Première chasse... [PV Mystique]

Cela faisait maintenant plus d'un mois que Ciera était à l'Institut, et plus les jours passaient, plus elle dépérissait. Elle n'en montrait rien, le moins possible surtout vu le fait que sa compagnonne de chambrée, Amy, avait un talent terrible pour repérer les moindres micro-expressions...
Il fallait donc qu'elle agisse. Elle n'avait pas tué qui que ce soit depuis des mois entiers, et l'irlandaise commençait véritablement à être en manque. C'était triste à dire, et elle le savait consciemment, qu'elle était devenue accro à l'utilisation de son propre pouvoir. Il lui restait donc deux options : le contrôler en partie, et agir d'elle-même en choisissant ses cibles, ou se laisser plonger dans ce malaise épouvantable, se noyer dans ce désastre annoncé, avant de finalement craquer et attaquer n'importe qui par un besoin impérieux et irrésistible. Ce shoot immense d'hormones et ce pouvoir presque illimité qu'elle avait dans les 10 à 15 minutes après avoir tué une victime, ils l'avaient accompagnée pendant ses heures les plus sombres, et elle avait besoin de les retrouver.

Elle avait donc décidé, afin de contrôler -quoique partiellement- son pouvoir, et de choisir ses cibles tout en les faisant correspondre à ce qu'il lui restait de morale, de s'attaquer à des personnes dangereuses. C'était très Dexter Morgan en soit, et elle avait apprécié le peu qu'elle avait vu de cette série. Règle 1 : don't get caught, une très bonne règle concrètement. Prudence, observation, planification, préparation, et attention aux détails.

Sa cible, elle l'avait repérée assez facilement, à sa plus grande surprise : un type tuait des humains, visiblement sans point commun concluant entre les victimes à part le fait qu'elles étaient de sexe féminin, en laissant des signes faisant comprendre qu'il appartenait à la Confrérie. Ciera n'était pas une experte en enquêtes et en étude d'indices, et contrairement à ce "héros" télévisé étrange, elle n'avait pas les ressources de la police pour le retrouver...
Elle s'était rendue sur les lieux du premier crime, profitant du fait que personne ne fasse trop attention à elle, pour obtenir plus d'indices. Elle n'allait à aucun cours, et peu de monde avait ne serait-ce que conscience de son existence, cela lui permettait donc une certaine marge de manœuvre. Le fait de n'avoir que 400 euros sur soi, soit environ 500 dollars avec les frais de change, n'aidait pas trop pour ses déplacements d'ailleurs... Mais c'était pour elle un investissement rentable.

Les lieux du premier crime ne lui apprirent rien. Tout bêtement. Elle y croisa un ou deux passants, ou badauds, les lieux avaient été nettoyés par la police qui avait terminé son enquête et sa récolte d'indices, et même les gestes désespérés de l'irlandaise, comme fouiller dans les containers à poubelles des environs, ne donnèrent rien de chez rien.

Le deuxième crime ne lui apprit rien non plus. Toujours quelques badauds et des lieux laissés propres par la police. Le troisième, pareil. Des passants, et de la saleté. Ciera commençait à être quelque peu désespérée, autant le dire... Jusqu'au quatrième crime.
Ce ne fut pas elle qui trouva le criminel en question : ce fut lui qui la trouva. Il faisait partie des badauds, chaque fois, et il l'avait repérée. Elle faisait partie du profil de ses victimes : des femmes, assez frêles, visiblement humaines. Les lunettes de soleil portées par la jeune étudiante de l'institut (enfin étudiante façon de parler) cachaient ses yeux singuliers, et rien ne laissait comprendre qu'elle était mutante, à moins d'être un mentaliste évidemment. Sans le savoir, l'Irlandaise était devenue la proie.

