En espérant que ça marche.

Après avoir fui l'orphelinat sous sa forme de chat, Melody avait rejoint la cache où elle avait planqué son sac à dos. Le principal point faible de son plan puisqu'il contenait, entre autre, des vêtements propres, normalement inconnus de l'orphelinat. Toutes les idées qu'elle avait pu trouver pour brouiller les pistes, elle les avait prises. C'est pour ça aussi qu'elle avait profité de la nuit pour disparaitre, et ne s'était montrée à nouveau sous forme humaine qu'aux heures creuses de la nuit, celle où les bars ont fermé, et où les éboueurs dorment encore, pour retirer l'argent de son compte aux guichet de la ville.

Un plan assez risqué (outre les risques que son sac ne soit volé, ou qu'on la repère, il y avait le risque de faire une mauvaise rencontre, par exemple), mais qui devait avoir payé, puisque pour l'instant, personne ne l'avait choppée par le bras en la traitant de fugueuse, ou en lui demandant ce qu'elle faisait là. Et à l'heure qu'il était, elle devait ressembler à n'importe quel collégien. Des vêtements à peu près propres, quoique froissés, un sac à dos récupéré pendant "les supers soldes de la rentré" du super marché voisin... Bon, d'accord, il était vide, hormis un petit porte clef en forme de sac à dos, ouvrant la clef d'une consigne de gare où elle avait caché le plus précieux (sa console, ses jeux, la chemise avec ses papiers... Bref, les trucs trop important pour être cachés dans le sac avec ses vêtements, et trop volumineux pour être pris avec elle sous forme de chat), mais ça, on vale zapper.

Après avoir vidé le petit casier (en compagnie de 3 collégiens qui récupéraient leurs affaires de cours dans les leurs), Mélody prit le bus vers l'Institut. En espérant qu'il était bien à l'adresse qu'elle avait trouvé.

Il y était vraisemblablement. Un lieu qui avait l'air sympathique, ouvert, sécurisant. Institut pour surdoué... Ouais, si toutes les écoles étaient comme ça y aurait moins d'absentéisme scolaire! Tiens, d'ailleurs, ça lui rappelait la rsidence bizarre dans Kuro...

"Et c'est pas sécurisé?"

"Ah, si, si, si tu regarde tu repère les caméras, les tourelles..."

Ici, elle voyait pas de tout ça (d'un autre coté, elle savait pas à quoi ressemblait une tourelle, donc...), mais elle rejoignait l'idée: Si c'était bien un refuge pour les mutants, c'était évidemment sécurisé. sinon, il serait plus là, non? Et puis le système de sécurité il devait être fait autrement.

M'enfin bref. La demoiselle s'approcha de la grille, et chercha une sonnette. Entrer vite serait une bonne idée, avant qu'on ne lui demande ce qu'elle attend devant la grille.

Responsabilisation ! Mon Cul ! Et pourtant, James avait été très clair et en tant que responsable de la discipline de l’Institut il savait avoir des arguments frappants à base de mots assez violents et de menaces divers de privations et autre tortures psychologiques. C’était comme ça chez Charlie le Chauve. Si tu voulais évoluer, tite Rousse, et être digne d’accomplir ton rêve de devenir une super héroïne avec costume et tout et de sauver le monde au côté de sa compagne, fallait se montrer digne de le devenir ! C’était fortement discutable, si le top de la dignité ultime, c’était de porter un costume en latex très près du corps donnant à l’aspect final d’un cosplay de super préservatifman coté Lord Sith, alors franchement en matière de responsabilité, l’équipe d’intervention des X Men tenait plus de l'obtention d'un ticket la place d’honneur à s’affoler dans le chariot de la Gay pride qu’à botter les fesses de Magneto !

Cependant, il fallait bien se l’avouer, le palmarès de Cait était fort reluisant au sein de l’Institut : outre insultes et comportements outrageusement « non appropriés » (par sa condition assumée de lesbienne en couple, sa nudité effroyablement affichée lors d’un épisode fracassant avec Husk, sa consommation de substances illicites ayant entrainé un incendie dans le Parc et un génocide chez les fans de Maya l’abeille) et de nombreuses destructions et blessures à tiers ( l’incendie de la bibliothèque, la destruction de la chambre commune avec Amy (ok c’était pas ca faute là) et le déclenchement d’une bagarre dans un bar louche des alentours de l’Institut. James avaut beau être son frère, il essayait de la remettre dans le droit chemin et lui inculquer le sens de certaines notions comme « réparation » « amende honorable » « conduite adulte ET responsable ». Après tout, elle était une adulte du haut de ses 25 piges et une adulte au passé particulièrement chargé.

Outre le fait de lui avoir claqué à charge un cours pour les plus jeunes (effarant car elle n’avait aucune notion de pédagogie et la patience d’un geek à la sortie d’un nouvel Iphone), il lui avait « conseillé de façon appuyée » de prendre en charge l’accueil de certains nouveaux. Cait n’aimait particulièrement faire ce qu’on lui demandait, n’éprouvant pas de sympathie pour les « âmes égarées » et fort partisane du « Chacun sa merde ». C’est donc dans l’optique d’échapper à ce qu’elle considérait comme étant une corvée de merde qu’elle évitait de trainer dans les couloirs et de couper par le parc pour regagner sa chambre où Amy l’attendait entre deux séances d’entrainements.

