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Sujet: Le Chant du Phénix Ven 21 Juin - 18:04
Le Chant du Phénix : Renaissance
Comme la légende du Phénix, sa fin était le début. Elle était arrivée trop loin pour abandonner ce qu’elle était. Elle avait été debout toute la nuit jusqu’à l’aube, elle avait été debout toute la nuit pour être.
Restait à découvrir ce qu’elle allait être. Et cela l’effrayait. Cela l’effrayait pour une simple raison : ce n’était pas elle qui allait choisir.
La mer s’étendait à ses pieds, alors qu’elle lui faisait face, regardant l’horizon. Les bottes jaunes à talons hauts de sa combinaison de molécules instables remontaient tels des bas auto-fixant jusqu’à ses cuisses, où le rouge reprenait le dessus, jusqu’à son cou et ses épaules, les manches étant également jaunes. Elle était également vêtue d’une ceinture asymétrique, et sur son torse était stylisé, de la même couleur que les trois accessoires précédents, un phénix. Un phénix si semblable à celui que formaient les flammes psychiques autour d’elle.
Le Phénix était son héritage, elle le savait. Lorsqu’il c’était réveillé, il l’avait ramenée à la vie, pour qu’elle puisse continuer de ce battre, mais en échange, il avait prit la vie de son fils à naitre. Une vie pour une vie ; c’était le prix. Le prix qu’elle payait à nouveau : il avait ramené Caitlyn, il l’avait prit elle. Son hôte, son vaisseau, il la contrôlait désormais. Elle était toujours là, enfermée dans son propre cerveau, observatrice captive de son propre corps ; c’était le prix, elle le payait, elle ne luttait pas.
Rachel avait toujours eut peur d’être manipulée à nouveau, depuis qu’elle avait échappés aux Limiers. Peur de n’être qu’un pion, peur de ne pouvoir faire ses propres choix, peur de faire le mal parce qu’on lui imposait ; elle n’avait que trop fait cela, et même si cela avait été sur une période courte de sa vie, six années, elle en resterait marquée à jamais, et cela la hanterait pour toujours. Elle avait eut si peur de ne redevenir qu’un outil, d’être déshumanisée à nouveau… cependant, elle avait trouvée une chose dont elle avait eut plus peur encore : perde ceux qu’elle aimait. Durant six années, elle avait été une esclave, mais durant toute sa vie, elle avait perdu ceux qu’elle aimait ; pris par le destin.
Le sacrifice, elle l’avait accepté ; tant d’autres l’avaient fait pour elle, et c’était à son tour de l’avoir fait. Elle c’était sacrifiée pour que Caitlyn puisse vivre. Elle ne le regrettait pas, la seule chose qu’elle regrettait, c’était de ne plus pouvoir être là. Sa sœur de cœur aurait encore besoin d’elle, mais pour la ramener, Rachel avait dû user des pouvoirs du Phénix, et elle en payait le prix.
Cependant, elle ne comprenait pas. Pourquoi ? Pas pourquoi il avait exigé sa vie, mais pourquoi il l’avait conduite ici. Car cette plage, elle la connaissait. Elle l’aurait reconnue entre mille, entre toutes, elle en était convaincue. Elle se souvenait des paroles de Caitlyn, ayant obéit à son commandement : « Alors grave ce moment dans ton esprit, s’il te plait, grave ce moment pour te souvenir quand tu douteras combien il y a ici des gens qui croient en toi et qui sont prêt à t’offrir l’Océan Pacifique et la baie de San Francisco… juste pour te faire sourire. » Elle avait gravé ce moment dans son esprit, elle avait gravée la projection si réaliste qu’avait faite Danger de cet endroit, dans lequel Caitlyn l’avait emmenée pour la faire sourire, juste pour la faire sourire. Et aujourd’hui, elle était là, à l’aube, sur cette plage, se souvenant de toutes ces personnes qui croyaient en elle, et qui étaient prêtes à lui offrir des lieux comme ceci, pour qu’elle se sente chez elle. Mais aujourd’hui, elle ne pouvait pas sourire.
Son visage restait impassible, son cerveau en répondant à un autre qu’elle. Un autre qui respirait à sa place, qui était à sa place. Que voulait-il ? Lui rappeler combien elle avait dût sacrifier pour son amie ? Combien elle avait perdu de part son choix ?
- Suis-je vraiment… ainsi ?
C’était sa voix sans réellement l’être, auréolée d’un écho surnaturel alors que le pouvoir du Phénix avait prit le dessus sur son âme. Sa bouche se mouvait sous la volonté de l’Entité, qui visiblement entendait tout de ses pensées.
- C’est le cas, Rachel. Depuis que je suis en toi, tout ce que tu as vécu, tout ce que tu as enduré, je l’ai vécu aussi, je l’ai enduré aussi. Tu me considérais endormi car cela te rassurait, mais je me contentais de me tenir à l’écart. A l’écart de toi, Rachel.
Pourquoi ?
