Dawn ( Pv Cérès)

Daniel bascula sur le côté afin de jeter un coup d’œil à sa montre, la tenant toujours fermement lovée contre son flanc, son bras gauche sur ses hanches. Le lit, à l’origine fait pour une personne, n’était pas des plus confortables et était prétexte à quelques improbables acrobaties afin de s’y tenir à deux même si Esther n’était d’une constitution assez frêle mais d’une énergie assez volcanique, elle venait d’ailleurs de le prouver une fois de plus à son corps consentant. Ce n’était pas un lieu des plus idéals pour des amants, mais c’était surtout la situation qui avait changé. Cérès n’était plus une criminelle recherchée, elle était à l’abri dans l’institut, loin des desseins sanglants des idéaux confréristes, plus de partie de cache-cache, plus de rencontres volées, de moments arrachés dans la crainte de l’incident.

Hopes n’était pas épargné par la situation, loin de là ! S’il était parvenu à ses fins en la plaçant ici dans le cadre du programme du BAM dont il avait la charge, leur relation étalée au grand jour avait fait l’effet d’une bombe dans l’organisme d’état. Tucker était chargé de l’interroger et déjà une commission interne de sécurité se constituer sur sa personne. Il n’était pas encore inquiété physiquement, mais les choses iraient vite, il le savait pertinemment s’y étant au passage préparé à faire face avec la plus grande prudence afin de pérenniser son œuvre au bureau.

La situation avait au moins le mérite de leur offrir à tous deux un embryon d’avenir possible, une mince possibilité de « construire » à deux quelque chose même si leur histoire finalement restait à écrire, L'aube enfin pouvait éclore, nous avancerons sur le chemin.. Tout en s’inquiétant de l’heure, il laissa échapper un bref soupir d’amusement en se rallongeant auprès d’Esther en lui déposant un baiser sur le front.

- Je ne comprendrais jamais cette manie de m’enquérir de l’heure puisque le temps n’a jamais été un problème, à croire que je finis conditionné par le monde qui m’entoure…C’est un de mes travers dont je te fais cadeau, tu verras qu’il t’en reste bien d’autres à découvrir mais je connais ta « curiosité » pour ce genre de choses me touchant personnellement, n’est-ce pas bel ange ?

Il joua un instant de ses doigts sur ses hanches avec une tendresse et un amusement juvénile, puis s’attarda sur la courbure de ses fesses.

- Il persiste bien des secrets…Hum ? Qui pour croire que la douceur de ce regard cache une telle…ardeur pour certaines activités ? Je crois, mon ange, qu’une partie du voisinage se doute que cet entretien de probation que nous avons passé…était tout…sauf ce qu’il aurait dû être. Je n’ose même pas imaginer ce que la télépathie de Frost ou Charles a pu capter. Nous allons finir par choquer, assurément. Bah…Pour tout te dire, je m’en contrefiche de ce qu’ils peuvent penser, ici ou ailleurs. Nous sommes ensemble, c’est ce qui compte.

Il ponctua son discours d’un long baiser tendre avant de se perdre une minute dans son regard.

- Oh et tu sais, tout à chacun a ses secrets ici, c’est un lieu de vie qui abrite peine comme amour. Et amour de toute sorte, je sors d’un entretien avec la jeune Elioth, une des personnes affiliée au même programme que toi, elle caresse l’espoir de devenir X Men et partage sa couche avec une autre élève qui partage son rêve. A l’époque où j’officiais ici, c’était déjà monnaie courante, ce genre d’histoire. Tu vas être bien ici, Esther, tu vas être très bien. Je n’ai pas eu le temps de te dire combien j’étais fier de ton choix et combien j’avais été impressionné par ta conduite au BAM. Je me suis procuré le compte rendu de l’interrogatoire de Tucker, je l’ai parcouru. Il t’en a fait vraiment baver, c’est un agent redoutable.

Il ne le savait que trop bien car en fin compte il était le fameux Frankenstein coupable de cette créature obéissante qui à présent reniflait les trace de son propre maitre. Il est souvent de bonne guerre que la créature se retourna contre son maitre.

