Lorsque le sommeil fuit.. (libre)

J'ouvre lentement des yeux. Le plafond m'apparait légèrement flou, et d'un blanc délavé. Je me redresse, rejetant les couvertures. Mon corps se retrouve offert au courant frai qui habite mon petit appartement mal isolé. Tout en sortant de ma chambre, mes pieds évitant esaiment les quelques peluches qui ont attéri sur le sol. Dans le salon, la lumière propre à la nuit baigne la pièce. Il fait encore nuit, mais je n'ai aucune envie d'aller me coucher. Dans un soupir, je vais ouvrir les placards. Me débarassant du pled avec lequel je m'étais envellopé, je me dirige vers le placard où est entreposé mes vêtements. Qui sont des plus simples, car cela fait des années que je vis avec mes yeux qui me permet de voir la nuit. Mais cette vue, bénéfique sur bien des abords, surtout lorsqu'on a moitié aveugle, n'est pas parfaite. Les couleurs me parviennent délavées, comme si on m'avait mit un voile blanc, vaporeux devant le visage.
Je regarde le réveil. Le soleil ne va pas se lever avant longtemps, j'ai le temps. J'attrape ma veste en cuir noir, et tout en dévalant l'escalier après avoir fermer la porte derrière moi.

L'air vif de la nuit vient me griffer le visage. Je plisse un peu des yeux devant la lumière cru des lampadaires. Peu à peu les formes m'apparaissent progrssivement avec clarté. Seul là où se trouve la lumière, rend le paysage qui l'entoure plus flou. Mais je ne m'arrête pas sur ce détail.
Je marche d'un pas vif dans les rues. Mon souffle forme des nuages de vapeur dans la nuit sombre, parfois mangé par le halo des lampadaires. Il n'y a pas un chat autour de moi. Il commence à faire froid, et puis normalement tous sont plongés dans le sommeil. Du moins lorsque celui ci ne vous fuit pas, ou vous envoie des images sans queue ni tête. Cela depuis que je me suis réveillée dans cet hôpital..

Le bruissement de l'herbe chante à mes oreilles. Je ne fais pas attention, au panneau interdissant d'aller sur la pelouse. Après tout qui pourrait bien passer par là à cet heure? Je m'appuie contre l'écorce de l'arbre, levant la tête vers le ciel. Les branches s'étendent, mais bientôt elles seront nues. Débarassés de ces feuilles qui commencent déjà à jaunir. Je lève mon bras, où se trouve une bouteille entamer. Finalement, je la pose sur le sol. Puis je me laisse envahir par des souvenirs venant des années de l'enfance. Un flot de paroles me reviennent. Une voix que je n'ai pas entendu depuis des années. A la faveur de la nuit, je laisse la contine franchir mes lèvres dans ma langue maternelle.

Ah putain, qu'est ce que c'est bon de voler à cette heure de la nuit! Rien de tel qu'une petite cigarette en plein vol pour vous remettre en forme un homme! Faut dire que la nuit à la Confrérie, c'est bien, on est au chaud. Mais bordel qui a eu l'idée d'accepter des mecs qui ronflent à ce point dans le groupe? La nuit dans les dortoirs, c'est la IXème symphonie en ronron Majeur! Du coup j'ai préféré m'esquiver pour une petite virée nocturne. Tranquille, je flotte au dessus de New York, grillant une de mes sempiternelles tiges tueuses. Seul au dessus de la ville, j'ai l'impression d'être sur une scène, un scène immense et illuminée. Je pense que j'aurai adoré donner une représentation ici. Si l'Homme avait ouvert les bras au Mutant, je serai certainement en train d'observer la ville du haut d'une suite de luxe dans un des meilleurs hôtels de la grande pomme. Mais je suis là, réduit à devoir observer mon rêve qui s'est envolé.

J'arrive alors au dessus de Mutant Town. Quel taudis. Même au plus bas, j'ai toujours soigneusement évité ces quartiers. Non pas que j'avais honte d'appartenir à leur espèce au contraire, mais je ne suis pas du genre à me cacher ou à dissimuler ce que je suis. Persécuté, battu, sans le sous, j'ai toujours continué à faire ce que j'ai toujours fais: me donner en spectacle. Certes, mes représentations dans la rue étaient plus discrètes que celles que je réalisais en Allemagne, mais je n'ai jamais abandonné. Peut être est-ce ça qui a fait qu'Il a posé ses yeux sur moi.

Je ne peux m'empêcher de descendre dans ce quartier, comme pour voir à quoi j'ai échappé. L'endroit est assez immonde et je traverse les rues en flottant à 20 centimètres du sol afin d'éviter de marcher dans un quelconque déchet. Des gens passent, peu surpris de me voir avancer ainsi. Ce ne doit pas être étonnant de voir un type en costume pourpre, noeud papillon et haut de forme passer en lévitant. A moins qu'ils n'en ai plus rien à faire, que leurs yeux ne semblent plus trouver aucun intérêt à leur vie dans ce ghetto. Je dépasse la plupart des passants sans qu'ils ne m'adressent même un regard. A un moment, un type en manteau noir me murmure quelques conseils avant de poursuivre son chemin. Ses mots me font frémir. "Ne te fais pas remarquer". Que j'ai pitié de cet homme...

