La bête sortie de sa cage (Owen)

Léo enfila sa veste en jean aux manches coupées, et descendit du camion qu'il avait garé devant l'entrée du parc. Il claqua la portière et entra dans le square. Il faisait beau, pas très chaud mais bon pour la saison. Un léger vent printanier fit frissonner la fourrure des larges épaules de l'homme-lion. Il venait de parcourir une bonne centaine de kilomètres pour arriver à New York. Après toutes ces années, il avait quitté le cirque, le seul endroit où il se sentait à sa place. Il était seul face au monde, et il était sans doute déjà trop tard pour faire marche arrière. Mais il ne regrettait rien. S'il s'était entêté à rester au cirque, il aurait fini par étouffer dans son cocon. Seul, avec peu d'argent, sans la moindre certitude de retrouver un jour ses vrais parents, il avait un peu peur quand il y pensait. Jusque-là, les quelques humains qu'il avait croisés sur sa route l'avaient regardé de travers. Il n'aimait pas cette expression qu'ils avaient. Ils n'avaient jamais vu Léo de leur vie, ils n'avaient aucune raison de le détester, et pourtant il avait senti une vraie hostilité émaner d'eux. Il ne s'était alors pas attardé, et finalement il n'avait pas eu de vraie discussion avec un humain en dehors du cirque. Et c'était vraiment différent, car les quelques fois où il était en contact avec la clientèle du cirque il n'était pas seul, si quelqu'un avait eu quelque chose contre Léo, celui-ci aurait et tous ses collègues pour le soutenir. Mais là, il était seul. L'unique sourire qu'il avait pu voir depuis qu'il avait quitté le cirque Pirelli était celui de sa mère adoptive, Cléopâtre la funambule, dont il gardait toujours une photo sur lui.
Léo marcha dans le parc. Là encore il sentit ce regard détestable de la part des promeneurs et joggeurs qu'il croisait. Serrant les poings, il tâcha de se ressaisir. Non, décidément ça ne pouvait pas continuer comme ça. Il était grand, musclé, fort comme trois hommes, mais il ne pourrait pas avancer dans la vie s'il continuait à avoir peur des inconnus comme ça. Il fallait qu'il réussisse à vaincre sa phobie, et pour ça, il faudrait qu'il réussisse à l'affronter.
Il vit un vieux clochard assis sur un banc, seul, en train de faire la manche. Ce type-là n'était certainement pas une menace.

*Ok...je m'approche...et je lui demande si je peux m'asseoir à côté de lui. Après tout, le banc est assez grand pour deux...même si j'ai un gros cul... Et puis au pire, qu'est-ce que je risque ? Me faire engueuler ? Rien de bien terrible...*

Léo s'avança donc vers le banc d'un pas décidé, la truffe haute, le regard conquerrant. Il arriva à la hauteur du sans-abri...et passa devant lui sans s'arrêter. Honteux et confus, il poursuivit encore sa marche sur quelques mètres avant de s'arrêter. Non ! Il avait vraiment été minable sur ce coup. Lui qui, enfant, faisait trembler les curieux en agitant les barreaux de sa cage, qui tremblait lui-même les gens maintenant qu'il n'y avait plus ces barreaux pour le protéger... Il fit demi-tour, bien décidé à réussir le petit défi qu'il s'était lui-même lancé. Il de rediriga donc vers le banc...pour passer encore une fois devant. Non, non et non ! Ça ne pouvait pas aller !

Encore une fois je me retrouve à errer sans véritable but dans ce qui est devenu mon nouveau chez moi : Central Park. D’aucuns penseraient que c’est un lieu paradisiaque pour s’y établir, mais aucun de ceux-là n’y a jamais vécu. Dormir à la belle étoile c’est bon pour les aventuriers en mal de sensations fortes ou pour les campeurs du dimanche. Je n’ai pas vraiment le choix et je dois m’adapter à toutes les saisons, à toutes les conditions climatiques. L’été passe encore, mais l’hiver reste toujours un gros problème. Outre le froid et la neige qui tuent des SDF comme moi chaque semaine voire chaque nuit, il y a tous les dangers que vous évitez en vivant cloitrés chez vous, les voleurs et autres voyous et tous les dangers de cette jungle urbaine.