- Parce que tu n’étais pas prête. Aujourd’hui, je pense que tu l’es. Sur ton monde, tout n’était que ruines, pourtant tu as lutée. Jusqu’à tes dernières forces, tu as lutée, mais il n’y avait pas d’espoir. Tu le savais, pourtant, tu lutais. Cependant, lorsque tu es arrivée sur ce monde-ci, tu as cessé de luter. Mais tu étais incapable de trouver la paix, et croyant qu’il n’y avait plus d’ennemis, tu as tournées tes armes contre toi-même. Le remord, la culpabilité, le désespoir, tu y as enfin cédés. Tu n’avais plus la haine et la vengeance pour te forcer à aller de l’avant, tu n’avais plus ta vie à défendre pour te forcer à continuer ta route, alors tu as abandonné ; tu t’es abandonnée, Rachel. Tu étais au fond du trou, et tu t’y complaisais ; tu trouvais cela juste, mérité. Cela donnait un sens à ce qui c’était passé. Un sens que tu comprenais. Tes échecs, tes crimes, tu les payais enfin, tu te le faisais payer, seule. Il t’a fallut deux mois pour recommencer à luter, à te battre, parce que ta vie, tu la gaspillais d’une autre façon, tout simplement. J’étais là, à chaque instant. Je t’ai aidé à t’en sortir, tout comme je t’ai amené ici, sur ce monde, lorsque tu as été projetée dans le flux temporel, entre les réalités. Tu vas te demander pourquoi, encore et toujours, à chacune de mes révélations, tu te demanderas pourquoi, et la réponse à toutes ces questions, tu crois déjà la connaitre.
C’était très désagréable d’entendre sa propre voix, de sentir ses propres lèvres bouger, alors qu’on y était pour rien, mais elle se soumettait, elle se savait trop faible pour luter contre le Phénix.
- Pourquoi, Rachel ? Pourquoi serais-tu trop faible à luter contre moi ? Contre le destin ? N’est-ce pas ce que tu as toujours fait ? N’est-ce pas la liberté même, que de luter contre le destin ? Faire ses choix, Rachel ; c’est ton choix de ne pas luter. Nous en revenons encore à la même question : pourquoi ? C’est un prix, un prix que tu payes. Pourquoi ? Cette question n’aura jamais de fin, Rachel. Remontons donc à la source de tout.
Le soleil apparut à l’horizon, illuminant de ses rayons le monde, illustrant parfaitement là où le Phénix avait voulut en venir. Un fin sourire ce dessina sur les lèvres du corps de Rachel, alors que visiblement, l’Entité était contente de ses conclusions.
- Pourquoi toi ; oui. C’est la seule question qui importe réellement, car elle répond à toutes les autres. Crois-tu que je sois, à l’instar de tes pouvoirs, un héritage génétique ? Un héritage de Jean Grey ? Tu te refusais à être « la fille de », malgré tes pouvoirs, malgré les ressemblances physiques, pourtant, tu continuais à croire que c’était parce que tu étais la fille de Jean Grey, le précédent Phénix, que je t’ai choisie. C’est faux. Il y a eut tellement d’autres Phénix, et si tu avais le potentiel pour en être un nouveau, tu ne l’as jamais été. Oui, j’étais en toi, mais ce n’est pas me porter qui fait de toi le Phénix. Je t’ai protégée, j’ai usé de mes pouvoirs selon ta volonté, mais tu n’étais que l’hôte du Phénix, non le Phénix lui-même. Tu n’étais pas prête. Aujourd’hui, je pense que tu l’es. Pourquoi t’ai-je choisie ? Parce que tu allais devenir toi, tout simplement. La fille de Jean Grey et de Scott Summers, cela ne m’importe nullement. Je t’ai choisie toi, au moment de ta création, une partie de moi a quittée ta mère pour venir en toi, et y sommeiller. J’aurai put ramener ta mère comme je t’ai ramenée, mais je ne l’ai pas fait. Tu allais avoir quelque chose qu’elle n’avait pas, et n’aurait jamais eut.
Pourquoi elle ? Si elle n’était pas la porteuse du gène Summers-Grey, si elle n’était pas considérée pour ses pouvoirs, qu’avait-elle de plus que sa mère ? Qu’avait-elle de plus que d’autres ? Il y avait tellement de gens meilleurs qu’elle, plus respectables ou plus bons, plus généreux ou plus sociaux, plus gentils ou plus aimables, et surtout, il y avait tellement de gens qui n’avaient pas subits ses malheurs ou accomplies ses horreurs. Pourquoi elle ?
