Come Back and stay for good this time [PV Evangelina Grigori]

Je n'irais plus à comprendre la vie.
Ma vie … ma vie se résumait à une illusion. Une famille ? Elle n'avait jamais été plus désunie qu'aujourd'hui, et l'aurait sûrement été davantage si j'avais quitté ce monde, comme je l'avais tenté, près de dix fois, mais jamais sans réussir à me porter le coup fatal
Ma vie se résumait à des vies parsemées, que des personnes ne connaissaient que par instants. Toutes ses personnes qui possédaient le même visage. Elles avaient disparu depuis un moment et les annonces, les demandes les concernaient pleuvaient. On me demandait mais je n'avais plus la force.
Et surtout, lui … Il me l'avait annoncé il y a moins de deux semaines, la raison de mes nausées, de cette impression de froid constant, en plus de l'absence de mon amour. Il avait été là pour moi, et c'est lui, mon père, Doc qui me l'avait annoncé. Il l'avait senti, il avait senti son pouls en plus du mien lorsqu'il est venu pour vérifier que je sois encore en vie. Même lui, même mon père d'adoption j'avais du mal à le voir, à rester avec lui. Je voulais être seule, le rester, le plus possible. J'avais demandé à Cali de partir quelques jours, pour que je puisse réfléchir.
Pourquoi la vie avait décidé d'être aussi garce avec moi. À chaque fois que je pensais être arrivée au fond, on appuyait encore plus sur mes blessures, les rouvrait, enfoncer plus encore le couteau jusqu'à atteindre mon cœur, ce qu'il en restait.

Assise sur le rebord de ma fenêtre, les jambes à l'intérieur, le dos contre le montant, je regardais au loin, cette ville dans laquelle je vivais depuis tant d'années maintenant, une main sur mon ventre. Je sentais son pouls aussi maintenant, je sentais cette vie en moi, cette vie que j'avais manqué de détruire avec moi. Cette vie, je ne pouvais même pas lire en elle. Neuf mois sans que je puisse lire quoique ce soit en elle. Parce que je ne pouvais voir ses yeux avant cela … mon enfant, mon petit enfant … son enfant.
C'est ça ne pouvait être que lui le père, et il n'était plus là. Rien, plus aucune nouvelle … Sébastian avait raison, il m'avait abandonné. Et j'étais seule. Lui veillait sur moi mais pouvait disparaître à tout moment, et je ne voulais pas ça. Pas à nouveau.
Il faisait clair, la ville était animée. À mon étage, le vent jouait avec mes cheveux, les soulevant légèrement. Malgré tout, je me posais la question pour l'enfant. Pouvais-je le garder, vraiment ? Je détestais cette question mais elle était malgré tout en moi. Comment pourrais-je le garder ? J'aimais Evan, c'est certainement le seul être que j'avais autant aimé. Je ne pouvais qu'aimer son enfant. Mais comment, comment le garder alors que je ne souhaitais même plus vivre ? Comment le garder alors que le sang de mon père coulait dans mes veines, que je pouvais faire les mêmes erreurs. Je ne voulais pas lui infliger ça, qu'il ne vive pas la même vie que moi. Je ne voulais pas qu'il souffre comme j'ai souffert.

Pourquoi tout ça m'arrivait ?
Je regardais mon ventre, ma main posée dessus … et laissais tomber des larmes. Je ne pouvais pas choisir. Que voulait-il lui, cette étincelle que j'avais en moi, si seulement je pouvais lui poser la question.

La sonnerie retentit dans mon appartement. Surprise tout d'abord, je descendis de la fenêtre et marchait doucement vers la table, habillée d'un simple pantalon gris, d'un débardeur blanc et d'un gilet long à manches longues en laine noir rayé blanc au-dessus, que je ne fermais pas. Pas vraiment froid, juste envie d'une sorte de présence. Je repoussais mes cheveux alors que j'ouvrais la porte, une main toujours sur le ventre.
Et je relevais les yeux.
Et la porte se ferma aussitôt. Mes mains se plaquèrent sur ma porte.