Pourtant c’est mon deuxième hiver que je passe ici. Même si par les nuits les plus froides je suis contraint de tenter ma chance dans un foyer d’hébergement, la plupart du temps je préfère dormir dehors. Heureusement l’hiver est terminé, et si les températures ne sont pas encore estivales, au moins il ne gèle plus la nuit. Du coup les passants sont plus nombreux dans cet immense océan de verdure. Il est donc aussi plus facile de faire la manche et de gagner quelques dollars pour manger. Pourtant malgré toutes ces présences le danger n’est jamais loin. Entre les extrémistes de tous bords qui chassent soit les mutants soit les SDF je suis plutôt mal loti. Et croire que la police nous est d’un grand secours serait une erreur. Ils sont plus nombreux à nous regarder de travers et à vouloir nous faire quitter les lieux qu’à nous aider.

De toute façon, je ne peux me permettre de fréquenter trop longtemps les autorités. Après tout, je suis un fugitif, sans doute pas encore recherché s’ils me croient mort, mais on n’est jamais trop prudent. Me voilà donc assis sur un banc. L’un de ceux où j’ai l’habitude de faire la manche. Il est tout proche de l’un des meilleurs vendeurs de hotdogs du coin, ce qui attire les badauds et donc de potentiels donateurs. En plus si j’arrive à réunir assez d’argent, je n’aurais pas à marcher beaucoup pour aller m’acheter à manger.

La logique voudrait que je pose mon chapeau devant moi pour faire la quête, mais je préfère le garder sur mon crâne. Non pas pour dissimuler une calvitie qui serait loin d’être précoce à 74 ans, mais pour cacher les étranges cicatrices qui zèbrent mon visage et qui restent trop visibles sur mon front. A la place, j’ai déposé un gobelet en carton, vestige de mon dernier repas qui remonte tout de même à la veille. Pour amorcer comme on dit, j’y ai déposé quelques pièces dont le total n’atteint même pas un dollar. Pour l’instant personne n’a encore fait mine de m’approcher, mais je ne suis là que depuis une vingtaine de minutes.

Pourtant quelqu’un passe juste devant moi, trop près pour que ce ne soit pas fait exprès vu la largeur du chemin. Le type semble assez costaud et porte un jean délavé. Je m’attends à ce qu’il dépose une pièce dans mon escarcelle improvisée, mais non, rien. Un peu surpris, je lève la tête et le voit s’éloigner. De dos il a les cheveux longs très épais d’un blond presque orangé et bizarrement il porte une veste en jean sans manches avec en dessous une sorte de pull en fourrure assortie à ses cheveux. Ce n’est que lorsqu’il fait demi-tour que je m’aperçois de mon erreur.

L’inconnu revient vers moi d’un pas décidé et je comprends immédiatement ce qu’il est : un mutant ! Pas du genre discret comme moi, mais un hybride d’homme et de lion. Une tête de fauve majestueuse encadrée par une énorme crinière que j’avais prise pour des cheveux et les bras nus sous sa veste sans manche que j’avais confondus avec une sorte de pull. Il s’approche tout en me lançant des regards en biais. Etrangement je ne suis pas effrayé, juste surpris de voir quelqu’un comme lui se promener à visage découvert en plein Central Park. Par contre lui semble quelque peu étrange, comme s’il voulait me demander quelque chose sans trop oser.

Il passe à nouveau juste devant moi sans rien dire, et je ne tiens plus.

« Bonjour jeune homme. Soit vous venez de passer deux fois devant moi en moins d’une minute, soit il y a deux hommes lion dans Central Park aujourd’hui. »

Tout en sortant ma vanne, je lui souris avant de reprendre.

« Ce n’est pas courant de voir quelqu’un comme vous se promener ici en pleine ville, non que cela me dérange au contraire, mais par les temps qui courent… »

Je laisse ma phrase en suspens ne voulant pas en dire plus. De toute façon la suite est évidente, la haine contre le mutants ne date pas d’hier. Mais elle devient chaque jour plus forte et si ceux comme moi qui ont la chance de paraitre normaux sont assez tranquilles les autres comme cet hybride sont des cibles de choix.