Le criminel la repéra de nouveau sur le lieu du cinquième, puis du sixième crime. Tout le problème rencontré par le BAM et la police était l'absence totale de lien logique entre ses victimes. L'homme ne prenait que des humains, qu'ils considérait comme "faibles", tout simplement, donc des femmes relativement frêles. Difficile de pouvoir créer un profil précis et de deviner où il frappera avec ça...
Mais sur les lieux du septième crime, il décida de faire de Ciera sa huitième victime... Les lieux étaient vides, il était plus de minuit déjà, la brune était là depuis un bon moment, et ce criminel qui prétendait être un confrériste n'aimait pas la voir traîner par là, sans compter qu'elle était l'archétype idéal de celles qu'il aimait abattre : une femme, jeune, et physiquement faible.

Alors que la brune allait laisser tomber et rentrer chez elle, elle l'aperçut. Un type d'un bon mètre 90, un grand sourire charmeur, très beau gosse d'ailleurs, avec un costume chic. Clairement, le genre de personne qui ne correspond pas aux profils classique des tueurs en série, qui sont d'habitude plutôt des personnes dans des situations difficiles. Non, ici, c'était visiblement un type riche qui s'ennuyait et avait des folies des grandeurs.

- Je vois que j'ai une fan ! J'apprécie autant d'attention ! lança-t-il le premier, à la jeune fille aux lunettes de soleil.

Celle-ci eut l'air clairement surprise. Elle ne s'attendait pas une seule seconde à ce que sa cible devienne celui qui la chasse, et à ce qu'il s'offre d'une telle manière. Cela la remplit d'ailleurs de doute : son pouvoir n'est efficace que contre des personnes dont la volonté est moins puissante que la sienne... S'il s'agissait VRAIMENT d'un mutant, ou pire, d'un mutant puissant, elle était fichue.
Il tuait ses victimes par strangulation. Un mutant aurait fait quelque chose de plus... explosif. Lasers, plasma, super force, démembrement, mais pas strangulation de femmes faiblardes. Pour Ciera, c'était un humain et rien d'autre.

- Vous êtes difficile à trouver... Je dois avouer que je ne m'attendais pas à ce que vous vous révéliez d'une façon aussi grossière... répondit alors l'Irlandaise avec son accent assez caractéristique.
- Je me fais rare, l'élimination des faibles ne se fait pas par des grands coups d'éclat, mais petit à petit... Sélectivement. Une personne, par une personne... répondit-il alors avec une expression assez satisfaite.
- Plus que 6 milliards, 999 millions 999 mille 993 alors ! lâcha l'irlandaise avec un sourire narquois, pensant qu'elle était en position de force. Face à un humain son pouvoir n'avait jamais raté.
- Non, 992 ! répondit en retour son mystérieux interlocuteur, alors qu'il tendit sa main vers elle.

La main devint... différente. Comme du bois, avec des branches poussant à grande vitesse de ses doigts. En l'espace d'une seconde, moins même, ces branches étaient devenues des lianes qui entouraient totalement l'Irlandaise, la bloquant intégralement. Elle ne pouvait plus bouger, et c'était bien un mutant... Il semblerait qu'il puisse transformer ses membres en immenses plantes, ce qui expliquait la strangulation.
Elle n'avait pourtant pas peur. C'était lui, ou elle, et sa propre volonté était à son sommet : elle était affamée, elle DEVAIT le tuer, MAINTENANT. Il était à elle, elle seule, il semblait fort, il constituerait un véritable festin pour son cerveau, elle devait l'abattre, vite, maintenant. Elle devait réussir à établir un contact visuel, et il était foutu. Car son pouvoir pouvait, certes, fonctionner sans contact visuel, mais sa puissance s'en retrouvait considérablement réduite. Or, ses lunettes de soleil constituaient un véritable problème : ce qui était un camouflage parfait était ici devenu une gêne fatale. Elle était bloquée par les lianes et ne pouvait pas les enlever d'elle-même...

- Voyons voir à quoi ressemble ma mystérieuse enquêtrice, déclara alors le mutant avec un sourire pervers.

