Colosseum - G10/12 [Inscrits]

Mais qu’elle était conne !

Marchant à pleine vitesse dans les couloirs, une marche forcée ne laissant qu’un flou aux yeux des autres, Amaranth s’en dirigeait depuis les chambres des X-Men vers le hall d’entrée, cette exclamation raisonnant dans son esprit à pleine puissance : mais qu’elle était conne. De chevauchements de cours, elle en avait déjà eut, mais rarement des chevauchements impliquant de partir plus d’un quart d’heure en avance! Car oui, donner rendez-vous à moins le quart alors qu’elle était en cours jusqu’à 14h, c’était une belle connerie. Le pire, c’était qu’elle ne s’en apercevait que maintenant ! Quel bel acte manqué : comment faire pour sécher la moitié de sa dernière heure de cours de la semaine (car elle avait explicitement demandé à avoir des cours le samedi pour éviter de surcharger une semaine qui la voyait déjà faire 6h-19h tous les jours), c’était simple : allez donner un « cours » dans le cadre d’un programme unique au monde parce que vous étiez sensément une super-héroïne, forcément que le prof ne vous retiendrait pas. Sauf que bon, là, elle s’était embarquée dans un débat avec le prof susnommé, et entêté comme elle était, elle n’en avait pas démordu avant de voir l’heure. Bon, il lui fallait une dispense d’assiduité pour ce cours, puisque c’était ainsi que se nommaient les « permis de sécher ».

Elle n’était pas trop en retard, mais en imputait plus à ses pouvoirs qu’à sa personne. S’en aller des salles de cours aux chambres des X-Men impliquait de traverser une bonne partie de l’Institut, et revenir au hall d’entrée, plus proche des salles de cours que des chambres de X-Men, impliquait de retraverser une bonne partie de l’Institut – la même ! En bref, seule la vitesse de mouvement l’avait sauvée : Six minutes chrono, et sans courir, pour aller jusqu’à sa chambre, se changer, et y aller en marche forcée dans les couloirs ; bon, au moins elle serait échauffée.

Un chevauchement de cours pour aller d’une salle à l’autre, cela allait, mais pour traverser l’Institut en longueur aller-retour, ainsi que pour enfiler sa combinaison d’X-Woman, c’était short, très short. Sa tenue en Molécules Instables avait été personnalisée à sa demande et s’ouvrait par le dos, chose qui en plus de lui éviter quelques problèmes de décolleté permettait un maintien renforcé de la poitrine pour compenser le fait qu’à cause des Ala-Pulmos, elle ne pouvait porter de soutien-gorge, chose assez chiante lorsqu’on faisait du sport. Elle s’enfilait donc par le dos, à l’inverse de la quasi-totalité des combinaisons X-Men et Elève, et était faite en quatre pièces, la tenue en elle-même qui s’ouvrait par le dos, allant des chevilles jusqu’à la nuque, étant sans manches et possédant des microcoupures dans le dos pour laisser passer les ailes, complétée par de longs gants qui remontaient jusqu’à ses aisselles, faisant offices de manches et de protection, et une paire de bottes renforcées. Complètement noire, elle différait donc non seulement par sa composition mais également par son aspect, de même que par la technologique qu’elle incluait ; le tissus en lui-même était composé de molécules instables, apportant un degré de protection supérieur aux gilets pare-balles et s’adaptant à toutes les formes, extensibles et malléables, ainsi qu’à un grand nombre de température, permettant de maintenir le corps à température et supportant les êtres capables de se transformer en flammes et en glace, mais il c’était vu rajouté des microcircuits électroniques, lesquels formaient des lignes luminescentes partant des épaules et descendant jusqu’aux pieds et aux mains selon des motifs géométriques et simples, idéales pour déstabiliser quiconque la regardait se mouvoir à grande vitesse. Si elle avait finit par s’habituer à la sensation et au côté moulant de la seconde peau, elle n’en avait pas moins demandé le rajout d’une jupette, au grand dam de Caitlyn lorsque les tenues X-Men étaient de la partie pour les jeux du soir.

Enfin bref ; 169cm pour un peu plus d’une cinquantaine de kilo, jeune brune aux traits fins et sculpturaux ayant l’air d’avoir une demi-douzaine d’années de plus qu’elle n’en avait réellement, son carré court encartant un visage dont des yeux d’un bleu cristallin trahissait d’une vivacité d’esprit simplement surhumain, elle n’avait pas la prestance de certains X-Men, ni rien d’imposant en elle-même. Pas même avec le Bokken rétractile accroché à la cheville, les lignes lumineuses allumées ou les membranes nictitantes, troisièmes paupières verticales et d’un vert lumineux tel des émeraudes polies, déployées. Le seul moyen qu’Amaranth paraisse impressionnante en elle-même était de déployer ses ailes rouges-sang, d’une envergure de plus de quatre mètres, cependant, pour l’heure, ses Ala-pulmos étaient rétractées dans son dos, dans des sillons osseux parfaitement adapté, et étaient de ce fait invisible à l’œil nu ; comme les membranes, d’ailleurs, tandis que la combinaison était éteinte. Amy n’était pas encore passée en mode X-Woman, elle était juste une surveillante/professeure à la bourre.

Elle savait déjà à peu près tout des élèves qu’elle allait rencontrer, ayant lut leur dossier et les connaissant, au deux tiers, personnellement. Le seul qu’elle ne connaissait pas été celui qui l’intéressait le plus, paradoxalement, un Empathe servant de vaisseau à une Entité, chose entrant dans ses propres problèmes personnels ; Caitlyn comme elle-même devant servir d’hôte à des créatures non-identifiées, apprendre à en connaitre et comment les combattre plus efficacement qu’un verrou psychique à l’intérieur de leurs esprits ferait parti de ses centres d’intérêts prochainement, lui ayant déjà coûté plusieurs nuits blanches. Mais chaque chose en son temps, cependant ; Colosseum.

Donc, trois inscrits pour ce premier cours ; Samuele Lupo, amplificateur de pouvoir et en outre son meilleur ami, Ernest Lenoir, hybride-rat et ancien Confrériste au passif chargé qui risquait de trouver quelques épreuves d’une facilité déconcertante, et Rey Reed, l’Empathe susnommé. A part Altérion, aucun de ses « élèves » n’était réputé pour des aptitudes de combat, ainsi il risquait d’y avoir une sacré différence de niveau au sein même du groupe, elle devrait donc privilégier le travail d’équipe. Bon, ils n’échapperaient pas au petit test d’entrée non-plus.

Arrivant finalement au hall d’entrée sans même être essoufflée, Amaranth salua ses élèves d’un geste rapide de la main, son visage laissant échapper de la gêne.

- Excusez-moi du retard, chevauchement de cours. Vous avez déjà fait les présentations ?

- Excusez-moi du retard, chevauchement de cours. Vous avez déjà fait les présentations ?

Elle n’avait pas encore finie ses paroles que son cerveau avait déjà analysé la situation ; sur les trois qu’elle attendait, il n’y en avait qu’un : Ernest. A l’instar de la première fois. C’était assez étrange, au regard du nombre d’inscrits au Projet Héritage, de voir le peu d’élèves s’inscrivants aux rares cours proposés dans ce cadre ; voulaient-ils devenir X-Men, oui ou non ? Ce n’était pas le genre de truc qui leur tomberait tout cru dans le bec, qu’ils obtiendraient parce que quelqu’un leur forçait la main derrière. Ils n’étaient plus au lycée, et Héritage sortaient des clous même d’une faculté ou d’une classe préparatoire ! Ils n’étaient pas là pour glander devant un prof qui les noterait en fin de semestre, ils étaient là pour se préparer à accomplir ce qui devait être une vocation, l’un des engagements les plus importants de leur vie. Etre X-Men, ce n’était pas un titre honorifique, et c’était certainement pas gratuit, cela réclamait un tribut du corps et du cœur, et s’ils n’étaient pas assez forts, jamais ils ne passeraient la passation, et même dans un tel cas, ils en souffriraient comme elle-même en avait souffert.

