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 Les Reliques de la Prédation

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Sébastian von Orchent
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MessageSujet: Re: Les Reliques de la Prédation   Les Reliques de la Prédation - Page 2 Icon_minitimeDim 23 Nov - 15:20

Chapitre III
Vendredi 21 Février 2014 – 05 : 12 A.M.
Mont Hiei, Kansai, Japon
Une montagne couverte de forêt et parsemée de chemins pavés de pierre, isolée de ces campagnes aménagées qu’elle surplombe comme de ce ciel où l’aube n’est pas encore d’actualité, voici ce que nous gravissons depuis un temps qui m’échappe. Les dernières heures ont été atemporelles à mes yeux, j’ai dormi durant le vol quant au taxi nous ayant conduit ici, il n’était pas suffisant pour que j’y accorde mon attention plus que cela à l’inverse de la beauté naturelle que j’ai décrite précédemment. Lorsqu’on s’écarte des sentiers tracés on découvre un sol recouvert d’une fine neige où par endroit des ruisseaux ont creusées un simili de vallée par le passage clapotant et continue, même en cette époque, et les grands arbres feuillus dressent leurs troncs nus dans la nuit froide. Deux temples se trouvent ici, tous deux liés au Tendai ; l’Enryaku-ji, au sommet, et le Mii-dera, au pied du mont, et bien évidemment ce n’est pas le plus simple d’accès qui nous intéresse. Mais soyons pragmatiques, nous arriverons sur son seuil bien plus vite qu’on ne devrait, élancés que nous sommes entourés des Peau de Démon.

J’avais déjà vu une femme revêtir la Peau de Démon, la dernière fois que je suis venu au Japon d’ailleurs ; c’était une Confrériste, nous avions un ennemi commun, et cette alliance lui avait permise de se venger tandis que je m’emparais de la première Relique de la Prédation depuis des décennies : le sabre de Go-Saga. Aujourd’hui je suis avec une agente du HellFire Club, c’est indiscutable, qui se vengera elle-aussi plus tard, et je viens chercher un autre sabre. Oh, ils ne m’intéressent pas en tant qu’arme mais pour le fer que leur alliage comporte car c’est autour de ces atomes que se trouvent les particules d’Essence du Léviathan qui motivent ma venue. Il nous faudra trouver le troisième sabre, sans doute est-il lui aussi conteneur de quelques uns des fragments de ma Tutélaire, mais pour l’heure il nous faut celui-ci pour ramener ma femme et me ramener de ma folie. C’est en cours, c’est en cours, pas d’inquiétude là-dessus. Néanmoins cela ne m’aide pas à accepter cette autre personne dotée de ce même symbiote que moi, tout de chair et de muscles la grandissant et adoptant ses formes avec plus de fidélité que la majeure partie des vêtements, d’autant plus lorsque je sais que le symbiote a l’esprit de mon épouse.

Nous courrons et bondissons, devant atteindre la soixantaine de kilomètres par heure et plus de la vingtaine de mètres de part la force procurée par les créations de la Prédation, laissant des traces dans le sol et les arbres lorsque nous les percutons. C’est bestial, c’est primal, c’est une preuve de plus que nous ne sommes que des animaux éduqués et que ma Maitresse tend à nous faire prendre de la distanciation face à cela afin que nous combinions aux mieux ces aspects. Je me définis souvent comme un démon, à dire vrai j’en tiens plus de la bête humaine mais il est improbable que personne ne puisse jamais lire ma véritable psychologie ; quoi que je me dise, je suis un monument monolithique et ma complexité n’a d’égale que celle que je perçois de ce monde.

Nous finissons par ralentir le rythme alors même que la Prédation sent l’approche de la relique ; bien, Pita ne s’est pas trompée et je ne sombrerais pas à nouveau dans la folie du désespoir, c’est positif. Une fois au pas, les symbiotes se dissipent pour nous laisser sous nos apparences humaines approcher la structure typiquement japonaise où nulle lumière n’éclaire la nuit. Les toits noirs sont couverts de blanc et les murs blancs aux fenêtres noires renvoient à cette neige qui couvre tout à l’exception des passages pavés, dégagés par la main de l’homme. S’introduire dans une telle structure ne serait pas difficile si l’on en abattait les murs et moyennement aisé si l’on cherchait à s’y infiltrer néanmoins pour nous s’en sera simplement inutile. A quoi bon fouiller de fond en comble cette structure lorsqu’une créature peut le faire pour nous ?

