"Un nouveau! Un champion de l'arène, un vrai combattant!"
Seulement était il arrivé au camp que cette phrase retentissait déjà dans son ensemble, un crieur payé largement est le meilleur moyen de diffusion d'un message de toute nature qu'il soit, du plus concret au plus subtil. Et ça, le jeune mutant le savait et en jouait, il venait d'arrêter le moteur bouillant de son deux roues que la nouvelle de son arrivée courrait d'ores et déjà a travers les toiles de tentes et les caravanes aux paroies fines du camp.
Encore que le camp n'était pas une désignation extrêmement délicate pour désigner ce lieu, il s'agissait plus d'un gros bordel flottant sur le sol des rocheuses.
L'oeil observateur du mutant avait déjà repéré presque tous les combattants qui pourraient figurer sur les listes de la soirée. Il supposait déjà la présence des deux molosses qui gardent l'entrée, celle des quatre gros amas de graisses et de chaires visqueuses qui s'entraînaient au beau milieu du camp, tentant de mettre en évidence leurs muscles pour désigner le plus épais du groupe. La sudation de ces quatre tas répandait une puanteur qui paraissait être capable de rivaliser avec l'haleine du crieur, celle qu'avait du supporter le mutant quelques minutes plus tôt, lors de son embauche.
Les hommes et éventuels mutants du camp avaient des astuces toutes variées pour le programme de ce soir, certains comme les tas précédemment étudiés, tentaient un entraînement de dernière minute, des hommes au comptoir tentaient d'allier l'art du combat à l'alcool et d'autres, tentaient de paraître détendus, se moquant du crieur engagé par le motard dernièrement arrivé, montrant même du doigt le motard en question, un sourire faussement ironique sur la figure.
Ces moqueries étaient le principal atout du jeune mutant-motard dont les cylindres de moto semblaient bien enroués, preuve d'une discrétion a long terme, depuis qu'il se présentait a ce genre de combat, on ne se rappelait toujours pas de son visage. Le Canada est un état assez grand, ce qui jouait aussi en sa faveur.
Le mutant avait pris place prés du comptoir des paris afin de pouvoir en surveiller les enchères et l'endroit vers lequel était dirigé l'argent pariée. Comme a son habitude, il veillait, paisible, au bon déroulement financier des paris offert par des spectateurs certainement invités par les instigateurs des paris et des combats. Ce rendez vous était presque annuel à entendre les parieurs dans la file d'attente.
Les 22 heures du soir venaient de tomber, la cloche des combats sonnait, annonçant le programme de la soirée à sa suite, le mutant avait donné un pseudo ridicule pour son nom de scène ; "L'asticot".
Le programme s'annonçait long, le camp formait un cercle autour de l'arène rapidement montée, sol nu, quelques barrières arrachées a une clôture avoisinante avaient été installées en cercle autour d'un long piquet de métal. Le sommet du piquet était harnaché par un câble le liant a deux énormes projecteurs.
Ce rendez vous annuel rassemblait aussi des espèces de mafieux, armés de leurs gros bras en costard et de leurs champions, souvent des étrangers à la peau mate, des émigrés sans papiers, la pleine illégalité des actes de ces personnes est une affaire d'habitude à supporter, ils n'hésitaient pas a abattre les champions dont ils avaient "l'appartenance", ne tolérant pas la moindre défaite de leurs esclaves.
Il était arrivé que certains de ces mafieux demandent les services du mutant, souvent après une victoire étonnante de sa part, la réponse avait toujours été négative et cela ne changerait certainement pas. Ridiculiser ces hommes était un sentiment plaisant que le mutant ne voulait pas perdre, les champions adverses étaient parfois tués après leur défaite face a lui, c'était arrivé plusieurs fois, mais cela ne pouvait pas atteindre leur adversaire, L'asticot d'un soir, car dans tout ça, il n'était que leur adversaire, rien d'autre.
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Le combat tant attendu est lancé. L'asticot mutant entre dans l'arène sous les hués des parieurs.
Suivit de plusieurs heures de ce type de défilé, L'asticot ressort de l'arène, prenant ses paris d'une mains négligemment fermée, la main du croupier, encore abasourdi. Les annonces avaient été particulièrement longues et le jour allé réapparaître. Pas de mort pour ce soir et une soirée enrichissante, très enrichissante. C'est souvent la réunion du circuit qui rapporte le plus, comme un nouveau plein d'essence dans le réservoir mi vide d'une moto.
Un moteur résonne dans la vallée des rocheuses, sous des dizaines d'yeux bluffé et quelques hués persistantes.
Le nouveau champion prend son nouveau départ.
Mar 24 Avr - 21:34