Detresse [PV Erik B.T] [En cours de repostage]

Il y avait plusieurs jours un incident avait défrayé les faits divers, une voiture avait mystérieusement percuté une étudiante, l'envoyant à l'hôpital dans un état critique. C'est à ce moment que Cerebro avait repéré la signature d'un nouveau mutant, mais au premier abord les membres éminents de l'Institut n'avait fait attention ni à l'incident ni à cette apparition. Ce n'est que quelques temps plus tard, quand ils eurent vent que l'enquête s'orientait vers une cause mutante et que le dossier allait être adressé au BAM, qu'ils s'intéressèrent à cet évènement. En effet, la nature potentiellement mutante d'une affaire se basant dans un milieu universitaire sous-entendait que le mutant pouvait être un étudiant, et l'Institut, aussi cordiales qu'étaient ses relations avec le BAM, s'évertuait à éviter que ceux-ci aient trop affaire à des jeunes mutants.

Le professeur Xavier avait très vite fait le rapport entre les données de Cerebro et l'évènement. Le temps jouant contre eux, les enquêteurs du BAM étant aussi à la recherche du jeune homme, il sélectionna un jeune homme n'ayant intégré son équipe que depuis peu de temps, mais qui avait les capacités de l'aider : Morgan Strold, aka Paladin. Lui communiquant télépathiquement les informations nécessaire, il implanta en lui la connaissance de la signature énergétique du mutant. Paladin et ses dons de radar humain était tout désigné pour retrouver quelqu'un. S'équipant au plus vite il pris son envol, au sens propre, vers sa cible.

Le voyage avait été court et mouvementé, il était agité d'un certains stress, ayant été mis au courant des éléments et de l'urgence de l'affaire juste avant son départ. Il ne savait même pas face à qui il allait se retrouver, mais la signature énergétique qu'il avait suivis pour arriver jusqu'à sa cible lui indiquait néanmoins une personne en bonne santé, assez jeune au vue de la jeunesse du "pouvoir". Pouvoir qu'il n'avait jamais rencontré à vrai dire, il ne pouvait donc pas l'identifier tout à fait, mais il percevait des rapports étroits avec le contrôle psionique de la réalité, bien que réduit.

Il se tenait en fait devant une maison dans le New Jersey, non-loin de laquelle il avait atterris. Il était 15h30, il portait une paire de lunettes de soleil typé aviator, bon marché et un peu cabossées, une chemise à manche longue grise, une veste de cuir noire et un jean's sombre sur des chaussures de randonnée noires. Il n'avait pas mis son costume pour cette mission, dans l'optique d'une rencontre avec des parents on estimait qu'il fallait éviter l'intimidation naturelle de l'uniforme. Dans le même but, des gants de motos recouvraient ses mains, cachant sa main d'énergie.
Il s'approcha de la maison en regardant de chaque côté du quartier pour vérifier si des camions du BAM n'était pas déjà là, mais il ne vit ni ne détecta rien qui pouvait lui inspirer méfiance, puis, contractant un peu son estomac il toqua à la porte.

Il sentit la plus jeune présence de la maison venir vers la porte, et c'est une adorable petite fille qui se tenait devant lui, alors qu'une voix féminine mature demandait qui était à la porte tout en approchant. Dégageant son plus beau sourire devant le regard inquiet de la femme, Morgan retira ses lunettes. Il serra la main de l'adulte qui lançait sur lui ce regard perçant qu'ont les mères face à un danger potentiel. Le père de famille ne tarda pas à faire son apparition au détour d'une porte, s'avançant avec une politesse qui était aussi fausse que menaçante. Le territoire était défendu. C'est alors que Morgan, en ouvrant la bouche tout en gardant son sourire, se rendit compte qu'il ne savait pas vraiment comment aborder le problème et surtout ne savait même pas le nom de famille de ses interlocuteurs. Il se pencha donc et lança un regard peu discret à la sonnette.

