La finance, c'est vraiment très intéressant ! [PV Sebastian Shaw]

Il n'en parlerait qu'avec le PDG.

Mais pour qui il se prenait au juste ce type ? Anna était pour le moins énervée, grognant dans son bureau alors qu'un de ses assistants quittait la pièce. Il venait de lui amener divers papiers avec des détails sur les transactions possibles avec monsieur Sebastian Shaw, possesseur de presque 14% de ClayLimb. Quel nom pourri... Ils étaient parmi les chercheurs les plus prometteurs dans le domaine des membres artificiels, notamment à base de muscles en nanofibre de carbone. Pour miss Howlsbridge, c'était évident : l'avenir était là. Il y avait bien des modèles de prothèses mécaniques fonctionnelles, mais... A base de moteurs, et tout le tintouin, ça demandait pas mal d'énergie et dans l'ensemble ces prothèses n'étaient pas bien adroites. En revanche les nanofibres, là...

Elle avait étudié de très près le travail de ClayLimb. Quel nom pourri franchement... Leur problème principal venait... En fait, non ils avaient plusieurs problèmes principaux. Le premier était bien évidemment l'interface homme-machine : comment faire pour que les ordres des nerfs soient compris rapidement et exécutés avec précision par une machine. Le deuxième était l'énergie : une batterie pleine durait quoi, allez, 48 heures maximum ? Mais Anna savait comment régler les deux soucis.
Elle n'était pas vraiment experte pour imaginer une nouvelle technologie révolutionnaire et la faire sortir de nulle part. Par contre, pour détecter les faiblesses d'un système, et l'améliorer de façon étonnante, là par contre... Et elle avait trouvé comment optimiser ces implants.

Par des enchaînements de circuits électroniques astucieux, elle avait trouvé comment faire en sorte que les fibres de carbone répondent aussi efficacement que des fibres musculaires, et le tout en n'utilisant les impulsions électriques envoyées par les nerfs. Mais que diantre, comment est-ce possible ? Simple : elle reliait les fibres de carbone au circuit optimisé, circuit relié aux nerfs directement. Pas besoin d'un processeur pour "traduire" le message nerveux en message informatique. L'impulsion électrique passait par le nerfs, et allait au carbone, paf ! Qu'est-ce-que vous dites de ça ? Mais là, voilà, le public se demande : ET LE REJET ALORS HEIN ?
Facile !

Cela faisait déjà plus d'un an et demie que NorMed travaillait sur une sorte de spray cicatrisant pour le grand public. Oh, ce n'était pas révolutionnaire... Mais le fait était que certains des composants de ce spray pouvaient tout bêtement annuler la réaction de rejet sans forcer le patient à prendre des anti-rejets (le genre qui rendent vulnérable à toutes les infections de l'univers).

Sauf que voilà. Elle ne pouvait pas concevoir ce genre d'implants sans ClayLimb (mais quel nom pourri !!!), car ce serait d'une part une violation de brevet, et ensuite cela prendrait trop de temps, il lui fallait les scientifiques de cette entreprise, pour en faire une cellule de recherches de NorWood. Pour ça il fallait racheter ClayLimb (non mais quel nom... bref). Pour ça il fallait acheter plus de 50% des actions de l'entreprise. Et pour ça, il fallait les 14% de Sebastian Shaw. Et il se trouvait que Sebastian Shaw, MONSEIGNEUR Sebastian Shaw, ne souhaitait pas traiter avec les départements financiers de Norwood. Non : son excellennnnnnnce voulait voir Anna en personne et nulle autre.

C'est ainsi que la directrice se retrouva sur sa moto -car les chauffeurs c'est pourri- avec dans le coffre toute la paperasserie financière ennuyeuse à mourir, se dirigeant gaiement (façon de parler, en fait elle faisait la tronche sous son casque) vers un des bâtiments imposants de Shaw Industries.
Selon la secrétaire, Monsieur Shaw allait la recevoir.

- Trop aimable... répondit-elle avec un air extrêmement sarcastique.

Bon... Il fallait se calmer. Si elle paraissait trop "acide", il risquait de ne pas vouloir vendre, et ça serait mauvais pour les affaires. Elle devait avoir son air le plus... Diplomate. Neutre en fait. Elle devait avoir l'air aussi intéressante qu'une émission sur la pousse des pommes de terre en sol basique. Ou que le journal de 12h de TF1. Neutre. Présenter des faits, et par "faits" elle voulait bien entendu dire "pognon". Sa marge de négociation n'était pas immense, car autant dire que les actionnaires n'aimaient que modérément ce rachat : ce type de technologie n'était pas sûr de donner des bénéfices rapides, ça pourrait peut-être même prendre 5 à 10 ans. Les projets d'avenir étaient rarement payants... Mais elle avait réussi à les convaincre. Enfin...

Par "les convaincre", c'était plutôt en leur disant : « De toutes façons vous savez pour quoi vous avez signé : on fait dans l'investissement parfois à très long terme, les téléphones nous tiendrons à flots -largement- pendant un bon moment, ne commencez pas à jouer les sucrées. Investissez chez Monsanto et vous serez un peu riche tout de suite, investissez ici et vous serez noyé dans l'argent pour les 10 prochaines années, à vous de voir, mais de toutes façons je n'ai pas trop besoin de votre avis je vous rappelle. ».
Ils n'avaient pas énormément aimé. Mais elle avait raison. Norwood ne faisait que dans la recherche à moyen-long terme, sauf les téléphones qui eux rapportaient une vraie petite fortune et ce instantanément.