Elle-même était là pour les préparer au combat de la passation, sans pour autant user de l’hyperréalisme choquant de cette dernière, ou du sadisme qu’ils y mettaient dans la préparation de l’épreuve ; son avis n’avait pas bougé là-dessus. C’était peut-être nécessaire, cette antichambre du monde extérieur, mais ils n’avaient pas à détruire les croyances de leurs cadets tant dans la cause des X-Men, des X-Men eux-mêmes et des amis des personnes testées. Amy avait été forcée à tuer, Caitlyn forcée à se sacrifier, voilà ce que Nephilim retenait de leurs passations ; on n’avait pas fait d’elles des X-Men, on avait juste voulut leur faire comprendre qu’elles devraient renoncer à leurs croyances pour l’être. Les X-Men ne tuent pas, argument marketing ; cette phrase avait été tue par tous ses collègues, jamais aucun élève ne l’entendrait jamais. Pourtant, c’était le seul enseignement qu’Amy avait tiré de son épreuve, et tuer était ce qui avait fait d’elle, de son point de vue, une X-Men. C’était pour de faux, ce meurtre, mais la décision était là.

Ernest avait déjà tué ; sans doute que de ce côté-là, il était prêt. C’était un combattant, c’était un croisé, ce que la Confrérie voulait, un homme d’action et de convictions, et malheureusement, de violence. Il n’était pas prêt à devenir un X-Men aux yeux de Nephilim car il lui manquait le cœur, Altérion restant isolé des autres, ses contacts plus que restreints. Il aurait besoin de s’ouvrir et de guider les autres pour réellement prétendre à pouvoir, malgré son jeune âge, devenir X-Man ; mais il en était capable, il l’avait prouvé avec Rachel, et il allait le prouver encore, car s’ils ne la jouaient pas en équipe, ils perdraient très rapidement le Colosseum. Cependant, il y avait plusieurs manières de jouer en équipe, c’était vrai.

Altérion, car elle devrait l’appeler ainsi pour renforcer le côté « mission », était vêtue, comme demandé, d’une combinaison de molécules instables, qui moulait son corps d’hybride, révélant une musculature insoupçonnée. Oui, sa mutation rendait cela assez moche, mais il ne fallait pas juger sur les apparences, et à le comparer avec Amaranth, l’italienne était perdante : sans doute le corps de l’hybride était plus proche que celui d’un humain que le sien, malgré que le physique prétendait le contraire. L’habit ne fait pas le moine, en effet. Cependant, que l’habit inclut un couteau de combat et un pistolet de précision lui plaisait beaucoup moins, à dire vrai ; les armes étaient interdites, sauf dérogation, dans l’Institut, et elle-même avait du mal avec les armes létales, malgré qu’elles possédaient toutes ce potentiel. Son bokken pouvait fracasser les os, avec suffisamment de puissance, et son Tesla entrainer des arrêts cardiaques, mais ni l’un ni l’autre n’avaient été conçut dans ce but, à la différence des équipements d’Ernest. Pour l’instant, à part une moue désapprobatrice, elle ne dirait rien, et se renseignerait plus tard quant aux autorisations ; considérant le programme de réinsertion, c’était probable qu’il n’ait pas le droit de les avoir, et les ait officieusement, bien qu’accordées par l’Institut.

Il jouait avec sa lunette, la démontant dans un bruit somme toute agaçant pour les sens améliorés d’Amaranth ; du stress ? Sans doute un peu. Mais il ne fallait pas oublier que c’était un TP, Travail Pratique, donc si ce n’était pas un cours mais une mise en application des capacités, chose qui manquait selon elle, cela n’avait rien de la séance d’entrainement réelle non-plus. Sans doute organiserait-elle quelque chose dans le genre comme « évaluation de fin d’année », une mini-passation avec un scénario tout aussi retord que ceux que pouvaient leurs infliger les X-Men, mais ils n’en étaient pas encore là.

Ni Samuele, ni Mr Reed, n’étaient présent, comme la dernière fois, mais cette fois-ci, quelqu’un d’autre avait prit la relève ; un nom qui l’avait surprise lorsqu’elle avait vu les listes d’attente. Aoe Sanzo. A sa connaissance, Silver Cat n’avait jamais pratiqué de sport de combat ou cotoyé la violence de prêt ou de loin, et si c’était positif concernant le second point, c’était peut-être se surestimer que de venir directement ici. Un TP n’avait pas pour but d’enseigner, mais de mettre en application ; après, surement la surprendrait-il, t si elle doutait de ses capacités martiales, elle ne doutait pas de celles du cœur. Sanzo et Ernest étaient, d’une certaine manière, à l’opposée du spectre, et sans doute pouvaient-ils s’apporter mutuellement. De plus, à regarder le comportement de Silver Cat, il s’était approcher d’Ernest pour le saluer, laissant présager le fait qu’ils se connaissaient déjà, et à défaut d’être amis, n’étaient pas ennemis.

Sanzo aussi avait sa combinaison en molécules instables, et même si son corps hybride était plus proche de l’humain que celui d’Ernest, cela faisait bizarre. Le fait que les appendices caudaux (PAS FRAPPER, CATI !) contrastent avec les tenues la perturbait légèrement, démontrant une nouvelle fois son manque de professionnalisme. Ce n’était pourtant pas les missions qui manquaient à son palmarès, en comparaison avec sa relative nouveauté dans les X-Men.

Deux réactions face à son arrivée, deux différentes : Sanzo et Ernest à l’opposé, l’hybride chat et l’hybride rat, le cœur et la force.

« Pas vraiment » répondit simplement Altérion, la regardant et arrêtant de jouer avec son arme.

"Bonjour Amy, bonjour Ernest comment allez vous ?" répliqua Sanzo avec son enthousiasme naturel, et assez de décontraction.

- A peu près aussi à l’heure qu’un train de la SNCF sinon ça va. Et vous deux ? Motivés et pleins de bonne volonté à ce que je vois. S’arrêtant à leur niveau pour leur faire face à tout les deux, elle reprit. Bon, y’a toujours pas beaucoup de monde, donc ce coup-ci on va faire cela à trois. J’ai quelques questions mais on va commencer à y aller, j’les pauserais en marchant, puisque je suppose qu’il va pas y avoir d’autres arrivants de dernière minute. Pour commencer, vous avez déjà fait un tour en SdD – Salle des Dangers – ou pas ?

Se dirigeant vers les couloirs latéraux parallèles au grand escalier principal, Amy écouta leurs réponses, s’arrêtant devant un chandelier mural accroché sur un espace rond semblable à une colonnade sculptée dans le soutien du grand escalier. Approchant négligemment sa main de l’objet, elle l’abaissa, et la colonnade s’avéra être une porte dérobée donnant sur un ascenseur rond à l’apparence surréaliste : on se serait cru devant un endroit de science-fiction, comme si cette petite pièce cachée donnait accès à un vaisseau spatial ; la première partie était vraie, c’était un véritable endroit de science fiction, avec une esthétique unie, futuriste et lumineuse.

D’un geste de la main, l’italienne indiqua à ses élèves du jour de prendre place dans l’ascenseur.

