Silent's World ( Le monde du "Silence") Libre

Janvier 2014.

Jubilée m’a parlé d’un point médian, d’une sorte d’équilibre entre la rage et la sérénité. Je pensais être cet équilibre au vu de ma capacité à intérioriser mes sentiments mais Amy n’est pas du même avis. Elle pense que je suis une sorte de cocotte-minute sous pression prête à exploser, j’adore l’image même si ne lui porte aucun crédit, elle m’a dit que c’était la violence de ses émotions et non pas leur absence qui justement m’enfermait en moi. Ça ne m’a pas touché outre mesure, puis l’idée doit avoir fait son chemin, ça me travaille. Je fonctionne toujours ainsi, je ne montre pas que les choses me touchent, mais j’y reviens longuement, obsessionnellement.

Aujourd’hui je veux comprendre, je ne veux plus subir. Amy dit toujours que si on comprend une chose, on est dès lors en capacité d’agir sur elle. Je veux être à l’écoute de ce que je suis et trouver ce fameux point entre la rage et la sérénité qui me permettrait d’obtenir un équilibre. Jubilée dit qu’on peut y parvenir grace à la méditation, c’est un fait. Je suis adepte du Yoga, au moins une heure par jour ce qui a tendance à amuser Kaede qui tente de me singer maladroitement mais avec une maladresse touchante et ce qui laisse bien souvent perplexe Rachel même si je soupçonne qu’elle s’adonne à ce genre de pratique en cachette.
Vêtue d’un simple débardeur et pantalon de survêtement  et débarrassée de mes tenues qu’on juge excentrique, je ne suis ni fardée, ni maquillée et c’est bien inhabituel de me voir ainsi, en simple jeune fille asiatique qu’on pourrait croiser dans un lycée je suppose. J’ai déroulé un tapis de gymnastique et posé une serviette en prime car il n’est pas question de laisser saleté et poussières s’approcher de moi plus que de raison. Je me suis installée en tailleur  et j’ai laissé mes mains paumes ouvertes sur les genoux, dos droit et respiration contrôlée, je suis ainsi depuis longtemps, j’estime entre deux et quatre heures, je ne sais pas et j’ai décidé de rester ici le temps qu’il faudra. J’ai d’ailleurs travaillé mon souffle jusqu’à le rendre régulier et profond, puis j’ai modulé mon rythme cardiaque pour e freiner au maximum finissant par me concentrer uniquement sur les sons des battements de mon cœurs pour finir par entrer en une sorte de léthargie trompeuse parce que je suis on ne peut plus au fait de mon environnement et des moindres choses qui s’y passe même si mes paupières sont closes. Mon esprit lui-même voyage, il n’est pas ici entre ces murs silencieux du gymnase, il s’élève dans les rues crasseuses et malodorantes des quartiers paumés de San Francisco, il suit les parcours sinueux des égouts, il longe les ruelles misérables de China Town, il rebondit de vaguelettes en vaguelettes sur l’écume mousseuse des plages de la Bay Bridge. Il écoute le monde, mon monde jusqu’aux sanglots jamais ébauchés, jusqu’aux cris de rage concédés, jusqu’aux gémissements arrachés. Il voit les larmes, le sang, il voit le rictus malsain et la bave à l’écume des lèvres, il focalise ce qu’il y a de plus de moche, de plus dégradé. Il sent cette odeur de mort, cette odeur de transpiration acre sur les corps. Il est le sel sur les blessures et il se meut à travers les méandres de ce mélange douloureux.
Je sais ce que je suis et de quoi je suis emplie, je sais ce que je veux devenir entre le Silence et ma Fureur mais ce chemin est si périlleux qu’il est pire qu’un numéro d’équilibriste tendue au-dessus d’un gouffre. On dit que l’enfer, c’est les autres, mais pour débuter un changement, l’enfer c’est toujours soi-même.

Je reste donc ici, aussi solitaire qu’un mobilier, statique et prostré en moi-même, en attente de quelque vérité à la con. Jubilée est gonflée ! Rage et sérénité, je racle le fond de la rage mais en dessous, je ne trouve que plus de colère encore….Ca n’a pas de fond en fête, quelle fichue face de citron débile !

C’est quand on n’attend rien des choses, cependant, que les choses arrivent.
La suite me le prouva.






NDA : Attention, Silent est un personnage difficile d’accès ( je vous renvoi à sa fiche) , soyez prévenu qu'en fonction de vos interventions, le Rp peut très vite tourner court.

"bonjour"

Il n’était pas très discret ! Je l’avais senti arriver bien avant qu’il ne s’adresse à moi et j’aurai vraiment préféré qu’il m’ignore. Il y a une chose très vraie à propos des relations sociales dans l’Institut : si vous avez l’air étrange, genre lolita gothique et qu’en plus vous passez votre temps à faire la gueule, les gens ne viendront PAS vers vous et vous foutrons une paix royale ! C’est pour ça que j’aime bien cet endroit, on me fiche la paix dans mon petit univers composé de Kaede, Rachel, Jubilée, Amy et parfois Caitlyn, les gens, ca ne sert qu’à s’attirer ou attirer des emmerdes alors pourquoi se casser le derrière à entretenir des semblants de relations ? Tout le monde profite de tout le monde de toute façon, tout le monde cherche toujours quelque chose à obtenir de son « prochain », c’est comme ça que fonctionne ce monde. Sauf pour moi. Je n’ai rien à donner mais heureusement, je ne demande rien non plus. Avec mon déguisement, je fais peur, j’intimide et donc…je mets de la distance, mais manque de bol, ce n’est pas le cas aujourd’hui, je suis bien plus naturel que je ne le suis.

Un léger rictus de contrariété passe sur mon visage alors que j’ouvre les yeux pour le fixer avec curiosité. Difficile de discerner ce qui se passe derrière mes pupilles noires, un regard froid et pénétrant, Kyle disait ça souvent. Je reste interdite une bonne minute comme si il venait de s’exprimer dans un langage que j’ignorais. Il avait l’air fatigué et mal portant. Difficile de lui donner un age à cause de son hybridation, un félin sans doute. Je n’aimais pas particulièrement les animaux parce qu’ils étaient salissant, je suppose que Humain- chat devait l’être deux fois plus. Il n’avait cependant pas l’air agressif, décidant que la coexistence pacifique était la solution.

- Bonjour.