- Tu es la première à dire que la vérité n’est pas dans les gènes, mais dans le cœur, alors qu’est-ce qui, dans ton cœur, pourrait m’intéresser ? Retournes-toi Rachel, et regarde qui tu es. L’innocence et la culpabilité, l’espoir et le désespoir, la vengeance et le pardon, l’amour et la haine, la création et la destruction, tu es capable du meilleur comme du pire, tu as fais l’un comme l’autre, et balance constamment sur la ligne qui les sépare. Tu es dotée d’un pouvoir incommensurable, et tu n’as jamais réussit à protéger ceux que tu aimais, tu pense que seul le mal te réussit mais tu désire tellement faire le bien. Tu es une contradiction ambulante, comme moi. Je détruis par le feu, j’épure l’univers et brûle ce qui ne marche pas, encore et encore, à jamais ; c’est l’enfer. Je suis la vie et la mort, pourtant, j’ignore ce qu’est vivre comme ce qu’est mourir. Avec ta mère, j’ai découvert l’Humanité, leurs passions et leurs illusions. J’ai prit conscience de leur existence, et j’ai voulut les comprendre. Avec toi, je vais y parvenir. Oui, il y a des personnes tellement meilleures que toi, tellement pire également, mais c’est toi que j’ai choisi. Tu as vécu ce que l’Humanité avait de pire, et je t’ai conduit en un lieu où tu pouvais découvrir ce qu’elle a de meilleur. Tu as un monde à découvrir, Rachel. Voilà pourquoi je t’ai choisie : reprendre tout à zéro, renaitre de ses cendres. Tu es un phénix. A travers toi, je vais comprendre ce que je suis, je vais comprendre la vie et la mort, je vais comprendre l’Humanité, car je les découvrirais en même temps que toi. Oui, tu as un prix à payer, une vie pour une vie. J’ai ramené Caitlyn, et je t’ai emmené ici car c’est ici que, lorsque tu doute, tu dois te souvenir qu’il y a des gens qui croient en toi et qui sont prêts t’offrir de tels lieux, juste pour te faire sourire. Le prix pour la vie de Caitlyn est ta vie, mais je ne t’en priverais pas. J’ai fait tant de choses qu’on finira par faire ce simple souhait : « Plus de Phénix ». Mais le Phénix ne meurt jamais, il renaît de ces cendres. Je ne suis pas la Force Phénix, je n’en suis qu’une partie, l’un des restes ; un Echo. Un Echo qui veut une chose, une simple chose. Je veux vivre, Rachel, je veux vivre une vie humaine. Comprendre, douter, espérer, avoir des illusions et des désillusions, haïr et aimer ; m’adapter à un monde, et en faire partie. Trouver ma place, comme toi, Rachel. Je ne peux vivre cela seul, alors j’ai besoin de toi. Ton humanité a été brisée, et tu as crue l’avoir perdue, mais tu es tellement humaine ; tellement plus humaine que tu le crois. Je veux partager cette humanité. Une vie pour une vie, j’ai ramené Caitlyn à la vie, et je veux partager ta vie. Tu es prête, aujourd’hui, prête pour cela. Le nouveau Phénix, tel sera ta vie ; tel est le prix à payer.
Sur ordre du Phénix, son corps avança un pied dans l’eau, puis un autre, et encore un autre, alors que comme lorsqu’elle l’avait fait auparavant, pour tricher lors de sa baignade avec Caitlyn, Rachel marchait sur l’onde. Il finit par l’immobiliser, à l’endroit exacte où Fuzzy l’avait attirée dans l’eau la dernière fois, et ils firent face au soleil, fermant les yeux, le vent marin faisant flotter tant la ceinture jaune que la longue crinière de cheveux roux. Les flammes se condensèrent, puis pénétrèrent en elle, dans son corps et son esprit, au plus profond de son être, jusqu’à ce que la voix du Phénix raisonne à nouveau.
NOUS NE SOMMES… PLUS QU’UN.
Rachel écarta légèrement les bras en arrière, ouvrant les paumes alors mêmes qu’elle sentait une vague de confiance et de bien être s’emparer de son âme, et sur son visage se dessina un faible sourire, emprunt de paix et de sérénité, alors qu’elle comprenait enfin ; qu’elle renaissait enfin.
Comme la légende du Phénix, sa fin était le début. Elle était arrivée trop loin pour abandonner ce qu’elle était. Elle avait été debout toute la nuit jusqu’à l’aube, elle avait été debout toute la nuit pour être chanceuse.
Echo X-Men Oméga
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Sujet: Re: Le Chant du Phénix Sam 30 Nov - 15:59
Le Chant du Phénix : Ascendance
Elle était la fille de Jean Grey, son héritière, tant par la ressemblance physique que par ses pouvoirs, et sa condition cosmique. Mais aujourd’hui, elle allait également pouvoir prendre sa relève parmi cette Institution dans laquelle sa mère avait crue, et pour laquelle elle s’était battue, et sacrifiée. Etait-ce son ascendance ou son éducation qui la poussaient à croire en ce rêve qu’elle avait déjà vu mourir ? Etait-ce, là aussi, un héritage ?
Oui, mais pas celui de Jean Grey.
Le nouveau Phénix n’avait jamais connu l’ancien, sur ce monde comme sur le sien, et ce n’était donc pas elle qui avait put lui enseigner la croyance, l’Idéal. C’était là l’œuvre de deux vies, celle d’une enfance, qui avait été brisée, d’une reconstruction, qui s’était effondrée, et enfin d’une renaissance, qui était toujours là. Et l’une des principales architectes l’accompagnait, vêtue d’un tailleur, alors qu’elle-même était toujours dans ce qu’elle voulait être son uniforme, cependant auréolée des flammes psychiques formant la silhouette du Phénix. Ses deux visages fixaient la pierre à ses pieds, ce roc désolé et vide de tout bruit, perdu dans l’immensité de l’univers, satellite inconstant d’un grain de poussière dans cette immensité.