Arriva finalement l'instant final, où la secrétaire annonça que Monsieur Shaw l'attendait dans son bureau. Sa seigneurerie était enfin disponible ! Elle se leva donc, attendant devant la porte l'espace de deux ou trois secondes, prenant une grande respiration, et entrant enfin :

- Monsieur Shaw ! lança-t-elle avec son sourire le plus Colgate©. Merci d'avoir pris le temps de me recevoir, termina-t-elle, tout en pestant intérieurement, se disant que c'était plutôt *ELLE* qui était bien gentille de prendre le temps d'aller le voir...

D'ailleurs elle réalisa subitement qu'elle n'avait pas pris le temps de se changer. Hé merde... Elle avait donc une paire de chaussures noires assez classiques, un pantalon noir aussi mais quand même un petit peu trop moulant pour être vraiment "business", un haut également assez "seyant" laissant bien voir ses formes, et l'éternelle veste argentée sans manches et au col haut, s'arrêtant au dessus du ventre, qu'elle avait toujours sur elle.
Ce n'était pas vulgaire, mais clairement, cet ensemble ne correspondait pas tellement à ce qu'elle mettait pendant les négociations. Elle aurait du se changer, elle avait même mis les vêtements bien en évidence dans son bureau pour ne pas oublier, mais elle avait quand même réussi à oublier... Tant pis, pas grave.

La Shaw Industries, une société connue mondialement autant pour sa fabrication de Lecteurs DVD que pour ses contrats d'Armement avec le Gouvernement Américain, mais aussi connu pour ses recherches en Haute Technologie et ses prototypes dont les démonstrations sont souvent réservées à l'Elite Commerciale et aux Généraux Américains, comme aux Services Secrets. Mais pour les autres Entreprises la Shaw Industries est aussi connue pour d'autres raisons, premièrement cette Industries a mit qu'une vingtaine d'année entre sa naissance et le moment où elle est devenue un Empire Financier, deuxièmement la Shaw Industries n'a qu'une personne à sa tête et n'a jamais mit d'actions en bourse, et troisièmement son PDG, Sebastian Shaw, est aussi connu pour ses OPA agressives sur la concurrence… Sebastian Shaw n'était pas qu'un homme qui avait réussit seul, qui avait grandit par la volonté dans ce monde, ni un homme Riche, c'était surtout quelqu'un d'Avare, un Requin assoiffé par la richesse et le pouvoir, quelqu'un qui en voulait toujours plus. Cette soif de pouvoir le poussait à acheter les actions de Sociétés qui pouvaient devenir des gènes dans son évolution, des concurrents, ou qui simplement développaient des choses qui l'intéressaient… Souvent il commençait par acheter des actions en petite quantité, puis par ses succursales ou filiales il achetait d'autres actions pour arriver aux 33% qui permettaient d'avoir un droit de regard et de parole au conseil d'Administration et si ce qu'il voyait le dérangeait il passait à l'attaque par la bourse pour très vite absorber cette possible Industrie rivale… Dans un sens la Shaw Industries se montre comme une corporation visant un Monopole pour s'assurer un avenir d'or et les contrats juteux dans son secteur.

Tout cela pour dire que la ClayLimb l'intéressait, premièrement car cette Société travaillait sur des prothèses médicales qui pouvaient avoir un intérêt militaire aussi, l'intérêt des armures de combat, des "Super-Soldats" ou simplement de permettre aux Soldats blessés de reprendre du service en étant "amélioré". La Shaw Industries avait déjà un regard sur une société Japonaise de petite influence qui travaillait sur la connexion de membres artificiels au corps humain, mais comme toute les Sociétés du genre ainsi que les Laboratoires de Recherche, chacun a à peu près sa propre spécialité, certains les connexions, d'autres la prothèse, d'autres les implants, d'autres l'énergie et ainsi de suite… Certes il était très intéressé par le travail des Japonais sur la capacité de relier des nerfs vivants à des nerfs artificiels, mais le travail sur la musculature Artificielle de la ClayLimb devenait très prometteur… Le bon coté aussi de tenter de réunir différentes sociétés concurrentes sous une coupe dirigeante était d'unir les atouts des uns et des autres en une seule recherche.

Mais voila, il ne semblait pas le seul intéressé par la ClayLimb et son travail, les Bureaux de la Shaw Industries eurent contact avec un service d'une autre Société, une certaine NorWood. Bon, ce genre de chose arrive fréquemment, souvent les grandes Entreprises se croisent sur des intérêts communs, c'est d'ailleurs le soucis quand une Industrie n'est point un Monopole sur le marché et quand Sebastian Shaw vint apprendre cette prise de contact et l'envie de cette NorWood de discuter des actions de la ClayLimb, sa réaction fut directe et simple. "Je ne parle ni avec des sous-fifres, ni avec un service quelconque… Si la NorWood veut discuter, le Président Directeur Général n'a qu'à venir en personne en discuter." Et oui, Sebastian Shaw ne travaillait jamais avec les larbins, que ce soit avec les Industries ou dans la vie privée, il n'aimait pas les intermédiaires qui faisaient tarder les choses mais aussi qui n'arrivaient pas à communiquer mot à mot les discussions… De plus il détestait les vidéos conférences qui empêchaient d'analyser correctement le comportement de l'adversaire, le virtuel diminuant souvent le stress mais aussi la capacité de Bluff. C'est vrai il est toujours plus simple de se montrer "impressionnant" derrière un écran que face à une personne. Bref après cette demande il a malgré tout demandé à ses larbins de lui faire un dossier sur la personne qui dirigeait cette NorWood et sur cette Société elle-même. Ainsi il pourrait un peu se faire une idée sur qui il allait rencontrer et apprendre au moins les grandes lignes "connues" sur Mademoiselle Howlsbridge… Oui les Lignes connues, il n'allait pas demander non plus un espionnage intensif, il voulait juste savoir à qui il aurait affaire.

