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 Ça veut dire que je m'intègre. Voilà comment on fait. [Icare]

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MessageSujet: Ça veut dire que je m'intègre. Voilà comment on fait. [Icare]   Ça veut dire que je m'intègre. Voilà comment on fait. [Icare] Icon_minitimeLun 17 Juin - 20:46

Même les meilleurs ont le droit à leur moment de repos. Même lorsqu'on appartient au bureau des affaires mutantes. Même lorsqu'on est aussi indispensable que moi. Il y a des jours où on est pas mobilisable. Ou du moins, il y a des jours où on ne devrait pas l'être. Bref, des vacances ! Enfin ! Elles s'étaient fait attendre. C'étaient mes premières, depuis que j'étais arrivé au Triskelion. J'avais décidé de partager ma semaine de congé en deux parties. Les trois premiers jours, je profitais de la vie New-Yorkaise. Les trois suivants, j'allais me rouler dans la fange humide et puante propre à mon état natal, le Mississippi. Ah, tendre espace de mon enfance où le racisme est en lutte perpétuelle avec une demi-dizaine d'autres mots en -ismes pour savoir qui serait le mieux discriminé. Tout ça pour voir ma famille. Ouais. Il faut parfois faire des sacrifices.

Mais le problème ne se situa pas d'abord là où je l'avais pensé. Je n'étais pas encore très ancien dans la grosse pomme. Mon intégration tardait un peu, et je n'avais pas bénéficié des mêmes réseaux que les gens nés ici. Je n'avais pas non-plus beaucoup de contacts avec mes collègues. Quand j'étais flic, l'ambiance était un peu pourrie. Rapport au fait que je sois mutant, et pas eux. Quant au bureau... n'en parlons pas. Je n'ai jamais vu autant de malades du travail, de forçats, concentrés dans le même service. Flippant. À croire qu'ils sont sélectionnés. Bref, du coup, je n'avais pas vraiment d'ami avec qui partager mon temps libre. Personne de dispo en ce moment. La solitude, quoi. Enfin, ça ne faisait rien. Il ne tient qu'à moi de m'en faire davantage. Histoire de ne jamais être à court.

Il y a des endroits où on est sûr de rencontrer au moins quelques personnes cool. Les salles de concert sont parmi ceux-là. Ce jeudi soir, sur la place, plusieurs files se sont crées. Certaines plus longues que d'autres. Des gens de tous les âges se pressent pour aller écouter des groupes country. De la musique de cow-boy, j'en ai assez entendu comme ça. Un humoriste à la mode. Pénible : rester assis dans le noir sans parler. Je n'aime pas, rester assis. Plus loin, un spectacle entre la comédie musicale et l'opéra. Très peu pour moi, soyons sérieux. Reste deux possibilités. Un concert pour enfants donné par un moustachu à l'air jovial, Happy Jacky, d'un côté. Pas mal. De l'autre, un chanteur nommé Icare. Je n'ai jamais entendu sa musique, je ne connais pas son nom. J'hésite.

Enfin, je me fais une raison. Les amis que je me ferrais au concert d'Happy Jacky risquent d'avoir du mal à m'accompagner en boîte. C'est triste mais c'est comme ça. Je prends donc sur moi, et me dirige donc vers la salle 11. Évidemment, hors de question que je paie mon billet. Je ne suis même pas sûr qu'il en reste. Puis, quand c'est gratuit, c'est encore meilleur. Il n'y a bien que les gens dénués de pouvoir de téléportation pour payer leur entrée. La procédure est simple. On repère la salle. Dans l'idéal, on repère les toilettes accolées à la salle. Pour ne pas risquer d'attirer l'attention. Enfin, on entre, comme après avoir satisfait un besoin naturel. Un sourire aux lèvres, je m'exécute.