Mettant un genou à terre, et caressant la surface rocailleuse, la jeune femme écouta les échos du passé, d’un passé qui était sien sans être celui de ce monde, même s’il avait put connaitre tragédie similaire. Sa mère n’avait jamais eut à accomplir les précautions qu’elle avait due consentir à donner, car à l’époque, la Force Phénix était encore une chose inconnue, et c’était justement parce que de telles précautions n’avaient put être prise à l’époque qu’elles devaient l’être aujourd’hui. Mais le résultat n’en serait pas différent, cependant, et cela, le Phénix le savait. Elle héritait de Jean Grey, en bien comme en mal, et ce qu’elle avait à accomplir serait à jamais entaché de ses propres erreurs, et des celle de sa mère. Rachel s’était refusée à être « la fille de », mais on ne lui donnait pas le choix. Il fallait pouvoir la combattre, il fallait pouvoir la tuer. Elle en était consciente.
Comment parvenir à se sentir intégrée lorsque l’on avait dû, pour se faire, donner l’arme qui permettrait de nous tuer ? Elle avait montrée la nuque, comme à l’époque des Limiers, seuls ses objectifs, et le fait que se soit son propre choix, différentiaient l’acte. Mais il n’en faisait que plus mal, alors elle avait besoin d’apaiser sa douleur dans la solitude, dans des lieux qui n’étaient, d’ordinaire, qu’à elle, et qu’elle ferait aujourd’hui partager, à cette personne qui l’avait guidée, protégée et aimée, comme la sœur qu’elle était devenue. Caitlyn était une personne de bien, un exemple d’humanité qu’elle devait suivre, dans ses forces et ses faiblesses, dans cette sincérité qu’elles avaient toutes les deux, et partageaient à d’autres. Quant bien même elle ne se battrait pas pour les X-Men, Rachel n’en tiendrait pas moins sa place aux côtés de sa Sœur de Cœur.
*Durant toute mon enfance, mon père m’a raconté que ma mère était sur la Lune, et qu’elle me regardait, veillait sur mon sommeil depuis les étoiles. J’en ai voulut à la Lune de ne pas me la rendre, de ne pas me laisser la voir. Puis quant j’ai été en âge de comprendre qu’elle y était morte, j’en ai voulut à ce tas de cailloux de me l’avoir prise. Aujourd’hui… je comprends. Je ne sais pas pourquoi, ou comment, cela a fini ici, mais je sais que c’est ici que cela devait finir, et je voudrais que ce soit ici aussi que cela finisse pour moi.*
Il aurait put y avoir du son dans la petite atmosphère qu’elles avaient emmenée, mais nulle parole ne fut prononcée, parce que ces choses étaient pensées, souhaitées, jamais avouées, juste partagées. Rachel se releva, fixant la Terre si lointaine, et tendant la main elle la caressa de la paume.
*Ici, on voit ce monde pour lequel on meurt, non dans ses individualités et ses erreurs, mais dans l’espoir que l’on porte en lui, dans le souvenir des gens qui s’y trouvent, et que l’on y aime. Ici, on voit pourquoi il faut se battre, pourquoi il faut espérer. Pourquoi il faudra me sacrifier.*
Penchant la tête sur le côté, le Phénix contempla une larme dorée et lumineuse s’échapper de son œil, s’envolant à l’horizontale de son menton pour n’être que lentement attirée vers le sol.
*C’est une petite perle, si fragile et esseulée, comme tant d’âmes que nous tentons d’aider. La vie est si rare dans l’univers, et celle qui la porte est l’une de des petites dernières…*
Se retournant vers Caitlyn, les deux visages du Phénix la regardèrent avec une expression indéfinissable, entre tristesse et joie, altérée par la face aviaire qui semblait tant ressentir que l’humaine.
*Un proverbe amérindien dit que nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, mais que nous l’empruntons à nos enfants.*
Deux sourires, tous deux sincères, l’un humain et l’autre inhumain, transcendant la tristesse par l’espoir.
*Voilà pourquoi nous devons faire notre possible pour la préserver et l’améliorer, pour les protéger et les éduquer. Nous sommes ce que nos passés, et nos aïeux, ont fait de nous, mais nous forgeons également le futur de nos descendants, et de ceux des autres. *
*C’est un cycle. Un cycle éternel, et précieux. Je le perçois enfin.*
Elançant le bras pour se saisir de sa larme avant qu’elle ne touche le sol, Rachel referma le poing sur la petite goutte bleue. Le gardant fermé, elle vint faire face à Caitlyn, s’avançant jusqu’à elle et lui présentant sa main avec un frêle sourire.
*Je sais que tu déteste le Phénix, mais sais-tu pourquoi il a choisit Rachel ? Je ne suis pas venue brûler ou sauver, je suis venu vivre, je suis venue être humaine. Reconstruire cette humanité qui avait été brisée, et la partager avec les personnes qui l’avaient fait renaitre, grandir, qui la cultivait comme on en cultive une fleur.*
Rouvrant les doigts, alors que les serres de flammes en faisaient de même, le Phénix révéla, en lieu et place de la larme, une petite pierre bleue, pleur cristallisé qu’elle tendit à sa sœur, pour que cette dernière la prenne.
