J'avais eu de la chance en ce qui concerne le cas médical que m'avait imposé le jeune Nicholas Warfing, sa mutation le soumettait certes à des violentes douleurs mais celles ci n'étaient plus le résultat de sa maladie. Mais il n'est pas le seul que j'ai eu à soigner et dont la gravité était similaire.
J'avais eu un patient à l'institut, qui marqua profondément mon esprit et qui me fis me remettre en question. Il se nommait Antonio Lopez Raimundo Jr, un jeune vénézuélien qui avait la chance ou la malchance de posséder un don qui le torturait sans cesse lui aussi. Il était un télépathe de bon niveau mais son pouvoir différait quelque peu ... il pouvait agir sur les synapses du cerveau.
Mais son don était couplé à une maladie dont je n'entrevoyais pas les limites. La maladie de Huntington le bouffait littéralement. Quelque part il ne du son salut qu'à Nicholas Warfing. Le travail sur la neurologie que j'avais abattu pour celui-ci permettait une bonne compréhension de ce qui touchait Antonio.
Il s’agit d’une maladie neurodégénérative affectant le cerveau antérieur et se traduisant par des lésions importantes et progressives des noyaux gris centraux mais aussi du cortex cérébral.
Mais la seule neurologie ne suffisait pas, il me fallait comprendre le fonctionnement du cerveau antérieur. Pour cela je dévorais comme à mon habitude tous les ouvrages sur le sujet. J'avais pris beaucoup du temps des Docteur Mc Coy et Reyes. Leurs connaissances cumulées aux livres m'avait permis d'entrevoir les points névralgiques à atteindre. Comment le faire était la question.
Il me fallait m’entraîner et bien que j'ai toujours horreur de ma version sombre, plongé dans l'obscurité de ma peau et des laboratoires de l'institut je m’entraînais inlassablement. J'avais investi mes derniers sous dans un élevage de souris de laboratoire auxquelles j'inoculais cette maladie et je tentais par la suite de les sauver.
Deux mois complet à torturer ces pauvres bêtes qui n'avaient rien demandé. J'étais horrifié par ce que je réalisais, mais s'il m'était possible de sauver ce gosse, cela valait bien le sacrifice de ces souris ... si seulement j'étais crédible en avouant ceci. Au premier mois mes souris n'avaient pas survécues. J'avais demandé de l'aide à quelques personnes un peu plus fortuné que moi, qui étaient de l'entourage du gosse et ceux m'avaient permis de racheter un second lot de 30 souris.
La même torture pour ces bestioles leur était promise, hélas, et je pleurais pour chacune de ces bestioles à qui j'inoculais cette horreur. Et chaque jour je luttais jusqu'au delà de mes forces afin de les sauver ... la dernière me laissa un espoir néanmoins. Elle semblait avoir récupérer et au bout d'une semaine était toujours en vie. Je vérifiais la véracité de mes espoirs, et je filais annoncer la bonne nouvelle au gosse. Il était allongé dans l'infirmerie, vivant ses derniers instants, le cerveau quasiment détruit par cette maladie qui le rongeait de l'intérieur. Je ne pouvais plus reculer.
Pour la première fois depuis des lustres j'étais parti prier ... je ne sais quel dieu, peut-être tous, mais j'avais besoin de tout l'espoir qu'il m'était permis d'avoir, j'avais fait chercher un mutant capable de booster temporairement mes pouvoirs, et sous la surveillance des responsables de l'infirmerie je me mis en position pour lui sauver la vie. Le booster me tenait les épaules, tandis que je retirais mes gants. Antonio pleurait ... j'éprouvais un pincement au coeur en anticipant le possible échec. Mais la souris que j'avais gardée sur moi me rendit le sourire en me croquant négligemment l'avant bras par la manche dans laquelle elle avait pris place.
Je me concentrais comme jamais ... le booster aussi. L'heure de vérité était annoncée, et je posais mes mains sur le crane d'Antonio. La lueur était si intense, si chaude, que l'espace d'un instant je ne vis plus rien. Et puis quelques dix ou vingt heures après le début de cette opération je m'écroulais inconscient, presque mort diront les infirmières, sur le lit d'Antonio.
Je me réveillais une semaine plus tard ... mon premier réflexe fut de demander de ses nouvelles ... je l'avais soigné. Mais il était mort la veille de mon réveil, tué par un monstre dans les rues de New-York ... une sorte de zombi apparu en même temps qu'une saloperie d'arbre qui dévastait tout sur son passage.
J'étais effondré ... mais je lui avais donné de l'espoir et un peu de temps. La vie est injuste.