« Il ne faut pas avoir peur de moi, je ne mords pas. Les temps sont durs pour tout le monde et j’accepte aussi les dons des mutants. »

J’avais employé le mot mutant d’un ton neutre comme si j’avais dit "étranger" ou "avocat" d’une manière qui ne laisse pas de doute quant à mon opinion sur la chose…

-Bonjour jeune homme. Soit vous venez de passer deux fois devant moi en moins d’une minute, soit il y a deux hommes lion dans Central Park aujourd’hui.

Léo stoppa net et se tourna vers le SDF. Misère ! Il le regardait. L'homme-lion n'osa pas bouger. Là, tout de suite, il aurait voulu pouvoir disparaître dans un trou de souris...

-Ce n’est pas courant de voir quelqu’un comme vous se promener ici en pleine ville, non que cela me dérange au contraire, mais par les temps qui courent…
-Ah...ah ? Euh...

Léo loucha brièvement vers la sortie du parc. Peut-être pouvait-il prendre ses jambes à son cou jusqu'à l'extérieur, sauter dans son camion et mettre les voiles sans rien perdre d'autre que sa dignité...

-Il ne faut pas avoir peur de moi, je ne mords pas. Les temps sont durs pour tout le monde et j’accepte aussi les dons des mutants.

Le jeune mécano ne sentit aucune menace dans le ton du sans-abri, cette constatation le rassura un peu. Après tout, ce n'était qu'un clochard, qui n'avait pas grand-chose à reprocher à un mutant. D'après ce qu'il avait pu comprendre en écoutant la radio, les plus fortes concentrations d'anti-mutants étaient principalement concentrées dans les classes sociales les plus élevées. L'homme-lion hésita encore un peu, puis se décida enfin à s'asseoir Il se posa tout au bout du banc, oubliant au passage qu'il était un vrai colosse, et que ces bancs publics n'étaient pas toujours fixés au sol, ce qui eut pour conséquence directe de soulever l'autre extrémité par effet de balançoire, surélevant le mendiant d'une trentaine de centimètres. Placés comme ça, les deux étaient à la même hauteur.

-Oups ! Euh...désolé...

Il est étonnant parfois de voir comme l’apparence des gens peut être trompeuse. Ce grand gaillard mi-homme mi-lion pourrait effrayer la plupart des gens et pourtant il semble que ce soit lui qui l’est. Pourtant à le voir se promener en plein Central Park sans pour autant cacher sa nature de mutant j’aurais pu croire qu’il avait l’habitude de la foule. Mais à le voir hésiter, passer et repasser devant moi et bégayer quelques mots comme seule réponse il semblerait qu’il n’en est rien.

Contrairement à ce que j’avais cru au départ, ce mutant ne semble pas venu juste pour me donner quelques billets puisque le voilà qui s’assoit sur le banc à côté de moi. Ou du moins à l’autre extrémité, aussi loin que possible. J’essaye de le prévenir que celui-ci n’est pas fixé au sol, et que vu sa carrure il risque d’y avoir un problème, mais je n’en ai pas le temps.

L’homme lion s’assoit trop rapidement et enfonce sa partie du banc tandis qu’il soulève celle où je suis assis. Il semble s’apercevoir très vite de son erreur, aussi je ne décolle que d’une trentaine de centimètres avant qu’il ne se relève quelque peu et ne fasse retomber le banc en place. Heureusement, malgré ma surprise, je parviens à garder l’équilibre en me retenant à l’accoudoir.

« Ola jeune homme. Moins de précipitation s’il vous plait ! Mes os sont vieux, et je ne tiens pas à me les briser. »

Je ne veux pas l’effrayer encore plus qu’il ne l’est déjà aussi je dis tout ça sur le ton de la plaisanterie. Mais ce qui m’intrigue le plus c’est ce que peut bien me vouloir quelqu’un comme lui. Ce n’est pas tous les jours que quelqu’un s’assoit volontairement à côté d’un SDF, mais que ce soir un mutant hybride homme lion est encore plus rare. Je ne peux le laisser poireauter comme ça, s’il reste assis ainsi sans rien dire, je peux faire une croix sur le moindre billet, tout le monde nous regarde de travers et évite de passer trop près de nous. Aussi je préfère briser la glace afin d’en savoir un peu plus sur les raisons de sa présence.

« Enchanté de vous rencontrer, je m’appelle Owen. Je n’ai pas bien saisi votre nom ni la raison qui me vaut le plaisir de votre compagnie… »

J’espère ne pas l’avoir plus effrayé qu’il ne l’est déjà. Sa présence a piqué ma curiosité et je serais déçu s’il partait sans rien dire.