-Non ! Pas ... pas ... Non !!

Ce n'était pas … ça ne se pouv …

-NON !!!

Je manquais de tomber devant la porte, les forces me manquaient d'un coup. Il … c'est impossible … comment … Evan … je …
Mon esprit, mon cerveau, mon cœur, tout explosait en moi. Ma respiration était trop rapide, j'avais du mal à respirer, je hoquetais tellement le choc était violent. Evan, il … il était là … je … non, ça ne … Evan … Evan …

-Comment …

Je parlais à moitié à voix haute, tant mon cerveau était en vrac. Il était là, juste là, juste derrière la porte. Mon aimée … les larmes coulèrent à nouveau, mais elles n'étaient plus de tristesse. Surprise, joie, mais également colère.
En me tenant à la porte, je la rouvris doucement, me tenant au montant. Il était toujours là, ce n'était pas un mirage. Mon amour, mon reflet … des perles déjà roulaient sur mes joues.

-Evan …

Doucement, presque aussi lentement qu'il m'était possible, ma main alla jusqu'à son visage alors que l'autre me tenait au bois de la porte. Elle effleura sa joue, se posa dessus avec toute la tendresse que je pouvais offrir. C'était lui, pas un mirage.
Et je lui décollais une baffe, une grande, qui claqua dans le silence du couloir avant de m'accrocher à lui, de tenter de le secouer, de crier en pleurant tout ce qu'il me restait.

-Comment ? Comment as-tu pu ?! Me faire ça … Me laisser ainsi, disparaître sans … Mais comment ?!! Après tout ce …

Je le frappais, mes poings s'écrasaient mollement contre son torse. Il ne devait même pas le sentir. C'était du désespoir, comme si ça pouvait venger toutes les nuits que j'avais passé à pleurer, à ne rien savoir, à ne pas comprendre, de souffrir. J'avais l'air d'une enfant. Et je tombais contre lui, vidée, presque sans force. Ma tête se posa contre son torse, mes main se posèrent à sa hauteur … je sentais son cœur battre.

-Pourquoi ? Dis-moi juste pourquoi ...

Presque inerte, vidée, sans force contre lui, j'entendais son cœur battre, battre aussi fort que lorsque je m'étais couchée contre, autant que lorsque je le l'avais enlacé, la dernière fois que nous étions vu, avant l'attaque de Manhattan, avant son départ là-bas. Son cœur battait, j'entendais sa vie, j'entendais ce son qui m'avait tant manqué. Même si les pleurs coulaient toujours, je commençais déjà à me sentir mieux. Ce doux son, cette musique qui m'avait bercée … comment avais-je pu tant m'en passer?
En cet instant, j'avais presque l'impression d'entendre à l'unisson nos trois cœurs. Celui de mon, de notre enfant … je soupirais alors qu'il m’entourait de ses bras, et les yeux clos, je l'écoutais alors que je respirais doucement, un peu plus calme d'un coup.

« Pardonne-moi… »

Pardon … je pourrais tout lui pardonner, absolument tout. J'eus un tout petit sourire, juste les coins des lèvres qui se relevèrent. Sa voix aussi … qu'est-ce qu'elle m'avait manquée. Sa chaleur que je ressentais même, son parfum que je respirais doucement. Mon Evan, mon reflet. Il était là, et je ne voulais plus quitter ses bras. Doc n'avait pas tort. Il m'avait dit d'y croire, qu'il serait encore en vie, que s'il le fallait, il irait le chercher là-bas par la peau des fesses et le ramènerai à coup de pied au cul pour qu'il avance plus vite.
Il y avait toujours cru, et moi maintenant, je le retrouvais.

-Tu es là … murmurais, de plus en plus apaisée.