Ainsi un rendez vous s'organisa dans un des bureaux de la Shaw Industries, lui donnant donc l'avantage du terrain, et pour être sur d'être tranquille il vint prévoir une journée tranquille, sans autres rendez vous pour être sur d'être présent à l'heure et ne pas être dérangé par un "contre temps" qui se mettrait sur sa route. Très peu de temps avant l'heure du dit rendez vous, il reçu un appel de l'accueil venant l'avertir de la présence d'Anna Howlsbridge et bien entendu il confirma qu'il était prêt à la recevoir. Sebastian Shaw était dans son bureau, tranquillement assis, habillé d'une tenue formelle, sombre et sobre, non pas d'une tenue du 18ème siècle qui était réservée aux entrevues du Club… Et quand la Anna fit son entrée tout en prenant la parole avec un sourire digne d'une pub pour dentifrice, il se redressa de derrière son bureau, s'approchant de sa "rivale" en venant lui tendre une main respectueuse.

"Mademoiselle Howlsbridge, tout le plaisir est pour moi, veuillez vous installer je vous prie…"

Dit il d'une voix neutre mais imposante, son regard fixé sur elle sans juger sa tenue qui n'était pas tellement celle d'une femme d'affaire, mais bon c'était du détail. Espérant qu'elle réponde à la poignet de mains, après il retourna s'installer derrière son bureau en venant tendre à cette jeune femme une boite de cigare, un geste habituel envers ses "invités", même si plus souvent ce sont des hommes qui ont affaire à lui. Bon il n'avait rien contre le faite que ce soit une damoiselle à la place, mais cela serait amuser de pouvoir comparer les méthodes de celle-ci aux classiques hommes d'affaires avec qui il travail.

"Alors ainsi vous vouliez me parler de la ClayLimb… Alors dites moi en quoi la Shaw Industries peut vous être utile dans cette affaire?"

Bien sur il se doutait déjà de la raison de cette présence, les Actions, mais rien ne dit qu'il allait juste sourire, dire "bien sur" et tendre ces papiers à la damoiselle sans rien obtenir.

Bon. Les choses ne commençaient pas trop mal... Pour autant qu'on puisse en juger après seulement 10 secondes d'échange somme toute assez plat. Bonjour, installez-vous, comment ça va... Moui. Au fond, tout bien réfléchi, il était même impossible de juger que les choses commençaient bien, ce n'était que le début du départ de l'introduction, et le fait que Shaw fasse comme s'il ne savait pas pourquoi elle était là la rendait d'ailleurs prudente : visiblement, lui aussi avait déjà discuté avec son département financier et avait quelque chose en tête. Restait à voir si ce que lui voulait et ce qu'elle était prête à donner correspondraient... Norwood avait réussi à accumuler des bénéfices explosifs en peu de temps grâce aux téléphones, mais malgré tout ils étaient relativement récents sur le marché.

Anna savait qu'elle avait suffisamment de moyens pour se lancer dans de la recherche à long terme, mais malgré tout, ses ressources n'étaient pas illimitées. Le conseil d'administration aussi le savait d'ailleurs, et c'était pour cela qu'ils avaient fixé un maximum pour les négociations concernant ClayLimb, qui changerait de nom très rapidement en cas d'acquisition d'ailleurs.

Souriant poliment, la brune accepta un des cigares qui lui étaient tendus avant de finalement s'installer dans le fauteuil qui était face à elle. Ce type avait un air... bizarre. Décalé, peut-être... Peut-être les favoris qui faisaient un peu kitsch sur les bords, mais enfin, elle n'allait pas se mettre à trop partir là-dessus car au fond elle avait des mèches rouge sombre et était en tenue de ville... Elle était assez mal placée pour se mettre à discuter du look d'autrui, et encore moins pour trouver ça "bizarre" dans le monde des affaires. Mieux valait d'ailleurs ne pas évoquer ce genre de chose. D'ailleurs, c'était débile. Pourquoi évoquer la barbe de ce type alors qu'elle venait parler d'affaires...

Non il fallait se concentrer. Une fois le cigare allumé et une légère bouffée goûtée avec un air curieux, la directrice répondit à celui qui se tenait devant elle :

- Hé bien comme vous le savez, cette petite entreprise travaille dans le domaine médical. Il se trouve que nous avons nous-même une section dédiée à l'assistance médicale, et nous souhaitons étendre notre possible marge de bénéfices. La recherche avancée ne donne que rarement des bénéfices à court terme, c'est d'ailleurs pour cela qu'en général le monde des affaires n'aime pas investir là-dedans. C'est plus... un pari sur le moyen ou long terme. Mais étant donné que nous avons déjà une source de revenus importante à court terme avec les fameux smartphones-bracelet, nous désirons... Ardemment, dirais-je... investir dans un domaine qui pourrait être rentable à plus long terme.

Reprenant encore une bouffée du cigare elle laissa une brève pause de quelques secondes, le temps que Shaw puisse commencer à se faire une idée. C'était important ça dans une négociation : ne surtout pas envahir l'interlocuteur sous des flots de paroles qui finissent par devenir confuses. Généralement, la majorité des hommes d'affaires faisant des offres avaient tendance à faire ça : tout présenter, rapidement, comme pour envahir son interlocuteur d'informations, le rendre confus. Cela permettait de mettre plus facilement en avant les points positifs : vu que l'information donnée n'était qu'une bouillie informe et incompréhensible, il était facile de mettre l'accent sur un aspect plus qu'un autre...

Anna en revanche avait plutôt une façon de présenter les choses qui laissaient penser que *TOUT* est positif, même ce qui ne l'est objectivement pas du tout. C'était une sorte d'ensemble. Son style quelque peu déviant aidait assez, d'ailleurs, dans ce domaine. Elle savait qu'en tentant de parler comme une businesswoman classique elle ne serait pas crédible, il fallait donc partir vers autre chose.