Passant devant la grille en baillant aux corneilles, les mains dans son jeans, elle finit par remarquer un genre de lutin qui stagnait devant la grille avec une expression à demi inquiète et fébrile. Elle hésita entre l’indifférence complète et le geste du bon samaritain. Elle hésita longuement car après tout, à chaque fois ça avait merdé dans les grandes largeurs. Mais bon, du haut de son mètre trente toute mouillée avec son regard de chien battu, elle avait l’air aussi paumée que le pape dans un camp de nudistes. Elle soupira bruyamment et s’approcha de la grille avec une expression mi-figue-mi-raisin.

- Yo, gamine ! T’as pas le look d’un Témoin de Jéhovah et la valoche qui va avec. Pas non plus la touche d’un journaleux en approche de « l’école à monstres ». Alors quoi ? C’est pas l’usine a Willy Wonka ici ? Tu cherches quoi ?

Melody attendait. Machinalement, ses doigts frappaient sa jambe selon un rythme supposé évoquer "games of thrones". Autant la musique qu'elle avait à l'esprit était exacte, autant le tapotement de ses doigts était imprécis. En même temps, elle réfléchissait. Au "petit" détail oublié: Et s'ils voulaient pas d'elle, elle faisait quoi? Elle pouvait certes tenter de fuir vers la france (sous sa forme de chat?) pour rejoindre Arathéa et les autres, mais... Elle avait comme l'impression qu'elle se prendrait au minimum une belle avoinée. Déjà qu'ils devaient se demander pourquoi elle venait plus, si elle débarquait comme ça sans prévenir, ils apprécieraient pas. Et elle tenait pas à être renvoyée à l'orphelinat.

D'ailleurs, c'était pareil, et s'ils voulaient l'y renvoyer?! Elle ne voulait pas y retourner non plus, alors... Que faire?

Elle fut tirée de ses réflexions par un mouvement dans son champs de vision. Moins discrète, elle l'aurait sans doutes vu depuis plus longtemps, mais vu qu'elle n'avait pas bougé avant... Melody regarda la grande asperge (quand on est petit, les autres ont très vites des allures d'asperges...) s'approcher avec un brin de curiosité, et un autre d'espoir. Enfin, elle allait arrêter de poireauter...

Aux premiers mots de l'adulte, la demoiselle révisa son idée. Il y avait peu de chances que cette fille soit une prof. Les profs essaient toujours de faire style ils sont savants. Surtout face aux enfants, et même alors que, Melody se l'était déjà vu expliquer 20 fois par Loth, ils en savent pas plus que toi. Elle elle était... trop bizarre. Et même avec beaucoup de bonne volonté, il était difficile de le cacher, comme Caitlyn put vite s'en rendre compte en voyant la moue étonnée et dubitative de l'enfant.

Celle ci se reprit quand même assez vite, et choisit d'entrer dans le jeu de l'adulte. Une autre théorie de Loth sur la communication. Si l'autre te parle d'une manière, parle lui pareil.

"Je ne crois pas qu'ils auraient de valise à ma taille de toutes façons."

Bon, d'accord, c'est merdique comme rebondissement sur une blague et alors? Elle avait parlé de l'école à monstre. C'est bien au bon endroit qu'elle était, c'était déjà ça.

"Et je me disais que vous aviez ptet encore une place pour un "monstre" de plus. Enfin, si vous acceptez les nouveaux en cours d'année, bien sur."

Le "en cours d'année", elle s'en passait. S'ils l'acceptaitent tous court. Mais on allait éviter de penser à ça. Et enchainer. Heureusement que les pensées vont plus vite à entendre qu'à écrire...

"Je peux entrer? Nan parce que j'ai l'air un peu cloche à attendre dehors..."

Un peu cloche... C'était Loth, Ellin ou Laet qui lui avait appris cette expression? Bah on s'en fichait.Concentrée. Concentrée. Concentrée.

Caitlyn n’avait aucune patience avec les gosses. Etait-ce son absence d’enfance classique puisqu’elle s’était élevée plutôt seule, dans les rues, flanquée de pseudos parents démissionnaires ou le fait qu’elle agissait souvent comme tel ? Le mystère demeurait entier. Elle agissait avec un profond désintérêt, ne s’attendrissant jamais devant un nouveau-né et n’étant pas indulgente avec de mots sortis trop vite ou des sentiments exprimés trop haut. L’innocence se résumait pour être à un concept simple : c’était ne pas être coupable et Cait était donc loin de l’être et comme le disait si bien Monsieur Hopes : personne n’était innocent, forcément les gosses aussi alors. Celle-ci lui apparut d’emblée différente. Ca n’avait rien de physique cependant, c’était plutôt une sorte d’espièglerie fort plaisante.