Spoiler:

-Ola jeune homme. Moins de précipitation s’il vous plait ! Mes os sont vieux, et je ne tiens pas à me les briser.
-Oups ! Désolé...

Léo se releva un peu pour que le banc se repose normalement, puis il s'assit moins proche du bord pour éviter que l'honorable vieillard ne fasse encore un baptême de l'air. L'équilibre rétabli, l'homme-lion se posa, confus. Décidément, il faisait tout de travers. La liberté s'annonçait bien difficile pour lui.

-Enchanté de vous rencontrer, je m’appelle Owen. Je n’ai pas bien saisi votre nom ni la raison qui me vaut le plaisir de votre compagnie…

Léo regarda le clochard. Il ne semblait pas lui en vouloir. En tout cas ne lui avait-il pas ordonné de partir en vociférant et en le traitant de saleté de mutant. Le colosse hésita, puis finalement ouvrit la bouche.

-Léo...Léo Chapelle.

Au cours de sa vie au cirque, Léo avait appris plusieurs langues, qu'il maîtrisait assez bien, mais il s'exprimait toujours avec une pointe d'accent français et quelques hésitations assez attendrissantes sur certains mots.

-Désolé pour ça. C'est juste que j'ai...un peu du mal avec les gens. Alors pour combattre ma...timidité, je m'étais mis comme défi de m'arrêter et vous demander si je pouvais m'asseoir sur ce banc. Mais c'est un peu raté. C'est à dire que j'ai passé toute ma vie dans un cirque, et je ne l'ai quitté qu'il y a quelques jours. Et maintenant que je suis tout seul, je me rends compte à quel point j'ai peur des gens.

Il eut un regard gêné vers le sans-abri, puis baissa les yeux.

-Mais je vous raconte ma vie...je dois vous ennuyer.

Heureusement, mon approche directe et la non réaction face à sa mutation semblent le détendre un peu. Du coup après m'être présenté, il se décide enfin à aligner quelques mots intelligibles afin de se présenter à son tour.

-Léo...Léo Chapelle.

Voilà qui est plutôt intéressant. Un nom d'origine Canadienne, voire Française. En plus d'être un mutant il serait étranger. Bah avec ce genre de mutation, c'est le cadet de ses soucis. Je n'ai pas le temps de me perdre plus avant dans les réflexions qu'il trouve le courage d’enchaîner plus de deux mots à la suite.

-Désolé pour ça. C'est juste que j'ai...un peu du mal avec les gens. Alors pour combattre ma...timidité, je m'étais mis comme défi de m'arrêter et vous demander si je pouvais m'asseoir sur ce banc. Mais c'est un peu raté. C'est à dire que j'ai passé toute ma vie dans un cirque, et je ne l'ai quitté qu'il y a quelques jours. Et maintenant que je suis tout seul, je me rends compte à quel point j'ai peur des gens.

Il a un regard gêné vers moi avant de baisser les yeux. Maintenant plus de doute, je dirais origine Française à en juger par son léger accent. Mais le plus intéressant reste son récit. Même s'il ne m'en a pas trop dit, c'est déjà plus qu'il n'en faut pour comprendre un peu ce qu'il a pu endurer à cause de sa mutation.

-Mais je vous raconte ma vie...je dois vous ennuyer.

« Pas du tout jeune homme. Comment la vie d'un homme lion pourrait-elle être ennuyeuse ? Je ne vous ferai pas l'affront de vous raconter la mienne à titre de comparaison, mais même avec mes 75 ans je doute d'avoir eu une vie aussi intéressante que la vôtre. »

Bien sur, j'essaye de le rassurer, il manque cruellement de confiance en lui même. Surtout qu'il a mal choisi son moment pour faire son coming-out. Les anti-mutants n'ont jamais été aussi nombreux et virulents que depuis ces derniers mois.