- Pour résumer de façon plus claire, ClayLimb dont vous possédez 14% ne vous rapportera pas un dollar avant plusieurs années, en fait, à moins d'investir dedans et donc perdre des dollars, ClayLimb ne vous rapportera jamais un penny. Vous êtes un gérant, vous voulez rentabiliser votre investissement aussi vite que possible, c'est ce que l'on vous propose de faire. La brune fit une petite moue avant d'ajouter : Et on va vraiment devoir changer le nom, aussi... C'est sérieusement de la merde, ce nom...

La brune attrapa l'un des dossiers qu'elle avait amenés avec elle, avant de le tendre en direction du big boss. Visiblement il s'agissait d'une offre.

- Enfin ! 120% du prix d'achat de départ des actions. Si vous vendiez sur le marché boursier, vous n'obtiendriez qu'entre 80 et 90%, donc vous seriez perdant d'entre 10 et 20%. Nous en revanche vous proposons de gagner 20%. En gros, sans avoir besoin d'investir, vous réussiriez à gagner de l'argent sans avoir fait quoi que ce soit. Le rêve américain.

Restait maintenant à voir si ça serait aussi facile que ça... Elle ne connaissait pas Shaw plus que ça, mais connaissait sa réputation. C'était d'ailleurs en grande partie pour se protéger de requins comme lui qu'elle refusait toujours de céder ses propres parts, peu importe le prix : elle voulait avoir la possibilité de dire : "non, cassez-vous".
Maintenant, le requins se contenterait-il du poisson qu'on lui envoie, ou tenterait-il de manger le plongeur qui va avec...

Bien entendu, de premier abord il allait se montrer agréable ce qui était naturel dans une réunion qui allait tourner autour des négociations. Si il se montrait trop "agressif", il ne ferait que braquer son invité et mettre les débats à venir sur un niveau plus proche de la guerre que de la diplomatie. Sebastian savait déjà ce qu'il désirait, il avait déjà prit quelques informations sur Anna et la Norwood, mais maintenant il n'était pas pour autant sur qu'elle accepterait ce genre de Deal, donc il préférait laisser le lancement des négociations à cette dernière, voir ce qu'elle proposerait pour utiliser cette offre contre elle-même. Il la laissa prendre un cigare, à la fois ravi et surpris de la voir agir ainsi, pouvant donc qualifier Anna d'une femme habituée au milieu des affaires et à ce genre de "partage". L'apparence de Shaw ne changeait presque jamais, il entretenait volontairement cette chevelure, cette petite queue de cheval et ces favoris, la seule chose qui changeait c'était au Club où la il portait une tenue décalée chronologiquement, mais qu'il ne pouvait pas porter en affaire pour le coté sérieux, par contre il savait que souvent son apparence avait joué aussi en sa faveur, non à cause de sa coiffure, mais de sa carrure et du coté si sur de lui qui apparaissait sur son visage.

A son tour il prit un cigare, coupant le bout avec l'outil adéquat pour venir le glisser entre ses lèvres et l'allumer, prendre une bouffée alors que la jeune femme se mit à parler, à expliquer au début qu'elle était intéressée par le coté médicale de la ClayLimb par rapport aux propres services de recherche médicales de la NorWood… Elle tenta par ce prologue de faire comprendre que ce genre de recherche n'était pas réellement "rentable" sur le court terme et une prise de risque, sauf que lui en voyait une implication militaire qui en serait du coup bien plus financièrement intéressant. Il entendait bien le désire d'Anna, mais cela pour l'instant n'était qu'une explication de ce qu'elle recherchait, pas du marchandage. Il attendit la suite en posant le coude sur son siège, le bras redresser avec le cigare dont la fumée venait envahir les lieux, et son regard ne quitta pas cette jeune femme pour voir si elle montrait un signe de doute, de stress ou simplement si elle cherchait de son coté à le percer. Les affaires, c'est un peu comme le poker, analyser le rival, enchérir, bluffer… C'est une forme de jeu avec des montants plus importants et pour l'instant il ne connaissait rien des cartes que tenait Anna dans sa main. Bon au moins cette adversaire ne tentait pas de l'embobiner avec des paroles diverses et variées pour tourner autour du pot et cacher ses intentions, elle semblait se montrer claire et précise, sans ajouter d'intox.

C'est la qu'elle revint sur le chapitre qu'il attendait, le peu de rentabilité qu'apporterait la ClayLimb à la Shaw Industries, une société qui serait une perte financière pour lui d'après les dires de cette dernière. Après ce Speech elle tendit un dossier que Shaw vint bien entendu prendre et ouvrir, le posant sur son bureau et quittant Anna du regard pour lire ce qu'elle avait écrit comme offre, tout en l'écoutant, mais il était intéressé par les petites lignes qui sont souvent pas dites à voix haute… Pour l'instant il était resté très silencieux, très discret, attendant en quelque sorte son tour. Bon c'est vrai que d'un point de vue "argent", l'offre était intéressante, mais il voulait plus que cela, il voulait autre chose que simplement vendre des actions à bon prix.

"Bien, certes votre offre est intéressante, mais je dois dire qu'elle ne me tente pas réellement… J'ai par contre pensé bien entendu à votre demande, et je peux comprendre votre intérêt pour la ClayLimb…"

Dit il pour commencer, venant à son tour ouvrir un tiroir et prendre un document parlant des actions de la ClayLimb et de leur valeur exacte actuelle. Il n'allait pas faire une offre du genre "refusable", mais une offre dont l'intérêt était pour lui réel, qui était dans le "tout a fait" acceptable, mais qui serait surement difficile à accepter.

