Le sniper sauvé par le pistolet ~ [PV Renji ]

Je venais de sortir de la douche, les cheveux encore mouillés lorsque le téléphone sonna. N’ayant pas envie de me dépêcher, la personne tomba sur le répondeur et c’est là que je me suis dit que j’aurais mieux fait de prendre le temps de décrocher. La personne au téléphone n’était autre qu’un employé de Pharmacorp qui voulait récupérer la carte d’agent ainsi que le pistolet qu’ils m’avaient fournis. Mon regard se porta à l’arme rangée dans son étui qui n’avait pas quitté ma table de chevet depuis que j’étais rentrée, mal à l’aise. Comme pour venir me rassurer, Evren vint me voir et réclama des caresses.

La prenant dans mes bras, je lui ai donné à manger avant de me préparer rapidement pour retourner à l’entreprise, en terminant une bonne fois pour toute avec cette histoire. Une fois mon jean enfilé ainsi que mon débardeur bleu électrique, je suis allée chercher mon sac dans lequel j’ai lancé négligemment l’arme et la carte demandé. Une fois cela fait, j’ai enfilé ma veste en cuir noir avant de mettre également mes talons. Je n’avais pas pris le temps de me maquiller, je n’en avais même pas envie. Après tout ce n’était pas comme si j’allais à un entretient d’embauche j’y allais dans un but purement expéditif. Regardant le temps à travers mes rideaux, j’ai vu que la journée serait belle et clément et j’ai décidé d’ajouter mon appareil photo ainsi que mon carnet de dessin dans mon sac.

Sortant de l’appartement en courant d’air, j’ai descendu les étages à pieds avant de pousser la lourde porte à digicode. Une fois dehors, les rayons du soleil m’ont rapidement ébloui et je suis restée quelques secondes, les mains devant les yeux avant de sortir ma paire de lunettes de soleil. J’allais beaucoup mieux à présent que l’astre solaire ne me brulait plus les yeux.

Pharmacorp était à plus d’une heure à pied de mon appartement et je n’avais pas spécialement envie de marcher. En quelques minutes, un taxi finit pas s’arrêter devant moi, me demandant ma destination

« Pharmacorp s’il vous plait. Par le chemin le plus direct. »

Ai-je ordonné au chauffeur. Posant ma tête contre la fenêtre, je me laissais bercer par le ronronnement du moteur. Les effluves émanant de l’habitacle n’étaient pour une fois pas si désagréable, ce chauffeur ne négligeait pas son taxis, c’était un bon point car parfois je tombais sur des taxis où il était bien difficile de respirer sainement. Nous progressions rapidement quand tout d’un coup, après une bonne vingtaine de minutes la voiture s’arrêta. Regardant par la fenêtre, j’ai vu que nous n’étions plus bien loin de la société mais nous n’étions pas encore arrivé. Dehors, les bruits de klaxons rythmais la circulations ainsi que les cris de rage et d’énervement des New-Yorkais.

« Les bouchons s’étendent-ils loin monsieur ? »
« Pour sûr ma p’tite dame. Vous irez plus vite à pied. »

Sortant une liasse de billet, il y avait deux fois plus que nécessaire pour cette course. Lui adressant un dernier sourire avant de sortir de la voiture, je me suis dirigée vers le trottoir, mes lunettes toujours posées sur mon nez, le soleil n’ayant cessé d’illuminer la ville de ses rayons. Il n’y avait pas un seul nuage dans le ciel.

