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 Be kind, rewind[PV Nikolaï]

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Iris Balwin
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Iris Balwin


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MessageSujet: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeJeu 24 Avr - 18:05



Be kind, rewind[PV Nikolaï] 699512homeslideseiler88a065c7e6

J'avais les fesses posées contre une tabouret en velours moelleux, face à un magnifique Seiler répondant à mes moindres gestes, comme si il avait été fabriqué dans le seul but de traduire des frappements en notes. En fait, c'était réellement dans ce but qu'on l'avait construit. Ca faisait une dizaine d'années que je n'avais pas touché un piano, ou plutôt, un piano digne de ce nom. Lorsque je rentrerai chez moi, je me lamenterai surement sur la qualité misérable de mon Yamaha bas-de-gamme électrique. Cependant, l'heure n'était pas à la désolation mais plutôt à l'extase.

Me promenant, contrairement à mes habitudes, dans un quartier chic de New York, j'avais croisé cette annonce sur une petite affiche que seule l'attention des plus alertes aurait pu attirer. Heureusement, je faisais apparemment partie de cette catégorie. Ou plus exactement, c'était le piano planté au milieu d'une salle remplie de tables vides qui avait piqué mon attention. Un
Seiler ne peut pas être confondu.

« Vous jouez du piano aussi bien que vous marchez ? Vous rêvez de vous faire un peu d'argent, mais vous ne savez pas entre quelles mains confier votre talent ? N'attendez plus : rendez vous le dimanche 13 avril à cette adresse même, 14 heures ! »

Dire que je me projetais parfaitement dans le portrait dessiné par l'accroche aurait été faux. Mais le fait était que j'avais besoin d'argent, et que je n'en demanderai en aucun cas à mes parents. En fait, c'étaient eux qui en avaient besoin, à cause du cancer qui rongeait mon père. Résidant interne d'un hôpital, ça coûte une blinde. Et je parle même pas du matériel hors prix dont ils se servaient pour faire ses perfusions. Même si elle ne me l'avait pas dit, je savais très bien que les économies de ma mère touchaient le fond, et elle refusait catégoriquement que je lui prête. Mais là, elle n'aurait pas le choix.

Contre toute attentes et malgré la centaine de figurants, j'avais été prise. Peut-être que mon physique modulable en miss « bon chic bon genre » y avait fait quelque chose ? Mais mes mains y avaient surement jouer aussi. C'était bien la seule chose dont je remerciais ma mère biologique. La seule, certes, mais pas des moindres.

J'étais habillée d'un pantalon sobre en toile noire qui m'arrivait au nombril, surmonté d'une chemise marinière vaporeuse enfoncée dans ce même bas. J'avais même sorti la vieille trousse de maquillage de ma mère, mais je n'avais pas forcé la dose. Mes cheveux étaient retroussés dans une sorte de chignon un peu fouillis dans lequel j'avais tenté de faire rentrer mon importante masse de cheveux. Je n'étais pas sure que l'effet produit était celui escompté, mais personne ne s'était plaint.

Installée dans le coin d'une salle conséquente, j'étais entourée d'une dizaine de tables drapées de rouge et de noir. Une seule faisait exception : il s'agissait d'une grande tablée, longue d'au moins 5 mètres où étaient rassemblés une quarantaine de convives. C'était pour eux que je m’exerçais. Ils fêtaient l'anniversaire d'une dame richissimes aux traits ravagés par la vieillesse et les nombreux lifting ratés.
Les autres clients du restaurant avaient l'air étonnés mais plutôt contents de ce spectacle gratuit. Apparemment, ce n'était pas le genre d'invités que l'établissement recevait habituellement. En effet, de l’extérieur, on aurait plutôt dit une enseigne à l'ancienne, entrée plat dessert à 24 euros, avec plat du jour pour les habitués. Mais cette dame là devait être spéciale. J'avais même entendu dire que le
Seiler avait été déplacé pour l'occasion.

On m'avait fourni une pile de vieux manuscrits notés à la main. Le morceau que je jouais à l'instant était un Domenico Alberti, compositeur Italien qui avait été aussi chanteur, d'après ce que j'en savais personnellement. Ma mère biologique m'avait obligé à jouer du classique durant toute ma jeunesse. Non pas que je n'aimais pas, je peux même dire que j'appréciais beaucoup, mais en jouer me rappelais trop l'enfance que j'avais passée en Russie. Comme elle avait favorisé les compositeurs Slovaques ( je pourrais vous réciter toutes les notes de toutes les compositions de Jan Levoslav Bella), jouer de l'Italien me dérangeais moins. Pourtant, dès que j'étais arrivée aux USA et avais repris mes cours de piano, je m'étais orientée vers du Jazz. Je maîtrisais maintenant les deux genres à la perfection.

Le patron, un homme âgé d'une soixantaine d'années, avec une bonne tête et une bedaine généreuse, m'avait annoncé tout en désignant le somptueux piano :  « il à toi pour cette soirée, alors n'hésite pas à te défouler ! ». Je comptais bien le prendre au mot.

Plongeant mon esprit dans les souvenirs de mes premières leçons de jazz, une mélodie sauta à mes yeux, comme si elle s'imposait d'elle-même. Oubliant les clients attablés devant moi, mes mains commencèrent leur danse, comme animées d'une volonté propre.





Dernière édition par Iris Balwin le Jeu 8 Mai - 19:58, édité 1 fois
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Nikolaï M. Kolyakov
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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeJeu 8 Mai - 15:21

Les dîners mondains. Le fléau de mon existence. Et ce depuis toujours. Pour aussi loin que je remonte, je n’ai aucun souvenir d’une soirée agréable passée au manoir à entretenir les invités familiaux. Que ce fut par timidité adolescente ou simplement par désintérêt plus tard, ces obligations sociales ont systématiquement représenté le summum de l’ennui à mes yeux. Jamais personne pour égayer la soirée, juste une brochette d’hypocrites se congratulant mutuellement pour ne pas perdre le semblant de relations entre eux. Et autant vous dire que la découverte de mon pouvoir ne fit qu’empirer la situation. Car, désormais, je n’avais même plus à imaginer les pensées insipides de mes compagnons de soirée, je pouvais les entendre claires et nettes. Avantage non négligeable que mon père s’empressa d’utiliser à bon escient, sans se préoccuper un instant des effets secondaires. Pour sa défense, je ne m’en préoccupais pas plus que cela non plus, trop heureux de pouvoir découvrir les secrets les mieux gardés des puissants de ce monde. Néanmoins, avec le temps, j’ai appris qu’à moins d’une raison majeure, m’aventurer dans plusieurs esprits à la fois sur une période de temps trop courte n’est pas recommandé. En effet, cela déclenche ensuite ma télépathie de manière indépendante et je me retrouve propulsé dans un esprit quelconque sans n’avoir rien demandé à personne. Une position fort handicapante, comme vous le devinerez aisément.

Raison pour laquelle, malgré mon envie dévorante de quitter les lieux, ne serait-ce que mentalement, je maintiens depuis bientôt trois-quarts d’heure une discussion à sens unique avec mon effroyable voisin. Je dis à sens unique car je ne lui accorde qu’une oreille, par pure politesse, tandis que mon regard se régale plutôt des tenues toutes plus snobs les unes que les autres de mes compagnons de tablée. C’est qu’on n’est pas invité aux soixante-quinze ans de Théodora McIntosh tous les quatre matins. Et pour beaucoup d’entre eux, cette soirée représente certainement le summum de leur vie sociale ces derniers mois. A tous les coups, plus d’une avait commandé sa robe sur mesure depuis des semaines, mourant d’envie de l’étrenner en public. Qui plus est dans ce restaurant si « pittoresque » pour reprendre les termes de mon voisin en début de soirée. Quoi de mieux après tout que de parader devant le commun des mortels pour changer un peu des cocktails entre membres de la bonne société ? Ah ça on peut toujours compter sur Mrs McIntosh pour sortir de l’ordinaire.

La veuve la plus fortunée de la côte est comme la surnomme les tabloïds est en effet une excentrique notoire et plus d’un serait prêt à vendre père et mère pour se rendre à une de ses soirées. Personnellement, j’ai fait sa connaissance il y a un peu plus d’un an à un gala de charité organisé par le Secrétariat à l’Energie où je me devais d’être présent en tant que représentant d’un des plus grands groupes gaziers au monde. Et, à ma grande surprise, le courant passa étrangement bien entre nous. Peut-être était-ce sa vision du monde ô combien plus ouverte que bien des femmes de son milieu, ou bien tout bêtement son flair pour les affaires toujours aussi aiguisé malgré son âge avancé qui me plut ? Quoiqu’il en soit, sans être vraiment restés en contact depuis, je reçus avec une appréciation teintée de surprise son invitation à participer à sa soirée d’anniversaire il y a de cela trois semaines. Un instant, je fus sur le point de décliner mais ne serait-ce que parce qu’il ne convient pas de froisser les sentiments d’une des plus grandes fortunes du pays, je changeai d’avis et me voici sur le point de me fracasser le crâne contre la nappe bordée pour échapper à la diatribe de mon voisin sur l’augmentation intolérable du prix du baril de brut. Ou plutôt, soyons honnêtes, je suis à deux doigts de LUI fracasser le crâne contre la table. Et ce, malgré le fait que cela ruinerait une nappe magnifique.

C’est qu’en acceptant cette invitation j’avais envisagé quelque chose de plus proche du cocktail ou encore de petites tables de quatre à cinq convives plutôt qu’une longue table où il est impossible de converser avec quiconque placé plus de trois sièges à votre droite ou votre gauche. Alors, avalant une dernière gorgée du Vosne Romanée-Conti qu’un serveur a eu la délicatesse de verser dans mon verre pour égayer un instant cette morne soirée, je me lève, prétextant des besoins naturels. En réalité, j’ai simplement besoin d’air, quitte à ce qu’il provienne de la fenêtre des toilettes. Tant que je m’éloigne de Môsieur Baril de Brut, tout ira pour le mieux. Je prends par conséquent la direction des toilettes lorsqu’une magnifique mélodie atteint mes oreilles, me distrayant un instant de mon objectif initial.

Les notes s’élèvent, légères et aériennes, provocatrices même, à la limite du dérangeant par leur nouveauté. Puis, la mélodie se fait plus douce à nouveau, comme pour endormir notre méfiance, pour apaiser nos mécontentements. Instinctivement, je suis attiré vers la source de cette invitation au voyage musical, à savoir une jeune femme blonde assise face à un piano dans un coin de la salle, ses mains volant sur le clavier, comme munies d’une volonté propre. Et il ne s’agit pas là uniquement d’une métaphore rabâchée jusqu’à l’usure mais de l’impression réelle que donnent ses doigts se déplaçant d’une touche à l’autre à une vitesse incroyable. Je la laisse donc terminer son morceau, applaudit doucement – appuyé en cela par quatre ou cinq personnes dans la salle – avant de m’adresser à elle, trop heureux d’avoir trouvé là l’occasion rêvée d’échapper à mon ennuyeux compagnon de repas.


-Vous me semblez un peu trop talentueuse pour un établissement de ce genre – et je sais de quoi je parle, Mère m’ayant traîné de force à suffisamment de concerts durant mon enfance pour que je développe une véritable oreille musicale à défaut d’un goût prononcé pour le développement d’un talent musical quelconque. Puis-je me permettre de vous demander si vous jouez régulièrement ici ou si vous avez été engagée pour la cérémonie en l’honneur de Lady McIntosh ?
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Iris Balwin
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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeDim 11 Mai - 13:46


Le silence miraculeux et lumineux qui éclairait mon esprit s'en alla à la seconde même où mes mains finissaient le dernier accord. Ca me faisait toujours cet effet là : une sorte de vide où seule la mélodie régnait en maîtresse, un sanctuaire Paradisiaque que seul pouvait provoquer cet exercice. Le son ambiant remplaça brusquement celui de Oscar Peterson, et j'eus le temps d'entendre les applaudissements de ceux qui avaient porté attention à la mélodie. J'avais pratiquement oublié combien j'étais entourée, et ce rappel me procura un certain malaise. Je me soudain rendis compte que je n'avais pas joué devant un public si nombreux depuis une dizaine d'années... Mais la peur se mua en une vague assurance quand je compris que ce fameux public avait aimé mon jeu.