*Tu sais ce qu’on dit des larmes d’un Phénix ? Gardes-la toujours avec toi, et lorsque tu seras triste, ou si un jour je te manque, prends-la dans ta main, regarde en elle.*
Non, Rachel ne savait ni peindre ni dessiner, ni même prendre des photos, ne connaissant même pas l’argentique, cependant, elle savait se souvenir, et dans cette larme faite pierre, elle y avait déposé un souvenir magnifique. Lorsque Caitlyn ferait, il lui semblerait voir, se précisant à chaque seconde, une frêle image, celle où deux rousses souriantes s’étaient regardées dans une glace, celle du devant avec son tablier à l’envers, faisant les cornes du diable avec la main pleine de pâte, et celle de derrière, collée contre elle, venant de compresser un sachet de farine, parsemant leurs visages et les chevelures de la poudre blanche, leur donnant un véritable air de famille.
*Tu es ma sœur de cœur, dans la monstruosité qui nous ronge l’une comme l’autre, dans ces espoirs dans lesquels on croit et qu’on veut défendre, dans cette humanité qu’on nous avait enlevé et que nous avons faite grandir. Merci d’être toi.*
Elle était la fille de Jean Grey, son héritière, tant par la ressemblance physique que par ses pouvoirs, et sa condition cosmique. Elle était l’héritière des espoirs d’un monde, de ceux d’une partie de la Force Phénix, mais surtout, elle était l’héritière des espoirs de ceux qui l’aimaient. Et qu’était-on réellement, si ce n’était l’attachement des autres pour nous ?
Elle était là, sa véritable ascendance, dans cette petite goute salée et cristallisée, et dans la portion de cœur qu’elle y avait enfermée.
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Sujet: Re: Le Chant du Phénix Ven 13 Juin - 18:12
Le Chant du Phénix : Espérance
Elle était d’un sérieux incroyable et sa gravité hésitante renvoyait à la situation. Ils s’étaient déplacés, tous. A sa demande ils étaient venus à elle dans un terrain relativement neutre qui ne manquait pourtant pas de signification ; Saint Salvation, une vieille église dans le quartier d’East River Side. Il y avait eu des morts ici et les impacts de balles et de déflagration la dévisageaient encore par endroit, la lumière s’en venant par une rosasse brisée alors que le cloché avait été presqu’entièrement consumé par l’incendie. Ceux qui y avaient été comprendraient, les autres non.
Bras croisés sur sa veste de tailleur, fesses posées contre l’une des fresques, cheveux libres comme toujours et jeans jurant aussi bien avec la veste que l’absence de chemise, Rachel attendant sombrement que tous ces gens qui avaient un intérêt particulier pour elle ou une partie précise d’elle, s’installe. Elle serait intraitable, elle ne les avait pas rassemblés ici pour que leurs diverses allégeances les fassent se confronter ou se la mesurer et espérait bien qu’ils auraient l’intelligence de le comprendre et de ne pas le faire. Ils étaient tous, à divers degré, de confiance et surtout ils étaient tous, à divers degrés également conscient de la menace du Phénix. De la menace qu’elle représentait. Les uns lui avaient demandés, cruauté nécessaire, les moyens de la trahir et de la tuer si jamais elle venait à se trahir elle-même, les autres lui avaient apprit ou conseillé à se cacher et à se maitriser, espérant sans doute que le jour ne viendrait jamais. Mais elle avait des raisons de penser que les choses avaient changées et elle s’en allait l’expliquer à ces sages parmi les sages, ces grands de ce monde qui en définitive étaient probablement plus concernés par le sort de leur planète que celui de la personne qui en était la potentielle menace. Elle les comprenait parfaitement mais ne prétendait pas que cela avait un goût amer.
- Certains d’entre vous savent ce qu’est la Lame Phénix. Je leur ai expliqué. Tous savez que je suis capable, à l’instar d’autres avant moi, de puiser dans les réserves d’énergie vitale qui constituent la Force Phénix. Cela fait de moi le Phénix ou tout du moins un Phénix.
Si elle n’avait pas déjà eu le silence, elle l’aurait ainsi obtenu. L’hôte de la Force Phénix était un sujet délicat quelque soit la réalité abordée, surement, tant c’était un sujet aussi grave que dangereux. Ils avaient tous conscience de cela, tous conscience du rôle du Phénix à travers les univers qu’ils étaient pourtant incapables de voir. Mais de part sa condition Rachel était capable de voir au-delà de cela et une révélation provenue du plus profond de son passé lui avait fait envisager les choses autrement, avec pour conséquence cette réunion.
- Comme ma mère, j’ai entendue une voix une partie de ma vie, une voix qui chez elle a d’abord été diagnostiquée comme maladie mentale, comme un vulgaire trouble de la personnalité. J’ignore ce qu’il en est de la Jean Grey de ce monde mais sur le mien, c’est ainsi que le Phénix se manifestait jusqu’à ce qu’elle soit prête. C’est aussi ainsi qu’il s’est manifesté chez moi, même s’il a longtemps été complètement enfermé dans un coin de mon esprit.