« Tu m’as tellement manqué. J’ai eu si peur de ne jamais pouvoir à nouveau te serrer dans mes bras… »

Les larmes continuaient de couler mais déjà on sentait que j'étais bien plus détendu. Mes mains passèrent autour de son cou et je m'accrochais à lui, trop heureuse de l'avoir retrouvé. Ce n'était pas un songe, ni un cauchemar ou on allait me l'enlever brutalement. Il était là, il était vivant, son cœur battait contre le mien. Vivant, vivant. Un baiser de sa part, sur mes cheveux, je me sentais si heureuse, si calme, si bien contre lui. Plus rien ne pouvait m'atteindre. En sécurité. Comme je lui avais dit, dans mon message : « Je voudrais à mon retour pouvoir m'enfermer dans ton étreinte, et ne plus jamais en ressortir. Rester contre toi, à écouter ton cœur, à écouter ta voix, à écouter ton âme. Ne plus jamais te quitter mon amour, ne plus jamais quitter ce cocon dans lequel rien ne peut m'atteindre. »
Et c'était vrai ce soir. J'étais là, contre lui, dans ce cocon que j'avais tant espéré retrouver. Dans cette douceur que j'aimais tant. Evan.

-Ne plus jamais sortir de tes bras … J'ai tant rêvé de te retrouver mon amour. Et enfin tu es là … tant de nuits passé à espérer que tu no... me revienne. Evan, qu'est-ce qu'il s'est passé …

Je me redressais, posant mes mains sur son visage, et l'observant. Son visage … alors que mes mains le caressaient doucement, je sentais qu'il avait changé, quelque peu. Ça se sentait, très peu, dans le relief de son visage. Et surtout, son expression. Je sentais dans ses yeux qu'il … je ne saurais vraiment dire en fait. Mon Evan, mon doux reflet avait dû traverser tant de chose … mes larmes avaient cessées depuis quelques instants. Et je voyais quelques traces humides sur ses joues. Mon aimé … que t'as on fait …

« On devrait rentrer…J’ai tellement de choses à te raconter…Mais je ne pense pas que le couloir soit le meilleur endroit pour te raconter mes aventures. Et ce sera plus agréable devant un café. Tu ne crois pas ? »

Un café … je me souvenais de notre première rencontre, ou on avait appris tant de chose l'un sur l'autre. Je réussi à sourire, à presque rire tant mes nerfs étaient malmenés pendant quelques secondes.
Et doucement, en tenant ses poignets, marchant à reculons, je le fis entrer dans ma demeure avant de refermer la porte derrière nous. Puis, doucement, je le menais au salon, pour m'asseoir dans le canapé. Il n'avait pas pu le voir encore. Mon pull recouvrait mon ventre légèrement bondé et lorsque j'étais contre lui, il n'avait pas pu le voir. Comment lui annoncer.
Pour l'instant, je gardais mon pull contre mon ventre, et restais assisse. Je ne pouvais pas rester très longtemps debout, ça commençait déjà à me fatiguer. Ça venait sûrement des nuits blanches que j'avais passé à observer ou à ne pas fermer l'œil ou encore des repas que je n'arrivais pas à terminer. J'espère que ça n'irait pas en s'empirant, parce que ça deviendrait trèèès compliqué pour moi.
Je l'observais, j'attendais, je voulais entendre ce qu'il avait à me dire. Je voulais savoir, je voulais tout savoir. Je lui tenais toujours la main, je ne voulais pas qu'il aille loin. Qu'il s'assit à mes côtés. Que je puisse sentir sa présence à côté de moi. Je ne le laisserai pas commencer quoique ce soit tant qu'il ne serait pas là.

« Par où commencer…C’est vraiment compliqué…Je ne veux pas être celui qui trouve des excuses pour avoir abandonné sa compagne au cœur du danger… »

Je ne le quittais pas des yeux, ma main se posa sur la sienne doucement, pour l'encourager, pour l'aider à commencer à enfin parler. Qu'il le fasse. Que toutes mes nuits à faire des cauchemars soient enfin terminées pour toujours.