Me voilà enfin devant un endroit moins glauque. Un genre de parc avec une pelouse peu entretenue et des arbres qui semblent pleurer le bon vieux temps. Lentement, je relâche mon pouvoir et me laisse descendre au sol, en plein sur la pelouse soi-disant interdite. Qui oserai m'importuner pour ça à cette heure? Je sors une nouvelle cigarette et commence à l'allumer quand une sorte de comptine enfantine parvient à mes oreilles. Je ne comprend pas un traître mot mais la voix m'attire et je m'en vais donc à la rencontre de cette âme qui se dévoile dans la nuit. Une silhouette se dessine, adossée contre un arbre. Une jeune femme apparemment, mais je ne saurai la décrire précisément avec le manque de lumière. Je pousse alors un soupir avant de lancer avec un accent à couper au couteau:

- Hum, très joli Fräulein. Mais une jeune femme ne devrait pas rester seule dans le noir dans un quartier comme celui-là. On ne sait jamais sur qui on peut tomber...

Après coup, j'me dis que c'est peut être flippant comme entrée en matière. M'enfin, on est au coeur de mutant town, des mecs louches elle en a certainement croisé des tas!

C'est une voix qui me stoppe dans ma comptine. Une voix dure, avec un accent venant d'Allemagne surement. Je tourne la tête lentement vers celui que je n'avais pas entendu arriver. Et il ne colle pas du tout avec ce qui l'entoure.
Vêtu d'un costume que je dirai dans les tons des rouges, un nœud papillon en dessous d'une mâchoire recouverte d'une barbe de quelques jours bien entretenue. Et un chapeau au de forme, venant presque d'un autre temps cache des cheveux que je devine brun. Même si il semble sur de soit, me dépassant de plusieurs centimètres, il ne semble pas être au top de sa forme. Mais il me fait quand même penser au seul magicien que j'ai vu de ma vie. Orgueilleux, et se croyant surhomme..

Ses mots me font sourire. Dans mon état normal, sans mon cerveau qui marche au ralentit je me serai légèrement méfiée. Juste pour être sure que il ne fasse pas parti de ces gars qui gamine, venaient chercher des embrouilles. Juste pour se sentir plus puissant qu'un autre. Mais souvent soit il finissait en train de manger le sol dans une ruelle sombre, ou simplement je leur laissai pas le temps de me toucher.
Je porte la bouteille à mes lèvres, tout en sortant de l'ombre de l'arbre. Je serai bien la seule à voir ce qui nous entoure dans les détails. Car même si à quelques mètres de là, il y a quelques lampadaires, l'homme ne me verra pas comme je le vois.

-Merci. Une jeune femme normale peut être. Mais ce n'est pas le cas pour moi. Et puis je pense que dans le noir, je me débrouillerai mieux que beaucoup d'autres gens.

A cet instant, je viens d'avouer que je suis mutant. Mais d'un côté nous ne sommes pas en plein quartier mutant? Et puis il faudrait être aveugle pour ne pas voir mes yeux, totalement hors normes. D'ailleurs, je remarque la cigarette se trouvant entre ses doigts, prête à être allumée. L'odeur de la nicotine me rappelle lorsque je trainer avec des amis. Je ne pourrai pas dire leur noms, ni à quoi il ressemble car plus je me rapproche de la période où j'étais avec Mamà à New York. Plus les souvenirs sont flous.

-Excusez moi, mais est ce que vous auriez pas une cigarette pour moi? S'il vous plait.

J'ai besoin de ressentir la brulure de la fumée dans ma gorge, puis dans mes poumons. Je ne me dirais pas fumeuse, mais pas non fumeuse non plus. Juste que je ne dis pas non pour une cigarette de temps en temps. Juste pour l'esprit qui se vide un instant.

Dur d'être affirmatif avec la pénombre, mais je jurerai avoir vu un sourire! J'espère vraiment que c'est ça et pas une grimace! Et oui, un sourire voudrait dire qu'elle ne me prend pas pour un de ces tarés qui errent la nuit en quêtes de victimes innocentes. Allons, allons, je ne suis pas un psychopathe! Je ne voudrai quand même pas faire peur à une jeune femme! M'enfin, au final c'est elle qui me surprend. Elle s'approche en effet, me permettant de la distinguer plus clairement grâce à la lueur de la lune et d'un lampadaire lointain. Elle ne semble pas avoir peur du tout. Elle porte une bouteille à ses lèvres avant de m'observer de ses yeux argentés. Quelle couleur fascinante!

Sa voix s'élève à nouveau, non plus pour chanter, mais pour m'avertir qu'il ne s'agit pas d'une jeune femme "normale". A l'entendre, la nuit ne lui poserait aucun problème. Je me fend d'un large sourire en la voyant ainsi, si fière. Les rencontres les plus hasardeuses sont parfois les plus amusantes!

- Si j'avais été un agresseur, m'auriez vous empêché de nuire grâce à ces jolis yeux?

Elle m'observe encore un instant, ce qui ne me dérange pas outre mesure. en fait, c'est plutôt le contraire. J'aime sortir du lot! Est ce mon costume qui l'intimide? Mon haut de forme qui l'impressionne? Mon...

-Excusez moi, mais est ce que vous auriez pas une cigarette pour moi? S'il vous plait.

BAM! Prends ça dans tes dents Leonhard! Ton coeur vient d'être brisé par l'envie de nicotine de cette demoiselle. M'enfin, j'suis pas un chien! Je porte ma propre tige à mes lèvres avant de sortir mon paquet d'un geste sûr. Je l'ouvre rapidement et une cigarette s'élève comme par magie. Bon ok, je la fais juste léviter histoire de faire mon intéressant. Et alors?! Le petit objet s'envole et se dirige rapidement vers la jeune demoiselle... dont le nom m'est encore inconnu.

- Voilà pour vous, Fräulein. Mais tout à un prix! Votre nom sera le mien pour ceci...

À aucun instant, je n'ai hésité avant d'utiliser mon pouvoir. Je suis fier du don que m'a accordé la vie et le cacher ne fait pas partie de mes principes!