Il n’obtint rien de plus, pas même l’ébauche d’un sourire. La neutralité la plus sévère et l’immobilité la plus stricte. Il bougea vers les tapis pour commencer des étirements. Il semblait souffrir comme moi d’une blessure à la jambe, j’étais assez observatrice pour remarquer les moindres détails, son léger boitement, sans doute une blessure plus jeune que la mienne, c’était là son affaire, pas la mienne. J’essayais doucement de fermer les yeux afin de regagner ma concentration mais c’était peine perdue puisque c’était sans compter les sortes de feulements obscènes qu’il s’arrachait à chaque mouvement. Ronronnements ? Je suppose que ca doit être cela mais vous savez ce qu’on dit, un homme ne peut rien faire en silence, celui-là hybride ou pas n’échappe pas à la règle. En tout cas, il m’agace assez pour que je ne puisse plus parvenir à retrouver cet état de méditation léthargique. Avec un petit soupire d’exaspération, j’ouvre à nouveau les yeux et j’étire ma nuque et mon dos afin de faire bouger doucement mes membres, je grimace malgré moi en étirant ma jambe gauche puis je me redresse avec précaution avant de me relever finalement, pliant avec soin ma serviette. Je roule du pied le tapis en le poussant sur le côté puis je me décide à me diriger vers la sortie avec la discrétion qui me caractérise. Je bloque un instant, traversée par une idée, je l’analyse avant d’incliner la tête et de lui lancer un regard oblique tournée au trois quart vers la sortie du gymnase.

- L’eau….vous devriez essayer la natation pour votre jambe, c’est moins traumatisant que des échauffements et ça rééduque mieux. Je crois qu’il y a une piscine ici. Ne forcez pas trop. Bonne journée.

N’attendant pas de réponse, je me tournais pour reprendre ma marche silencieuse vers la sortie.

- Bonjour.

 Un simple mot, froid sans émotion, sans meme un sourire rien mais il s'en fichait. Puis elle se leva et se dirigea vers la porte. Sanzo interrompit son exercice avec un certain soulagement et la fixa. Avait elle fini ou bien n'appréciait elle pas d’être "dérangée". Sanzo haussa les épaules, il en avait marre des filles caractérielles. Et elles étaient légion à l'Institut. À croire qu'il les cultivait. Pourquoi ne pouvait il pas croiser une gentille fille avec laquelle il pourrait simplement discuter sans qu'elle se transforme en une tueuse sanguinaire ou en muette sociopathe .. il était un peu injuste il s'en rendait bien compte.
Il ne faisait pourtant pas vraiment de bruit et avait pris soin de se mettre à distance de la fille. Si elle ne supportait pas les autres elle était mal barré à l'Institut et n'avait qu'à rester cloitrée dans sa chambre ...
A moins qu'elle ne soit de ces filles qui n'aimaient pas les garçons. Vu qu'elle portait l'odeur de Rachel et Kaede sur elle
elle devait vivre avec ... Il allait lui demander mais ..

Juste avant de sortir, elle lui parla, lui donna un conseil pour sa jambe. Il ouvrit la bouche de surprise plus par ses mots que par le fait qu'elle lui ait parlé. Était elle idiote .. ou bien se moquait elle de lui ...
Meme si ça partait surement d'un bon sentiment, lui préconiser la piscine .. rien que d'y penser il se mit à trembler. Il détestait l'eau. La douche passait encore il devait bien se laver mais la piscine .. elle voulait le noyer ... Ils ne se connaissaient meme pas ...

"t'es dingue .. enfin je veux dire ouai merci pour le conseil mais la piscine ... "  il eut de nouveau un long frisson "j'ai horreur de l'eau et je sais pas nager de toute façon."  pourquoi s'expliquait il .. elle devait s'en ficher complètement et surtout elle allait le trouver nul mais quelle importance .. pourquoi se souciait il toujours de ce que les autres pouvaient penser de lui ... Il n'était pas grand chose .. juste un "monstre", un "sale mutant" et sans grand pouvoir en plus. Un garçon incapable d'aider qui que ce soit et surtout pas la fille qu'il disait aimer. Il n'arrivait meme pas à être franc avec lui-meme ; si le premier homme avait été blessé un peu par accident, il avait volontairement agressé le second et surtout, surtout il avait éprouvé du soulagement à leur mort .. non massacre, car c'était un massacre. Rachel aurait pu les tuer proprement, voir leur laisser la vie sauve mais elle les avait éventré comme des lapins.

Il lui jeta un dernier regard avec un léger sourire "t'es pas obligé de partir, je te promets de plus t'ennuyer et de me taire".  
 Finalement cette fille pouvait peut être l'aider un peu. Une compagnie silencieuse ... quelqu'un qui ne l'obligerait pas à se confier, à exprimer des sentiments contradictoires qu'il n'arrivait pas à comprendre et surtout admettre. Quelqu'un qui ne le regarderait pas comme si à son tour il allait se transformer en tueur sanguinaire ou pire .. avec pitié. Cette pitié d'un adulte face à un enfant, cette pitié qui semble dire "je t'avais prévenu mais tu m'as pas écouté", cette pitié qui disait "pauvre enfant, tu es si jeune".
Cette fille au regard si froid et vide ne le connaissait pas et n'avait pas envie de le connaître et c'était très bien.

"s'il te plait"

"t'es dingue .. enfin je veux dire ouai merci pour le conseil mais la piscine ... " "j'ai horreur de l'eau et je sais pas nager de toute façon."

Surprise par le ton de sa voix, je m’arrêtais un instant me tournant vers lui. Qu’avais-je donc fait pour le mettre dans cet état ? Je ne m’étais pourtant pas montré agressive ni incorrecte. Je le scrutais un instant avec une expression interdite et étonnée. Horreur de l’eau ? C’était probablement dû à son hybridation mais je pensais pour avoir lu un article sur Internet que la peur de l’eau des Chats n’était qu’une légende urbaine et non pas une caractéristique inhérente aux félins. Celui là, en tout cas, avait sans doute peur de se mouiller les poils d’où son malaise. S’il n’aimait pas l’eau, sans doute avait-il une hygiène des plus douteuses, ce fut à mon tour d’afficher une légère moue de contrariété. Je l’observais un long moment sans broncher alors qu’il poursuivit.

"t'es pas obligé de partir, je te promets de plus t'ennuyer et de me taire".