« Non, jamais. »

"Non jamais. Mes copains m'en ont parlé mais… je crois qu'ils cherchaient surtout à me faire peur"

Une fois encore, les deux opposés du spectre : Ernest, rigide et concis, et Sanzo, enthousiaste et stressé. Sanzo était aussi vif et dynamique qu’Ernest calme et réservé, et tout tendait à les opposer, jusque dans leur nature et leur mutation. D’expérience, les opposés avaient plus de points communs qu’ils ne le soupçonnaient eux-mêmes (cela n’avait jamais été aussi vrai que pour Caitlyn et elle, au début), et ils formaient un équilibre, se compensant mutuellement ; de fait, l’équipe qu’elle avait en face d’elle allait probablement bien marcher, en tout cas l’italienne l’espérait.

Réactions opposées la encore, où le regard d’Altérion glissant sur elle comme sur un détail alors que celui de Sanzo s’y attardait un peu plus, mais se détournait fort heureusement avant qu’elle ne rougisse. Même si elle avait finit par s’habituer au costume des X-Men et que le sien n’était pas parmi les plus moulants (et surtout qu’elle ne faisait pas partie des personnes ayant le plus de choses à mouler), Nephilim avait toujours un petit temps de gène lorsqu’on la regardait en considérant l’aspect seconde peau de la molécule instable, encore que l’addition de la technologie luminescente limitait cet aspect, là aussi.

Bref, rester concentrée, même s’il lui fallait très peu de temps pour penser, d’autant plus que Sanzo ne tarda pas à enchainer, s’excusant en la vouvoyant, ne sachant pas comment il devait l’appeler. Elle c’était présentée lors de son arrivée, Amy de Lauro AKA Nephilim, ou Amaranth, c’était encore l’époque où elle cherchait à faire la différence entre les parties et à s’accrocher à une seule d’entre elle, mais cette période désormais finie, ayant comprit depuis San Francisco et sa dernière mutation que quelque soit son corps et son esprit, elle était le tout, non l’une des partie, et que l’un comme l’autre tentaient de s’adapter à devenir unis. Si on parvenait à lui expliquer comment était-elle parvenue à développer des capacités polymorphiques simplement parce qu’elle se sentait mal dans son apparence, elle tirait chapeau bas. Mais là n’était pas la question.

- Déjà, me tutoyez pas, s’il vous plait, lança-t-elle simplement. Je suis pas beaucoup plus vieille que vous, même si j’en ai pas l’air, je suis pas une de vos profs et je viens du Mezzo’, donc pas la peine de s’embarrasser d’un protocole de politesse. Vous pouvez m’appeler Amy, et en « mission » Nephilim, ou Neph’ si vous avez pas le temps de tout dire. Ok ?

La porte dérobée s’ouvrit, laissant la surprise et une pointe d’émerveillement sur les yeux de ses jeunes acolytes ; avait-elle été comme cela aux premiers cours avec Jubilee ? C’était possible, mais elle n’aurait sut le dire. Les mémoires pré et post transformation étaient bien différentes, malheureusement, de part la qualité du souvenir, même si elle était capable d’y faire appel sans effort, parvenait pour les souvenirs d’Amaranth, et de Frost, à visualiser l’entièreté de la scène comme si elle s’y trouvait. Cependant, cela ne faisait que plus la détacher d’Amy de Lauro, chose qu’elle avait finit par accepter, mais qui, parfois, lui laissait un goût amer. Ni Ernest ni Sanzo n’étaient réellement ses élèves, elle n’avait pas d’élèves, pas plus qu’elle n’avait le courage de monter sa propre Squad pour Héritage ; malgré la confiance en elle qu’elle affichait, elle ne se voyait pas capable d’assumer ni l’un ni l’autre, et en un sens, elle trouvait cela dommage.

Ils pénétrèrent dans l’ascenseur, Altérion faisant remarquer qu’il ne connaissait pas le pseudo de Sanzo, ce dernier répondant avec un sourire, et complimentant son ami du jour sur l’arme qu’il portait. Elle-même n’avait pas prit le Tesla, car bien que la SdD avait des protections contre les EMP, elle se méfiait toujours de la puissance des armes créées par Forge, et le Pistolet à Impulsions Tesla était un Taser à EMP, conçut pour pouvoir immobiliser à l’instar des Taser mais aussi mettre hors route les machines et autres cyborg, ces derniers étant à l’origine du premier arrêt cardiaque de l’italienne et de sa première « mission », leur ayant tendu une embuscade dans le Met, en Avril. Elle avait par contre, à sa cheville gauche, le Bokken qu’elle avait obtenue après sa passation, une arme dont la poignée faisait vingt-cinq centimètres, et dont la lame rétractable, qui dépassait la cinquantaine, était faite de nanotubes de carbone, un nanomatériau estimé cent fois plus résistant que l’acier, pour un poids six fois moindre. Une redoutable arme contondante, somme toute, qu’elle ne dégainait que lorsque ses propres capacités physiques ne lui étaient plus suffisantes pour contenir un ennemi, ou qu’elle avait besoin d’assommer rapidement.

Appuyant sur le bouton, ils descendirent quelques instants, arrivant dans des couloirs cylindriques et larges, à l’aspect similaire à l’ascenseur, tout aussi futuriste. Bien qu’il n’y avait aucune technologie visible à par le décor, le décor lui-même trahissait une technologie cachée des plus avancées ; comparer cela à un vaisseau spatial n’était pas exagéré, du point de vue de l’italienne.

- Bienvenu dans les Sous-sols, déclara-t-elle simplement en sortant de l’ascenseur, sa voix et ses pas claquants résonnant dans les couloirs vides et immaculés. Comme vous le savez, c’est interdit de s’y rendre sans accompagnant, le complexe souterrain est encore plus grand que l’Institut, et tout ce ressemble, on s’y perd assez facilement. Lorsque j’ai dût de rendre à ma passation, Caitlyn avait fait un chemin de fraises tagada pour que je me paume pas.

Elle s’interrompit brusquement, ne pouvant pas réellement aller plus loin dans ses dires. Sanzo était relativement nouveau, donc il y avait une chance pour qu’il ne sache pas, même s’il aurait put l’apprendre de bien des façons, mais Ernest savait comment c’était terminé la passation de Nephilim, elle en était certaine : sa mutation l’avait tuée. D’adolescente juvénile, elle avait adopté cette forme, et durant plus d’une heure, le Fauve et les infirmières avaient tentés de l’opérer pour l’empêcher de se noyer dans son sang, pour empêcher son cœur d’imploser, une opération où ils devaient lutter contre son facteur guérisseur et les changements apportés à son corps, une opération qui c’était soldée par un Hanl Mc Coy en larmes lui broyant le cœur avant qu’il n’implose. Il avait fallut cinq heures à Elixir pour la ramener d’entre les morts, et le pire de tout, c’était que Caitlyn avait tout vu, refusant de la lâcher, jusqu’à ce qu’elle se réveille. Amaranth était née dans le sang, dans la cruauté et dans l’horreur ; peut étonnant que l’italienne refusait d’être cela, à l’origine.

- Bref, venez pas ici sans être accompagné, quoi. Pour la Salle des Dangers, je vais vous faire un bref résumé : c’est un lieu de simulation usant d’une technologie très avancée, qui par un mélange d’hologrammes et de machineries, arrive à reproduire n’importe quelles situations ou éléments suivants les lois de la physiques. Y’a que les télépathes qui se font avoir là-bas, puisqu’on peut pas créer d’esprit. Le programme Colosseum va pas user d’hyperréalisme, parce que je suis très bien placée pour savoir que cela peut laisser de lourdes séquelles psychologiques. Donc, si un jour vous voulez faire une vraie mission en SdD, c’est possible, mais ce qu’on va faire ensemble risque plus de vous évoquer le jeu vidéo. Si vous avez des questions, posez-les maintenant.