Des lumières bleu clair balayaient, avec une certaine régularité, la salle. Celle-ci est divisible en quatre parties. À gauche, deux portes. Une mène aux toilettes, l'autre à la sortie, gardée par deux hommes en costume. Ils n'ont pas l'air très dangereux, comparé aux brutes de la section intervention. Ils font suffisamment peur pour effrayer un mauvais payeur. Au centre, la foule s'amasse. Plutôt jeune, presque bourgeoise. Quelques uns chahutent un peu, quelques uns se donnent des airs de rockeur, mais on est loin du public déchaîné d'un concert punk. À droite, je distingue un coin buvette. On y sert quelques cocktails. Là aussi, rien de violent. Peu de chance que quelqu'un finisse en coma éthylique. L'ambiance ne s'y prête pas. Bien. Je trouverai le moyen de me faire payer un verre ou deux. Enfin, la scène.

La première partie a déjà commencé. L'estrade est nue. Il n'y a qu'un piano. Le musicien est une femme blonde, déjà d'un certain âge. Elle joue une musique assez lyrique, aux accents de vieux rock. Ceci manque un peu de rythme. J'espère que cet Icare saura réveiller un peu la salle. Je repère une fille seule, accoudée au bar, un petit verre à la main. Sans alcool, n'en doutons pas. Elle doit avoir dix-huit ou dix-neuf ans. Alors ça ne peut pas être de l'alcool. Je marche vers elle. Ça veut dire que je m'intègre. Voilà comment on fait.

« Salut ! je lui lance, après m'être positionné à côté d'elle.
-Hey, elle me répond en tournant la tête vers moi. Un peu chiant, pas vrai ?
-Pour sûr. Tu le connais, celui qui vient après ?
-Icare ? Un peu. Ma cousine est fan. À mon avis, pas seulement à cause de sa musique.
-Il est beau garçon ?
-Ouais, mais y'a pas que ça. Elle se penche, et me lance, plus bas : c'est une mutante, elle aussi. »

Je souris, sans rien rajouter. La soirée pourrait être plus intéressante que prévu.
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Icare
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MessageSujet: Re: Ça veut dire que je m'intègre. Voilà comment on fait. [Icare]   Ça veut dire que je m'intègre. Voilà comment on fait. [Icare] Icon_minitimeMar 18 Juin - 21:03

Le pas venait d'être fait, l'envolée même pour être juste. Le jeune mutant avait son nom en seconde partie de concert, ce qui voulait dire qu'il était l'artiste principal de la soirée. Lancée sur le tard, la première chanteuse n'était pas très douée, sans doute était-elle meilleure questions "relationnel" pour obtenir ainsi de jouer dans un bar somme toutes assez réputé pour faire de bons petits concerts. Bien sûr, Icare était loin d'être une star mondiale mais il commençait à avoir sa petite notoriété, le chanteur avait même cru remarquer quelques têtes familières dans ses apparitions en public. Pas des proches non, mais des personnes qui semblaient aimer le suivre. Des fans ? Trop modeste, Josh n'irait pas jusqu'à penser cela, mais il était encouragé par ces visites régulières dans tous les cas.

Lorsque la première artiste eut terminé, elle se fit applaudir mollement, plus par politesse qu'autre chose. Jay lui offrit un sourire, la laissant s'échapper du concert, plutôt contente d'elle-même malgré l'évident manque d'enthousiasme. Le public de ce soir parut soudainement difficile au jeune homme, il fut prit d'une crise de stress qu'il régula de son mieux derrière les coulisses, premièrement en arrêtant de trembler comme une feuille. Bien qu'il hésitât Josh finit par se faire une raison, le bar l'avait également engagé pour ça. Bizarrement sa mutation lui apportait autant d'ennuis que de succès, avec sa voix, ses ailes formaient un tout qui pouvait enchanter ou rebuter. Ceux qui le voulaient sur scène voulaient l'ensemble en général ; quitte à défier la politique du moment.

Le jeune homme passa donc son manteau miteux par-dessus les épaules. Gris, propre mais troué par endroit et "décoré" de telle façon qu'il paraissait vraiment sale, le tissu n'était qu'une mise en scène choisie par le patron du bar qui avait une âme d'artiste. Le mutant avait également ramassé ses cheveux en une queue de cheval qui devait s'enlever facilement lorsque le manteau serait retiré. Pour l'instant il avait l'air d'un pauvre miséreux, légèrement voûté avec les bosses que formaient ses ailes sous le vêtement et même "vieux" avec quelques mèches courtes de cheveux blancs dépassant de son chapeau.