Alors que je m'apprêtais à chercher un autre morceau dans la pile posée au pied du piano, une voix masculine retentit derrière mon dos.

-Vous me semblez un peu trop talentueuse pour un établissement de ce genre.

Je me retournai doucement, les sourcils froncés. Ce type de remarque, qui vous incitait à revoir vos projets et ambitions, légèrement vaniteuse, aurait eu parfaitement sa place dans un bon film Américain. Peut-être avais-je peur que le compliment soit un flatterie hypocrite ? Quoiqu'il en soit, l'homme qui l'avait prononcée devait venir du groupe d'invités d'honneur, car il portait élégamment un costard dont je préférais ne pas imaginer le prix. L'homme enchaîna la suite de sorte que je ne pu rien répondre :


-Puis-je me permettre de vous demander si vous jouez régulièrement ici ou si vous avez été engagée pour la cérémonie en l’honneur de Lady McIntosh ?


Lady McIntosh, comme je m'étais douté au vue du nombre de fois que le patron du restaurant prononçait son nom avec délectation, était la dame qui fêtait son anniversaire. J'avais donc raison en pensant que le jeune homme provenait de sa table. Pourquoi l'avait-il quittée, c'était une autre affaire. Je songeais dans le meme moment que je n'avais pas envie de quiitter le siège moelleux sur lequel j'étais assise, meme si ca paraissait impoli.

-Vous pouvez...! Répondis-je dans une expiration, un peu essoufflée ( après les pratiquement 6 minutes de pratique, même mon entraînement ne m'évite pas de transpirer ).  Mon regard erra un seconde sur le piano qui m'invitait insidieusement à une autre escapade, avant de renoncer avec une pointe de regret. Me retournant complètement vers l'homme, je répondis : Je joue aujourd'hui pour elle mais c'est exceptionnel, en effet. Le nuage rêveur qui possédait mes yeux se dissipait peu à peu.

Je verrouillai mes yeux dans ceux bruns clairs de l'invité. Ces sourcils étaient d'une finesse presque anormale.  Je me demandai une seconde si il se les épilait, avant de décréter que ça n'avait aucune espèce d'importance.


-A qui ai-je l'honneur... ?

Je croisais mes gambes d'un geste posé et fis de même avec mes bras, que j'appuyais contre mon ventre, faisant ressortir mon buste. Cette question était purement pratique, et l'expression de mon visage était neutre, peut-etre meme légerement ouverte. Je n'avais pas l'intention d'entrer dans un manège de conversation déjà écrite, sinon je lui rappellerai poliment que le piano devait être ma priorité ce soir. Je n'avais cependant rien contre un échange avec ce nouveau venu, si seulement il s’avérait utile.[/i]


Dernière édition par Iris Balwin le Sam 28 Juin - 10:12, édité 1 fois
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Nikolaï M. Kolyakov
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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeJeu 15 Mai - 20:47

Sans grande surprise mais avec ce qui ressemble traitreusement à une pointe de déception, j’apprends que la jeune pianiste se produit exceptionnellement ce soir. J’aurais pourtant apprécié de découvrir un établissement digne de ce nom loin de mes lieux de détente habituels, un endroit hors des cadres trop bien réglés des deux mondes dans lesquels je me meus où venir me ressourcer de temps à autre au son d’un concert de qualité. Mais, si ma recherche d’une échappatoire à mes obligations sociales devra se poursuivre plus tard, ce n’est pas pour autant une raison d’en perdre mes bonnes manières. Un sourire, dont je ne sais honnêtement plus depuis le temps s’il est terrifiant de fausseté ou tout bonnement la seule franchise dont je sache faire preuve à force de manipulation constante, se dessine donc sur mes lèvres face à la question qui m’est adressée.

-Nikolaï Mikhaïlovitch Kolyakov, Miss … ?

La moindre des politesses exige en effet un retour sur investissement. Je me présente, elle se présente, les formalités sont remplies et la conversation peut poursuivre son cours avec l’impression d’une complicité nouvelle. Pourtant, la simple évocation d’un nom suffit rarement à connaître quelqu’un. Certes, un patronyme peut en dire long mais je doute que le mien soit familier à la jeune femme face à moi. Nous ne semblons nullement provenir du même milieu. Néanmoins, quelque chose attire tout de même mon attention : son accent. J’ai passé suffisamment de temps à entendre mon père et ses hommes massacrer la langue de Shakespeare pour reconnaître un accent de la Mère Patrie, pour aussi dissimulé soit-il. Quelque chose me dit donc que je suis face à une compatriote. Une compatriote à l’anglais irréprochable, mais une compatriote malgré tout. Car on ne perd pas si facilement un accent, peu importe les efforts qu’on fournisse. Dans mon cas, c’est la décision de Mère de nous initier, mon frère et moi, à l’anglais et – snobisme suprême – au français dès le berceau qui me permet aujourd’hui de me faire passer sans difficulté pour un sujet de Sa Très Gracieuse Majesté ou un citoyen de la grande et belle République Française. Ce dont je ne me suis certainement pas privé, comme le prouvent aisément mes deux faux passeports.

Mais, peu importe mes caprices identitaires pour le moment, je suis bien plus intéressé par l’histoire de la jeune femme face à moi. Et si la possibilité de partir fouiller ses souvenirs si elle se remet à son jeu existe toujours, je trouve plus stimulant de chercher à m’attirer sa confiance à l’ancienne. Je reprends donc la parole, sur le même ton léger sur lequel a commencé notre conversation, de manière à ne pas la brusquer. Il serait si dommage qu’elle se remette immédiatement à jouer et que je perde l’occasion de m’éloigner encore quelques instants de mon insupportable voisin de tablée. Surtout désormais que l’attrait du pays s’est fait sentir. C’est que, peu importe le nombre de kilomètres que je mette entre lui et moi, il finit toujours par me retrouver et m’attirer de nouveau dans ses filets. Comme quoi, on ne laisse jamais la Russie derrière soi.


-Jouez-vous toujours du jazz ou est-ce une envie soudaine, voire peut-être une demande spécifique ?

Je m’y connais en effet suffisamment sur la question pour savoir que les pianistes ont bien souvent une préférence. Classique ou jazz, les mouvements, le tempo, les rythmes, tout change. Les meilleurs sont capables de jouer de tout mais leur préférence est souvent nettement marquée. La meilleure amie de Mère ne supporte par exemple pas le jazz, cette « musique de dégénérés » pour la citer – vous ai-je dit que la tolérance raciale n’est pas le propre de l’aristocratie russe ? Rien ne remplace ainsi à ses oreilles la mélodie d’un concert de Bach ou d’un nocturne de Chopin. Personnellement je n’aventurerai pas à choisir, mon éclectisme n’étant un secret pour personne. Mais, je ne suis nullement pianiste après tout. Je suis cependant un grand amateur de piano. Et, j’espère qu’à défaut de me répondre, la jolie pianiste me fera au moins l’honneur de reprendre son récital. Je préfèrerai encore continuer à échanger quelques mots avec elle, mais je comprendrais également qu’elle y voit un inconvénient. Car, si elle a été engagée pour la soirée, elle se doit par conséquent de remplir son contrat. Reste donc à voir si la réussite d’une telle action sera incompatible avec une conversation agréable ou non.
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Iris Balwin
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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeJeu 5 Juin - 19:38


HRP:

Je n'allais pas commencer à me plaindre, c'était moi qui avais engagé les « formules pré-concues de politesse admises par l'ensemble de la noblesse et autres petits bourges ». Cependant un certaine hésitation, que je ne pris pas la peine de cacher, marqua mon scepticisme vis-à-vis de ces fameuses formules. Décision néanmoins prise, je répondis sur le même ton, comme si de rien n'étais :

-Iris Balwin.

Pas très Russe, n'est-ce pas... ? J'espérai très naïvement que l'autre n'aurait pas reconnu l'accent qui se cachait derrière ce que je venais de prononcer. Malheureusement, au vu de son nom, j'avais peu de chance que mon souhait soit exaucé.

J'avais déjà été interrogée à ce sujet. A croire que mon accent russe ne passait pas inaperçu, et que le fait que Balwin soit totalement américain était trop étrange pour ne pas relever. Mais je n'avais jamais répondu autre chose que la vérité, enfin, pratiquement la vérité.
« J'ai été adopté quand j'étais gamine. Je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle mes parents ne voulaient pas de moi ». La seconde affirmation était terriblement fausse. Mais les gens n'allaient pas plus loin, et malgré que je dise ça avec impassibilité, ils étaient invariablement touchés par mon cas, et ne savais pas quoi répondre. Ils changeaient d'ailleurs de sujet très rapidement.

Ce qui me faisait réellement souffrir dans cette histoire, c'était que je ne comprenais pas moi-même pourquoi je cachais ça. Une honte vis-à-vis de mon pays d'origine ? Non. Était-ce pour protéger mes parents biologiques ? Mais cette idée était insupportable. Ca ne pouvait pas être ça. J'avais pourtant l'étrange impression que si. Comme quoi, on ne laisse jamais la Russie derrière soi.
La prochaine fois, je dirai simplement :"
j'ai été adoptée enfant."

-Une envie soudaine, je dirai.

Je pointai du doigt la pile de cahier de partitions jaunâtres avec malice. Le nom de BACH était inscrit en italique en haut de la première feuille.

-On m'avait plutôt conseillé ceux-ci...


Dernière édition par Iris Balwin le Sam 28 Juin - 10:11, édité 1 fois
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Nikolaï M. Kolyakov
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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeMar 10 Juin - 15:00

La moue malicieuse qui prend place sur le joli minois qui me fait face me tire un sourire complice. C’est vrai qu’un peu de jazz change des habituels concertos et autres nocturnes. Non que j’aie quoique ce soit contre les maestros du répertoire classique mais la soirée est déjà suffisamment « classique » en elle-même pour qu’un peu de changement soit le bienvenu. Et puis le jazz, malgré un petit côté transgressif dont il n’a jamais su se défaire – et c’est tant mieux de mon point de vue – est tout de même devenu parfaitement acceptable, tout au moins suffisamment pour que personne ne critique ouvertement vos goûts si vous vous en réclamez. Adressant donc un clin d’œil discret à la pianiste, je lui avoue mes préférences.

-Excellent choix. L’ambiance avait besoin d’un peu de nouveauté, sinon le risque de s’embourber dans les conversations superficielles aurait été fort.

Du moins à ma table, rajoutais-je mentalement. Quoiqu’avec le boulet que je me coltine comme voisin, il est possible que peu importe l’accompagnement musical, le reste de la soirée se révèle tout aussi barbant que le début. D’où mes efforts pour prolonger ma présence aux côtés de Miss Balwin. Qui a un nom bien du pays pour n’en pas titiller ma curiosité. Aurais-je mal identifié son accent ? Ce serait étonnant. De toute façon, russe ou non, sa prononciation particulière de l’anglais n’en démontre pas moins une origine étrangère qui ne colle pas à son nom, bien anglais lui. A moins qu’elle ne soit adoptée. En effet, si seul son patronyme avait été à consonance américaine, j’aurais pu conclure à un mariage récent. Mais son prénom me laisse entendre que ce n’est pas de cela qu’il s’agit, Iris est en effet beaucoup de choses mais certainement pas la preuve d’une identité slave.