Je me vexe nullement lorsque je vois le sourire qui vient éclairer son visage. A cet instant, je préfère être face à quelqu'un de plutôt joyeux qu'un autre qui face la tête. Et puis lui un agresseur? Il n'a pas l'air... Trop original, et puis il y a pas l'aura qui entoure généralement autour de ce genre de gars autour de cet homme. Face à sa question quelque peu ironique je me contente de sourire et de prononcer quelques mots:

-Merci de ce compliment.

Lui montrer ou pas mon deuxième don? Voilà toute la question. Cela pourrait être amusant mais j'ai toujours été peu démonstrative pour ce qui est de mes pouvoirs. Pour garder une sorte de carte joker en cas de pépin, si mon pouvoir ne fait pas des siennes. Ou juste car vu le nombre de fois qu'on m'a cherché des embrouilles à cause de ce pouvoir. Car ma vue nocturne est plus facilement accepté que ma manipulation des ombre. Il y a d'ailleurs peu de personnes qui le connaisse... Bah, je verrai bien. Attendons encore un peu.

Face à ma demande pour un bâton rempli de nicotine, je vois son visage se fermé, alors que quelques instants plutôt il semblait content de lui. Ce n'est que pour un bref instant, mais assez pour que je me demande à quoi il pouvait bien penser. Alors qu'il coince entre ses lèvre sa cigarette, son visage semble quelque peu sérieuse, ou renfrogner je ne saurai pas le dire. Je stoppe le flot de mes paroles intérieurs pour regarder la cigarette émerger de son paquet en volant. C'est pas possible ce truc! A part... C'est un mutant! Super, une soirée promise de bien des perspectives. Heureusement que je ne suis pas tombé sur un humain, qui ayant trop bu a oublié sa peur pour les mutants.
L'objet se dirige en flottant vers moi. Lentement, je referme mes doigts autour du bâtonnet. Je murmure:

-Impressionnant...

Je me reprends, voulant bien jouer son jeu.

-Je comprends tous à fait. Je m'appelle Lili Vesga. Et vous savait, ma survie n'a pas seulement dépendu de mes yeux... Me prêteriez vous votre briquet aussi?

-Merci de ce compliment.

Mais il t'en prie ma petite! Hey! Mais attend, c'est pas ce que je voulais dire! Quoi que... M'ouai en fait c'est pas mal, ça fait toujours classe les compliment. Pis il a l'air de bien passer celui-là. Elle a l'air cependant d'en rester songeuse. Aurais-je touché quelque chose de sensible? J'ai eu mainte fois l'occasion d'assister au lynchage de mutants dont les particularités étaient visible. Pour ma part, j'ai été victime de ces violence, mais j'ai choisit de ne pas cacher ma condition. Ceux là n'ont pas le choix. Ils vivent chaque jours avec ces différences qui les rendent exceptionnels. Mais tous ne le voient pas de cet oeil. Les humains ont peur de ces différences et réagissent comme ils l'ont toujours fait face aux choses qu'ils ne connaissent pas: en le persécutant.

Mais je perd le fil de ma pensée quand elle prend un air surpris. Ses yeux s'ouvrent d'une manière qui est loin de m'être inconnue. J'ai la chance de posséder un don qui s'apparente vraiment à ce que le commun des mortels appelle la Magie. Malheureusement, celle-ci est peu à peu oubliée à cause des dons de mes confrères. Dur d’impressionner avec un tour de cartes quand à côté un type est capable de lire dans vos pensées les plus intimes ou peut se transformer à volontés en créatures fantastiques! Elle lâche tout de même un "Impressionnant..." qui me comble de satisfaction. Elle enchaîne ensuite simplement:

-Je comprends tous à fait. Je m'appelle Lili Vesga. Et vous savait, ma survie n'a pas seulement dépendu de mes yeux... Me prêteriez vous votre briquet aussi?

Lili Vesga. Sympa comme nom. Mais je préfère tout de même la remarque qui suit. Ses yeux ne sont pas ses seuls atouts, j'en suis maintenant certain! La question me brûle les lèvres et grâce à sa propre demande, je vais pouvoir continuer mon petit jeu...

- Oh vous savez, je suis magicien! Ceci n'est rien pour le Meister! Mais quel idiot je fais... J'oubliai le plus important!

J'ouvre alors un pan de ma veste avec un mouvement ample et en sort un premier briquet vert flashy. J'allume ma cigarette avec, tire quelque latte avant d'exhaler la fumer en un véritable soupir de soulagement. Je lui lance alors un nouveau sourire des plus sincères.

- Haaaaa, magnifique n'est ce pas? Allez-y, allez-y allumez la votre. Pas besoin de ce briquet là... Non. Celui dans votre poche suffira tout à fait!

Et oui, un joli tour de passe-passe et un peu de TK m'ont permis de déposer un petit briquet Orange dans la poche droite de sa veste. Un tour tout à fait banal mais qu'importe! C'est toujours mieux que la pièce derrière l'oreille non? Bon ok, c'est peut être un peu lourd mais que voulez-vous, on ne se refait pas!

- Allez, j'ai bien le droit à un nouvel accès de curiosité après cela non? Après tout, vous l'aiguisez depuis notre rencontre. Dites-moi comment une jeune femme comme vous fait pour "survivre" comme vous dites!