"Je demanderai donc une part dans la Norwood équivalente à la valeur réelle de ces actions de la ClayLimb, ce qui finalement ne vous couterait donc pas un cents pour l'acquisition de ces actions, mais…"

Oui, il y a toujours un mais, de savoir qu'il voulait juste une forme de "troc" avec Anna serait trop facile, Shaw était quelqu'un qui aimait tout avoir à l'œil, et comme dit précédemment, surtout les sociétés pouvant représenter une concurrence.

"Je demanderai aussi un droit de regard sur tout ce que la NorWood pourrait tirer de la ClayLimb, c'est-à-dire un droit de regard sur les brevets que vous pourriez tirer sur le court et long terme de ces laboratoires et de la fusion de vos recherches. Dans ce droit de regard, je demanderai donc que ces recherches ne tournent point vers un contrat d'Armement militaire."

Et voila, il venait au plus claire de son idée, éviter que NorWood utilise cette ClayLimb pour tenter de devancer la Shaw Industries dans les contrats avec le Gouvernement Américain. C'était une forme claire de sécurité, voir ce qu'elle ferait, que ce soit bien médicale et empêcher de tourner cela dans un système d'armement, d'armure ou d'amélioration cybernétique de combattants… Ce qu'elle fait pour les handicapés par contre, les blessés, ou accidentés ne le concernait pas et ne l'intéressait pas. Et une fois qu'il avait dicté son désir, il glissa le dossier de la journée sur les valeurs de ses actions de la ClayLimb à Anna, qu'elle prenne donc le temps de se pencher dessus et de réfléchir à ce qu'il venait de proposer, attendant du coup une forme de "contre attaque".

Le but d'Anna avait toujours été clair, pour elle. Envoyer l'humanité en dehors du système solaire en moins de 30 ans, et ce par plusieurs étapes de progrès technologique. Les implants avaient pour but de pouvoir permettre aux futurs explorateurs interstellaires de se soigner efficacement même en cas de blessures graves, et de rester fonctionnels : l'espace est dangereux. Toutefois, il y avait une règle qu'elle s'était fixée, une règle idéologique et donc impossible à acheter, modifier, altérer ou corrompre. L'indépendance.

C'était pour cela qu'Anna possédait plus de 60% des parts de Norwood : un contrôle total de tout. Le reste du conseil d'administration n'a qu'un rôle consultatif. Pourquoi ? Car pour elle, ni des financiers ni des politiques ne pourraient réussir à se tenir à cet objectif, et ils se retrouveraient rapidement corrompus par l'appât du gain, et rien d'autre, oubliant au passage l'objectif central qui était l'exploration spatiale à grande échelle. Ainsi, il était pour elle d'une importance CAPITALE que personne n'ait le moindre droit de regard ou véto sur quoi que ce soit.

Autant dire que dans les bureaux ça rendait parfois les situations... quelque peu tendues. Les bénéfices engendrés par les ventes de téléphones et le fait que les contrats avec l'armée pour leur intranet soient encore en activité tendait à les convaincre de garder leur argent dans l'entreprise, néanmoins, ils n'aimaient pas toujours le fait de ne pas avoir un seul mot à dire. Au final, il n'y avait qu'une et une seule personne qui décidait, c'était miss Howlsbridge et elle seule.
Et c'était justement ça qui la rendait aussi "dangereuse" quelque part : elle se fichait éperdumment des pertes financières possibles. Tant qu'elle restait en mesure de continuer ses recherches, le reste n'importait pas du tout.

Elle n'avait absolument rien de rien à faire que ses bénéfices baissent un peu, ou que ses bonus annuels soient moins élevés. Elle avait déjà en stock de quoi vivre confortablement pour un bon moment, et par conséquent une seule chose importait : garder le contrôle total et pouvoir appliquer son plan pour se lancer dans l'espace.
Ce plan était très structuré d'ailleurs. Les exo-squelettes vendus pour l'armée n'étaient qu'une première étape sur le chemin de la conception de combinaisons permettant de survivre confortablement dans une atmosphère hostile, ou même dans le vide spatial. Les implants aussi leur but était de permettre des soins rapides et efficaces sur un véhicule spatial. Les communication pareil, leur but était à moyen et long terme de permettre une communication rapide à plusieurs années-lumière. TOUT convergait vers ce but.

Mais pour y parvenir, elle ne devait pas avoir d'interférences extérieures. L'offre de Shaw n'était donc négociable d'aucune manière. Pas de droit de regard. Elle avait d'autres offres dans sa besace, mais là, c'était trop.
Ne pas acquérir ClayLimb ralentirait clairement le progrès sur les implants... C'était une décision difficile, mais elle préférait investir sur le long terme. A long terme, mettre quelques années de plus à développer les implants serait un ralentissement gênant. Mais à long terme, avoir Shaw qui peut lui interdire quelque chose pourrait devenir une catastrophe... il ne fallait pas donner ne serait-ce qu'un seul doigt au requin ou il emporterait le bras.

- Un droit de regard... répéta la brune avec un air un brin perplexe.

Elle laissa un bref silence, tapotant quelque chose sur son téléphone, comme si elle prenait des notes, avant de finalement afficher un petit sourire, qui sonnait faux.

- Bien ! démarra-t-elle en se relevant, et en déposant le cigare sur le bord du cendrier. J'ai noté tout ça, je présenterai votre... offre, au conseil et... nous vous rapellerons.

Il était de notoriété publique, dans le monde des affaires, qu'Anna était actionnaire ultramajoritaire, et se contrefoutait de l'avis du conseil d'administration. "Nous vous rapellerons", d'ailleurs... la phrase que sortaient tous les recruteurs quand ils n'étaient pas très intéressés, et volontairement choisie par la directrice.

- Un plaisir d'avoir pu enfin vous rencontrer, conclut-elle en tendant la main vers son interlocuteur.