Mon intérêt n’en est que plus piqué et, alors que l’homme dont le regard sévère qu’il envoie à Miss Balwin me fait déduire qu’il est le propriétaire des lieux fait signe à cette dernière de reprendre sa performance, je me décide à faire un petit tour dans l’esprit de la jeune femme. C’est malpoli ? Certes, mais ça fait bien longtemps que je ne suis plus à ça prêt. Bien au contraire, dès que qui ou quoi que ce soit m’intrigue, je suis bon pour faire ma petite enquête et, au vu de mon pouvoir, lorsqu’il s’agit d’une personne, la façon la plus simple d’obtenir les réponses que je désire est encore d’aller les chercher à la source.

Ainsi, délaissant les premières notes qui commencent de nouveau à s’élever du piano à mes côtés, je plonge à mon tour dans mon domaine privé, à savoir celui des esprits. Sans surprise, je ne rencontre aucune résistance – Iris ne me semblait pas préparée à une quelconque attaque psychique – et peut me faufiler sans difficulté au-delà des pensées de surface, toutes focalisées sur la partition face à elle. Voguant au gré de mes envies, je saute d’un souvenir à l’autre, sans m’attarder sur la pile de mondanités que comportent la vie d’une jeune femme banale – je suis curieux, pas pervers … du moins pas au sens premier du terme – jusqu’à arriver à une zone plus trouble qui m’attire immédiatement. Si secrets honteux elle a, c’est là qu’ils se cachent. Je pousse donc encore un peu plus loin, légèrement désorienté par les impressions soudain plus oppressantes qui m’entourent. Quelle est en la raison, il est encore trop tôt pour le déterminer, mais ce que je peux assurer avec certitude c’est que la demoiselle face à moi n’a pas un passé aussi sage que son image pourrait le faire croire. Ce qui ne fait qu’attiser encore plus les braises de ma curiosité.

Je poursuis donc ma quête et suis bien vite récompensé. La surprise est néanmoins de taille. Que vient donc faire Asya Asiomov dans les souvenirs d’une New-Yorkaise de base ? Parce que je reconnaîtrais ce port altier entre mille, Père ayant fait appel à ses services en plus d’une occasion. Une avocate de qualité qui, tant qu’elle reçoit ses frais exorbitants à la fin du mois, peut vous tirer de pratiquement n’importe quelle situation. Qui plus est son alliance matrimoniale avec un des hommes politiques les plus influents de sa génération a tendance à aider ses clients en plus d’une occasion. Bref, autant vous dire qu’il s’agit d’une femme qu’il convient d’avoir dans son camp plutôt qu’en tant qu’ennemi, chose que Père a compris très vite. J’ai ainsi souvenir d’avoir eu les Asiomov à notre table familiale plus d’un soir. Pourtant, nulle trace de la gamine blonde qui apparaît dans les souvenirs de Mis Balwin dans les miens. Si ma mémoire me sert toujours, je crois me souvenir que Mère avait mentionné un jour, au détour d’une conversation, que les Asiomov avaient eu une fille qui était morte dans de tragiques circonstances et qu’ils n’avaient jamais cherché à la remplacer. Ce qui n’explique toujours pas la présence incongrue de Lady Asiomov dans les souvenirs de Miss Balwin.

Bien décidé à en savoir plus – je sens l’information juteuse poindre son nez et mon instinct ne m’a encore jamais laissé tomber dans ce genre de situation – j’attends que la belle blonde mette un point final à son morceau avant de l’interroger de nouveau, anxieux de démêler les fils de cette étrange histoire. Mais, il s’agit de ne pas la faire fuir en étant trop intrusif, après tout, ce que j’ai découvert était bien enfoui sous des couches et des couches d’autres souvenirs. Autrement dit, je doute qu’Iris aime particulièrement en discuter. Malheureusement pour elle, lorsque je veux quelque chose, je m’arrange pour l’avoir, peu importe les méthodes que je dois employer pour cela. Je me lance donc dans la poursuite de mon interrogatoire aux allures de questions désintéressées.


-Et peut-on savoir où vous avez développé des goûts aussi éclectiques ? Je doute que ce soit dans un conservatoire.

Parce qu’on peut dire ce qu’on veut du niveau des écoles de musique des grandes villes développées, mais ils sont d’un classicisme désespérant.
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Iris Balwin
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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeMer 11 Juin - 12:52


Un sourire complice naquit sur les lèvres du nouveau venu en voyant les partitions classiques empilées en face de moi. Apparemment, il préférait le jazz au classique, ou bien il s'ennuyait ferme à la table qui trônait au milieu de la salle, incongrue. Cette hypothèse était d'autant plus probable qu'elle expliquerait la raison de sa venue ici.

Je vis un énorme bras s'agiter en l'air dans le coin droit de mon champ de vision, et mon regard rencontra celui du patron. Dégoulinant à cause de trop d'allées-venues et  de présentations officielles, il s’exerçait maintenant à me faire signe de recommencer mon jeu. Après tout, il avait raison, j'étais là pour ça. Il eut l'air infiniment soulagé lorsque mon regard croisa enfin le sien, mais malgré ça il prit une telle moue fâchée que je hochais rapidement de la tête et me tournais vers le piano – non à regret, croyez moi. Un
« Blue Bossa » me faisait bien envie. Je me retournais vers Mr Kolyakov en désignant le piano, et il hocha la tête d'un air compréhensif.

Je repassais dans l'autre dimension, celle que seule l'art de jouer de la musique pouvait engendrer. Un calme bienheureux s'empara de moi, et seule la mélodie régnait en maîtresse dans mon esprit. Je ne pensais à rien, ni à l'histoire de ce morceau, ni comment et quand je l'avais appris, et je me détachais peu à peu de l'univers autour de moi : salle, table, personnes qui y étaient assises ( ou pas ), seules les touches blanches et noires comptaient. Au milieu de la mélodie cependant, je sentis mon cœur se serrer doucement, et un sentiment de lassitude et de tristesse s'emparer de moi un millième de seconde avant de me relâcher. Ne comprenant pas, et ne voulant d'ailleurs pas comprendre la cause de ce changement d'humeur furtif ( cela m'arrivait très souvent ), je n'interrompais pas le morceau pour autant et retournais sans plus attendre dans ma zone de confort.

Ma main droite effectua les derniers accords d'octave en octave pour s'arrêter dans un aigu final. Une goute de ma propre transpiration coula au creux de mes omoplates pour venir s'écraser contre le bas de l'étoffe de mon pantalon. La chaleur à l’intérieur de la salle augmentait, du fait du nombre grandissant de gens affamés, et cette fois-ci j'eus le droit à des applaudissement plus fournis encore. Je souriais doucement à ce public qui retourna bien vite à la nourriture posée en face de lui.

Mr Kolyakov, toujours debout derrière moi, affichait une expression légèrement concentrée. Mon morceau avait peut-être du lui plaire, et si c'était le cas, tant mieux. Peut-être était-ce une affaire qui le tracassait... Enfin, cela étant, il reprit bien vite la parole.


-Et peut-on savoir où vous avez développé des goûts aussi éclectiques ? Je doute que ce soit dans un conservatoire.

Je m'extasiais de plus en plus devant cette manière si spéciale et si fine de s'exprimer. Etait-ce seulement de cette manière que les « grands » échangeaient ? Jamais un mot de travers, le tout enrobé dans une bonne couche de politesse suintante.  Au final, on pouvait presque entendre Bond dire « Du vin rouge avec le poisson, j'aurais du me méfier. ».
Néanmoins, ne pas répondre à sa question aurait été compliqué, et surtout assez étrange. Mais comme à mon habitude, ce sera court, sincère mais vague.


-J'ai fais de nombreuses années de classiques, avant de m'orienter vers du Jazz, il y a une dizaine d'années.

Je penchais ma tête sur le côté et décidais de poser des questions, à mon tour. Nous n'étions peut-être pas du même rang social, lui et moi, mais ça ne m'affectait pas, au contraire.

-Vous m'avez l'air très calé sur le sujet, Mr Kolyakov : vous avez fait des études dans le domaine, ou bien même savez-vous peut-être jouer ?


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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeVen 13 Juin - 16:18

Elle a une façon très particulière de s’exprimer. Et je ne parle pas d’un maniérisme quelconque, ni même de son accent. C’est plus subtil que cela. Comme si elle pesait consciencieusement chacun de ses mots, de manière à en révéler le moins possible sans jamais vexer son interlocuteur. Elle répond aux questions mais s’arrange pour qu’il n’apprenne rien de crucial. Pour quelqu’un d’aussi jeune, c’est surprenant. Elle semble avoir développé une méthode particulièrement efficace pour rester discrète tout en s’intégrant à une conversation. Reste à savoir s’il s’agit d’une décision consciente ou plus prosaïquement de l’effet d’une timidité naturelle. J’aurais tendance à pencher pour la première solution vu sa facilité à m’interroger à son tour. Quelqu’un de réellement timide n’aurait pas volontairement relancé la conversation. Je n’en suis que plus intrigué : son attitude est-elle due à une vie qu’elle ne veut pas dévoiler ou plus simplement à un goût prononcé de la solitude ?

-Etudes forcées, réponds-je donc avec un nouveau sourire amusé. Heureusement pour ma santé mentale et les oreilles de ceux qui m’entourent, j’en suis resté à la théorie. Ainsi donc, parlez-moi solfège et je serais dans mon élément, à défaut d’apprécier réellement la conversation, mais mettez-moi face à un piano et je vous conseille vivement de prendre immédiatement la fuite.

Mon conseil ne découle en effet pas d’une quelconque fausse modestie dont je ne possède par ailleurs pas la moindre once. Mon incapacité à jouer d’un instrument est avérée. Que ce soit piano ou violon, je ne réussis qu’à faire grincer des dents toute personne aux alentours, moi le premier. Mère abandonna donc bien vite la partie, considérant qu’il valait mieux laisser de côté cette partie de mon éducation plutôt que de subir des lésions durables aux tympans. Pourtant, avec Alekseï comme premier essai, elle aurait dû se faire à l’idée que les Kolyakov ne s’accordent tout bonnement pas d’un instrument entre les mains mais il faut croire que l’espoir fait réellement vivre et que, quitte à avoir un deuxième enfant – pour aussi involontaire fût-il – elle tenta de nouveau l’expérience.

-Avez-vous aussi subi une volonté parentale de faire de son enfant un génie musical ou votre goût est-il personnel ?, ne puis-je par conséquent m’empêcher de rajouter.

C’est une bonne façon d’essayer d’en savoir plus sur son enfance – vu son âge, si elle a dit avoir commencé le jazz il y a dix ans après avoir déjà bien étudié le classique, ses premières expériences musicales sont forcément enfantines – et, par voie de fait, sa connaissance de Lady Asiomov sans donner l’impression de me mêler de ce qui ne me regarde pas. De plus, avec un peu de chance, même si elle continue d’en dévoiler le minimum vital pour que je ne prenne pas offense de son manque de coopération, le simple fait de faire surgir des souvenirs à la surface de son esprit me les rendra plus accessible lorsque je replongerai. Car, à n’en pas douter, après encore quelques phrases échangées, elle devra retourner une fois de plus à ses devoirs d’hôtesse musicale. Quant à moi, je pourrais alors retourner à mon hobby favori, à savoir me mêler de ce qui ne me regarde pas. Et, en l’occurrence, l’activité est encore plus attirante que je sens le scoop et la possibilité de chantage qui s’en suit arriver à grandes enjambées. Et croyez-moi, j’ai un véritable flair pour ces choses-là.