Je le regarde, les bras croisés contre ma poitrine, la cigarette à l'abri au creux de ma paume. Alors que sa voix si dur résonne de nouveau dans la nuit. Dans un geste sur, et amplifié il ouvre un pan de sa veste. Tout de suite mes yeux sont attirés par le briquet flashy qu'il y sort. La flamme qui en surgit me fait l'effet d'une minuscule étoile, avant de disparaitre aussi rapidement qu'elle est apparu. La cigarette de l'homme maintenant allumée, produit un petit volute de fumée. Un sourire vient de nouveau étirer ses lèvres, avec sincérité.
Mais les mots qu'il prononce m'étonne. Je vais tâter de ma main mes poches. Je me promène quelques fois avec un zippo. Mais pas ce soir, mais j'ai bien un renflement dans la poche droite de ma veste en cuir. Après une brève hésitation, j'y plonge ma main. Lorsque je la sors à l'air libre, au creux de mes doigts se trouve un briquet orange. Aussi flashy que celui du magicien. Un sourire amusé vient étirer mes lèvres alors que je porte la cigarette à mes lèvres. Dans un claquement j'allume le bâtonnet de nicotine, plissant un instant des yeux. Lorsque j'ai fini, je remets le briquet dans ma poche.

-Je le garde. Comme souvenirs. En tout cas bravo, j'ai rien vu. Même si je me doute que c'est le but.

J'inspire. La fumée vient envahir ma gorge, mes poumons. Je la garde un instant, avant de la rejeter. Elle va s'envoler dans le ciel noir dans des arabesques étranges. Je ne réponds pas tout de suite à sa question. Préférant montrer plutôt que parler. Je coince la cigarette entre mes lèvres, puis me laisse juste envahir par mon pouvoir. Comme à chaque fois, le froid vient envahir mon corps. Mes jambes, mes bras, mes doigts. Je le ressens même au creux de ma poitrine. Heureusement qu'il fait nuit, j'arrive plus facilement à stabiliser ce que je souhaite faire. Lorsque je tends la main, un serpent se tient au creux, s'enroulant autour de mon bras. D'un noir opaque, comme du pétrole. Sa gueule s'ouvre dans un sifflement silencieux, mais il est tout aussi menaçant.
Délicatement, je fais refermer mon autre main sur le reptile fait d'ombre mouvantes. Lorsque je l'ouvre un couteau se trouve à l'intérieur.

-Un couteau prêt à l'utilisation peut être toujours utile. Quand celui-ci veut bien rester solide... Mais bon, il n'a pas besoin de savoir que mon pouvoir est quelque peu capricieux. Je referme le poing. Le couteau s'évapore, alors que je continue: Je suis capable de faire de mon ombre tout ce dont je souhaite. Ma seule limite est mon imagination.

Je reprends ma cigarette avec une de mes mains, alors que je plonge l'autre dans la poche de mon jean. Puis je me rends compte que je ne connais pas son nom.

Mais dit moi, quel est votre nom?

Bien, bien, bien, je n'ai pas perdu la main. Je savoure chaque seconde de son regard étonné lorsque je lui demande de fouiller sa poche et dévore littéralement du regard son sourire lorsqu'elle y trouve ma petite surprise. N'allez rien imaginer d’ambiguë hein!? J'aime simplement l'effet que provoque un tour réussi. Cet émerveillement plus ou moins dissimulé, cet instant de doute pendant lequel la cible cherche le "truc"... Et si ils applaudissent, c'est encore mieux! Bon, mademoiselle Vesga ne tape pas des mains mais j'accepte volontiers le "bravo" en m'inclinant légèrement, comme pour saluer.

- Ravi que cela vous ait plu, Fräulein Vesga! Oui, gardez-donc ceci. Je vous l'offre de bon coeur!

Et comme tout a un prix, je me prépare à lui poser une nouvelle question. Je suis pourtant pris de court quand elle coince la cigarette entre ses lèvres avant d'élever une main avec un air concentré. Cette fois, c'est moi qui affiche un air surpris quand elle dévoile une petite créature à la consistance douteuse. La créature aux air de serpents est en effet complètement noire, sans véritables reliefs, comme sculptée dans du pétrole brut. Quelle étrange petite chose! Je fais un pas en avant pour l'observer de plus près et affiche un sourire amusé quand le petit reptile se met en position d'attaque, le cou en "S", la gueule grande ouverte.

- Wunderbar! Et c'est qu'il mordrait presque!

Et la démonstration n'est pas terminée! Sa main libre vient en effet recouvrir la petite bestiole. Patient, j'attend le clou du spectacle. Et je ne suis pas déçu! Lorsqu'elle retire sa main, le serpent n'est plu. A sa place se trouve un couteau qui semble fait de la même matière noire. Vient alors l'heure des explications. Mademoiselle est donc effectivement une mutante. Une mutante très douée puisqu'elle dit être capable de plier son ombre à sa volonté. Quel pouvoir fascinant! D'habitude, je ne cherche pas particulièrement à creuser le sujet des pouvoirs avec mes interlocuteurs. Est ce que les humains se demandent "Et toi, est ce que tu sais faire quelque chose de spécial? Comme chanter en rotant par exemple?" à leur première rencontre? Nos mutations sont des talents que nous utilisons comme bon nous semble. Je comprend tout à fait ceux qui restent discrets sur les leurs, après tout, ça ne fait que créer de belles surprises! Pourtant cette fois, je suis plutôt intéressé. Il s'agit là de quelque chose de délicat, de raffiné qui demande beaucoup d'imagination!

Je m'apprete enfin à poser une tout petite question (ou deux) quand elle me prend à nouveau de court pour s'enquérir de mon nom. Après cette démonstration, Lili Vesga, tu as tout à fait le droit de connaitre mon nom!

- Vraiment magnifique. Mon nom? Je suis Leohnard Wolfgang Rosenkreuz, pour vous servir. Peut être avez-vous entendu parler de moi lorsque j'exerçait encore en tant que Der Meister, le grand prestidigitateur? Ne vous inquiétez pas si vous n'avez jamais entendu ce nom, je ne m'en vexerai pas. Après tout, ma carrière s'est terminée rapidement après mon arrivée dans votre pays.