Pourquoi me tutoyait-il ? Je ne le connaissais pas, ça ne me vexait pas outre mesure mais il semblait à l’Institut que la familiarité était de mise comme si nous étions tous censé nous connaitre et faire ami-ami. Je n’aimais pas cette idée qu’on me dicte mon code de comportement social, parler avec les gens était difficile parce qu’il fallait prendre en compte de nombreux paramètres et répondre à de nombreuses émotions, chose que j’avais bien du mal à comprendre. Communiquer par texto ou par des réseaux informatiques voilà qui était plus simple et bien moins dangereux. Pour ce qui était d’être moi-même, Je n’arrivais qu’à ce degré d’intimité avec Kaede, Rachel et Amy, j’avais encore beaucoup de mal avec Jubilée. Cette promesse impliquait qu’il m’insupporte mais ce n’était pas le cas, il n’avait rien fait de mal et je savais bien entendu que le problème venait de moi. Amy m’avait bien fait comprendre qu’il était hors de question de forcer le monde de l’Institut à s’adapter à moi mais d’essayer plutôt de m’adapter à lui. Elle avait raison là-dessus. Est-ce que ça commençait par ce drôle de personnage ? Est-ce que c’était un départ ? Je me posais un million de questions comme d’habitude et je laissais un silence pesant s’installer et cela malgré le s’il te plait qui lui aussi me laissa pensive. Qu’est-ce que je voulais au juste ? Qu’est-ce qu’il me plaisait de faire ou non ? De toute évidence, je n’en savais rien. Mon regard se dirigea vers la sortie en une sorte d’indécision avant à nouveau de se porter sur le jeune homme.

- Mais j’ai fini ce que j’avais à faire.

C’était assez maladroit mais tout à fait vrai. J’affichais une mine désorientée me rendant compte que cela pouvait très bien être interprété de manière négative. Je pris une inspiration avant de conclure d’une voix presque chuchotante.

- Tu ne m’embêtes pas, enfin un peu pour la concentration, mais j’avais terminé. Je ne sais pas nager non plus, et je n’aime pas la piscine ; je n’y suis jamais allé et n’irais jamais mais je pensais ça pour ta jambe…parce que j’ai eu la même chose mais on m’a enlevé mon plâtre y’a un mois, je sais que c’est difficile la rééducation.

"je m'appelle Sanzo. "c'est vrai que c'est douloureux mais bon .. c'est aussi un peu de ma faute. J'ai pas voulu que les guérisseurs me soignent totalement, ils auraient pu pourtant, ils sont vraiment très bons."

A nouveau, je dois paraitre embarrassée, stoïque et comme sur mes gardes. D’aucun pourrait prendre cela pour une sorte de crainte mais il n’en est rien. Peu de chose me font peur, en tout cas pas lui. C’est simplement que je me suis perdue dans ce qui semble bon de dévoiler ou non, de concéder sur moi-même sans pour autant prendre de risques. Aussi étrange que cela puisse paraitre, Sanzo, puisque c’est ainsi qu’il se nomme, est une des premières personnes inconnue à venir engager un semblant de conversation avec moi. Amy m’a dit d’essayer de m’ouvrir, que les personnes ici avaient un regard différent les uns sur les autres. Rachel m’a aussi dit qu’ici, il n’était plus question de survie mais d’apprendre à vivre. Ce n’est pas parce que je ne réponds pas que je n’écoute pas, au contraire, j’aime écouter sans forcément me rependre en bavardages stériles. Vivre et non survivre…Mais la survie engendre la méfiance parce que le danger peu venir de partout, j’ai bien compris cette maigre frontière qui nous tient de la vie à la mort. Un soir on se couche dans la même pièce que son idole et le lendemain, on se vide de son sang dans les excréments dans les ténèbres d’un égout. Elle est comme ça la vie, elle vous assomme d’un bon coup sur la tronche sans qu’on puisse crier gare, c’est une sale pute et y’a trop rien à en dire…Subir et serrer les dents, moi je sais faire mais ici tout ce que je sais faire, et bien ça ne me sert à rien, je me sens perdue. Il n’a pas voulu guérir ? C’est idiot alors que les meilleurs guérisseurs sont ici…Mais après tout, j’ai fait la même chose non ? Mes raisons étaient limpides, je ne laisserais personne me voir dénudée même sur des zones neutres. Cela me met hors de moi, furieuse et humiliée et de savoir que ces « médecins » m’ont vu, qu’importe leur sexe, ça me rend honteuse et colérique. Je suis assez grande pour me soigner seule, alors j’endure et je le fais seule. Je baisse les yeux une seconde, perdue dans mes pensées avant de prendre une décision.

- Silent…On m’appelle Silent.

Et le silence qui suit n’en est que plus révélateurs encore avant que je reprenne toujours immobile.

- Moi non plus…Je ne voulais pas qu’on me soigne.

Rien d’autre, j’esquissais un regard vers la porte ayant une envie brusque de partir mais je savais que ce n’était pas une solution.

« pour ta concentration si tu veux je peux t'aider. Je connais quelques trucs ..."

L’étonnement s'installa sur mon visage et cela sans doute me rendait bien plus jeune que je voulais paraitre du haut de mes 17 ans, presque 18. Je jetais un regard vers le tapis avant de poser mes iris où flottait une sorte de curiosité naturelle sur le jeune hybride Félin.

- Mais…Je t’ai dit, j’ai terminé, ça n’a pas de sens.

Maladresse une fois de plus et j’esquissais un abaissement de tête trahissant ma confusion. Je redressais vivement la tête comme ayant pris une décision sous un coup de tête.

- Pourquoi tu fais ça ? Je veux dire…Tu ne me connais pas…Pourquoi tu me propose ton aide ? Je suis peut-être mauvaise ou dangereuse…le monde dehors, j’en viens…il est dangereux, c’est certain. Pourquoi vous n’essayez pas de vous défendre un peu plus…Je n’arrive pas à comprendre comment vous pouvez faire confiance comme ça.

Une moue de contrariété alors que je baissais les yeux, reculant d’un pas.

- Je parle trop.

Un murmure à peine audible.

- Qu’est-ce que je dois faire ? Qu’est-ce qu’on attend de moi ? Qu’est-ce que tu veux de moi, « Sanzo » ?

 "Silent" c'était joli comme nom ou plutot pseudo car Sanzo doutait que ce fut là son prénom. "Silent" .. le silence. Et le silence se fit un petit moment comme si elle lui laissait le temps à moins qu'elle ne sache que dire. Sanzo lui avait ouvert la porte .. mais voudrait elle la franchir.

Il la fixait gentiment, sans curiosité excessive mais avec un certain intérêt. Si elle voulait parler il l'écouterait, sans la presser, sans la juger.

Puis le "Silent" se rompit, elle parlait. Pas très à l'aise au départ elle se confia en partie, et toujours les memes questions. Sanzo lui sourit gentiment. Cette fois, il savait quoi lui répondre.

Pourquoi tu fais ça ? Je veux dire…Tu ne me connais pas…Pourquoi tu me propose ton aide ? Je suis peut-être mauvaise ou dangereuse…le monde dehors, j’en viens…il est dangereux, c’est certain. Pourquoi vous n’essayez pas de vous défendre un peu plus…Je n’arrive pas à comprendre comment vous pouvez faire confiance comme ça. 