HJ:
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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeLun 16 Juin - 14:30


Il eut une fois de plus un sourire amusé, dont je n'arrivai pas très bien à saisir le sens. Sa réponse était certainement plus claire que la mienne. Je plaignais un instant le pauvre petit garçon qu'il avait du être en écoutant des leçons pires qu'ennuyantes sur les plus grands du genre. Je ne pu m'empêcher de faire le rapprochement avec ma propre enfance. C'était peut être une habitude des parents en Russie d’initier leurs enfants à la musique classique des anciens temps. Car maintenant, je n'avais plus de doutes quand à ses origines, malgré son physique plutôt américain. En tous cas, il devait avoir un quelconque lien avec mon pays d'origine.

-Avez-vous aussi subi une volonté parentale de faire de son enfant un génie musical ou votre goût est-il personnel ?

Je plongeais mon regard dans le sien en entendant sa question. Je ne décelais aucune trace de curiosité mal placée dans sa voix, rien qui n'eut pu le trahir si jamais il déguisait secrètement cette conversation pour un interrogatoire. Mais je ne pu m'empêcher de me méfier ne serait-ce qu'un petit peu. C'était dans ma nature, et je décidai de prendre plus de précautions encore pour répondre. Une technique que je maîtrisais décidément à la perfection.


-Un génie, ça m'étonnerais,
puis, répondant à sa question : je dirais un mélange des deux, j'ai toujours beaucoup aimé jouer du piano.

Je lui offrais un sourire légèrement rêveur.

Pendant que je prononçais ces paroles, je sentais en moi mon cœur se contracter, signe distinctif que mon humeur se transformait et agissait inconsciemment sur mon pouvoir mutant, qui était très instable en ce moment. En effet, pas plus de 4 jours auparavant, j'avais eu un de ces réveils « surprise ! ». J'avais eu de la chance, j'avais atterri en bas de mon immeuble, et il m'avait seulement fallut remonter ( en sachant que je garde toujours mes clefs et de l'argent sur moi, surtout quand je dors ). Dans mon esprit, une barrière se formait.

Une fois de plus, d'un regard au patron des lieux, je me retournais vers le piano luxueux, en espérant que ça calmerait mes nerfs paranoïaques. Je jetai un coup d’œil éperdu à la pile de manuscrits, et trouvais une mélodie que je connaissais très bien, pour l'avoir joué de nombreuses fois. C'était peu avant mon exil en Amérique.

Un hiver, une femme portant un long manteau, dansant, heureuse, sous la neige fine qui ruisselait, un cadeau du ciel. Voilà ce qu'elle m'évoquait.


HRP:


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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeSam 21 Juin - 8:12

Cette fois-ci, je suis préparé à sa façon de s’exprimer et me concentre moins sur sa réponse en elle-même que sur les images qui défilent inconsciemment dans son esprit lorsqu’elle la prononce. Et sans surprise, voici de nouveau Miss Balwin enfant, devant un piano, Lady Asiomov à ses côtés avec un air strict sur le visage. Pourtant la lueur de fierté qui brille dans le regard de cette dernière ne laisse aucun doute. L’enfant avait déjà du talent à l’époque. L’image suivante cependant ne figure plus que celle que je suppose être Miss Balwin, adolescente, seule dans une salle de répétition. Non, ça ne va pas. Il faut que je retourne en arrière.

Ainsi, sans me préoccuper de la musique qui a repris, je poursuis mon exploration des méandres spirituels de la demoiselle. Du moins, j’aurais aimé le faire mais cela se révèle moins évident que ce que je n’avais initialement prévu. En effet, une image plus forte que les autres se surimpose à elles, celle d’une femme tournoyant sous la neige. Surpris au premier abord, je comprends assez vite que c’est l’image mentale que la jeune femme associe au morceau qu’elle joue. C’est que c’est la première fois que j’explore l’esprit d’un musicien en pleine performance, je n’avais donc pas pris en compte la place prise par le morceau joué dans les pensées superficielles. Il ne m’est néanmoins pas très difficile de contourner cette image en pleine expansion dans l’esprit de Miss Balwin.

Patiemment, mettant à l’épreuve mes années d’entraînement, je cherche donc la faille par laquelle me faufiler. Il me faut une vingtaine de secondes mais je finis par y arriver sans grande difficulté. Ce à quoi je ne m’attendais cependant absolument pas c’est à me retrouver dans le noir complet une fois le seuil de cette image musicale passé. Ça ne m’était jamais arrivé. Ça ressemble à un bouclier mental sans en être un. Tout d’abord parce que je ne ressens aucune gêne en cherchant à aller plus loin, or les barrières mentales sont désignées pour blesser l’intrus et l’obliger à reculer. Et, deuxièmement, parce qu’une barrière mentale a tendance à fonctionner comme un mur de souvenirs sans importance, parfois même complètement fabriqués, destinés à protéger les plus importants. Or, là, nul souvenir pour venir arrêter ma progression, juste un noir intense et profond.

Une seule explication logique se fait alors jour : de quel type, je serai bien incapable de le dire, mais Miss Balwin possède une mutation d’origine mentale. Un instant, je me surprends à craindre d’être découvert mais le fait qu’elle continue à jouer sans rien changer me rassure. Personne ne peut être aussi bon acteur lorsque son esprit est sous attaque. Par précaution néanmoins, je me retire, préférant repenser ma stratégie plutôt que de prendre des risques inconsidérés. Et avant tout, il faut que je cherche à lier les bouts d’informations que j’ai réussi à attraper au vol ici ou là. Je récapitule donc : jusqu’ici j’ai appris que la jeune femme a un accent de mon pays, qu’elle a des souvenirs d’enfance incluant une des avocates les plus influentes de Russie et qu’elle est possiblement mutante, le tout en ayant un nom terriblement banal pour une Américaine. Ça ne fait définitivement pas sens.

Je me triture donc les méninges tandis que les notes continuent à s’élever dans la salle et soudain, une hypothèse, ô combien tirée par les cheveux mais tellement profitable si elle s’avère juste que je ne pas la laisser passer sans chercher à la confirmer, se fait jour dans mon esprit. Je n’ai pas la moindre idée de l’âge que devrait avoir la mystérieuse fille Asiomov aujourd’hui – le sujet ne m’a jamais intéressé suffisamment pour que j’y porte une réelle attention, je ne m’en suis souvenu aujourd’hui que par rappel fortuit d’anciens souvenirs d’adolescence – mais quelque chose me dit qu’elle aurait à peu près l’âge de Miss Balwin. Reste à vérifier ma supposition. Et surtout à comprendre pourquoi l’héritière d’une des principales familles russes joue du piano dans un bar quelconque d’Astoria. Il y a fort à parier que cela a à voir avec sa mutation mais ce n’est pas assez. Après tout, la société russe est nettement plus indifférente au gène X que l’américaine. Par exemple, pas de X-men ou de Confrérie pour se taper dessus. Certes, l’équivalent du BAM existe pour s’assurer de la sécurité du pays mais à vrai dire, notre président considère que des surhommes russes ne doivent pas être pourchassés mais au contraire mis au service de la nation. Avoir une fille mutante peut donc s’avérer un véritable avantage et n’est donc pas une raison suffisante pour la faire disparaître. Par exemple, si mon père ne rendit pas ma mutation publique c’est simplement pour profiter de ses avantages en paix pas par honte ou une quelque autre stupidité du style.

Mais je m’avance un peu trop là. Avant tout, il faut que je m’assure de l’origine russe de la jolie pianiste. Et comme lui poser frontalement la question me paraît complètement contre-productif au vu de son manque total de coopération jusqu’à maintenant, je continue mon approche détournée. Je décide donc qu’à défaut d’obtenir une réponse vocalisée, je peux au moins provoquer des émotions importantes chez elle. Je reprends donc la parole dès que les applaudissements prennent fin.


-Puis-je vous demander un morceau de Tchaikovsky ? Toute cette discussion sur l’enfance m’a rendu légèrement nostalgique.

Voyons comment elle réagit à une telle association de la Russie et de l’enfance.
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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeDim 22 Juin - 17:15


Encore une fois, mon cœur se serrai, mais encore une fois, je n'en tenais pas compte. Il fallait dire que cette chanson avait toujours su me transporter et m'émouvoir, même quand moi-même je la jouais. J'aurais pu l'écouter en continu pendant plusieurs heures sans m'en lasser.

A mon immense regret, la mélodie prit fin sans même que je m'en rende compte. Les derniers accords se firent seuls, et c'était comme si je me levais d'un sommeil profond, rempli de rêves dont je ne me souviendrais plus. Toujours la même peur.

Une fois de plus les gens applaudirent, et il était toujours là, tranquille, entrain d'attendre que je finisse. N'était-il pas censé participer à un long repas ennuyeux aux côté de la sexagénaire ? Pourquoi s’intéressait-t-il à mon enfance particulièrement, pourquoi ne posait-t-il pas des questions sur mon école de Jazz, vu que c'était un genre qu'il préférait au classique ? Mais surtout, qui était-il ?


-Puis-je vous demander un morceau de Tchaikovsky ? Toute cette discussion sur l’enfance m’a rendu légèrement nostalgique.

Donc, il venait bien de Russie. Mon instinct, comme à son habitude, avait eut raison. Et finalement, cela ne faisait qu'accentuer mon doute, et le rendre plus véridique encore. Lui, un membre au placé qui devait côtoyer les grands, devait connaître mes parents biologiques, qui, eux-aussi, dans mes souvenirs, étaient très puissants dans la société Russe. Et comme par hasard, celui-là ne pouvait pas venir du Brésil, non, il provenait tout droit de notre bonne vieille Russie. Cependant, je gardais mon calme face au nom de Tchaikovsy, qui était un des auteurs préférés de ma mère de sang.

Mon pouls s'accéléra, mais je réussis tout de même à lui servir ce bon vieux sourire aimable dont j'avais le secret.


-Pourquoi pas, si ça vous rappelle des souvenirs d'enfance.

Quelle ironie.

Je fuyais les souvenirs teintés de gris qui survenaient à mon esprit, mais je ne pouvais y échapper plus longtemps. Peut-être choisissais-je le mauvais morceau, mais tous me rappelaient quelque chose de là-bas. A mon souvenir, je n'avais plus joué de Tchaikovsky depuis mon exil.

Alors la mélodie recommença, pompeuse, lourde et suintante, et malgré les tonnes d'or et de froufrous qu'elle portait, elle essayait de s'envoler, sans y arriver. Mais autre chose la retenait au sol. Une petite main d'enfant, blanche et frêle, qui la tenait par un ruban trop rose, la tirait vers le bas. Une petite fille aux cheveux blond, de longues larmes coulant sur son visage, criant sans que je puisse l'entendre, malheureuse. Elle avait un air familier, celui d'un ancien portrait poussiéreux, d'un passé oublié, enfoui sous des couches d'autres préoccupations. Mais elle était bien là, forçant la mélodie à se rapprocher et à compatir à sa douleur.

Mon double enfantin, têtu, ne lâchait pas prise. Avec une force dont je ne l'aurais pas cru capable, elle donna un dernier assaut. A l'instant où la mélodie tombait sur la petite fille maigrichonne, un souvenir jaillit de mes pensées troublées.

Dans sa jolie robe bleue et ses baskets blanches, les boucles aux vent, une minuscule mallette qu'elle tenait fermement dans ses deux mains, la même enfant se tenait sur un quai. Un regret qu'elle était trop jeune pour connaître défigurant ses trais. Une image figée dans des couleurs sombres. En face d'elle, seuls, deux adultes. Peut-être ses parents ? Je n'en savais rien, et je continuais à jouer. Une femme, une lueur triste au fond des yeux qui n'allait pas avec son visage froid et impassible. Un homme, droit, à la bedaine lourde, dont tout le corps semblait animé d'un dégout intense. Un au revoir formel.