Je ne peux m'empêcher de penser au passé, au temps où toute l'Allemagne connaissait mon nom. En ce temps là, chacune de mes apparitions provoquait le silence. Chacun se demandait quel allait être mon nouveau tour. Je revois encore leurs yeux ébahis lorsque j'ai escaladé la porte de Brandebourg en marchant simplement à la verticale le long d'une façade. Hélas, c'est du passé tout ça.

- Vous savez, vous avez vraiment un don... Magique! Je ne peux m'empêcher de penser à toutes les possibilités que cela doit vous offrir! Vous devez certainement l'utiliser en permanence, un peu comme moi en fait. Ces petites améliorations sont vraiment utiles n'est ce pas? Personnellement, je ne pourrais me passer de mon talent...

Et bla bla bla bla. Je me rends alors compte que ma bouche s'est encore enclenchée en mode "parole automatique". Je cesse donc d'un coup de parler et pose la ma main sur ma bouche avant de me mettre à rire.

- Désolé Fräulein, vous avez aiguisé ma curiosité et je deviens un véritable moulin à parole dans ces cas là.

Je porte alors ma cigarette qui menaçait de s'éteindre à ma bouche et en tire une longue bouffée. C'est vraiment une nuit magnifique! Je pense que les dortoirs de la confrérie ne m'accueilleront pas souvent!

Oui, l'allemand a bien raison de mettre presque devant le verbe. Car pour le moment, la plupart du temps mes ombres disparaissent comme un volute de fumée au moindre touché. A part si il fait suffisamment sombre, si j'ai la bonne motivation. Bref, je n'ai toujours pas percé tout les mystères de mon don. Mais lorsque je vois l'air émerveillé qui illumine le visage de l'homme. On peut dire que les rôles se sont inversés pendant un instant.

Je vois bien qu'il allait (encore) posé une question. Chose que je comprends tout à fait, je suis moi même capable d'une curiosité presque maladive. Et ce que j'ai toujours eu, mais c'est devenu encore pire depuis que je me suis réveillée dans cet hôpital. Mais bon, ma nouvelle connaissance semble quand même bien disposé pour répondre à ma question. Leohnard Wolfgang Rosenkreuz. Ouah! C'est bien un nom allemand, je ne suis pas du tout sure que je pourrai le prononcer correctement. Et je ne pense pas que je vais m'y risquer alors que j'ai l'esprit déjà bien embrumer.

-Je suis désolé Wolf', mais je n'ai pas entendu parlé d'un magicien hors norme. D'un coté ce n'était pas la préoccupation première de ma mère de me mener à un spectacle. Aussi prodigieux soit-il. Et puis il se peut aussi que je n'étais pas encore dans cette ville..

Des souvenirs que je pourrai qualifier de sur me viennent en mémoire. Des cris de jeu, des bruits de courses, quelques arrêts devant des spectacles de rues. Mais je n'ai pas de souvenirs de grand magicien qui m'a marqué l'esprit. Et puis Màma avait plus à l'esprit de me nous nourrir, de nous offrir une vie stable. Le plus beau cadeau était le gâteau le repas qu'elle faisait à mon anniversaire, et la sortie au parc lors de mes anniversaires quand j'étais petite. Mais je suis allée que rarement au cinéma ou autre lieu de divertissement.

Je tire sur ma cigarette lorsqu'il se remet à parler après s'être perdu un instant dans des images du passé. Je jette un coup d'œil à la bouteille qui est maintenant à mes pieds. Il ne reste qu'un fond ambré. Cela m'étonne presque, car je ne pensais pas l'avoir bu aussi vite. Puis ramenant mon attention vers Wolf', qui vient de s'excuser de sa soudain besoin de parler. Je le rassure d'un sourire tout en parlant:

-Vous n'avez pas à vous excusez. Vous ne n'êtes pas le premier à se perdre dans les mots, et vous ne serez pas le dernier.. Mais je vous confie quand même ceci: ne croyez pas que je l'utilise si souvent que ça. Il n'est pas comme votre don.

Oui, pour le moment mon pouvoir dépend beaucoup du lieu qui m'entoure. De la nuit et du jour.. Et je pense que même si j'arrive à améliorer ma connaissance en mon talent, ce sera toujours plus limité en journée qu'en soirée. La chaleur vient lécher le bout de mes doigts, chassant le froid qui les habitaient précédemment. Signe que la cigarette s'est entièrement consumée. Je laisse tombée le mégot dans ma bouteille vide. Puis je demande, curieuse:

-Mais dites-moi, vous n'habitez pas à Mutant Town non?

Pas que je pense que connaitre tout les habitants de ce genre de ghetto, mais c'est que cet homme me semble pas en faire parti.

Amusant comme façon de m’appeler. Wolf'. Depuis que je suis arrivé aux états unis, j'ai plutôt l'habitude de Léo ou léon, mais c'est cool comme surnom! Mais ce qui est moins cool c'est quelle n'ait jamais entendu parler de moi. Oui je sais je lui ai dit que je ne me vexerai pas... Mais si quand même! Je suis DER MEISTER! Quelle tristesse. Mais il faut que je me reprenne, et j'affiche donc un sourire malgré l'ennui que provoque sa réponse.

- Comme je vous l'ai dit, Fräulein, les states ne m'ont pas porté chance. Il est normal que vous n'ayez pas entendu parler d'un magicien ayant seulement donné quelques spectacles à Las Vegas.