"Je ne crois pas qu'ils auraient de valise à ma taille de toutes façons."

Amusant. Cailyn lui adressa un sourire, s’approchant assez prêt d’elle pour qu’elle puisse l’observer en détail. Elle avait tout de cette gamine paumé qui échouait à l’institut un matin sans qu’on ne puisse réellement savoir d’où elle venait et ce qu’elle fichait là .

- Oh, ça t’sais…C’est pas la taille qui compte hein ! Tu verras avec l’âge, les garçons t’la sortiront celle-là. Moi j’dirai plutôt qu’la valise c’est pas l’important, c’est surtout c’qu’on trimballe avec soi.

Elle s’approcha afin de s’agripper aux barreaux de la porte et de s’y balancer dans une attitude complètement décalée sans pour autant la quitter des yeux avec une certaine malice dans le regard.

"Et je me disais que vous aviez ptet encore une place pour un "monstre" de plus. Enfin, si vous acceptez les nouveaux en cours d'année, bien sur."

Elle sauta en arrière, fléchissant sur sa jambe gauche cassée il y a peu et qui avait encore du mal à retrouver sa stabilité d’antan. Elle afficha une sorte de moue de contrariété en se souvenant des propos de Jubilée lui annonçant encore un bon mois d’entrainement avant de retrouver son niveau d’avant la bagarre. Tout en tirant sur son t-shirt pour en dégager la poussière, elle répondit d’un air faussement absent.

- Oh mais ça cocotte, ça dépend du monstre. Il existe toute sorte de monstre : les gentils, qui font plus marrer qu’autre chose, les faux méchant qui ont des têtes à faire avorter des couvés de singes mais qui sont plus tendre qu’un nounours au chocolat, les faux gentils à qui tu prêterais ton iPhone et qui te le vomissent par le nez deux minutes après, les super flippants qui sont irrécupérable et qu’on parque ici parce qu’ils sont beaucoup trop violent dehors mais qu’on préférait fouttre dans une grotte et en sceller la porte. Moi la question qu’je me pose , c’est simple : tu te ranges dans quelle catégorie ? A moins qu’tu sois d’une autre ? C'est-à-dire une petite mendiante qui cherche des amis parce qu’elle a plaqué sa petite vie de Princesse dans Mon Petit Poney et qui bien que gerbant de banalité décide de se frotter à des mutos parce que « ca fait top méga kikoo délire classe grave d’avoir des amis….etranges.. » Twillight syndrome, en gros…

Elle s’approcha d’un air entendu en lui décrochant un sourire mesquin, les bras ballant entre les espaces des barreaux du portail.

- Et ouais…C’est moi Passe Partout….Tu veux la clé, faut m’convaincre.

- "Je peux entrer? Nan parce que j'ai l'air un peu cloche à attendre dehors..."

Elle inclina la tête en jouant avec l’une de ses mèches rousses.

- Pâques est déjà loin, c’est plus trop grave. Et puis ton argument n’est pas valide, moi aussi je suis dehors, et moi aussi j’attends.

bon, la blague ça avait l'air d'avoir marché. Bien. L'adolescente sourit à la réplique, mais n'y répondit pas. La répartie, ça avait ses limites.

Par contre son histoire sur les monstres... Ouah, rien capiche... Enfin, si, elle avait bien compris l'idée, monstres moches ou pas, méchants ou pas... Mais... Elle se plaçait pas là! Quand à être une princesse sortie de mon petit poney... Déjà, elle connaissait pas cette série, et ensuite...

"Tu crois vraiment que je te le dirai si j'étais du genre bonne à enfermer?"

Le ton n'était pas moqueur, plutôt teinté de curiosité et d'incrédulité. A moins qu'en fait, ils lisent dans les pensées? Arathéa et Ephreim leur avaient déjà raconté cette partie, ou Arathéa jouait la soeur d'Ephreim, qui la découvrant et craignant qu'elle ne soit en fait un assassin à ses trousses l'interrogeait pour que son ami télépathe puisse lire ses pensées immédiates... Sauf que c'était idiot quand même... Elle ne savait pas de quoi parlait cette fille, sauf qu'elle était pas une fan de twilight...

Perdue dans ses pensées elle avait zappé un peu le reste, ne revenant à la discussion qu'en entendant le truc sur paques. Un argument hein?

"Donc tu me laissera passer que si je suis convaincante, c'est ça?"

Bon, lui montrer sa métamorphose en chat, en pleine rue, non... Pas question. Ne restait que la TK pour lui prouver qu'elle était bien une jeune mutante, en espérant que ça suffise. Bon, elle pouvait l'appliquer sur quoi de pas voyant? Tiens, les vêtements c'était une bonne idée.

L'adolescente s'appuya contre l'un des montants de la grille, histoire de cacher un peu ce qu'elle allait faire pour les gens de la rue, et baissant un peu les yeux, "attrappa" de son pouvoir le petit machin en feraille qui pendait au bout du cordon de la capuche. Et le laissa s'élever un peu, puis retomber.

"Ca suffit pour te prouver que je ne suis pas une princesse?"