Puis soudain, comme on coupe une télé, le souvenir disparaît. La petite fille, éperdue, à lâché le ruban.
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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeJeu 26 Juin - 17:37

Sa réticence à la simple évocation de Tchaikovsky me saute aux yeux. Est-ce un déplaisir face à l’œuvre de mon compatriote ou sa gêne est-elle plus profonde ? Liée peut-être à ces souvenirs qu’elle s’évertue consciencieusement d’éviter, les reléguant au fin fond de son esprit, rendant par-là mon travail plus complexe mais ô combien plus palpitant. Peu m’importe à vrai dire, m’aventurer là où on ne veut pas de moi est ma spécialité. J’aime tout particulièrement tirer les fils invisibles des souvenirs jusqu’à trouver la perle rare, quitte à bouleverser leur propriétaire par la même occasion. De plus, il ne conviendrait pas de refuser la demande d’un invité, ainsi donc la voilà déjà qui ressort à contrecœur des émotions assourdies, comme anesthésiées.

La musique s’élève à grand peine et avec elle les sensations que la belle leur associe. Un mélange d’aigre-doux, de flou artistique jusqu’à ce que la clarté totale se fasse lorsqu’un souvenir s’impose aux autres. Mais est-ce seulement un véritable souvenir ? Je ne sais, ça y ressemble sans y ressembler. Sa texture est similaire à celle qu’ont les rêves : vaporeuse. Car oui, pour ceux qui se demandent, il m’est déjà arrivé de me balader dans l’inconscient d’une personne endormie, et croyez-moi c’est loin d’être aussi amusant que les gens se l’imaginent, ça peut même être à la limite du traumatisant mais bon cela fait du sacré matériel de chantage, le jeu en vaut donc souvent la chandelle. Quoiqu’il en soit, cette sensation de flotter dans un entre-deux spirituel s’évanouit bien vite pour laisser place à ce qui est sans doute aucun un souvenir et pas des plus heureux si je puis me permettre.

La femme au visage fermé mais au regard moins dur qu’il n’y paraît est Lady Asiomov. Elle paraît plus âgée que lors de notre dernière rencontre et pourtant je jurerais par l’âge de la gamine face à elle que je ne l’avais encore jamais rencontrée lors du déroulement des faits. Il faut croire que le stress de laisser partir sa fille unique ne lui a pas réussi. Lord Asiomov quant à lui ne semble pas subir le même sort. Son regard dénote un tel dégoût lorsqu’il se pose comme par accident sur la fillette que j’en suis presque compatissant. Est-il à ce point anti-mutant qu’il en a abandonné sa fille ? Ou bien me manque-t-il encore une pièce du puzzle pour comprendre de quoi il retourne ? Tout ce que je peux constater pour l’instant c’est que si Asiomov ne regrette pas sa décision, il en va peut-être autrement de sa femme. En effet, pas la peine de lire ses pensées pour voir clairement qu’elle n’est pas heureuse. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’elle est malheureuse – cela impliquerait de la doter de la capacité d’aimer réellement, qualité dont je n’affublerais pas la femme que j’ai rencontré– mais elle est affectée, ça pour sûr.  

C’est beaucoup d’informations à la fois, j’ai donc besoin d’un peu de temps pour déterminer mon prochain mouvement. Mon intérêt est en effet bien trop piqué pour laisser les choses là où elles en sont mais, en même temps, je ne veux pas tout faire chavirer en me précipitant. Tout vient à qui sait attendre, n’est-ce pas ? Eh bien, il me faut une stratégie efficace avant de l’acculer à se jeter dans mes filets, fût-ce à reculons. Une fois le morceau terminé, j’applaudis ainsi poliment puis m’excuse définitivement, arguant qu’il est temps que je la laisse à ses devoirs et que je retourne à mes compagnons de soirée. Je retourne donc m’asseoir et profiter de la suite des plats à défaut de conversation. Mon ennuyant voisin reprend notre discussion avant même que je n’ai fini de m’installer et c’est comme si je n’étais jamais parti. Sauf que je ne l’écoute plus, mon esprit étant trop occupé à élaborer des stratagèmes pour forcer Miss Balwin à s’ouvrir plus, volontairement ou non. Car lorsque je désire quelque chose, en règle générale je l’obtiens et pas dix ans après car je manque singulièrement de patience.

Ainsi, une fois la soirée terminée et les multiples au revoir échangés avec des gens dont je sais pourtant pertinemment que je ne les recroiserai pas avant Dieu seul sait quand, je m’attarde volontairement à l’entrée, feignant de m’intéresser à une des photos d’époque accrochée au-dessus du chambranle de la porte. De cette façon, je suis encore sur les lieux lorsque la miss quitte les lieux. Je lui adresse par conséquent de nouveau la parole, le sourire aux lèvres, ne cherchant plus à cacher mon intérêt pour elle. Elle m’a semblée de toute façon assez maligne pour déterminer lorsque quelqu’un veut quelque chose d’elle, ce qui est mon cas. Il me reste néanmoins à ne pas lui faire trop vite comprendre ce que je veux, du moins pas tant que je n’aurais pas bloqué toutes ses issues de secours.


-Miss Balwin. Je me suis permis de vous attendre dans l’optique de me faire pardonner d’avoir accaparé votre temps plus tôt dans la soirée en vous offrant un verre. Vous êtes libre de choisir l’endroit mais je vous prie de ne pas refuser la demande d’un homme qui a surpassé sa dose d’ennui pour une soirée et aimerait désormais profiter un peu plus de la seule compagnie agréable qu’il a croisé en plusieurs heures.

Et le mieux dans tout ça c’est que je n’ai même pas à lui mentir. Je me suis effectivement ennuyé à mourir ce soir – seule l’hôtesse m’intéressait réellement et étant assis à des kilomètres d’elle nous nous sommes à peine croisés – et sa compagnie, en dehors d’être intéressante pour les affaires était loin d’être désagréable. Ce n’est certes pas la plus belle ni chaleureuse des femmes que j’ai eu le plaisir de côtoyer mais elle n’en reste pas moins un joli brin de fille et puis son caractère légèrement revêche ne fait qu’attiser encore plus mon côté manipulateur. Voyons donc voir si les conventions sociales gagneront sur son envie de s’éloigner de moi ou si je vais devoir employer une autre technique pour la forcer à m’accompagner.
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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeSam 28 Juin - 10:07


L'évocation de se souvenir ne m'avait pas fait beaucoup de bien. La gorge serrée, je finissais le morceau avec autant de sûreté que possible. Comme d'habitude, j'essayais d'effacer, ou du moins d'enfouir ses pensées sombres au fin fond de ma mémoire, mais le goût amer était toujours là. Et avec lui, un doute de plus en plus présent.

Je me retournai donc, certainement avec plus de lenteur. Il y avait un je-ne-sais quoi de lourd dans l'atmosphère. Il était certain que mon interprétation de cette partie du
concerto N y était pour quelque chose. Peut-être même que, sans m'en rendre compte, j'y avais mis une partie de ma rancœur.
Mr Kolyakov s'excusa et parti enfin. Peut-être était-ce la lueur dans mes yeux, cette musique abominable ou bien même son interprétation qui le faisait fuir, mais c'était mieux ainsi. Cependant, mon esprit affuté, aiguisé par des années de méfiance et d'observation, ne pouvait s'empêcher de se demander :
« Il t'a demandé de jouer du Tchaikovski, quelque chose qui semblait être personnel pour lui, mais il ne fait aucun commentaire et part à ce moment précis. Son air concentré, encore une fois, ne me plait pas plus que ça. Alors que cherche-t-il ? ». Je suivais d'un regard absent la silhouette mince de l'homme se faufiler parmi les tables pour rejoindre son siège.

Je me passais la main sur le visage. Il me fallait réfléchir et me résonner, le plus vite possible. Sans ça, je savais pertinemment que l'histoire m'obséderait, comme elle commençait déjà à le faire. Et rien de tel pour que mon instabilité s'accentue.

Quelque chose me soufflait que sa présence ici n'avait rien de bon.
Un souvenir récent avait grandement accentué ma paranoïa. Un kidnapping prémédité sur ma personne, et pas quelqu'un d'autre. J'avais longuement réfléchi, lors de mes interminables nuits blanches : à quoi pouvais-je servir ? Car l'homme monstrueux qui avait essayé de m'enlever avait eu des ordres, provenant d'un supérieur. J'en avais conclu qu'il ne pouvait y avoir que deux raisons. La nature de mon pouvoir ( j'avais entendu qu'il existait des organisations pas claires faisant des expériences tout aussi louches sur des mutants de toutes catégories ). Ou bien, mon passé. Et après tout, les deux étaient liés. Mais si ils connaissaient mon pouvoir, pourquoi avaient-ils envoyé un seul homme ? C'était idiot, car ils auraient su que quoi qu'il arrive, j'arriverai à le contrôler.

Mon raisonnement ne s'était pas terminé là, il avait encore continué pendant de longues heures. Mais au final, il tournait en rond et revenait à la même question : qu'attendaient-ils pour chercher à m'utiliser de nouveau ? Voilà ma solution : ils utilisaient la méthode douce. Et c'était celle dont j'avais le plus peur.

Pendant ce temps, je continuai à jouer.

Mais je me rassurais.
Tu ne lui as rien dis d'important. Il est partit, et il ne viendra plus t'embêter, petite Iris. Continue à jouer, ne fais pas attention.

J'avais retrouvé un semblant de calme lorsque la fin du repas prestigieux approchait. Alors que les Grandes Gens, comme les appelle mon père, commençaient à se désinstaller, je finissais mon morceau. Mes mains, bien qu'habituées à jouer durant de longues heures sans s'arrêter, étaient rougies et moites. Mes doigts n'avaient pas joué sur un terrain aussi grand depuis longtemps, et la résistance peu familière des touches les avaient épuisés.

Le dernier accord résonna dans la salle vide du restaurant.

-Miss Balwin.

C'était comme si je l'avais prévu. Contrairement à ce que j'avais pu penser, mon pouls ne s'accentua pas, ni ma nervosité. C'était devenu de la mauvaise humeur, pure et dure, mais une mauvaise humeur calme. C'était son seul atout. Je me retournais doucement mais cette fois-ci je me levais et saisissais mon US Army, dont je ne pouvais pas me séparer, ne serait-ce que pour une soirée. J'écoutai sa proposition.
Face à lui, nos regards se rencontrèrent durant de longues secondes. Dans ses yeux, maintenant, j'arrivai à distinguer un intérêt certain. La nature de cet intérêt, je le savais, ne me plaisait pas. Ce n'était pas en une soirée que j'allais me changer.

Jouait-il un double jeu ? Là était toute la question. Si c'était le cas, dans mon regard, il pourrait nettement lire :
« je suis pas faite pour ça. J'ai jamais été assez subtile pour jouer à ce jeu. Si vous continuez, vous allez vous brûler. Nous allons nous brûler. ».
J'avais besoin que mes doutes soient certifiés. Je ne suis pas douée à la duplicité. Un sourire, certainement difficile à interpréter ( parce que moi-même ne savais pas ce qu'il voulait dire ), se dessina sur mes lèvres.

-Navrée, mais je vais vous refuser ça. Je dois aller voir un parent.

Ce qui  était totalement vrai : il fallait que je persuade ma mère d'encaisser le chéquier de ce soir. 400€, même si c'était peu comparé à ce que nous coûtait l’hôpital, n'était pas rien.