Je me tourne vers Pita alors même que je m’adresse, mentalement, au Léviathan et c’est avec le consentement des deux que le Spectre se sépare de son hôte pour nous faire face, un instant. Le voir et me dire qui elle est réellement est douloureux, c’est un fait, cela prend aux tripes encore plus que l’idée qu’elle partage corps et esprit avec « notre » fille. Car à son instar j’espère que cette famille se reconstituera. Le visage du Spectre me semble un crane, là où je cherche à y voir un visage que j’ai commencé à oublier avec le temps, le corps du spectre est un nuage d’Essence imitant une silhouette féminine là où je n’y vois plus que nuée de charognards grouillant sur un cadavre à l’en déformer. Et cette énergie psychique bleutée, indistincte et déconstruite, voici qui est l’esprit de la personne que j’ai aimée et aime encore. C’est assez horrible à voir mais c’est pour que cela cesse, d’une certaine manière, que nous sommes ici.

Un ordre mental et le fantôme s’en va devenir revenant, parcourant couloirs et salles à la recherche de ce qui l’appelle à l’instar de sa Créatrice et les composent toutes deux. Ce n’est qu’une question de temps, de minutes sans doute, avant que la nouvelle Relique ne soit absorbée et ne redevienne qu’un objet aussi lambda que les autres. Ce n’est qu’une question de temps avant que la Prédation ne puisse tenir sa part du marché, rentabilisant ce qui a fait de nous deux le Léviathan. Mais je ne veux pas qu’Amanda revienne ici car son retour à la vie, si monstrueuse soit-elle, n’est pas quelque chose que l’on peut faire n’importe où. C’est du sentimentalisme mais il est mieux que cette émotionnalité destructrice qui me rongeait jusqu’à lors : je veux qu’elle se réveille dans un endroit familier. Je veux qu’elle se réveille dans ce qui se rapprochera le plus d’une maison pour nous. A-t-on seulement un lieu qui puisse ainsi être qualifié ?
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Sébastian von Orchent
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MessageSujet: Re: Les Reliques de la Prédation   Les Reliques de la Prédation - Page 2 Icon_minitimeDim 23 Nov - 17:49

Chapitre IV
Vendredi 21 Février 2014 – 07 : 55 P.M.
Nebra-sur-Unstrut, Saxe-Anhalt, Allemagne
C’est une vieille demeure, ancienne et morte avec ma famille. Je n’en parle jamais, même à celles qui ont pourtant contemplé ce fragment de mon passé. Qui ai-je été avant tout cela ? C’est bien trop loin pour qu’on se pose la question. Je ne me souviens même pas de si quelqu’un a cherché à comprendre comment j’en étais arrivé là. Pourquoi leur en voudrais-je ? Cela n’avait pas le moindre intérêt pour leurs desseins et je ne me souviens moi-même plus exactement de ce qui c’est passé. Mais avancer dans la poussière et ces ruines laissées à l’abandon me renvoie à beaucoup de moment que l’abîme s’est approprié depuis bien longtemps. Des rires et des leçons, cela résonne encore dans le grand hall aux escaliers en fer à cheval, dont les rambardes sont rongées par la rouille comme les marches de bois le sont par le temps et l’humidité au point qu’il soit possible qu’elles ne supportent plus le poids humain. Mais cela n’empêche pas de poursuivre la marche en longeant ces flancs dont les fenêtres et leurs arches semblent les côtes écartelées d’un cadavre, laissant à se souvenir le regard du ciel à travers des vitres désormais sales et fissurées au mieux, détruites au pire. Mes aïeux l’avaient faite construire à la renaissance je crois, cette demeure, je l’ai laissée mourir après y avoir déchiqueté ceux que j’avais toujours nommés « famille ». Mes premiers meurtres, les premiers êtres que j’ai brisés, cela a toujours été les miens. La haine et la volonté de vengeance, d’une vengeance fausse et illusoire, m’ont fait massacrer ceux qui m’avaient élevé et avaient prit soin de moi. Suis-je indigne de cette demeure que j’ai conduite à sa perte ? Qu’importe, je n’ai qu’elle pour maison.