Elle n’aimait pas les longs discours et se coupait seule pour faire des pauses, celle-ci la voyait regarder l’être dont l’alter-égo l’avait bridée de ses pouvoirs durant toute son enfance et qui n’avait détruite cette bride qu’à son décès et où lui-même avait restreint ses pouvoirs pour la contenir, à son arrivée. Elle ne lui en voulait pas, elle comprenait.
- Lorsque je suis devenue le Phénix à mon tour, je croyais que j’avais été choisie pour mon humanité, pour comprendre ce que cela signifiait vivre en tant qu’être humain. « Je suis la vie et la mort, pourtant, j’ignore ce qu’est vivre comme ce qu’est mourir. Avec ta mère, j’ai découvert l’Humanité, leurs passions et leurs illusions. J’ai prit conscience de leur existence, et j’ai voulut les comprendre. Avec toi, je vais y parvenir. »
Elle se citait elle-même, partiellement du moins, sa mémoire se souvenant cependant parfaitement avoir vécue cette scène en tant que Rachel « simple ». C’était là l’échange, le dernier échange, de deux êtres qui ne faisaient désormais plus qu’un. C’était étrange mais pour la première fois elle comprenait que l’on puisse accuser le Phénix d’avoir forcée la fusion, ce n’était que son choix, pas celui de Rachel ; cela n’avait plus d’importance depuis longtemps cependant et elle ne regrettait rien de cela. Ne pouvait-elle regretter ? Cette question ne servait à rien. La personnalité de Rachel seule n’avait que peu été altérée par la fusion et même si elle se craignait en tant que Phénix, elle ne voudrait pas revenir en arrière. Elle était une, complète, ce n’était pas redevenir une personne que de ne plus être l’hôte de la Force mais c’était perdre une partie d’elle-même.
- Un Phénix apparait avec une mission, généralement brûler quelque chose en guise de moindre mal, ce n’est pas mon cas. J’ai peur, plus peur que tout, d’un jour tout détruire, mais je pense que cette « mission » qui m’a été donnée en tant que Phénix n’en est pas. Elle vient d’un choix volontaire, hors comment une partie de l’univers peut-elle faire un choix aussi subjectif ?
Oui, elle leur avait dit qu’elle avait à leur parler, qu’elle avait des théories, non des certitudes, il y avait toujours un immense doute au sujet d’elle-même. Il n’était pas agréable pour elle mais elle voulait leur en parler, non pour avoir leurs avis, mais parce qu’elle en éprouvait le besoin. Ne pas être potentiellement responsable de la destruction de ce monde, c’était un espoir inespéré et elle voulait le leur donner également. Leurs regards ne changeraient pas, probablement, car ce n’était là que supposition et donc que le danger restait réel.
- Comment une chose sans personnalité ni sentiment peut-elle éprouver de l’envie ? De la curiosité ? « Je ne suis pas la Force Phénix, je n’en suis qu’une partie, l’un des restes ; un Echo. » voici ce que je sais de moi-même. Mais je crois qu’il est possible que je l’ai mal interprété…
Se décollant de son mur, elle ramena ses mains dans ses poches, détournant visage et regard un instant avant que ses yeux seuls ne parcourent à nouveau l’assemblée.
- Je cherche pas à vous enfumer. A vous faire croire que je suis pas dangereuse. J’me montre juste honnête envers vous.
Pourquoi cette précision ? Parce que c’était ce qu’elle craignait. La plupart la connaissaient avec un degré certes encore plus variable que leurs connaissances et leurs appréciations sur le Phénix et savait combien elle se montrait honnête mais il n’y avait pas que le mensonge qui l’effrayait. Et qu’ils se défient d’elle sur un sujet aussi important… elle ne voulait pas.
- J’ai apprise une chose importante à Londres, avant de me faire pulvériser. Un message que le Phénix avait dit à ma mère et que le mec qui m’a bousillée m’a transmit : « l’Echo se prétend Phénix jusqu’à ce que le Phénix se montre ». Vous avez été nombreux à me demander s’il y avait une différence entre le Phénix et l’Echo du Phénix. Je ne croyais pas, jusqu’à lors.
Se passant une main dans le cou, Rachel prit une profonde inspiration, pinçant les lèvres et hésitant un moment.
- La Lame Phénix était une partie du Phénix était une partie du Phénix qui avait continuée d’exister et de bénéficier du lien avec la Force Phénix même après le départ du Phénix lui-même. Elle n’existe pas sur ce monde et je pense que nos deux trames temporelles se sont divisées à ce moment, lorsque la Force s’incarna la première fois. Ça n’a jamais eu lieu ici. Pas de Phénix donc pas de reste…
Voyaient-ils où elle voulait en venir ? Voyaient-ils où résidaient son espoir ? Elle n’était pas une arme, non. Mais elle la remplaçait peut-être.