Une des lianes se diriga vers la lunettes de soleil. Il ignorait qui elle était, il ignorait ses pouvoirs. Il signait son propre arrêt de mort, et ce plaisir sadique assez courant chez les tueurs en série de voir sa victime agoniser en la regardant dans les yeux, lui donnant une sorte de sensation de pouvoir divin, ce plaisir allait le tuer.
Les lunettes furent lentement retirées, Ciera gardant les yeux fermés, un petit sourire naissant sur son visage.
Après deux longues secondes, elle finit par les ouvrir, affichant un sourire empreint de plaisir, de sadisme, maléfique et mauvais au possible, fixant son regard dans les yeux de son agresseur.

- IMBÉCILE ! cria-t-elle d'une voix rauque, alors que l'hallucination commença.

Cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas eu l'occasion de tuer quelqu'un qu'elle ne contrôla en rien ses capacités. L'hallucination était brutale, immonde, épouvantable, et encore de nombreux adjectifs terribles.
De l'extérieur, la seule chose visible était que le type avait relâché son emprise sur elle, et avait une expression de terreur, regardant à gauche et à droite avec le souffle court.
De l'intérieur... Il vivait un festival de ses plus abominables terreurs les plus enfouies, un défilé de cadavres dont la peau fondait dans des bulles de pus écoeurantes, les corps mutilés et agonisants dans des hurlements des seules personnes qui avaient jamais compté pour lui. Son environnement changeait sans cesse dans des flashs éblouissants et désorientants, passant de sa maison d'enfance recouverte d'une épaisse végétation carnivore qui tentait de le dévorer à son appartement actuel, envahi de flots d'acide qui rongeaient sa peau.

N'importe quel observateur aurait juste vu une femme, dont le plaisir semblait augmenter à chaque seconde, se rapprochant petit à petit d'un homme qui venait de tomber par terre, à l'air absolument affolé, qui faisait de plus en plus d'efforts pour respirer.
Pour Ciera, il était à point...

- Des semaines que je te cours après... Je vais tellement te déssécher le cerveau que le BAM ne retrouvera que de la poudre... Si puissant que tu sois, tout membre de la confrérie... dit-elle de sa voix grave, toujours avec ce même sourire, alors qu'elle se baissait pour lui caresser le visage. Tu n'es rien d'autre que le repas du soir.