« La mission était un piège. Ash, qui était mon interprète, était en réalité un tueur à gage chargé de m’éliminer. Et il avait tout prévu. Il savait que j’étais un mutant. Il a la capacité d’empêcher nos pouvoirs d’être utilisés. Mais ça je ne l’ai compris qu’une fois au cœur de la jungle. Après cinq jours de marche. Alors que nous touchions au but. Il s’est servi des légendes locales pour me berner. Si des indigènes n’étaient pas venus à mon secours, je servirai de nourriture à la faune locale à l’heure actuelle. »

Ma main se resserra sur la sienne avant que je ne le relâche et enserre mon ventre, à cause d'une vague de froid soudaine. Mes pressentiments, ces impressions, ses intuitions … elles étaient fondées … je n'aurais jamais dû le laisser partir en fait. J'aurais dû le faire revenir à l’ instant où j'avais senti cela, aller le chercher même en fait. Et ce froid qui me subjuguait d'un coup. C'était si soudain, si horrible. Comme avant … c'était ça ou cette vie en moi qui me mettait dans cet état … je frissonnais tant le froid montait et se répandait en moi.

« J’étais blessé. Cette tribu m’a soigné. Nous nous trouvions sur des terres interdites aux étrangers. Du coup, ils m’ont gardé un certain temps comme « otage » pour que je paie ma dette à leur égard. Pas moyen de s’enfuir : je ne savais pas où je me trouvais exactement. Et surtout, j’étais plus en sécurité avec eux que seul dans la jungle avec Ash qui s’était enfuit pendant l’attaque. Ils m’ont bien traité… »

Un otage … Dans la jungle ? C'était à cause de ça qu'il ne me répondait plus, que je n'arrivais plus à avoir la moindre nouvelle de sa part ? Je n'arrivais pas à y croire. Sa main se posa sur la mienne, sur mon ventre et il la saisit doucement tout en respirant profondément. Mon regard revint vers lui, vers ses grands yeux que j'aimais tant. Mes doigts se refermèrent tendrement sur les siens.

« Tu sais j’ai pas mal réfléchit à ma vie. Ça m’a permis de prendre du recul. A priori, j’ai un contrat sur la tête. Et tant qu’ils me croient mort, on sera en sécurité. Je crois qu’il est temps pour moi de raccrocher les pinces monseigneur… De passer à autre chose. J’en ai marre de me réveiller le matin en me demandant si je vais me faire attraper aujourd’hui…ou demain. Je vais rentrer dans le droit chemin. Et retrouver ce salopard et ses commanditaires afin que cela ne se reproduise plus jamais. »

Et le silence … quitter le métier, ne plus être … En quoi … Je n'arrivais pas à comprendre sur le coup. Mes yeux étaient interrogatifs alors que … je comprenais, après ce qu'il s'était passé mais enfin pourquoi si vite ? Maintenant, pourquoi me le dire maintenant ? Le droit chemin … n'était-ce pas juste de faire ce que nous faisions ? Reprendre à ceux qui avaient volé l'argent pour le rendre aux innocents ? Je commençais à me relever, posant sa main sur sa cuisse. Et je m'approchais de la fenêtre, les mains sur le ventre, caché sous mon pull, tentant de me réchauffer un peu.

-Et après cela, après les avoir retrouver, où vas-tu aller ? À quoi passeras-tu ensuite ? Dans quel droit chemin vas-tu aller ?

Et s'il devenait flic ? Comment ... que deviendrons nous, tous les trois ?

Une larme coula le long de mon visage. L'avenir … ça me faisait peur. Ça m'avait toujours fait peur. Mais aujourd'hui, c'était pire que tout. J'avais l'impression que je pouvais tout perdre en moins d'un instant ? Pourquoi je devais toujours pleurer ? Ma vie ne se résumait qu'à ça, des échecs, des choix et des pleurs.

-Et maintenant ?