Un léger mouvement du buste sur lequel reposait sa tête tira Esther du sommeil délicieux et profond qui suit toujours les ébats amoureux. Elle prit une profonde inspiration et esquissa le geste de s'étendre, tendant son corps avec un petit mouvement de bassin contre la hanche dénudée de Daniel. Sa main remonta doucement son pectoral gauche pour se cacher entre sa nuque et l'oreiller tandis que, les yeux toujours clos, elle tendait son visage dans le creux de son cou mal rasé pour y déposer un tendre baiser. n soupir répondit au siens tandis qu'un baiser sur le front répondit à celui qu'elle venait de déposer dans son cou.

- Je ne comprendrais jamais cette manie de m’enquérir de l’heure puisque le temps n’a jamais été un problème, à croire que je finis conditionné par le monde qui m’entoure…C’est un de mes travers dont je te fais cadeau, tu verras qu’il t’en reste bien d’autres à découvrir mais je connais ta « curiosité » pour ce genre de choses me touchant personnellement, n’est-ce pas bel ange ?

D'un geste encore embué de sommeil, elle fit glisser sa main de la nuque de Daniel sur ses lèvres fines, esquissant le geste de lui faire taire ses sottises. Puis, elle ouvrit ses grands yeux couleur d'émeraude qui avaient enfin perdu les grands cernes olivâtres qui ne les avaient plus quitté depuis sa fuite de la Confrérie. Elle croisa son regard, échangea un sourire et murmura :

- Bonjour mon coeur.

C'était pour elle la base, la première chose qui devait se dire au matin. Elle ne répondit pas à sa question. C'était sans importance. Elle aurait désormais bien plus de loisir de le découvrir maintenant que ces derniers mois cauchemardesques. Un petit baiser du bout des lèvre vint se perdre sur celles souriantes de son amant tandis qu'il lui arrachait un frisson de plaisir en promenant ses doigts sur ses hanches dénudées. Esther gloussa doucement en lovant de plus belle son visage dans le creux du cou de Daniel.

- Il persiste bien des secrets…Hum ? Qui pour croire que la douceur de ce regard cache une telle…ardeur pour certaines activités ?

Esther se remémora leur ébat de la nuit avec un léger sentiment de gêne. Elle s'était livrée comme elle ne l'avait jamais fait, abandonnée, délivrée, ça avait été l'osasis après la traversée du désert, les retrouvailles passionnées et bouleversantes... Un de ces moments qui n'arrivent que quelques fois dans une vie. La première nuit de leur vie qu'ils passaient ensemble. La première fois qu'ils avaient eu le temps de se faire l'amour aussi longtemps qu'il le désiraient... et pas à la sauvette dans un coin limite sordide! Esther se sentait femme, amazone, à moitié divine! Daniel l'avait comblée et elle semblait l'avoir comblé en retour. Ses petites techniques de synthèse végétale n'y étaient pas étrangères mais elle se promit de ne pas y avoir recours trop souvent. Trop de passion tue l'amour...

- Je crois, mon ange, qu’une partie du voisinage se doute que cet entretien de probation que nous avons passé…était tout…sauf ce qu’il aurait dû être. Je n’ose même pas imaginer ce que la télépathie de Frost ou Charles a pu capter. Nous allons finir par choquer, assurément.

Esther releva sa tête, une expression de stupeur sur le visage.

- Oh mon Dieu!, s'écria-t-elle en cachant son visage de sa main libre, je n'avais absolument pas pensé à ça! Mais qu'est-ce que les gens vont penser de moi? Je n'ai même pas parlé à plus de 5 personnes différentes ici et je fais déjà parler de moi pour des détails aussi scabreux...

Un vert plus foncé accentua ses joues. Daniel eut un petit rire mi flatté mi fier.

- Bah…Pour tout te dire, je m’en contrefiche de ce qu’ils peuvent penser, ici ou ailleurs. Nous sommes ensemble, c’est ce qui compte.

Esther retira sa main de son visage pour gratifier son cher et tendre d'un regard éperdu.

- Oh, pour moi aussi mon lapin!

Il l'attira contre lui et ils échangèrent alors un long et tendre baiserIl ponctua son discours d’un long baiser tendre avant de se perdre une minute dans son regard.