Elle s’arrêta devant une porte ronde, avec un X dessus ; la porte de la Salle des Dangers, et se retourna vers ses compagnons.

Contrairement à ce qu’elle pensait, les questions ne vinrent pas de Sanzo, qui suivait docilement en attendant qu’on lui montre ; non, la question vint d’Ernest, qui fut surprit du rapport au jeu vidéo.

« Excusez-moi mais... fausser le réalisme n’est-il pas un risque de fausser aussi la façon d’apprécier une situation ? Le stress, la tension, ça a toujours été un élément central lors de l’action, enfin de ce que j’en ai constaté sur le terrain. »

C’était une question qu’elle c’était elle-même posée, au moment de la création de Colloseum ; c’était une question dont elle avait déjà débattue avec Danger, chose qui se résumait assez à débattre avec une colonne de statistiques et un labyrinthe de variable, même si Danger ne manquait pas d’humour, si l’on considérait son côté plus terre à terre qu’une dalle en béton comme de l’humour.

Amaranth grimaça un instant, légèrement mal à l’aise, alors même que Sanzo retenait un commentaire de manière assez peu discrète. Elle savait très bien quels étaient les sous-entendus et les implications implicites de la question, qu’elle avait parfaitement comprit, mais là encore, cela touchait à du vécut ; la théorie et la pratique, toujours. Elle aurait beau les prétendre dans un cours pratique, elle ne leur permettrait jamais d’apprendre autre chose que de la théorie. Contradictoire à l’origine même de son projet, l’italienne.

- Bah en fait, c’est en effet le cas. C’est vrai que dans le feu de l’action, lorsqu’on se retrouve à devoir combattre des êtres en chair et en os, ce n’est pas la même chose que lorsqu’on affronter des machines. Cependant, poses-toi la question : est-ce que vous êtes tous les deux prêts à affronter de véritables êtres ? Toi oui, tu l’as déjà fait, mais tu n’es pas seul. Je préfère ne pas prendre de risque concernant le fait de devoir se battre contre des personnes réalistes. Quant vous serez prêt, on pourra, mais Colosseum n’est pas là pour cela. Vous pourrez toujours vous inscrire pour utiliser de la Salle des Dangers seuls, ou alors vous pouvez demander à un X-Men de vous préparer une pseudo-mission, cela évite la paperasse, mais c’est volontairement que je donne un aspect irréaliste à mon TP, d’accord ? Vous allez apprendre des bases, a vous d’approfondir par la suite ; en deux-trois séances, on n’aura pas le temps de faire beaucoup plus. Désolée si c’est pas ce que tu attendais.

Une pause, alors que Sanzo tentait de reprendre son visage « normal » après un raisonnement qui n’appartenait qu’à lui mais qu’Amy aurait surement put deviner à sa posture, puis une nouvelle question de la part d’Ernest, qui voulait savoir si la SdD pouvait suppléer à son armement, soit en terme de munition, soit en terme d’arme.

- Elle devrait pouvoir matérialiser des balles, oui, mais considérant qu’il s’agirait de faux, j’ai peur que tout aussi bien faites qu’elles puissent être, il y ait des risques pour que tu abimes le percuteur de ton arme. Je pense qu’il est en effet mieux de te munir d’une arme virtuelle, quitte à demander à Danger un scan vite fait de la tienne pour en avoir une réplique exacte.

La porte s’ouvrit, se scindant en deux pour coulisser dans les murs, révélant une pièce aux proportions insoupçonnées, si semblable aux couloirs dans son esthétique mais qui avait quelque chose de différent, de par sa taille gargantuesque principalement, mais aussi de par le vide béant à l’intérieur. Le plafond était un dôme large et haut, avec un autre dôme inversé en son centre, qui était une salle à part entière ; la salle d’observation. On pouvait aisément faire tenir plusieurs centaines de personne dans la Salle des Dangers, et la lumière omniprésente renforçait encore cette impression de grandeur par des jeux de reflets sur les parois.

Amy s’avança d’un pas assurée vers le centre de l’endroit, indiquant de la main comme du sourire qu’il fallait la suivre. Chaque pas, chaque souffle raisonnait dans ce lieu, mais cela ne l’empêcha pas de se mouvoir rapidement jusqu’à la seule forme qui sortait du décor : Danger elle-même. Haute d’un bon mètre quatre-vingt, d’une stature imposante et massive encore renforcée par le fait qu’elle soit constituée de métal, Danger avait une apparence féminine, des pièces d’armures aux reflets bleutés couvrant ses bras ainsi que ses jambes et lui formant un plastron, laissant une partie de son « intérieur » visible, lequel se composait d’un enchevêtrement de câbles et des processeurs futuristes eux aussi en métal bleuté, notamment au niveau de son abdomen, de ses cuisses et de sa gorge. Son visage avait fait l’objet d’un soin particulier, lui donnant un aspect plus humain que ne le laissait supposé le reste de son apparence, bien qu’il restait d’une impassibilité parfaite, encadré par une crinière de câbles métalliques en guise de cheveux et encadrant des yeux illuminés d’une lueur bleue. Une fois tout le monde immobile devant elle, elle prit la parole d’une voix monocorde et glacée.

"Bonjour, je suis Danger, la responsable de cette salle. Bienvenu à vous."

- Ciao Danger, tu sais pour quoi on est ici.

"Exact. Je vais initier le Programme Colosseum. Seuil de difficulté ?"

- 5%, catégorie normale.

5%, cela pouvait paraitre peut, et cela l’était, en un sens, puisque les capacités physiques moyenne des créatures qu’ils serraient amener à rencontré serait celui d’homme d’une cinquantaine de kilo, et disposant d’une adresse commune à des civils. De quoi tester les aptitudes de ses compagnons sans réellement opposer de la difficulté, bien qu’elle puisse régler cette dernière durant l’entrainement, si cela était trop facile. Pour elle, c’était sur, pour Altérion, probablement également. Pour Sanzo, par contre.

"Initialisation. Préparation de la simulation. Activation des systèmes de projections. Activation de l'environnement. Système opérationnels à 100%. Début de la simulation. Bon courage."

La Salle comme Danger disparurent alors qu’un nouvel environnement apparait autour d’eux. C’était une pièce large et sombre, circulaire, sans porte ni fenêtre, éclairée par des globes lumineux disposés au sol, sol dont s’éleva trois caisses, une devant chaque protagoniste.

"Choisissez l’équipement qui vous semble approprié."

- En gros, vous demandez ce que vous voulez dans la limite du raisonnable, des protèges-poignets au fusil d’assaut, et lorsque la boite s’ouvrira, Danger vous en aura vitalisé. Pensez à préciser le nombre, notamment pour les chargeurs, crut bon de préciser Nephilim.

Elle avait beau ne pas aimer les armes, il était toujours intéressant de voir quels équipements étaient jugés nécessaires par les « futurs X-Men », sachant que pour la plupart de leurs ainés, les pouvoirs suffisaient. Elle-même réclama le P.I.T. 1.0, sa boite s’ouvrant sur la silhouette serpentine du Tesla, une sorte de Zat’nik’tel qu’elle accrocha à l’arrière de sa ceinture. Elle-même était prête, et attendait que ses compagnons du jour le soi également avant de les lancer dans la suite des opérations ; regardant leurs visages pour y lire un maximum de choses.