Je me retournais vers lui, le regardant dans les yeux, le visage doux, mais à nouveau humide. Je ne savais pas comment lui annoncer ce qui m'arrivait, à moi. Comment …
Lentement, j'ouvris mon pull et lui dit, presque trop doucement :

-Que vas-tu faire de nous ?

Le silence, la surprise … tout ça, je le vis sur son visage, dans son regard, fixé sur mon ventre. Le flash, il comprenait. Je le sentais, dans les traits de son expression, dans les couleurs de sa vie. Tout ça, je le lisais en lui. Mon Evan. Alors qu'il se levait, je reprenais espoir.

« Je veux ouvrir une galerie d’art et d’antiquité. Je suis en train de faire rénover une Eglise désaffectée à Brooklyn pour ça. Le premier étage est un appartement qui ne demande qu’à être aménagé avec goût. Un cadre paisible pour élever notre bébé. Un cocon familial. Tu pourrais vivre de ta peinture et moi de la galerie. On pourrait aller le dimanche au parc, voyager, aller au cinéma…Toutes ces choses banales que les autres gens font. Je…Je ne veux pas être un homme qui met les siens en danger. Je veux te protéger…vous protéger… Comme toi, j’aime l’aventure, les défis…Mais je suis convaincu que le cambriolage et l’arnaque ne sont pas les seuls moyens d’assouvir ces passions. On a cherché l’un et l’autre le bonheur. Je pense qu’on peut l’avoir de cette manière. En faisant passer la famille avant le business. En vivant dans la sérénité sans être constamment obligé de surveiller ses arrières. En nous construisant un sanctuaire. Tu ne crois pas ? »

-Evan … moi … ce n'est pas …

Comment lui expliquer cela ? Ce métier, ce que j'ai fait, c'est pour lui, c'est pour une personne depuis trop longtemps disparu. Tout ça, c'était pour mon père. Pour ce héros, malgré tout ce qu'il m'avait fait, il était mon héros, mon modèle. Mon père, mon robin des bois, celui qui toujours m'avait guidé dans mes pas. Avant tout ça, il n'y pas longtemps encore, à chaque choix que j'avais dû faire, je m'étais demandé ce que lui, il aurait fait. Mon père …

-Je ne peux… pas comme ça … trop vite mon amour …

Il s'approcha encore, sa main se posa sur mon ventre, me faisant frissonner dans tous le corps. L'autre dans mes cheveux. Je voulais me jeter dans ses bras. Un nouveau baiser sur mon front. Je sentais mes yeux se charger de larmes, de larmes de joie. Ses mains, ses gestes, ses yeux. Tout cela me donnait envie de pleurer, pour tout ce temps perdu, pour tout ça. Ses yeux plongèrent dans les miens, juste le temps de prononcer son nom :

-Evan … je …

Et il se recula, j'eus peur un instant que ce ne soit mes mots mais en fait. Je voulus le retenir mais ses mots m'arrêtèrent dans mon élan.

« Peut-être que ça va te paraître saugrenu. Peut-être que ce n’est pas le meilleur endroit ou le meilleur moment mais tant pis. Après avoir survécu à l’enfer, je sais désormais que tu es ce que j’ai de plus précieux en ce monde. »

-Evan …

Mon ton interrogateur s'évanouit alors qu'il s'agenouillait devant moi. Je ne savais pas ce qu'il voulait faire, je ne comprenais rien, je l'observais, sentant encore des larmes venir. Je n'étais sûre de rien pourtant mon cœur s'accélérait. Je ne comprenais pourtant ma respiration s'arrêtait presque … il sortit quelque chose et me le présenta. Mes yeux s'écarquillèrent, les larmes coulaient sans que je puisse les retenir d'une quelconque manière. Je ne bougeais plus, je n'arrivais pas à le croire, ça ne pouvait être ça, réellement.

