bien.

Car, arrivé sur le parking public de la boîte à la tombée de la nuit, l'adolescent avait dû patienter plus que ce à quoi il s'attendait. Debout, accoudé sur son deux-roues, il s'impatientait. Sa seule compagnie était un homme, visiblement plus tout à fait en forme, qui cuvait on ne savait trop quoi dans le coin opposé entre deux sacs marrons. Caolán lui jetait des regards en coin dégoûtés, se demandant quel genre de personne pouvait se trouver dans un état pareil aussi prématurément : il n'était même pas minuit. Il avait dans son coffre une bouteille en plastique, ôtée de son étiquette et remplie à moitié d'un liquide bleu. Une cuvée toute fraîche. Il ne savait pas quel prix il pourrait en tirer le premier jour. Il serait peut-être de bon ton de commencer assez bas, pensa-t-il, puis d'augmenter le tarif à mesure que la demande serait plus forte. Néanmoins, il ne pouvait en faire le commerce assez souvent pour qu'une véritable dépendance s'affirme... Il pouvait peut-être tirer parti de cette restriction pour justifier de ne la céder que pour une coquette somme. En temps normal, il aurait été prêt à la procurer pour une bouchée de pain, histoire de faire rapidement décoller le marché. Mais à présent qu'il était enfermé 29 jours sur 31, il avait l'impression d'avoir un important manque à gagner.

-Alors, tu fais quoi ici ?

D'un mouvement rapide, il se retourna. L'homme saoul était à tout juste un mètre de lui. L’adolescent avait eu un moment d'absence, peut-être même s'était-il assoupi brièvement. Vraiment, ça ne lui ressemblait pas ; il augmenta légèrement la dose d'amphétamine dans son sang afin de compenser l'ennui de l'interminable attente. Il détourna la tête, n'ayant sur le coup aucune envie de discuter avec la loque qui venait de lui adresser la parole. Avec un peu de chance, il comprendrait que son désir de tailler le bout de gras n'était pas partagé.

-Hé, je t'ai parlé, connard, renchérit le poivrot d'une voix braillarde et marquée par l'alcool.

Ou pas. Tant pis, songea Caolán, après tout, c'était peut-être mieux que de n'avoir personne avec qui causer. Le parkings n'était éclairé que par des lampadaires, et la nuit était noire. Il n'y aurait plus manquer que le silence pour que l'ambiance deviennent angoissante. Finalement, il était presque reconnaissant à l'ivrogne de rompre le mutisme de la situation. Il devait bien mériter une réponse. Pas besoin d'une réponse de luxe. Une réponse murmurée du bout des lèvres suffirait.

-... J'attends, fit-il, en s'ordonnant fermement de ne pas rajouter « et toi ? ».
-Et t'attends quoi ? - l'homme cligna de l’œil bizarrement. Moi je viens ici, le soir, parce qu'ils me donnent un truc à boire. Pour que je reste pas trop prêt de l'entrée. Sinon, je fais mauvaise impression aux clients, tu vois l'genre. Et les brutes du patron ont plus de dent à me casser. Il sourit et dévoila une bouche presque vide. Ça, c'est le speed. Putain que le monde est cruel. T'es pas un peu jeune pour traîner dans le coin, d'ailleurs ? Il est à toi le vespa ?

En disant cela, l'individu s'était rapproché considérablement, tant et si bien que l'adolescent pouvait à présent sentir une odeur chargée émaner de lui. Frôlant le jeune homme, l'ivrogne posa une main sur le guidon. Instinctivement, Caolán fit un pas en arrière, et, manquant de trébucher sur son scooter, donna, mi pour se rattraper, mi pour le faire se reculer, un coup de pied dans les mollets du poivrot.

-Hé, on se calme ma ptite chérie ! - s'indigna le soiffard, soudain vaguement menaçant.

S'il tenait à se battre, c'était son problème, ou du moins, ça allait rapidement l'être. Il faisait bien trente ou quarante kilos de plus que l'adolescent, mais celui-ci n'était pas de nature à se laisser faire. Et Caolán lui n'avait pas un litre d'alcool dans le sang. Il avait bien pire.