Encore une fois, les réactions furent bien différente, Ernest analysant son environnement de rapides coups d’œil alors que Sanzo stressait, surement quant à ce qu’il devait prendre ou pas. Ce n’était pas un test, il n’y avait pas à s’en faire, même si Amy attendrait effectivement de voir sur quoi se portaient leurs choix. Altérion serait surement déçue de découvrir qu’il ne s’agissait là que d’une antichambre, et que ce n’était pas ici qu’ils se battraient.

Le premier demanda la réplique de son pistolet, en changeant légèrement les équipements pour privilégier le tir de pistolero à celui de précision, ainsi qu’une sacoche adaptée à sa taille contenant autant de chargeurs que possible. Considérant le modèle de pistolet qu’il utilisait, il devrait se retrouver avec au moins une dizaine de chargeurs de rechange, selon l’italienne. Après, elle n’y connaissait pas plus que le nécessaire. Deux poignards équilibrés avec bracelet de combat ; pouvoir se battre sans avoir à inter-changer ses armes, malin. Il n’avait, sans surprise d’ailleurs, prit que des armes létales, restait à voir l’usage qu’il en ferait.

Le second était, sans surprise là non plus, bien moins fixé sur ceux qu’il allait prendre, ayant de nombreuses hésitations, et regardant même son camarade pour prendre exemple. Amy ne dit rien, le laissant faire, mais eut l’agréable surprise de le voir demander, en plus d’armes de pugilat rétractiles à la Wolverine et d’un bâton également rétractable, de nouvelles munitions, pour l’arme d’Ernest. Le sac à dos risquait de modifier son équilibre, mais les chats retombaient toujours sur leurs pattes, non ?

"Comme on doit travailler en équipe c'est normale qu'on se partage les taches et les charges. Je ne sais pas me servir des armes à feu mais je suis plus costaud que toi. Je porterais donc une partie de tes munitions et toi tu me protégeras… Fais juste gaffe à pas tirer trop près de moi sinon je vais vite être sourd"

Le visage d’Amaranth se fendit en un immense sourire ; Sanzo n’avait peut-être pas les capacités physiques d’un X-Men, mais il avait du cœur à revendre. Et il avait tout comprit à l’optique du Colosseum, et par delà, des X-Men : le travail en équipe.

Altérion était prêt, attendant avec le professionnalisme d’un soldat, alors même que Silver Cat s’émerveillait et n’en cachait rien face à l’équipement qu’il avait reçu, l’essayant.

- Bon, commença Nephilim alors que Sanzo tentait de comprendre le fonctionnement de ses griffes, détournant la possible impatience d’Ernest ainsi que le fait que l’hybride félin puisse croire qu’il leur faisait perdre du temps par un « briefing », comme vous le savez, je vais pas vous apprendre à vous battre, mais plutôt vous permettre d’exercer ce que vous avez apprit en « situation réelle ». Le but de Colosseum est de vous fournir une sorte de pratique du combat sur le terrain, même si l’environnement est surréaliste. En gros, c’est de la théorie appliquée. On va avoir un certain nombre d’épreuves, qui se résumeront à des objectifs qu’il faudra suivre. Vous avez déjà comprit la règle d’or du truc : le travail en équipe. Les X-Men sont une équipe, et ça c’est pas possible à enseigner, il faut que vous le découvriez par vous-même. Comme en mission, pour des questions d’anonymat, on utilise les pseudos ; oui, pour certaines personnes c’est assez stupide, moi par exemple j’ai pour dissimuler mon identité que les membranes qui me couvrent les yeux, comme maintenant, et ça n’aide pas franchement. Au pire, considérez cela comme de la pu b : on a plus vite fait de se faire admirer avec un pseudonyme classe qu’un monsieur Dupont… Oui, je vais écourter avant de dire trop de conneries. Donc, en principe, les X-Men suivent un certain nombre de valeur, après, c’est des conventions, libres à vous de les suivre ou pas. Je vous dirai rien là-dessus, faites ce qui est en accord avec votre conscience.

Sanzo ôta ses chaussures et s’attacha les cheveux, la regardant tout excité ; ils étaient tous prêt.


Les caisses disparurent dans le sol, s’y intégrant sans laisser de trace, alors que ce dernier commençait à s’élever, ascenseur jusqu’à lors invisible les rapprochant sans un bruit du plafond de la salle, lequel s’ouvrit comme un sas circulaire face à leur ascension. Rapidement, traversèrent un espace opaque pour révéler l’arène en elle-même, leur plateforme continuant à s’élever.

L’arène était un immense espace hexagonal, bien plus grand que la Salle des Dangers, aux mêmes couleurs que la salle précédente, d’un sol fait de carrés de vitre noire et encadré par des gradins dans un agencement qui n’était pas sans rappeler le Colisée antique ou les stades de sport actuel, le tout éclairé par une ligne de projecteurs situés dans l’ouverture du toit, sous un ciel de néant, inexistant. Derrière l’obscurité du cercle lumineux se trouvaient les gradins, desquels provenait le son de milliers de voix encourageant à l’affrontement.

Non, ce n’était pas réaliste, mais ce n’en était pour autant pas moins stressant. Les spectateurs donnaient une ambiance violente, n’attendant visiblement que cela, la violence, et là résidait le véritable test. Pour quoi ce battaient-ils ? Pour se battre, pour assouvir un désir de reconnaissance ? Ou pour une cause, pour protéger ceux qu’ils aimaient et ce en quoi ils croyaient ? Plus l’un d’eux se la joueraient violent et solitaire, plus il serait acclamé, à l’inverse d’un étant assisté, qui serait hué. Elle percevait l’environnement sonore comme agressant, et assez malsain, mais il lui semblait important de voir comment se comporteraient les futurs X-Men face à cela. Combien de X-Men se seraient réellement battus pour les autres dans de telles conditions ? Amy aimait à croire tous, mais elle n’en était pas sure.

La plateforme se stabilisa à plus d’une dizaine de mètre du sol, au milieu de la foule obscure alors que la voix off reprenait la parole.


Premier test, pour voir leur niveau en combat « classique ». Ils en étaient à la seconde séance, ainsi, le nombre d’adversaires serait deux fois supérieur au leur ; considérant leur niveau, Amy aurait put aisément les affronter seule, et sans user de ses mains, mais ce n’était pas elle qu’elle cherchait à évaluer, ainsi croisa-t-elle ses bras alors que le sol de la plateforme s’ouvrait sur six ascenseurs internes, élevant à leur niveau un nombre égal de Pugilistes.

C’était des humanoïdes de métal, silhouette humaine mais guère mieux que des mannequins anonymes, larges et grands, aux poings serrés et pour tout marque des lentilles noires en lieu et place des yeux. Ils semblaient nus, parodie d’homme qui ne semblait cependant pas sortir d’un film, mais bel et bien appartenir à la réalité. Se mettant en garde comme un seul homme, parfaitement synchronisés, ils étaient prêts pour le combat, Nephilim attendant de voir comment agirait ses élèves pour intervenir en cas de besoin, parfaitement consciente que sa vitesse lui permettrait de le faire à temps. Le niveau de difficulté ne devait pas poser trop de problèmes, mais c’était là encore une évaluation ; adroit comme des citoyens civils, disposant de la force et de la résistance de personnes pesant une cinquantaine de kilo, les deux élèves devaient être aptes à les vaincrais seuls ; restait à savoir ce qu'ils avaient comprit par vaincre.

C’était du close combat, la plateforme faisant guère plus que 18m², mais c’était bien là l’objectif. Les prochaines secondes verraient les Pugilistes passer à l’attaque, et Altérion comme Silver Cat découvrir l’introduction du Colosseum.