- Oh et tu sais, tout à chacun a ses secrets ici, c’est un lieu de vie qui abrite peine comme amour. Et amour de toute sorte, je sors d’un entretien avec la jeune Elioth, une des personnes affiliée au même programme que toi, elle caresse l’espoir de devenir X Men et partage sa couche avec une autre élève qui partage son rêve. A l’époque où j’officiais ici, c’était déjà monnaie courante, ce genre d’histoire.

Esther haussa un sourcil sarcastique. C'était d'un goût douteux de raconter un autre détail scabreux pour faire passer leurs frasques de la nuit pour un évènement anodin. Elle se contenta d'un sourire en coin et avec un mouvement de tête, renvoya sa longue chevelure en arrière pour reposer sa tête sur le torse de Daniel. Une légère odeur de jasmin et de muguet flotta dans le sillage de ses cheveux.

- Tu vas être bien ici, Esther, tu vas être très bien. Je n’ai pas eu le temps de te dire combien j’étais fier de ton choix et combien j’avais été impressionné par ta conduite au BAM. Je me suis procuré le compte rendu de l’interrogatoire de Tucker, je l’ai parcouru. Il t’en a fait vraiment baver, c’est un agent redoutable.

A l'évocation de son interrogatoire, Esther ne bougea pas. Elle reserra cependant son étreinte autour du corps de Daniel et se colla un peu mieux contre lui. Elle prit un instant de silence et de réflexion, remonta un peu le drap sur sa poitrine pour dissimuler un frisson et répondit.

- Ce n'était pas si dur que ça, mentit-elle. Après tout, je me doutais bien qu'il ne m'accueillerait pas avec du mousseux et des biscuits. Il en est resté aux tentatives d'assimilation. Pour moi c'était l'essentiel. Ce que je me suis demandé, c'est si tu te trouvais derrière le miroir sans teint qu'il y avait au fond de la salle. La simple idée que tu t'y trouvais peut-être m'a donné tous le courage dont j'avais besoin.

Elle marqua un petit silence.

- Et puis j'ai fait ce que tu m'as dit. J'ai été franche tout du long. Et comme tu me l'avais promis, il n'est rien arrivé de fâcheux.

Esther tenta un sourire tandis qu'elle se glissait sur Daniel pour le regarder dans les yeux. Ses longues boucles d'un vert tendrement doré cascadèrent autour de son visage et vinrent chatouiller celui de Daniel, diffusant toujours leur parfum entêtant.

- De toute façon, ça n'a plus trop d'importance pour moi. Je t'ai retrouvé, je retrouverai Ernest très bientôt, je suis à l'abri de la Confrérie et en règle aux yeux de la loi. Je n'ai jamais été aussi heureuse.

Un nouveau baiser vint ponctuer cette phrase.

Il la regardait la surplomber à cheval sur lui, ses cheveux lui caressant le visage et son regard miroir planté dans le sien en une coupe débordant d’une tendresse apaisante et d’un amour comblé. Le Time Tricker avait appris la retenu dans l’expression de ses sentiments, les désillusions avaient été légion et la vie bien trop longue à travers des épreuves nombreuses et répétées. Les accalmies étaient rares, elles précédaient toujours les tempêtes. Il été préférable de se laisser caresser par l’onde douce et fraiche sans pour autant oublier la force que pouvait avoir un océan en tempête avec des eaux tourbillonnantes et fracassantes. La vie était ainsi faite, des moments rares et précieux qui en sauvent d’autres, longs et pénibles.

Des yeux qui ont trop vu ont sans doute trop à dire. Il est vrai que bien souvent, les choses du cœur adultèrent une vision rigoureuse et entraine fatalement vers l’erreur. Il aura besoin de tout son talent s’il veut pouvoir continuer son rôle et sauver le plus de mutants possible et surtout s’il veut continuer de la protéger elle. C’est pourquoi il préfère laisser passer un silence en se contentant de la regarder calmement mais avec une intensité rare, comme si ce parfait portrait, ce tableau de douceur et d’affection se devait d’être gouté avec la plus grande délicatesse possible. De la moindre veine parcourant son cou à la moindre micro expressions de son visage et son regard si changeant, si sensible aux états d’âme qui agitent son esprit, il tente d’en photographier l’équilibre et la beauté, d’en capturer la merveilleuse essence. N’ayant que trop attendu, il saisit son audace et ramenant ses mains sur ses fesses et l’attira à lui pour un baiser torride et profond. Lorsque leurs lèvres se séparèrent, il la garda à nouveau colée contre son corps, les mains ne cessant de la caresser.