"non tu n'es pas mauvaise Silent .. Dangereuse peut être mais ni plus ni moins que d'autres. Ici nous sommes tous pareil, des gosses, des jeunes mutants brisés par la vie. Il y a ici des mutants bien plus puissants que toi, j'ai une amie qui pourrait anéantir l'univers si elle le souhaitait et d'autres qui sont à peine capable de se défendre mais ce n'est pas ce qui les définit. "

 il laissa un bref silence "je sais que le monde dehors est dangereux, je l'ai appris récemment mais nous y vivons et nous y avons autant le droit d'y vivre que les non-mutants. Une arme n'est dangereuse que si quelqu'un s'en sert et nous ne sommes pas des armes. Il y a d'autres moyens que toujours la violence. Regarde toi et moi. Nous sommes des inconnus l'un pour l'autre et si je ne t'avais pas abordé nous le serions toujours. Tu ne saurais rien de moi et je ne saurais rien de toi .. ou cela nous aurait il mené??? nul part. Les humains ne sont pas très différents. Ils sont pour la plupart simplement ignorants et leur peur vient de cette ignorance. Celle que je considère comme mon mentor m'a dit un jour que notre gène mutant ne devait pas nous définir, sur le moment j'avais pas compris .. maintenant si. Nous ne sommes pas QUE des mutants, Silent. Nous sommes avant tout des êtres humains, avec des sentiments, des envies, des besoins. Nous avons notre place dans ce monde comme n'importe quel organisme vivant. Nous ne sommes ni meilleurs, ni pire que les autres, juste avec des capacités particulières et nous devons l'apprendre aux non-mutants. "

 Il s'étira avant de reprendre "je suis un hybride-félin mais ça c'est seulement une partie de moi, ce que je suis avant tout c'est un garçon de 18 ans qui a toute la vie devant lui et qui veut en profiter un maximum. Et je ne te fais pas confiance ... simplement je ne ressens pas réellement de danger avec toi. "

il lui sourit légèrement moqueur "crois moi je serais loin sinon.  (il reprit son sérieux) Non pas que je doute de tes capacités mais je sais que tu ne me feras rien. Tu sais il y a une grande différence entre ce que tu peux faire et ce que tu dois faire. Quand au pourquoi de mon attitude .. et bien .. je suis comme ça que veux tu. J'aime aller au devant des gens, parler avec eux, et les aider dans la mesure du possible. J'y peux rien. En plus j'aime ça. "  

 il la détailla, elle semblait si vulnérable. Mais il savait que s'il esquissait le moindre geste, s'il se levait elle partirait, alors il resta assis, son visage levé vers elle.

"non tu ne parles pas trop. Comment veux tu communiquer sinon ... Je ne suis pas dans ta tête. "

 meme s'il arrivait à décrypter certain signe, certaine attitude il n'était pas télépathe. Elle ne savait que faire, elle hésitait. Elle voulait fuir et en meme temps quelque chose la retenait.
Il fut surpris par ses dernières questions et ne répondit pas de suite. Il ne voulait pas la blesser non plus.

"je ne sais pas Silent. Je ne peux que t'ouvrir une porte mais pas la franchir pour toi. Moi je n'attends rien de toi. Si tu veux une oreille à ton écoute je serais là mais .. le silence ne me dérange pas non plus ... je ne te forcerais à rien. Ne me demande pas pourquoi je fais ça je le fais c'est tout et de bon coeur. Ici nous avons tous à un moment ou à un autre eu besoin que quelqu'un nous ouvre la porte c'est normale de le faire pour les autres. Ne cherche pas à me comprendre, accepte .. ou pas. Mais cela restera ton choix. Je serais ravi d'etre ton ami et de t'aider mais je ne t'en voudrais pas si tu refuses. "

 elle avait besoin d'aide comme tous ici mais le voulait elle vraiment .. C'était là toute la question et tout le problème. Sanzo avait remarqué que beaucoup venait ici pour trouver quelque chose mais que peu faisait des efforts. Ils voulaient des amis mais ne cherchaient pas à parler. Ils voulaient des conseils mais ne les appréciaient pas .. et que dire de certains de ses camarades qui ne voyaient que par leur pouvoir, se comparant, se lamentant de n'etre pas aussi forts que les (fabuleux) X-men et qui étaient horrifiés quand il leur proposait des entrainements en Salle des Dangers ..."quoi .. mais c'est bien trop dangereux .. je serais pas assez fort ... je n'ai pas assez de pouvoir ... "
Dans ces moments là, Sanzo avait vraiment envie de les frapper ... mais il se retenait ... Après tout c'était aussi leur choix, leur choix de ne rien faire ...

Mais l'attitude qu'il détestait le plus c'était ceux qui ne faisaient que pleurer sur leur (triste) sort mais qui au fond en étaient bien content. "pauvre petit(e) mutant(e) rejeté(e) par ces horribles humains et qui ne peuvent rien faire" ...
C'était si facile d'accuser les autres de tous ses problèmes. Il ne savait pas si la jeune fille devant lui était de ceux là, il espérait que non.

Il la fixait toujours et un léger ronronnement s'éleva. Ce n'était pas un ronronnement de bien être mais d’apaisement.  Un son très doux et agréable.

Sanzo était d’une grande franchise et d’une sincérité désarmante. Je l’écoutais calmement réfléchissant à la justesse de chacun de ses mots. Il faisait preuve d’une intelligence certaine ou était-ce parce qu’il avait beaucoup appris des autres ? J’aurais été, il est vrai, bien incapable de formuler un tel discours et qu’on puisse m’en servir un tel exemple me laissa une fois de plus perplexe. Il poussait dans une réflexion que je ne voulais pas avoir, du moins pas maintenant. J’avais la « haine de l’humain » mais je savais très bien que  ces mêmes humains qui m’avaient tant fait souffrir ne l’avaient pas fait en raison de ma mutanité, mais uniquement par ce que le Mal les rongeait, ce même mal qui nous ronge tous à divers degrés et ce même mal qui me poussait à la haïr en retour parce que…c’était bien plus simple et logique ! Bien plus apaisant. Mais entre le penser et finir par l’accepter à la face du monde, c’était là un pas que je ne pouvais franchir sans remettre trop de choses en question, et ça je ne pouvais pas l’accepter. D’un autre coté les humains haïssaient les mutants et ne comprenaient que le langage de la colère et de la haine. Fallait-il se laisser conduire comme des moutons à l’abattoir ? Certainement pas, il fallait rendre coup pour coup : pour un mort en poser dix et là, ils finiraient par comprendre, parce qu’au fond, la peut était un parfait catalyseur d’apprentissage. Ils finiraient par nous laisser en paix par peur de représailles, alors nous pourrions enfin bâtir un futur débarrassé du mal et de la souffrance. C’était là ma vision des choses, mais je ne pouvais pas lui exploser car les idéalistes de Xavier n’y entendent rien à ces choses, protégés par les murs de l’indifférence à l’image de ce Sanzo beau parleur mais à des années lumières de la réalité des faits.
Un ronronnement me tira de mes pensées braquant à nouveau mon regard sur lui avec curiosité. J’affichais une mine perplexe en inclinant la tête.