Un frisson malsain dans l’échine d’Ernest, qui aurait sans doute put passer inaperçu pour des gens normaux, mais pas pour elle ; elle voyait, se plaisant à penser qu’elle voyait tout ou peu s’en fallait, et cela, elle l’avait vu. Cette réaction, elle s’était attendue à la voir, mais ne l’appréciait pas pour autant. Colosseum était un grand test, et Altérion venait de passer le premier. L’excitation de la violence était présente chez certains X-Men, oui, mais ni les plus respectables, ni les meilleurs. Pourquoi se battaient-ils ? Pour se battre, pour le plaisir, ou parce qu’ils n’avaient pas le choix ? Malheureusement pour l’hybride rat, il semblait appartenir à la première catégorie, bien qu’il tachait de ne rien en montrer.

L’excitation de Sanzo, bien plus visible, n’était pas la même cependant ; Nephilim la raccrochait à l’inexpérience : Silver Cat était dans un jeu, il était ici pour s’amuser. Où se croyait-il ? Pour quoi allait-il se battre ? Pour rendre aux cris de violence des actes de violences ?

Amy ne put s’empêcher d’être déçue, mais les Masques d’Amaranth n’en trahirent rien ; les deux élèves qu’elle accompagnait avaient un rapport à la violence qu’elle regrettait assez amèrement. Sans doute les choses changeraient-elles une fois dans le feu de l’action, mais en tout cas, elle avait très bien réussit une chose : l’absence de risques de troubles psychologiques. Trop bien, même ; allaient-ils prendre des risques inconsidérés en pensant qu’ils ne courraient aucun danger, comme dans les jeux vidéo ? Ernest, non, mais Sanzo par contre… après quelques coups de poing, sans doute arrêterait-il ; ils n’en étaient qu’à la première épreuve, elle devait tâcher de s’en souvenir.

Les cyborg apparurent, et les réactions furent une fois encore opposées entre ses deux partenaires :

« Je propose deux chacun. Je prends les deux de gauche. »

Les deux de gauche ? Ils étaient sur une plateforme hexagonale, la gauche et la droite, lorsqu’on était encerclé, n’avaient pas forcément la même signification. Après, ils n’étaient pas là pour faire de la tactique, mais du travail d’équipe ainsi que s’apprivoiser avec la SdD.

"heu … deux chacun ??? Ils risquent de nous tomber tous dessus en même temps non ??? que fait-on des 2 restant ??"

Sanzo perdait son sang froid, hésitant et paniquant. Sa réaction intéressait Amy, qui le détailla tout particulièrement. Ernest était déjà parti, c’était un habitué du combat, et sa technique ainsi que ses points forts et faibles étaient repérables à sa démarche, de même que la stratégie qu’il allait employer. Il savait ce qu’il faisait, c’était du déjà vu, et les ennemis n’étaient clairement pas à son niveau. Silver Cat, lui, semblait douter, partagé entre la peur et ses réflexions. Il stressait, enfin une réaction normale, pour quelqu’un qui n’y était pas habitué. Il commença même à ronronner pour se calmer ; magnifique !

Se vibration lui permirent de se mettre en position, dégainant ses griffes de combat, alors que ses oreilles indiquaient qu’il était prêt. Chacun sa technique, il irait droit au but là ou Ernest esquiverait pour contre-attaquer. Les deux c’étaient mit en position mais aucun ne donnait le coup d’envoi, alors même qu’Amaranth restait dos tourné aux deux robots que ses élèves lui avaient laissés.

Le délai de préparation fut bientôt terminé et les androïdes attaquèrent simultanément, gauche mais coordonné entre eux.

Ceux de Nephilim s’avancèrent rapidement, cette dernière les localisant sans peine à cause du bruit de leurs pas, le premier ouvrant le bal sur un coup de poing, que la mutante laissa approcher, toujours impassible. Les calculs se firent comme toujours. Evaluation du terrain, estimation de la distance, prévision des angles d’attaque et calcul de la durée. Terrain : dégagé. Distance : inférieure à cinq mètres. Prévision des angles d’attaque : close combat, distance entre les adversaires permettant un enchainement et une neutralisation rapide. Un pivot pour éviter le coup à destination de son dos, au dernier moment pour qu’il la frôle et qu’elle se sache à porter de frappe sans avoir à bouger. Même mouvement de pivot, un tour complet et un coup du plat de la main derrière la nuque, pour assommer. Enchainer immédiatement en faisant un pas en avant sans interrompre le pivot, et un coup de pied circulaire à l’intention du visage. Si nécessaire, porter un autre coup à la nuque pour assommer. Temps estimé : deux à trois cinquièmes de seconde. Risques de dommages létaux : faibles. Tactique de neutralisation adoptée.

Clignant des yeux, Nephilim pivota sur ses appuis au dernier moment, laissant le coup la frôler tout en décroisant les bras pour porter sa propre attaque tout en maitrisant sa force pour minimiser les risques. Comme une danseuse et avec l’adresse acquise durant ses entrainements à la poutre, elle changea de pied dans son mouvement et avec une grande souplesse, propulsa le membre libéré contre le visage du second assaillant, l’interrompant dans sa course et l’envoyant se coucher sur le flan, un peu plus loin. Temps d’exécution : trois cinquième de seconde.

Ses deux élèves, s’ils l’avaient regardée, n’avaient pas dût réellement comprendre ce qu’il venait de se passer : elle n’avait dût laisser qu’un flou sur leurs rétines, image encore plus perturbante du fait que les lignes de sa combinaison se soit allumées, laissant derrière elle un instant de lumière qui faisait douter d’où elle se trouvait vraiment.

Amy pratiquait un art martial unique, combinant les mouvements explosifs et percutants et les déplacements linéaires ou en zigzag du Xingyi Luihe Quan aux ciseaux acrobatiques très spectaculaires du Vovinam Viet Vo Dao, aux contres et déviation de force du Wing Chun et aux positions du Kenpo, donnant un mélange particulièrement redoutable axé sur les esquives, les contres, les saisies et l’atteinte de points sensibles, chose qui alliée à ses capacités physiques et cognitives améliorées, lui permettait de surclasser totalement n’importe quel combattant aux capacités humaines, ainsi qu’un grand nombre d’adversaire.

Finissant son pivot pour se retourner face à ses compagnons, elle les regarda se débrouiller, prête à intervenir si nécessaire, avec la même vitesse insoupçonnée qu’à l’instant.

Sanzo était le seul à réellement la jouer en équipe, voulant la défendre dès que les robots passèrent à l’attaque. C’était sans doute en partie à cause de son éducation, et de cette habitude qu’il avait de jouer les chevaliers servants ; oui, à cause, car même si son geste était louable, il n’était pas maitrisé. Amaranth avait peut-être la réputation d’être une fille calme capable de pêtages de plombs ponctuels, chose qu’on attribuait à ses pouvoirs de Berserker, mais ceux qui l’avaient vu s’entrainer, et Dieu savait qu’elle passait beaucoup de temps à s’entrainer, avaient une idée de quoi elle était réellement capable. En une heure, elle parvenait à faire le même entrainement qu’un sportif en cinq, et elle s’entrainait en moyenne quatre heures par jour. Inutile de préciser qu’elle n’aurait jamais put suivre le rythme sans ses capacités mutantes, sans au niveau des actions que de leurs conséquences. Malgré les dires de certains qui n’avaient foi qu’en la vieille garde des X-Men, elle était de haut niveau physiquement.

D’un niveau amplement suffisant pour renchainer immédiatement après l’échantillon qu’elle venait de donner, étant même apte à intercepter les deux androïdes qui s’approchaient de Silver Cat, et auxquels ce dernier ne prêtait plus réellement attention, interloqué par son action. Elle n’en fit rien cependant, les évaluant l’un comme l’autre.