"Bonjour monsieur et madame Thornock, auriez vous par hasard un fils ou une fille qui aurait été à l'Université à Princeton la semaine dernière, il y a 3 jours précisément ?"

La réaction des parents fut d'autant plus méfiante, passive et agressive à la fois, il s'ensuivit plusieurs minutes de discutions entre les parents protecteurs et Morgan, cherchant à prouver qu'il ne voulait rien à leur fils. Apparemment ces personnes ne pensaient même pas que leur fils était un mutant, et Morgan avait heureusement emmené les papiers d'inscription à l'Institut et son contrat de "professeur" (à vrai dire, Paladin enseignait la maîtrise des pouvoirs) prouvant ses intentions. Il fut autorisé à passer dans le salon, où la discussion fut tout aussi mouvementée que sur le pas de la porte. Les parents connaissaient l'Institut de réputation, les X-mens aussi évidemment, Paladin lui-même était un personnage connu du publique même si peu de gens connaissait son visage ; et il fallait bien expliquer qu'il y avait une différence entre l'équipe et l'école. Finalement, Morgan expliqua que la volonté de l'Institut à rencontrer et sûrement héberger leur enfant était de le soustraire aux forces de l'ordre qui ne mettrait pas longtemps à trouver sa trace. La scène avait eu des témoins, et le BAM était un organisme doué, dés que le dossier serait entre leurs mains il trouveront un moyen de connaître son identité, et même si ils n'allaient pas forcément mettre le jeune mutant en détention ils allaient tout du moins l'interroger longuement sur ses pouvoirs et on ne pouvait totalement leur faire confiance sur la pédagogie : techniquement, il était responsable, certes involontaire mais néanmoins coupable, d'un accident grave. Le contrôle de son pouvoir n'allait pas être la priorité de l'agence, et l'Institut préférait prendre les devants au plus vite.

Petit à petit, les parents finirent par céder, et l'autorisèrent à discuter avec leur fils, Erik, 18 ans. Paladin monta les escaliers jusqu'à une porte, conduit en silence par la mère, qui resta quelques instants avant que le regard doux mais ferme de Morgan la fasse tourner les talons. Il se tourna vers la porte, inspira brièvement puis toqua. Ne recevant pas de réponse, il poussa la porte et se retrouva face à une jeune homme brun, barbe délaissée, à l'air profondément apathique. Un air plein de culpabilité, qu'il connaissait bien pour être celui de ceux qui s'en veulent encore d'être ce qu'ils n'ont ni choisi ni ne comprennent vraiment. Balançant un sourire moins assuré, il se passa une main dans les cheveux, tic récurent chez lui dans les moments de gène, et avança dans la pièce sous le regard interloqué du jeune homme.

"Bonjour Erik, je m'appelle Morgan Strold, désolé de débarquer comme ça mais ... as-tu déjà entendu parler de l'Institut Xavier pour jeune surdoué ? nous avons de bonnes raisons de croire, je suis même certains, que tu as des dons dont tu as peut-être envie de discuter …"

Il s'arrêta là, laissant au jeune homme le loisir de réagir.

l'orphelinat qui l'accueillait à l'apparition de ses pouvoirs, traité de monstre par tout ses camarade lui qui se sentait déjà monstrueux aux vues de sa sexualité naissante. Il avait erré longuement, et avais fini par essayer de se tuer. La mutation était devenu une cause importante du suicide chez les jeunes. La chance de Morgan avait été que son pouvoir l'empêcher de se suicider : à l'époque son bouclier apparaissait naturellement au moindre danger, sans qu'il puisse le désactiver. La noyade, la chute, les voitures, les couteaux, rien n'y faisait, et il n'avait plus qu'à attendre de tomber malade. Sa seconde chance fut d'être recueillis par cette communauté d'enfants mutants qui lui apprirent à accepter son pouvoir. Et si il avait eu la chance d'apprendre à le contrôler plus tôt, son estime de lui aurait put être plus grande. Il mesurait bien les tempêtes de pensées qui parcouraient l'esprit du jeune homme à cet instant, et entendre ce souhait était toujours aussi douloureux pour un mutant de l'Institut : "pouvais vous me guérir ?".