Et puis, je voulais connaître sa réaction. Enfin je saurais définitivement où je devais placer le personnage en face de moi.
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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeJeu 3 Juil - 17:40

Son refus ne me surprend pas. Sa méfiance à mon égard n’a fait qu’augmenter au fur et à mesure de la soirée et elle cherche désormais à se débarrasser de moi. J’en veux pour preuve son expression fermée, à la limite de l’hostilité. Pourtant elle ne perd jamais un certain degré de politesse. Est-ce par précaution au cas où je ne serais qu’un peu trop intrusif mais sans réelles mauvaises intentions ou bien parce qu’elle veut m’obliger à être celui qui rompra la stabilité de l’entre-deux dans lequel nous naviguons depuis le début de la soirée, je ne saurais dire. En tous les cas, son attitude est louable. Elle a un secret à cacher et mon nom – la seule information valable que je lui aie fournie de toute la soirée – a suffi à la mettre sur ses gardes. Un instant, je joue avec l’idée de la déstabiliser complètement en rebondissant sur sa remarque pour lui faire part de ma surprise concernant la présence des Asiomov à New-York mais je me retiens. Je n’ai pas épuisé toutes mes cartes, il n’est pas encore temps de dévoiler l’intégralité de mon jeu.

Je peux continuer à l’acculer progressivement, l’enfermant méthodiquement dans une voie sans issue, jusqu’à ce qu’elle n’ait plus qu’un seul choix possible : s’en remettre à moi. Mais toute la difficulté consiste à ce que ce choix ne soit pas complètement forcé mais qu’elle y trouve un réel intérêt. En effet, si je veux pouvoir confirmer mon hypothèse sur son identité et profiter ensuite des avantages de celle-ci, il convient de m’en faire une alliée. Et pour cela, je dois me présenter à la fois comme une menace un peu trop proche de la vérité et comme sa chance de salvation. Un jeu dangereux et loin d’être évident, mais j’ai toujours aimé les défis. Surtout qu’au pire, si je venais à perdre mon intérêt pour ce pas-de-deux, je pourrais toujours passer à la vitesse supérieure, je doute qu’elle puisse m’en empêcher, mutante ou non.


-De la famille qui arrive de loin ? Je n’ai pas pu m’empêcher de reconnaître l’accent du pays. Si tel est le cas, je vous souhaite bien du courage, les réunions familiales ne sont pas toujours aussi aisées qu’elles le devraient. Chacun cherchant toujours à connaître les secrets de son voisin pour avoir l’avantage sur lui. La seule façon de s’en sortir étant d’être celui qui a le dessus, autrement dit celui qui en sait plus que tous les autres réunis. Personnellement, j’en ai fait ma spécialité. Je n’aurai pas survécu aussi longtemps sinon. Après tout, on ne sait jamais sur quelle personne mal intentionnée on peut tomber au détour d’une ruelle.

Je lui adresse un dernier regard perçant mais tranquille avant de l’achever définitivement.

-Sur ce, je vais vous laisser, je ne voudrais pas vous mettre en retard. Ce fut un véritable plaisir. Bonne soirée Miss Asiomov.

Mon intonation de voix n’a pas changé un instant, comme si je n’avais pas réalisé la substitution volontaire de nom que j’ai opéré en m’adressant à elle. Je lui adresse donc un dernier mouvement d’adieu et m’apprête à quitter les lieux. Soit elle réagit à mes propos d’une façon ou d’une autre et il sera alors temps de sortir le grand jeu, soit elle n’y réagit pas et dans ce cas, ou bien elle n’est pas qui je crois, ou bien elle n’en vaut pas la peine. Après tout, si ce petit jeu de découvertes a attiré mon attention au vu du sérieux manque d’animation du dîner, je suis tombée sur elle par pur hasard. Or, si je ne suis pas homme à laisser passer pareille chance lorsqu’elle se présente à moi, je sais également calculer les risques d’une opération et je ne vais pas perdre mon temps pour un plan impliquant trop d’investissement personnel pour des résultats incertains.
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Iris Balwin
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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeDim 6 Juil - 9:08


Vous savez, il y a deux moyens pour cacher un secret.
Le premier, le plus courent mais aussi le plus dangereux, est d'entrer dans le jeu. Avec une confiance en vous et en vos informations initiales, il faut essayer de manipuler ceux qui veulent en savoir trop pour qu'ils aillent dans la mauvaise direction, qu'ils évitent de tomber sur la mine d'or qu'ils cherchent depuis un bout de temps. Avec un peu de chance, c'est vous qui obligerez à faire entrer votre adversaire dans le jeu, et si c'est le cas, vous pouvez avoir une longueur d'avance sur lui.
Le deuxième moyen, moins répandu mais qui fonctionne assez bien pour ceux qui sont moins aventureux, c'est d'ignorer.
De ne pas entrer dans le jeu. Si vous n'entrez pas dans la partie, vous pouvez garder tout ça pour vous. Allez-y, faites l'autruche. Planquez-vous, et souriez.

Personnellement, j'ai toujours opté pour la seconde solution. Et elle ne m'a jamais fait défaut. Mais à ce moment précis, je commençais à en douter.

J'écoutai la tirade de l'homme, et un sourire apparut lentement sur mes lèvres. Oui, il jouait sur les deux faces d'un couteau particulièrement aiguisé. J'en prenais doucement conscience.
J'en ai fais ma spécialité. Ben tiens. Je m'interrogeai aussi sur la suite. Si il était celui que je pensais -c'est à dire, quelqu'un en qui je devais spécialement me méfier-, il ne laisserait pas passer une occasion comme celle-là. Je réfléchissais un instant, voyant son regard se plisser légèrement pour le rendre plus insistant. Ce dont j'étais maintenant sure, c'est que cet homme était un opportun. Sinon, il n'aurait pas tourné autour du pot si longtemps. Si il avait déjà tout prévu, il n'aurait pas attendu autant de temps pour trouver un moyen pour me forcer à lui avouer ce qu'il voulait savoir. Je me souvenais alors de son air concentré lorsque je finissais de jouer. Non, il l'avait su en même temps que nous parlions. Et j'étais sure de ne rien avoir laissé échapper. Je faisais toujours méticuleusement attention à tout ce que je disais, et je pesais continuellement mes mots au gramme près. Alors par quel autre moyen pouvait-il seulement se douter que je cachais quelque chose ? Etait-il un observateur si avisé qu'il l'avait lu sur mon visage ? Le lent déclenchement de mon pouvoir avait-il des retombées physiques et même visibles ? Je ne pensais pas. Il y avait autre chose. Si mon raisonnement était juste, cette chose se résumait en 6 lettres. m.u.t.a.n.t.

Au mieux il savait lire dans mes pensées. Au pire il savait les contrôler.

Malgré tout, je doutais encore. Il se pouvait que tout ceci ne soit que spéculations, même si nombres de détails m'indiquaient le contraire. Peut-être que ma paranoïa avait atteint un seuil particulièrement critique.


-Sur ce, je vais vous laisser, je ne voudrais pas vous mettre en retard. Ce fut un véritable plaisir. Bonne soirée Miss Asiomov.

Chez moi, il faut voir une chose. Plus la situation devient officiellement dangereuse, moins je m'affole. Reformulé, si vous voulez, on pourrait aussi dire : plus la situation devient claire, moins je m'affole. Peut-être était-ce étrange, je n'en sais rien, mais c'est totalement prouvé. Alors bien sur, j'entendis cet échange de nom, je l'entendis même mieux que tout ce qui avait été dis depuis le début de cette soirée. Bien que mon sang ne fit qu'un tour, cela ne m'affola pas. C'était fort de sa part. Quoi ? Mais non, il a pas fait exprès, n'importe quoi. Laissez, moi, rire.

Je pris conscience qu'il était certainement à l'affut d'une réaction suspecte. Mais je ne pu me retenir. Même si ça aurait pu être pire.

J'eus un léger rire. Juste, un rire naturel, parce qu'après tout, c'était drôle. Moi qui n'avais pas arrêté, même pas une seule seconde, d'essayer de cacher mon enfance désastreuse au pays de la Vodka. Moi qui avait toujours tout fait pour que cette situation n'arrive pas. C'est vrai, quoi. La première et la seule soirée mondaine que j'avais fait depuis mon exil aux Etat-Unis. Le destin aurait pu patienter encore un peu.
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Nikolaï M. Kolyakov
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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeLun 7 Juil - 12:09

Beaucoup de scénarii me traversent l’esprit tandis que je prends congé de Miss Balwin, pourtant aucun d’eux ne vient à se réaliser. Qui plus est, son rire sincère réussit à me surprendre réellement. J’avais en effet envisagé bon nombre de réactions de sa part mais nullement celle-ci et, étonnement, elle me plaît. Parce qu’elle vient soudainement casser l’image de jeune femme réservée qu’elle s’était construite au cours de la soirée. Alors qu’elle s’était renfermée derrière une politesse à la limite du manque de bonne volonté, voilà que son rire sonne comme une pointe de sincérité perçant la carapace d’indifférence qu’elle a portée durant toute notre discussion. Et cette nouveauté inattendue m’amène à penser que peut-être – qui sait ? – il y a plus à tirer d’elle que la simple utilisation de son identité.

Un nouveau sourire, bien plus franc cette fois-ci, prend donc place sur mes lèvres tandis que je me retourne à nouveau vers elle, bien décidé à lui laisser une chance. Autrement dit, sur une sorte de quasi coup de tête, j’envisage désormais de jouer franc-jeu avec elle. Ou, plus précisément, aussi franc-jeu qu’il convient à mes intérêts. Je ne vais certainement pas me tirer une balle dans le pied pour le plaisir du jeu. Je tiens bien trop à ma personne. Néanmoins, je sais reconnaître une opportunité lorsqu’elle se présente et là, tout de suite, je réalise sans difficulté qu’avec un minimum de doigté j’ai plus à gagner à faire de Miss Balwin/Asiomov une alliée plutôt que de jouer la carte de la menace, sachant que je n’ai pas prévu le coup en avance. Comme une arrière-pensée me survenant soudain à l’esprit, je lui fais donc une offre qu’elle ne devrait pas refuser :


-Vous avez plus de courage que la moyenne.

Mon ton dénote un respect et une pointe d’admiration sincères que je laisse volontairement percer non pas tant parce que je la crois susceptible à la flatterie – bien au contraire, elle a suffisamment démontré que ce n’est pas le cas – mais parce que, pour une fois, que je tombe sur quelqu’un faisant preuve de courage – d’inconscience ? – face au danger, fût-il implicite, je considère que c’est digne d’être remarqué à voix haute.

-J’ai par conséquent une proposition à vous faire, à vous de voir si elle vous intéresse. Vous m’expliquez ce que fait la fille soi-disant morte des Asiomov à New-York et, en échange, vous pouvez me demander un service quelconque. Ayant des connections multiples et variées, je pense pouvoir dire sans me tromper que, peu importe ce que vous me demanderez, il y a de grandes chances pour que je sois en mesure de vous aider. Bien entendu, je ne vous force à rien et si vous voulez partir d’ici et ne plus jamais me revoir, c’est une possibilité. Mais, soyez prévenue, si j’ai appris la vérité, rien ne vous assure que quelqu’un d’autre ne le fera pas et que cette personne sera aussi civilisée que je suis en train de l’être. Sans compter que, de mon côté, d’une façon ou d’une autre, j’arriverai à mes fins, à vous de décider si en m’aidant à le faire vous y gagnerez également au change ou bien si vous préférez ne pas vous préoccuper de la question. The choice’s yours comme on dit ici.
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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeJeu 10 Juil - 11:55


J'étais  là, mon vieux sac défoncé pendant à mon épaule, la main traînant rêveusement sur le piano, toujours en quête d'exil, en attendant que le russe réagisse à ma propre réaction. J'étais séparée en deux états : une inquiétude mouvementée, une peur grondante, me hurlant :
« je sais que tu l'as fait exprès, et si il t'a découvert à cause de ça, on est fichues, tu m'entends, fichues ! Qui sait ce qu'il va faire ? Il va pénétrer ton esprit, agiter tes souvenirs dans tous les sens en prenant ce qu'il veut, et avec un peu de chance des gens envoyés par ce type taré qu'est Mr Asiomov vont venir pour te tirer une balle, histoire que tu parles pas ! Et qui, bon dieu, qui va acheter la survie de Papa ? Qui va lui payer l'hôpital, maintenant que Maman n'a plus d'arg... ». Puis de l'autre côté, je ressentais une immense lassitude, une fatigue si profonde qu'elle se rependait dans mes tripes. De sa grosse voix grave, elle répliquait : « Tu ne pouvais pas garder ça indéfiniment pour toi seule, et si c'est aujourd'hui que la vérité devait sortir de ta bouche, et bien soit. Ensuite, je t'en pris, rentre chez toi une bonne fois pour toutes et dors pendant une semaine, le cerveau au repos, ton esprit en paix, du moins passagère. Tu réfléchis trop, et tu réfléchis trop vite. ».