- Tu fais des drôles de bruits, tu as des problèmes de digestion ? C’est parce que tu es à moitié chat ? J’espère que tu es plus propre que Cerbérus, elle ne veut pas se laisser laver. Je déteste la saleté et les microbes.

J’hésitais un instant avant d’aviser les gradins derrière lui et de m’y diriger, renonçant à ma porte de sortie. Parvenue devant l’un des siège, je retirais une des serviettes de mon sac avant de l’installer délicatement du bout des doigts sur le dossier et de m’y hisser pour m’y installer, levant à nouveau le regard sur lui. Ma voix se fait plus assurée et donc plus mélodieuse et naturelle mais son volume sonore extrêmement bas est toujours surprenant.
Mais c'est une ébauche de sourire, très timide, qui le surprendra sans doute le plus.

- J’ai toujours vécu avec des mutants et je n'ai qu'une seule amie, mutante aussi mais c’est la première fois que je vois un hybride félin. De plus ton prénom est plutôt d’origine asiatique même si tu n’as pas l’air typé…tu n’es pas américain ? Tu es ici depuis longtemps ? Tu as vraiment choisi de venir…ici ?

- Tu fais des drôles de bruits, tu as des problèmes de digestion ? C’est parce que tu es à moitié chat ? J’espère que tu es plus propre que Cerbérus, elle ne veut pas se laisser laver. Je déteste la saleté et les microbes.

 Sanzo la fixa un instant un peu éberlué avant d'éclater de rire. Un rire franc et sincère. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas ri d'aussi bon coeur. Cette fille était reposante puis craignant de l'avoir peut être vexé vu leur début de relation, il secoua la main dans un geste de négation
"désolé je ne voulais pas me moquer de toi mais ... tu es vraiment marrante tu sais. "

 il toussota pour calmer son rire "non je n'ai pas de problème de digestion .. je ronronne simplement. Je sais que ça peut surprendre mais j'ai pas toujours bien le contrôle dessus. J'arrive à le déclencher quand j'en ai besoin, le plus souvent quand je suis stressé ou au contraire parfaitement détendu mais parfois quand je sens mon interlocuteur stressé .. ben je ronronne pour lui... Tu n'imagines pas la galère que ça peut être parfois .. Une fois ça m'est arrivé lors d'un enterrement .. la honte. Et malgré mes efforts ça m'arrive encore lors d'examens ... les autres adorent. Enfin .. voilà ... "
il n'avait pas vraiment eu l'intention de parler autant mais vu qu'elle posait des questions .. il lui répondait "Pauvre Cerbérus .. elle ne doit pas apprécier ... tu sais les animaux sont bien plus propres que ce que tu penses et l'eau n'est pas le seul moyen de nettoyage. En générale les fourrures ne se salissent pas tant que ça. Mais ne t'inquiète pas, malgré mon aversion de l'eau je me douche tous les jours et après le sport. Ça ne me pose pas de problème. "

Il ne mentionna pas Rachel. Il n'avait pas envie d'etre jugé sur quelque chose qu'il n'avait pas encore réglé totalement.
Malgré son fou rire il l'avait suivi des yeux lorsqu'elle s'était assise non loin dans les gradins. A sa façon de mettre sa serviette elle avait effectivement un problème ... Sanzo la fixait partagé entre l'envie de rire et celui de lever les yeux au ciel .. enfin nul n'était exempt de défauts ...

Elle le regardait dans les yeux et poursuivait d'une voix vraiment mélodieuse. Sanzo appréciait. Pour un humain normal, elle aurait parler "bas" mais pour lui, il n'avait aucun problème à l'entendre. Et surtout cela lui changeait des "cris". Il appréciait cette gravité bien inhabituelle chez une fille. Ses camarades de classe avaient tendance à piailler.. meme Océane parfois lui "cassait" les oreilles.

Et elle sourit. Timidement, presque comme si elle s'excusait de le faire mais elle souriait. Sanzo lui répondit, il aimait voir les gens sourire. Ce sourire lui en rappelait un autre .. il y avait bien longtemps ... Il avait l'impression que c'était dans une autre vie, une vie ou le "monstre" n'était qu'une ébauche, qu'une inconnue .. Reverrait il ce sourire ... de toute façon il n'aurait pas la meme signification ...

Une certaine tristesse passa dans ses yeux ainsi qu'un soupçon de honte et de peur. Fugitif mais assez pour que sa camarade le remarque. Il se força à chasser tout ça de son esprit pour reporter son attention sur Silent.

"effectivement je ne suis pas d'origine américaine. Je suis né à Shangaï en Chine mais mes parents étaient américains. Je ne sais rien d'eux simplement qu'ils m'ont abandonné à ma naissance. A cause de ma mutation je suppose. J'ai vécu 11 années dans un orphelinat tenu par des soeurs. C'était génial, vraiment. J'y étais heureux. Puis y a eu un incident stupide et je me suis enfui. Un homme m'a renversé avec sa voiture, m'a ramené aux USA et a fini par m'adopter. Je suis un gosse de riche des beaux quartiers de Miami parfaitement heureux d'etre un mutant. Ca choque je le sais mais c'est comme ça. Je ne vois pas pourquoi je m'en cacherais. J'ai eu de la chance, j'en suis conscient ... d'ou mon caractère. Je n'ai pas vraiment souffert de cette haine du mutant .. enfin jusqu'à récemment. "

 Il y avait une sorte de défit dans sa voix et dans ses yeux. Le défis de le juger. Jusqu'ici, à sa connaissance, il était l'un des seuls à avoir eu une enfance vraiment heureuse.  