Il attrapa la chaise de bureau qui trainait dans la chambre et la ramena en face du joueur, s'asseyant en se penchant vers lui, ses avant-bras posés sur ses cuisses dans une situation de confiance. Il fit mine de ne pas voir les larmes du jeune homme mais son radar lui indiquait qu'outre ses sentiments il essayait aussi de contrôler ses pouvoirs, qui avait l'air au sommet de la zizanie. Paladin ne pouvait toujours pas en statuer la nature exacte, le meilleure moyen était de les voir à l'oeuvre ou d'avoir un contact physique avec le jeune homme, mais il ne se permettrait pas ça sans avoir discuter avec lui et demandé sa permission, et il n'en était pas encore à ce genre de détail. Morgan ne répondit pas tout de suite à ses demandes, lui laissant le temps de reprendre son calme avec respect.[/color]

"une mutation ne se guérit pas Erik, comme on dit souvent dans l'Institut, ce n'est pas une maladie. C'est une capacité qui fait partie de toi, il t'appartient de la rendre bonne ou mauvaise, mais tu ne peux pas t'en séparer. Je suis désolé de te l'apprendre, mais je suis sûr que tu n'as pas voulu causer cette accident, tu ne connait pas encore ce dont tu es capable … tu n'es pas responsable."

Il marqua un temps d'arrêt et tourna la tête vers la fenêtre pour trouver un peu de sérénité, il lui était difficile d'être confronté à la détresse du jeune homme.

"Écoute … pour que ça s'arrête il faut que tu apprennes à contrôler ton pouvoir. Il n'y a pas d'autre solution, mais c'est pour cela que nous voulons t'emmener dans notre école : tu as besoin d'apprendre, pas d'être punis. Je suis moi-même mutant tu sais, j'enseigne le contrôle des pouvoirs, et je possède la capacité de détecter les mutants et leurs pouvoirs, alors, je ne sais pas si cela peut t'aider, mais même si je ne connais pas réellement en quoi consiste ton don, je peux définir qu'il fait partie de la catégorie Alpha. Les Alpha comme toi dégagent une onde particulière, et vous êtes chanceux, crois moi : Vos pouvoirs sont plus puissant que la moyenne, ce qui explique pourquoi tu as du mal à les contrôler pour l'instant, mais vous avez le potentiel de les contrôler à votre guise avec le de l'entrainement. Certains mutant n'ont pas ce loisir, les mutations peuvent altérer définitivement le physique …"

Paladin s'arrêta dans un silence gêné. Il ne s'y prenait pas très bien.

"Désolé, je te parles de toi mais tu n'es pas le seul en jeu dans cette histoire n'est-ce pas ? Ces gens, tu as l'impression que c'est toi qui les as blessé je me trompe ? Alors écoute moi, c'était un accident, un accident dont tu es la victime toi aussi. Ton pouvoir est comme un bolide au volant duquel on t'aurais mis sans t'apprendre à conduire, il est normal que tu ai perdu le contrôle, mais tu n'as pas choisit d'être placé là, personne n'a le droit de t'en tenir rigueur, pas même toi. Maintenant, ta responsabilité est d'apprendre à contrôler ce don pour empêcher de nouveaux accident, et même peut-être pourras-tu t'en servir pour aider les gens …"

IL se pencha un peu plus vers le bas, cherchant à capter le regard du jeune homme avec un air paisible, lui montrant qu'il n'avait aucune peur de lui, afin de lui prouver qu'il n'était pas dangereux. Les mutants doués de capacités altérant la réalité d'une manière ou d'une autre ont souvent la peur irrationnelle de tuer d'un seul regard, peur qui peut s'avérer très traumatisante, les obligeant à se couper du monde et entraînant parfois des troubles de cohésion psychologique. Il était très important de garder pour Erik un lien tangible avec le réel et de lui montrer qu'il était indépendant de lui.
Avec un air de connivence chaleureux mais prudent, Morgan posa une question qui pouvait déterminer beaucoup de choses et percer l'abcès ... et laissa place à toutes les questions qui pouvaient assaillir Erik.