Le But de Shaw était tout autre, c'est-à-dire dominer le monde, se foutant un peu que le progrès offre de l'avenir à l'humanité tant qu'il offrait de l'avenir à lui-même…. Ce qui comptait était que son Industrie s'installe confortablement et ouvre les contacts avec les personnes les plus intéressantes pour pouvoir les manipuler. Les contrats avec l'armée ouvre bien des possibilités, premièrement elle donne des contacts fréquentes, deuxièmement après viennent les contrats officieux ou plus secrets, du coup de la en découle le chantage, la prise de pouvoir, ou encore le pouvoir de mettre un mouchard au bonne endroit. Son but n'était pas encore d'altérer ou corrompre la NorWood mais surveiller que cette société ne vienne pas créer des interférences avec ses projets, éviter ainsi les menaces les plus dangereuses. Qu'elle veuille atteindre l'Espace? Bof cela n'est pas de son intérêt, lui c'est la terre qu'il veut.

Il attendit donc la réaction d'Anna face à sa proposition et celle-ci sembla réfléchir assez rapidement sur ce sujet. Puis lentement la réponse vint commencer, d'abord une répétition sur la partie qui devait surement la déranger le plus, ensuite vint le mensonge… Oui mensonge et pas besoin d'être psychologue pour le deviner. Shaw Industries n'était pas en bourse car il possédait totalement cette Entreprise, il n'avait jamais prit le risque de laisser quelqu'un prendre 1% de droit, et il savait que la femme en face de lui n'avait certes pas opté pour la même logique, mais avait un tel contrôle qu'elle pouvait prendre toutes les décisions sans avoir à écouter un conseil qui avait juste pour rôle de garder une apparence diplomatique au sein de la NorWood. Donc alors que celle-ci se redressa pour saluer et remercier de cette entrevue, Shaw lui n'en fit guère, venant faire signe à la jeune damoiselle de revenir s'installer, comme si la discussion n'était pas encore finie… C'est vrai quoi? C'est quoi ces manières d'avorter si rapidement un tête à tête, Shaw n'avait pas réservé sa journée pour régler cette histoire en quelques minutes.

"Cela m'étonnerait franchement qu'une femme d'affaire de votre réputation n'ait que cela à proposer… Mais aussi qu'elle n'ait aucune envie de tenter d'autres offres ou de négocier…"

Dit il d'un ton toujours neutre avant de tirer une nouvelle fois sur son cigare, ayant bien comprit que c'était ce fameux "droit de regard" qui venait la déranger vu qu'elle avait répété ces mots. De plus elle venait donc d'avouer que sa recherche médicale aurait bien un but de contrat avec l'armée, ce qui rendait cette NorWood plus intéressante à surveiller, peut être penser à devoir faire inviter cette femme au sein du Club auprès des autres personnes de grande fortune et influence pour tenter d'en apprendre plus sur elle. Mais cela est une autre histoire pour un autre jour.

"Je suis bien curieux de voir les autres cartes que vous aviez à proposer… Car je ne pense pas que tout votre jeu se résumerait à juste un achat simple des actions alors que vous devez vous douter que ce n'est pas l'argent en lui-même qui m'intéresse…"

Bien sur il était intéressé par la richesse, mais pas aussi simplement qu'un achat d'actions, surtout que ce cher Shaw n'est pas connu pour revendre les actions qu'il vient à acquérir. Certes certains de ses hommes achètent et vendent des actions à la bourse pour la rentabilité, mais pas d'aussi gros pourcentages et pas directement lié à lui… Plus dans un sens d'affaire et souvent des actions non nominatives… Donc Anna aurait surement du préparer des offres qui ne comprenaient pas qu'un simple montant sur un bout de papier… Elle devait bien avoir dans sa besace quelque chose qui pourrait le tenter, quelque chose en sa possession, un droit, un truc un peu plus rare, un quelque chose qui pourrait attirer le requin, comme l'odeur du sang.

"Alors je vous prie Mademoiselle Howlsbridge, installez vous et négocions… Je suis sur que nous trouverons un point d'entente…"

Certes il avait son idée, son désire, son envie, mais si lui-même laissait partir la proie au premier refus, il n'y gagnerait rien non plus, alors qu'il pourrait toujours trouver quelque chose d'intéressant, et puis aussi créer ce contact entre lui et cette femme pour l'avenir, qui sait peut être seront-ils à nouveau dans une position où ils devront négocier encore, ou simplement échanger des informations.

La réaction de Shaw sembla surprendre la brune. Il insistait. Souvent, les gens faisaient ça, mine de partir, pour que leur interlocuteur insiste et leur dise "mais non restez !". Dans le cas présent ce n'était pas le cas, Anna ne voulait pas conclure ce genre de deal, et pensait qu'au fond Sebastian s'en moquerait, de rater cette affaire : il avait très certainement des business cent fois plus rentables qu'une compagnie qui, certes, était très médiatisée en ce moment grâce à ses smartphones, mais n'avait pas l'envergure d'un Lockheed Martin ou queqlue chose de ce type. La question était donc : pourquoi ce type, qui avait certainement bien plus intéressant dans sa besace, voulait-il perdre du temps à négocier là-dessus ?

La réponse vint presque immédiatement : il ne voulait pas de l'argent mais du contrôle. S'il avait voulu de l'argent il aurait investi dans des banques, ou il aurait spéculé sur la faillite de l'Europe. Visiblement il avait un certain intérêt dans le contrôle du monde technologique, mais cela soulevait une autre question : pourquoi ?
Anna était une opportuniste de nature. Elle voyait si quelque chose était intéressant ou rentable pour elle, et saisissait les occasions. Dans le cas présent, elle ne voyait pas d'opportunité intéressante à long terme avec Shaw.

- Hmh... il n'y a pas de journalistes, ni d'investisseurs avec nous, donc prenons les choses de façon plus directe...