- avant moi. J’ignore si cette hypothèse est vraie mais je vous la dit quand même : je pense que je ne suis qu’un reste du Phénix. C’est ma mère qui a été l’élue et qui a accomplie la mission mais elle m’a transmise une partie de son lien comme Rook’Shir avec son épée. Une trace résiduelle d’une incarnation de la Force Phénix, un Echo…
Elle se tue longuement, les regardant un à un, s’attardant plus sur les visages des personnes qui lui étaient les plus proches et snobant presque ceux n’étant là que par un quelconque rang et ne s’intéressant à elle que pour le Phénix. Déglutissant péniblement, elle recroisa les bras mais ce n’était plus une posture de droiture, comme le prouva son affaissement du dos l’instant suivant. Malaise, besoin de se rassurer.
- Les Shi’ar utilisaient la Lame Phénix pour combattre son incarnation car seuls les pouvoirs du Phénix étaient suffisant pour confronter le Phénix. Je suis une mutante plus puissante encore que ma mère mais se pourrait-il que… je ne sois pas le bourreau… mais ce qui est appelé à pouvoir le combattre ?
Sa posture se décrispa sous le coup de l’espoir mais son assurance n’en fut pas affectée, Rachel continuant d’exprimer ce qui pouvait plus tenir du rêve d’une enfant effrayée que d’une rationalisation d’une pseudo-divinité sur sa condition. Entrouvrant la bouche pour parler elle dût passer de longues secondes à chercher ses mots, la refermant plusieurs fois en des soupirs et des déglutitions.
- Se pourrait-il que… j’sais pas… que ce que je me suis dis soit une déformation d’un vœu de ma mère… que plus qu’être une menace pour ce monde, pour vous tous, je sois ce qui pourrait vous aider à vous préserver d’un jugement ?
A en parler ainsi, cela ne lui semblait que d’autant plus improbable pour ne pas dire stupide, le vœu d’une personne essayant de voir ce qu’elle voulait voir plus que l’hypothèse d’une autre cherchant la compréhension. Après un soupir lourd d’excuses, elle leur fit face à tous une dernière fois avant de conclure.
- J’espère que c’est le cas comme je préfère que nous ne le découvrions jamais.
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Sujet: Re: Le Chant du Phénix Mer 17 Déc - 13:43
Le Chant du Phénix : Errance
La neige s’étendait tout autour d’elle alors qu’elle regardait le paysage blanc et pur, immaculé. A croire que ces terres ne connaissaient jamais autre saison que l’hiver. Dans la mythologie grecque, l’hiver était le sentiment de perte d’une mère envers sa fille, Déméter ayant affamée la Terre pour qu’on lui rende sa fille. L’affaire c’était conclue par un compromit, Perséphone devant passer une moitié d’année en enfer auprès de son époux et l’autre auprès de sa mère sur Terre, créant ainsi le cycle des saisons ; le printemps était les retrouvailles, l’été le quotidien, l’automne la recherche et l’hiver le désespoir. C’était vrai, à ses yeux : la perte d’un enfant gelait les larmes jusqu’à son retour ou sa propre disparition, couvrant tout le reste de leur blancheur sépulcrale dans laquelle on pouvait avancer mais qui serait là, toujours là.
Elle dégluti un instant puis continua d’avancer dans les ténèbres et la pureté, regardant aux alentours des choses qui auraient dues lui être familières mais qui ne l’était pas. Il manquait les grilles barbelées, il manquait les tours de surveillance, il manquait les bâtisses délabrées, il manquait le désespoir et la mort. Elle inspira en tremblant, laissant l’air froid lui pénétrer la gorge et les poumons et les agresser dans un désagréable souvenir. Elle ne se souvenait pas parfaitement, c’était même loin d’être le cas, mais elle savait que c’était en ces lieux, de l’autre côté d’un voile, qu’elle avait été la plus heureuse et la plus malheureuse. Refermant les lèvres, elle expira par le nez et fit un peu de buée dans la nuit, ne levant le regard pour percevoir les étoiles.