"cette accident … il a fait du mal à quelqu'un que tu connaissais ?"

En effet, il y avait de quoi entrer en dépression et faire des crises d'angoisses quand nos pouvoirs étaient à l'origine de blessures sur des personnes que l'on connait et que l'on apprécie ou aime. La culpabilité était aussi cuisante que dans de nombreux cas d'accidents, l'absence de choix n'était pas suffisante pour atténuer l'importance des désastres, et c'était une cicatrice qui mettait beaucoup de temps à se résorber. Il fallait se pardonner à soi-même. Le fait d'avoir fuit devait augmenté cette sensation de monstruosité, et il est vrai que si il n'en avait pas fait part, une très petite partie de Morgan considérait la lâcheté primaire du jeune homme qu'il avait en face de lui. Mais il ne lui en tenait aucune rigueur, il considérait juste que c'était l'attitude qu'il avait eu sans y porter un jugement de valeur : à son âge et dans cette situation, il n'aurait peut-être pas fait mieux, et le courage était une chose relative quand vos pouvoirs vous accorde une quasi-invulnérabilité.

Il sentait les pouvoirs du jeune homme bouillonner à l'intérieur de lui de temps en temps ; même si ça présence et l'attention qu'il avait réclamé avait apporté plus de calme ; a fortiori le fait de parler de ces évènements traumatisants avaient quand à eux mis un peu plus de désordre. Morgan continuait de fixer le jeune homme dans les yeux, gardant avec lui un contact visuel fort afin de l'ancrer sur une base émotionnelle stable, en gros garder son attention sur lui pour qu'il ne la perde pas, mais comme le jeune homme le lui fit remarquer il était quand même plus prudent de s'éloigner des habitations. Après tout, Paladin n'avait rien d'infaillible.
Par la fenêtre, dans l'entrebâillement des rideaux, les arbres se faisaient plus ombragés sur la lisière des toits, la tiédeur de l'air était visible dans leur immobilité et l'ambiance feutrée des ombres, qui prenaient des teintes de gris chaud et léger. Cette simple fenêtre donnait en effet bien envie d'aller à l'extérieur, plutôt que de rester dans cette pièce qui, au demeurant peut-être s'avérait joyeuse, mais était actuellement morne et remplie d'une amertume que l'on sentait couler au sol comme de la mélasse, dans la lueur jaunâtre des rideaux à moitié tirés et la pénombre environnante qui se prélassait sur les murs.

On va s'éloigner alors … mais si tu ne veux plus parler de cet évènement, dit le, nous changerons de sujet et discuterons de ton avenir plutôt que de ton passé.

Il se leva, intimant au garçon de lui indiquer la marche à suivre d''un regard appuyé vers la porte, un sourire rassurant surgissant dans la broussaille de sa barbe blonde. Époussetant le torse de sa chemise plus par tic que par utilité, ajustant sa veste avec nonchalance, il ajouta finalement quelques mots pour fluidifier la conversation.

Et si tu veux arrêter de te confier, tu peux me poser toutes les questions que tu veux sur notre école.

Erik était toujours dérouté par le regard soutenu de son interlocuteur. Mais dans sa décontenance, il trouva son salut. Il se mit à fixer ses yeux, pour rester concentré comme il l'était quelques minutes plus tôt sur la poignée de son placard. L'avantage de ces yeux était qu'une immensité de petits détails en constellait les iris. Erik trouvait sans cesse un nouveau point à fixer : Quelques arcs verts, quelques arcades brunes, quelques taches sombres...