La directrice resta debout, reprenant toutefois le cigare sur lequel elle tira une longue bouffée en fixant Shaw de ses yeux vairon.

- Il me semble que nous sommes dans une impasse en matière de négociation. Rien de ce que j'étais disposée à offrir ne vous conviendrait. Vous souhaiez du contrôle et non de l'investissement... Or je refuse d'en céder justement afin que la compagnie puisse continuer d'aller vers ses objectifs, objectifs qui ne sont pas toujours compatibles avec une logique de profit immédiat. J'investis sur du long terme.

Marchant vers une fenêtre et jetant un oeil à l'extérieur, elle se demanda comment continuer la conversation. Elle venait clairement d'établir qu'elle ne lâcherait rien de ce côté-là, mais il semblait disposé à négocier... Peut-être pourrait-elle trouver autre chose mais elle n'avait pas d'idée en tête pour le moment, tout en sachant qu'il y avait sûrement une ouverture à trouver. Il fallait qu'elle gagne du temps pour réfléchir.

- Vu qu'il reste l'option de racheter les 86% restants de ClayLimb sans perdre le moindre contrôle sur les activités de la maison mère, vous comprendrez que votre proposition est peu intéressante. Ce serait nettement plus cher et nous devrions très certainement réajuster certains budgets, ralentir les activités de quelques unes de nos cellules de recherche... Clairement l'idée ne l'enthousiasmait pas tellement. Elle bluffait à moitié : c'était possible, mais ça lui coûterait la peau des fesses, et les baisses de bénéfices seraient violentes. Mais ce serait un sacrifice rentable à plus long terme.

Non... Toujours pas d'idée. Il fallait encore gagner du temps. Autant en profiter pour lui présenter ce qu'elle était disposée à offrir : elle avait récemment racheté 6% de parts de Norwood, qui avaient été mis en vente sur le marché boursier par plusieurs petits actionnaires, et ces 6% ne lui servaient au fond pas tellement. Les avoir ne lui donnait pas plus de contrôle sur les choses, et les perdre ne lui feraient pas perdre de contrôle. 6% c'était certes assez peu... Mais c'était assez pour permettre à Shaw d'assister aux réunions en tout cas. Sans lui donner de vrai pouvoir décisionnaire, évidemment.

Anna ne pensait pas que cela le satisferait, mais au moins, ça lui donnerait peut-être à réfléchir... Et ça lui permettrait, du coup à ELLE de réfléchir à quelque chose qu'elle pourrait lui donner et qui satisferait son ambition de contrôle et de pouvoir. Clairement elle savait qu'elle pouvait trouver quelque chose, mais restait à savoir quoi.

- Quant aux cartes que nous avions à proposer, il s'agissait de, en plus des 120%, ils étaient disposés à monter à 130% mais autant ne pas l'évoquer, vu que l'argent ne l'intéressait pas, un bloc de 4% des parts de Norwood. Oui, elle avait 6%, mais autant démarrer plus bas. Cela serait suffisant pour assister aux réunions en tant qu'investisseur, et voir ce qu'il se passe avec ce que vous avez vendu.

Restait à voir ce qu'il en dirait, mais dans tous les cas, le temps qu'il y réfléchisse et réponde, elle aurait sûrement trouvé quelque chose d'autre à proposer.

Shaw était avant tout un requin, tout est intéressant à prendre, même les plus petites choses, d’ailleurs la preuve, il avait commencé par les toutes petites choses et regardez le aujourd’hui. Ce monde est fait d’argent, mais aussi de nouveautés, du jour au lendemain une personne peut avoir une idée de génie en partant de rien et se retrouver avec des contrats en or, donc oui pour lui savoir garder un œil quelque part est intéressant, surtout si cette femme a trouvé quelque chose à exploiter avec une Industries qui ne semblait pas tellement prometteuse. Des idées qui pourraient être intéressantes pour l’avenir, ou alors des idées qui pourraient poser un problème pour ses projets personnels, ainsi par sécurité il préférait encore discuter avec celle ci, de plus il ne supportait pas quand ce n’était pas lui qui mettait fin à une conversation, ce serait comme donner une puissance à une autre personne… Shaw est un Roi, c’est lui qui décide quand une conversation prend fin, et uniquement lui. Anna se lança au début dans un nouveau prologue pour venir faire comprendre qu’elle n’allait plus tourner autour du pot, qu’ils allaient discuter entre « adultes ». Fumant une bouffée, il regarda celle ci debout, venant attendre la suite, entendant bien que celle ci n’était pas prête à laisser une forme de contrôle sur ses affaires à Shaw, ce qui était intelligent car souvent quand on donne une main à ce requin, on finit par n’avoir plus rien par après.

« Ce monde, Chère Miss Howlsbridge, n’est pas fait que de profit immédiat, d’ailleurs ceux qui ne pensent qu’au présent deviennent vite obsolètes et dévorés par les autres… Chaque Industries ou Corporation digne de ce nom ont toujours des projets couteux et non rentable dans le but d’évoluer ainsi que de trouver un avenir à contrôler… »

Dit il pour commencer, venant déposer le cigare dans une sorte de cendrier approprié… Se redressant à son tour, se montrant toujours fier et assez dur, il vint reprendre la conversation, son petit exposer.