- De toute façon, ça n'a plus trop d'importance pour moi. Je t'ai retrouvé, je retrouverai Ernest très bientôt, je suis à l'abri de la Confrérie et en règle aux yeux de la loi. Je n'ai jamais été aussi heureuse.

Il sourit à nouveau en fermant un peu les yeux sous la remarque de son amante.

- Ne te précipite pas, dis-toi qu’à présent, le chemin est beaucoup plus simple. Je suis désolé pour cette ombre et de briser un peu la magie de l’instant ma Esther, mais tu n’es pas tout à fait en règle avec la loi, cela serait trop simple…Il te faudra du temps avant que je parviennes à faire « oublier » ce dossier…à supposer que je m’en sorte aussi bien sûr. Je n’étais pas là le jour de l’interrogatoire, ça aurait été une erreur de m’impliquer dans la salle mais toutes mes pensées étaient tournées vers toi pour te dire la vérité. Je préparais déjà mes coups…une partie d’échecs se jouent avec 3 ou 4 coups d’avance. Tucker est malin, mais il ne peut pas m’enterrer, plus maintenant.

Mais tu as raison sur un point…C’est l’aube d’un monde nouveau et je serais à tes cotés comme je te l’ai juré. Si les choses tournent mal..je…il est possible que nous quittions le pays, tous les quatre. Ernest, Enora et nous. J’ai des appuis à Londres et en France…Je ne veux pas t’inquiéter, mais je préfère envisager toutes les possibilités. Charles ne pourra pas me protéger indéfiniment.

Il chassa ses pensées en soupirant, essayant de profiter du moment présent, il ne confiait ses doutes à personne, personne sauf en cet instant ici et en ce lieu, avec elle.

- Il faudra aussi que je parle à Ernest…C’est très compliqué, j’appréhende vraiment ce moment, encore plus que le cette confrontation avec le BAM pour ne rien te cacher.

- Ne te précipite pas, dis-toi qu’à présent, le chemin est beaucoup plus simple. Je suis désolé pour cette ombre et de briser un peu la magie de l’instant ma Esther, mais tu n’es pas tout à fait en règle avec la loi, cela serait trop simple…Il te faudra du temps avant que je parviennes à faire « oublier » ce dossier...

Une légère ombre passa sur le visage d'Esther. Daniel avait raison. Elle le savait très bien. Pourtant elle ne pouvait s'empêcher de se sentir soulagée, libre, heureuse de la simplification de sa situation et surtout de la protection qu'elle avait trouvé à l'Institut Xavier et au BAM, même si cette dernière se traduisait par une cage dorée et un oeil de Big Brother au dessus d'elle.

- ... à supposer que je m’en sorte aussi bien sûr.

Esther reporta son attention sur Daniel. C'est vrai, il devait encore être passé au crible pour leur relation "contre nature". Esther se soucia de ce qui pouvait lui arriver.

- Il y a des risques que tu n'arrives pas à t'en tirer? Tu m'avais pourtant dit que tu t'étais ménagé un parachute au cas ou.

Daniel resta songeur un instant puis lui décocha un sourire rassurant.

- Je n’étais pas là le jour de l’interrogatoire, ça aurait été une erreur de m’impliquer dans la salle mais toutes mes pensées étaient tournées vers toi pour te dire la vérité. Je préparais déjà mes coups…une partie d’échecs se jouent avec 3 ou 4 coups d’avance. Tucker est malin, mais il ne peut pas m’enterrer, plus maintenant.

Un nouveau silence, un nouveau baiser. Esther reposa sa tête au creux de l'épaule de Daniel.

- Mais tu as raison sur un point... C’est l’aube d’un monde nouveau et je serais à tes cotés comme je te l’ai juré. Si les choses tournent mal... je... il est possible que nous quittions le pays, tous les quatre. Ernest, Enora et nous. J’ai des appuis à Londres et en France... Je ne veux pas t’inquiéter, mais je préfère envisager toutes les possibilités. Charles ne pourra pas me protéger indéfiniment.