On va s'éloigner alors … mais si tu ne veux plus parler de cet évènement, dit le, nous changerons de sujet et discuterons de ton avenir plutôt que de ton passé.

Il essayait d'écouter les paroles de l'enseignant. L'avenir ? Quel avenir ? Erik n'y avait pas vraiment songé. Il s'était bloqué sur les événements récents se culpabilisant, se lamentant de ne pouvoir les changer. Il lui fallait aussi penser à ne pas les répéter. Si l'institut pouvait lui permettre de se garantir la sécurité, et surtout celle des autres, est-ce que ça ne valait pas le coup de le tenter ?

Et si tu veux arrêter de te confier, tu peux me poser toutes les questions que tu veux sur notre école.

Les questions ? Erik essaya de penser à la situation. Il respira un grand coup, s'efforçant de rationaliser la situation. Il lui fallait y aller, puis y vivre, puis avoir un diplome, et se préparer à pouvoir travailler. Est-ce qu'il pourrait continuer le football américain ? Qu'allaient devenir ses anciens camarade ? Et dans l'université, qu'est-ce qui allait se raconter ? Mais une seule chose à la fois, Erik. Il prit timidement la parole.

J'ai des questions, oui. Je préfèrerais que l'on sorte d'abord.

Le jeune homme se dirigea vers la porte, à la suite de Morgan. Ils descendirent les escaliers, croisant les parents d'Erik.

Maman, Papa... Sa voix était un peu cassée, probablement sous le coup de la honte qu'il avait face à ses parents. On va dehors faire un tour quelques minutes.

Une fois sur le pallier, Erik se sentit prêt à reprendre la discussion. Il fit quelques pas pour passer sur le trottoir et commença à marcher le long de la route. Autour d'eux, les citoyens vaquaient à leurs occupations, satisfaits de la simplicité de leur vie.

Je ne sais pas si mes parents vont pouvoir payer mon inscription à l'institut. Surtout cette année où ils ont déjà payé pour l'université de Princeton.

Erik marchait en regardant le sol quelques pieds devant lui. Il réalisait que la brise lui faisait le plus grand bien, la lumière aussi. Il se massa la paume gauche avec la main droite, par nervosité, mais aussi parce que ça le détendait. Il se sentait reprendre un peu d'énergie et de volonté. La présence d'un autre mutant lui faisait du bien, et lui montrait surtout qu'il n'était pas seul dans son combat.

Comment ça se passe officiellement ? Est-ce que je vais avoir écrit "Diplôme de mutant" sur mon CV toute ma vie ? Et, heu... C'est où ? Je pourrai revenir ici quand je voudrai ?

Alors qu'ils descendaient les escaliers, Morgan observait les différents effets de famille de la maison. C'était la première fois qu'il était envoyé comme porte-parole dans une famille et c'était pour lui étrange, n'en ayant jamais eu. Il se tenait assez loin de cette ambiance au niveau émotionnel, curieux mais presque craintif. En tout cas, il ne ressentait pas de jalousie, il manquait de confiance dans ce système, sans pour autant le mesestimer, se sentant surtout inadapté. Il avait toujours "choisi" sa famille. De même, quand le jeune homme s'adressa à ses parents inquiets dans le vestibule, Morgan se tint en retrait, adressant simplement un regard rassurant appuyé d'un léger hochement de tête au père et à la mère. Un petit sourire entendu, léger, devait qui plus est les rassuré. La situation n'était pas tendu, mais tout de même une gêne flottait dans l'air. Une peur engendrait par l'amour de l'autre. Sur ce point-ci, Morgan se sentait familier, et un petit élan de sympathie le saisie pour ce petit groupe soudé dans la détresse. Il avait vraiment envie de pouvoir les aider.