Son entrée laissa le public perplexe, son visage faisait jeune, pourtant il avait l'air ancien, sans le sou et même maladif. Il s'installa calmement sur une petite chaise posée au milieu, illuminé par un projecteur qui ne lui rendait pas vraiment hommage, jaunissant son visage. Bien que ce soit un peu trop poussé à son goût, Josh aimait la métaphore, c'était le symbole d'une personne qui malgré son apparence et sa situation parvenait un jour à atteindre un au-delà. Faire valoir sa mutation de la sorte lui plaisait moins mais bon, ce n'était pas lui le patron.

Sur les affiches, ses ailes étaient toujours soigneusement cachées, Icare semblait juste avoir deux grosses bosses dans le dos, un genre de gêne X plus encombrant qu'autre chose... Mais lorsque les premières notes de guitare accompagnées de sa voix percèrent on pouvait se demander si ces deux bosses ne servaient pas à lui donner un don pour le chant... Des genres de cavités ou de baffes intégrées ; oui, Jay chantait merveilleusement bien, il avait la voix d'un ange, ou tout du moins quelque chose approchant puisque personne n'était sensé en avoir vu en vrai. Sa mutation bien particulière mais également son talent lui avaient permis de passer au-delà du manteau poussiéreux et du chapeau gris.

Près du bar, un homme aussi roux que lui auparavant papotait avec une femme. Icare détourna son regard, continuant d'observer la foule tout en chantant, lui offrant ses yeux devenus bleus en échange des leurs... Il était beaucoup moins timide qu'au début, paraissant même se redresser alors que la lumière se faisait plus tendre avec lui au fur et à mesure, rendant hommage à ses traits fins et bien dessinés.
Transporté par ses propres notes, au bout de vingt minutes, Josh se redressa, laissant habilement son manteau glisser et ses longs cheveux blancs s'échapper de leur queue de cheval. Il avait insisté auprès du patron pour pouvoir garder son attitude misérable un bon moment. Icare voulait enseigner aux gens à aller au-delà des apparences, il voulait faire valoir sa voix avant sa mutation, c'est ainsi qu'il prenait le risque de perdre quelques personnes même si ce n'était pas non plus une grosse perte. Le patron lui avait permis cet arrangement car sa voix captivait les foules, suffisamment pour que les gens restent en général. Oh non, Icare n'avait pas connu que du succès, il avait souvent été rejeté comme beaucoup de chanteurs talentueux qui restaient anonymes toute leur vie, il avait également connu la misère mais aujourd'hui c'était sa chance, il devait aller de l'avant. Pas de gloire, pas de célébrité, mais la joie de partager et un peu d'argent, juste assez pour en envoyer à sa famille demeurée pauvre-et nombreuse!-. Naïveté ? Oui. Innocence ? Non. Josh connaissait les souffrances de la vie, il avait également été très dur avec les siens à une époque à cause de la haine qu'il s'était porté. 

Cette chanson était joyeuse, un peu clichée dans le fond peut-être mais pleine d'enthousiasme et de rythme surtout histoire de réveiller la scène. Dans un mouvement d'ailes, l'angelot décolla au moment clé de la chanson, s'apprêtant à utiliser son pouvoir de la voix pour augmenter les décibels, juste assez pour les transformer en délicieux envahisseurs.
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MessageSujet: Re: Ça veut dire que je m'intègre. Voilà comment on fait. [Icare]   Ça veut dire que je m'intègre. Voilà comment on fait. [Icare] Icon_minitimeDim 30 Juin - 22:24