Oui bon ok je me la joue un peu avec cette dernière réplique. Las Vegas c'est quand même sensé être le summum pour les artistes! Et pourtant, ça a été le point de départ de ma chute aux enfers. Il n'y a pas de place là bas pour tous les rigolos qui se complaisent de leur art et j'ai été de ceux qui y ont vu leurs espoirs ruinés. Le monde du spectacle est une mer remplie de requins affamés qui n'attendent qu'une erreur de votre part pour vous mettre en pièce. M'enfin ce sont des histoires que cette jeune demoiselle ne peut pas comprendre, surtout si elle vient de ce quartier miteux. Bien qu'elle ait certainement eu à faire face à d'autres combats tout aussi difficiles.

Heureusement, elle ne me laisse pas le temps de me perdre à nouveau dans mes pensées et  laisse simplement entendre qu'elle n'est pas aussi familière avec son pouvoir que je le suis avec le mien. Quel dommage. Un tel potentiel! Pendant quelques instants, je me plait à imaginer quelques spectacles basé sur cette faculté. Que de possibilités! Si j'avais eu une assistante possédant ces facultés, peut être aurions nous réussis à garder la tête hors de l'eau? Non, il ne faut pas que je pense à ça, c'est du passé. Je me contente donc de faire une légère grimace avant de lui sourire à nouveau.

-En quoi est il différent? Il fait partie de vous comme le mien fait partie de moi. Il n'y a aucun mal à l'utiliser comme on utilise ses mains, non? Après c'est évident qu'il faut un peu d'entrainement pour maîtriser totalement ce don qui est le vôtre.

Arrive enfin une question dont la réponse est tout à fait évidente. Moi, de Mutant Town? Bien sûr que non! Ce quartier me donne des frissons! Comment peut on se planquer dans un taudis pareil? M'enfin, je m’apprête à répondre quand une voix s'élève dans la nuit. La pénombre m'aura sans doute empêché de les voir arriver, à moins que ce ne soit la discussion qui m'ait captivé à ce point.

- S'il était de ce quartier, il saurait qu'il vaut mieux éviter de s'promener la nuit dans c'te tenue, hein ma jolie! Un pingouin dans ces quartiers chauds, c'est quand même rare!

Cinq types, des grands brutes toutes en poil et en cheveux. Blaz de cuir, bottes de motard,  jeans, bandanas sur le crâne, de parfaits bikers en quête de baston! Le plus gros et le plus poilus se frotte les mains, l'air satisfait par la connerie qu'il vient de lancer. Maintenant que j'y fais attention, j'entend clairement le bruit de quelques moteurs qui attendent de l'autre côté du parc. Peut être que d'autres loubards sont encore là bas à surveiller leurs montures mécaniques. En tout cas, ceux qui sont là n'ont pas l'air super sympa. Et rien qu'à voir les longs couteaux qui pendent à leur ceinture, on se doute qu'ils ne sont pas là pour faire la causette.

- Sprague, on fait quoi de la gonzesse?
- Pas de bobo, pour l'instant, on va juste délester monsieur de son larfeuille. Il va nous payer un coup parce que courir, nous, on aime pas!

Et voilà que les quatre brutes aux ordres de ce "Sprague" s'avancent vers moi avec un air menaçant. Mais moi aussi je sais prendre un air menaçant! enfin, je crois. Je suis un confrériste après tout! D'un clic, j'allume mon briquet avant de le faire léviter entre mes doigts. Je leur lance un regard du genre "z'êtes sûrs de vouloir faire ça?" mais leur réaction n'est pas celle que je prévoyais.

- UN MUTOS! Aaron, c'est un sale mutos!
- CHOPEZ LE!

Les couteaux sont tirés et ils semblent encore plus motivés. Pourquoi est ce qu'il faut que ça tombe toujours sur moi?

HRP:

Las Vegas.. J'ai est entendu parlé, mais que je n'ai jamais souhaité aller voir. Trop de monde, trop de bruits, trop de lumière.. Bref, que des choses que je n'aime pas... Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire quand je vois le bref éclat de vexation au fond de ses prunelles. D'un côté je le comprends. En quoi c'est plaisant de ne pas être reconnu par ses efforts, son travail. Mais pourquoi s'y accrocher puisque c'est fini? Je lui souhaite quand même de pouvoir y retourner et peut être briller de nouveau sous les projecteurs. Mais ce ne sera possible que quand les mentalités auront changé. Et cela ne semble pas être sur une bonne voie... Malgré les efforts qui sont fait. Une voix retentit, pas tout à fait clair. Et c'est en voyant les hommes qui s'approchent je comprends. Ils sont emprunts par l'alcool.

- S'il était de ce quartier, il saurait qu'il vaut mieux éviter de s'promener la nuit dans c'te tenue, hein ma jolie! Un pingouin dans ces quartiers chauds, c'est quand même rare!

Pourquoi je les ai pas vu approchés? Ils sont pas discrets pourtant! Est-ce que je suis dans un état aussi lamentable que cela? Avant même qu'ils parlent plus, je me doute que sont pas des mutants. J'entoure mon ventre de mes bras, et observe la suite.

- Sprague, on fait quoi de la gonzesse?
- Pas de bobo, pour l'instant, on va juste délester monsieur de son larfeuille. Il va nous payer un coup parce que courir, nous, on aime pas!

Tu m'étonne qu'ils n'aiment pas courir. Ils ont absolument pas l'allure de ceux qui court souvent. Je ne tique pas au mot “gonzesse”. J'ai déjà entendu pire. Mais au moins, j'ai le temps de réfléchir à comment je vais nous, ou me sortir de là. Ils s'avancent lentement vers Wolf, je vois distinctement leur lame accrochée à la ceinture. Le magicien réponse fais léviter son briquet devant lui. Je fais moi aussi une grimace. Mauvaise idée... Le ton monte, je peux presque sentir l'odeur de la peur venir s'ajouter avec celle de l'alcool. Car c'est souvent la peur qui fait voir les différences aux hommes, entrainant souvent la jalousie.
Alors que je vais pour faire un pas en avant, des éclats de rire attirent mon attention. En silence, je m'enfonce dans l'ombre de l'arbre et lorsque je suis sur qu'ils n'ont rien remarqué je fais demi tour.