La nuit n'allait pas encore tarder à se montrer, et je commençais sérieusement à en avoir assez d'avoir le cul collé dans ma chambre à lire et relire le dossier d'une autre acolyte au sujet d'un mutant particulièrement puissant et qui visiblement ne rechignait pas à la tâche lorsqu'il s'agissait de mettre en terre tous ceux qui accablent le monde mutant, notre monde. Effectivement il avait plutôt l'air d'être un allié potentiel, mais il fallait toujours se méfier. Bon nombre d'abrutis invitait tout le monde à rejoindre la confrérie sous prétexte que cet autre type avait attaqué ce peuple faible, alors qu'il pouvait très bien s'agir d'un cas de légitime défense et en tous les cas fortuit, même si la probabilité reste faible. Et ce sont ces mêmes nouvelles recrues parfaitement incompétentes qui participent à la dégradation morale de notre confrérie. Frapper tout ce qui bouge, sans aucune raison apparente, voilà bien de quoi donner envie de suicide, mais surtout de les suicider. Mais pour la bonne cause, je ne m'abaissais pas moi-même à cette tâche, je leur laissais le plaisir de s'entre-tuer, ou alors ils auront bien une lourde tâche à accomplir qui finira bien par les achever, dans les cas où ils survivraient à leurs affrontement aux forces de l'ordre ou plutôt du chaos.
Mais j'avais maintenant une raison de quitter les quartiers généraux et d'aller prendre un peu l'air. En effet, un de mes informateurs m'avaient expressément envoyé un message pour me donner une idée de ce qui se tramait quelque peu en ville, une information que la police avait quelque peu cachée, allez savoir pourquoi. Certes il y avait eu quelques bruits tout de même, mais rien de bien grand si on devait comparer avec un massacre de près d'une centaine de personnes en Norvège il y a déjà quelques temps. Ainsi, un de mes informateurs m'avait mis au courant sur un crime qui respectait visiblement un mode opératoire très strict, à savoir éliminer des jeunes femmes fraîchement adultes ou proches de cet état et leur ôter le moindre souffle de vie par strangulation. Un travail rapide puisque personne n'avait aucun indice sur leur meurtrier, et aucun témoin. Mais c'était souvent le cas, les témoins se taisaient par crainte de représailles. Enfin en réalité, ils se taisaient pour une autre raison. L'assassin en question, bien qu'il ne se montrât pas, laissait systématiquement une note spécifiant qu'il agissait au nom de la confrérie, or même en parcourant les QG de la confrérie, aucun de ces nouveaux en quête de sang ne se vantaient d'un tel « exploit. »
Il ne restait donc que plusieurs possibilités. Soit le mystérieux assassin était véritablement silencieux et gardait ses actes pour lui, ce qui lui vaudrait peut-être un bon avis venant de moi s'il parvenait à justifier de manière très cohérente la raison de s'attaquer à ces personnes-là. Soit il s'agissait d'un imposteur, dans quel cas il serait grand temps d'agir car il risquait de causer grand tort à la confrérie. Ou alors, si on poussait ce raisonnement encore plus loin, c'était le gouvernement lui-même qui avait orchestré ces crimes pour pouvoir faire tomber plus facilement la confrérie, dans tous les cas, il fallait s'attendre à des représailles et elles n'allaient pas tarder à arriver. Seulement, je n'avais pas pu obtenir énormément d'informations à ce sujet, seulement qu'une photo de mon informateur sur lui m'avait seulement révélé une tête inconnue dans les fichiers et dossiers de la confrérie. La première raison était donc à écarter, ou alors il s'agissait d'un ancien membre, mais cela m'étonnerait, on aurait forcément une trace quelque part.

J'avais fini, entretemps, par rencontrer mon infornateur dont je tairais le nom, et je lui avais fermement demandé de se mettre un bracelet électronique à la jambe, à l'instar de ceux portés par les prisonniers sous liberté conditionnelle. En cas de problèmes ou de fouilles par de vrais policiers, il n'aurait qu'à se faire passer pour un taulard à qui on a offert une certaine liberté de mouvement. Et puis bon, s'il y avait d'autres complications par la suite et que son nom ne figurait pas parmi les listes sans doute énormes des concernés, tant pis, ce n'était qu'un informateur après tout. Aussi doué puisse-t-il être, un informateur se remplace comme les autres. Purement et simplement. Quant à moi, j'avais les moyens de le localiser, et je le suivais de plusieurs pâtés de maisons en fait, sous les traits d'un homme quelconque, un monsieur tout le monde. Il l'avait trouvé, et il ne le quittait presque plus, c'est pourquoi j'étais partie en urgence des lieux pour aller retrouver ce type. Les dossiers étaient encore en vrac dans la chambre et la porte n'était même pas fermée às clé, mais tant pis, il fallait se dépêcher. Et pour ne pas avoir trop d'ennuis, il avait bien sûr fallu être discrète, et pour cela il fallait faire comme tout le monde, prendre un taxi, qui n'avançait pas, et dont la note aura été salée. Fumiers de profiteurs. Enfin, le chauffeur me déposa près d'un immeuble et je décidai de faire la suite du trajet à pied, en suivant toujours le dispositif pour localiser mon homme qui ne bougeait plus.
Je lui donnai congé, il sera payé par la suite parce que pour le moment je n'avais pas le temps, et j'allais ensuite me poster en hauteur pour surveiller la scène. Fort bien, il avait déjà sa proie visiblement, il ne me restait plus qu'à attendre qu'il finisse son œuvre, après quoi on pourra discuter. Je sortis une paire de jumelles tout droit venue de mon ventre et j'observais la scène attentivement. Il avait visiblement déjà trouvé une nouvelle victime. Fort bien, il ne me restait plus qu'à attendre qu'il finisse son œuvre, après quoi on pourra discuter tranquillement. Sa technique était bien pratique si ce n'est qu'un peu lente, car la mort par strangulation peut prendre un peu de temps, mais j'appréciais toutefois son pouvoir consistant à transformer ses mains en branches ou en lianes, c'était assez discret bien que sans doute quelque peu bruyant. Tout semblait bien se passer pour le moment, on allait perdre une autre humaine, mais pourquoi pas, elle était forcément dérangée pour porter des lunettes de soleil alors que le soleil commençait sérieusement à se coucher. Mais tout vira subitement différemment. L'homme relâcha son emprise et se prit la tête dans les mains, tout en restant cependant figé sur place. Je ne comprenais pas du tout ce qu'il se passait, et c'est pourquoi j'ai décidé de me rapprocher, très près.