Esther eut une petite réflexion paniquée. Il y avait donc un risque que ça tourne si mal? Une fuite de l'autre côté de l'océan les mettrait-elle vraiment à l'abri d'une organisation comme le BAM? Et Enora? Cette curieuse pupille dont Daniel lui avait déjà parlé mais ne lui avait jamais encore présenté? Que penserait-elle d'une femme qui lui prenait une partie de l'amour de son tuteur et qui par sa simple présence détruisait son équilibre et sa vie, elle qui n'avait rien demandé à personne? Esther préféra repousser ces interrogations tant qu'elle n'était pas sur d'être obligée de se les poser.

- Ne dis pas ça. Si ça se trouve, tout se passera très bien et tu ne devras même plus y penser.

Daniel eut un soupir, Esther se laissa couler sur le matelas, gardant un bras et une jambe sur Daniel. Un long silence s'en suivit où l'étreinte de daniel se ressera un peu autour de ses épaules. C'est Daniel qui brisa le silence.

- Il faudra aussi que je parle à Ernest…C’est très compliqué, j’appréhende vraiment ce moment, encore plus que le cette confrontation avec le BAM pour ne rien te cacher.

- Je ne pense pas que tu dois avoir peur. Ernest est devenu un garçon assez réfléchi et pausé lorsqu'on sait s'y prendre avec lui. Je n'ai pas encore eu l'occasion de lui parler de toi car je ne voulais pas lâcher une bombe dès nos retrouvailles mais je compte le faire prochainement. Laisse moi juste lui parler en premier. Une fois la chose bien amenée, je suis sûr qu'il t'acceptera sans soucis. Il veut mon bonheur autant que je veux le sien et il comprendra que désormais mon bonheur passe par toi aussi. Je veux juste éviter qu'il verse dans la jalousie et qu'il se croie remplacé ou diminué dans mon coeur. Avec des mots bien choisis, il comprendra très bien.

Esther marqua un silence puis se mit dans la même position par rapport à Enora que Daniel par rapport à Ernest.

- Par contre... J'appréhende aussi le moment de rencontrer ta pupille. C'est bien autre chose que toi rencontrant Ernest. Après tout, je suis ni plus ni moins qu'une reprise de justice et ancienne membre d'une organisation terroriste notoire... Et puis je suis une femme. Une jeune fille déteste partager l'homme de sa vie... Je vais être accueillie en intruse, conclut-elle sur un petit rire destiné à masquer ses craintes.

Il bascula sur le côté afin de déposé un baiser sur son front et de se perdre dans son regard une longue minute. Puis il esquissa un léger sourire en balayant une mèche de cheveux de son front. Oui certes, tout cela en valait la peine. Aucune cause au monde ne pouvait exiger qu’in sacrifie cette part de soleil dans la vie de chacun, aucun drapeau même le plus lourd entre tous ne pouvait obliger son porteur à faire taire cette chaleur qui animait toujours un cœur ayant trop vécu. L’amour était une alchimie fragile à laquelle on pouvait sacrifier beaucoup d’intérêts personnels. C’est ce choix de vie qu’avait décidé de suivre le Time Tricker faisant passer les choses du cœur avant toute chose, aucune grande cause ne peut demander que l’on s’aliène à elle, ce qui le faisait vivre et justifier ses heures tenaient là entre ses bras et ne demandait finalement qu’à se laisser aimer à travers un regard miroir. Il n’y a rien de véritablement nouveau en ce monde ou la sarabande des sentiments se targue de nouveauté sous des costumes variés et des circonstances différentes. L’amour n’est qu’Amour, le désir n’est que désir et le temps coule sur eux comme une force sans prise.

Le sujet se porta sur Enora, évidemment que la charmante tête blonde était loin d’être une idiote et même si dernièrement, elle semblait traverser des moments de doutes, il était certain que ce n’était pas le moment le plus judicieux pour parler de ce genre de choses avec elle. Le sujet vie privée restait un terrain réservé dans lequel aucun des deux partis n’osaient s’aventurer tant la pudeur était de mise dans leur relation.