« Tu es ma lumière, mon étoile, celle qui me guide et m’éclaire jusqu’au cœur des ténèbres. Evangelina Alessa Grigori, je t’offre mon cœur. Veux-tu m’épouser ? »

J'eus un hoquet de surprise. Je n'osais le croire. Non, ça ne pouvait être ça. Je portais mes mains à mon visage, devant ma bouche. Je souriais. Je pleurais de joie, je riais presque. Ce n'était pas possible. Mon amour … qu'il me demande vraiment cela. Je tremblais de toutes les fibres de mon corps. Pas possible, je n'arrêtais pas de me répéter ça. Evan …

-Je …

Je n'arrivais même pas à parler, j'avais l'impression de manquer d'air. La bouche ouverte, je n'arrivais pas à esquisser le moindre son. Tout n'était que murmure à peine prononcé. Je me sentais presque mal. Je m'avançais, un peu haletante et tombais à genoux devant lui, une main sur le ventre. Mon autre main se posa sur son bras. Je me tenais à lui, le visage un peu perdu.

-Ev …

Pas, je n'y arrivais pas. À parler, à lui dire. J'avais deux solutions, deux manières de lui dire ce que je pensais. Et je choisis les deux manières. Mes mains se saisirent de son visage et je l'embrassais, avec toute la force, la tendresse et l'amour dont j'étais capable. Je voulais presque me fondre en lui, par cet unique baiser, le premier vrai baiser que nous nous donnions depuis son retour. Et dans un même temps, il reçut ma réponse, qui résonna dans son esprit.

« Je le veux mon amour, je le veux plus que tout ».

Tout me semblait si simple, si beau, presque trop. Je n'en revenais toujours pas, je ne pouvais pas y croire. Ma vie avait-elle un sens au final ? Doucement, le baiser prit fin, et je riais encore, les yeux souriant, baigné de larmes en le regardant. Je le vis prendre ma main, et passer cet anneau à mon doigt. Je sentais la froideur du métal, mais pourtant, ça me paraissait si doux, si agréable. Tout l'était, tout était beau. Était-ce ainsi que ça s'était passé pour mes parents ? Était-ce ainsi que ça devait se passer ? Je n'en savais rien, mais c'était magique, plus encore que tout ce que j'avais pu vivre, voir ou encore entendre. Mon amour. Je sentis son souffle alors qu'il me murmurait à l'oreille ses mots si tendres.

« Je suis l’homme le plus chanceux de la terre car j’ai à mes côtés une femme exceptionnelle. Et mon plus grand bonheur serait de me réveiller chaque matin à tes côtés…. »

Je recommençais à peine à respirer normalement. La surprise peut être, m'avait pris à la gorge. Je n'aurais pas cru à ce point, je l'avoue. Mais je n'arrivais pas encore à parler. Le manque d'air de tout à l'heure.

« Et je le veux aussi, passer le reste de ma vie à tes côtés, à vos côtés. Et t'aimer mon amour. Ne plus jamais te perdre. Mon amour, je veux pouvoir rester avec toi, contre toi à jamais »

Et comme pour répondre à cela, il s'approcha encore, se mit à l'aise contre moi, contre mon visage. Je posais ma main sur sa tempe, et caressait avec tendresse ses cheveux qui m'avait manqué, leur odeur, leur douceur. Trop longtemps perdu. Son visage était tourné vers moi, et je lui souriais, essuyant au passage mes larmes de joie. Ce tableau, il était si beau à mes yeux, rien ne me semblait plus magnifique que ce tableau. Moi à genoux, et lui contre moi.

« Tu n’es pas obligée de répondre maintenant. Je sais que c’est beaucoup te demander. Je sais ce que représentent tes activités à tes yeux. C’est plus qu’un simple job. C’est ce qui te relie à ton père. C’est ta façon d’honorer son héritage. Je le respecte. Mais je ne peux m’empêcher de me dire que je ne veux pas que notre enfant souffre de l’absence de sa mère comme tu as pu souffrir toi-même de cette situation. J’aimerai qu’on s’installe ensemble, j’aimerai pouvoir être présent pour toi au quotidien. C’est important à mes yeux. J’ai même prévu une chambre pour ta sœur au cas où tu ne voudrais pas la laisser seule…»