Remettant les jumelles dans une poche au creux de mon ventre, je me transformais pour avoir des sortes d'ailes de ptérodactyles et je planais en silence pour redescendre après avoir vérifié que personne hormis ces deux-là ne se trouvaient dans les parages. Au même moment le type pseudo-confrériste s'effondra au sol, en se tordant dans tous les sens. Tandis qu'elle, elle s'avançait vers lui. Hum, il avait dû se planter de personne ou alors il s'était passé quelque chose juste avant que je n'arrive. Mais elle ne l'avait pas frappé, c'était certain. La première idée qui me vint fut qu'elle était télépathe, mais pourtant j'avais un doute, si vraiment elle l'était, elle aurait sans doute déjà remarqué que j'étais là, ce qui ne collait pas. J'avançais toujours prudemment vers elle et sans faire de bruit, et je l'entendis murmurer ces paroles à son égard, apparemment elle le prenait pour quelqu'un de la confrérie, comme beaucoup d'autres très certainement. Elle s'arrêta à son niveau, et je repris ma forme normale, de toute manière personne ne m'avait vue et j'étais arrivée là où il n'y avait personne. Atteignant cette femme, je la repoussai violemment sur le côté pour qu'elle aille chuter un peu plus loin, et je levai mon pied pour écraser le cou de ce type, sans le tuer tout de même, mais en appuyant suffisamment pour qu'il ne tente pas de se relever. Je lançai de plus, sans même regarder cette femme :

« Il n'a rien à voir avec la confrérie, c'est juste un paumé qui s'imagine pouvoir justifier ses crimes en proclamant adhérer à un groupe qui n'en a que faire de lui. Alors tu arrêtes maintenant de lui faire j'sais pas quoi, lui et moi faut qu'on discute. Et toi aussi d'ailleurs. Oui toi aussi tu vas discuter avec moi. T'en feras ce que tu veux, mais d'abord, on discute. »

Je ne la regardai toujours pas, j'étais seulement attentive au moindre bruit qu'elle pourra faire en se relevant, et savoir si elle ne va pas s'approcher de moi pour m'agresser. Mais si elle est télépathe, elle n'aura même pas besoin de s'approcher, c'était un jeu dangereux, mais il fallait bien s'y frotter de temps en temps.

Le souffle de sa victime était court. Il allait bientôt commencer à étouffer. C'était le moment idéal pour lancer l'attaque à proprement parler, celle où les choses arrivent à un point de non-retour : soit elle le tue et gagne en puissance, se retrouvant "boostée", régénérée, un bien-être immense, soit il résiste, et là les choses allaient devenir vraiment misérables. Elle se retrouverait affaiblie, désorientée, presque assommée, incapable de relancer une attaque. Tout gagner, ou tout perdre, pas d'intermédiaire... Mais finalement, aucun des deux.