- Oh non, tu te trompes sur ce point, Enora ne peut pas t’accueillir en intruse. Au contraire même si nous en parlons très peu, je sais qu’elle se désespère de me voir ruminer et ne considérer toujours que le pire coté des choses. Je ne suis plus d’un naturel optimiste depuis bien des années, fut un temps où je n’aspirait qu’à bruler mon existence dans mille aventures ne m’occupant pas d’où pouvait bien m’entrainer mes pas. J’ai connu une époque de douce folie amnésique où toute une nation ne cherchait qu’à oublier les affres de la Première Guerre Mondiale. Paris était petite, bruyante et débordante de vie, peuplé des mêmes individus que l’on croisait sois après soirs, fêtes après fêtes. C’était surtout un temps de douces rêveries où l’on cherchait à exorciser l’horreur qu’on ne se savait pas être capable de commettre et que l’on s’était vu pourtant commettre à ces autres frères que nous avions massacrés. Il t’aurait étonné le Daniel de cette époque dont l’unique rêve était d’être le plus grand pianiste de jazz de l’après-guerre : certains disaient que j’avais du génie, d’autre une sorte de folie juvénile. Cette folie s’est éteinte avec la fin de mon siècle, il m’arrive toujours de jouer, plus par nostalgie que de plaisir.

Hopes laissa passer un moment avant de poursuivre.

- Il sera difficile de rapprocher Enora d’Ernest, ils se connaissaient. Enora a tout fait pour le sauver dans les égouts lors de son enlèvement, elle a même tiré sur un homme ce qui l’a changé..a tout jamais. Nous avons failli mourir noyés tous deux ce jour-là. Plus tard, lors de son retour de la confrérie, elle s’est essayé à le sauver dans les prisons du BAM mais Ernest s’est montré très dur avec elle…très dur et très cruel. Je sais qu’elle en souffre encore beaucoup. Il est jeune et peu enclin à l’écoute. Il n’a pas vu ce que nous avons essayé de faire pour le sortir de là et du bourbier dans lequel il se noyait. Savais tu qu’il était officiellement propriétaire de l’échope que je tenais dans le Bronx ? Cette boutique qui fut mon repère chargé de milliers de livres ? Les papiers sont à son nom. Un jour ou l’autre, je lui dirais. Ernest fut comme un fils pour moi, mais ce genre de relation, je les ai toujours foirés. Je suis on ne peut plus mauvais dans ce rôle.
C’est un de mes plus grands regrets.

Les lèvres de Daniel se posèrent tendrement sur son front. Esther ferma les yeux et sourit tandis que Daniel chassait une mèche folle de ses cheveux dorés.

- Oh non, tu te trompes sur ce point, Enora ne peut pas t’accueillir en intruse. Au contraire même si nous en parlons très peu, je sais qu’elle se désespère de me voir ruminer et ne considérer toujours que le pire coté des choses. Je ne suis plus d’un naturel optimiste depuis bien des années, fut un temps où je n’aspirait qu’à brûler mon existence dans mille aventures ne m’occupant pas d’où pouvait bien m’entraîner mes pas. J’ai connu une époque de douce folie amnésique où toute une nation ne cherchait qu’à oublier les affres de la Première Guerre Mondiale. Paris était petite, bruyante et débordante de vie, peuplé des mêmes individus que l’on croisait soirs après soirs, fêtes après fêtes. C’était surtout un temps de douces rêveries où l’on cherchait à exorciser l’horreur qu’on ne se savait pas être capable de commettre et que l’on s’était vu pourtant commettre à ces autres frères que nous avions massacrés.

Daniel parlait d'une voix calme et monotone, le regard perdu sur le plafond de cette chambrée vide. Esther ne bougea pas, ne voulant pas casser sa rêverie. Elle n'avait jamais vraiment réalisé que Daniel avait vécu des choses comme les deux guerres, le crash boursier de 29, la folie de mai 68 et tous ces évènements marquants qui avaient fait le siècle... Quels souvenirs devaient hanter son sommeil? ... Et combien de bougies devraient-elles techniquement se trouver sur son gâteau d'anniversaire? Esther prit alors conscience que Daniel pourrait techniquement avoir l'âge de son grand-père ou même de son arrière grand-père! Cette pensée l'amusa plus qu'elle ne la gêna. Pour un ancêtre, il avait encore beaucoup d'aplomb et d'appétit sur un matelas... Elle esquissa un sourire satisfait, Daniel poursuivant son voyage dans ses souvenirs.