S'il faut sacrifier au bon goût, alors sacrifions. La demoiselle me propose de danser. D'habitude, ce sont les hommes qui demandent. C'est une règle élémentaire. Sans doute cela évite aux femmes de passer pour avides ? Les codes de la société sont difficiles à décrypter. Dans l'obscurité troublée par les lumières du concert, les règles ne sont plus exactement les même. Ou alors c'est cette fille. Plus assurée que la moyenne. Peut-être parce que nous sommes tous les deux roux. Je doute que sa couleur soit naturelle. Dans la plupart des cas, ce pari est le bon. Les vrais roux sont rares. Les descendants d'irlandais sont rares, aussi. Ça ne va pas en s'améliorant. Ils décroissent. Bientôt, ils auront presque tous disparus, je suppose. Les siècles et l'intégration les diluent. Il n'y a guère que les populations autarciques qui résistent vraiment. Puis, je m'en fiche. Du pourquoi de cette invitation, des roux, des irlandais, et des autres populations. Ma façon de formuler les choses s'approche dangereusement de celle des gens du Mississippi. Et personne ne veut formuler les choses comme des gens du Mississippi. Ça non.

Il suffit d'y mettre le plus de vigueur possible. C'est assez simple ! Voilà, il faut montrer ceci : je suis un mâle plein d'énergie. Mon corps s’agite. S'agite, un peu comme s'il était pris de spasme. Je laisse l'automatisme se faire. Les bras, les jambes se bougent presque seules, sans avoir besoin d'y penser. Mes oreilles, mes yeux, eux, traînent. D'accord. Je suis pris dans la toile de ce rituel improbable. Mais je ne peux pas ne pas porter un peu d'attention à l'homme en scène. À l'homme, ou plutôt au mutant. Il a une voix particulière. Sans doute des chœur enregistrés, des effets pré-chargés. Pour ce qui est du reste...

« Avoir une bosse, c'est pas terrible, comme mutation, je me plains.
-El hábito no hace al monje, me répond-t-elle avec un sourire. »

C'est vrai qu'elle a un léger accent. Je le remarque tout juste. Juste que je n'ai pas compris un mot. Parce que je ne parle pas un mot d'espagnol. Ou alors deux ou trois mots. Ça ressemble un peu au français. Ma maîtrise du français est approximative. Résulte que je n'ai pas la moindre idée de ce qu'elle a voulu me dire. Alors je lui souris en retour. Tant pis. Ça doit être gentil. Encore que si c'était vraiment gentil, elle l'aurait dit en anglais. Ça ne doit pas avoir d'intérêt. Sans doute. Ça ne sert à rien d'essayer de trouver du sens, j'abandonne. Je laisse la musique s'emparer de mon être. Je fais de mon mieux. J'écoute à peine les paroles. La voix, c'est un instrument comme un autre. On ne demandera jamais à une trompette ou à un triangle de faire une dissertation sur la situation socio-économique des états-unis. Alors je l'en dispense aussi. Je jette un œil au faux mendiant chantant. Icare.

« Ça lui va pas tellement, Icare.
-T'inquiète. »

J'observe un peu mieux ses traits. Ils ne sont pas très vieux. Ils ne sont pas très masculins. Un peu comme sa voix, perdus entre deux. Difficiles à qualifier. Surtout que je n'y connais rien, à la musique. Ou alors deux ou trois riens. Enfin, il me semble. Alors je me fis à ma partenaire de danse. J'attends. Puis la chenille souffreteuse se transforme en papillon. C'est assez surprenant, sur le moment. On s'y fait vite. Avoir un ange, sur scène, c'est mieux que d'avoir un bossu. Pour sûr. Je suis même un peu ému. Je me sens un peu lyrique, aussi. Ça ne me ressemble pas. Quand même, le gène X, c'est quelque-chose d'étonnant. Il créer des monstres, et il créer des dieux. Maintenant qu'il les a détachés, la blancheur de ses cheveux est plus saisissante. Insignifiante, en comparaison de celles des deux bosses devenues ailes. Dans l'absolu, ça doit être moins pratique que de se téléporter. Mais voilà. Ceci a quand même une certaine classe. Difficile de rivaliser.