Je n’avais pas l’esprit tranquille pourtant, en avançant dans la foule, je me sentais comme une criminelle, comme une hors la loi. J’avais la sensation que mon sac était lourd, bien plus lourd qu’il devrait l’être avec une simple arme à feu à l’intérieur. A présent, je voyais le siège de Pharmacorp et je me suis engouffrée dans une rue rapidement. Continuant ma progression, j’avais le choix entre un cul de sac, retourner vers la grande artère à droite ou continuer tout droit. La ruelle d’en face me semblait tout sauf accueillante et j’allais prendre à droite lorsque j’ai entendue des voix venir d’en face. Je reconnaissais facilement le bruit des coups et je pu distinguer assez rapidement une personne à terre, entrain de se faire rouer de coups. J’avais vu tellement de fois des personnes dans cette situation sans jamais pouvoir faire grand-chose que je me suis dit que je devais intervenir. Il fallait même que je me mette à bluffer si je voulais m’en sortir et ne pas finir sur la liste des victimes également. Sortant de mon sac le pistolet ainsi que le badge de l’entreprise, je me suis avancée vers le trio, arme et carte et main.

« Police ! Cessez immédiatement cela ! Dégagez sinon je tire ! »

J’ai scandé cela d’une voix plus forte et plus courageuse que ce que je n’aurais jamais pu imaginer. Leur montrant le badge et espérant que de loin et avec la faible luminosité les deux hommes ne puissent faire la différence. Avançant lentement vers eux, je prenais un air sérieux, comme celui de l’agent de BAM que j’avais vu à Pharmacorp. Les deux malfrats semblaient réfléchir et ne plus faire les fiers. Puis soudain je me suis souvenue de quelque chose. Retirant le cran sécurité, un petit clic caractéristique se fit entendre, résonnant dans le silence de la ruelle.

Je regardais les deux hommes avec détermination, prête à tirer, ou du moins en apparence. Mon expression devait être suffisamment crédible puisque les deux gaillards après s’être regardé et avoir insulté une dernière fois l’homme se mirent à fuir tout simplement
Essuyant du dos de ma main la goutte de sueur qui était apparue sur mon front, j’ai soupiré doucement, les jambes presque tremblantes. Cela ne m’arrivait jamais d’agir aussi impulsivement, c’était même la première fois. Pour le moment, je ne réalisais même pas ce que je venais de faire, je ne parvenais pas à croire que j’avais osé faire cela. Regardant le revolver comme si je tenais un énorme cafard dans ma main, je lai remis dans son étui avant de le remettre dans mon sac, me précipitant soudainement vers l’homme que je venais de sauver. Me mettant à sa hauteur, j’ai posé ma main sur son épaule.

« Calmez-vous, ne bougez plus, vous êtes peut-être gravement blessé. »

Regardant l’homme avec la faible luminosité de la rue, j’ai détaillé rapidement son visage. Des yeux foncés et légèrement bridés, caractéristique de ses origines et donc de la violence avec laquelle il venait d’être passé à tabac. Une tenue plutôt soignée avant qu’il ne dinisse au sol, sa chevelure était aussi sombre que la mienne était clair. J’ai souri et laissé échapper un petit soupire amusé.

« Il n’y a vraiment pas de quoi me remercier, c’était du bluff tout ce qu’il y a de plus raté. Je ne me suis jamais servis d’une arme je dois avouer… »

Regardant ses habits en piteux état, je me demandais si je ne devrais pas l’emmener à l’hôpital pour qu’il se fasse ausculter mais je ne pensais pas qu’il accepterait que je l’y conduise. A présent je ne savais plus réellement quoi faire, à part le questionner, mais par ou commencer ? Il y avait tellement de choses qui se bousculaient dans mon esprit. Finalement mon corps se mit en mode automatique et j’agissais comme si ce n’était plus moi qui en avais le contrôle. Fouillant dans mon sac, j’en ai sorti un mouchoir, avec lequel j’ai essuyé le sang qui maculait le coin de sa bouche avant de le regarder dans les yeux.