Dehors, la lumière était comme il l'avait entraperçu par la fenêtre, doté de cette petite discrétion printanière, comme une grandeur en bourgeon, la chaleur guettant encore au coin du vent doux qui rafraichissait le fond de l'air. Il se laissa bercer par ces sensations, trés sensible aux températures et à la luminosité, en attendant que le jeune Erik prenne un peu plus d'assurance. Et au milieu de ce petit bout de civilisation tranquille, où la tristesse d'Erik semblait se dissoudre légèrement, sûrement plus à son insu qu'il ne pensait, le jeune homme ouvrit la bouche avec un peu plus d'assurance. Il voulait s'enquérir des moyens financiers demandé par l'école, s'inquiétant pour ses parents. Ce jeune homme voulait de toute évidence éviter le plus de désagrément possible à sa famille. La honte devait guider ses pas depuis la "catastrophes" et dans cette demande anodine se lisait clairement la volonté d'être le moins existant possible. Disparaître, cesser d'être un poids. Morgan avait envie de lui tapoter l'épaule, de lui ragaillardir la coupe de cheveux, mais il ne le connaissait pour ainsi dire pas du tout. Il avait beau être tactile et proche des gens, il savait s'en tenir aux convenances sociales.

Selon les moyens dont disposent tes parents et la situation que vous vivez, l'Institut discuteras des frais. Ce n'est pas le plus important à nos yeux, l'essentiel étant que tu apprennes à te sentir mieux avec toi-même et à devenir quelqu'un de bien. Les frais sont adaptés, tu peux même être pris en charge. C'est une chose dont il sera discuté avec tes parents, tout à l'heure si tu veux, ou plus tard à l'Institut si tu veux d'abord venir voir de toi-même de quoi il retourne. Ne t'inquiétes pas pour ça, pour nous comme pour tes parents, c'est toi qui comptes en premier j'en suis certains.

Le jeune Erik semblait vraiment aller un peu mieux. C'était sûrement passager mais bon signe. Morgan était toujours heureux de pouvoir amener du réconfort à quelqu'un, d'autant plus si il pouvait le faire en suivant l'idéologie de Xavier, qu'il avait fait sienne comme une bannière flamboyante. Dans la mégalomanie qu'il dissimulait au fond de son apparence humble, Morgan, ou plutôt Paladin pour le coup, avait toujours secrètement voulu devenir professeur ou tout simplement apporter son aide aux jeunes mutants. Il aimait à s'imaginer comme un phare pour ces jeunes perdues. Un ego assez fort, mais heureusement mis au service d'une gentillesse sincère.

Pour les études, tu reprendras celles que tu faisais à la fac. Dans la même université, dans une autre, à l'Institut avec des professeurs ou par correspondance. Tu seras de toute manière encadré. L'intérêt de l'Institut n'est pas de nous stigmatiser comme mutant mais de nous insérer dans la société comme tout un chacun, tu auras donc un diplôme ordinaire et tu pourras aprés ça mener une vie tout aussi banale si la cause de notre Institut ne te conviens pas ... je ne te caches pas que je suis X-men tout autant qu'un professeur, l'école est aussi un lieu d'action, on peut et on doit vous entraîner à affronter les désagréments que le monde nous fait subir. La vie de mutant n'est pas aussi difficile que l'on peut croire, nous vivons presque comme tout le monde, mais il n'est pas faux que nous avons plus d'ennemis que les autres ...

Il savait que cette dernière notion pouvait effrayer le jeune homme. Le nom des X-men était associé à divers évènements de grande envergure et leur statut de "super-héros" était mitigé parmi la population. Certains les voyaient comme des personnes outrepassant leurs droits, d'autres comme des combattants aux causes justes, ou comme de simples aides pour les civils pris entre deux feux ... d'autres encore ne faisait pas la différence avec des groupes terroristes comme la Confrérie. D'aprés l'attitude des parents, il se douta que l'hostilité n'était pas forcément de mise envers eux, mais les avis pouvait plus mitigé qu'il n'y parait ...