« D'accord, j'avoue, t'avais raison. Icare, c'est pas mal. Et toi, ton nom ?
-Hey, je m'appelle... »


Je ne l'écoute plus. À force de bouger la tête dans tous les sens, on voit des choses. Des sympas, des moins sympa. La quinzaine de type en blousons noirs qui rentrent en poussant les vigiles, ils se rangent plutôt dans la deuxième catégorie de choses. La plupart sont habillés sur le même modèle. Crâne rasé, ou presque, ou bonnets sombres. Une veste cuir qui laisse apparaître, là une chemise rouge ou blanche, là de la peau tatouée. La lumière se reflète sur leurs babioles métalliques. Des croix, des K. De toutes sortes, entre autres symboles. Je les ai presque tous vus au moins une fois. Dans des églises. Sur des murs d'immeubles. Dans des affaires criminelles.

Beaux spécimens de skin genre catho intégristes. Impossible de savoir s'ils sont armés ou pas. Pour l'instant, ils ne semblent pas trop tenter de faire de vagues. Leur entrée n'a pas été trop remarquée. Les gens sont captivés par la musique, il faut comprendre. Je comprends. Malheureusement, être flic, ça laisse des traces. Des réflexes, comme des déformations professionnelles. Je ne les quitte pas des yeux. Les probabilités ? Quelle est la chance que ce genre de groupe ait envie de rester paisiblement écouter un mutant chanter ? Aussi doué soit-il, j'entends. J'aime pas stigmatiser. Alors leur laisser une chance ? C'est peut-être un peu risqué. Tant pis. Elle existe bien, cette chance. Je tente de me convaincre. Je sais. Enfin. Je suis pas en service.

« ...et toi ?
-Hein ? Ah. Prince. »
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MessageSujet: Re: Ça veut dire que je m'intègre. Voilà comment on fait. [Icare]   Ça veut dire que je m'intègre. Voilà comment on fait. [Icare] Icon_minitimeDim 21 Juil - 2:31

Josh était heureux, être sur scène n'était pas sa première passion, il avait même un peu de mal à y entrer à cause de sa timidité. Le costume de mendiant était aussi pratique en ce sens, le jeune homme pouvait discrètement commencer, engoncé dans les replis de sa toge. Ensuite seulement, lorsque ses yeux bleus avaient jaugés la salle, l'ange osait déployer ses ailes ainsi que sa voix. Il adorait chanter et partager, sa timidité se cachait à son tour dans un recoin de sa tête et Icare évoluait enfin. Unique en son genre, le jeune homme avait déjà attiré quelques fans, mais surtout des curieux interpellés par son pseudonyme à la fois poétique, orgueilleux et humble. Oui parfaitement, une oxymore se créait autour de ce nom. Prétentieux parce qu'il osait émettre l'idée qu'il était un héros grecque à l'intelligence supérieure qui savait se démarquer des autres, sortir du labyrinthe. Modeste car il indiquait que le porteur savait très bien qu'il pouvait se brûler les ailes si l'idée lui venait de trop s'approcher du soleil. C'était cliché mais original également. Oui, Icare avait des ailes, c'était tellement attendu, mais d'un autre côté ce nom représentait tellement sa vie que le jeune homme aurait pu le porter sans avoir les plumes. Il avait connu beaucoup de désespoirs, de désillusions, d'ailleurs ce pseudonyme ne venait pas de son pouvoir comme beaucoup le pensaient mais de la mort de Julia. D'un autre côté, le garçon montrait qu'il avait l'espoir de s'échapper de son labyrinthe et c'était bien ce qu'il faisait grâce à sa passion première. Doucement mais sûrement il s'envolait au-delà de la moyenne pour se faire remarquer, dans le milieu mais aussi à l'extérieur.