« Au moins vous avez réussi votre défi. Vous êtes maintenant assis à coté d'un parfait inconnu et vous lui racontez votre vie. Mais je dois vous dire que votre peur des gens n'est pas tout à fait déraisonnable. Vous devez vous méfier de tout le monde ici. De par votre nature de mutant clairement visible vous risquez d'être victime de certaines personnes qui contrairement à moi ont une très mauvaise opinion des gens comme vous. Même si vous êtes aussi fort que vous en avez l'air, certains n’hésiteront pas à s'en prendre à vous physiquement. Et d'autres abuseront de leur statut ou de leur autorité pour vous en faire baver. Malheureusement il y a des racistes partout. »

J'espère que mon avertissement ne lui fera pas trop peur, mais le rendra un peu plus prudent à l'avenir. Se balader ouvertement comme ça à Central Park peut paraître un peu suicidaire en fin de compte...

-Pas du tout jeune homme. Comment la vie d'un homme lion pourrait-elle être ennuyeuse ? Je ne vous ferai pas l'affront de vous raconter la mienne à titre de comparaison, mais même avec mes 75 ans je doute d'avoir eu une vie aussi intéressante que la vôtre.

C'était un point de vue. Il était vrai que la biographie de Léo pourrait déjà faire un bon roman de gare. C'était plutôt rare que des parents abandonne leur enfant AVANT qu'il ne manifeste des pouvoirs mutants.

-Au moins vous avez réussi votre défi. Vous êtes maintenant assis à coté d'un parfait inconnu et vous lui racontez votre vie. Mais je dois vous dire que votre peur des gens n'est pas tout à fait déraisonnable. Vous devez vous méfier de tout le monde ici. De par votre nature de mutant clairement visible vous risquez d'être victime de certaines personnes qui contrairement à moi ont une très mauvaise opinion des gens comme vous. Même si vous êtes aussi fort que vous en avez l'air, certains n’hésiteront pas à s'en prendre à vous physiquement. Et d'autres abuseront de leur statut ou de leur autorité pour vous en faire baver. Malheureusement il y a des racistes partout.

-Oui, j'entends bien. Mais que puis-je y faire ? Toutes mes tentatives pour me déguiser ont donné un résultat assez ridicule et peu crédible. Malgré ça je suis bien obligé de me montrer. Ça n'aurait servi à rien de quitter le cirque si c'était pour rester caché. Et puis...maintenant que j'y suis, impossible de revenir en arrière.

En effet, quand Léo avait essayé de dissimuler ses traits léonins sous un imperméable et un chapeau, le résultat avait été peu convaincant. Il aurait fallu que les gens soient très myopes pour qu'un tel déguisement puisse faire illusion. Inutile de dire que sa quête pour retrouver sa mère s'annonçait pénible.

-Sinon...je viens d'arriver en ville et je ne connais pas grand chose. Je n'ai pas encore de travail et j'habite dans mon camion. Est-ce qu'il y a des choses que je devrais savoir ? Quelques bons plans ? A l'heure actuelle, je ne suis pas beaucoup plus friqué que vous.

L'honorable vieillard donnait l'impression d'être un clochard expérimenté, qui savait comment survivre dans le milieu hostile de New York. En tout cas, ce serait bien que Léo en sache plus sur cette ville s'il voulait éviter de se faire dévorer tout cru dès le premier jour.

Finalement la discussion semble un peu rassurer mon compagnon, et il commence à me répondre avec plus de facilité. Il comprend bien à mon ton que je ne lui veux aucun mal, et puis quelles raisons aurait-il de se méfier d’un vieillard comme moi. Vu sa carrure, il pourrait me briser le cou d’une seule main.
Il répond enfin à mes dernières paroles et j’arriverai sans doute à en savoir un peu plus sur lui.

-Oui, j'entends bien. Mais que puis-je y faire ? Toutes mes tentatives pour me déguiser ont donné un résultat assez ridicule et peu crédible. Malgré ça je suis bien obligé de me montrer. Ça n'aurait servi à rien de quitter le cirque si c'était pour rester caché. Et puis...maintenant que j'y suis, impossible de revenir en arrière.

Pas évident de dissimuler une telle mutation, pourtant j’ai déjà croisé des types avec des carrures plus singulières que ça arriver à en cacher une partie.

-Sinon...je viens d'arriver en ville et je ne connais pas grand-chose. Je n'ai pas encore de travail et j'habite dans mon camion. Est-ce qu'il y a des choses que je devrais savoir ? Quelques bons plans ? A l'heure actuelle, je ne suis pas beaucoup plus friqué que vous.