La police de NY avait relégué une enquête de plus à nos bureaux. Une affaire somme toute assez simple et les indices indiquaient l’implication d’un mutant. Tous les agents étaient déjà sur des enquêtes sauf moi… J’étais du département des interventions, mais en temps de paix je pouvais amplement donner un coup de main à mes coéquipiers pour une arrestation. J’ai passé une bonne partie de ma vie comme agent secret et lorsque l’on s’infiltre, on développe un sixième sens. C’est une question de survies. Un sens du détail qui fait que rapidement on remarque les dangers ou les détails… Le matin, j’avais été visiter la scène du crime. Les différents témoignages et preuves me donnaient une piste de conclusion. Visiblement, il s’agissait d’un accident provoquer par un mutant. Je ne crois pas que son geste était intentionnel, mais il était trop tôt pour conclure quoi que se soit. De plus, intentionnel ou pas, ce mutant était dangereux.

Il avait été un véritable jeu d’enfant de remonter la piste du principal suspect. Un adolescent qui visiblement n’était pas un génie du crime. La thèse de l’accident s’en voyait renforcée. Je devais l’appréhender et l’amener au poste pour un interrogatoire en règle. Il sera ensuite remis aux autorités adéquates qui pourront procéder.

Je conduis mon Jeep jusqu’au foyer familial du jeune Érik Blake Thornock. Je me stationne devant la demeure. Je passe la petite clôture et d’un pas assurer j’atteins la porte. Malgré la belle température, je porte mon éternel imperméable brun. Sous celui-ci je porte une chemise noire et une cravate grise. Mon arme de service est bien encrée dans son étui inversé et mon badge d’agent du BAM est visiblement épinglé aux ganses de mon étui. Je cogne fermement à la porte. Je ne suis pas agressif, mais j’ai toujours un certain aplomb. Une force calme, mais puissante et elle va jusqu’à me créer une certaine aura qui intimide bien souvent les gens. La porte ouvre légèrement. Une chaînette semble retenir la porte. Dans la petite ouverture, je vois le visage d’une mère de famille troublé. Ses yeux rougis démontrent toutes les émotions qu’elle ressent. Tout ceci est si loin de moi. Elle ressent la peur face au destin de son fils, elle ressent l’amour éternel d’une mère, elle se sent responsable et se questionne… Bref toutes des sentiments normale lorsque l’on est humain, mais moi je ne le suis plus. Je m’identifie et je lui demande de m’ouvrir, car j’aimerais lui poser deux ou trois questions au sujet de son fil. Mon ton de voix est calme et autoritaire. Timidement, elle affirme qu’il n’est pas là et referme la porte. J’attends une seconde et au moment où je m’apprête à rencogner j’entends la chaînette tomber. La porte s’ouvre lentement et au loin je vois le père d’Érik. Normalement un agent un peu plus humain que moi tenterait de rassurer les parents et de gagner leur confiance, mais ce n’est pas mon genre. Je marche lentement dans la maison en me dirigeant vers le père. J’ai l’aire de rien, amis je regarde tout et je mémorise. Visiblement, il s’agit d’une famille normale. Un milieu de vie saint et modeste.

Je m’assois sur le sofa alors que la femme rejoint son mari en face de moi en déposant devant moi une tasse. Elle a pris soin de me faire une tasse de café sans même chercher à savoir si j’avais soif. Ils sont nerveux, mais visiblement pas très méchants. Je sors un calepin pour prendre quelques notes. C’est complètement accessoire quand on mémorise tout comme moi, mais c’est plus professionnel. Je pose quelques questions de routines et les parents répondent comme ils le peuvent. Ils me confirment quelques informations pertinentes, mais ce qui est pertinent c’est qu’il devrait normalement revenir d’une minute à l’autre. Je sors ma vieille pipe et poliment je demande si je peux l’allumer. L’homme répond oui d’un hochement de tête. Je prends donc le soin de bien la bourrer de tabac avant de gratter une allumette et d’y mettre le feu. Après une grande bouffée, j’en recrache une épaisse fumée blanche aromatisée. Nous reprenons à peine les questions quand deux hommes ouvrent la porte.