- Il t’aurait étonné le Daniel de cette époque dont l’unique rêve était d’être le plus grand pianiste de jazz de l’après-guerre : certains disaient que j’avais du génie, d’autre une sorte de folie juvénile. Cette folie s’est éteinte avec la fin de mon siècle, il m’arrive toujours de jouer, plus par nostalgie que de plaisir.

Esther eut un bref éclat de rire, imaginant Daniel en bras de chemise, bretelles, feutre gris et cigarette au bec jouer du piano debout dans un bouge de Montmartre. Cela lui allait si bien... Elle ne savait d'ailleurs pas qu'il avait un tel talent. Elle se promit d'ailleurs de lui demander de jouer pour elle un de ces soirs. Elle appréciait tellement cet instrument. Elle le lui fit savoir en se serrant un peu plus contre lui.

- J'aime beaucoup le piano...

Daniel se rapela sa présence, chassa ses rêves d'un bref mouvement de tête et reporta son attention sur elle, toujours souriant. Son bras se serra un peu plus sur son épaule et changea de conversation.

- Il sera difficile de rapprocher Enora d’Ernest, ils se connaissaient.

Esther releva un sourcil soudain soucieux.

- Pourquoi "se connaissaient"? Ils ne se cotoyent plus malgré qu'Ernest ait réintégré l'Institut?

Daniel eut un petit soupir.

- Enora a tout fait pour le sauver dans les égouts lors de son enlèvement, elle a même tiré sur un homme ce qui l’a changé... à tout jamais. Nous avons failli mourir noyés tous deux ce jour-là.

Esther eut une petite moue inquiète. Ce début de récit n'engageait à rien de prometteur.

- Plus tard, lors de son retour de la confrérie, elle s’est essayé à le sauver dans les prisons du BAM mais Ernest s’est montré très dur avec elle…très dur et très cruel. Je sais qu’elle en souffre encore beaucoup. Il est jeune et peu enclin à l’écoute. Il n’a pas vu ce que nous avons essayé de faire pour le sortir de là et du bourbier dans lequel il se noyait.

Esther ne connaissait que trop ce côté obscur de la personnalité d'Ernest, sa propension à mordre la main qui lui tend son aide... Elle en avait elle-même fait les frais lors de leur première rencontre dans les égouts. Il fallait une solide dose de patience et de psychologie pour passer outre ce côté de la personnalité d'Ernest et elle comprenait tout à fait qu'une jeune fille comme Enora et même quelqu'un comme Daniel n'y étaient pas nécessairement arrivés.

- Savais tu qu’il était officiellement propriétaire de l’échoppe que je tenais dans le Bronx ? Cette boutique qui fut mon repère chargé de milliers de livres ? Les papiers sont à son nom. Un jour ou l’autre, je lui dirai. Ernest fut comme un fils pour moi, mais ce genre de relation, je les ai toujours foirées. Je suis on ne peut plus mauvais dans ce rôle. C’est un de mes plus grands regrets.

Esther eut un petit pincement au coeur en entendant le ton amer que Daniel employait. Cela la toucha beaucoup de sentir la douleur de cet homme qui désormais partageait sa vie et qui s'était senti assez paternel envers son fils adoptif que pour songer à assurer son avenir. Elle l'attira doucement contre elle et l'embrassa tendrement.

- Allons mon coeur... Tu ne foires pas nécessairement tout. Regarde la relation que tu entretiens avec Enora. Elle se déroule plutôt bien. Et puis il y a nous deux. Ca n'a rien de foireux non plus, nous deux.

Elle lui renversa la tête et plongea ses yeux d'émeraude dans les siens.

- Aies un peu plus confiance en toi! Tu as traversé au moins un siècle et tu es un membre influent d'un des plus grand organismes judiciaires du pays. Tu en as vu bien d'autres et tu t'es sorti de situation bien plus épineuses que ça. Tu ne tremble même pas de ce qui pourrait se tramer au BAM contre toi actuellement. Tu trouveras les mots et les gestes à faire pour que tout se passe bien entre Enora et Ernest.

Elle déposa un doux baiser sur le bout de ses lèvres.

- Et puis... Je serai là pour t'aider.