"puis en grandissant j'ai eu envie d'en savoir plus sur le gène X. J'ai assisté à une conférence dirigée par un des plus grands professeurs mutants mais j'ai été déçu, beaucoup trop de terme technique et au finale aucune réponse. J'ai rencontré une fille, une mutante qui m'en a appris bien plus. Et voilà ... j'ai débarqué ici. Cela fait maintenant 1an et demi et j'en ai appris des choses.  "

son ton se fit plus doux, plus rêveur   "j'aime cet endroit, c'est si paisible. Ici tu n'as pas à cacher qui tu es ni ce que tu es. Je sais que l'Institut est considéré comme une prison par certain voir comme un zoo mais c'est faux. Personne ne nous retient vraiment. Moi je le vois comme un havre, une oasis, parfait pour se ressourcer, faire "une pause" voir meme un refuge. Il y a beaucoup à faire mais personne ne t'obligera. Bien sur il y a des règles mais c'est normale dans un lieu de vie ou se côtoient autant de personne. Outre les cours classiques, on y apprend le respect et la tolérance. "

il écarta les bras en souriant "voilà tu sais tout de moi ou presque. J'ai eu de la chance, beaucoup de chance mais cette chance je veux la partager. Je veux l'utiliser pour aider les autres. À mon tour de donner un peu de bonheur. Je suis un idéaliste que veux tu .... Tu penses que c'est stupide ? "

 il se tut et la fixait toujours avec défis .. que penserait elle de tout ça ... Allait elle le juger comme certain de ses pseudo-camarades de classe. Car il avait beau faire, il savait qu'il faisait des jaloux et pourtant. Il n'affichait pas son argent, mettait son intelligence à aider les autres, il ne faisait preuve ni d’arrogance ni d'orgueil.
Il ne lui demanda de se livrer à son tour, elle le ferait si elle le souhaitait. Il espérait simplement l'amener à réfléchir. Il y avait une grande part de naïveté chez lui mais il faisait avec. Il s'était confronté à ce qu'il y avait de pire en lui et dans les autres, mais il ne baissait pas les bras. Il n'y avait pas que ça. La vie pouvait être belle et sympa si chacun mettait un peu du sien.

Le rire ? C’est une moquerie ou de la complicité ? Je ne sais pas, je ne ris pas souvent, je m’esclaffe plutôt d’une manière incontrôlable comme lorsque Kaede tente de me chatouiller parce qu’elle sait que je ne pouvais pas m’enfuir avec mon plâtre, de ce fait, je m’enfermais dans nos toilettes et j’avais alors un peu la paix.  Je suis patiente avec Kaede parce que c’est ma meilleure amie mais lui, Sanzo, est ce qu’il se moque ? Il me dit que non. Suis-je forcé de le croire ? Je ne sais pas alors je préfère me taire et le regarder avec des yeux ronds et curieux. Les autres adorent ? Les autres sont étranges alors, moi je trouve ça incongru mais c’est sans doute parce que je n’ai aucune attirance pour les animaux de compagnie, chats ou chiens. Leur sort m’indiffère et leur manifestations de bien être : jappement ou ronronnement, je m’en cogne un peu. Pour être franche, je considère son ronronnement comme un renvoi bruyant ou une flatulence, ni plus ni moins…ça ne me choque pas, mais ce n’est pas convenable…Enfin, s’il ne peut pas se contrôler, c’est sans doute bien malveillant de lui en faire reproche, non ?  Cerbérus ? Non elle n’apprécie pas, elle me griffe. Alors je lui cours après avec du Fébrèze pour désodoriser mais Rachel n’aime pas…C’est un ramasse poussière cet animal, un nid à microbes sur patte ! Pire que Rachel après son repas ! Sanzo m’affirme qu’il est propre, c’est éjà ça…Mais je n’irais pas vérifier pour autant, du moment qu’il ne me salit pas, ça me va.

Il me souriait mais semblait triste. C’était paradoxal, non ? Etait-ce moi ? Ma faute ? est-ce que je parlais trop ? Je ne comprenais pas comment je devais réagir avec lui. Mon monde se décomposait en ennemis ou en alliés, ma famille restant un univers « protégé ». Mes relations n’étaient que professionnelles, là parler pour ne rien dire, histoire de tuer le temps…c’était juste une épreuve trop difficile pour moi. Je ne relevais pas pour sa tristesse, c’était son histoire et on avait sans doute tous notre croix à porter.  Il me parla de ses origines et de son histoire, j’écoutais attentive et silencieuse laissant de nouveau un vaste silence tomber sur nous lotsqu’il en eu terminé avec sa présentation. Je me gardais de le juger mais de ce qu’il en ressortait, il avait l’air d’être quelqu’un de bien. J’avais peut-être de la chance d’être tombé sur lui.

- Alors tu parles peut-être le mandarin ? *

C’était prononcé avec un leger accent américain mais c’était bien du mandarin tel qu’on le parlait à Shangai. Parler cette langue me faisait du bien, me plongeant dans le cocon de la petite enfance. Peut-être qu’il attendait d’en savoir plus sur moi ? Etait-ce ainsi qu’il fallait procéder ? Je laisser échapper un soupire tout en revenant à une langue plus compréhensible.

- Je connais l’Institut..Je sais ce qu’il représente. Mais ce n’est pas un endroit pour moi. Il n’y a plus d’endroit pour moi.

Mon regard plongea vers mes mains jointes entre mes cuisses.

- Jade…c’est mon prénom…Jade... Silent, c’est comme ça qu’on m’appelle d'où je viens.

Une nouvelle pause.

- Je suis arrivée en Septembre, j’étais à San Francisco…avant. J’y suis née mais ma mère était chinoise. Je connaissais quelqu’un…d’avant…Kaede Kobayashi…c’est ma seule amie, la seule que j’ai jamais eu. Je suis resté ici le temps que je me remette de mes blessures, je devais partir après…mais…

Je ne termine pas ma phrase, perdue dans mes pensées. Mais quoi ? Lui dire que Rachel m’a convaincu de rester que Amy m’aide à me retrouver moi-même ? Lui dire quoi ? Que pourrait-il comprendre ? Il vit dans son utopie et il a bien raison.


* En chinois

Sanzo la regarda avant de hausser les épaules d'un geste d'excuse. Cette langue il l'avait oublié depuis bien longtemps.. d'ailleurs il ne l'avait que rarement parler, l'orphelinat était tenu par des européennes elles parlaient surtout l'anglais voir un peu de français. Il comprit cependant "mandarin" et encore il n'était pas sur ...

"désolé je ne parle pas cette langue. Je me souviens à peine de quelques mots ..Tu sais on avait pas le droit de sortir et moi encore moins que les autres. Là-bas les orphelins n'étaient pas bien vus. La plupart finissait mal. Les filles ... (il se mit à rougir .. enfin tu vois quoi ... et meme des garçons. Les soeurs de l'orphelinat parlaient surtout anglais et un peu français. "

 Il se sentait un peu bête, elle lui offrait un sujet de conversation mais malheureusement il ne pouvait pas poursuivre. Elle soupira .. est ce qu'il l'ennuyait ...
non puisqu'elle continua à lui parler .. les mots semblaient sortir difficilement ... Elle portait vraiment bien son nom de Silent.

- Je connais l’Institut..Je sais ce qu’il représente. Mais ce n’est pas un endroit pour moi. Il n’y a plus d’endroit pour moi. 