il prévoyait tout. Il devait y avoir pensé, pendant longtemps surement. Pendant le voyage, avant, je ne savais pas. Ses mots s'imprimaient en moi. Concernant mon métier, ce que j'étais. Je savais à quel point ça pouvait toucher une enfant ce genre de chose. Comment Cali réagissait quand on parlait de lui. Et lui ? Comment réagirait-il. Je perdis un instant mon sourire, en pendant à cela. À ses années sans lui, avant sa mort. C'est ce qui m'avait forgé, qui avait fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Et je ne pouvais pas tout balayer d'un coup. Ce n'était pas possible, pas à mes yeux en tout cas. Alors comment. Et pour Cali …

« D’un autre côté, on peut aussi en faire une salle de jeu de cette pièce…Excuse-moi, c’est maladroit. Ce que je veux dire, c’est que tu es libre d’agir comme bon te semble. Je te donne juste mon opinion, mes rêves d’avenir.»

« Je n'ai jamais eu beaucoup de rêve pour l'avenir. J'ai des doutes, uniquement ça. J'ai toujours avancé avec eux, jamais autre chose. Les rêves dans un sens m'ont toujours étaient des chimères pour moi. Merci d'en avoir pour nous. »

Il prévoyait tout, comme s'il savait déjà ce qui avait se passer. Il me redonnait l'espoir. Il m'avait rendu l'espoir. Il m'avait donné espoir. Et cet espoir grandissait doucement en moi alors qu'il semblait l'écouter. Un enfant, un mari, une vie normale … était-ce un rêve … je ne voulais pas devenir une femme au foyer, je ne voulais pas être comme ma mère, qui attendait son mari chez elle. Qui lorsqu'il vivait avec nous travaillait alors qu'elle s'occupait de la maison. Elle ne voudrait pas ça pour moi. Elle voulait que je vive, que je puisse la savourer cette vie qu'elle m'avait donné. Chose qu’au final, je n’avais pas fait …
Cependant, je repensais à ses propositions. Et pour l'une d'elle, j'arrivais enfin à ouvrir la bouche pour parler :

-Mais je voudrais que tu restes, ce soir, et plus longtemps encore. Je ne veux pas que tu repartes. S'il te plait, reste, je peux … te vider un placard si tu veux, pour tes affaires. Je n'ai plus envie d'être seule …

Surtout pas la force de l’être à nouveau …
Les autres amis que j'ai pu avoir il y a longtemps. Jamais ils ne restaient longtemps. À midi au plus tard, je les faisais partir, pour ne rien risquer mais lui. Nan, je ne voulais plus qu'il parte.

-Du moins, si tu veux bien rester quelques jours. Je n'ai … pas très envie de bouger pour l'instant. Je préfèrerais que ce soit ainsi. Soit juste pour là pour moi. Nous, ensemble. Juste ainsi mon amour.

Mon visage s'approcha du sien alors que je posais un baiser sur son front. Tout commençait entre nous. Et je me sentais en paix, protégée. Comment ça pouvait tourner au cauchemar maintenant.

« Je n’ai plus rien à moi. Tout ce que je possédais dans mon appartement a été donné à des œuvres. Au cas où ils auraient surveillé les lieux. Je vais rester près de toi. Le temps que les travaux de la galerie soient achevés. Cela nous laisse un peu de temps pour nous décider et nous organiser. Ca nous laisse l’occasion d’y voir plus clair et de décider ensemble de quelle vie nous voulons pour notre enfant. Nous avons du temps et de l’argent. Tout est possible. Y compris les chimères. C’est une question d’audace.»