Altérion c’était rapidement reprit, se contentant d’assimiler ce qu’il venait de voir comme à un niveau représentatif des X-Men, même si ce n'était pas réellement le cas, et d’entrer lui-même dans la danse. Il devait fonctionner par objectifs prioritaires, surement, chose assez efficace s’il en était. Il se maitrisait, il était entrainé, sachant user de ses forces et protéger ses faiblesses ; rapide, agile, petit, vif, réactif, bien sur ses appuis, très bien. Sa nervosité était peut-être un peu trop agressive, mais qu’importaient les raisons, tant qu’il parvenait à se maitriser.

Silver Cat, lui, fut prit en sandwich ; ses adversaires cherchaient à l’immobiliser, et il sut profiter du déséquilibre causé par leurs tentatives. Il usait principalement de contres, et se basait plus sur son agilité et sur la force de son adversaire que sur sa propre force ou des esquives. Cependant, après en avoir mit un à terre, il recula d’un pas, levant les mains et voulant calmer la bataille.

Sanzo Aoe était un hybride félin, autant biologiquement que psychologiquement : il avait un cœur de lion. Mais, et cela avait été la première leçon qu’Amy avait apprise sur le terrain, alors qu’elle était prise dans les flammes de Mutant Town et sous le fer des Purificateurs : il était des gens avec qui l’on ne pouvait parlementer, que l’on ne pouvait raisonner, et où cela ne servait à rien d’essayer. Les cyber-gladiateurs du Colosseum étaient de ceux-là, et enchainèrent.

Un nouveau contre, une prise et un autre robot à terre. Frapper fort pour les mettre hors combat, cela Altérion l’avait comprit, et s’employait à le faire. Il n’en aurait plus que pour quelques secondes. Sanzo aussi, le comprit, sortant son arme. Il ne frappa pas à terre, et attendit que les deux machines se relevassent. S’ils avaient réellement été dans un jeu vidéo, Nephilim avait parfaitement comprit quels auraient été les aspects de ses deux camarades : Altérion l’Assassin et Silver Cat le Chevalier. Le Ying et le Yang.

Sanzo mit fin à la rencontre à coup de son arme, avec une habileté inattendue, et une retenue bien prévisible. Cependant, là où l’hybride rat attendait machinalement la suite, sans coups férir, l’hybride chat semblait triste. Il la regarda, perdu.

Amaranth avança jusqu’à lui, à pas lents, à pas délibérément lents lorsqu’on savait de quelle vitesse elle était capable ; les robots se numérisèrent pour disparaitre. Faisant face au jeune homme, elle parla sans détour.

- Oui, il est des personnes avec qui l’on ne peut pas négocier, qui n’ont d’autres buts ou moyens d’expressions que la violence. Mais la violence est un dernier recours, notre dernier recours. Si tu pense que la cause pour laquelle tu te bats ne vaut pas le prix qu’on te réclame, changes-en.

Elle avait dit cela avec franchise, avec neutralité, car cela cachait une amertume insoupçonnée, et que l’on ne pouvait pas comprendre. La cause des X-Men pouvait leur demander des prix très élevés, elle pouvait leur demander de renier leurs valeurs ou de concéder ce qu’ils n’étaient pas prêt à concéder ; cela était généralement la leçon de la passation. Si Amy pouvait en amoindrir la douleur en commençant à l’enseigner ici, tant mieux. Elle avait dit qu’elle formerait des guerriers, car visiblement, dans une passation, rien d’autre ne comptait que savoir se battre et savoir faire des sacrifices. Mais elle ne pouvait s’empêcher d’admirer, et d’essayer de transmettre, les valeurs qu’on lui avait apprises ; que Jubilee lui avait apprise.

L’un des côtés de la plateforme commença à s’abaisser, des piliers hexagonaux s’enfonçant peu à peu pour faire disparaitre leur ilot, alors qu’à l’opposé, d’autres piliers s’élevaient pour former un couloir de sortie, large de trois mètres et long d’une dizaine, fait de dalles d’un mètre carré.


Second test officiel : alors que derrière eux, la zone de mouvement disparaissait, ils allaient devoir traverser l’archétype du couloir piégé. Oh, une fois encore, c’était bien peu de chose pour Nephilim, car si les pièges étaient générés aléatoirement, ses capacités sensorielles lui permettaient de repérer aisément tous les indices témoins. Une fois encore, elle passerait en queue, et rattraperait si nécessaire ses compagnons.

Il y avait face à eux une gamme de pièges classiques, depuis les trappes jusqu’aux pendules, ainsi que divers amusettes comme les bombonnes de gaz (ici soporifiques), les déclencheurs d’armes à feu ou d’explosifs, etc. Il y avait même, s’ils avaient peu de chance, certaines dalles électrifiées. Bien que rien de tout cela ne soit réel, cela avait suffisamment de réalisme pour passer l’envie d’essayer.

Les divers types de pièges avaient tous leurs types de déclencheurs : une légère surélévation de la dalle pour un piège nécessitant un déclencheur au poids, ou au contraire une sous-élévation pour une trappe, des rayons lasers pour les armes de tirs, des détecteurs de mouvements pour les penduliers, etc. Il fallait se fier à la vue comme à l’ouïe pour en sortir indemne, et malheureusement pour eux, même si la vitesse de disparition du terrain était lente, elle marquant une contrainte temporelle assez présente. Il faudrait avancer, sans courir mais sans non plus passer trop de temps sur chaque dalle.

Il n’y avait aucun bourrin pour se la jouer char d’assaut et déclencher tous les pièges, mais même dans un tel cas, les pièges pouvaient se réutiliser, y comprit les trappes, qui se refermaient une fois la personne happée.

Comment allaient-ils s’en sortir cette fois ?

Mal. Ils s’en sortaient mal.

Le plan d’Ernest ce tenait, offrant un bon compromit, même si elle-même n’aurait pas fait la chose ainsi. Les sens de Silver devaient être meilleurs que ceux d’Altérion tandis que les réflexes de ce dernier devaient être supérieurs, ainsi, Sanzo le premier et Ernest le second, le premier plus apte à détecter et le second à venir en aide. Trois mètres de distance ? Avec la seconde de réaction requise par les capacités d’un cerveau humain, c’était trop : jamais quelqu’un ayant une réactivité normale ne pourrait intervenir à temps. D’un autre côté, s’il y avait du piège étendu, comme c’était le cas, cela évitait les dommages collatéraux.

La philosophie de Nephilim n’impliquait pas de sacrifiés, ils devaient tous s’en sortir, si un seul d’entre eux échouait, la séance était terminée. Mais cela, ils n’étaient pas sensé le savoir, à dessein : ils devaient s’aider mutuellement, non-pas parce que c’était un objectif, mais parce qu’ils étaient une équipe.

Et une équipe impliquait la confiance en ses équipiers : Altérion, de part sa taille, était tactiquement un meilleur ouvreur car il gênait moins le champ de vision, mais s’il avait confiance en son coéquipier, il se serait laissé guider par lui. Une équipe était un tout, et un tout était plus que la somme des parties. Après, son choix n’était pas une erreur, c’était un choix, et si elle-même n’eut pas fait le même, cela ne signifiait pas qu’il y avait une bonne réponse et une mauvaise.

Cependant, ce n’était là pas le point de vue de son coéquipier. Bras croisé et regard agressif, Sanzo répliqua avec un ton qui ne lui était pas coutumier ; visiblement, l’impossibilité de négocier et le combat forcé ne lui plaisaient pas du tout. Il commença par exprimer son avis avec des paroles imagées, mettant en doute Ernest et l’attaquant sur du personnel. Grave erreur. Un môme trop orgueilleux ? Un vrai homme aurait prit la défense d’une femme ? Qu’est-ce que cela venait foutre là ?