Je soupirai, exaspérée par tout ça. Mais je ne pouvais céder ni à l'une ni à l'autre de ses deux voix. Pour une fois, il fallait que j'en fasse abstraction, et que je trouve le juste milieu. Du moins, je devais tenir encore un peu.

L'homme accueillait maintenant un franc sourire sur ses lèvres. Il devait être un habitué, même malgré son jeune âge, car ma réaction le surprit. Surement prenait-il ça pour une distraction de son quotidien ennuyeux et fatiguant. Pourquoi pas. Je n'étais pas assez naïve pour croire qu'il avait peur de moi.


-Vous avez plus de courage que la moyenne.


Essaierait-il de jouer franc jeu avec moi? Plus que cette phrase, son expression m'incitait à croire ça. Et dire qu'il en existait à la pelle, des personnes de cette tempe là, dans notre société. Passer sa vie à se battre courtoisement, quelle idée  étrange. Des hommes convaincus que le pouvoir, l'argent et tout ce qui va avec les rendraient heureux. Des hommes comme mes parents, comme cette dame qui avait tant de faveurs auprès du patron, et enfin, comme ce Nikolaï Koliakov. Tout ce qu'ils m'inspiraient, c'était de la pitié. Même pas de la haine.

-Que votre moyenne. Les gens courageux courent les ruelles, mais pas les votre.

En disant ça, je pensais à mon père à l'hôpital, et à mon père en Russie. Le destin fait mal les choses.

Ce rire, d'ailleurs, était purement involontaire. Je n'avais pas le temps de me demander si ces conséquences étaient bonnes ou pas. J'écoutai et réfléchissais déjà la proposition que Mr Koliakov me tendais. Devais-je accepter ou non ? La réponse vint d'elle-même. Même si je faisais confiance à mes parents pour avoir cacher le secret de mon existence (jusqu'à certainement l'oublier réellement ), je savais que ce type se démènerait à trouver ces informations seul. Alors autant en tirer un avantage, si petit soit-il.

Attendant que le silence nous recouvre, comme une fine couverture de soie,  je pris la parole à mon tour. J'essayais de lire au fond de ses yeux noisettes, sans succès.


-Bien entendu, j'accepte.

Je fis une pause que je mettais à profit pour soupirer de fatigue et extirper la deuxième voix de mon cœur, la rangeant dans une boîte près de mon estomac. La peur était toujours là, mais je ne voulais pas m'en défaire. Elle m'obligeai à me tenir sur mes gardes. Je ne comptais d'ailleurs pas lui raconter toute l'histoire. Seulement pour qu'il sache « ce que fait la fille soi-disant morte des Asiomov à New-York ».
Maintenant, que voulais-je en échange ? Alors que ma lassitude était rentrée au bercail, une autre émotion arrivait à grands pas. La curiosité. Comment savait-il, exactement, que j'étais la fille des Asiomov ? Si il y avait une faille dans mon comportement, je voulais savoir quelle était-ce. Ainsi, je pourrais la réparer. Mais si il s'agissait d'un mutant... D'un autre côté, je ne pouvais pas prendre de risques. Pour une fois, je devais avoir confiance en moi. Alors je donnais raison à la peur, à la prudence.


-En échange, cachez cette histoire aussi bien que je la cache. Ce qui inclus que, bien évidemment, vous ne la divulguiez à absolument personne. Mais à plus forte raison, que vous agissiez comme si vous ne la connaissiez pas.
Je concluais :Cela reste entre vous et moi.

Après un courte pause - parce que je ne doutais pas qu'il comprenait parfaitement ce que je voulais -, je continuais :


-Bien sur, je n'ai pas confiance en vous. Je ne peux avoir la garantie que vous respecterez votre parole. Mais je vous la demande quand même : ai-je votre parole ?

Je me demandai intérieurement si je devais le menacer ou non. Mais je ne voulais pas, pour plusieurs raisons. D'abord, il faudrait que j'explique la nature profonde de mon pouvoir, pour que cet homme comprenne l'étendue physique et psychologique des dégâts que je pouvais causer. Et je n'avais pas envie de lui divulguer un secret de plus. Du coup, il n'aurait pas peur : on retombe à zéro. Et puis, je ne suis pas brute. Je ne me situais pas à ce niveau là.

Je n'étais pas désespérée.
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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeLun 14 Juil - 17:05

Spoiler:

Elle a du cran, je lui reconnais au moins ça. Parce que vu la façon dont elle s’adresse à moi, elle se doute que nous ne vivons pas dans le même monde et pourtant elle n’hésite pas à parler avec une franchise que je ne sais si mettre sur le compte d’un fort caractère ou d’un simple manque de prudence. Sûrement un savant mélange des deux. Car elle prend des risques – consciemment ou non, là est bien toute la question – et dans d’autres circonstances son attitude m’aurait sûrement moins plu, mais pour l’instant elle me fascine de plus en plus. C’est comme si, tout en se rendant compte qu’elle franchit certaines limites, elle le faisait avec une désinvolture qui ne s’acquiert normalement qu’avec l’expérience. Pourtant, rien chez elle n’indique une habitude des mauvaises rencontres, tout le contraire même. Si on m’avait demandé mon avis sur elle en début de soirée, je l’aurais ainsi automatiquement rangé dans la catégorie « jeune fille sage ». Ainsi, soit elle aime jouer avec le feu, soit elle s’inquiète peu de ce qui peut lui arriver.

Quoiqu’il en soit, j’écoute ses propos avec un calme plus qu’apparent et n’arrive pas à me décider : est-elle une négociatrice hors-pair ou au contraire une catastrophe en la matière ? En effet, sa condition vient ni plus ni moins qu’annuler toute utilité que je pourrais trouver à son récit. Un instant, j’envisage par conséquent de tourner les talons et de repartir par où je suis venu, la laissant là, elle et son manque d’appréciation des bonnes offres. Mais, quelque chose m’en empêche et ce n’est pas simplement de la curiosité car j’aurais d’autres moyens de découvrir ce qu’elle cherche tant à me cacher. Je ne m’attarde cependant pas sur ce sentiment trop diffus pour que je lui accorde plus d’intérêt pour le moment et me reconcentre sur la situation présente. L’idée de lui mentir et de faire ce que je veux des informations qu’elle me fournira me traverse bien l’esprit un moment mais, étrangement, je préfère mettre les choses au clair. C’est peut-être là ma façon de lui rendre la monnaie de sa pièce pour le concert fort agréable de tantôt. Ou allez savoir si ce n’est pas juste une de ses actions impulsives dont je suis friand de temps à autres pour rompre la monotonie d’une vie trop prudemment calculée jusqu’au moindre détail. Peu importe dans le fond, je vais lui prodiguer mon conseil pour l’avenir et elle en fera ce que bon lui semble. J’arque donc un sourcil aristocratique et déclare :


-Votre condition est aussi naïve qu’irréalisable. J’aurais beau vous donner ma parole, il est impossible à un être humain de ne pas être influencé dans ses actions par les connaissances qu’il possède. Me demander donc d’agir comme si vous ne m’aviez jamais révélé votre histoire est idiot. Même si je le désirais, j’en serais incapable, cela va contre la nature humaine. Nous agissons en fonction des données en notre possession.

Moi, qui suis un maniaque du contrôle, plus encore que tout autre.


-Néanmoins, si je ne peux décemment pas vous promettre de ne pas user des informations que vous me fournirez dans un sens ou un autre – comprendre dans celui qui m’arrangera sur le moment - je peux tout de même vous donner ma parole – pour ce qu’elle vaut bien entendu –, ne puis-je m’empêcher de rajouter avec un sourire narquois, que personne n’apprendra votre secret de ma bouche.

Au contraire, je garderai jalousement cette information pour avoir là un avantage sur le reste du monde. Sera-t-il notable ou bien insignifiant, je ne le saurais que si elle accepte de parler, mais c’est là le summum des concessions que je suis prêt à lui accorder. Plus de demandes se sa part et je quitterai les lieux sans regret. Car, pour autant que j’aie sincèrement apprécié la compagnie de Miss Balwin/Asiomov, ma patience a des limites et nous nous en approchons dangereusement. Je termine donc sur un ton plus froid.

-Mais, attention, je veux toute l’histoire, sinon notre deal devient invalide. Et, croyez-moi, je saurais si vous omettez des détails ou si vous altérez la vérité.

Léger bluff sur ce coup, mais mettre un peu de pression ne fait jamais de mal pour reprendre le contrôle de la discussion.
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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeVen 18 Juil - 11:47

hrp:


Le voyant réfléchir, je ne pu m'empêcher de me demander comment la situation avait pu en arriver là. Interrogation futile et perte de temps, me direz-vous, car la réponse à cette question devait être très approximative. J'avais pourtant besoin de fixer mon attention sur quelque chose, n'importe quoi,  plutôt que sur mes émotions qui tentaient prendre le contrôle, et de sortir de la boîte où je les rangeais habituellement. Je dirigeais alors mon esprit vers d'autres interrogations tout aussi inutiles, car aucune réponse concrète ne me venait à l'esprit. Enfermant solidement ma capacité à être surprise, je ne m'étais pas demandé pourquoi, simplement, pourquoi la seule chose qu'il voulait de moi était des réponses à ses questions. Si il avait pu découvrir que j'étais la fille des Asiomov, comment cela se faisait-il qu'il n'avait pas découvert le reste ? Pourquoi m'affrontait-il alors qu'il avait apparemment le moyen de mettre la main sur ce qui lui était secret seul ? A cela, deux possibilités de réponses : soit le  mutant que je le soupçonnais d'être n'avait pas assez de pouvoir pour tout connaître , soit il prenait une sorte de plaisir presque malsain à s'amuser avec moi.

Me torturant inlassablement de questions dans l'espoir d'échapper à mes sentiments disproportionnés, j'écoutai cependant ce qu'il avait à dire, dans l'espoir de continuer à me procurer de quoi me questionner encore longtemps. Il était hors de question que je perde le contrôle maintenant. Il était mécontent vis-à-vis de ma demande. Si il était l'homme voulant jouer, je devais être la tricheuse qui ne respectait pas les règles.

Dans un élan d'une sorte de courage légèrement douteux, je répondis :


-Je me doute que cette histoire vous intéresse, mais je ne sais pas à quelle fin. Je prend mes précautions, c'est tout. Si vous les jugez impossibles,  je vous répondrai qu'il était tout aussi impossible pour vous d'avoir appris pendant ce dîner quel était mon nom d'origine.