Pita ne dit rien mais elle n’avance pas moins. L’aller-retour entre l’Allemagne et le Japon ne lui a pas réussi mais cette « perte de temps » est nécessaire. Nécessaire pour moi. Et marcher dans les ruines de ce que j’ai été l’intéresse. C’est une vérité sur moi, quelque par, une information que je n’ai pas livrée et qui se livre d’elle-même. Nebra a été la résidence de ma famille durant plus d’un millénaire, d’abord dans le château en ruine qui surplombe la ville puis dans ce manoir abandonné qui en est éloigné. Mon souffle est lent, mon cœur aussi, plus que jamais je fais vieux dans ce qu’il me reste d’âme alors qu’elle s’accroche à des souvenirs aux allures de chimères. Je n’étais pas ainsi la dernière fois que j’y suis venu, en compagnie de ces « sœurs » qui aujourd’hui encore luttent pour elles-mêmes à cause de leurs familles, mais aujourd’hui mon esprit est prompt à se laisser ronger. Pourtant j’avance encore, je sais où je vais et vers quoi je vais, comme toujours. Dire que tout a commencé ici serait assez inexact mais l’une des premières scènes de ce qui deviendrait plus tard le Léviathan c’est déroulée ici, quand bien même les traces de sang ont depuis longtemps disparue en poussière, et la dernière scène de ce qui est devenu le Léviathan se déroulera ici aussi.

Qu’est-ce que le Léviathan ? Qu’est-ce que ce mythe auquel j’ai longtemps cru être inféodé et auquel on a donné tant de signification durant l’Histoire ? Une Entité qui m’est Tutélaire ? Non, je l’ai nommé Léviathan, j’en ai fait un Démon dans mon humain besoin de nommer les choses pour les appréhender. Je ne suis plus aussi limité qu’alors et Elle commence à se révéler. Nous sommes le Léviathan, Elle et moi, car c’est notre œuvre commune qui lui a donné naissance, d’abord dans cette bête du chaos dévorant et détruisant, ensuite dans cette volonté d’entrer à un paradis qui lui était refusé et enfin par cette incarnation étatique que nous sommes devenus. Le Léviathan, le Léviathan que ce soit selon les croyances ou les métaphores des hommes nous y correspondront. Et comme le veut le roman de Klinger Faust peut être lié au Léviathan, ce qui m’a donné mon nom durant les sept dernières décennies. Peut-être un jour viendra-t-il où je rédigerai ma propre version de La vie de Faust, ses exploits & comment il fut précipité en enfer mais il me faudra alors changer la fin. J’ai revisité le mythe mais il semblerait que je sois sur le point d’atteindre la rédemption par l’amour.

C’est stupide, n’est-ce pas ? Comment un être ayant fait autant de mal que moi, ayant brisées autant de vie, peut-il obtenir la rédemption alors même qu’il ne la cherche pas ? Elle m’est inutile car je continuerai, différemment mais je continuerai ma tâche, c’est le prix. Le prix de mon pacte, le prix de sa vie. Et elle m’y aidera, n’est-ce pas ? Ce sera l’une de Tes créatures alors elle n’aura pas d’autres desseins que le Tien, je ne suis pas aveugle là-dessus. Il n’a jamais été question d’une seconde chance pour moi mais pour elle j’avais espéré. Mais inutile de revenir là-dessus, n’est-ce pas Prédation ? C’est ce qui m’a rendu fou une fois.