"Tu ne lui as pas laissé le choix, tu l'as obligé à faire quelque chose qu'elle n'avait peut être pas envie. Un vrai homme aurait pris 3 adversaires."

Nephilim regarda son élève, car suite à un tel comportement il devenait indubitablement son élève, faire son speech, parfaitement impassible.

"Et là tu recommences, tu décides et bien sache que je ne te suivrais pas. Tu es peut être agile mais je le suis autant que toi. Tu as d'excellents réflexes mais moi aussi. Nous possédons aussi bien l'un que l'autre une vue et une ouïe supérieures. Mais ta légèreté et ta petite taille risquent d’être un handicape. Qui te dit que certains pièges ne vont pas se déclencher à notre passage et pas au tien… "

Oui, Sanzo avait aussi ses atouts ; ils avaient tous deux leurs atouts, leurs points faibles et leurs points forts, le tout étant de les coordonner.

Sanzo en premier, Nephilim en seconde et Ernest en troisième ? En mission, elle aurait prit la première place, étant à peu-prêt apte à les battre sur tous les plans, mais ici, elle les évaluait, il n’était donc pas question qu’elle leur facilite la tâche. Elle avait demandé trois élèves pour qu’ils parviennent à se coordonner et pour éviter justement un conflit similaire, mais les deux-tiers des inscrits avaient fait faux bonds. Un conflit d’opposition pouvait donc s’enliser, alors qu’elle avait justement prévu une contrainte temporelle. Contrainte qui s’amenuisait d’ailleurs, à mesure qu’ils « débattaient ». Là où Silver Cat avait été prévoyant, cependant, c’était sur la possibilité d’attaques par l’arrière ; bon, une analyse aurait put démontrer que, Nephilim en queue, ce n’était pas utile, mais sur le terrain, cela le serait véritablement. Malgré sa crise de machisme, Aoe marquait quelques points.

La fin de son discours lui fut adressée, alors que Silver Cat savait qu’il faudrait du deux contre un pour parvenir à une décision. Sauf que l’objectif n’était justement pas d’imposer ses décisions au reste de l’équipe, mais de travailler en groupe.

- Sil’, évite le sexisme s’il te plait ; regarde les X-Men actuels, niveau parité, on se pose là. On protège ceux qui en ont besoin, et on se protège entre nous aussi ; j’ai couvert vos arrières comme vous avez couvert les miens. Une équipe ; je ne vais pas développer, pas le temps, cependant, lorsqu’on est en mission, il faut laisser les querelles et les divergences dehors.

Elle avait parlé vite et bien, coupant court à toute surenchère. Sa voix n’avait pas été froide, tempérant ses propos,

La théorie et la pratique ; en théorie, les X-Men étaient une équipe, en pratique, il y avait des divergences d’opinion allant jusqu’aux querelles mortelles dans certains cas, même si tous faisaient front uni en cas de besoin. Il faudrait cette fois faire pareil.

Nephilim commença à avancer alors qu’après elle, la plateforme commençait à disparaitre. Ils avaient moins d’une minute avant qu’elle soit totalement en train de s’abaisser, et le pont en ferait de même.

- Allez-y tous les deux, ensemble. Silver Cat a les sens, Altérion a les réflexes ; si vous vous coordonnez, vous passerez. Le tout doit-être plus que la somme des parties.

« Ok, va devant. Moi en second, je ferai de mon mieux pour te faciliter la vie. »

Il se contenait, se cachant derrière une mécanicité qui était un handicape certain ; colère froide et sourde, mais que Nephilim pouvait parfaitement observer : c’était son job, c’était son don. Et c’était allié à des sens nettement plus performant que les humains ; chaque tremblement, chaque crispation, elle la voyait. Il ne passerait pas à l’attaque, non, mais il resterait simplement sur ses positions. Il allait falloir changer cela, car même s’ils réussissaient séparément cette épreuve, la suite des événements ne pourrait se faire sans leur collaboration. Peut-être qu’elle pouvait les « forcer » à s’entraider ?

Sanzo passa de sa période machiste à une autre beaucoup plus « normale » en moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, redevenant celui qu’il donnait l’impression d’être au naturel. Il tenta de réparer ses erreurs d’un sourire, mais ce ne fut pas très convaincant. Même vu de dos, Nephilim parvenait assez bien à savoir ce qu’il ressentait de par sa gestuelle, à l’instar d’Ernest, et de plus ou moins toute personne normale.

Derrière eux, alors que les dissensions leur faisaient perdre du temps, la plateforme continuait de s’abaisser.

Amy regarda Sanzo s’avancer plaque par plaque, uniquement concentré sur celle sur laquelle il allait mettre les pieds ; mauvaise méthode, car elle prenait trop de temps. Un regard pour vérifier qu’ils étaient toujours derrière ; avec ses sens, n’était-il pas capable d’entendre leurs souffles ou leurs pas ? Si oui, il ne devait pas avoir besoin de sa vue pour les localiser. Sans doute ne maîtrisait-il que trop peu ses pouvoirs pour avoir outrepassé la hiérarchie des sens que s’imposaient eux-mêmes les gens normaux, et dans tous les cas, il faisait les choses pas à pas. Une plaque, puis une autre, c’était justement ce qu’il ne fallait pas faire, sans quoi, ils allaient être rattrapés par la disparition de la plateforme.

Silver Cat avait fait un mètre, puis déclencha un piège, ses reflexes lui permettant d’échapper à la majeure partie des projectiles qui furent lancés contre lui ; projectiles qui, au contact, lâcheraient une décharge électrique, pour simuler plutôt que de blesser réellement.

- Sanzo, ne fait pas dalle par dalle, on aura jamais le temps ; tu dois te fier à tes sens pour repérer les différences entres les dalles, et déduire si elles sont piégées ou pas, pas les examiner une à une. Faut avoir un coup d’avance !

Elle ne savait pas si elle c’était bien faite comprendre, mais ce qu’elle savait, c’était qu’ils n’auraient plus beaucoup de temps sur la plateforme, et que Silver Cat n’avait qu’un mètre derrière lui. Oh, Amy ne s’inquiétait pas, elle savait comment traverser tout le pont sans déclencher les pièges, et sans les révéler à ses élèves, cependant, c’était faire un étalage de ses capacités dont elle n’était pas friande, et cela lui faisait briser le rôle qu’elle s’était donné d’accomplir en tant que troisième participant. Il serait toujours temps de révéler un peu plus ses capacités si cela continuait, mais pas avant ; elle n’était pas là pour en mettre plein la vue.

- La vue d’abord, le toucher ensuite s’il le faut ; essaye de regarder plusieurs cases, histoire d’en avoir d’avance. Ne te retourne pas, si tu as besoin de savoir si on est là, use de l’ouïe, au besoin parle, mais ne te retourne pas, tu perds du temps. Altérion, si tu arrives à repérer des choses, indique-le ; reste à portée pour le rattraper en cas de besoin. Vous vous aidez pour l’instant, si vous devez vous disputer, c’est après ; on y va.

Pas de question sur s’ils avaient comprit ou pas, ce n’était pas véritablement un choix qu’elle leur laissait ; oui, on ne pouvait pas forcer le travail en équipe, là, elle tentait juste de les motiver. Discrètement, elle avait également tapé du pied, d’une façon convenue à l’avance et que Danger interpréterait comme un simple ordre : plus vite.