« La Shaw Industries possède un grand pouvoir sur le présent, mais c’est quelque chose de tellement éphémère… Les Industries sont toujours en concurrence, demain peut être qu’une d’entre elle sortira quelque chose qui deviendrait une vraie adversité dans les affaires… A chaque fois qu’un contrat est renouvelé, d’autres tentent leur chance… Je ne suis peut être pas un visionnaire, mais je suis quelqu’un qui aime avoir un pion d’avance sur les autres… Savoir ce qu’il se passe dans les différentes Entreprises me permet de voir si un service devient obsolète, ou si une idée peut être rentable ou se retrouverait déjà avec une trop grande adversité sur les parts du marché… »

En clair, malgré qu’il joue un peu de modestie, Shaw faisait clairement comprendre qu’il aimait savoir ce que fait une concurrence potentielle, que quelque part le faite qu’elle s’intéresse aux actions d’une société ne semblant pas rentables suffit à éveiller méfiance et curiosité. Elle précisa directement ce qui ne lui plaisait point, les détails gênant à ses yeux, mais soyons honnête, si elle s’intéressait à l’avenir les couts actuels pouvaient facilement paraître dérisoire… C’est la qu’elle fit une nouvelle proposition pour la ClayLimb… 4% de la Norwood et un achat à 120% du prix des actions.

« Je n’aime pas le chiffre 4… Je dirai 8% des parts de la Norwood alors que je me contenterai d’un rachat des actions de la ClayLimb à 100% de leur valeur actuelle… »

Pourquoi rabaisser le prix des actions par rapport à sa proposition ? Et bien comme il l’a dit, l’argent pur et dur n’est pas ce qui l’intéresse le plus, et quoi qu’il arrive, il gagnerait dans l’échange. De son point de vue en tout cas. De plus se montrer un peu moins radin ne pouvait qu’encourager la jeune femme d’affaire. Ce qui intéressait le plus Sebastian Shaw dans cette histoire était les parts de la Norwood. Cette fois ci, revenant s'assoir, le Roi Shaw attendait de voir la réaction de son interlocutrice, attendant comme sagement qu'elle montre les dents, fasse une contre proposition ou trouve un terrain d'entente...

8% ? Rien que ça ? Et pourquoi pas aussi une nuit torride avec Anna, un poster dédicacé et une voiture ? Clairement la brune ne lui laisserait pas l'occasion de récupérer 10% ou presque, son offre à 6% devrait être finale. Les 2 petits pourcentages pourraient faire une différence importante : cela forcerait la PDG à lui larguer ses propres actions, 2% plus exactement. Certes, 2% sur 64% ce n'était pas immense, mais... C'était déjà une perte de contrôle bien trop importante pour être confortable.

- Vous donner ne serait-ce qu'1% est déjà un risque. Vous pouvez, avec juste ça, vous mettre à "sauver vos affaires" au détriment des nôtres en manipulant le Conseil d'Administration qui, s'il n'a pas de pouvoir décisionnaire réel, a toutefois une influence importante. Je n'ai aucune intention de faire de mon Projet un outil de test et de manipulation du marché.

Elle se rassit finalement, tirant encore une bouffée sur le cigare, sans toutefois lâcher son interlocuteur du regard. Il fallait mettre en avant des signes de domination, elle avait appris ça à la fac... Ce n'était pas le domaine où elle était la grande spécialiste, mais face à un prédateur il fallait montrer qu'il faisait affaire à un autre prédateur et non à une potentielle proie. Ne pas laisser de doute à ce sujet.

- En pouvant ne serait-ce que parler aux administrateurs et en utilisant leur appât du gain immédiat vous pourriez ralentir des projets majeurs, rien que pour vous éviter de la concurrence. Alors vous lâcher 10% en plus de cela, par dessus le marché, ça me semble optimiste.

Mais voilà, il ne voulait pas d'argent, mais du contrôle. Pourquoi, c'était la vraie question. Les personnes voulant du pouvoir étaient souvent celles qui en voulaient à de mauvaises fins, et ici, Shaw ne s'intéressait même pas à ce qui constituait tout de même un outil majeur du pouvoir mondial, l'argent. Il voulait plus encore... Pourquoi ? Que voulait-il faire ?
Pour la PDG, il y avait une évidence : ses plans n'étaient pas, mais alors pas du tout proches des siens. Anna voulait parvenir à sauver (et isoler) une partie de l'humanité qui voulait qu'on lui foute la paix. Shaw en revanche n'avait certainement pas d'objectifs de ce type.

De fait, lui laisser trop de contrôle serait prendre le risque, majeur, qu'il fasse opposition de façon trop sévère à son petit plan bien écrit, planifié et préparé. Pas forcément de manière volontaire d'ailleurs... Mais il pourrait lui mettre des bâtons dans les roues afin de conserver à sa propre entreprise la place de leader.

- Je dois donc mettre les choses au clair : nous avons et aurons sûrement des projets similaires à ceux de votre propre compagnie, mais il ne sera pas utile de tenter de vous y opposer ou de craindre une concurrence terrible qui pourrait vous poser problème. Mon but n'est pas de prendre le contrôle d'un quelconque marché, tout ce que je fais, recherche, et investis est dans un but plus... Global, qui n'intéresse personne d'autre que moi.

Le fixant encore dans les yeux pendant quelques secondes, elle finit par énoncer sa proposition finale :

- Je vous propose donc 6%, avec rachat à 120% pour les actions. Je n'irai pas plus haut. La condition finale pour que notre... Relation fonctionne sera une réunion trimestrielle. Durant celle-ci nous discuterons des projets à venir, ceux publics et privés. Si l'un de nos projets vous intéresse nous pourrons discuter d'un brevet commun. Si l'un de vos projets peut me servir, nous pourrons discuter d'un brevet commun. Cela signifie que les technologies seront utilisables par nos deux compagnies, créant ainsi une concurrence dans laquelle vous seriez gagnant, que les "clients" choisissent de faire avec vous ou nous... vu que vous êtes actionnaire.

C'était un risque, mais moindre. Certes, en voyant les technologies développées par Anna, il pourrait comprendre qu'elle n'avait qu'un seul but : quitter la planète. Mais s'il le découvrait ça ferait quoi au fond ? Rien. Elle se fichait éperdument qu'il devine quel était son objectif.