N’ai-je pas toujours été fou ? De croire que je ramènerai celle que j’aime d’être les morts au lieu de simplement faire son deuil ? De verser tant et tant de sang pour cette simple promesse prononcée par la Créature m’ayant fait me retourner contre les miens là où en définitive ils n’étaient pas coupable ? D’avoir fait le pire sans retenue et sans me soucier des conséquences durant tant d’années ? Combien de personnes ont-elles due faire ce que je n’ai réussi à faire à cause de ce que je faisais pour ne le faire ? Ou plus simplement, combien de personnes ont-elles enterré un proche pour que je n’ai pas à le faire d’Amanda ? Cela se compte-t-il en centaines ou en milliers ?

Je ne le saurais jamais, je suis un être égoïste et avoir mon bonheur me suffira ; c’est sans doute ce qu’il y a de plus humain en moi. Comment le supportera-t-elle, elle ? Grace à ce que le Léviathan, mon Entité comme moi-même, lui a fait subir. C’est le prix, un prix, nous faisons le nécessaire quel qu’il soit. La fin justifie les moyens ? Je ne le croyais pas parce que c’était trop extrême mais en définitive ce n’est qu’une question de point de vue. Dans tous les cas, la fin est proche.

La lourde porte de bois engoncée de fer est encore ouverte de la dernière fois que je suis venu, donnant sur cette même pièce grande et vide au centre de laquelle se trouve cette même table large et longue sur laquelle j’ai déjà, deux ans plus tôt, allongée une Grigori. Mais cette fois je n’allongerai personne et ce sera ma Grigori. Amanda. Amusant de ce dire que c’est, inconsciemment, en pensant à elle que j’ai nommée sa petite sœur « Amy », puisque c’était là le surnom que je lui donnais. Amy, Amanda, Amy, Ame… l’esprit et ses illusions m’amuse parfois.

Je pénètre dans la pièce au son de mes pas et ce n’est qu’une fois qu’ils se sont tu que le silence sépulcrale reprend ses droits. Brièvement, mais tout de même.

- Erasme ?

Pita n’a pas dérangée ma léthargie mais c’est l’heure. Elle n’est plus liée au Léviathan, psychiquement parlant, j’ai récupérée l’Essence et elle a quittée ma tête. Elle est inquiète, cela s’entend dans sa voix.

- Mon nom est Sébastian. Tant que quelqu’un s’en souviendra je continuerai d’exister. Comme elle…

MAIS C’EST UNE AUTRE FORME D’EXISTANCE QUE NOUS LUI AVONS RESERVEE… ET IL EST TEMPS.


Avec lenteur, je me retourne vers Lupita, vers cette enfant qui n’en a plus l’air à présent. J’y vois ce que j’y ai semé, ce que j’ai fait d’elle.

- Laisse-nous. C’est de l’ingratitude, je le sais, mais nous devons être « seuls » pour faire cela. Comprends-moi.

- Je te comprends mais je sortirai pas. Elle sera ma famille, je reste.
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Sébastian von Orchent
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MessageSujet: Re: Les Reliques de la Prédation   Les Reliques de la Prédation - Page 2 Icon_minitimeDim 23 Nov - 19:59

Chapitre V
Vendredi 21 Février 2014 – 08 : 02 P.M.
Nebra-sur-Unstrut, Saxe-Anhalt, Allemagne
C’est indolore. Cela l’a toujours été. Les particules traversent mon corps, se séparant des atomes qui me constituent pour former leurs propres atomes puis leurs propres molécules et ainsi de suite jusqu’à un organisme complet. Le potentiel est infini, l’utilisation pratique bien moindre puisque ces petites particules, cette « Essence », éveillées psychiquement et composant littéralement mon Entité se doivent d’apprendre chaque structure organique et que s’ils communiquent entre eux et échangent une fois l’apprentissage terminé ils ne peuvent plus apprendre une nouvelle chose ; d’où la nécessité de trouver de nouvelles Reliques, de nouveau fragments d’Essence, pour pouvoir y inscrire de nouvelles données. La Prédation est une intelligence et une conscience « collective » de toutes ces particules qu’Elle anime, un esprit global capable de créer des projections lui étant liées comme d’interagir avec les autres esprits pour transmettre ses pensées ou bien absorber les leurs voir les absorber eux. L’esprit d’Amanda a été absorbé lorsqu’elle est morte, la première fois que ma Tutélaire c’est manifestée en ce monde, alors que son corps a depuis bien longtemps pourrit dans la tombe que je lui ai faite. L’Essence de la dernière Relique permettra de lui créer un nouveau corps maintenant que le Spectre a été lui-même créé, que son Spectre devrais-je dire, mais elle n'en est et n’en sera pas moins l’une des créatures de la Prédation. Ce n’est pas ce que je voulais pour elle mais c’est ainsi. C’est indolore pour moi, mais pour elle ?