"bien sur que si. Je pense meme que c'est le seul endroit pour toi. Moins tu penses y avoir ta place plus il est fait pour toi. Tu verras que j'ai raison .. le jour ou vraiment tu n'auras plus ta place c'est que tu seras prête et enfin libérée. "  il lui sourit gentiment "fait moi confiance"

 "Jade" .. oui elle portait aussi bien son prénom que son pseudo. Il l'écoutait tranquillement sans rien manifester. Elle se livrait.

"Kaede est vraiment une fille gentille ... je l'aime bien"  il se tut un bref instant. Si elle connaissait Kaede il y avait des chances qu'elle connaisse Rachel ... Sanzo n'avait toujours pas envie de parler d'elle ... et pourtant. Peut être que cela lui aurait fait du bien ...

Il préféra changer de sujet "et .. heu ... San Francisco c'est sympa ?? je ne connais pas du tout la cote ouest .. mon père n'a jamais voulu m'y emmener. Je suis allé plusieurs fois en Europe .. en France mais pas à San Francisco .. ni Las Vegas."

il parlait un peu pour ne rien dire et finit par se taire ... Après ce qui lui paru un long silence il reprit les yeux dans le vague  "c'est compliqué n'est ce pas ... Pas simple de trouver sa place ... Tu aimerais qu'on s’intéresse à toi, qu'on te regarde et en meme temps .. tu voudrais être invisible .. qu'on te fiche la paix .. et du coup tu ne sais pas comment agir .. Tu voudrais t'enfuir loin, très loin et en meme temps tu te dis qu'ici n'est pas pire qu'ailleurs ... Tu voudrais que les autres t'aiment mais sans rien leur donner en retour ... et surtout .. tu voudrais être comprise mais cela t'agace que quelqu'un essaie..."

il reporta les yeux sur elle avec une certaine sagesse dans le regard. Quelque chose d'inhabituelle pour le chat. "tu veux mon avis .. non mais peut importe je vais te le donner quand meme : laisse toi du temps et va à ton rythme. Ça ne sert à rien de précipiter les choses ni de les faire à contre coeur. Et surtout soit franche. Si la personne en face est ton amie elle comprendra .. si elle ne l'est pas .. quelle importance ... tu ne crois pas ?"

Lui faire confiance ? Comment peut-on faire confiance dans ce monde. Ils ont débarqué dans la fureur, apportant le génocide dans ma famille, ils ont massacrés et cela sans raison. On nous dira que celui qui vit par l’épée fini par en périr parce que nous vivions de risques : oui c’est une vérité, mais étions nous prêt pour autant à en assumer de telles conséquences ? J’ai vu des morts, des tas de morts. Mais en Septembre au-delà de leur propre mort c’est surtout moi que j’ai vu mourir, c’est surtout cela qui m’a fait réfléchir. Je ne veux pas mourir, je mentais par bravade. Je ne veux pas mourir parce que j’ai des choses à faire quelque part peut-être mais je ne sais pas lesquelles. Je cherche et je ne vois rien. Alors peut-être qu’Amy a raison, peut-être que les autres ont la réponse. Kyle disait, ma vie : mais choix…Mais comment guider ses choix lorsqu’on reste centré sur soi-même. Il est là le problème.

Il connaissait Kaede, mais ce n’était pas révélateur car Kaede était une sorte de chaton naïf qui s’attachait à tout le monde pour le peu qu’on lui donne un jouet pour s’amuser avec. Pas étonnant qu’elle adore fréquenter un hybride Chat, peut être que c’était lui le fameux «  Neko » dont elle parlait quelque fois. Il m’interrogea sur San Francisco, j’affichais un air perplexe avant de soupirer.

- C’est comme ailleurs…Une grande ville. Avec de belles choses, d’autres moins belles…Ici, ce qui m’embête c’est qu’il fait vraiment très froid…Mais Caitlyn dit qu’on finit par s’habituer. Ça doit être vrai, elle vient de San Francisco aussi.

Le silence s’imposa à nouveau, il ne me dérangeait pas mais sembla le déranger lui. Il me fit par d’une réflexion sur les comportements sociaux dont la conclusion semblait être « de rester naturelle et franche » en toute circonstance. Etrange discours que celui-là. Sanzo , finalement, se révélait être bien plus profond que je ne l’aurais cru…charmante rencontre, oui même si je n’étais pas forcément d’accord avec lui.

Je le dévisage longuement et pour la première fois, je lui adresse un vrai sourire, je sais qu’ils sont rares, on me le dit souvent mais il est touchant dans sa démarche. A peine ce sourire dessiné, je déploie mon champ d’invisibilité pour disparaître brutalement à ses yeux. Seule ma voix subsiste alors.

- Tu te trompes…Invisible je sais…Je ne suis pas ce que tu penses. Je n’ai jamais eu besoin qu’on s’intéresse à moi parce que ceux qui l’ont fait…l’ont fait pour des mauvaises raisons. Je vais te dire un secret, Sanzo…Peut être que ca fera de nous des amis, je ne sais pas…mon secret c’est que si mon pouvoir me permettrait de rester invisible constamment, et bien…je le ferais. Parce que quand on ne te voit pas...

Je redeviens visible en soupirant, les yeux mi-clos et le visage fermé.

- ...On ne peut pas te faire du mal...
Mais c’est impossible et c’est bien dommage. Tu veux devenir mon ami ? Qu’est ce qu’on peut bien vouloir faire d’une fille comme ami qui ne sait même pas à quoi ça sert de vivre ? On m’a tiré dessus, laissé pour morte…on a massacré tous mes amis, ou du moins des « compagnons » et tout ce que je me disais pour me forcer à attendre que Jubilée et Caitlyn arrivent…c’était que je voulais survivre. Et maintenant que je suis sauvée…je ne sais pas quoi faire de cette vie. Navrant.

Un regard embarrassé.

- Je suppose que je ne devrais pas tenir ce genre de conversation avec un quasi inconnu. Mais Amy dit qu’il faut s’ouvrir aux autres…et tu as l’air…gentil.

 en plus de Kaede elle connaissait Caitlyn, une bonne chose pour la jeune fille, meme si depuis la mission Cait semblait différente. De toute façon Sanzo n'était pas allé la voir.. il avait encore besoin d'un peu de temps.

Il attendit qu'elle poursuive .. si elle voulait bien poursuivre. Parler de la pluie et du beau temps n'était pas vraiment son truc ..
Tandis qu'elle le fixait, un sourire apparut, un vrai sourire, chaleureux et sincère, un beau sourire qui réchauffa le chat, puis elle "disparut". Il ne bougea pas et continua à l'observer. Elle l'avait laissé parler et écouter ... à son tour ..

ses propos étaient pleins de bon sens mais imparfaits .. bien sur elle était invisible pour un oeil meme exercé mais elle gardait son odeur, une bonne odeur d'ailleurs et surtout elle continuait de respirer, son coeur battait, son sang coulait ... Invisible .. en parti seulement. Le chat savait ou elle était.