Ma main se posa sur mon ventre … oui, notre enfant. Je ne lui avais même pas encore trouvé un quelconque nom. Un garçon, une fille, je ne savais même pas ce qui m'attendait. Tout est possible … pourquoi n'arrivais-je pas à y croire, aussi fort puis-je y croire ?
Il m'aida à me relever, je m'accrochais doucement à lui, me tenant à ses bras. Sans se presser, on allait vers la chambre, cette pièce où nous avions fini, durant cette nuit d'orage. Jamais je ne pourrais, cette fameuse nuit. Je le laissais jouer les protecteurs, les guides. C'était si bon de sentir sa présence à mes côtés, si apaisant. Je me sentais en vie, à nouveau. C'était si bon de respirer son odeur.

« Tu sais, je ne veux pas t’emprisonner. Mon plus grand rêve n’est pas que tu deviennes une de ces femmes dont l’univers se limite aux quatre murs de leurs maisons, qui s’occupent de leur mômes et qui attendent bien sagement que leur mari rentre à la maison. J’ai trop vu ma propre mère dans ce rôle pour t’infliger la même chose. Quand j’étais petit, je rêvais d’être un mélange entre Indiana Jones et Highlander, de toucher l’histoire en retrouvant des trésors disparus. De mettre mes connaissances et mon expertise au service des autres. Je rêvais aussi d’être accompagné par une princesse, belle, forte, aventureuse. Un mélange entre Xéna la guerrière Joséphine March. C’est ainsi que je te vois. »

Et lui ...Robin des Bois … et mon Robin à moi. Mon héros, je me tenais contre alors qu'on s'avançait vers le lit. Ma tête presque posé contre son épaule. Ses mots. Maintenant, je commençais à me demander ce qui était le plus puissant. Mes capacités ou mon amour pour lui ? Était-ce ça qui nous permettait de si bien nous comprendre ? Qui faisait qu'il devinait presque mes pensées. Je voulais croire à cela, vraiment. Son regard, son attitude. Tout ça, me faisait si plaisir. Evan s'installa, je le suivis, m'asseyant à ses côtés, Je me laissais tomber contre lui, doucement. J'installais ma tête contre sa poitrine, pour entendre son cœur. Que cette mélodie m'avait manqué.

« Tu as l’air fatiguée…Aussi je te propose le programme suivant : tu t’allonges, tu te mets à l’aise, je te prépare un thé et ensuite je te fais le meilleur massage que tu n’aies jamais eu. De la tête aux pieds. Et plus si affinité… Ça vous va, madame ma future épouse ?»

Je redressais la tête et, mes yeux plongés dans les siens avec un immense sourire, je faisais tomber son dos sur la couette, et m'allongeais à ses côtés. Ma tête sur son torse. Je soupirais presque de plaisir, d'aise ainsi tant je me sentais bien. En sécurité, à l'abri près de lui.

-Non, dis en m'agrippant avec douceur à lui. Juste dormir, contre toi, ainsi, maintenant.

Je ne bougeais pas, je n'avais besoin de rien, juste de lui. Juste lui et dormir … ça faisait si longtemps que je n'avais pas pu dormir une seule nuit entière, sans crise de larmes, sans cauchemar, sans sueur froides, sans hurlement … Mon cœur battait doucement, sereinement en fait. Déjà, je me sentais bercé par son cœur, partir contre lui.

-Toi, c'est tout ce dont j'ai besoin, mon amour. Rien de plus.

Ma main serrait son vêtement, j'étais recroquevillée contre lui, comme une enfant. Une enfant qui commençait à se poser de sacrées questions sur sa vie.

-Je n'arrive pas à dormir sans toi, murmurais de plus en plus doucement. Je ne peux dormir sans te savoir près de moi … pas une nuit ne m'a reposé depuis ton départ.

Mes paroles étaient de plus en plus faibles alors que je m'assoupissais, on était en fin d'après-midi, mais je m'endormais déjà, m'abandonnant contre lui.

-Je t'aime Evan, et je n'ai besoin que de toi …

Ma main le long de mon corps se posa sur mon ventre. Non en fait … de vous.
Et c'est sur ses paroles, et sur un sourire que mes yeux se fermèrent, que je dormais, la main serrée au-dessus du cœur de mon amour.

Citation :

RP terminé.