« Pourquoi vous ont-ils attaqués ainsi ? Voulez vous que je vous emmène voir un médecin ou quelque part pour être soigné ? Où avez-vous mal ? Oh.. excusez moi, je pose beaucoup de question, mais je n’ai pas vraiment l’habitude de ce genre de situation il faut dire… »

Baissant la tête légèrement honteuse, je commençais à rougir à mon plus grand désespoir. Si ces hommes l’avaient attaqués parce qu’il était différent, ils ne valaient pas mieux que ceux qui persécutaient les mutants et cela avait le don de me rendre légèrement plus nerveuse qu’habituellement. Je n’avais qu’une crainte, c’est que ses blessures soient plus graves qu’en apparence, qu’il souffre de blessures internes mortelles. Bon dieu, que quelqu’un me vienne en aide, je ne m’en sortirais jamais seule. Il était cependant trop tard pour que je fasse marche arrière. Mon destin avait été lié à celui de cet homme au moment ou je suis entrée dans cette ruelle, l’arme en main. C’est à ce moment là, et je le savais que ma vie et la sienne seraient liées du moins pour cette journée.

J’ai levé les yeux au ciel lorsqu’il dit que je lui avais sauvé la vie. Il ne fallait pas non plus aller jusqu’à là, je l’avais sauvé peut être mais pas de la mort c’était certain. Il parlait mais ses phrases étaient parfois ponctuées de toux plutôt sanglantes qui me faisaient craindre le pire. J’ai du me mordiller les lèvres pour retenir le léger sourire qui menaçait de se dessiner face à l’ironie de la situation. Il avait voulu sauver une femme et c’était une autre femme qui venait de le sauver. Décidément, j’espérais pour lui qu’il n’était pas misogyne sinon sa fierté en prendrait un sacré coup.

Sa réponse à mon interrogation suivante me laissa de marbre. Pour moi ce n’était pas une raison. S’il voulait accéder à des soins, il n’avait qu’à demander, je ne lui refuserais pas ce service bien au contraire.Il semblait cependant disposé à ne pas accepter mon aide et cela conforta mon impression qu’il n’était pas sur le territoire américain dans les règles. Qu’il n’ait pas ses papiers ne me surprit pas plus que cela. Il y avait tellement ne personnes qui n’étaient pas en règles sur ce continent et dans ce pays qu’un de plus ou un de moins n’était pas un évènement pour moi, surtout que cela n’entachait en rien la réelle valeur des personnes.

Devant sa proposition, j’ai ouvert les yeux avant de lui répondre en plaisantant.

« Vous voulez me rendre la pareille ? Soit lorsque je me ferais agresser je vous appellerais en premier ! »

J’ai souris tendrement avant de l’écouter cette fois ci m’inviter à prendre un verre. Cette fois ci, mon regard fut perplexe, je le regardais comme s’il venait de m’annoncer qu’il venait d’une autre planète. Plaisantait-il ou était- il sérieux ? Je n’en savais rien. Pourtant cette invitation semblait être tout ce qu’il y avait de plus sérieux. Je ne parvenais pourtant pas à l’accepter ainsi, cela me paraissait totalement irrationnel.

« Vous venez de vous faire passer à tabac et vous voulez que nous prenions un verre ce soir comme si de rien n’était ? Avec tout le respect que je vous dois, je ne pense pas que vous soyez en état d’aller ou que ce soit ce soir. Demain peut-être ou après-demain si votre invitation tient toujours monsieur. »

Réfléchissant et emboitant les différents éléments que j’avais en ma possession sur cet homme, une question finit par me venir à l’esprit. Le regard attentivement, comme si je cherchais un quelque chose de particulier sur lui, j’ai posé ma main sur mon menton, en intense réflexion. Un petit courant d’air souffla sur la ruelle, la rafraichissant déjà plus qu’elle ne l’était déjà. Des effluves des égouts non loin nous parvenaient, pestilentielles et étouffantes à souhait. Cette rue avait décidément tout pour plaire.