Le nuage d’essence se regroupe sur cette grande table à laquelle je fais face, accélérant mon cœur comme jamais il ne l’a fait auparavant. Je m’imagine un millier de scènes de la meilleure à la pire même si elles ont toutes pour commun cette douleur qui me brule le cœur. Je suis un homme face à l’autel où son rêve se réalise et je crains qu’il ne soit là une boite de pandore que je n’aurai du ouvrir, je crois que pour la première fois depuis fort longtemps j’ai peur. C’est la fin d’une époque et je ne sais pas ce qu’il adviendra. Tous mes plans m’ont toujours menés à cet instant précis sans qu’il n’y ait plus rien derrière hors le monde ne s’arrêtera pas de tourner avec son retour, pas plus que ma vie ne finira. Elle sera là, à mes côtés, et tout le reste continuera. Ne ferais-je pas mieux de la laisser là où elle est ? De la laisser partir ? A défaut d’un monde meilleur, elle connaitrait un monde moins pire.

Qu’importe mes doutes et mes hésitations, c’est trop tard de toute façon. Le Spectre a été forgé avec son esprit et la Relique lui forge son nouveau corps ainsi en sommes nous déjà à l’épilogue. C’est la fin. C’est bientôt fini.

Le nuage d’essence se condense à présent, alors même que la structure organique se forme pour donner naissance à une nouvelle monstruosité, à un nouveau prédateur, pour doter mon bestiaire d’une nouvelle créature et ma meute d’une nouvelle personne. Mais elle est et sera différente de toutes les autres, elle existait avant et, je l’espère, existera indépendamment. Je ne me fais pas d’illusion là-dessus, Amanda sera tout aussi liée à la Prédation que ne le sont Peaux de Démon, Hydres et Cerbères, néanmoins eux n’ont pas leur libre arbitre et j’espère que mon aimée l’aura. Etre un simulacre de personne biologiquement n’implique pas qu’elle le soit psychologiquement. Ça me fait peur mais j’ai la garantie de ma Tutélaire. Cela me suffit-il ? Je n’ai pas le choix. Je ne l’ai jamais eu. Pas depuis que je me suis vendu à Elle.

D’ordinaire la formation de l’organisme est instantanée ou presque car partiellement formé un organisme ne peut pas survivre, mais j’ai l’impression que cela prend une éternité aujourd’hui. Mon souffle ne m’indique plus l’écoulement du temps mais mes battements de cœur si et… le temps s’écoule. Lupita est derrière moi, à quelques pas, elle attend également. Je ne la vois pas, je ne l’entends pas, mais je sais. Je sais et je comprends, moi aussi, tout comme j’accepte. Nous formons une famille aujourd’hui, c’est un nouveau point de départ depuis que j’ai détruite celle qu’elle c’était forgée. C’est une fin et un commencement.

Et ça prend une apparence ovoïde, verticale, une sorte d’œuf fait d’une étrange matière que je ne saurais qualifier autrement qu’une glaise métallique ; et je pense que la matière importe moins que la comparaison que la précède. J’ai toujours nommés les monstres que « j’invoquai » par des noms de créatures mythiques propres à notre monde, hydres, cerbères… vais-je devoir en faire autant pour ma femme ? Le Spectre n’est-il pas suffisant ?