Elle se confiait, elle se lâchait mais elle se trompait.

Il attendit qu'elle soit redevenu visible et s'avança doucement vers elle avant de s’asseoir un peu plus près. Il lui laissait quand meme une certaine distance, il ne voulait pas l'effrayer.
Devait il lui dire .. lui dire que son invisibilité n'était qu'un masque finalement .. un masque derrière lequel elle se cachait ...
Allait il lui dire qu'elle n'était pas si invisible que ça ...
Allait il détruire le peu d'illusion qui lui restait ...
non ... pas encore .. pas maintenant .. un jour peut être ...quand ils iraient mieux tous les deux.

Tu veux devenir mon ami ? Qu’est ce qu’on peut bien vouloir faire d’une fille comme ami qui ne sait même pas à quoi ça sert de vivre ?

"oui j'aimerais vraiment qu'on soit ami ... et je t'apprendrais à vivre si tu le souhaites. Tu penses que ta vie ne vaut rien ou pas grand chose, tu penses que tu aurais du mourir ce jour mais survivre est naturelle Jade. C'est instinctif. L'etre humain peut combattre certain sentiment mais pas celui là .. et puis demande toi si les choses auraient pu être autrement .. Tes compagnons tu aurais pu les sauver ? Si la réponse est oui alors effectivement tu aurais du .. mais si elle est non .. tu as eu raison. Ta mort n'aurait servi à rien, rien du tout. Sert toi de ça pour grandir. Bat toi, entraine toi et la prochaine fois tu pourras empêcher tout ça. Tu crois que Cait est arrivée à ce stade en claquant des doigts .. détrompes toi. Elle s'est battue, elle s'est entrainée très dure, elle a souffert pour nous, pour toi .. pour moi. Et la seule façon de la remercier pour cette vie qu'elle nous permet d'avoir c'est de travailler à notre tour pour aider .. comme elle. Oui je suis gentil .. mais ..  il y a quand meme un monstre en moi .. et ça n'a rien à voir avec ma métamorphose. C'est un être abominable que je n'arrive pas à admettre ... "

Il s'approcha encore un peu d'elle, son regard se fit plus dur "tu veux savoir ce qui me ronge .. Quand Rachel a massacré ces hommes ... quand elle les a éventré j'ai ressenti du soulagement ... pas de dégoût, pas de peine .. non juste du soulagement .. et le pire ce soulagement n'était pas parce qu'elle venait de me sauver la vie mais parce qu'elle m'avait empêché de faire quelque chose d'horrible. J'ai laissé la fille que j'aimais faire un acte horrible à ma place .. et j'en ai été soulagé ... "

Il se recula et son regard retrouva son naturel "tu vois .. je ne suis pas que "gentil". Amy a raison .. s'ouvrir aux autres est bien mais .. trop s'ouvrir laisse des cicatrices ... le juste milieu Jade ... mais c'est si difficile. (un bref silence) Parfois c'est plus facile de parler à des inconnus et je crois qu'à ce stade nous n'en sommes plus vraiment l'un pour l'autre .. "

A son tour il lui sourit, lui parler ainsi lui faisait du bien justement parce qu'elle était une parfaite inconnue.
"alors que souhaites tu maintenant .. acceptes tu qu'on avance un peu ensemble ... ou bien préfères tu retrouver ton "invisibilité" .. quelque soit ton choix je le respecterais."

Il allait lui tendre la main mais se souvint de son attitude et de son aversion pour les microbes aussi se contenta t il de l'agiter devant lui. "je te l'offre de bon coeur et sache que tu ne seras plus jamais invisible pour moi Jade. "

Comment peut-il penser que je me trompe lui qui ne me connait même pas ? Alors qu’il parle mon visage se ferme peu à peu. Comment peut-il me dire ces choses ? Comment oser dire qu’il me faut être encore plus forte et me battre encore et encore ? Il ne sait pas, il ne sait pas ce que j’ai enduré et ce que j’ai été capable de faire, il ne sait pas à qui il parle. Il est sincère mais tellement maladroit, tellement plein de lui-même qu’il me force à serrer les dents pour m’éviter de lui lancer des lots de méchanceté qui déborde de ce qui s’agite là, en moi. Il m’agace au point de m’insupporter. Il me parle de Rachel, d’amour pour elle…Pour qui me prend-il ? Une confidente ? Je ne sais même pas ce qu’est l’amour, ce que veut dire aimer ou être aimer…Pourquoi venir m’imposer brutalement des sentiments que je ne peux pas comprendre ?
Je me tasse sur moi-même attendant qu’il est fini de discourir, je suis triste à présent que la vague de colère est passée, il me dit que je ne suis pas invisible mais c'est là son premier mensonge, il ne me voit pas, il ne cherche pas à comprendre.

- Combattre, hein ? Tu ne sais pas ce que c’est. Rachel et moi nous savons. Tu te juges monstrueux ? Apprends à vivre avec, moi c’est mon lot depuis que j’ai 8 ans. Tu ne nous connais pas…tu ne vois pas nos cœurs…C’est peut-être moi qui devrait t’apprendre à vivre, Sanzo. Tu vas trop vite…bien trop vite pour moi, navrée.

Sans lui laisser le temps de répondre, je me suis redressée et remise debout, récupérant ma serviette sans lui adresser un mot de plus. Je fais quelques pas avant de me tourner vers lui, je suis profondément bouleversée, ca en visible.

- Je ne veux plus me battre, je ne veux plus jamais blesser personne. Je veux juste être normal et trouver une place dans ce monde sans avoir à faire le mal. Tu ne comprends pas mon cœur…tu ne me comprends pas parce que tu ne me connais pas….et que personne ne me connait.

J’incline la tête par respect de salut avant de me diriger vers la porte et de m’y arrêter un instant.

- J’accepte…ton amitié…j’accepte. J’aimerai te revoir mais je vais chercher à en savoir plus sur toi, tu m’intrigues. Et..et je ne serais pas fâchée si tu fais de même.

A bientôt, Sanzo.

Oui je chercherai à en savoir, je questionnerai Amy, Rachel et Kaede sur lui. Je ne sais pas ce qu’il en sera de son amitié mais il a indéniablement remué quelque chose en moi, je n’arrive pas à mettre des mots la dessus mais j’aimerai comprendre de quoi il en retourne. J’ai tout le temps pour y arriver.



Fin pour Silent