Trottinant tranquillement, je m'approche de la rue. Heureusement je n'ai pas besoin d'aller trop près des lumières. Les humains se sont garés en vrac dans l'herbe, et il en reste quatre. Ils rient, plaisent, l'esprit embrumé par l'alcool. Je ferme les yeux, prenant une inspiration. De nouveau le froid, immense, fait gémir chacun de mes muscles. Lorsque j'ouvre les yeux, je m'étonne que de la vapeur ne s'échappe pas de ma bouche. Autour de moi, des formes allongées sont suspendues dans les airs. Toujours aussi noir, opaque et grossière. Non, je me suis pas amusée à faire dans les détails, il faut que cela tienne jusqu'à mes cibles. D'une demande silencieuse, je les fais partir en avant. Mes ombres-balles traversent l'air dans un sifflement. J'ai la satisfaction de les voir traverser la chair des jambes des quatre hommes. Ils s'en suit des cris de douleurs, des injures. Bon je me suis pas ratée on dirait... Sauf qu'un grognement rempli de colère me coupe de mes pensées.

-Toi la mutante! Si je t'attrape tu vas le regretter!

Un binker se tient encore debout, le visage cramoisi. Sans me poser de question, je fais demi-tour retournant sur mes pas.

- Ha ha ha! Ne vous inquiétez pas fräulein! Je vais m'occuper de ces types! Hum... Fräulein?

Je rêve où elle vient de me larguer pour me laisser dans mon caca? Cinq loubars qui me chargent et paf, la demoiselle prend la poudre d'escampette! Quel dommage. Elle qui disait encore il y a quelques minutes qu'elle n'était pas inoffensive! Faut croire que mon charme naturel n'aura pas suffit! Du coup j'vais pas essayer de l'utiliser sur les bikers, j'pense qu'ils seront encore moins réceptifs. Par contre moi j'vais pas tarder à me réceptionner un poing dans la gueule si je ne me bouge pas rapidement les fesses! Le premier barbu arrive en effet sur moi, panuches en avant. Pas de chance mon gars, t'as de grosses mimines mais c'est moi qui commande ici! Ma propre main s'avance en direction de son poing et l’arrête sans aucun problème, à la plus grande surprise du gros tas qui pensait être assez costaud pour passer à travers mon blocage. Mais pour un télékinésiste, arrêter un truc comme ça, c'est du gâteau!

- T'as rien dans le froc mon gars! Va falloir augmenter la dose des piquouzes et arrêter la binouze!

Ach je suis trop fort! Y a de la rime, y a de la répartie, j'suis trop bon! Mais bon z'ont pas l'air de comprendre la vanne car v'là que deux autres barbus font leur entrée sur scène. Poings, pieds, ils y vont avec tous leurs membres! Enfin non pas tous! Heureusement... Mais bon, j'ai beau être un grand garçon, des coups de tatane comme ça, je préfère éviter! D'un bond, je m'envole de quelques centimètres pour reculer franchement et éviter la rafale de coups. Va falloir les mettre hors combat et vite! Mais j'peux pas les immobiliser tous les cinq en même temps... Va falloir être plus direct... Je tends la main vers le premier, celui qui voulait imprimer ses phalanges sur mes tempes, et réalise un petit geste, comme pour chasser une mouche. L'effet est immédiat et à le mérite de surprendre un peu tout le monde. Le corps du loubard se retrouve en effet projeté sur le côté avant d'heurter un arbre. J'ai cru entendre un "GHUMPF" de mécontentement, mais vu comme il s'est écroulé juste après, j'imagine qu'il ne viendra plus m'embêter!

Comme pour me moquer des quatre types restants, je tends la main vers eux et les invite à approcher, provoquant jusqu'au bout! Et malheureusement, ça marche. Tous sauf le fameux "Sprague" tirent leur couteau de leur ceinture. Et merde, là, ça risque de faire vraiment mal! Autant confisquer de suite leurs joujous! D'une pensée, les trois couteaux se mettent à s'élever jusqu'à s'arracher eux même des mains de leur propriétaire. Une autre pensée plus tard, les armes commencent à pointer leur lame vers le sol et filent pour venir se planter aux pieds des barbouzes. Enfin, aux pieds, je devrais plutôt dire sur leurs pieds! Deux des trois enfoirés se retrouvent en effet cloués au sol et se mettent à hurler leur douleur!

Le troisième semble plutôt choqué de voir le couteau planté à 3 centimètres de son pied. Tellement choqué qu'il ne me voit pas arriver malgré l'avertissement du chef de meute. Allez hop, c'est le moment d'essayer le mouvement que l'autre dingue m'a appris! Un bon coup de poing, ça va me faire du bien! C'est reparti! Points d'appuis, check, équilibre, check, transfert de force, check, doigts explosés sur la mâchoire du type, CHECK!

- OUARG!