J’inspire enfin après une longue attente, une longue apnée, et je laisse échapper un tremblement que de toute façon je ne suis pas sure d’être en mesure de retenir. Je déglutis, ensuite, alors qu’un craquement émane de la coquille et de ce qui se trouve dedans. Je me tends à mesure que la fissure se répand sur la surface de cette chose qui ne tardera plus à en libérer une autre. Est-ce une chose, seulement une chose, qui s’échappera de là ? Arriverai-je jamais à la voir autrement ? Comment pourrai-je, moi qui me suis entrainé à voir la réalité dans ce qu’elle a de plus cruel et nu, m’aveugler sur la nature de la personne que je sais aimer ?

Toutes ces questions tourmentent mon esprit car il peine à appréhender l’instant présent, j’en suis conscience mais mon Démon me fait prendre conscience de ce savoir. Savoir qui me renvoi à ma demi-vérité sur ce qui se tient face à moi alors que la coquille cède entièrement et que les deux parties s’écartent pour laisser place à une personne d’une étrange familiarité.

Ses cheveux sont longs, très longs, plus que je ne m’en souvenais et alors qu’elle est à genoux, fesses contre la table et tête baissée, ils suffisent à couvrir la grande majorité de sa nudité. Ils sont bruns, soyeux, et remontent le long de ses cuisses alors qu’elle relève la tête et redresse le dos. Ses avant-bras sont croisés sur sa poitrine, comme celles d’un nouveau né qui n’aurait eu à subir un quelconque accouchement, mais ne suffisent pas à dissimuler son ampleur que le rideau filandreux dévoile à mesure que son geste se poursuit. Elle est si fine, ses hanches semblent étroites en comparaison de ses cuisses et de ses épaules, tandis que bras et jambes ont la force de cette carrure presque contradictoire. Son cou est plus épais que dans mon souvenir et sa tête toute aussi anguleuse, avec ce menton ovale qui court doucement jusqu’à ses oreilles collées et son front carré. Sa bouche est petite mis ses lèvres sont épaisses, cela je n’en ai oublié ni l’image ni le goût, et elle est surplombé par un nez large et pointu l’étant lui-même de fins sourcils. Enfin viennent les fenêtres de l’âme qui à l’instar de son cocon s’ouvrent pour laisser voir les yeux bruns qui sont ce dont je croyais le mieux me souvenir mais que ma mémoire n’aurait pu restituer avec cette intensité.

Je prends une nouvelle inspiration, tremblante cette fois alors que les mots s’évanouissent face à cette image. J’en suis nauséeux, je ne pensais pas que cela pouvait m’arriver de cette façon là mais il semble que les extrêmes se ressemblent tous. Elle se relève, laissant voir de nombreux liens entre elle et son œuf et alors même qu’elle nous surplombe celui-ci se rétracte jusqu’à sa peau pour y disparaitre, révélant une structure filandreuse qui se dissous sous son épiderme.

C’est elle sans être elle tout en l’étant, c’est une nouvelle elle comme je suis différent d’alors mais si j’ai progressivement changé par les ans et les actes elle me semble le faire en un instant. Qu’en est-il de son impression à elle ? Je ne le sais car elle ne tarde pas à perdre son équilibre et à tomber en arrière.

De l’inquiétude ? Je n’ai pas réellement le temps d’en avoir qu’elle commence déjà à jurer comme une personne que l’on éveille de force. Pita évacue sa tension d’un bref rire alors que j’entreprends de contourner la table pour aller la voir, tendant la main vers son visage mais l’arrêtant à mi-chemin. Elle est là, allongée de façon indécente à quelques décimètres, peut-être même centimètres, de moi, cela me bloque. Cela me paralyse, non pas de peur mais d’autres choses. C’est Amanda, c’est mon Amy, ma femme…

Elle tourne son regard vers moi et un fin sourire se dessine sur ses lèvres, sourire qui hésite alors que ses yeux s’arrêtent sur ma main puis elle fait ce que j’attends qu’elle face : tendre la sienne pour prendre la mienne et la pauser contre sa joue. Je ferme les yeux, ne sachant pour quoi je devrais larmoyer. C’est Amanda, c’est mon Amy, ma femme… c’est l’Héritière de la Prédation.
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