Jusqu'à aujourd'hui, mis à part un concert horrible avec un vampire comme faux admirateur, les interventions de Jay se passaient plutôt bien. Les caïds du coin avaient semblait-il, signés une étrange trêve avec l'angelot. Personne ne portait la main sur lui dans les quartiers, on le respectait malgré ses airs de fillette ou d'enfant égaré. Icare apportait un peu de douceur dans ce monde de brutes, il était avenant et honnête, et il ne jugeait pas. Enfin le jeune homme n'approchait ni ne couvrait les gros criminels bien entendu mais il ne faisait généralement pas attention aux petits trafics, semblant planer -sans drogue- au-dessus de toute cette saleté. Pourtant, le chanteur restait un humain avant tout, et il n'était pas apprécié de tous, comme n'importe qui sur cette planète. Son physique angélique était adoré ou détesté, laissant rarement indifférent. Ses plus grands ennemis étaient aussi ses meilleurs alliés en général... Les religieux. Soit ceux-ci se sentaient attendris par cette matérialisation de leurs croyances, soit outrés par cette pâle copie affublée du gêne x, et personne ne le savait, d'une décoloration aux ailes et aux cheveux dues à un autre mutant, sans quoi il serait roux et donc possiblement l'incarnation d'un diable. Finalement ce camarade de dortoir avait bien servi ses intérêts même si Josh avait eu du mal à surmonter cette perte d'identité. En effet, quand on assumait pas ses dons, supporter un changement aussi radical n'avait rien d'aisé.

Toujours est-il que le servant ou le desservant, ce physique lui attirait des ennuis par fréquences. En général c'était le calme plat juste avant que tout ne tourne au pugilat. Et de là-haut, en voyant les têtes rasées des hommes. Icare ignorait complètement que c'était des catholiques intégristes, dans sa grande naïveté et inexpérience, il pensait que les religieux extrêmes étaient soit des petites vieilles en jupe de laine, soit des femmes entourées de marmaille ou des croisés antiques. Et oui, en tant qu'humain, Icare avait aussi ses préjugés. Toujours est-il qu'armé de cette image commune, l'ange ne se sentit pas rassuré par l'attitude des hommes. Malheureusement il n'avait pas tort. Alors que le chanteur allait utiliser son don de la voix s'amenuisait, le laissant enroué pour la fin du concert, le mutant remarqua que les types s'étaient levés -pour ceux qui étaient assis- et se frayaient un chemin jusqu'aux abords de la scène. Le mutant ailé atterrit, il avait conscience que s'ils ne le touchaient pas directement, les délinquants lui enverraient des projectiles qui pouvaient blesser les gens autour. Or, comme lui-même était jeune, malgré sa musique pas si moderne que cela, la plupart de ceux qui l'écoutaient étaient mineurs ou de jeunes adultes. Même s'il ne voulait pas être un X-Man, Icare avait son petit côté chevaleresque, et surtout il avait "l'habitude" des bagarres puisqu'il avait déjà connu beaucoup de déconvenues du type, royal lorsqu'il s'agissait de s'attirer des ennuis.

Par réflexe, le mutant accrocha ses yeux azurées sur la tignasse rousse de l'inconnu, il ne savait pas du tout qui il était et n'avait pas la moindre idée de son emploi. Cependant son regard restait scotché sur ce point de repère pour éviter de paniquer, peut-être à cause de la couleur flamboyante ?


-Merci beaucoup, merci à tous, je vous souhaite une bonne soirée, j'ai hâte de vous revoir. A bientôt.


Acheva-il, la voix cassée par l'usage de son don, en essayant de rester professionnel. Le tout était de vite expédier les gens dehors, il le fit toutefois assez calmement en prenant le temps de saluer pour ne pas avoir l'air suspect. Malheureusement si son plan avait fonctionné jusque là c'était bien parce que les délinquants avaient décidé d'attendre ce moment. N'est pas héros qui veut. Les hommes ne voulaient pas courir le risque de voir Icare utiliser son don qui avait percé quelques tympans déjà. Malgré la présence des gens, ils ne savaient pas du tout comment le mutant réagirait, s'il se moquait éperdument de son public, ils auraient bien été embêtés. Connaître ses pouvoirs était une chose, son caractère une autre.

Le grabuge commença rapidement, la majorité des hommes se dirigeaient vers lui en le menaçant de croix enflammées tandis qu'heureusement, très peu s'en prenaient au public, plus pour semer le trouble autour de leurs comparses que pour réellement blesser. Icare lui reculait doucement, s'engonçant vers le mur après avoir dépassé la ligne des rideaux que personne n'avait tiré. Ceux qui étaient proches de l'inconnu roux risquaient cependant de sortir de leur semi torpeur si quelqu'un s'opposait à eux.
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