Nouvelle danse de la douleur devant un barbu qui ne comprend pas trop ce qu'il se passe. Il s'attendait surement à ce que je lui explose la tête rien qu'en le touchant, bah c'est raté! Il en profite d'ailleurs pour tenter de m'embrocher avec le gros couteau qu'il récupère en avançant vers moi. J'essaie à nouveau d'esquiver mais, concentré sur ma main douloureuse, je n'arrive pas à reculer assez. Une estafilade sanglante se dessine sous un pan de ma veste à présent déchirée. Une veste à 900$ que j'avais acheté à mon arrivée à Vegas... IL VA ME LE PAYER! Mon regard croise le sien... Et c'est là que ça devient dégueu. Son bras droit se tord dans un angle improbable dans un craquement sinistre. Puis s'est au tours de ses genoux de céder tandis que je tente de me calmer. J'avais imaginé tout cela, et mon pouvoir avait fait le reste... Je recule de quelques pas en réalisant à quel point je venais de blesser cet humain.

Aaron lui, vient de comprendre que c'est vraiment la merde et sort un petit objet métallique que j'identifie aussitôt: un flingue. Ce type me menace avec un flingue! J'ai jamais arrêté la moindre balle et je compte pas essayer aujourd'hui! d'une pensée, je l'immobilise et lui ôte l'arme des mains. Le canon se retourne alors lentement vers lui tandis que je m'approche, encore tremblant, une main sur mon flanc ouvert. Le revolver commence alors à s'approcher de son visage, se presse contre ses lèvres et le force finalement à ouvrir la bouche pour le laisser passer. Il fait nettement moins le malin avec le canon de son arme en travers de la gueule!

- Toi... Tu vas regretter ta bêtise... *
- 'e 'om''end 'ien ! 'ai'' 'oi 'a'i!

Ah merde... Avec un truc de c'te taille dans la bouche, on ne peut prononcer que les voyelles. J'aurai dût m'en souvenir!

-Toi la mutante! Si je t'attrape tu vas le regretter!

Une voix au loin. Je lève les yeux pour voir apparaître la demoiselle Vesga. Aurait-elle fait la rencontre avec d'autres abrutis à barbe? On dirait que oui! Elle est en effet suivie par un de ces bikers qui semble être légèrement blessé à la cuisse. Pas de quoi l’arrêter! Je tends la main vers lui et il se met aussitôt à léviter et à brailler. Un autre geste vif de la main plus tard, le voilà en train de faire connaissance avec un arbre de la manière la plus violente qui soit! Au dodo le barbu!

- Fräulein Vesga! Je croyais que vous m'aviez abandonné! Ils ne vous ont pas trop collés j'espère?

Mon ton est plus sec que je ne l'aurai voulu. Bon faut dire qu'elle a disparu sans prévenir! J'pensai que la soirée commençait bien et pas qu'elle allait se tirer à la moindre anicroche avec des motards! D'ailleurs il me reste un sous la main. Et je crois qu'il vient de mouiller son froc... merde , il ruine totalement l'honneur des fiers bikers américains... Il me fait pitié... Sans quitter Lili du regard, j'ôte le flingue de sa bouche et le fait léviter vers moi pour m'en emparer. l'arme est lourde et froide, une sensation assez étrange...

- Ramasse tes potes et casse toi... Tu peux t'estimer heureux, Herr Sprague. Tu aurais pu tomber sur un membre de la Confrérie des Mutants moins clément que moi.

Je lui lance alors un regard chargé de mépris tandis qu'il essaye de rassembler ses esprits et les restes de sa fierté. Il va certainement en profiter pour dire qu'il a été agressé par la confrérie des mauvais mutants mais je m'en branle. Qu'il aille au diable... Et mademoiselle vesga, que pense-t-elle de tout cela?

* en allemand

Je me stoppe quand je vois mon poursuivant s'envoler dans les airs avant d'aller rencontrer un arbre. Je n'y prête pas longtemps attention. Alors que je me rapproche de quelques mètres de Wolf, je plonge mes mains dans mes poches. Bon, c'est vrai que vu comme je suis partie on pourrait croire que je voulais me barrer en le laissant se débrouiller. Ce qui n'était pas le cas.. Donc je ne m'offusque pas du ton sec du magicien. Je me contente déclarer d'une voix neutre:

-Il y en avait encore quatre vers les motos. Je me suis dis que vous aviez déjà pas mal à faire ici. Et... Je regarde le carnage qu'a provoqué Wolf'. Un homme a arrêté de hurler de douleur pour finalement tomber dans les pommes. Son bras dans une position impossible. Deux dorment vers des arbres, le visage dans l'herbe. Et dans un froncement de nez, je reconnais la délicate odeur d'urine qu'a laissé le motard poltron. Franchement, les hommes parlent, parlent mais ils en on pas souvent dans le pantalon. Je vois que vous vous êtes quand même très bien débrouillé sans moi.

Je jette un autre regard autour de moi. On se sait jamais, peut être que d'autres vont débarquer. Mais la nuit a retrouvé son calme. Je raccourcis encore un peu la distance qui me sépare de l'allemand. Mon regard est attiré par la tache carmin qui orne son haut. Je la désigne du doigt:

-Ils ont quand même réussis à vous toucher?

Encore quelques pas, et j'observe la blessure d'un oeil critique.

-Que comptez vous faire avec ça?

Quelques souvenirs me viennent. Brouillons, mais cela est devenu habituel. Des mains douces qui sèchent des larmes, et qui soignent avec sureté et sans hésitation. Et puis je sais, par instinct, qu'il ne faut pas traiter les blessures à la légère.

-Si vous voulez, j'habite pas loin. Je pourrai jeter un coup d'oeil à ceci et peut être essayer de raccommoder votre veste.

Bon, je ne dis pas que je suis très douée mais je m'occupe de raccommoder mes affaires et cela ressemble à quelque chose. Je l'observe pendant un instant. Donc comme ça il fait parti de la Confrérie? Je n'ai pas de reproche à faire à ce groupe, non je trouve qu'il font en sorte de régler le problème à leur manière.