Et le voilà qui me demande conseil sur la survie dans la jungle urbaine. S’il savait que cela ne fait finalement qu’un peu plus d’un an que je suis dans la rue. Mais bon, j’ai tout de même un peu appris.

« Bha, il ne faut pas tenter de vous dissimuler totalement, ce serait visiblement voué à l’échec. Et puis vous ne devez pas avoir honte de ce que vous êtes, même si parfois il est préférable de le cacher un peu. Portez déjà un grand manteau et une casquette, et vous éviterez que l’on ne voie votre nature de trop loin. Mais comme vous le disiez, difficile de le cacher complètement. De toute façon, le voulez-vous vraiment ?

Reste à savoir comment cet homme lion vit sa mutation au quotidien. Certains en sont fiers et ne veulent pas se cacher, d’autres voudraient la faire disparaitre et redevenir humain.

« Quant à vous donner mes trucs pour survivre dans la rue, je crains qu’ils ne soient difficilement applicable à quelqu’un comme vous. Je suis trop vieux pour travailler, alors je dois faire la manche. Les gens n’aiment pas les SDF, ils leur renvoient à la face la misère du monde. Pourtant certains sont assez généreux pour passer outre cette répugnance et nous donner quelques dollars. Par contre je crains que pour un mutant, ce ne soit bien plus difficile. Reste à vous trouver un travail. Vu votre carrure et votre aspect, vous devriez faire videur pour un club. Reste à en trouver un qui accepte d’employer un mutant. Ya bien le Walhala à Mutant Town, mais ce n’est pas ce que l’on peut appeler un endroit correct. Malheureusement ce ne sont pas des endroits que je fréquente souvent. »

Je marque une pause avant de reprendre sur le ton de la plaisanterie.

« Bon, normalement je fais payer tout renseignement que je donne, mais comme vous semblez aussi fauché que moi, ce sera gratis pour cette fois. »

-Bah, il ne faut pas tenter de vous dissimuler totalement, ce serait visiblement voué à l’échec. Et puis vous ne devez pas avoir honte de ce que vous êtes, même si parfois il est préférable de le cacher un peu. Portez déjà un grand manteau et une casquette, et vous éviterez que l’on ne voie votre nature de trop loin. Mais comme vous le disiez, difficile de le cacher complètement. De toute façon, le voulez-vous vraiment ?
-Je...je ne sais pas. Je n'ai pas l'habitude de me cacher. Quand j'étais au cirque, ça ne me dérangeait pas de me montrer à tous. Mais depuis que je suis parti, je ne me sens nulle-part chez moi, et j'ai toujours l'envie de disparaître dans un trou de souris. Et puis...je n'ai ni manteau ni casquette...

Se cacher du mieux qu'on le pouvait, quitte à ce que ce soit vain, ou bien s'afficher ouvertement et en mettre plein la vue au gens ? Terrible dilemme que celui-ci...

-Quant à vous donner mes trucs pour survivre dans la rue, je crains qu’ils ne soient difficilement applicable à quelqu’un comme vous. Je suis trop vieux pour travailler, alors je dois faire la manche. Les gens n’aiment pas les SDF, ils leur renvoient à la face la misère du monde. Pourtant certains sont assez généreux pour passer outre cette répugnance et nous donner quelques dollars. Par contre je crains que pour un mutant, ce ne soit bien plus difficile. Reste à vous trouver un travail. Vu votre carrure et votre aspect, vous devriez faire videur pour un club. Reste à en trouver un qui accepte d’employer un mutant. Ya bien le Walhala à Mutant Town, mais ce n’est pas ce que l’on peut appeler un endroit correct. Malheureusement ce ne sont pas des endroits que je fréquente souvent.

Léo pouffa. En effet, sa silhouette massive faisait immédiatement penser à un adepte des travaux manuels requérant souvent plus de muscle que de cervelle (et puis quand quelqu'un disait avoir grandi dans un cirque, on l'imaginait tout de suite en accrobate, ou un autre métier physique), mais en fait il était plus accès sur les travaux techniques, sans pour autant être un génie.

-En fait, je suis mécanicien, et j'ai une formation d'ingénieur-éclairagiste, spécialisé dans l'industrie du spectacle. Je ne sais pas si videur me correspondrait beaucoup, mais je pourrais toujours essayer si je ne trouve rien d'autre. Vous...vous croyez que j'ai l'étoffe pour être videur ?