Sans comprendre ce qu'il se passait, elle se retrouva arrachée à sa proie par... quelqu'un. Elle pensait être seule et avait relâché son attention, grossière erreur. En l'espace de moins d'une seconde, elle se retrouva éjectée sur le côté comme une poupée de chiffon, n'ayant même pas le réflexe de se protéger alors qu'elle tombait au sol. Elle était trop prise dans ce qu'elle faisait, et se retrouver subitement arrachée la perturbait sévèrement... Pas autant que si elle avait commencé l'attaque à proprement parler, mais tout était confus, elle ne savait pas si elle était debout ou non, ses muscles étaient mous, comme si elle s'était bloquée la circulation en dormant. L'irlandaise regardait à droite, à gauche, la vision troublée comme si elle venait tout juste de regarder droit dans le soleil pendant 15 secondes de suite, clignant des yeux, respirant rapidement.

Qui ? Quoi ? Que s'était-il passé ? Visiblement, la personne qui venait de la jeter sur le côté était une femme... Tout était trouble, elle ne voyait pas bien. Elle ne comprenait pas ce que lui disait Mystique. Il n'a rien à voir avec la confrérie... Ou... Elle ne comprenait pas. Elle avait juste entendu des mots, sans pouvoir les interpréter.
Elle s'appuya sur les mains, pour se relever maladroitement, mais ses jambes étant encore extrêmement faibles, elle ne put que trébucher vers l'avant, attrapant l'épaule de Mystique par réflexe pour ne pas chuter... Et ce fut là que son regard d'ambre croisa celui de la métamorphe...

Ce fut un flash rapide, cinq ou six secondes environ. Comme toujours, tout devint confus pour l'experte de la confrérie. Les couleurs tendaient vers une sorte de beige sombre, orange presque, les formes étaient troubles, des sons de grésillement comme une télévision cassée se faisait entendre. Et il apparut.
Graydon Creed. Il était dans la vision. Sa peau était ridée, desséchée, comme s'il avait passé trois semaines mort dans un cercueil, et ses yeux... Il n'y en avait plus, il s'agissait de deux orbites vides. Mais malgré ça, il semblait plus fort, plus grand qu'il ne l'était en réalité de son vivant. Il agrippa avec force Raven, hurlant d'une voix affreusement distordue alors que des sons assourdissants résonnaient autour, l'ensemble devenant de plus en plus confus. Ce qu'il disait était à la fois incompréhensible à cause de la distorsion, et très clair pourtant, ce qui encore une fois n'avait pas de sens. Mystique SAVAIT qu'il lui demandait pourquoi elle avait fait ça, dans cette voix épouvantable, même si les mots prononcés étaient trop distordus pour être véritablement compréhensibles.

Au moment où il allait visiblement commencer à la frapper avec rage, l'illusion cessa. Ciera venait de tomber au sol, et donc de détourner le regard forcément, et il semblait évident que ce n'était pas vraiment volontaire : ses yeux avaient croisés ceux de Raven, créant l'hallucination au passage, comme un effet secondaire.
La brune tourna la tête vers sa victime qui semblait être en train de tenter de se remettre, avec un certain mal... Contrairement à Raven, il avait subi une attaque volontaire, prolongée et particulièrement épouvantable, fruit de plusieurs mois "d'abstinence" de la part de l'irlandaise. Il lui faudrait facilement quelques minutes pour revenir vraiment à lui.

Miss nightmare observa Raven, en évitant soigneusement ses yeux cette fois-ci, avec un air d'incompréhension, les mains tremblant avec force. Cette interruption semblait l'avoir sérieusement affectée.

- Qu'est-ce-qu'il s'est passé... Qui êtes-vous... demanda-t-elle alors d'une voix faible en se frottant énergiquement le visage des deux mains.

Cet allure faible et désemparée sembla toutefois disparaître quelque peu, alors que ses yeux dorés se tournaient de nouveau vers le mutant par terre. Cette fois-ci elle avait un regard plus... prédateur, comme celui d'un animal sauvage et affamé qui s'est blessé en chassant, mais qui va probablement retourner à la charge malgré ses blessures... Ce regard qui dit : "bientôt".