Les étoiles étaient des êtres du passé guidant vers l’avenir ; elle s’était elle-même considérée comme une étoile, avec son futur passé et sa brillance. Est-ce là sa place ? Guider les autres, au risque qu’ils ne voient plus en elle que cette image lointaine à qui ils attribueraient nom et signification sans rien savoir de ce qu’elle était réellement ? Elle n’en savait rien mais c’était clair à présent, c’était ce qu’elle était en train de devenir. Les événements de Bleecker Street l’avaient convaincue de cela : tous ces regards, tous ces actes, toute cette foi… c’était comme avant. Améliorer le monde, se battre pour le sauver au détriment de soi-même, n’était-ce pas là sa vie ? Déjà à l’Institution Charles Xavier elle avait été élevée dans l’espoir d’avoir un grand métier où elle pourrait aider à faire avancer les mentalités et participer au changement du monde, pour la Cohabitation Pacifique. Puis l’Institution avait brûlée et elle s’était retrouvée entrainée à détruire cette espèce qui était sienne et qui menaçait l’autre, punissant et tuant pour n’être ni punie ni tuée. Mais même cet esclavage pour le bien commun, pour sauver le monde du Mutant, avait connu sa fin et elle avait brisées ses chaines pour se retrouver dans ce qu’elle avait contribué à créer. Et là, elle avait été adjointe à l’autre camp, ceux qui lutaient encore pour un rêve calciné. Elle avait une fois de plus le pouvoir de changer les choses, dans le passé, le présent et l’avenir, et on l’encourageait pour en avoir la force, ne la laissant tout simplement pas abandonner. Franklin avait été différent, il n’avait rien attendu d’elle et lui avait donné ce qu’il avait pu, un amour, une romance, un bébé. Franklin et le bébé étaient morts pour la cause. Ils étaient tous morts pour la cause, sauf Kate et elle. Mais leur survie n’avait permise qu’à continuer leur bataille, à la recherche de nouveaux alliés et de la Confrérie. Lorsqu’elles avaient été capturée par les Shi’ar, elle avait eue une nouvelle occasion de sauver le monde, cette fois du danger qu’elle représentait ; elle ne s’était pas laissée tuer, elle avait massacrés les Shi’ar jusqu’au dernier, hommes, femmes et enfants, alors même que Kate tentait de lui rappeler pourquoi elles se battaient, pourquoi elles devaient lutter. Le génocide d’un peuple lui avait été accordé pour qu’elle continue d’essayer de sauver le plus grand nombre. Pour qu’elle puisse faire ce que personne d’autre ne semblait en mesure de faire. Serait-ce ainsi ici aussi ?
On lui passait ses caprices parce qu’on n’avait pas le choix, à cause de ce qu’elle pouvait faire. On l’approchait et croyait en elle pour cette même raison, ce qu’elle pouvait faire. Elle n’aimait pas qu’on distingue Rachel du Phénix mais elle était bien obligée de constater que pour certains, Rachel était perdue dans l’ombre du Phénix même s’ils n’en étaient pas conscient. Quelle était sa place, au final ? Le Phénix ou son Echo, en combinaison rouge et jaune à accomplir des miracles ? L’X-Woman, en combinaison rouge et orange à se battre là où les autres ne pouvaient le faire voir lui laissait le faire par facilité ou égoïsme ? La survivante, en vert et jaune à se battre encore et toujours contre ce qui se dressait devant elle sans autre but qu’essayer d’accomplir ce pourquoi elle avait tout perdu ? La Warhound, en combinaison noire ou rouge garnie de clous à suivre les ordres aveuglément par peur et conditionnement ? Un autre rôle, qu’elle n’aurait pas encore découvert mais qui se profilait derrière les autres comme leur évolution ou leur accomplissement ? Quelle était sa place en ce monde ?
Elle s’effondra à genou, comme elle l’avait fait bien des années auparavant dans ce même lieu, de l’autre côté du voile. Mais alors elle faisait face à autre chose qu’une colline vierge. Car alors elle avait face à elle des pierres grises alignées en rangées et en colonnes, porteuses de noms et d’épitaphes. Peut-être était-ce cela son premier problème : elle n’arrivait pas à mourir. Personne n’aurait du se dire cela à son âge, sans doute, mais elle était déjà tellement usée. On la disait capable de tout et elle n’arrivait à rien, on la portait au-dessus de la foule pour qu’elle accomplisse ce tout et au final elle n’en était que plus rongée. Elle avait crue que cette seconde chance lui permettrait d’être humaine, mais l’humain avait besoin de croire et de plus en plus certain essayaient de la placer au centre de cette croyance. Elle avait été forgée par les autres, elle n’avait jamais été plus que ce qu’on avait fait d’elle là où on la croyait capable de tout faire et de tout être. N’y avait-il personne pour voir qu’à l’égale de sa force cosmique se trouvait sa fragilité humaine ?
Elle les avait fuit, une fois qu’elle les avait sauvés. S’en rentraient-ils compte ? S’inquièteraient-ils ? Ou attendraient-ils simplement qu’elle réapparaisse pour lui en demander encore ? Elle comprenait la métaphore de la Crucifixion, désormais, plus qu’une punition romaine Yehoshua avait été cloué à ce que les gens avaient fait de lui jusqu’à ce qu’il en saigne à mort. Et le miracle de la résurrection n’était là que pour leur donner bonne conscience dans le fait qu’ils n’avaient pas perdu leur sauveur là où, en réalité, ils l’avaient détruit d’eux-mêmes. En serait-il de même pour elle ? Etait-ce nécessaire ? Avait-elle le choix ? Elle ignorait tout cela, tout ce qu’elle savait été le nom de certains des apôtres qui transmettraient leur vision de son histoire là où ceux qui en avaient une autre seraient exclus et condamnés. Au final, personne ne saurait jamais vraiment et seule serait retenue la légende, non pas la personne.
Elle n’en pleura pas. Elle n’en cria pas. Elle resta apathique à cette constatation. Il y avait de la tristesse. Il y avait de la colère. Il y avait aussi de l’abandon. Des monstres avaient fait d’elle un monstre, des divinités avaient fait d’elle une divinité, seuls les humains pouvaient faire d’elle une humaine ; s’ils voulaient un monstre ou une divinité, ainsi soit-il. Elle aimait trop certains d’entre eux pour les abandonner tous ; tout était dit.