« Vous n’avez pas de papiers à ce que j’ai compris ? Mais avez-vous un logement monsieur ? Un toit où passer la nuit ? Vous êtes certes bien habillé mais au vue de votre situation… précaire il est peut être difficile pour vous de vous loger non ? »

Ma question était extrêmement maladroite et je m’en suis rendue compte après l’avoir posée, m’emmêlant brillement les pinceaux comme moi seule savait le faire. Après avoir à nouveau détourné le regard mal à l’aise, sans m’en rendre compte, j’ai reporté mes yeux à son visage blessé, prête à tout faire pour lui venir en aide du mieux que mes faibles moyens me le permettaient.

Il venait de se déplacer pour aller s’asseoir, trouvant certainement la position assise plus confortable et moins douloureuse pour ses jambes, entre autres, meurtries quoiqu’il en disait. J’ai retenu un léger sourire, il insistait pour que nous nous revoyions plus tard dans la soirée, m’assurant qu’avec des médicaments, il irait mieux par la suite. Si ce qu’il me disait était vrai, je n’avais plus de raison de refuser sa proposition, je ne pouvais même qu’accepter cette dernière avec plaisir.

Commençant marcher de long en large dans la ruelle pour m’occuper tandis que nous parlions, je me suis mise à me masser légèrement le poignet. Il allait falloir que je consulte un médecin, le fiasco de la veille se faisait toujours ressentir dans mon poignet qui avait servi à amortir ma chute. J’avais réussi à en faire abstraction depuis que j’étais venue à son secours mais plus le temps passait et plus la douleur devenait forte.

M’arrêtant pour le regarder, je n’ai pu m’empêcher de lever les yeux au ciel en souriant. Oui une vrai policière, je ne pouvais pas être tout simplement curieuse. Il était vrai pourtant que ma question était assez stupide.

« Vous avez raison, je ne réfléchis pas vraiment avant de parler, c’est assez embêtant parfois. »

Voyant l’état de sa jambe lorsqu’il la dévoila à la faible luminosité de la ruelle j’ai retenu avec difficulté une grimace, et il était certain de pouvoir être en état pour ce soir ? J’avais franchement un doute. Fouillant dans mon sac, j’ai tout de même sorti une bouteille d’eau ainsi qu’un miroir, il y avait vraiment tout dans mon sac, c’était un fait, j’avais même un ou deux pansements mais ils ne lui seraient d’aucune utilité.

« Tenez, vous voulez de l’ai… Excusez moi. »

Je venais de recevoir un appel et je ne pouvais que décrocher sachant qu’il provenait de Pharmacorp. Mon visage se décomposa sous les remontrances qui me parvenaient, me faisant traiter d’incapable, de bonne à rien par mon interlocuteur. Ce dernier confirmait ce que mon père lui avait dit à mon sujet et que plus jamais il n’écouterait ma mère. Je ne pouvais pas en placer une, j’ai vainement essayé au début aves des mais, des attendez mais rien. Lorsqu’il me laissa enfin la parole, je me suis contentée de lui répondre le plus brièvement possible.

« Oui j’ai l’arme… Le badge aussi... Elles sont dans la salle de visionnage… J’arrive… J’arrive j’ai dit ! »

Raccrochant finalement au nez de la personne alors qu’elle recommençait à me traiter de tous les noms, j’ai regardé Renji avant de soupirer. Sortant un papier et un stylo de mon sac, j’ai écrit l’adresse d’un bar ainsi que mon numéro de téléphone au cas où avant de lui donner.

« Je dois y aller mais nous nous reverrons ce soir si tout vous bien pour vous, prévenez-moi si ce n’est plus possible, vous me rendrez mes affaires à ce moment-là. A bientôt monsieur ! Au fait, moi c’est Faith. »

Sans plus attendre, j’ai range le stylo dans mon sac avant de me diriger vers le bout de la ruelle, me rendant au siège de l’entreprise pour répondre de mes actes et assumer le fait que la cambrioleuse soit partie ainsi. Bon sang, je voyais déjà la journée merdique que j’allais passer.