Et à partir de maintenant, jte jure, tu t'enferme là-dedans et ne t'avise même pas de remonter à la surface! Ainsi je criais mentalement à ce foutu « intrépide » de rentrer vite fait dans la fameuse boîte. Pourtant, peut-être verrai-je une réaction quelconque dans son attitude face à l'insinuation que je lui avait présentée ? Si il était bel et bien mutant, peut-être y verrait-il là une quelconque menace ? Je restais droite, tentant encore et toujours de cacher mes émotions.

Malgré tout, il acceptait ma condition. Bonne ou mauvaise chose, vu la façon dont il parlait de sa propre parole, je n'en savais rien. Une rage imprévue pointa le bout de son nez, me faisant jurer que, si jamais j'apprenais qu'il n'avait pas respecté sa parole, je trouverai un moyen pour me venger et de lui prouver qu'il n'aurait pas du se jouer de moi. Mes émotions étaient de plus en plus difficiles à contenir.


-Mais, attention, je veux toute l’histoire, sinon notre deal devient invalide. Et, croyez-moi, je saurais si vous omettez des détails ou si vous altérez la vérité.


Je n'avais aucun moyen de savoir si il bluffait ou pas, mais sur le coup, je décidai de le croire sur parole. Même si je revenais à mon questionnement initial, à savoir, jusqu'où pouvait il en apprendre sur moi sans que je le sache, mieux valait se méfier. Je n'avais de toute manière aucune intention de mentir. Omettre des détails, cependant, était une des choses qui me caractérisait. Je dis donc, légèrement désolée :

-Le détail n'est pas mon fort, Mr Kolyakov.

Je pris une inspiration, le regard toujours fixé sur celui du Russe. Je cherchai mes mots, comptant bien sur eux pour ne pas trop me dévoiler. Piètre illusion. Le ton distant, comme si il s'agissait d'une autre personne, j'entamais donc :

-Jusqu'à mes 12 ans, j'ai vécu en Russie. Je n'ai que très peu connu mes parents, et je n'ai jamais eu d'affection pour eux. Ils ne voulaient que de moi la réussite, tout comme eux l'avaient connu. J'ai découvert que j'étais une mutante le jour où ça c'est passé. Ce jour-là, j'étais dans un marché bondé, accompagnant ma bonne. J'ai tenté, comptant sur la foule pour me dissimuler, de m'échapper. Ca n'a pas fonctionné. Un vendeur m'a rapidement fait revenir à la réalité, me coupant dans ma route. Je pense que c'est une fureur hors du commun qui m'a possédé à ce moment là. Ca a déclenché mon pouvoir. J'ai tué une personne sur le coup. Quand on a découvert qui j'étais, l'histoire s'est répandue. Ca a été une terrible honte pour mon père d'assumer avoir une fille tueuse doublée d'une mutante. Quelques semaines plus tard, il avait prit la décision de m'exiler aux Etats-Unis, dans l'espoir que cela étouffe l'affaire. Ce qui a sans doute marché.

Mon ton n'avait pas bougé d'un décibel, monocorde, impersonnel. J’omis de dire la honte qui m'avait aussi submergée à ce moment là, la honte de savoir ce que j'étais, la honte, même si je me l'étais cachée, d'avoir ouvertement déshonoré mes parents, puis plus tard, la honte de penser que j'avais été plus tard heureuse de ne plus jamais les revoir, la honte d'être contente de ce que je leur avais fait.

-Je pense que les gens, apprenant cette mort – dont je ne connaissais même pas la nature : un cancer prématuré? Une fièvre bubonique ? Mort en ayant avalé de travers ? - ont vite fait d'oublier cet épisode pour pleurer hypocritement la fille des Asiomov.

Ayant retenu mes émotions durant tout le récit, je me fit la réflexion que la prochaine séparation serait des plus douloureuses. Mais qu'importait. J'avais maintenant l'impression d'être nue face à cet inconnu, nue de la vérité qui m'avait tant changée lorsque j'étais gamine. Je ne savais pas si ce récit contenterait l'homme en face de moi, si il allait rire devant une histoire qui lui semblait, finalement, si peu dramatique pour ce que j'en faisais. A moins que ce ne soit pour lui un moyen considérable de faire chanter mes parents, si jamais il ne tenait pas sa parole. Peut-être même allait-il essayer d'en savoir plus sur mon pouvoir. Une immense fatigue s'empara de moi, certainement provoquée par ce fameux récit que j'avais de tout temps gardé on fond de moi.
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Nikolaï M. Kolyakov
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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeDim 20 Juil - 10:48

Le détail n’est pas son fort. Un fait qui pourra s’avérer gênant par la suite étant donné que c’est mon plaisir coupable de toujours me délecter du moindre détail croustillant. Mais laissons la commencer et je déterminerai après coup si je peux me contenter de ses propos ou si je suis dans mon droit d’en exiger plus de sa part. Surtout que son piètre sous-entendu concernant mes moyens d’obtenir mes informations me confirme qu’elle joue définitivement dans une arène qu’elle ne maîtrise pas. Elle est suffisamment perspicace pour avoir déterminé que j’ai sûrement une mutation quelconque qui a rendu possible l’impossible mais elle n’en sait pas plus. Ce qui me rassure à mon tour : sa propre mutation n’interfère pas avec ma télépathie. Autrement dit, si j’ai envie d’aller vérifier ses dires avant ou pendant son récit, rien ne m’en empêchera. Je la laisse donc commencer l’esprit plus tranquille.

Le début n’a rien de surprenant, il est même d’un banal à souhait sachant le milieu familial dans lequel elle se mouvait : des parents distants, une ribambelle de serviteurs pour compenser, en somme une enfance passée à être un trophée de plus à afficher aux côtés des réussites professionnelles parentales. Et le pire c'est que la volonté de les impressionner tout en désirant au plus profond de soi s’éloigner d’eux ne disparaît jamais vraiment. Le lot de tout gosse de riches et croyez-moi je suis bien placé pour parler. C’est à partir du jour fatidique que son histoire personnelle diverge. Je lui accorde donc la moindre parcelle de mon attention et très vite je détermine que ses « détails » sont un peu plus que cela. Elle compte sincèrement me cacher la nature de son pouvoir ? En même temps, je ne sais pourquoi je m’en étonne. Jusqu’ici elle n’a fait que démontrer une prudence supérieure à la normale digne de la mutante qu’elle est. Car un mutant n’est jamais plus vulnérable que lorsque sa mutation est connue et qu’il ne la maîtrise pas comme il se doit. Or, à l’écoute de ses propos, je doute qu’elle se soit entraînée depuis l’incident pour dominer son pouvoir. Sans compter que, pour autant que ça m’arrache la bouche de le reconnaître, je lui ai uniquement demandé de m’expliquer sa présence à New-York, or elle l’a fait. Et connaître les spécificités de son pouvoir n’est pas indispensable à la compréhension de son histoire ni même à la réussite d’un bon chantage envers ses géniteurs si l’envie m’en prenait. C’est juste ma curiosité habituelle qui n’est pas rassasiée.

Je l’observe donc un instant en silence, constatant les signes apparents de fatigue qu’elle démontre. Ses épaules se sont abaissées imperceptiblement, comme sous le poids métaphorique de la révélation qu’elle vient de faire – je suis d’ailleurs incapable de me retenir de me demander si je suis le premier à l’entendre – et les cernes sous ses yeux commencent à être plus prononcés. L’un dans l’autre, son regard s’est légèrement éteint. En particulier après avoir craché tout le mal qu’elle pensait de sa « mort ». C’est vrai qu’il faut être sacrément froid pour falsifier la mort de la chair de sa chair. Dans mon milieu, c’est assez courant mais les Asiomov ne s’y meuvent pas. Je découvre donc là une nouvelle facette du patriarche Asiomov. Quoiqu’en y réfléchissant bien, j’aurais pu deviner que l’importance surdimensionnée donnée à la réputation dans les hautes sphères de la société peut amener certains aux pires atrocités. Raison pour laquelle je me surprends fortement moi-même lorsque je sors une carte de visite de la poche intérieure de mon veston et la lui tend.


-Merci pour votre franchise. Je ne vous présenterai pas mes condoléances car quelque chose me dit que vous êtes plus heureuse maintenant que vous ne l’avez jamais été de retour au pays, mais je vous prie d’accepter tout de même cette carte. Je vous ai en effet promis un silence absolu concernant les révélations dont vous venez de m’honorer mais si jamais vous voulez laisser derrière vous la sensation de panique face au manque de contrôle sur votre pouvoir, venez me voir.

Lui accordant le premier sourire sincère de toute la soirée, je rajoute.

-Entre briseurs d’impossibilité, il faut savoir quand enterrer la hache de guerre pour se serrer les coudes. En espérant vous revoir un jour, Miss Balwin, ce fut un plaisir de vous rencontrer et un régal de vous entendre jouer. Rentrez bien.

Déposant la carte dans sa paume, je lui fais un baisemain, m’amusant du caractère désuet et incongru de ma propre attitude puis, après une dernière révérence en sa direction, je prends définitivement congé, me sentant plus nostalgique que jamais. C’est comme si l’histoire d’Iris avait fait remonter à la surface mes propres souvenirs d’enfance et, si tous ne sont pas douloureux, une bonne partie d’entre eux ne peut en tous les cas pas être qualifié d’heureux. En particulier, tout ce qui concerne les heures passées à tenter de contrôler du mieux que je pouvais mon pouvoir. C’est d’ailleurs probablement cette remontée de nostalgie qui m’a poussé à faire cette proposition inattendue à la jolie blonde. Ce n’est après tout pas dans mon caractère d’offrir mon aide gratuitement. Mais il faut croire qu’avec son air ingénu cachant une force tranquille, elle a su m’émouvoir la demoiselle. Tant mieux pour elle.
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Iris Balwin
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Iris Balwin


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MessageSujet: Re: Be kind, rewind[PV Nikolaï]   Be kind, rewind[PV Nikolaï] Icon_minitimeLun 21 Juil - 19:00


Non, il manifestement l'air satisfait de mon petit récit. Hélas, je ne pourrais pas vérifier si il avait ou non sondé mon esprit ou exercé quelques autres pouvoirs nocifs : j'avais comme à mon habitude dis la simple et claire vérité, comme le digne ange que j'étais.

Et là, tranquillement, il sortit une carte de sa poche. Que pourrai-je bien en faire ? Je n'avais aucune envie de le revoir. Absolument aucune. Même si la fatigue avait envahi mon cœur, je continuai coûte que coûte à soutenir son regard. Je ne pu retenir un élan de méfiance en le voyant me tendre le bout de carton. Et son sourire, par la même occasion. Était-ce un nouveau stratagème de sa part ? A moins que je n'ai réussi à le toucher avec mon histoire ? Mais mes questionnements  convulsifs avaient laissé place à un sentiment de fatigue et de lassitude qui ne risquaient pas de déclencher mon pouvoir. Ce n'étaient que les émotions fortes qui l’enclenchaient. J'aurais tout le temps d'y réfléchir plus tard. Ayant pris ma décision, je saisi la carte. Allais-je lui faire confiance ? Rien de moins sûr.


-Entre briseurs d’impossibilité, il faut savoir quand enterrer la hache de guerre pour se serrer les coudes. En espérant vous revoir un jour, Miss Balwin, ce fut un plaisir de vous rencontrer et un régal de vous entendre jouer. Rentrez bien.

Je ne savais toujours pas quoi penser, de tout, que ce soit cet homme ou les actions de ce soir, aussi répondis-je lentement, sardonique :

-Et quel plaisir pour moi, Mr Kolyakov.

Je le laissais me faire un baise-main, trop étonnée, fatiguée, vidée et polie pour l'en empêcher. Sourcils froncés, je le regardai s'en aller, ne sachant que penser de tout ceci. A priori, du mal, mais les a priori non plus, je ne savais qu'en penser. J'en aurais presque oublié de récupérer l'argent que me devait le patron.
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